Chapitre 20

Chapitre 20

Yíaros… Ile de légende…
Il y a des milliers d’années, Yíaros était une île où Hébé et son armée établirent leur siège…

Plusieurs siècles plus tard, lors d’une Guerre Sainte où Alcides et Saints combattirent ensemble contre Arès, les Berserkers du Dieu de la Guerre frappèrent un grand coup contre Hébé. La bataille qui eut lieu sur Yíaros fut si acharnée, que même l’île en subit les terribles conséquences. Elle fût scindée en deux, suite à un terrible tremblement de terre provoqué par le cosmos divin d’Arès.
De nos jours, il existe deux îles d’Yíaros, celle que le monde contemporain distingue sur les cartographies dès l’école, celle où ont survécu uniquement des légendes.
Et celle où les légendes vivent encore, là où aucun homme ne peut aller, là où s’écrit une nouvelle page du monde…

Ce 7 mars 1985, les troupes envoyées par le Grand Pope finissent de passer à proximité de l’île d’Yíaros connues des hommes.
Elles s’engagent dans les eaux inaccessibles pour les marins du monde moderne en raison des courants forts maintenus par le cosmos d’Hébé.
En mer Egée, à quelques kilomètres de l’île d’Yíaros siège d’Hébé, il fait encore nuit, le soleil ne s’est pas encore levé en Grèce.
Sur le bâtiment du Capricorne, les hommes dorment encore sur le pont, leurs supérieurs leur autorisent.
La nuit fut plus difficile pour les huit chevaliers attablés autour d’une carte d’Yíaros, apportée par les prêtres qui connaissent bien ce domaine.
Réunis dans une calle illuminée par quelques torches aux flammes vacillantes, il n’en faut pas plus pour qu’ils constatent chacun les cernes de certains ou l’empressement d’autres.
Dans leurs armures, de bronze, d’argent ou d’or, ils sont tous épuisés et tous en désaccord bien que la décision finale incombe à Aldebaran et Shura. S’ils sont tous les deux sur la même longueur d’onde, ils préfèrent néanmoins réunir tous les avis et étudier tous les plans de secours qui peuvent être utiles.
Babel est sceptique à propos de ce plan périlleux : « Cette stratégie est ambitieuse. Pendant que nous attaquons leur port qui domine toute la côte Sud de l’île avec un seul navire en regroupant cent-cinquante de nos deux-cents soldats, vous souhaitez que les deux autres vaisseaux fassent machine arrière ? »
Aldebaran le rassure comme il peut : « En réalité, pendant que l’assaut sera donné de front sur le Sud, nos deux autres bateaux feront en sorte que la côte les perde de vue. Ainsi nous garderons un bateau en mer uniquement composé de l’équipage afin d’assurer les liaisons éventuelles entre Yíaros et le Port du Destin en Crète, tandis que l’autre navire fera le tour de l’île, à l’abri des regards ennemis… »
Shura prend la suite : « Il conduira un chevalier et nos cinquante hommes restants à l’Est. Le Nord et l’Ouest de l’île sont bordés par des montagnes infranchissables. Nos prêtres ont effectué de nombreux voyage là-bas, ils assurent que l’Est de l’île n’est pas habité et n’est aucunement surveillé. Il n’y a pas de plages pour débarquer et l’ensemble de cette région n’est qu’une vaste forêt. Le contour de cette zone nous permettra de ne pas être repérés. Ensuite, à l’encablure entre les roches montagneuses du Nord et les premières broussailles de la forêt de l’Est, une rivière se déverse dans la mer et constitue un plateau idéal pour débarquer. »
Philémon, le jeune Saint du Lièvre n’est pas rassuré : « Sauf votre respect Seigneur Shura, s’il s’agit d’un endroit idéal pour débarquer, il s’agit également d’un endroit idéal pour tendre une embuscade. »
Shura est bien sûr de lui : « De combien d’hommes pensez-vous qu’Hébé dispose encore ? Elle a amené la quasi-totalité de ses légions au Sanctuaire et elle n’en est repartie qu’avec une infime partie. Leurs survivants sont encore blessés et ceux qui ne le sont pas physiquement le sont moralement ! »
Aldebaran relaye l’espagnol : « Avec l’attaque de masse que nous allons faire sur leur port, nous allons percer leur défense et avancer au fur et à mesure vers le temple d’Hébé, le Parthénos qui se trouve au centre de l’île. Nous allons focaliser sur nous l’armée toute entière d’Hébé. Je ne dis pas qu’il n’y aura pas une sentinelle en faction sur le point Nord-Est de l’île, mais un chevalier d’argent ou même de bronze peut réussir cette mission. Il faut vous dire qu’hormis un maigre accueil, rien ne barrera cette route. En réalité, pendant que nous attirerons depuis le Sud l’attention en direction du Parthénos, c’est cette troupe de cinquante hommes qui investira en premier le Parthénos ! »
Shura reprend : « C’est pour cela qu’il nous faut un homme de terrain qui a déjà fait ses preuves en menant une légion. »
La Turque ayant soif de revanche envers Apodis, Yakamoz de la Grue, assure aussitôt : « Apodis a à c½ur de mener cette tâche. Il a déjà prouvé lors de nombreuses situations qu’il savait mener une équipe. N’est-ce pas lui et ses hommes d’ailleurs que tout le monde surnomme au Sanctuaire « Achille et ses mirmidons » ? »
Shura acquiesce : « C’est exact Saint d’argent de la Grue. Très bonne réflexion. Apodis, j’imagine que tu es volontaire pour cette mission ! »
N’ayant pas le choix, il assure : « Bien que j’envoie mes hommes vers l’inconnu, j’accepte cette mission pour Athéna. »
Aldebaran, Shura, Yakamoz, Babel, Ptolémy, Naïra et Philémon crient en ch½ur : « Pour Athéna ! »

Avant qu’ils ne se quittent, Ptolémy, toujours caché sous sa soutane et son masque, soulage l’inquiétude d’Apodis : « Rassure-toi Apodis, je sais de source sûre que quatre Saints de bronze sont sur le chemin du retour pour le Sanctuaire. Le Grand Pope compte les envoyer immédiatement en soutien ici. Ce ne sera qu’une partie de plaisir pour toi. »
Yakamoz intervient : « Hum… Toi et tes sources Ptolémy, le fidèle messager du Grand Pope ! »
Ptolémy ne répond rien et disparait dans l’ombre, laissant seuls Yakamoz et Apodis. Le Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis entame les hostilités/
_ « Tu nous envoies délibérément droit au massacre mes hommes et moi !
_ Je n’ai pas menti, je pense que tu es le meilleur pour cette mission.
_ Tu sais que c’est du suicide. Nous partons à l’inconnu ! »
Yakamoz quitte la calle et rejoint tous les autres Saints sur le pont. En partant elle déclare : « Je ne sais pas de quoi est faite cette mission, mais je t’avoue que si tu pouvais y trouver la mort, ma vengeance serait alors faite. Quoi qu’il en soit, tu mourras pour m’avoir menti et pour avoir vu mon visage. »
Apodis se retrouve seul entouré de caisses en bois.
Furieux, il fracasse la table autour de laquelle ils viennent de se réunir.
Animé par son désir de revanche, il doute de cette mission un instant. Ces doutes lui font venir en mémoire de biens tristes souvenirs…

Flashback
1979. Apodis avait maintenant douze ans.
Il ne connaissait son père que lors des rares soirs où il rentrait saoul en hurlant après sa mère et lui, les insultant et les menaçant.

Le souci n’aidait pas à soigner Mujakis de ses maux aux poumons. Ils lui faisaient cracher du sang à chaque quinte et la diminuaient à vue d’½il. 
Le seul rayon de soleil dans sa vie, c’était son petit garçon qui écrivait de nombreuses compositions dans lesquelles, il contait les aventures des anciens héros du Sanctuaire telles qu’on les lui avait racontées. Il faisait aussi dans ses reliures, l’éloge de divinités par de grands poèmes et autres récitals.
Apodis suggérait même à sa mère de venir travailler avec dans les champs afin de se payer l’école des scribes à Honkios où les prêtres du Sanctuaire donnent l’instruction. Ainsi il écrirait les lois, enregistrerait les messages des prêtres et des chevaliers, noterait les ordres de mission des Saints et les suivrait sur les champs de bataille pour rapporter les victoires sur papier…

Contrairement à ses autres camarades qui devenaient soldats, ou qui travaillaient dans les fermes ou les commerces des villages, Apodis passait ses journées sous les arbres, à écouter les oiseaux chanter tandis qu’il écrivait.
Lorsqu’il ne prêtait pas l’oreille pour les entendre, il les observait prendre leur envol dans le but d’adapter une technique de combat semblable à leurs mouvements fluides. Car ce jeune créateur nourrissait un second rêve, devenir fort pour protéger sa mère de son tyran de père.
Malheureusement, le chétif Apodis manquait de vivacité pour aboutir à un résultat.
Suite à une contre-indication de sa maman, Apodis n’a jamais été entraîné ni au maniement des armes, ni aux exercices physiques, ni aux arts de combat. Et encore moins aux notions de cosmo énergie.
Malgré toute sa bonne volonté, il devint la risée d’Honkios où les jeunes apprentis chevaliers de la ville flânaient auprès des jeunes filles et faisaient des démonstrations de force en se servant de lui comme sac de sable. Apodis espérait charmer ces demoiselles, en les émerveillant par quelques ballades qu’il composait. Toutefois, ses alexandrins n’eurent guère de charme puisqu’ils étaient prononcés par un moucheron qui subissait humiliations sur humiliations.
Lorsqu’il rentrait chez lui couvert d’ecchymoses, Frontinus constatait que son fils s’était battu. Il lui demandait chaque fois : « As-tu gagné ? »
L’adolescent baissait honteusement la tête comme il en avait la fâcheuse habitude : « Non. »
Furieux face à tant de faiblesse, Frontinus le corrigeait après avoir balayé sa femme qui espérait s’interposer. Il le flanquait à la porte : « Sors de chez moi ! Il n’y a pas de perdant ici. Tu ne rentreras dormir que lorsque tu te seras vengé. »
Dehors, tandis qu’il pleurait toutes les larmes de son corps, sous les regards moqueurs des enfants de son âge, pour certains déjà Saints, il entendait Frontinus tenir responsable sa femme de lui avoir donné un enfant aussi déficient.
Il ne pouvait pas rentrer chez lui protéger Mujakis du courroux de Frontinus, il ne savait déjà pas faire face à de simples villageois, un combat contre son père aurait été un massacre.
Sa promesse de protéger sa mère ne pouvait être tenue.
Il se découvrait être lâche en plus d’être peureux.
La fureur qu’il avait envers son père devint une rage contre lui-même.
Il se haïssait, se trouvait insignifiant, laid et pitoyable.

