Chapitre 84

Chapitre 84

Dans une des ailes réservées aux familles bourgeoises du Walhalla, à l’intérieur de ses appartements, Bedra de Edel, émerge doucement de cette nuit agréable, qu’elle a passé emmitouflée dans ses draps.
Malgré le réveil, elle paraît toujours aussi séduisante. Ses longs cheveux blonds soyeux et à peine dépeignés, ne gâchent en rien cette beauté que chaque homme rêve d’avoir à ses côtés au matin.

Ses yeux améthyste se tournent instinctivement de l’autre côté du lit, celui-ci est hélas déjà vide en ce matin du 23 mars 1987.
Très vite, son futur époux la rassure. Couvert de sa God Rob, casque sous le bras, Syd de Mizar admire le paysage depuis la grande fenêtre où il s’est posté : « Bientôt tu continueras à passer d’aussi agréables nuits que celle qui vient de s’écouler. »
Sa promise se penche légèrement et admire un temps moins capricieux que d’ordinaire. Hormis quelques flocons qui voltigent dans un vent relativement calme, le ciel paraît clément en ce jour à Asgard.
_ « Odin bénit déjà sa Majesté Hilda d’entreprendre notre conquête du Sanctuaire.
_ Alors c’est toi que la Princesse de Polaris a choisi ?
_ Oui. Je dois me rendre au Sanctuaire jauger la puissance des Saints qui protègent Athéna et, accessoirement, ramener sa tête si la tâche n’est pas trop ardue. »
L’engouement du Guerrier Divin n’est pas partagé par la belle des neiges : « Je suis surprise que tu prennes plaisir à ôter la vie d’une déesse qui nous a toujours été présentée comme alliée à Odin. »
Bien plus impulsif avec elle depuis qu’il a découvert sa liaison avec Bud, le God Warrior de Zeta s’emporte : « Parce qu’une divinité qui nous condamne à vivre ici dans ces conditions, est une alliée pour toi ?! Bien sûr, en restant au chaud à profiter des trophées de chasse de nos serviteurs, tu ne dois pas te rendre compte de la rudesse d’une vie ordinaire dans ces contrées ! Demande à Thor ce qu’il en pense. Interroge-le sur le nombre d’enfants morts le mois dernier à cause des conditions de vie déplorables ici ! »
Discrète, effrayée, Bedra se contente de murmurer : « Je suis simplement surprise qu’Hilda accepte soudainement de faire appel à la violence. Elle et sa s½ur abhorrent toute forme de haine. D’ailleurs, en parlant d’elle, où est Freya ? Que pense-t-elle de tout ceci ? Et le Seigneur Sigmund ? On dit que son frère fut nommé à sa place God Warrior ! »
Préférant s’épargner de longues explications, le second de Siegfried choisit de taire la mise au cachot de la cadette de Polaris. Il fixe son casque sur son crâne et déclare : « Qu’importe les moyens. Les Asgardiens souffrent depuis trop longtemps. Hilda me fait l’honneur d’être son messager. Il est convenu que je parte dès le lever du soleil. Je reviendrai victorieux au nom de notre futur mariage. Sous peu, tu épouseras un prestigieux Guerrier Divin sous le soleil grec. »
Il emprunte la sortie sans plus poser un regard sur la jeune femme qui cajole son corps nu dans ses draps. (Reste 62324 caractères)
 

Chapitre 83

Chapitre 83

Ce 22 mars 1987, parait semblable à n’importe quel autre jour au royaume d’Asgard.
Le vent glacial propage la neige. Elle tombe depuis des heures tout autour du Walhalla.
Chacun vaque à ses occupations, à l’exception près que celui qui accompagne la Princesse de Polaris ce jour n’est pas Siegfried mais Alberich.
Et c’est bien pour cela que Sigmund rejoint l’Autel du Destin où prie chaque jour Hilda.

Confuse après le trouble semé entre eux par Thétis, Hilda préfère s’éloigner ponctuellement de son bienfaiteur, pour permettre à de Megrez de redorer cette image qu’il a tant de mal à faire valoir.
Par précaution, conscient que son aîné, chef des armées d’Asgard, est appelé à devenir God Warrior un jour, Siegfried s’en est trouvé rassuré de pouvoir compter sur son frère pour garder un ½il sur eux.

Pourtant, en ce jour d’apparence ordinaire, une vaste secousse vient avertir les guerriers les plus alertes.
L’ensemble du domaine tremble l’espace d’une dizaine de seconde.
Renversant l’argenterie que Lyfia nettoie dans le grand salon.
Menaçant de plusieurs avalanches les promeneurs, comme par exemple Freya qui peut compter sur Hagen pour la secourir. Ou mettant en exergue les combattants les plus vaillants comme Balder le vagabond, ou Fenrir et sa meute.
Faisant s’écrouler les logis les moins bien lotis, que Thor maintient afin d’éviter à une famille toute entière d’être prise sous les décombres. Assisté de Syd il donne l’alerte aux plus démunis et évacue Helena et ses jeunes frères et s½urs.
Faisant choir sur son postérieur la cohorte qu’entraîne Héraclès, son supérieur, dans l’enceinte d’une caserne.
Inquiétant le malhonnête Fafner, encore impliqué dans une bagarre de taverne.
Brisant quelques vitres du palais dont les éclats auraient défiguré ses habitants, si Frodi n’avait pas été présent…

Tout proche de l’Autel du Destin, alors qu’il voit la garde personnelle d’Alberich attendre à proximité, Sigmund est ébranlé par le tremblement.
Comptant sur des réflexes capables de lui assurer le statut de God Warrior le jour de la résurgence de ce corps d’armée, Sigmund réussit à se maintenir sur pieds en bondissant de bloc de glace en bloc de glace, avant que chacun d’eux ne se brise suite au mouvement des plaques terrestres.
Dans sa course, il devance la garde d’Alberich. Ce dernier n’apparaît plus à la vue de ses hommes.
_ « Que s’est-il passé, leur emboîte le pas Sigmund ?
_ On ne sait pas, répond le premier.
_ Il y a eu un grand choc et la mer s’est soudain agitée, complète mieux le second.
_ Il faut secourir Hilda, s’enquiert Sigmund ! »
L’Asgardien presse davantage le pas lorsqu’il découvre la Princesse de Polaris étendue inconsciente au pied de l’autel, sans même remarquer le fourbe Alberich dissimulé en retrait dans une enclave de la falaise.
_ « Hilda, s’époumone le frère de Siegfried ! »
Alors qu’il peut se sentir rassuré en voyant Hilda se remettre de ses émotions, il n’en a guère le temps qu’il ressent un cosmos d’une étrange noirceur émaner d’elle.
_ « D’où vient ce cosmos maléfique ? »
Pour seule réponse, l’anneau des Nibelungen balaie l’aspirant God Warrior et les hommes d’Alberich.
Ils sont encastrés contre la falaise qui s’écroule ensuite sur eux.

D’abord impuissant face au raz-de-marée, puis ambitieux lorsqu’il comprend que la mer lui a rendu Hilda porteuse de l’anneau des Nibelungen, Alberich se montre enfin.
Croisant le regard malsain de la Prêtresse d’Odin, il se dirige alors vers les trois intervenants.
Sigmund reprend difficilement conscience comme l’un des deux soldats. L’autre est mort sur le coup.
Alberich n’hésite alors pas à fracasser le crâne de son sujet rescapé en abattant avec rage son talon dessus.
Sentant Hilda s’approcher dans son dos, il n’a pas le temps d’achever Sigmund et s’incline stratégiquement.
_ « J’ai vu comme leur réaction a provoqué votre courroux.
_ N’est-ce pas ton cas Alberich ?
_ Je ne suis là que pour vous satisfaire Princesse Hilda, ricane-t-il avec perfidie.
_ Très bien, dit-elle en faisant scintiller l’anneau et tout en levant les yeux vers la Grande Ourse… »


En Grèce, au Sanctuaire, le printemps offre au domaine sacré un temps doux et clément.
Bien que cela fait deux mois et demi qu’Athéna ne soit pas revenue, les oiseaux chantent avec entrain et égaillent même les visages sceptiques de deux camarades.

Assis tous les deux à examiner pièce par pièce les morceaux éparpillés des cinq armures de bronze des héros de la traversée des douze maisons, Aldebaran est confronté au constat que lui confirme Mû : « Il semble que comme leurs corps, leurs armures n’ont pas survécu à la bataille. »
De nature optimiste, le Brésilien assure : « Il existe pourtant un espoir de ramener leur armure à la vie, tout comme la Source d’Athéna a pu soigner leurs plaies. »
Circonspect, Mû se redresse en balançant désabusé le bouclier fendu en deux du Dragon : « Malheureusement, bien qu’ayant reçus tous les soins possibles, Seiya et ses compagnons ne se sont toujours pas réveillés. »
Le Saint d’or du Taureau marche les bras croisés.
_ « Je ne m’inquiète pas pour eux. Ils ont surmonté de lourdes épreuves. Ils reviendront à eux en temps voulu. Ce qui m’étonne surtout, c’est que tu n’abordes pas le sujet toi-même. Il existe une solution pour ces armures.
_ En effet. Mais tu sais aussi bien que moi, que notre sang n’est pas suffisant pour réparer ces cinq armures. Même l’armure du Phénix, capable de renaître de ses cendres, est inutilisable. Il faudra beaucoup, beaucoup de sang.
_ Nous ne sommes pas non plus les seuls Saints d’or survivants. Nous ne sommes pas non plus les seuls à avoir reconnus Seiya et ses amis à leur juste valeur.
_ Tu suggères qu’il faut réunir Aiolia et les autres ? »
Un simple sourire permet au Saint du Taureau de répondre par l’affirmative.


