Communication au colloque "Sport et Guerre", 28 oct 2010, St Cyr

L'ascendance guerrière de l'équitation
Régnier, P., Héas, S. et Calmet, M.
LARES-LAS EA 2241
Classées parmi les activités de pleine nature, et présentes dans toutes les cultures du monde (Digard, 2007), les pratiques équestres ont jalonné l'histoire des hommes, et l'usage du cheval dans les activités humaines s'est révélé fondamental de l'Antiquité à la Première Guerre Mondiale (Roche, 2008). La mécanisation des moyens de production liée à la Révolution Industrielle a ensuite projeté les pratiques équestres dans le monde du sport et du loisir. Aujourd'hui l'équitation est un sport olympique et mondialement pratiqué, mais au vu de son évolution et de son histoire, n'était-elle pas avant toute chose un art martial ?

L'étude de son évolution semble le laisser penser. Xénophon semble être le premier auteur antique à s'intéresser à cette pratique. Depuis lors, une succession d'auteurs et de pratiquants ont proposé leur vision et leurs préceptes jusqu'à ce jour. Réservée à l'élite guerrière, la pratique de la monte à cheval reste l'apanage des chevaliers à l'époque féodale (Baschet, 2004) puis des nobles et aristocrates durant la Renaissance (Franchet d'Esperey, 2008). Seules, dans un premier temps, les sphères les plus hautes des sociétés occidentales ont les moyens et la capacité effective de posséder un cheval, ainsi que tous les autres attributs du Chevalier, comme l'épée. Évoluant en fonction des impératifs militaires, monter à cheval passe d'une pratique de combat aux joutes durant l'époque féodale en temps de paix, puis aux Carrousels, en passant par l'équitation dite de Haute École à partir de la Renaissance et enfin devient un sport après la révolution industrielle. La pratique de l'équitation semble ainsi évoluer parallèlement à la curialisation des guerriers (Elias, 1975), l'affinement technique progressant avec celui du savoir-vivre. Les manuels et premiers « Grands Maîtres » émergent au XVIe siècle, avec Grisone en Italie, La Broue et Pluvinel en France (Lagoutte, 1974). La confrontation intellectuelle qui a vu s'affronter le Comte d'Aure et Baucher au XIXe en constitue sans doute le paroxysme. Elle oppose deux visions, deux perceptions de la pratique, mais aussi deux mondes sociaux, ceux du Noble et du Roturier (Lagoutte, 1974). Cette confrontation marque le monde équestre jusqu'à nos jours.

Si les pratiques équestres sont à considérer comme, originairement, des arts martiaux, alors peut-être que ces pratiques se sont développées comme les pratiques d'origine asiatiques. En ce cas, il serait possible d'appliquer à ces pratiques équestres, entendues comme pratiques martiales, le continuum préalablement proposé pour ces dernières (Régnier, 2002). Ainsi, les pratiques équestres, intégrées aux arts de combat, se répartiraient, selon leur modalité de pratique, d'un pôle martial à un pôle sportif – au sens du produit du processus de civilisation qui fait du sport un outil étatique (Elias & Dunning, 1986), selon ce que le moniteur ou l'enseignant décide de ce qu'il enseigne, et de ce que les pratiquants attendent d'apprendre, selon le contexte même de la pratique, et les contraintes propres à chaque apprentissage dans telle ou telle région ou pays.

Mots clés: équitation, art, martial, guerre, sport

Baschet, J. (2004). La civilisation féodale : De l'an mil à la colonisation de l'Amérique. Paris : Aubier.
Digard, J-P. (2007). Une histoire du cheval. Art, technique, société. Paris: Actes sud.
Elias, N. (1975). La dynamique de l'occident. Paris : Pocket.
Elias, N. & Dunning, E. (1994). Sport et civilisation, la violence maîtrisée. Paris : Pocket.
Franchet d'Esperey, P. (2007). La Main du Maître. Réflexions sur l'héritage équestre. Paris: Odile Jacob.
Lagoutte, J. (1974). Idéologies, croyances et théories de l'équitation en France depuis le XVII° siècle. Leurs relations avec les classes sociales et les groupes, Thèse pour le doctorat de sociologie, Université de Tours.
Régnier, P., Héas, S., Bodin, D. (2002). Contribution à une compréhension ethnosociologique des arts et des sports de combat in 7° Journées de Réflexions et de Recherches sur les Sports de Combat et les Arts Martiaux. Toulon-La Garde, 11-12 avril.
Roche, D. (2008). La Culture équestre occidentale, XVIe-XIXe siècle, L'ombre du cheval : Tome 1, Le cheval moteur, Essai sur l'utilité équestre. Paris: Fayard.
Xénophon (2008). De l'art équestre. Paris : Les Belles Lettres.



Mots clés: équitation, art, martial, guerre, sport


Posted on 27 January 2010 à 9h54

Dans le dernier paragraphe, il y a une vilaine redite, pour laquelle je n'ai rien vu, sauf juste après l'avoir envoyé  :^^;:

We'll see
Last Edit: 28 October 2010 à 6h49 by Ryō

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Offline Ryō

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Modification apportée au contenu du résumé. J'avais dû en refaire un autre plus précis, on m'a expliqué gentiment mais assez sèchement qu'un travail d'histoire se devait de faire preuve de précision.

Dont acte.