Les semaines défilèrent et quand les autres ne le passaient pas à tabac et qu’il pouvait rentrer chez lui, il découvrait sa mère qui sanglotait tout en préparant le repas de son mari, dont on entendait le râle dans la chambre conjugale en compagnie d’autres femmes.
Sa colère devint de l’affliction et il pleurait dans les bras de sa mère qu’il ne pouvait consoler.
Sous les arbres, les oiseaux ne chantaient plus en sa présence.
Sa force de frappe ne progressait pas, il s’écorchait à peine ses minables poignets contre les arbres.
Si bien qu’il cessa toute tentative, de crainte de se blesser davantage.

Sa perte de confiance rendit tout encore plus sombre autour de lui.
L’inspiration ne lui venait plus.
La lecture de ses récits d’antan n’avait plus de saveur.
Quand il se relisait, il découvrait des textes remplis de joie de vivre. Il déclarait alors cyniquement que tout ceci n’avait aucun sens.

A bout de force, arrivé à être dégoûté de ses ½uvres, il décida de s’en séparer et parti loin de chez lui pour les enterrer.
En traînant les pieds, remontant sur plusieurs kilomètres la rivière où s’entrainait Frontinus, il descendit jusqu’au Sud du domaine au beau milieu d’une plaine fleurie.
Dans cet herbage magnifique où de jolis rosiers enroulaient les vestiges de temples anciens, des fleurs aux pétales jaunes, rouges ou violettes voguaient au gré du vent.
Bien que le décor fût enclin au bonheur, chauffé par un soleil radieux et proche d’un lac à l’eau pure, Apodis broyait du noir.
Soudain, une douce berceuse vint soulever le poids de son fardeau. Jamais complainte ne fût si harmonieuse.
Il lâcha ses livres et se laissa tomber en arrière dans ce jardin féérique.
Son âme était apaisée par cet instrument qu’il reconnut être une lyre.
Couché, les yeux clos et le visage souriant enfin, il sentit la chaleur du soleil disparaître lorsqu’une ombre la lui cacha.
En revenant doucement à lui, son regard se figea dans les yeux noirs en forme d’amande d’une belle jeune femme.
Devenu peureux, il se redressa instantanément et recula en tremblant : « Pa… Pa… Pardon… Je suis désolé mademoiselle… »
Elle lui envoya un sourire amical tout en recoiffant ses cheveux blonds balayés par le vent qui se leva agréablement.
Apodis l’admira, menue dans sa robe beige maintenue à sa taille par un ruban de soie. Sa voix fut douce et le rassura : « Ce n’est rien jeune villageois. Je me nomme Eurydice et cette mélodie que tu as entendue est celle de mon ami Orphée. »
Sorti de nulle part, tout de bleu vêtu, ses cheveux, à peine plus clair que ses vêtements, tombant dans son dos, le Saint d’argent de la Lyre apparut derrière Apodis : « Ce lieu est paisible et m’inspire au plus haut point. Seuls les artistes peuvent venir s’y reposer en écoutant ma musique. Quel est ton talent ? »
Complètement apathique, Apodis maugréa : « Je n’ai aucun talent. »
Une nouvelle voix venue cette fois-ci de derrière Eurydice réagit. Elle parut plus jeune et remplie de malice : « Je suis sûre que c’est faux ! »
Apodis était anéanti. Avec le temps, il avait appris seul à percevoir la présence d’autrui, là il n’avait même pas constaté qu’il n’était pas seul ici.
Amorphe, il observa cette fille visiblement du même âge que lui, Netsuai. Ses cheveux bruns aux reflets orangés coiffés au carré, un carré plongeant, faisaient ressortir ses yeux bleus marine.
Elle s’accroupit dans sa fine robe rose qui la serrait de la poitrine à la taille où un fin ruban de soie semblable à celui d’Eurydice la maintenait. Dans ce sol fleuri elle ramassa les reliures d’Apodis et s’approcha d’Orphée. Ses délicats pieds nus se faufilaient dans l’herbe tandis qu’elle tenait du bout de l’index ses sandales par leurs lanières.
Eurydice gronda la jolie et souriante chipie : « Netsuai, ma chère s½ur, tu aurais pu rendre ses affaires à ce pauvre garçon au lieu de les donner à Orphée ! »
Apodis ne voulait pas manquer de respect en demandant qu’on lui restitue ses biens, il était surtout effrayé par la réaction que pouvait avoir ce chevalier dont le nom était connu de tous dans le domaine sacré.
Effondré, honteux à l’idée de l’opinion qu’allait se faire Orphée de ses lectures, Apodis baissa lourdement sa tête vers le sol.

Pourtant, après quelques minutes où il étudia cela à une vitesse incroyable, Orphée sourit cordialement et lui tendit ses notes
_ « Tu m’inspires jeune villageois. Tes propos sont purs et honnêtes. Toutefois je sens que l’ambiance vire au scepticisme à mesure que j’avance dans ton ½uvre. Pourquoi ce revirement soudain et quel est ton nom ?
_ Apodis. Je m’appelle Apodis fils de Frontinus de la ville d’Honkios.
_ Ecoute Apodis fils de Frontinus, je ne suis pas un faiseur de miracles. Néanmoins, moi, Orphée Saint d’argent de la Lyre, je m’implique depuis toujours à apaiser les êtres grâce à mes notes de musique. Laisse-moi jouer pour toi et je pourrai peut-être te rendre ce que tu as perdu. »
Intimidé, ne croyant plus en rien ni personne, Apodis eut le sentiment de recueillir la pitié d’un Saint.
Crispant le plus qu’il put son visage, pour ne pas laisser couler ses larmes devant Eurydice et Netsuai, il ne prit pas ses affaires.
Il fit demi-tour et s’enfuit sans même regarder derrière…
Surprise, Netsuai s’étonna : « Il est parti sans ses livres ! »
Orphée répondit d’un ton concerné : « Ils ne peuvent plus rien pour lui. Il a perdu confiance. Cette petite flamme qui vit en chaque artiste est bien difficile à maintenir. Lorsqu’il aura fini de douter il se manifestera de nouveau à moi et je serai là… »
Flashback

Au-dessus d’Apodis, des pas s’agitent et le ramènent à lui.
Dans un silence le plus complet et avec discipline, les soldats se réveillent et forment les rangs sur le navire mené par Shura.
Les soldats des autres navires gagnent avec le même civisme celui qui va partir de front sur Yíaros.
Les guerriers s’accumulent sur le pont et commencent à gagner les calles pour ne pas être serrés davantage.
Apodis ressort donc en étant salué comme il se doit par les soldats qui ajustent encore une fois leurs protections.
Il avance, torturé par ses mésaventures passées.
Il est absorbé par ses doutes.
Aldebaran le rejoint et lui accroche de ses deux grandes mains les épaules : « Ça ira Apodis ? »
Apodis a le regard perdu, il répond sans grande conviction : « … Oui… Ça ira… »
Aldebaran secoue franchement son ami : « Oh ! Apodis ! Oh ! A quoi réfléchis-tu ? »
Toujours ailleurs, il annonce lentement : « Aldebaran, mon ami, tu te souviens du jeune garçon que j’étais avant de devenir Saint ? J’étais peureux, maladroit et faible… »
Il relève d’un coup son visage, chargé de rage et de volonté : « … et bien je jure sur mon armure, que ce petit garçon est définitivement mort depuis la perte des siens. »
La souffrance causée par le meurtre de sa famille pousse Apodis à se galvaniser.
Aldebaran est ravi de voir Apodis aussi enthousiaste et le serre dans ses bras : « Je ne te souhaite pas bon courage mon camarade, tu n’en auras pas besoin ! »
Apodis lui confirme ses propos par un sourire chaleureux, puis effectue un bond prodigieux jusqu’à son navire où l’attendent déjà cinquante soldats dont quinze de ses hommes, quelques religieux et les membres de l’équipage.
Ils lèvent l’ancre pour le Nord Est d’Yíaros...