Plus loin, à la Source d’Athéna, devant le temple, là où les feuillages dissimulent le grand jardin fleuri qui encercle ce dispensaire miraculeux, une jeune femme rousse aux collants rouge et aux guêtres blanche observe un bijou.
Sous son masque de femme chevalier, Marin détaille les symboles de Pégase et de la Chouette qui s’entremêlent : « Seiya… Je viens de réajuster ton Jonc à ton poignet. Je garde celui de ta s½ur précieusement. Peut-être m’aidera-t-il à retrouver la Chouette. »

Elle sert fort dans son poignet couvert de sa Cloth l’artefact lorsque, inopinément, une image holographique apparaît devant elle.
L’apparence d’un homme jeune, robuste, brun, torse nu, aux pieds chaussés de ballerines, ne la laisse pas coi : « Pourquoi vous présenter à moi dans votre véritable apparence, Saint d’or de la Balance ? »
Affûté, le Chinois projette depuis les Cinq Pics l’image de sa réelle apparence.
_ « Simplement parce qu’après que tu te sois réellement présentée auprès d’Athéna, j’ai compris que mon subterfuge n’était pas nécessaire auprès de toi.
_ En effet, j’ai toujours pu voir que votre apparence était volontairement vieillie. Le don que vous a fait Athéna est incroyablement puissant.
_ Bien sûr. Néanmoins, je doute qu’il soit suffisant pour accompagner Seiya, Shiryu et les autres dans cette Guerre Sainte que tu prédis contre l’Olympe. Je mourrai sûrement avant. »
L’Aigle tend le Jonc de la Chouette en direction de l’hologramme.
_ « J’imagine donc que vous venez pour ça ?
_ Bien sûr. Il est difficile de pouvoir te parler seul à seul alors que tu passes ton temps à parfaire l’entraînement des aspirantes Saintias. Je pense savoir qui est la Chouette d’Athéna. Depuis la nuit des temps, elle est liée à Pégase. Lors de la précédente réincarnation d’Athéna, elle s’était réincarnée en la mère du chevalier Pégase.
_ Seiya et sa s½ur sont orphelins. Je peine à croire que sa mère soit… A moins que vous ne pensiez à…
_ Sa s½ur ! Ça peut être une piste.
_ Si c’est bien le cas, vous ne me facilitez pas la tâche, Seika a disparu lorsque Seiya est parti en Grèce il y a plus de six ans maintenant.
_ J’ai beaucoup réfléchi à ta discussion avec Athéna et Mû. Et j’ai également suivi ton affrontement contre Hestia. Quelque chose m’est alors venu à l’esprit. Ce cosmos olympien dégagé par l’Ange. Je l’ai ressenti à plusieurs reprises. Y compris il y a six ans. Ce n’était pas le même, mais il était relativement proche.
_ Si la Chouette est bien Seika, un Ange l’aurait abattu c’est bien ça ?
_ Pas forcément. Mais j’ai souvenir d’avoir ressenti cette cosmo énergie semblable à celle de l’Ange que vous avez affronté avec Apodis, dépassant celle des Saints d’or, à proximité du Sanctuaire. Sur les frontières Sud. Qu’elle soit vivante ou morte, peut-être retrouveras-tu des traces de la Chouette, ou de Seika, ou conjointement des deux, là-bas ?
_ Même si c’est très maigre, ça reste une piste. Il est vrai que Seika a quitté le Japon pour partir à la recherche de son frère. A force de détermination, elle a très bien pu arriver jusqu’aux portes du domaine sacré. J’essaierai de poursuivre mes recherches tout en veillant sur Seiya. Cependant, Athéna m’a confié la formation des Saintias et j’aimerai vraiment me rendre auprès de Nicol et Mei également pour les aider dans leur quête.
_ Je suis à distance l’avancée de leurs recherches. Hélas, je piétine autant qu’eux. Athéna t’a demandé de substituer le rôle de la Chouette en veillant sur Seiya jusqu’à nouvel ordre tout en formant les Saintias. Je m’occupe de te faire dispenser l’apprentissage des Saintias. En deux mois et demi de temps, avec les bases qu’elles avaient, je pense qu’elles en ont assez pour prendre leur envol. Tu peux te focaliser sur Seiya et sa s½ur. Et pour ton Pendentif de Zeus, tu auras le temps de le chercher une fois de nouveaux indices recueillis. »


A Asgard, au temple Walhalla, après que l’immense vague de Poséidon a emporté Hilda pour l’ensorceler à l’aide de l’anneau des Nibelungen sous le regard d’Alberich, la Prêtresse d’Odin a réuni ses hommes sur la terrasse de son palais.
Tous les nouveaux Guerriers Divins sont agenouillés et en tenue de guerre. Ils apprennent la prétendue volonté d’Odin, dictée par une Hilda sous l’emprise de Poséidon.

Esseulé depuis des mois, Bud a vu l’espace d’un instant l’espoir d’une vie meilleure lorsque l’armure double de Zeta se présenta à lui.
Hélas, une fois arrivé auprès d’Hilda, ses rêves de retrouver légitimement Bedra de Edel et de faire valoir son rang de God Warrior, furent anéantis en réalisant qu’une fois de plus il n’était que l’ombre de ce frère qu’il hait.
Face à la statue d’Odin, dissimulé derrière une colonne de marbres, Bud d’Alcor découvre le projet de conquête du Sanctuaire.
Alors, lorsque la Princesse de Polaris achève son discours et demande à ses Guerriers Divins de rassembler les soldats du domaine, il profite de la savoir seule pour la rejoindre à ses appartements.

La suivant furtivement dans ses jardins privés, il ne prend pas la peine d’admirer les sculptures recouvertes de givres et de stalagmites lorsqu’elle lui confirme son rôle.
_ « Moi ? L’ombre de Syd ? Je ne suis donc pas un Guerrier Divin ? »
Elle le lui certifie en renvoyant dans le ciel un oiseau venu chercher l’accueil de ses mains.
_ « Le Guerrier Divin de l’étoile de Zeta est et restera Syd de Mizar. Tu es son ombre, personne ne doit te voir.
_ Majesté Hilda, je ne pense pas être inférieur à Syd en puissance. Je le surpasse même ! Alors pourquoi ? »
En se retournant pour exposer un sourire sadique que personne ne lui connaissait avant aujourd’hui, elle conclut : « Odin, notre dieu, en a décidé ainsi. Veux-tu désobéir à Odin ? Si tu n’es pas satisfait de ton sort, tu peux partir. Cependant, si Syd devait faillir un jour, toi seul pourrais lui succéder en tant que Guerrier Divin de l’étoile de Zeta. »
Résigné, Bud prend congés en s’assurant de n’être vu par personne.
Avant qu’il ne soit parti trop loin, Hilda lui prouve une fois de plus son tempérament implacable : « En étant l’ombre de ton frère, tu constateras que je ne tolère pas la trahison à Odin. J’ai fait emprisonner Sigmund de Grani pour diffamation. Syd le conduit à l’heure qu’il est en cellule en compagnie de Thor. »
Bud ravale sa morgue et fait profil bas.

Pourtant, Hilda ne parvient pas à aspirer au plaisir de la solitude qu’elle s’est découverte depuis la possession de l’anneau.
Elle devine au pas pressé d’un des fidèles guerriers d’Asgard qu’il s’agit d’un noble qu’elle connaît bien : « Surt ! Ne devrais-tu pas être avec ceux rassemblés en bas, sous les ordres des God Warriors ? »
Le jeune homme aux cheveux couleur feu ne tient pas en place.
Malgré qu’il se soit incliné, il trépigne d’impatience : « Princesse Hilda ! Cette Guerre Sainte que vous déclarez au Sanctuaire me parait la plus légitime au monde ! Vous connaissez mon dévouement envers le Royaume d’Asgard et la rage qui m’anime envers les Saints d’Athéna ! Seulement, je me permets de vous poser la question, pourquoi n’avoir réveillé que les God Warriors de la Grande Ours ? »
L’ami d’enfance de Camus, animé par sa soif de vengeance après que le Français a tué sa s½ur par accident, soulève un point qu’Hilda s’empresse de préciser.
_ « Ton dévouement te rend perspicace mon cher Surt. Odin dispose de deux corps de God Warriors. Celui rassemblé sous l’égide des étoiles la Grande Ours. Et celui sous l’égide des créatures de la mythologie nordique. En bon stratège, il serait imprudent de dévoiler à l’ennemi l’ensemble de mon jeu. La Guerre Sainte sera déclarée par les représentants de la Grande Ours. Ceux-ci défendront le Walhalla, quand Athéna voudra que je lui rende des comptes. Et s’ils ne suffisent pas à assurer ensuite ma conquête, alors je marcherai sur le Sanctuaire avec les représentants de notre mythologie nordique. »
Elle glisse sa main sur la tresse que porte Surt en hommage à sa s½ur et le rassure : « Surt d'Eikthyrnir, tel le cerf se tenant sur le Walhalla, tu marcheras avec moi sur le monde lorsque l’heure sera venue et que Odin fasse appel à toi. A présent descends avec les tiens. Et rassure ceux qui aspiraient à devenir comme toi les semblables de Siegfried et des autres. »

Dehors, camouflé dans des dunes de neige à l’intérieur de sa Robe blanche, Bud se tourmente : « Désobéir à Odin ?! Jamais de la vie. Au contraire, je compte bien lui prouver mon dévouement. »
Comme si son dieu l’entend, il surprend une troupe de cinq soldats vêtus de fourrures sous leurs armures et portants l’emblème d’Asgard.
_ « Que faites-vous ici à traîner, les agresse-t-il ? »
Le meneur de l’escouade déclare : « Nous répondons à l’ordre de rassemblement des Guerriers Divins. Nous regagnons le Walhalla. Et toi ? Qui es-tu ? Ta God Rob ressemble étrangement à celle du Guerrier Divin de Zeta ! »
Usant d’ingéniosité mais aussi de caractère, Bud ordonne : « C’est parce que je suis… Le second du God Warrior de Zeta, Syd de Mizar. Il m’a ordonné d’aller transmettre un message au Sanctuaire et m’a confié une équipe. Sachez que notre mission sera reconnue par Hilda en personne. Alors ?! »
Sans même demander aux siens, le leader confirme pour eux : « Bien sûr que nous en sommes ! »
Immédiatement, l’unité suit du mieux qu’elle peut le combattant des glaces qui s’assure déjà du succès de son opération : « D’après ce que j’ai pu comprendre du messager du Sanctuaire envoyé il y a quelques mois par Athéna quand j’épiais Hilda, ceux qui l’ont protégé des Saints d’or sont dans un état critique. Si je débarrasse déjà Hilda de ces gêneurs, je ne pourrai qu’être reconnu par Odin. C’est certain… »


En Grèce, au Sanctuaire, à la Source d’Athéna, la nuit est tombée.
Un étrange vent glacial s’est levé.
L’occasion pour les deux soldats de garde devant le temple où reposent Seiya et ses amis de discuter de cet étonnant froid.
Baillant à l’unisson, ils sont troublés par un inattendu bruissement.
Sans même avoir le temps de s’interroger, ils tombent sans vie.
Leurs yeux, d’abord embués par le sommeil, perdent tout éclat pendant que leurs corps meurtris et couverts de givre, s’écrasent dans l’herbe devenue aussi fragile que du verre en raison d’une chute brutale de température.

