Communication proposée au colloque de la JRE

JRE pour Journée de la Recherche Equine

Celui-là a été retoqué, trop frais. Mérite d'attendre l'année prochaine.

Normal, c'est mon sujet de thèse  :P
Son titre, bien pompeux c'est :

Essai de socioanthropologie corporelle des pratiques équestres

Le cheval, de la préhistoire à la Révolution Industrielle, a fait partie du quotidien et joué un rôle déterminant dans la société française. Son utilisation pour le transport, l'agriculture, ainsi qu'à la guerre était généralisée (Digard: 2007). Son utilisation guerrière, notamment, a été fonction des époques, d'une pratique médiévale à la Société de Cour, puis durant la Renaissance (Elias, 1973; Roche, 2008: 16).Le processus de civilisation qui a, durant ces périodes, participé aux différents usages du cheval et à l'évolution de sa place dans la société ainsi qu'à son utilité, a également pratiquement induit sa disparition, et sa relégation dans les sphères sportives et de loisir, par l'apparition et surtout la généralisation, au milieu du XXe siècle (Roche, 2008: 395) du travail mécanisé.
Au sein du processus de civilisation, le sport tient lieu d'outil étatique (Elias & Dunning, 1986) dont l'intérêt est, au même titre que le théâtre, de permettre l'expression des affects, le relâchement des tensions induites par la vie sociale, réglées, intégrées, maîtrisées quotidiennement par chaque individu. Il peut ainsi se relâcher dans un terrain conscrit avec des règles communes aux acteurs sportifs (Duret, 2009). Elaborés au début du XXe siècle, lors de la Révolution Industrielle, les sports sont donc le produit d'un nouvel ordre social né avec le capitalisme moderne. Les travaux précédents ont permis de poser la question de la place des arts de combat asiatiques dans le champ sportif français. Champ constitué spontanément dès l'arrivée de ces pratiques, il se définit selon Audiffren et Crémieux (1996) comme celui des Arts de combat, au sein duquel coexistent une forme compétitive, les sports de combat, et une forme martiale, les arts martiaux. Les études menées ensuite (Regnier, 2000, 2001, 2002) ont alors confirmé la définition d'Audiffren et Crémieux, et ont proposé une autre dimension de ce champ sportif, en mettant en évidence un continuum de pratiques s'étendant d'un pôle sportif à un pôle martial, avec une mutlitude  de modes de pratique entre ces deux extrémités.
L'équitation, aujourd'hui reléguée à ce champ sportif et du loisir, est classée par le gouvernement français comme « sport de nature » (http://www.sportsdenature.gouv.fr). Pourtant, l'étude des grands maîtres de l'équitation, tous – ou pour une écrasante majorité – militaires (Franchet d'Esperey, 2008) nous incite à proposer une autre lecture de cette pratique, et de son évolution au fil des siècles jusqu'à nos jours. Plutôt que d'être ainsi reléguée parmi des pratiques ayant pour cadre la nature, alors qu'elle semble liée selon l'étude des manuels techniques à la relation entre le cavalier et sa monture, à une pratique d'origine guerrière, l'équitation n'est-elle pas, finalement, elle aussi un art de combat ?
L'étude que nous proposons de mener, par l'analyse des oeuvres techniques des auteurs phares de la pratique de l'équitation au fil de son évolution, au sein du procesus de civilisation, et par comparaison aux textes fondateurs des pratiques martiales asiatiques, aura pour objectif de proposer une autre vision de cette pratique, de ces pratiques que sont aujourd'hui les différentes formes d'équitation. L'étude des arts de combat montre, par l'attitude que le professeur, le sensei – le maître – adopte dans sa pratique et souhaite transmettre à ses élèves qu'elle entre pour une bonne part dans la démarche de la discipline qu'ils enseignent, et dans le sens qui leur est donné. Ainsi, les disciplines etudiées s'orientent plutôt vers la notion d'art martial ou de sport de combat (Régnier, 2001). Les entretiens menés auprès des professionnels des activités équestres seraient des outils fondamentaux nous permettant de constater si un continuum de pratiques, similaire à celui des arts de combat, est en oeuvre dans les pratiques équestres.
La relation d'un cavalier avec son cheval semble montrer, grâce aux premiers contacts avec les spécialistes de l'activité des similitudes avec la relation entre un guerrier et son opposant. La recherche de la contrainte de la monture, dans un premier temps, puis celle du travail en harmonie, l'utilisation des espaces libres laissés par les mouvements du cheval pour l'amener à produire tel mouvement se rapprochent de la recherche de l'aïkidoka, cherchant à déséquilibrer son opposant, et en toutes circonstances à assurer la préservation de son propre équilibre.
Ainsi, l'étude de cette activité, dans son évolution et dans sa pratique actuelle, proposera de faire l'état des lieux d'une discipline plus complexe, plus diverse dans le rapport au corps, au monde qu'elle suppose, au travers des formes qu'elle peut adopter.
Last Edit: à 9h15 by Ryō

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