Sur le bateau de Shura, l’ancre est levée également, les voiles sont dressées et le vent favorable à une bonne prise de vitesse.
Le Saint du Capricorne fait le tour des troupes, inspecte leurs armes, leurs protections et les fixent dans les yeux pour jauger leur courage.
Il observe les prêtres et les prêtresses prier Athéna et effectue avec eux quelques citations élogieuses destinées à leur déesse.
Il achève sa démarche en inspectant les calles les plus sombres du navire pour s’assurer qu’aucun déserteur ne s’y cache.
Sa mine est satisfaite, il est rassuré de voir que tout est en ordre, bien que ses sens le persuadent de l’approche d’une personne.
Les talons de l’inconnue tapent sur le sol en bois sec et indiquent par leur cliquetis, qu’il s’agit d’un individu portant une Cloth.
Sans même demander, il perçoit par le cosmos l’identité de la personne en approche : « Ah c’est toi… Mais que viens-tu faire ici ? »
Un masque de femme chevalier venant d’être lâché roule sur le sol.
Dans la pénombre une jeune femme aux longs cheveux blonds s’avance en retirant progressivement sa Cloth et ses vêtements.
_ « Pourquoi viens-tu de retirer ton armure… Yakamoz de la Grue ? »
L’amante d’Apodis prend la bouche du bel Espagnol.
Après un langoureux baiser, elle avoue : « Parce que cette nouvelle Guerre Sainte est très périlleuse, les Alcides se sont révélés plus puissants qu’on ne l’aurait cru. Si je devais ne pas revenir vivante de cette bataille, j’aimerais au moins avoir pu dévoiler mon c½ur à l’homme que j’ai toujours aimé. »
Eprise d’Apodis mais déçue par celui-ci, Yakamoz se jette dans les bras d’un homme de prestige qui n’en demandait pas tant.
Fort de son extraordinaire notoriété au Sanctuaire, Shura n’a jamais eu le moindre mal à trouver les partenaires qu’il désire. A tel point qu’il n’avait jamais prêté jusqu’ici attention à l’existence de la femme chevalier entièrement dévoilée face à lui.
Cependant, les charmes dévoilés de la Grue ne laissent pas le Capricorne indifférent.
Il accepte volontiers l’offrande et ôte à son tour sa Cloth.
Les deux Cloths retirées reprennent d’elle-même leurs formes en totem.
Aussitôt Yakamoz s’évertue à offrir à Shura ses plus délicates attentions.
Se laissant couvrir de caresses, Shura se focalise malgré tout sur son armure d’or. L’importance de sa mission, ainsi que le rôle de chevalier de l’espoir qui est le sien, lui rappellent l’égard qu’il avait pour un vieil ami…

Flashback
Eté 1973 - Tous les ans, en Grèce, l’été est parsemé de fines averses.
S’il pleut généralement trois jours durant les autres saisons, les averses estivales restent légions.
Cet été là, comme pour les précédents et les futurs, dans la ville même d’Athènes, quelques touristes aspiraient sans relâche, à découvrir ce lieu que les légendes nomment Sanctuaire. Parmi eux, des journalistes bien documentés tentèrent de percer le mystère mais repartirent bredouilles. Aucune carte, aucun parchemin n’indique l’endroit exact où il faut se rendre. Même si cela venait à être le cas, personne ne survivrait à ce mortel périple.
Pour s’aventurer dans les montagnes d’Athènes, là où il faisait par contre très sec et où le vent balayait la boue séchée en formant des tourbillons de poussière, il fallait maîtriser la cosmo énergie, comme ce jeune garçon qui entra par le Nord du Sanctuaire.
Sous le soleil éclatant, il atteignit sans la moindre peine son objectif.
Le vent soufflait dans sa chevelure brune.
Son visage serein et sa musculature imposante ne permettaient à personne de déterminer son âge véritable.
Arrivé au niveau des murailles, les gardes en faction lui ouvrirent sans broncher les portes en bois chargées de barres métalliques.
L’urne en or attelée à son dos indiqua immédiatement aux soldats le statut de ce garçon vêtu d’un pagne et d’un gilet troué.
Malgré la chaleur, l’individu ne suait pas, il camouflait tout simplement son identité depuis l’Espagne.
A son bras il tenait un long drap noir qui lui permit certainement de couvrir sa Pandora Box.

Aussitôt à l’intérieur du domaine sacré, il arracha sa tenue de contemporain pour se présenter dans une tenue relativement plus locale. Un long maillot prune serré à la taille par une ceinture de cuir, une épaulette de cuir pour lui cuirasser l’épaule gauche, un pantalon noir avec les lanières de ses spartiates entourées autour de ses chevilles.

Il poursuivit sa route jusqu’au Centre du domaine et la ville d’Honkios où il s’assit un instant au bord d’une fontaine en compagnie de quelques villageoises qui remplissaient leurs amphores d’eau potable.
Il leur sourit chaleureusement et plongea ses deux mains dans l’eau pour en remonter à ses lèvres. Tout en se délectant, il observait l’horloge du zodiaque et plus particulièrement le signe du Capricorne qui figure dessus : « Le dixième temple, celui du Capricorne... »
Puis, l’attention du Saint glissa vers le temple du Pope et la statue d’Athéna.
De quoi l’enjoindre à poursuivre son retour en ce lieu.
Il déplaça son regard devant lui et reprit sa route.

Il passa à proximité du camp d’entraînement où il donna sang et eau à sa première arrivée d’Espagne.
L’enseignement des arts de la chevalerie ne fut pas chose facile pour lui, tout comme le combat qu’il dû mener dans cet endroit qu’il approchait, le colisée.
C’est dans ce lieu, qu’il remporta le titre de chevalier en battant son dernier opposant il y a deux ans déjà.
_ « Deux ans… »
Quelles lui semblèrent longues ses deux années loin du domaine sacré.
Après son sacre, le précoce enfant obtint du Pope le droit de réclamer auprès de l’ancien Saint du Capricorne la Cloth que ce dernier ne portait plus.
Ionia, un vétéran, autorisé par Shion à se retirer au profit d’une nouvelle génération.
Devenu lui-même instructeur, Ionia consentit à reconnaître Shura comme son successeur.
Après cela, Shura pu retourner s’entraîner dans les Pyrénées.
Aujourd’hui le voici aguerri et sûr de lui.
Il prit une grande inspiration et la conserva afin de se concentrer.
Lorsqu’il expira, il frappa une cible sur la plus haute montagne du domaine, derrière la statue d’Athéna, se trouvant à plus de trois kilomètres de distance. Son poing droit trancha les airs, créant un bruit particulier, à la vitesse de la lumière. Son coup atteignit finalement un temple ancien sur le Mont Etoilé, Star Hill, laissant ainsi s’échapper de la fumée.
A cet instant, il sentit un cosmos arriver derrière lui : « Hum, ce cosmos c’est… »
Il se tourna avec un sourire sur le visage. C’était Aiolos Saint d’or du Sagittaire, souriant avec amour et affection : « Shura ! Depuis quand es-tu de retour ? »
Shura ne répondit pas et prit le nouvel arrivant dans ses bras.
_ « Shura, tu as augmenté le niveau de ton cosmos n’est-ce pas ?
_ Je ne peux le comparer au tien.
_ Non… Il est sûrement égal au mien !
_ Le même que le tien ? »
Aiolos tendit sa main : « Parmi les douze temples, le dixième accueille finalement le retour de Shura Saint d’or du Capricorne. Félicitation Shura ! »
Shura serra la main d’Aiolos avec gratitude : « Merci Aiolos. »
Aiolos sentit que la main de son ami était devenue plus ferme, il s’étonna : « Quoi ? Cette main ! Il se serait entrainé jusqu’à ce niveau… Extraordinaire, Shura… »
Shura extirpa Aiolos de ses pensées : « Aiolos, que se passe-t-il ? »
Aiolos prouva par sa réponse qu’il considérait Shura comme son propre frère.
_ « Shura, ton retour dans le temple du Capricorne rend celui-ci parfait à présent !
_ Entendre ça de la bouche de celui que j’ai toujours jugé comme un modèle me rend très heureux…
_ Shura, j’ai à présent complètement effacé de ma mémoire le fait que tu sois plus jeune que moi de quatre années. Viens, allons voir le Pope. Ce soir nous aurons une longue conversation. »

Après avoir traversés par le passage secret les maisons du zodiaque, Aiolos laissa Shura se présenter seul à leur maître après avoir appelé à lui l’armure d’or du Capricorne.
Shion, le Grand Pope, assis sur son trône, le visage masqué par son casque en or et son corps bicentenaire dissimulé sous une lourde soutane blanche, souhaita la bienvenue à ce nouveau renfort : « Ah, Shura, tu es enfin revenu. »
Shura s’agenouilla respectueusement.
_ « Votre grandeur !
_ Ce soir, prend une bonne nuit de sommeil !
_ Oui ! Je vous remercie de votre sollicitude majesté. »
Derrière le trône du Pope, surgit un homme vêtu d’une même longue robe que le maître des lieux mais dont le heaume rouge donnait une allure plus agressive. Le visage dissimulé sous un masque violet, Arlès, le frère cadet de Shion intervint : « Shura, tu es sans doute devenu très fort ? »
Aiolos avait prévenu Shura qu’Arlès Saint de l’Autel aidait son frère, affaibli par la maladie, dans sa fonction. Etant Saint d’argent, il ne pouvait donc pas succéder à son aîné, mais sa personnalité loyale et juste avait la confiance de tout le Sanctuaire. Il bénéficiait de l’appui de ses pairs : « À présent, le Saint d’or du temple du Capricorne est de retour également. »
Le Pope prononça quelques mots en tentant de se lever lentement de son trône : « Arlès, demain tu donneras sa mission à Shura. »
Arlès suivit le Pope : « Oui ! Shura, tu peux disposer à présent. Prend un peu de repos. »
Alors que Shura s’apprêtait à partir en lâchant un merci, il fût saisi par un cosmos très puissant et défiant qui le rendit nerveux. Son corps tout entier trembla : « Que… Qu’est-ce que c’est ce que cette cosmo énergie ? »
Shion reconnut l’intrus et se retourna : « Saga ? »
Shura tourna la tête et vit derrière lui le Saint d’or des Gémeaux avancer lentement.
Saga affichait une vague grimace d’une grande froideur. Il ôta son heaume et posa un genou à terre : « Votre excellence … Moi, Saga Saint d’or des Gémeaux, je vous présente mes hommages. »
Shura, perdu dans ses pensées, voulu savoir si ce cosmos hostile émanait de Saga. Cependant le Saint des Gémeaux dégageait une énergie puissante et bienveillante, caractéristique de n’importe quel Saint d’or.
C’est Saga qui déclencha les hostilités. Toujours inquiet pour son Grand Pope, il interrogea celui qu’il n’avait jamais vu avant.
_ « Tu es ?
_ Shura Saint d’or du Capricorne !
_ Oh… C’est toi… »
L’Espagnol en profita pour mener son enquête.
_ « Il y a à peine un instant, j’ai ressenti un très grand cosmos qui me défiait… Toi aussi ?
_ Non. »
Circonspect, Shura s’assura d’un ton mesquin : « Vraiment ? »
Les deux Saints se tenaient l’un en face de l’autre, les yeux dans les yeux. L’atmosphère devenait quelque peu électrique, heureusement Shion intervint finalement.
_ « Saga, quelle est la situation avec Poséidon ?
_ Il n’y a guère eu d’activité jusqu’à présent.
_ Saga, surveiller Poséidon est très important. Tu ne dois pas négliger cette mission. La dernière Guerre Sainte date d’il y a 229 ans… Le jour de l’arrivée d’Athéna approche !
_ Oui Votre Eminence !
_ Saga, ce soir reste au Sanctuaire et repose-toi quelque peu !
_ Je vous remercie. »
Les yeux de Shura ne pouvaient se détacher de Saga : « Saga, un homme auquel il faudra faire attention… »