Furtives, cinq ombres surgissent devant les cadavres.
En contrôlant sa respiration, l’une d’elles murmure : « Une chance que les effectifs de l’armée d’Athéna se sont amoindris au fil des derniers mois. Sans quoi, nous n’aurions pas réussi à venir ici sans encombre. »
Les quatre autres, retenant leur cosmo énergie pour mieux localiser leurs proies, s’introduisent dans le palais.
A pas de loup, ils avancent sur le sol marbré dont le reflet glaçant dessine la forme d’hommes aux bottines en fourrure, couverts de plastrons métalliques par-dessus leurs laines épaisses, protégés au bras gauche par un bouclier pointu et ornés d’un casque à cornes.
Le blizzard qui les accompagne, gèle en un instant l’eau de l’immense fontaine sculptée dans le même marbre blanc que les colonnes qui tiennent la voûte peinte en marine. Les statues gravées dans la pierre se brisent d’elles-mêmes sous l’effet du froid.
Comme s’ils chassaient sur leur terre natale, éternellement couverte de neige, les assassins se positionnent à chaque coin de la pièce comme pour mieux cerner les lits de pierre drapés de linges blancs où sont étendus les Saints de bronze.
Néanmoins, le visage d’un des étrangers se fige : « Quoi ?! Comment ?! Un des cinq lits est vide ! »
Un rire moqueur réplique à cette surprise.
Très vite, sortant de l’obscurité imposée par une statue, la figure spectrale d’un homme accompagne le sarcasme.
Malgré son visage creusé, les cheveux bleus d’Ikki permettent à quiconque ayant déjà croisé le chevalier dans sa vie de le reconnaître.
Uniquement en sous-vêtements, il expose ses muscles saillants bien qu’encore endoloris.
Pour éloigner le danger, le Phénix leur tourne le dos et s’engage vers la sortie en traînant difficilement la jambe.
_ « En temps normal, je les aurai éliminé avec précision d’un seul coup. Cependant, c’est un miracle si j’ai déjà pu me lever de ma couche. L’instinct certainement, réfléchit Ikki pendant sa retraite… »

A peine sorti, ses sens sont mis en alerte puisque, sans se retourner, il pressent qu’un des hommes est entrain de dégainer une hache.
Il esquive le misérable sans tenir compte de son corps à peine rétabli.
Avec une agilité qui le surprend presque, il ramasse au passage le bras de son assaillant et le renvoie auprès des quatre autres tout juste arrivés.
Sans plus tarder, peu rassuré, Ikki concentre légèrement son cosmos pour libérer, d’une voix diminuée, un faible, mais suffisant, arcane : « Ho Yoku Tensho. »
L’incandescence des Ailes du Phénix, offre une chaleur inédite à ces guerriers du froid.
Leurs yeux terrifiés témoignent de la douleur éprouvée par cette attaque qui leur ôte immédiatement la vie.
Toutefois, Ikki n’exprime aucune satisfaction.
Au contraire, son corps se pétrifie pour une raison étrangère aux stigmates laissés par la bataille remportée trois mois plus tôt.
Un cosmos glacé, puissant et dégageant un immense instinct meurtrier, surpassant les faibles assassins tout juste abattus, l’oppresse.
Son porteur, une ombre blanche sortie de derrière un arbre, lance un coup à une vitesse à peine perceptible pour un Phénix convalescent.
_ « Il se déplace à la vitesse de la lumière comme seul un Saint d’or sait le faire, songe-t-il ! »
L’attaque d’une lumière aveuglante fonce sur lui en déchirant la nuit.
Dans un tel état et sans armure, Ikki ne peut l’éviter.
Résigné, il ferme les yeux et se contente d’envoyer une dernière penser à son petit frère : « Shun… »
Lorsque le moment d’être fouetter par le froid meurtrier vient, une étrange enveloppe d’une énergie intense anéantie le choc.
Une voix familière au Saint de bronze brise le suspens : « Kan ! »
_ « Shaka, reconnaît Ikki ! »
A peine le Japonais trouve le temps de se retourner pour reconnaître son sauveur, que l’ombre blanche de Bud d’Alcor disparaît dans la nuit…


Pendant ce temps, à Asgard, dans les couloirs du palais, Freya observe impuissante chaque God Warrior se réunir dans la salle du trône.
Fermés, concentrés, tous sont déjà rivés d’un air solennel vers leur mission.

Tourmentée par le comportement de sa s½ur depuis ce matin, elle ne résiste pas au besoin de se précipiter auprès de Siegfried.
Ne sachant par où commencer, elle souhaite sensibiliser le plus puissant des Asgardiens en allant droit au but.
_ « Siegfried ! Ma s½ur a changé du tout au tout, elle est comme possédée par le démon. Tu t’en es sûrement rendu comptes ? Si on ne fait rien, elle subira le châtiment céleste ! Use de ta puissance pour libérer ma s½ur ! »
Tout juste nommé général de l’armée de sa bien-aimée à la place son frère jugé pour haute trahison, encore peiné par cette nuit d’amour chacun passé dans les bras de Thétis, Siegfried refuse de nuire aux projets d’Hilda, ni même de croire que sa volonté d’agir dans l’intérêt de son peuple soit dictée par le diable.
Sigmund a profité que son frère baisse sa garde un instant pour tenter un coup d’état que Freya semble suivre.
Hors de question pour lui de ne pas saisir l’occasion de revenir dans les bonnes grâces d’Hilda.
_ « Dame Freya, je ne peux que protéger Dame Hilda en toutes circonstances. Si Sa Majesté Hilda doit recevoir un châtiment céleste, moi, Siegfried, resterait à ses côtés jusqu’en enfer.
_ Siegfried…
_ Pourquoi ces doutes maintenant ? Je ne peux plus reculer, j’ai prêté serment. J’ai juré de protéger sa Majesté Hilda, quoi qu’il arrive. »
Sans en dire davantage, il prend congés et rejoint ses six frères d’armes déjà positionnés entre le trône de la Prêtresse d’Odin et le grand foyer aux flammes bleutés qui donnent à la pièce aux teintes déjà froides davantage de cynisme.

A la suite du Guerrier Divin d’Alpha, Freya s’immisce dans la pièce, sans que cela ne dérange la Princesse de Polaris, impériale dans son fauteuil entouré de deux griffons en pierre.
_ « Je vous ai tous réunis ici pour mener à bien une mission. Notre mission. Celle d’offrir au peuple d’Asgard une vie plus clémente. Là où le soleil brille sans cesse et où la faim ne nous tue pas. Des générations d’Asgardiens ont été suffisamment nombreuses à être sacrifiées. Au nom d’Odin, je demande réparation. Athéna a repris son Sanctuaire. Pourtant, que la Terre soit gouvernée par la Déesse de la Sagesse ou par un imposteur, rien ne change pour nos âmes meurtries. Il n’est que justice qu’Asgard confie cette lourde tâche qui nous a toujours incombés à d’autres. Pour cette raison, je choisis Syd de Mizar Guerrier Divin de Zeta pour se rendre au Sanctuaire et délivrer un message… »
Couvert de sa noble God Rob, le tigre viking avance d’un pas pour acquiescer, lorsque la cadette d’Hilda intervient de sa frêle voix : « Attends grande s½ur ! Veux-tu vraiment qu’Asgard conquière le Sanctuaire afin de dominer la planète ? »
Sereine, Hilda répond sans sourciller : « Les Guerriers Divins sont de mon côté. Je ne peux pas perdre contre Athéna. »
Le regard de son aînée, d’ordinaire si tendre, est chargé d’une noirceur troublante. Si les Guerriers Divins et le peuple, à l’égard de leurs vies pénibles ici, peuvent juger légitime la décision d’Hilda, Freya n’en oublie pas moins les sages paroles d’antan de sa s½ur.
Celle-ci l’a toujours destiné à la remplacer si jamais il venait à lui arriver malheur. Pour cette raison, elle connaît toute l’importance de leur rôle ici : « Qu’est-il arrivé ? Qu’est-ce qui t’a changé ainsi ? Réveille-toi, grande s½ur ! »
Ne tolérant plus aucune insubordination, Hilda se lève : « Tais-toi ! Thor, emmène Freya. Mets-là donc au cachot ! »
Stupéfait, le géant ne sait comment réagir.
_ « Mais…
_ Obéis-moi immédiatement, Thor ! »
Alors que l’immense silhouette du God Warrior de Gamma lui fait de l’ombre, les yeux teintés de tristesse, Freya tente une dernière fois d’interpeller son aînée : « Grande s½ur… »
Toutefois, la mine embarrassée, Thor passe devant elle pour l’inviter à quitter la pièce.
 

En Grèce, au Sanctuaire, à la Source d’Athéna, Ikki regarde Shaka examiner les cadavres des cinq guerriers des glaces devant le temple où il a sommeillé pendant trois mois.
Les doigts du Saint d’or caressent les gravures faîtes sur leurs boucliers : « Deux corbeaux autour d’un écu frappé par les sept étoiles polaires… L’emblème d’Odin et du royaume d’Asgard. Mais pourquoi Asgard alors que la Prêtresse de Polaris a assuré allégeance à Athéna lors de son retour au pouvoir ? »
Le Saint du Phénix, lui, fixe froidement ses adversaires : « Peu importe. S’il y a bien un moment où le Sanctuaire est fragile, c’est maintenant. Nous nous remettons à peine de la discorde causée par Saga. La réorganisation du domaine est donc friable et surtout, je le perçois, Athéna est loin d’ici. »

Un ton chevaleresque, bien qu’emprunté, répond à Ikki.
Réveillé, soutenu par ses trois autres camarades qui ont émergés grâce aux vibrations du récent affrontement, Seiya sort du temple dans la même tenue que les autres souffrants : « Et nous ne pouvons pas laisser Saori seule… Alors qu’un nouveau danger la menace ! »
Immédiatement, Shun court jusqu’à son frère pour l’aider à tenir debout.
Enfin sur pieds, réunis, les chevaliers de bronze s’échangent fièrement un sourire rempli de conviction.
Essayant de nuire le moins possible à ses solennelles retrouvailles, Shaka déclare : « Puisqu’il en est ainsi, allez donc revêtir vos tenues qui vous attendent à vos chevets et rejoignez-nous donc au lever du soleil, nous autres Saints d’or, chez Mû. »

Alors que Shaka les devance, Ikki remarque sur l’armure d’or de la Vierge quelques marques de givre, que l’adepte de Bouddha espérait jusqu’ici dissimuler.
Serrant les poings, Ikki grimace : « Cette ombre blanche… Ça devait certainement être un de ces légendaires Guerrier Divin d’Asgard. Alors que même mes attaques les plus puissantes n’avaient pas été capables d’affliger à une armure d’or une simple éraflure, ce défenseur d’Odin y est parvenu. Même si on dit de la Prêtresse de Polaris qu’elle est une femme bienveillante, aimée et respectée de tous, il paraît inévitable que je retrouverai ce Guerrier Divin dans peu de temps… »
Ikki devine déjà son prochain affrontement avec Bud d’Alcor…


Dans une dimension qui surplombe la Terre, l’Olympe, à l’extérieur du temple du soleil, dans les jardins du dieu Apollon, l’imposant maître des lieux laisse l’eau d’une fontaine tenter d’approcher sa main.
Devant le monument sculpté à son effigie, le frère d’Artémis s’amuse à faire évaporer l’eau grâce à l’insoutenable incandescence de son divin cosmos.
Derrière lui, dans leurs Glories, ses fidèles Anges, Helénê et Kassandra observent agenouillées les gesticulations du pitoyable Roloi qui mime à son maître la prise de possession d’Hilda par Poséidon.
Ses pitreries amusent les quelques servantes du fils de Zeus, étendues dans le muguet qui couvre tout le parc du palais solaire.
Plus loin, reculés, sous l’ombre d’immenses lauriers majestueux, Héra, Hestia et Héphaïstos, les trois autres comploteurs, attendent la fin du récit de Roloi, pour qu’Apollon leur adresse enfin la parole.

Hautain, Apollon susurre ces phrases courtes qui caractérisent son allocution condescendante : « Ainsi tout se déroule selon notre plan. »
Le pas saccadé, boiteux, le torse nu, le Dieu du Feu, des Forges et des Volcans s’expose à la vue de tous. Sa voix grondante retentit à travers sa barbe broussailleuse : « Rien n’est encore fait. Il y a beaucoup d’acteurs sur Terre. Qui te dit que personne ne viendra chambouler l’ordre des évènements que nous avons fixé. »
Apollon dédramatise : « Poséidon va affaiblir Athéna en utilisant Asgard. Si Asgard ne suffit pas, si Poséidon ne suffit pas, Tezcatlipoca, Loki, Hadès, Eris et Arès feront l’affaire. Athéna mourra ou sera poussée à la faute. »
Toute couverte de sa toge immaculée, la Déesse du Feu Sacré et du Foyer, Hestia, s’en extasie : « Dans les deux cas, Zeus ne pourra rester insensible au sort de l’humanité. »
Immédiatement, les yeux plissés, impériale dans sa robe pourpre, la Déesse du Mariage, Héra, ramène sa semblable à la réalité : « Si Arès nous fait faux bond ? Si les Alcides de cette garce d’Hébé, ou encore Alexer de Blue Graad, se joignaient à Athéna pour combattre Poséidon et Hadès, ses ennemis légendaires, nos plans pourraient tomber à l’eau ! »

Tournant le dos à ses pairs, chassant d’un simple regard ses domestiques, le Dieu du Soleil attend d’être en toute intimité pour réagir de son ton sournois : « C’est pour cela que je vous ai conviés aujourd’hui. Helénê, la plus puissante de tous les Anges de l’Olympe, a été éloignée de moi trop longtemps. Réincarnée sur Terre sous le nom de Ksénia, elle a mené d’une main de maître notre conspiration. Ensuite, j’ai également mandaté Kassandra pour la lier à Arès. Elle pourra veiller à la bonne exécution des engagements de ce ridicule personnage. Roloi, lui, bien que n’étant un simple Olympien, se charge d’innover sans cesse dans le but que nous dupions du mieux possible Zeus. A votre tour, j’aimerai que vous engagiez enfin quelques forces dans la bataille. »
Le menton carré et la large carrure d’Héphaïstos aurait de quoi effrayer quiconque en Olympe, surtout lorsqu’il s’insurge comme il le fait présentement : « Comment ?! Après notre confiance, tu oses nous demander un tribut encore plus lourd ! »
Sans même écarquiller les yeux, Apollon ne laisse s’approcher davantage son acolyte.
D’une simple émanation de cosmo énergie, il tétanise l’un des plus puissants gardiens du monde céleste.
Immobilisé, contraint à courber l’échine, Héphaïstos abandonne très vite toute hostilité dans son regard, forcé de constater la toute-puissance de celui qui a, depuis la fondation de cet univers, toujours été envisagé à la succession de Zeus si d’aventure celui-ci venait à disparaître.
Le célèbre adage du calme olympien n’étant jamais mieux justifié qu’ici, le dieu du Soleil suggère : « Est-ce donc une tenue à avoir auprès de moi Héphaïstos ? Je vais répondre logiquement à cette question. Non. Ce n’est pas ainsi que tu dois te tenir. Ce ne sera plus jamais ainsi. N’est-ce pas ? »
D’un battement de cils, la titanesque entité valide la supériorité d’Apollon. Ce dernier l’invite : « Tes propos étaient d’autant plus déplacés, sachant qu’Héra est déjà intervenue par le passé pour contrer la Chouette. Et qu’Hestia a éliminé en personne Hébé. »
Reprenant son souffle, essuyant du revers de la main la première goutte de sueur froide de son existence qui lui parcoure le front, Héphaïstos demande : « Qu’attends-tu de m… Que puis-je faire ? »
Apollon reconnaît : « Héra a été clairvoyante. Il faut se méfier de l’apport des Alcides et des Blue Warriors. Nous ne devons laisser aucun allié à Athéna pouvant nuire à nos plans. »


En Grèce, au Sanctuaire, à l’Ouest du domaine, zone autrefois témoin d’une très grande bataille contre Arès, le village de Paesco reste le seul endroit du Sanctuaire où le chevalier de Pégase se sente réellement chez lui.
Autrefois locataire de ce lieu, comme Orphée et Apodis, Seiya y titube.
Tout juste remis, accompagné de Shiryu, Hyoga et Shun, il s’installe dans le misérable logis qu’il partageait avec Marin.
_ « C’est bien peu, mais je ne me voyais pas passer une nuit de plus dans ce temple où nous sommes restés trois mois, s’installe Seiya sur son ancien lit de pierre.
_ Dommage que mon frère ne nous a pas suivi, déplore Shun.
_ Tu le connais Shun. Pour rien au monde Ikki ne se mêlerait à un groupe, dit Hyoga en posant affectueusement sa main sur son épaule.
_ Il a préféré attendre que d’autres gardes viennent chercher les corps de nos assaillants, ainsi que ceux de nos deux soldats morts, avant de monter la garde en cas d’un éventuel retour, complète Shiryu. »
Seiya s’allonge, les bras derrières la tête : « Il ne changera donc jamais ! Mais au moins, toi, Shun, tu as de la chance. Tu as un frère que tu vois toujours et qui ne t’ignore pas. »
Ses trois amis comprennent vite où Seiya veut en venir.
_ « Tu attends toujours des nouvelles de Marin, demande Hyoga ?
_ Tu espérais peut-être la retrouver chez vous. Voilà pourquoi tu nous as menés ici, déduit Shiryu.
_ C’est vrai. Depuis qu’Astérion a dit qu’elle est ma s½ur, le doute m’habite. Je ne sais plus quoi penser. Et si elle m’est venue à l’aide durant la traversée des douze maisons, j’aurai au moins voulu lui dire merci et lui demander… »
Tout à coup, on frappe à la porte.
Manquant de chuter, Seiya se précipite pour l’ouvrir en grand, mais montre involontairement une profonde déception, en voyant que le masque de femme chevalier auquel il fait face n’est pas celui du Saint de l’Aigle : « Ah… June… »
C’est Shun qui prend la suite.
D’un pas moins pressé que Seiya, il demande de sa douce voix : « June ! Tu es rétablie ! Quand es-tu arrivée en Grèce ? »

Préférant ne pas déranger Seiya plus longtemps, Andromède s’éloigne en compagnie de l’Ethiopienne aux cheveux couleur blé…

Dans la demeure, Seiya, aidé de Shiryu et Hyoga, repart s’effondrer sur sa couche.
En se prenant la tête entre les mains, il remarque seulement le Jonc d’Athéna qu’il croyait perdu alors qu’il n’était encore que l’élève de Marin.
_ « M… Mais… C’est mon bracelet ! Je ne l’ai même pas remarqué tout à l’heure lorsque je me suis rhabillé. J’ai fixé mes brassards machinalement sans faire attention.
_ Cet objet à l’air très important pour toi, un peu comme la croix que Hyoga a reçu de sa mère.
_ Oui. C’est un bijou qui me vient de mes parents. Enfin je crois. D’aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, je l’ai toujours eu. Et ma s½ur Seika avait le même. J’ai cru l’avoir perdu lorsque je faisais mon apprentissage de Saint. C’est étrange… »
Préférant se ressourcer un peu, Hyoga botte en touche en rigolant : « Encore un bien étrange mystère que le cosmos devra résoudre ! »
Les trois compagnons rient aux éclats comme pour libérer leur joie d’être sains, saufs et réunis.