La nuit tomba sur le Sanctuaire, le ciel était chargé d’étoiles brillantes.
Shura choisit de descendre chez son ami Aiolos qui vivait dans le palais zodiacal juste en dessous du sien.

Dans la demeure du Sagittaire, Aiolos était dans sa chambre. Affalé sur sa chaise, juste couvert d’une serviette autour des hanches, il tenait une plume avec laquelle il composait quelques vers tout en observant les draps de son lit s’agiter.
Il observait ses deux esclaves, un homme et une femme, à peine plus âgés que lui, jouer l’un avec l’autre de leurs corps. Il détaillait chacun de leurs mouvements l’exhortant à se lever pour les rejoindre.
Il sentait Shura approcher de sa maison mais pour rien au monde il n’aurait refusé de se joindre à ses servants qu’il chérissait et choyait plus que tout. Il se coucha entre eux deux…

Une demi-heure plus tard, sur le porche de la maison du Sagittaire, sur la surface latérale débouchant sur le passage secret, tenant un verre reflétant l’éclat des astres, Shura attendait son ami qui arriva en marchant lentement : « Ta servante est arrivée à demi-nue pour me servir à boire. J’ai donc compris la raison pour laquelle tu n’es pas sorti de ta maison lorsque je suis arrivé. »
Aiolos qui venait d’être lavé par ses esclaves était amusé.
_ « Je savais que c’était toi, je n’avais donc rien à craindre. Hormis quelques missions en Egypte, aucun adversaire dangereux ne s’est présenté à nous.
_ Alors tu soignes personnellement tes esclaves !
_ Toi aussi tu en as un qui t’attend dans ta demeure. Tu l’as acheté juste avant de rentrer en Espagne pour qu’il prenne soin du temple du Capricorne.
_ Pff… Dabih… Je n’ai toutefois pas autant de familiarité avec lui.
_ Avec l’âge tu apprendras à passer du bon temps tu verras, rigola Aiolos…
_ Euh… Sûrement pas avec ce vieux ronchon ! »
Les deux amis rirent un long moment avant que Shura ne reprenne son sérieux.
_ « Tu me parlais tout à l’heure d’adversaire dangereux…
_ Oui ?
_ Aiolos, le chevalier Saga, quel genre d’homme est-il ?
_ Saga ? Eh bien, ce n’est pas quelqu’un qui parle beaucoup de lui… Personne… Peut-être même pas le Pope ne sait qui il est vraiment. C’est pourquoi il est très difficile de lire dans ses pensées. Mais moi je vois que Saga tente désespérément de cacher une sorte de part d’ombre en lui… »
Aiolos se garda bien de rapporter l’approche qu’il tenta de faire quelques mois auparavant envers le Saint d’or des Gémeaux.
Shura, lui, repensait à l’éclat mystérieux des yeux de Saga et soudain, à nouveau, il sentit quelque part un cosmos qui le défiait ouvertement…
Flashback

Shura revient subitement à lui car le présent l’appelle à ressentir également des cosmos dont il se rapproche.
Il se redressa rapidement en relevant Yakamoz et, comme si l’armure lit dans ses pensées, sa Cloth le recouvre tout comme le fait celle de Yakamoz avec elle.
Il murmure : « Yíaros… Nous arrivons ! »
L’opportuniste Yakamoz lui retient le bras et, avant qu’elle ne réajuste son masque, lui dépose un langoureux baisé…


Au même moment, au Sanctuaire, dans la ville d’Honkios, la voix roque de Gigas résonne dans les travées du colisée.
Il fait le tour des tribunes ou plutôt de ce qu’il en reste, accompagné du Grand Pope descendu plus tôt saluer le peuple pour les rassurer sur l’avancée de l’armée athénienne en mer Egée.
_ « … le feu dégagé par Babel lors de son combat contre l’Alcide de l’Hydre de Lerne a calciné de nombreux cadavres, mais rassurez-vous seigneur, le peu qu’il reste va être dégagé par nos soldats, tout comme les installations précaires qui ont permis de vous constituer une loge d’honneur ainsi… »
Saga n’écoute pas le général des armées, il est préoccupé par le combat que vont livrer ses hommes contre les Hébéïens. Bien entendu, Aldebaran et Shura sont du voyage. Il n’oublie pourtant pas qu’ils ont été vaincus par Iphiclès Alcide du Lion de Némée…
Néanmoins, Shura n’est pas du genre à être abattu facilement. Il se remémore le jour où il choisit d’½uvrer contre Shion…

Flashback
Eté 1973 - Vêtu de son armure, Saga se battait les yeux fermés contre deux mystérieux agresseurs.
Au Sud de la Grèce, sur la côte, bordé par la mer en furie, en-dessous du lieu où les touristes viennent visiter les célèbres ruines de ce qui était autrefois le temple de Poséidon, au Cap Sounion, Saga observait ses assaillants.
L’un grand et costaud, l’autre plus mince. Ils portaient tous les deux une étrange armure qui couvrait leurs jambes, leur torse, leurs avant-bras, leurs épaules et leur visage. Le casque, les bras et les jambes avaient même des extrémités métalliques semblables à des nageoires.
Saga conclut alors : « Ces Scales prouvent que vous êtes des Marinas à la solde des Généraux de Poséidon. Vous sortez enfin du Sanctuaire sous-marin. Cela veut donc dire que Poséidon est bien revenu à la vie ! »
Le plus costaud réfuta immédiatement : « L’âme de notre maître est toujours prisonnière du sceau d’Athéna, néanmoins l’emprise d’Athéna sur notre dieu se désagrège de plus en plus. Il ne tardera pas à revenir sur terre et lorsque ce sera le cas, il trouvera une planète où nous lui aurons préparé le terrain ! Ah… »
Les deux soldats de Poséidon se jetèrent sur Saga.
Le Saint d’or les rejoignit pied en avant pour cogner en plein visage le moins imposant des deux. Le malheureux tomba sur un rocher au bord de l’eau inconscient.
Il se retourna vers celui à la musculature imposante et lui déclara : « Je n’ai pas de temps à perdre avec toi : Another Dimension ! »
L’homme est immédiatement aspiré dans l’Autre Dimension créée par Saga et d’où il ne reviendra jamais…
Lorsque le second soldat revient à lui, il se figea, apeuré par le visage transformé de son adversaire.
Il était tétanisé par les yeux de Saga devenus rouge. Sans rien comprendre, il fut soulevé à la gorge comme un fétu de paille par le bras de Saga qui l’étranglait.
La pression du cosmos des Gémeaux était si pesante sur le malheureux qu’il n’essaya même pas de se débattre.
Avant que ses os du cou ne rompent, il observa un étrange spectacle : « Ses cheveux… Comme ses yeux… Ils changent de couleur… Ils deviennent gris… »
Un craquement retentit au bord de l’eau, achevant le Marina.
Saga dépouilla très vite le cadavre de sa Scale intacte avant de rentrer pour le Sanctuaire…

Quelques heures plus tard, le soir était venu.
Shura discutait avec Aiolos et évoquait sa rencontre avec Saga quand, soudain, à nouveau, il ressentit un cosmos qui le provoqua.
Pire, cette cosmo énergie était ouvertement hostile à l’ensemble du Sanctuaire.
_ « Aiolos ! »
Aiolos se tenait à l’affut. Shura affirma : « C’est cela, Aiolos ! C’est le cosmos que j’ai ressenti tout à l’heure ! »
Le visage d’Aiolos changea et il leva les yeux vers la statue d’Athéna : « Shura, allons-y ! »
Shura, nerveux et inquiet, ne savait pas ce qui se tramait. Aiolos courait aussi vite qu’il le pouvait en direction des maisons situées au-dessus d’eux : « Shura, le Grand Pope est en danger ! »
Les deux Saints se dirigeaient vers le temple du Pope.
Shura trainait un peu et pensait : « Par Athéna… Je ne suis pas encore aussi rapide qu’Aiolos… »
Utilisant la vitesse surhumaine des Saint d’or, ils arrivèrent en un instant devant les marches. Sans reprendre leur souffle, ils franchirent la porte, s’aventurèrent dans un appartement attenant à la salle de réception et découvrirent Arlès qui utilisait son corps comme bouclier pour protéger son frère des assauts d’un mystérieux ennemi.
Le second de Shion avait retiré sa soutane et son casque pour endosser son armure d’argent de l’Autel. Loin d’être faible, son corps était tout de même couvert de blessures, au point que son visage était tellement ensanglanté qu’il fut méconnaissable. Le plus surprenant fut que l’assassin semblait ne pas avoir une égratignure.
_ « Se peut-il que cet intrus soit plus puissant qu’un Saint d’argent, s’interrogea Arlès ? »
L’assassin portait un masque par-dessous son casque ainsi qu’une cape qui couvrait ses cheveux et presque tout son corps, dissimulant ainsi son identité.
_ « Arlès, s’époumona Aiolos !
_ Ah, se fait repousser Arlès… Aiolos ! »
Shura cria à l’assassin : « Qui es-tu ? Toi, l’être stupide qui ose pénétrer dans le temple du Pope pour l’attaquer, dis-nous ton nom ! »
L’inconnu resta muet comme une tombe.
Arlès reconnu l’armure qu’il portait et afficha une expression de surprise tandis que Shura se tourna vers Aiolos pour en savoir plus. A cela, Aiolos ne put que dire : « C’est la première fois que je vois quelque chose comme ça. »
La protection que portait l’assassin était totalement différente de celles que portaient les Saints.
Shura pensa : « On dirait des écailles de poissons ».
L’assassin ne répondit toujours pas alors Shion le fit à sa place : « Ce sont les écailles des guerriers de Poséidon. Une Scale ! »
C’était la première fois que Shura entendait parler des Marinas : « Scale ? »
Le Grand Pope poursuivit : « Ces Scales ont été construites avec le matériau légendaire appelé Orichalque. »
Shura lança à l’égard du meurtrier : « Cela veut dire… Que tu as été envoyé par Poséidon ? »
L’assassin ne réagit que par une attaque visant Arlès lancée à la vitesse de la lumière.
Epuisé et trop faible, Arlès ne bougea pas et s’effondra en se cramponnant le ventre.
Vivace, l’envoyé de Poséidon projeta la même déferlante cosmique en direction du Pope.
Surpris, Aiolos ne pouvait que crier sa plainte : « Oh non… »
Cependant, même si Shion était vieux et malade, il n’en restait pas moins un Saint d’or d’expérience. C’est donc aisément qu’il évita l’attaque.
Aiolos et Shura profitèrent du léger répit occasionné par le mouvement de l’intrus, pour se placer entre ce dernier et le Pope en criant en ch½ur : « Grand Pope ! »
Néanmoins, il en fallait plus pour déjouer les pièges de l’assassin. Il sauta précipitamment dans les airs et atterrit derrière le Pope sans que les deux amis ne puissent faire quelque chose.
Désormais, ils étaient placés derrière le Pope et avaient laissé l’assassin prendre tous les avantages, car ils ne pouvaient pas attaquer sans mettre en danger le représentant d’Athéna.
Très nerveux, transpirant fortement, Aiolos et Shura furent encore agressés par ce cosmos maléfique : « Ce… Ce cosmos… C’est… ! Est-ce possible ? »
Arlès se relevait difficilement et semblait soucieux en percevant cette énergie cosmique. Aiolos fit une tentative de dissuasion en dirigeant l’index de sa main droite vers le Marina en assurant : « Si tu veux vivre, je te conseille de laisser notre Grand Pope en paix ! »
De derrière son masque, l’intrus ricana fortement, alors Aiolos augmenta sa cosmo énergie et, par son index, lança un jet d’énergie sur l’intrus, frôlant au passage Shion qui avait du mal à se tenir debout.
L’individu esquiva la tentative d’Aiolos et leva sa main droite vers le Pope.
Aiolos ferma les yeux. Il savait qu’il risquait de blesser le Pope s’il attaquait dans cette position : « S’il avait été là, Saga aurait su quoi faire lui, se morfondit-il. »
Shura retint son souffle tandis qu’Arlès misait tout sur le plus vaillant chevalier du Sanctuaire : « Aiolos, cela dépend de toi maintenant ! »
Le Sagittaire connaissait ses limites et savait que le Saint des Gémeaux gérait mieux ce genre de situation. A la surprise générale il se contenta de demander spontanément : « A-t-on vu Saga ? »
Dans la seconde, le poing du Marina qui visait à atteindre le Pope s’abaissa, tandis que, de sous la cape qui bardait la Scale, l’opulente chevelure grise du soldat se dévoila.
A cet instant, le meurtrier parut déstabilisé alors Shion s’écarta, en sommant Shura de se servir de ses attaques tranchantes.
Immédiatement, telle une épée, la main de Shura relâcha un faisceau lumineux entaillant profondément l’agresseur au poignet droit.
A cela, Aiolos rajouta deux coups de poings lancés à la vitesse de la lumière sous la forme de flèches qui firent voler en éclat l’épaule droite de la Scale.
Shura jaillit devant l’individu tandis qu’Aiolos se positionna devant Shion et qu’Arlès tenait péniblement debout.
Face à trois adversaires ainsi que le cosmos grandissant d’Aiolos, l’inconnu ne pouvait plus rien, il força une lucarne servant de fenêtre et disparut donc dans les ténèbres…
Shura s’apprêta à le poursuivre mais Arlès ordonna en se tenant de douleur.
_ « Shura, laisse-le partir !
_ Quoi ?
_ Il fait sombre dehors… Si tu décides de partir à sa poursuite, tu risques de te faire attaquer par surprise. »
Shion approuva la décision de son frère : « Arlès a raison. »
Aussitôt, Shura calma ses ardeurs mais pas sa curiosité : « Je comprends. Mais qui est cet agresseur ? »
Aiolos se touchait la tête en disant : « Je suppose que c’est un serviteur de Poséidon, mais… »
Arlès ne dit rien, il enfila par-dessus sa Cloth sa soutane et prit sous le bras son casque d’intendant du Pope.
Shion fit un signe de gratitude de la tête : « Aiolos, Shura, je vous remercie tous les deux. »
Ils répondirent ensemble : « Ce n’était rien Votre Grandeur. »

Inopinément, Saga pénétra dans la salle où étaient réunis les siens.
Il apparut essoufflé, justifiant ainsi sa hâte et son inquiétude après les soubresauts cosmiques qui venaient d’avoir lieu.
Etrangement, il était habillé d’une soutane à manche longue, une tenue qui n’était pas très appropriée à la saison estivale.
Shura l’informa aussitôt : « Saga ! Il y a un instant, un intrus s’en est pris au Grand Pope ! »
En entendant cela, Saga fut stupéfait.
_ « Quoi ? Qui était-ce ?
_ Un soldat de Poséidon.
_ Comment ?!
_ Saga, intervint le Grand Pope, retourne immédiatement à ta position et surveille Poséidon ! _ Oui, fléchit docilement la tête Saga ! »

Pendant ce temps, Arlès épiait les moindres gestes du Grec en étant soucieux.
Le Saint des Gémeaux se sentant observé renvoya un regard d’une froideur intense à l’intendant du Pope.

C’est à cet instant, contre toute attente, que Shion choisit d’annoncer une nouvelle d’une importance majeure : « Il sera très bientôt temps de souhaiter la bienvenue à Athéna… »
Tout le monde fut très excité par la nouvelle, en particulier Shura qui était émerveillé comme un enfant.
Après avoir arboré un sourire jovial, la mine de Saga affichait une grimace glaciale qui n’échappa pas à Arlès.
Shion discourait toujours : « … Comme par le passé, lorsque l’on s’apprêtait à accueillir Athéna, c’était juste avant la Guerre Sainte. Poséidon n’est pas le seul à vouloir attaquer la terre. Hadès et Arès n’ont pas non plus abandonné leurs espoirs démoniaques. Nous devons nous préparer pour la prochaine Guerre Sainte. Ainsi, Saga, tu dois utiliser toute ton énergie à surveiller Poséidon et son activité… »
Saga se courba de nouveau : « Oui. »
Shion poursuivit : « … Quant à toi Aiolos, ta responsabilité est de protéger le Sanctuaire… »
Aiolos s’inclina à son tour : « Oui. »
Le Grand Pope conclut enfin : « … A présent l’heure est enfin venue. »
Ensemble, les cosmo énergie d’Aiolos, Saga et Shura s’élevèrent de concert après une telle annonce.
Arlès fixait son frère fatigué et songea : « Une telle annonce au beau milieu de ce tumulte… Shion aurait-il ressenti lui aussi un malaise ? Cette nouvelle est-elle destinée à jauger les attitudes de chacun ? »

Alors que le groupe allait se disperser, Shion tint à féliciter son jeune Saint d’or.
_ « Shura, ton attaque de tout à l’heure était très puissante.
_ Oui… Même si je ne savais pas comment la contrôler… C’est comme si ma main bougeait de sa propre volonté.
_ C’est quelque chose que nous ne pouvons voir, mais c’est un don d’Athéna certainement ! »
Saga et Arlès furent surpris par les certitudes du Pope, tout comme Shura qui affichait une mine joyeuse et fière.
Shion poursuivit : « C’est l’épée sacré que les dieux ont appelée Excalibur ! Il y a plus de deux-cent ans, mon camarade El Cid avait été béni du même don. Utiliser cette arme sacrée est ta récompense méritée pour le dur entraînement que tu as subi. Lorsqu’Athéna arrivera, tu pourras la protéger en étant à ses côtés ! »
Les larmes coulaient sur les joues de Shura : « Oui ! Je lui suis très reconnaissant. »
Le Capricorne observait admirativement son bras droit, preuve de sa dévotion pour sa déesse.
Aiolos lui prit la main en lui serrant très fort et Saga le complimenta d’une tape sur l’épaule.
_ « Shura c’est fantastique !
_ Félicitations Shura ! »
Le mouvement de Saga attira l’attention d’Arlès.
Le Saint d’argent devina une blessure sous la soutane du chevalier d’or à hauteur du bras, laissant s’écouler beaucoup de sang.
Il jeta un ½il discret sur son frère afin de voir si celui-ci l’avait remarqué lui aussi. Mais le vieil homme fatigué commençait déjà à tourner le dos à ses sujets.
Arlès, au fond de lui, demeurait dubitatif : « Shion… Pourquoi un tel timing dans l’annonce de la naissance d’Athéna pour y opposer ensuite un tel détachement ? N’as-tu pas perçu son attitude étrange ? Attends-tu une manifestation plus marquée ? Non… Moi je ne peux attendre davantage. Il en va de ta sécurité et de celle d’Athéna. Je dois en avoir le c½ur net. »
Arlès mit fin à cette effusion de joie : « Vous pouvez disposer ! »