Sur l’île d’Yíaros, dans le Parthénos, Juventas Alcide des Juments de Diomède reste dans la salle du trône.
A l’intérieur du temple d’Hébé, vide et terriblement silencieux, la régente de l’île, grande, mince, porte sa Cloth blanche et crème par-dessus sa tunique grenat.
Elle fixe à travers son masque de femme chevalier le fauteuil qu’occupait il y a encore quelques mois la Déesse de la Jeunesse.
Propre, rénovée après la tentative de coup d’état des hommes de Gigas, la pièce dégage encore l’odeur du ciment et du plâtre frais.
Un parfum que le disgracieux ¼dipe ne pourra jamais ressentir.
En traînant les jambes, l’hideux Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale s’invite par télépathie dans l’esprit de sa camarade.
_ « Cela fera bientôt cinq mois qu’Hébé nous a quittés.
_ Et mon c½ur saigne depuis.
_ Il est évident que nous n’aurons jamais assez de temps pour faire le deuil de notre Grande Hébé. Mais peut-être devrions nous nous rapprocher d’Athéna, pour poursuivre la volonté de notre Majesté ?
_ J’ai perdu les deux hommes qui auraient pu rendre ma fille heureuse. Je n’envisage pas de partir à la guerre et d’en faire une orpheline.
_ Tôt ou tard hélas il nous faudra agir. Tu as dû ressentir comme moi une étrange cosmo énergie malfaisante planer autour de l’île depuis la mer.
_ Crois-tu toi aussi qu’il puisse s’agir de Poséidon ?
_ C’est envisageable. En plus du complot de l’Olympe, d’autres dieux ne se priveront pas d’attaquer la Terre. En plus des Olympiens, Athéna devra faire face à ses ennemis historiques. _ Oui… J’en ai conscience… »
La guerrière au cheveux couleur taupe traverse la pièce pour prendre la direction des couloirs depuis laquelle elle scrute, grâce aux lucarnes, sa cité originelle : « … Seulement, notre armée se reconstitue à peine. Et pour tous ces jeunes gens, porter la dague hébéïenne sera une première. »
¼dipe la suit péniblement : « Je réalise que l’ultime bataille les conduira à la mort. Tout comme nous. Néanmoins, il en va de la survie du monde. Un monde auquel ta fille appartient. »
La veuve d’Iphiclès cesse sa progression et abandonne ses pensées dans l’horizon.
Les images bienfaitrices de son époux Iphiclès et de son amant Apodis se bousculent dans sa tête.
Pourtant, elle réussit enfin à n’en tirer aucune nostalgie.
Au contraire, le Lion de Némée et l’Oiseau de Paradis éveillent enfin en elle un désir de revanche : « Laissons à Athéna le soin de combattre ses ennemis historiques. Nous viendrons à son secours lorsqu’il conviendra de défaire les ennemis de tous les hommes et de tous les dieux qui veulent gouverner la Terre, l’Olympe. »


En Grèce, au Sanctuaire, la tête dans les étoiles, Shun progresse d’un pas lent et ordonné en compagnie de June bien silencieuse.
En prenant la direction du Nord du domaine, le Japonais est stupéfait.
_ « Je n’aurai jamais cru le Sanctuaire aussi grand.
_ Lorsque je suis arrivée hier, j’ai eu du mal à me repérer aussi. Heureusement, Shaina m’a affecté à la surveillance d’une zone bien connue des gardes que j’ai sous mes ordres.
_ Je suis content de te savoir heureuse ici. Te connaissant, je savais que la vie au Japon t’aurait semblé monotone. Comment vont Sho, Ushio et Daichi ?
_ Très bien. Ils se sont parfaitement occupés de moi. »
Instinctivement, s’étonnant après coup d’avoir fait une telle remarque, Shun demande d’un air inquisiteur : « Jusqu’à quel point ? »
Confus, dérouté, l’élégant chevalier aux cheveux vert pomme a les joues qui s’empourprent.
Seulement, c’est suffisant pour que June ôte son masque.
_ « C’est tellement mieux ainsi. L’air est agréable pour cette première pleine lune du printemps tu ne trouves pas.
_ June… Ton masque… Tu…
_ Tu me l’as ôté Shun lors de notre combat au Japon. Tu sais ce que cela signifie n’est-ce pas ? »
Shun peut lire dans les grands et beaux yeux bleus de son amie toute l’émotion qu’elle éprouve en restant rivée vers la lune.
Il se contente d’un timide : « Oui. »
Heureusement, bien vite, voulant stopper ce silence gênant, June s’exclame : « C’est ici ! »
A visage découvert, elle se précipite dans un village où seules quelques ambiances musicales s’échappent des différentes tavernes.
Les allées sont libres, quelques chandelles forment les ombres des habitants des petits logis que Shun et June s’amusent à observer en traversant la place : « Voici le village où je réside désormais ! »

Elle s’engouffre dans une modeste mais propre demeure.
Au risque de le faire chuter alors qu’il est encore faible, elle tire Shun par le bras pour l’obliger à occuper l’espace.
Une pièce principale où domine une grande table en bois sur laquelle l’urne de sa Cloth est posée. Une chambrette à droite, dont l’encadrement de porte est fermé par un rideau. Des peintures colorées et chaudes qui rappellent l’île d’Andromède…
Shun se sent aussitôt comme chez lui.
_ « Lorsque j’ai perçu ma première bourse de sacres pour m’installer après que je sois promue sergent, j’ai visité plusieurs demeures mais j’ai craqué aussitôt sur celle-ci. »
Shun écarte le rideau de la chambrée pour finir son inspection.
Il découvre un grand lit déjà couvert d’étoffes par June et un bassin d’un mètre vingt sur deux mètres carrelé avec de magnifiques mosaïques : « Je comprends, en effet, c’est sublime. »
Accompagnée par la lumière intense de sa Cloth qui reprend sa forme en totem pour rentrer dans sa Pandora Box, June assure : « Nous serons heureux, ici, tous les deux. »
Laissant Shun sans voix, elle défait ses vêtements en exposant sa totale nudité sans la moindre gêne.
Elle déverse l’eau qui chauffe depuis plusieurs heures dans une marmite suspendue au-dessus du feu de la cheminée.
Intimidé, Shun détourne ses yeux d’elle en se contentant de lui dire : « Tu es magnifique. »
D’un ton volontairement hasardeux, alors qu’elle se glisse dans l’onde, elle lance : « Tu ne me rejoins pas ? »
Fébrile, Shun se positionne sur une chaise et préfère décliner l’invitation : « Vois-tu, June, j’ai… Je suis… »
Le regard perdu d’Andromède s’abandonne sur le sol de la maisonnette.
Ne sachant comment s’y prendre, il ne remarque même pas le corps trempé de June venir le chercher : « Tu te souviens de ta promesse avant l’épreuve du sacrifice sur l’île d’Andromède ? »
Confus, le chevalier regarde la jeune femme le dominer en se tenant droite devant lui, alors qu’il est complètement affaissé sur son siège.
Instinctivement, il contemple le détail de ses courbes sur lesquelles glissent les gouttes d’eau chaude.
Par phénomène de condensation, le corps tout entier de June dégage une vapeur qui crée une atmosphère licencieuse.
Elle s’accroupit délicatement sur les genoux du Saint convalescent en prenant soin de rapprocher le plus possible son buste du sien, lui offrant au passage le frôlement de son affriolante poitrine contre son visage : « Tu m’as promis que lorsque tu retrouverais ton frère, tu reviendrais auprès de moi. Que crois-tu que j’attende à présent ? »
Contraint de faire front à l’attitude avenante de son amie, Shun cesse son regard abandonné et la fixe avec émotion.
_ « Je sais très bien ce que tu souhaites, mais d’autres batailles nous attendent encore. Je ne peux t’assurer une vie harmonieuse, tant que je n’aurai pas assuré la paix en ce monde.
_ Cette nuit… Juste celle-ci, la paix, elle règne. Pourquoi en vouloir plus lorsque nous pouvons profiter des instants présents ?
_ C’est juste que je ne veux pas te promettre des choses que je ne pourrai t’offrir. »
Elle lui agrippe fermement les mains pour les lui poser sur ses seins.
Ses yeux pétillent d’impatience tandis que machinalement, Shun se laisse guider par les mouvements circulaires que June l’incite à réaliser pour lui faire plaisir.
Lorsque les gestes de Shun deviennent autonomes, voire initiateurs, June se penche jusqu’à son visage pour lui baiser le cou.
A mesure que Shun poursuit ses cajoleries de plus en plus passionnées, il peut entendre entre chaque claquement de lèvres les petites poussées aigues de la voix satisfaite de June.
Très vite leur étreinte devient plus fougueuse et le corps suintant du Caméléon trempe le maillot de Shun qui lui colle à la peau et épouse à merveille son athlétique torse.
La vue de ce corps si parfait conjuguée aux mains de Shun qui parcourent dorénavant le reste de sa peau propulse June dans un état de grâce…