Les trois chevaliers d’or firent un signe de la tête en guise de respect et d’obéissance tout en observant le Grand Pope marcher lentement vers ses appartements. Arlès se dirigea vers une autre salle et appela le chevalier des Gémeaux.
_ « Saga, peux-tu venir à côté ?
_ Arlès… Que se passe-t-il ?
_ Je voudrais te parler quelques instants… »

Aiolos et Shura descendaient vers leurs temples pendant que Shion s’était retiré à l’opposé du palais papal.

Après quelques secondes d’hésitations, peu à l’aise, Saga emboîta le pas à Arlès.
Devançant le Saint de l’Autel, Saga commença à crisper son visage pendant qu’une étrange lueur scintillait dans ses yeux.
Arlès était trop occupé à réfléchir à l’attaque que Shion venait de subir pour s’en apercevoir.
Une fois Saga au beau milieu de la pièce, Arlès referma la lourde porte derrière lui.
Eclairé par quelques torches faisant le tour de ce qui ressemblait à une bibliothèque, il observait le bras blessé et se précipita dessus pour remonter la manche du Grec.
_ « Saga ! Qu’est-ce que… ?
_ Quoi ? Mais que fais-tu ? »
Saga paniqua lorsqu’Arlès distingua la blessure infligée par Excalibur : « Saga, moi seul suis au courant. Si tu as des pensées maléfiques, je te conseille de les oublier dès à présent. »
Incapable de refreiner l’angoisse d’être découvert, Saga devint un autre homme en une fraction de seconde. Ses yeux virent au rouge sanglant.
_ « Ah… Arlès, si tu n’étais pas aussi curieux, tu aurais eu une vie plus longue…
_ Quoi ?! »
Ses cheveux blanchirent pour arriver finalement à une teinte grisonnante. Il leva le bras gauche au ciel tandis que le droit concentrait son cosmos : « Ne pas avoir de pensées maléfiques ? Ah, ah, ah… Je suis Saga Saint d’or des Gémeaux qui va prendre la place d’Athéna et devenir le maître du monde ! Voici l’attaque la plus puissante des Gémeaux… »
Toujours amoindri par l’assaut de tout à l’heure, Arlès ne pouvait plus bouger : « Galaxian Explosion ! »
Arlès encaissa l’arcane de plein fouet, faisant voltiger son casque qu’il tenait à la main et arrachant sa soutane.
Saga fixa avec dédain le corps d’Arlès, resté debout, mort, la Cloth ébréchée.
En passant à côté du cadavre qui resta vaillant jusqu’au bout, Saga le bouscula de l’épaule pour le laisser s’écraser lourdement sur le sol.
Il enfila la toge blanche d’Arlès, salie par le sang, par-dessus la sienne et ajusta le heaume écarlate à forme reptilienne sur son crâne en ricanant : « A partir de maintenant, je serai Arlès ! Saga le Saint d’or des Gémeaux n’est plus au Sanctuaire puisqu’il est parti surveiller Poséidon… Dorénavant, il me suffit d’attendre que le Pope me nomme, moi Saga, comme successeur. Et s’il n’en a pas le temps, c’est en tant qu’Arlès, son intendant que je préparerai mes plans de conquête. Ah, ah, ah… »
Flashback

Revivant avec satisfaction sa cruelle machination, Saga pouffe de rire à la surprise de Gigas qui préfère ne pas le questionner.
Saga remonte la manche droite de sa soutane et étudie avec minutie son poignet sur lequel il reconnaît une vieille cicatrice. Il chuchote alors : « Hum… Excalibur… L’arme qui nous ramènera la victoire d’Yíaros… »


Sur Yíaros justement, les premières sentinelles de la côte Sud voient approcher le pavillon Athénien.
Les Hébéïens se focalisent sur le navire de Shura sans distinguer celui d’Apodis qui contourne l’Est de l’île…
 

Chapitre 19

Chapitre 19

En direction de l’île d’Yíaros, sur la mer Egée, la nuit du 5 au 6 mars est bien fraîche.
Tout comme sur les navires où se trouvent Aldebaran et Shura, un homme vêtu d’une tunique de soldat dépose un chaudron sur le pont.
Ces cuisiniers qui vivent en permanence au Port du Destin, en Crète, profitent de cette campagne contre Hébé pour prendre des nouvelles de leur terre natale, le Sanctuaire, tout en délivrant la soupe aux soldats avec, dans l’ordre, les Saints d’or, les Saints d’argent et le clergé puis les Saints de bronze, et enfin, les soldats qui font la queue.

Sur le bateau que Yakamoz dirige avec Ptolémy, Apodis picore son morceau de pain.
A l’avant du bateau, il scrute l’horizon et s’agace : « Nous ralentissons la cadence ! A ce rythme ces chiens d’Hébéïens auront eu le temps de fuir avant notre arrivée ! »
Apodis est rageur, tout comme Babel et Shura, chacun sur un navire différent, fixant eux aussi la direction de la terre ennemie.
Aldebaran préfère rester dans les cales à jouer aux dés avec Naïra Saint de bronze de la Colombe autour d’un bon verre de vin, tandis que sur le navire de Shura, Philémon Saint de bronze du Lièvre reste en compagnie des prêtres et des prêtresses pour invoquer Athéna avec quelques soldats.

Sur le pont, assis la tête appuyée en arrière contre un mat, Apodis rumine ses désirs de vengeance.
Epuisé par ses nerfs à vifs, il tombe de sommeil en ressassant le passé…

Flashback
1972 - Turbulent et violent, Apodis, cinq ans, se précipitait chaque jours vers la rivière, après qu’un prêtre descendu à Honkios se soit occupé de l’instruction des enfants. Il aimait y retrouver son père Frontinus.
Le futur Caraïb Ghost Saint de la Méduse menait là-bas des combats de rues contre des vétérans de l’armée. Il pariait sur sa victoire afin de gagner quelques sacres, monnaie du Sanctuaire.
Apodis se faufilait parmi les spectateurs et savourait chaque victoire de son père.
Frontinus était un véritable roc, tel un boxeur, ses coups étaient de véritables missiles que ses adversaires ne pouvaient esquiver.
Le petit garçon était le premier à féliciter son père.
Néanmoins, ce dernier ne le prit jamais dans ses bras. Il ne posait même pas les yeux sur son fils qu’il ignorait par-dessus tout.
Frontinus partait dans des tavernes avec quelques femmes et des brigands pour dépenser dans le vice l’argent qu’il gagnait, tandis que Mujakis la mère du futur Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis, se ruinait la santé à travailler la terre pour ramener quelques légumes et acheter de misérables morceaux de viandes défraîchis sur le marché.

Aimante, Mujakis demandait à son fils de ne pas suivre la même voix que son père. Apodis devait se concentrer sur son intellect. Elle lui apprit à bien se tenir, à respecter autrui et à étudier les leçons prodiguées par les prêtres qui enseignaient l’écriture, la lecture, les mathématiques, les arts, sans oublier les multiples légendes qui remontaient de la création de l’univers aux jours les plus récents.
La complicité qu’il entretint avec sa mère transforma cet enfant colérique en adolescent gai et instruit…
Flashback

Apodis revient à lui, le navire ralentit de façon trop subite pour que cela soit anodin.
Il constate que les voiles sont baissées et que les marins ne rament plus en calles.
Un navigateur du vaisseau d’Aldebaran s’écrit : « Terre en vue ! »
Il s’égosille si fort que les deux autres bateaux peuvent l’ouïr.
Une expression machiavélique s’affiche sur la mine d’Apodis qui court en direction des cales prendre sa Pandora Box.
Tapis dans l’ombre, camouflé sous sa soutane grise et son masque violet, Ptolémy le surprend : « Tu as l’air bien pressé d’accomplir ta mission ! »
Apodis sert le poing d’un air rageur : « Je tiens à honorer la mission que m’a confié le Grand Pope au nom d’Athéna ! Hébé et ses soldats doivent payer pour ce qu’ils ont fait ! »
Ptolémy le calme quelque peu : « C’est bien Saint de bronze. Le Grand Pope te féliciterait pour une telle bravoure. Toutefois je te conseille de ne pas te hâter trop vite. Un plan de guerre va certainement être étudié avant que nous accostions ! »
Apodis réfléchit un instant et se ravise, il est vrai que foncer tête baissée ne sert à rien.
Yakamoz rejoint ses pairs en descendant l’escalier au bois grinçant : « Je vous cherchais tous les deux. Les navires ont jeté l’ancre. Nos hommes ont ordre de se préparer pendant que nous allons sur le bâtiment du seigneur Shura. Nous y travaillerons une stratégie d’attaque. »
Apodis observe sa Pandora Box et d’un hochement de tête il appelle son armure. Celle-ci répondant à la volonté de son propriétaire, vient à lui pour le recouvrir intégralement : « Bien ! Je suis prêt à me présenter devant nos Saints d’or. »
Il emboite le pas à ses supérieurs tandis que Ptolémy fait un signe évasif de la main : « Pars devant, je te rejoins ! »
Yakamoz s’exécute tandis que Ptolémy consigne quelques notes sur un morceau de papyrus qu’il déroule de sa soutane. Il inscrit au milieu d’autres annotations : « … le chevalier Apodis se présente désormais comme un fidèle sujet de sa majesté. Il a épousé sa cause depuis les évènements de la Journée Sainte. » (Reste 34769 caractères)
 

Chapitre 18

Chapitre 18

En marge des évènements qui ont confrontés Mû et Shaka à de futur Généraux de Poséidon, l’actualité du Sanctuaire ce 5 mars 1985 reste dominée par la riposte à l’encontre des Hébéïens.

Celle-ci se prépare au Port du Destin, l’annexe portuaire du Sanctuaire située en Crète vit un évènement qu’elle n’a plus connu depuis des milliers d’années.
En effet, les deux-cents soldats du domaine sacré, accompagnés de huit Saints ainsi que des membres du clergé, sont réunis sur les quais.
Les marchands, les messagers du Sanctuaire, les marins et les employés des auberges observent la discipline de ces hommes qui se divisent en quatre groupes sur les pontons, face à quatre navires.
 
Ces vaisseaux en bois massif et en métal sont entretenus dans ce port. Il s’agit des bâtiments de campagne qu’utilise le domaine sacré lorsqu’il envoie des légions sur les terres ennemies.
Un cinquième pavillon reste ancré au large, celui-ci est plus majestueux, plus grand, plus décoré. Il s’agit de celui d’Athéna et du Grand Pope. Ni l’un ni l’autre ne l’a utilisé ces milles dernières années. A son bord, des matelots et des cuisiniers travaillent chaque jour à son entretien.
 
La longue et solide passerelle de chaque embarcation atteint les embarcadères.
En tête, Saints d’or et d’argent emboitent le pas à leurs troupes composées de Saints de bronze, de soldats et de religieux.
 
Déjà parés sur les navires, les membres des équipages, tous originaires du Sanctuaire, portent la même tenue que les gardes. Ils sont accroupis et attendent les directives. Ces dernières sont formelles : « Cap sur Yíaros ! »
 
Les ancres sont rapidement levées. Les Saints se posent, sur le pont tandis que les soldats se réunissent dans les cales où ils prient Athéna, sous la directive des représentants de la sainteté.
 
Il n’y a qu’un seul navire où des soldats se permettent de joindre le pont. Quinze soldats en tout, avec parmi eux le caporal Pullo. Il s’agit des hommes les plus fidèles d’Apodis.
Les quinze braves prient eux-mêmes, à ciel dégagé, bien que Yakamoz qui est la plus gradée, ait demandé à Apodis de renvoyer ses soldats avec les autres.
L’Oiseau de Paradis refuse de se soumettre aux ordres de son supérieur. Ses petits yeux rouges, fixent avec amertume la mer Egée et ses courts cheveux bleus s’agitent dans l’air.
Il repense à ses origines…
Si une tierce personne évoque le nom de Frontinus, rares sont ceux capables de mettre un visage sur ce robuste mercenaire.
Pourtant Frontinus, le père d’Apodis, fait partie des hommes qui, à force d’acharnement, sont parvenus se faire une place au Sanctuaire.
Tout remonte à la rencontre de ses parents originaires du Sanctuaire… (Reste 48202 caractères)
 

Chapitre 17

Chapitre 17

Tandis que l’armée athénienne prend la mer ce 5 mars 1985 en quête de revanche contre Hébé, Shaka et Mû poursuivent les pistes laissées par Krishna et Fyodor lors de leurs passages à Jamir.

Autrefois appelée l’île de Ceylan, le Sri Lanka se situe à cent-kilomètres au sud-est de l’Inde.
C’est sur la côte ouest que se dirige Shaka ainsi que ses élèves et les prêtres du Sanctuaire.
Estimée à plus de dix-neuf-millions d’habitants, la population, majoritairement bouddhiste, tient toutefois à conserver ses origines et ses coutumes de vie. Il n’est donc pas étonnant de trouver dans les jungles du centre de l’île, des aborigènes, ou encore, sur la côte ouest justement, un village d’adorateurs du dieu Poséidon.

Quelque part entre les villes d’Adapparagama et de Willarawadiya, dans une zone forestière humide et inhabitée, Shaka sent sous ses pas que le sol terreux est désormais couvert de quelques roches.
Il s’arrête alors et déclare : « Nous y sommes… »
Derrière lui, Shiva et Aghora qui portent fièrement sur leurs dos les Pandora Box que leur maître leur a remis en route, mènent le pas aux autres et s’extasient.
_ « Ouah, commence Shiva… Mais… C’est…
_ Un temple bouddhiste, complète Aghora !
_ Effectivement, atteste Shaka, il s’agit ici d’un temple abandonné. Ce lieu de recueil marque la limite avec Thosa… »
Les autres disciples rejoignent leur maître en compagnie des membres du clergé athénien dont la jolie Hasu.
Les apprentis portent à tour de rôle la Pandora Box de la Couronne Australe que Mû a confié à Shaka.
 
Un fleuve passe devant un temple au toit arrondi. Le bâtiment dresse en son sommet une pointe qui s’élève haut dans les cieux.
Les vitraux sont tous cassés, les murs fissurés s’effritent depuis l’extérieur.
Shaka emprunte l’escalier fait de vieux plâtre et de béton devenu sablonneux.
Il est suivi de près par l’ensemble de ses disciples.
Les prêtres, eux, s’avancent paisiblement aux abords de cette eau fraîche.
Certains en profitent pour boire et remplir leurs gourdes, d’autres défont leurs sandales et trempent leurs pieds abîmés par la marche.
 
Shaka ouvre en grand les portes du sanctuaire et se sent comme aspiré par une puissance bienfaitrice.
L’intérieur contraste totalement avec l’apparence extérieure.
Il est lumineux, propre et accueillant.
Le sol est carrelé de marbre et mène, sous forme de chemin délimité par des fleurs colorées et même quelques arbres fruitiers, à une immense statue en or de Bouddha couché sur le flanc droit, les deux mains jointes pour faire appui à son visage paisible et souriant.
Shaka s’assied en position du lotus juste devant la statue qui est surélevée d’au moins un bon mètre sur une estrade taillé dans la pierre.
Il fait face à ses adeptes qui l’imitent.
Durant de longues minutes, ils restent à méditer sans parler. (Reste 42673 caractères)
 

Chapitre 16

Chapitre 16

Un crépuscule de douleur annonce une longue nuit du 4 au 5 mars 1985.
L’obscurité accompagne le chagrin.
De nombreux cadavres s’amoncellent sur des buchés.
Ils sont transportés sur des chariots qui passent devant une multitude de corps meurtris éclairés par les torches sous les porches de leurs demeures. Spectateurs impuissants, les villageois assistent autour d’eux à des retrouvailles souvent difficiles pour des familles endeuillées.

L’atmosphère est lugubre sur l’ensemble du domaine sacré.
Les habitations pillées, les monuments détériorés, les cours empourprés de sang et les temples profanés sont ce qu’il reste du Sanctuaire.

Le vent se lève et amène un crachin qui soulage les plaies des soldats et nettoie les corps des innocents partout sur le domaine.
Y compris à l’ouest, dans le village de Paesco.

Là-bas, Apodis demeure immobile sur le seuil de sa maison, devenue une ruine.
Il y coulait encore des jours paisibles avec sa mère et son fils lorsqu’il est parti au matin.
Il est tétanisé par la funèbre découverte.
Les corps salis de sa famille gisent au milieu de la maisonnette entièrement dévastée.
Doucement, il vient poser une main à sa bouche.
Mais le contact de son épiderme sur ses lèvres déclenche un réflexe de renvoi qu’il ne peut retenir.
Il vomit, tant le malaise est atroce.
Sa poitrine toute entière se raidit.
Il se la cramponne comme pour empêcher ses organes de se rétracter.
Ses larmes gonflent ses joues.
L’oxygène ne vient que difficilement à ses poumons.
Malgré tout, il approche d’un pas tremblant.
Epouvanté après le décès dans d’horribles circonstances de Sperarus, son fils.
_ « Mon petit garçon… Mon petit garçon, balbutie-t-il… Qu’est-ce qu’ils ont fait à mon petit garçon… »
Morveux, bleui par l’affliction, catastrophé par la scène d’horreur qu’il imagine avoir eu lieu ici, il est incapable de reprendre son souffle.
Comme asphyxier, il chancelle jusque l’enfant en piétinant dans la mare de sang laissée par le corps de sa mère.
Il sort de la flaque d’hémoglobine le petit corps innocent écrasé face contre terre.
En voyant ses petits yeux blancs révulsés, sa petite bouche entrouverte qui n’expire plus, Apodis devient haletant.
Lorsqu’il relève légèrement la tête, il aperçoit devant lui le cadavre de sa mère.
Ses vêtements sont arrachés. Son corps battu. Sa silhouette désarticulée.
En une fraction de seconde, tous les scénarios d’horreur possibles traversent l’imagination d’Apodis.
Mêlée à l’angoisse du pire traitement réservé à ses proches, la souffrance déchire ses entrailles.
Alors, tandis qu’il serre fort Sperarus dans ses bras, il hurle de rage.
Si fort, qu’au dehors, ses hommes baissent la tête d’amertume.
Impuissants qu’ils sont. Et incapables de pouvoir comprendre la détresse de leur sergent. (Reste 42968 caractères)
 

Chapitre 15

Chapitre 15

Le désespoir, l’incompréhension, la souffrance, la perte d’un proche…
La nuit s’insinue ce 4 mars 1985 et chaque personne se trouvant au sein du Sanctuaire éprouve au moins un de ces douloureux sentiments.
La nuit tombante est annonciatrice de clôture pour cette Journée Sainte qui a pris des allures de tragédie.