Dans une dimension qui surplombe la Terre, l’Olympe, à l’intérieur d’un des onze temples qui protège l’accès au Mont Olympe, son propriétaire entre dans une rage folle.
A l’intérieur de la demeure aux pierres ternes et à l’atmosphère suffocante, le Dieu du Feu des Forges et du Volcan boitille en pestant : « Apollon prétend que je ne fais que profiter des risques qu’il prend ! Et que contrairement à Héra et Hestia j’attends que notre courroux contre les hommes se réalise en gagnant les faveurs de Zeus ! Mais c’est faux ! Je vais le lui prouver ! »

Traversant un pont de pierre à l’intérieur même de sa propriété, le maître des lieux passe au-dessus un torrent de lave.
Tout autour, sur les plateformes en roches taillés dans un style dorique, les serviteurs du dieu, uniquement des hommes à peine vêtus en raison de la température ambiante, s’activent à présenter le nectar et l’ambroisie partout où leur souverain pourrait être amené à passer.

Lorsqu’il s’arrête en plein milieu du pont, ses yeux, larges et plissés, regardent au loin un atelier, depuis lequel on peut entendre s’entrechoquer quelques morceaux de métaux.
Il observe la silhouette frapper devant un fourneau quelques pièces de métal et l’appelle : « Phygée ! »
Le susnommé déploie immédiatement ce qui s’apparente à des ailes. Elles apparaissent par l’effluve de la cosmo énergie qu’il dégage.

En quelques secondes, il débarque devant son maître et s’agenouille de façon très solennelle.
Couvert d’une Glory, il n’ose même pas regarder son souverain dans les yeux : « Maître, la réfection du char d’Apollon progresse à… »
Héphaïstos ne laisse même pas l’Olympien aux longs cheveux azurs coupés en carré plongeant finir sa phrase : « Le char d’Apollon attendra. Fais venir Idaios. J’ai une mission bien plus grande à vous confier. »


Au Sanctuaire, à l’intérieur de la chaumière de June, la buée de son bassin condense sur les blocs de pierre qui forment ses murs.
Eclairée par quelques chandelles, celles-ci dessinent les corps entremêlés de Shun et June, désormais étendus, nus, ne faisant plus qu’un, sur la couche aux draps soyeux.
La propriétaire de la maison, couchée sur le côté, une jambe enlaçant fermement les cuisses de son amant, entrouvre légèrement les yeux à chaque soupir d’extase, afin de ne rien perdre de la vue alléchante du visage de Shun en plein effort.
Appliqué, concentré, doux dans ses premiers gestes et fougueux lorsque la passion l’exige, le Saint d’Andromède accélère le mouvement de ses hanches à mesure que sa mâchoire se crispe.
Venant en même temps qu’elle au point culminant du plaisir, ils libèrent tous les deux un râle sauvage mêlant bonheur et délivrance.

Cependant, ce soulagement prend des allures d’émancipation pour Shun.
Etrangement, si attentionné jusqu’ici, Shun serre plus fort encore contre lui June, au point que la marque de ses bras qui l’encerclent stigmate son corps.
En appui, lourde et rugueuse, la main droite de Shun remonte le long de sa poitrine, jusqu’à sa frêle gorge qu’il saisit sans ménagement. Ses mouvements de reins deviennent plus secs, plus violents.
Stupéfaite, June écarquille grands les yeux et remarque que les cheveux pomme de Shun oscillent vers le prune. Ses yeux s’embrument et, avec son autre main, il serre fort son collier en forme d’étoile avec l’inscription « Your’s Ever » gravée dessus.
Ne voyant pas d’autre solution, elle le gifle violemment pour le ramener à lui.
Le choc est si violent que le Japonais en tombe à la renverse et recouvre ses esprits et son physique originel.
_ « June ?!
_ Shun… Mais… Enfin… Qu’as-tu ? Qu’est-ce qu’il te prend ? »
Devinant sa mauvaise conduite, influencée par ce cauchemar qui le poursuit sans cesse, Shun baisse les yeux : « Je… Je ne sais pas. Je ne comprends pas… »
S’entourant des étoffes pour couvrir son corps qui se refroidit après avoir intensément brûlé jusqu’ici, June s’inquiète.
_ « La dernière fois que je t’ai vu ainsi, c’était avant que tu choisisses l’épreuve du sacrifice. Tu étais devenu fou de rage contre Reda et Spica. Ta colère te consumait à tel point que tu aurais pu détruire l’île entière.
_ Je… Je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi je deviens ainsi. Plus le temps passe et plus je me sens comme changeant. Je hais la violence. Pourtant ce cauchemar permanent d’une petite fille me portant, moi bébé, dans ses bras, chaque nuit, renforce en moi ce sentiment de colère. Il ne m’est pourtant pas apparu durant la bataille des douze maisons. Mais il faut croire que d’être resté trois mois dans le coma a eu un effet néfaste. Cette vision a décuplé en moi cette peur et cette haine que j’abhorre plus que tout.
_ Tu devrais en parler à Athéna.
_ Non. Ni à Athéna, ni à mon frère. Je ne veux pas les perturber avec ça. Des choses plus importantes les concernent. »
June vient alors se coller contre lui et l’enlace amoureusement.
_ « Dans ce cas, nous combattrons ensemble ce mal qui te ronge.
_ Si seulement c’était si simple, sourit-il gentiment.
_ Oui, bientôt tu retourneras auprès d’Athéna et tu seras à nouveau loin de moi. »
 

Chapitre 82

Chapitre 82
 
Sur la plus septentrionale des quatre îles principales de l'archipel du Japon, Hokkaido, se matérialise la silhouette de Kyoko.
Légèrement vêtue de sa jupe et de son chemisier, la jeune femme progresse dans le plus haut relief montagneux de l’île.
Alors que quiconque ne tiendrait pas une minute dans ce climat, elle prend le temps de progresser dans la tenue scolaire qu’elle a choisi pour rendre visite à Mars en Grèce.
D’apparence chétive, elle avance sans difficulté, caressée qu’elle est par les bourrasques de vent gelé, sur les sentiers sinueux.
Tout à coup, au-dessus de sa tête, le bruit de raie d’hélices perturbe son allégresse.
Un drone s’infiltre dans cette zone inhabitée et inexplorée depuis trois ans maintenant que le Jardin d’Eden a rejailli des entrailles terrestres.
En débouchant en sortie de forêt sur le flanc de la montagne, elle s’en amuse : « Ils ne comprendront donc jamais. »
A cet instant, morceau par morceau, l’appareil se disloque puis explose pièce après pièce.
Elle observe alors devant elle des vestiges de la Grèce Antique taillés à même la roche.
_ « Ils ne parviennent plus à accéder à ce lieu. Les barrières naturelles sont insurmontables. Alors ils tentent par leur technologie, sans jamais accepter qu’ils ne peuvent pas tout s’approprier sur cette Terre, d’atteindre ce lieu qui les rejette. La limite des hommes est atteinte là où le choisissent les dieux. »

Revenue de son escapade en Grèce avec Arès, Eris profite du soleil levé de ce 22 mars 1987 pour admirer en plein Japon de hautes colonnes de la Grèce antique. Elles érigent divers prieurés avec en sommet de flanc de montagne un temple plus imposant.
Son ascension commence en slalomant les monceaux de roches retournés par la résurgence du Jardin d’Eden où se mêlent piliers effondrés et pierres brisées.
Aussitôt, quelques Dryades aux Leaf noires et amarantes sortent des décombres pour prendre en étau la jeune femme jusqu’à ce que celles-ci reconnaissent leur déesse.
Toutes s’agenouillent instantanément tandis qu’un Ghost Saint apparaît.
D’un claquement de doigt il chasse les Dryades.
_ « Rigel, quel plaisir que tu viennes m’accueillir. »
Le Fantôme pose genou à Terre. Un voile flou couvrant ses yeux, Rigel, imposant dans sa Leaf d’Orion, démontre toute sa dévotion : « Quoi de plus normal Kyoko. »
En passant à côté de lui, elle lui caresse affectueusement le visage en forçant à hauteur du menton pour le forcer à se relever : « Rigel… Je t’ai déjà demandé de ne plus me nommer ainsi en ce lieu… »
Il la laisse passer devant et la fixe reprendre la route.
Son regard s’éclaircit alors, reprenant la vigueur qui était la sienne avant qu’Eris ne lui ôte la vie sur l’Utérus. A cet instant, lui reviennent les souvenir du meurtre de Mayura et du baiser mortel qui le firent rentrer dans le camp de la Déesse de la Discorde…
Il devina aisément l’affliction de ses anciens camarades il y a trois ans après la bataille sur l’Utérus… (Reste 52488 caractères)
 

Chapitre 81

Chapitre 81

En Argentine, devant le Disfrute, les secours ont fini de prendre en charge les prisonniers de Segador et la clientèle qui a fui les balles.
Les forces de l’ordre sont maintenant regroupées autour du night-club, prêtes à l’intervention.

A l’intérieur de la chambre, Vasiliás l’a bien ressenti.
Bien que désormais ce soit Peligra qui semble plus envieuse que lui, il devine que son instant de plaisir dans le monde contemporain doit cesser.
Peligra, elle, s’est levée sur la chaise pour coller contre le visage mal rasé de l’Américain, le bas de ses hanches.
Son souffle devient si envieux, haletant, qu’il étouffe à certains moments la musique qui résonne dans la pièce.
Décidée à accentuer son plaisir, elle redescend peu à peu pour s’accroupir contre lui, bassin contre bassin, et mimer un coït en remuant de plus en plus vite.
Ne sachant plus résister, elle se lève pour enfin ôter cet ultime habit qui la protégeait du dernier acte.
C’est à cet instant précis que Vasiliás choisit de se lever pour ramasser ses vêtements dans l’étonnement le plus complet.
_ « Que fais-tu ?!
_ Je n’ai plus d’argent. Le spectacle s’arrête là.
_ Tu m’as donné plus d’argent qu’il n’en fallait, je t’offre la suite de la prestation. »
Malgré toute l’envie qu’il contient, Vasiliás réajuste grossièrement ses vêtements : « Si ce n’est pas déjà le cas, dans les secondes qui suivent tu n’auras plus de patron. Cet établissement ferme ses portes ce soir. Profite justement de l’argent que je t’ai donné, pour te trouver un meilleur job où plus personne n’exploitera tes charmes. »
Sans même la regarder, il quitte la pièce et la laisse penaude.

A la sortie de la chambre, il reconnaît les sept surveillants de Segador étendus dans le couloir.
La porte de la salle privée de l’établissement est entrouverte.
Le corps de l’unique gardien survivant, celui au bras brisé, essaie de s’extraire en rampant. Souffrant, misérable, le videur laisse derrière lui sa trace dans son sang.
Vasiliás le regarde avec dépit : « Tu m’as l’air condamné. T’achever serait te rendre service. Autant te laisser crever comme tu le mérites. »
Il s’enfonce dans l’appartement aux murs tapissés de sang. (Reste 48683 caractères)
 

Chapitre 80

Chapitre 80

En Argentine, le night-club appartenant au chef de la pègre est peu à peu encerclé par les secours et les forces de l’ordre.
A l’intérieur, il ne reste plus que d’un côté Vasiliás et Peligra, et de l’autre Tromos et Segador.

Dans l’alcôve, où ils se sont enfermés, Vasiliás et Peligra dégustent à tour de rôle sur leurs corps le champagne qu’ils font couler.
Ils sont loin de connaître les détails des retrouvailles entre Segador et Tromos.
Leurs vêtements jonchent le sol, disséminés aux quatre coins de la pièce. La montre-gousset de Vasiliás, d’ordinaire si chère à son c½ur, abandonnée dans la poche de son pantalon qui traine à ses pieds.
Ne gardant que leurs sous-vêtements pour barrière à la concrétisation des envies qu’ils suscitent l’un chez l’autre, ils poursuivent leur corps à corps endiablé.
A genoux contre le Berserker assis, Peligra ne cesse d’appuyer sa poitrine en allant et venant sans cesse contre sa taille. Ouvrant même parfois sa bouche comme pour accueillir à travers son boxer blanc l’intimité sacrément manifestée de Vasiliás…

A quelques mètres de là, au fond du couloir, les bras ballants, Segador abandonne sa mine enjouée.
Un à un, les os de ses doigts puis de ses poignets, avant ceux de ses épaules et de son coude, ont été brisés.
Ses yeux à l’agonie devinent à la fouille qu’opère Tromos dans son bureau, que sa torture ne fait que commencer.
Brandissant d’un tiroir une pince, le colossal Argentin se congratule déjà des futurs résultats de ses sévices : « Que penses-tu que je puisse t’arracher avec ça une fois que je t’aurai ôté chacune de tes dents ? »
Puis, en refermant le tiroir, il trouve une manivelle dans celui du dessous : « Oh ! J’ai comme l’impression qu’il sera plus amusant de percer lentement tes genoux avant, pour ne pas que tu craches trop de sang après t’être fait opérer le râtelier ! »
L’odieux personnage change très vite d’attitude.
Désormais anxieux, Segador est défiguré par la folie qui symbolise la souffrance qu’il n’arrive même plus à hurler tant il s’égosille…


En Grèce, au sommet d’une falaise qui surplombe Athènes, Kyoko grimace après sa dernière gorgée d’alcool.
_ « Le champagne a vite réchauffé !
_ Le temps passe très vite. D’ailleurs j’aimerai que tu reprennes le récit de tes exploits avant que Vasiliás et Tromos ne reviennent de leur escapade et suspectent quoi que ce soit te concernant.
_ Bien, bien… » (Reste 46359 caractères)
 

Chapitre 79

Chapitre 79

En Argentine, dans le night-club, Tromos est aux portes de sa vengeance.
En poussant la porte gardée, il débouche enfin sur un grand bureau. Celui-ci dispose d’un mur fait de télévisions retransmettant la vidéosurveillance de l’établissement.
Affalé dans son siège en cuir, le propriétaire du Disfrute n’en revient pas : « Je ne pensais vraiment pas que tu arriverais jusqu’ici. C’est lorsque tu as vaincu facilement le monstre dans la cave que j’ai commencé à avoir des doutes… »
L’ignoble individu dévoile enfin son visage à Tromos instantanément saisi.
_ « … Tu as gagné, achève sa phrase le chef de gang. Je t’engage ! Je vais faire de toi un homme riche. Tu auras tout ce que tu veux.
_ Tu… Tu n’as pas changé, reste un instant bouche-bée Tromos devant lui. Hormis quelques rides, tu restes le même que dans mes pires cauchemars. Un visage crapuleux, chauve avec tout le crâne tatoué, un menton carré et des dents pointues.
_ On se connaît ?!
_ Il y a vingt-et-un ans. Je n’étais qu’un petit garçon, frêle et innocent comme tous les enfants de huit ans. Un petit village dans lequel tu instaurais déjà la terreur. Tu obligeais les gens, de courageux ouvriers travaillant pour nourrir leurs familles, à te verser presque l’intégralité de leurs revenus, sous prétexte qu’ils vivaient dans une citée dont tu te prétendais maître. Tu te servais de cette zone résidentielle pour commencer tes basses besognes. Prostitution, trafic de drogues… »
Toujours confortablement installé dans son siège, le malfaiteur s’allume une cigarette en se sentant glorifié par cette histoire.
_ « Oh tu sais, j’ai commencé jeune à monter mon empire. Je ne me souviens pas de toi.
_ Moi je me souviens de cette nuit où tu es venu en personne punir mon père, qui n’avait pas assez d’argent pour payer ta taxe clandestine. J’ai été le seul à avoir eu le temps de me cacher sous le lit de mes parents. Je me souviens de tout. De tes hommes battant mon père. Le laissant tout juste conscient, pour qu’il puisse te voir violer ma mère et déshonorer mon frère avant de les égorger. Je me remémore encore l’incapacité de ma petite s½ur à répondre, lorsque tu lui as demandé lequel des jumeaux d’un mois elle voulait sauver, alors que tu lui promettais qu’elle aussi s’en sortirait si elle choisissait. J’ai encore ses cris gravés dans ma mémoire lorsque tes hommes ont abusé d’elle, alors qu’elle n’était qu’une enfant pendant que tu m’étais le feu au berceau des deux bébés qui pleuraient car ils mourraient de faim. Et chaque jour, je me vois impuissant, à essayer de tirer mon père immobilisé pour le sauver du feu qui se propageait dans la maison. Il n’y a pas un instant, pas un soupir, durant lequel je ne me maudis pas d’avoir échoué et d’avoir laissé cette peur de petit garçon me forcer à prendre mes jambes à mon cou pour échapper au même sort que les miens.
_ Mouais, recrache insensible Segador sa fumée… Une de mes aventures parmi tant d’autres. Loin d’être la plus palpitante !
_ Comment, s’avance le poing serré Tromos ?! »
Contre toute attente, de chaque côté du large bureau, tapis dans l’ombre, sortent deux derniers hommes de main.
_ « Je te présente les plus habiles tueurs de mon gang. Ils manient aussi bien tous les types d’armes que les styles de combats à mains nues. Je sens que tu vas m’offrir un spectacle beaucoup plus digne que celui de ta mère et ta s½ur dont je ne me souviens pas. »
Ces mots suffisent à faire basculer définitivement Tromos dans cette soif de justice subjective que véhicule Vasiliás.
Sans même laisser le moindre agent réagir, il les terrasse en les tranchant tous les deux en deux à hauteur du buste.
_ « Le Berserker de la Royauté, notre Roi, a raison. Le mal doit être éradiqué à la source. Et je vais m’en charger avec toi. »
Malgré sa fin imminente et inévitable, Segador se permet de se moquer de ses anges gardiens qui gisent au sol : « Les pauvres. Ils devaient manquer d’entraînement ! »
Cette indifférence ne démotive pas l’Arèsien, au contraire.
Il bondit sur Segador et se retient du mieux qu’il peut pour ne pas le tuer d’un seul coup.
En le callant bien dans le creux de son siège, il lui assure : « Je vais te réserver les pires tourments que tu as commis. Et je te promets, moi, homme de parole, que tu perdras ton sourire narquois avant de rendre ton dernier souffle. »
La cigarette lâchée sous le choc, Segador continue d’afficher sa mine sournoise alors que le mégot lui brûle la cuisse, comme pour annoncer que la tâche sera ardue… (Reste 49148 caractères)
 

Chapitre 78

Chapitre 78

En Argentine, dans le night-club, en dehors de la chambre où Vasiliás se livre à un jeu salace, Tromos est arrivé d’un pas décidé à l’étage.
Les yeux fixes et froids, il toise les sept veilleurs de Segador qui gardent la porte au bout du couloir.
Un premier tend la main pour barrer le passage : « Qui t’es toi ? Pas un pas de plu… »
Il n’a même pas le temps de finir sa phrase que Tromos lui retourne le bras, lui brisant ainsi tous les os. Ses camarades ne sont pas assez rapides pour dégainer leurs armes que le colossal Berserker zigzague entre eux pour les tuer d’un seul coup en frappant uniquement un point vital différent pour chacun.
Avant de s’enfoncer dans la dernière pièce, il ramasse sur un des hommes de main une machette attachée à sa ceinture. Il s’en sert pour planter à hauteur de chaque rein le premier rempart au bras brisé : « Meurs en souffrance. C’est tout ce que tu mérites. »


En Grèce, Kyoko continue de raconter à Mars les détails du retour d’Eris sur Terre il y a trois ans.
Sur la terrasse du café où elle a fait germer chez un couple les graines de la discorde, elle narre ses exploits en ignorant la dispute qu’elle a initié chez ses voisins de table…

Flashback
Au Sanctuaire, à proximité du camp des femmes chevaliers, le mètre quatre-vingt-dix-sept de Voskos s’était recroquevillé pour concentrer son cosmos face aux Dryades qui venaient d’éclore.
Le Saint de bronze du Bouvier chargeait de ses cent quatre-vingt-trois kilos une Dryade masculine : « Katapatisi Agria ! »
L’adversaire subit le Piétinement Sauvage de plein fouet et retomba, les os rompus, à côté d’une autre Dryade déjà vaincue et qui fanait avant de finir en poussière.
_ « Et de deux, se glorifia le rustre ! »
Dans son dos, Xiao Ling reculait sous la pression de deux autres qui profitèrent que leurs deux alliées restantes barraient la route au rustre chevalier.
_ « Fraîche, se lécha les lèvres une Dryade…
_ Innocente, pressa le pas la seconde ! »
Xiao Ling était acculée contre un bosquet.
Lorsque la première se jeta sur elle, par réflexe, elle passa ses mains par-dessus sa tête pour saisir le tronc et, appuyant sur ses jambes, grimpa plus haut pour esquiver le coup.
Enchevêtrée dans l’arbre, la Dryade n’eut pas le temps de s’en dépêtrer que Xiao Ling retomba sur elle d’un salto, le talon droit lui fendant le haut du crâne.
Son premier assaillant vaincu, la Chinoise n’en demeurait pas plus rassurée malgré tout.
Le second faisait déjà face, plus incisif.
Avec quelques pirouettes et roulades, elle parvint à esquiver un moment, jusqu’à ce que l’ennemi finisse par planter ses griffes sur le bas de sa tunique, au niveau de l’entrejambe, la laissant à la merci de son autre main aux ongles acérés.
Démunie, elle ferma les yeux, attendant le verdict.
C’est alors que Voskos apparut dans le dos de la Dryade, lui attrapa l’arrière de la tête dans son immense pogne gauche et la lui éclata contre le sol, entre les jambes de la jeune femme fébrile.
Éclaboussée par un sang qui n’était pas le sien, Xiao Ling rouvrit les yeux pour faire face au regard inquisiteur de Voskos : « M… Merci… »
Sous leurs pieds, le sol tremblait des combats venant du camp des femmes chevaliers.
Derrière Voskos, les dernières Dryades fanaient. Le colosse n’en tira aucune gloire.
_ « Ne me remercie pas. Tu aurais dû parvenir à te défaire d’elle sans mon aide, demeura-t-il sévère. Surtout que tu es parvenue à en vaincre une.
_ C’était un coup de chance.
_ La chance… C’est comme le miracle dont parlait plus tôt le Seigneur Algol. C’est l’apanage des Saints. Nous créons notre chance. Nous accomplissons nos miracles. En surpassant nos limites. En brûlant notre cosmos. Tout à l’heure, tu es parvenu à défaire une Dryade. Tu as mêlé sang-froid, analyse tactique du terrain et technique de combat à laquelle tu as joins ton cosmos. Que tu l’ais brûlé inconsciemment ou non, il fallait au moins une once de cosmos pour parvenir à l’éliminer.
_ Peut-être, baissa-t-elle la tête penaude…
_ Je ne peux pas croire qu’une jolie jeune femme comme toi as traversé le monde pour venir jusqu’ici sans rencontrer d’embûches. Des gens malhonnêtes, mal intentionnés, tu as dû en rencontrer des dizaines. Pour t’en débarrasser, tu as dû surpasser ces gens, parfois équipés d’armes contemporaines. Certains chemins sont inhabités. Tu n’as pu voler pour te nourrir. Tu as compensé la faim en t’enveloppant de ton cosmos. Ou tu as chassé dans des lieux où seuls les grands prédateurs arrivent à se repaître. Ou peut-être les deux. Toujours est-il que c’est le cosmos qui t’a maintenu jusqu’ici.
_ Peut-être, balbutia-t-elle à nouveau. Mais pourquoi me dire tout ceci ?
_ Parce que nous sommes arrivés au camp, pointa-t-il du doigt le bosquet dont elle s’était servie plus tôt et qui marquait le début d’une dense forêt. Traverse la forêt et tu trouveras Rebecca. »
Dans son dos, des hurlements de souffrances et de terreurs accompagnaient les tremblements de terre et les secousses cosmiques.
_ « Mais… Mais… Je ne peux pas… C’est la guerre là-dedans…
_ Justement ! C’est pour ça que tu dois aller y porter ton aide ! Nous autres, hommes, ne pouvons fouler cette terre bénie par Athéna. La seule chose que je puisse faire c’est empêcher la retraite des Dryades que vous, femmes, allez vaincre à l’intérieur ! »
Xiao Ling aurait voulu se vautrer plus bas que terre.
_ « … Je… Je ne serai qu’un poids…
_ Un Saint n’est jamais un poids lorsqu’il risque sa vie pour défendre autrui !
_ Mais je ne sais même pas ce qui est en jeu dans cette guerre…
_ Rebecca, celle à qui tu dois la vie aujourd’hui, risque la sienne pour sauver des innocentes prises au piège à l’intérieur et vaincre une menace qui pèse sur le monde !
_ Je ne suis pas aussi forte que Rebecca…
_ Ton soutien lui donnera encore plus de forces !
_ J’en suis incapable… »  (Reste 50642 caractères)
 

Chapitre 77

Chapitre 77

En Argentine, le club où Tromos rendait sa justice s’est vidé.
Libéré du sous-sol miteux où ils étaient réduits à l’esclavage, enfants et opposants politiques sont déjà accueillis dehors par les secours. Ceux-ci, alertés par des voisins interpellés par les fusillades à l’intérieur de l’établissement, attendent les directives des autorités.

A l’intérieur, au rez-de-chaussée, Tromos slalome entre les cadavres des hommes de main de Segador et des victimes pris entre les feux nourris de leurs revolvers.
Le son des enceintes cogne encore dans la tête du seul rescapé au milieu de la piste de danse.
Il fait le tour de lui-même pour, d’une légère émanation de cosmos, détruire chaque caméra afin d’instaurer davantage de crainte aux mafieux qui attendent à l’étage.
Il est temps pour le Berserker de les rejoindre.

C’est justement en haut, au milieu du couloir surveillé au bout par sept gardes du corps, que Vasiliás a suivi Peligra.
Les immenses enceintes ajustées au mur leur ont épargné le moindre soupçon de ce qui a pu se tramer en bas.
Au moment de refermer la porte de la chambre vide où Peligra l’a conduit, l’Américain reconnaît l’apparence de Tromos, couvert du sang de ses victimes, arriver sur le palier pour aller à la rencontre de Segador.

Bien décidé à laisser son second agir seul, Vasiliás retrouve à l’intérieur de la pièce aux murs insonorisés la plantureuse danseuse qui l’assied sur une chaise.
Utilisant une télécommande, elle relance une musique plus engagée qu’en bas.
Perchée sur ses hauts talons, elle reprend là où elle s’est arrêtée.
Habillée de son unique boxer, elle se déhanche de nouveau. Cette fois-ci plus lentement, de manière féline.
Elle fait le tour de la chaise où est assis un Vasiliás subjugué, qui se contente de se laisser caresser par la peau chocolat, douce et parfumée de Peligra lorsqu’elle vient coller contre lui sa poitrine et ses fesses. Alors pour permettre à l’homme d’Arès d’apprécier davantage, elle glisse ses doigts entre sa peau et la lanière de son sous-vêtement, qu’elle laisse descendre très lentement en l’accompagnant jusqu’à ses pieds, offrant à son client la pleine vue sur son intimité dorénavant dissimulée sous une dernière ficelle de tissu avec laquelle elle joue encore.
Seulement, avant de l’abandonner, elle choisit de provoquer son riche client, à qui elle ôte la veste tout en remuant devant lui. Lorsqu’elle s’assoit sur ses genoux, elle tire sèchement sur sa cravate pour écarter en grand sa chemise haute couture, faisant voler tous les boutons.
Face à ce torse nu et athlétique, elle vient coller le sien. Puis, après avoir feint un baiser sur ses lèvres, elle se laisse descendre contre lui en se tortillant paresseusement.
Lorsque son visage arrive devant la fermeture de son pantalon, elle le lui desserre en tirant dessus pour le lui ôter en même temps que ses chaussures…


En Grèce, le serveur vient ramener un nouveau verre à Mars et en profite pour remplir la coupe de Kyoko.
Friponne, elle demande à la réincarnation de son frère : « Sais-tu pourquoi j’ai commencé à réveiller les Evil Seeds du couple voisin ? »
La moue qu’il fait, montre un certain désintérêt pour cette question, dû à l’empressement qui est le sien de connaître la suite des aventures qui ont eu lieu il y a presque trois ans.
_ « Notre serveur porte une Evil Seeds lui aussi. Et il s’avère que l’homme avec qui notre voisine a une liaison secrète est notre serveur. Que dis-tu si je fais éclore son Evil Seed a lui aussi ?
_ Seulement après que tu ais avancé dans ton histoire, lui dit-il en retenant son poignet…
_ D’accord, souffle-t-elle déçue… »  (Reste 60391 caractères)