Dans la maison du Taureau, un cyclone a été provoqué par l’explosion des cosmos d’Aldebaran et Iphiclès.
Aldebaran est le premier debout.
Iphiclès, toujours allongé, établit un terrible constat : « Les Ecuries d’Augias, la Ceinture d’Hippolyté, les B½ufs de Géryon, les Pommes d’Or du Jardin des Hespérides, le Sanglier d’Erymanthe et la Capture de Cerbère. Six Alcides. Déjà six Alcides qui ont rendu la vie. Je sens les cosmos du Taureau de Crète et de la Biche de Cérynie à proximité de ceux de Juventas et de sa majesté Hébé. Ils se replient. Seuls Iolaos, ¼dipe et moi-même combattons encore. Nous sommes les ultimes espoirs d’atteindre Athéna… »

Couché sur le ventre, Iphiclès bouge délicatement le cou dans la direction de son adversaire.
Son corps devient incandescent et son flux d’énergie dessine au-dessus de lui le fauve géant et invincible qu’est le Lion de Némée.
Instantanément, il se jette à la vitesse de la lumière sur Aldebaran qui a vu venir l’assaut : « Drill Claw ! »
Les Griffes Foreuses d’Iphiclès cognent sans même l’inquiéter la paume de main d’Aldebaran.
Le Taureau profite de l’immobilisation de l’ennemi pour lui infliger une nouvelle fois son arcane : « Great Horn ! »
La déflagration repousse Iphiclès jusqu’au fond de la pièce, là d’où il a précédemment surgi.

Encastré dans la roche, l’Alcide est pensif : « Mon combat contre le Capricorne m’a plus affaibli que je ne le pensais. Mes Griffes Foreuses ont jusqu’ici perforées mes adversaires. Ce bovin a stoppé d’une main mon assaut, sans même exprimer la moindre difficulté. Bien que ses attaques soient redoutables, c’est surtout sa garde… oui, sa défense, il a une défense impénétrable. »

Aldebaran cherche à calmer les tensions : « Chevalier d’Hébé, je ne souhaite pas t’infliger d’horribles douleurs. Viens donc implorer le pardon d’Athéna à mes pieds et j’accepterai de te donner une mort rapide ! »
Iphiclès est à nouveau debout.
Bien que son corps soit meurtri, il semble à peine affaibli.
La confiance qui se dégage de son sourire ne laisse rien présager de bon.
_ « La légende veut, que la première épreuve imposée à Héraclès fut de tuer le Lion de Némée. Cette bête féroce, plus grande et plus robuste qu’aucun autre mammifère carnivore sur Terre, réputée invulnérable, avait une chair impénétrable et ne craignait aucun adversaire, qu’il soit animal ou humain. De fait, ni les flèches ni la massue du demi-dieu ne purent l’entamer. Et lorsque le héros parvint à le vaincre, il se vêtit de la peau de l’animal qui le rendit invincible. J’ai moi-même mi cette particularité en pratique. Si ma Cloth est aussi résistante que celle de mes pairs, mon organisme, lui, est le plus entraîné, le plus robuste et le plus impénétrable qui soit parmi tous les êtres vivants. Quand bien même je peux être touché par mon ennemi, ma vie n’est pas à craindre.
_ Foutaises ! Tu perds énormément de sang et quoi qu’il arrive, si on ne te prodigue pas de soins, tu finiras par en manquer et tu mourras. Cela t’affaiblit considérablement et t’apporte de nouvelles plaies. En effet tes assauts sont moins dangereux pour ton adversaire qui riposte plus efficacement… »

Mais brusquement, Aldebaran est paralysé.
Le parterre se fissure et rend le dallage, habituellement droit, semblable à un champ chaotique.
La terre tremble, le plafond se craquèle et les colonnes qui le supportent s’ébrèchent. (Reste 45717 caractères)
 

Chapitre 14

Chapitre 14
 
Au large de la Somalie, dans l’océan Indien, sur l’île d’Andromède se dresse au milieu d’une petite vallée aride du centre de l’île l’unique village de ces terres.
Ombragé par les hauts rochers qui l’entourent, il compte une vingtaine de maisonnettes de briques et de tuiles.
C’est là que vit le groupe d’apprentis mené par l’imposant Albior de Céphée.
 
Le Saint d’argent revient en compagnie de six apprentis du large où est amarré un navire venu du Port du Destin en Crète.
Ensemble, ils tirent une espèce de traîneau en bois, dans lequel sont empilées des jarres d’eau potable et de vin, des bocaux de miels, des épices, des cageots débordants de légumes et des carcasses de porcs salés…
 
Certains disciples, qui s’entraînent devant leurs logis rejoignent leur professeur et leurs camarades pour les à avancer le lourd véhicule dans ce sol fait de sable et de rochers.
Parmi eux, une élève au visage masqué et aux longs cheveux blonds est interpellée par Albior.
_ « Dis-moi June, où se trouve Anikeï ?
_ Il est parti s’entraîner à l’est avec Shun. »
 
Là-bas, près d’un volcan en sommeil, un beau jeune homme se tient encore poing tendu vers l’avant.
Mince, svelte dans son maillot jaune rapiécé et son pantalon blanc troué aux genoux, ce slave d’un mètre soixante-douze, le visage fin, effilé, affiche une élégance à laquelle personne sur cette île, homme comme femme, n’est resté insensible.
Ses cheveux noirs mi longs descendent avec grâce dans sa nuque. Ils lui donnent un air efféminé tout comme son ami étendu sur la roche sablonneuse.
Ce dernier, les cheveux longs et verts, essuie le filet de sang qui s’écoule de sa bouche en constatant avec bonheur : « Anikeï, tu es devenu aussi fort que notre maître Albior ! »
L’ami du Shun, originaire de la région de Kharkiv en Ukraine de l’est rétorque sèchement.
_ « De tels propos prouvent que tu es encore bien faible Shun. Tu es stupéfait par mon cosmos alors qu’il est insignifiant comparé à celui de notre professeur.
_ Pourtant tu as réussi à devenir le Saint de Cassiopée. Comme je t’envie.
_ Comme toi pour la Cloth d’Andromède, j’ai trouvé ici d’autres prétendants à l’armure de Cassiopée. Toutefois, je n’ai jamais refusé de vaincre mes adversaires, sous prétexte d’avoir peur de les blesser. Ca fait deux mois que je suis chevalier et cela devrait faire deux mois, que mes v½ux auraient déjà dû être présentés en Grèce. Au lieu de ça, je reste ici pour t’apprendre à persévérer et à te protéger des mauvais traitements de tes rivaux. »
L’Ukrainien s’accroupit devant Shun et lui prend le visage dans ses mains : « Je ne veux pas te quitter, en craignant pour ta vie. »
Shun ferme les yeux et laisse le bel homme d’un an son aîné, le serrer chaleureusement contre lui.
Anikeï pose sa main contre le maillot rose délavé du Japonais et s’aperçoit que derrière l’apparence frêle du nippon, celui-ci a développé une musculature imposante faite de pectoraux et d’abdominaux en acier trempé.
Shun se redresse et saisit la main de son ami. Il s’étonne de la douceur de la peau du slave qui a pourtant subi de nombreux heurts et brisements d’os durant son entraînement : « Il est temps pour nous de rentrer à présent. »
Une fois debout, Anikeï desserre délicatement sa main et frôle avec attention les doigts de Shun puis le regarde en souriant.
Ensemble, ils rentrent au village sous les yeux attentifs et furtifs de Reda et Spica toujours prêts à courroucer leur rival asiatique…  (Reste 44991 caractères)
 

Chapitre 13

Chapitre 13
 
Tandis que la bataille fait rage au Sanctuaire, un allié de poids manque à l’appel.
En effet, ayant obtenu l’autorisation du Grand Pope pour partir en compagnie de prêtres du Sanctuaire et de quelques disciples en pèlerinage, Shaka sillonne l’Asie du sud pour y prêcher la bonne parole en l’honneur d’Athéna.

Au sud-est de l’Asie centrale, en Himalaya, sa cohorte se trouve dans une région montagneuse à la frontière de la Chine et de l’Inde.
Elle s’arrête là où l’oxygène se raréfie.
Les tibétains eux-mêmes ne s’aventurent jamais au sommet.
Ce territoire, Jamir, culmine à près de six mille mètres d’altitude.
 
Au bas des montagnes himalayennes, là où les gens cessent leur ascension, une foule venue à dos de mules, de bovins ou de vieux véhicules motorisés se dispersent sur un marché immense.
Paysans, touristes, moines, occidentaux et orientaux, se laissent séduire par les spécialités locales. L’agriculture de l’orge, du blé, du seigle et des pommes de terre est très prisée par les paysans tout comme le coton le chanvre et le soja.
Les éleveurs prennent plaisir à y trouver de nombreux animaux pour leurs élevages personnels, comme les yacks, les moutons et les chameaux.
Quelques alcools locaux ainsi que l’artisanat comblent les touristes du monde entier.
 
Dans une ruelle finissant en cul-de-sac, une trentaine d’hommes sont prosternés, les deux genoux à terre et le visage contre le sol.
Une dizaine d’autre au teint pâle et de type européen est debout à discourir.
Vêtus de toges blanches, ceinturées à la taille par un ruban rouge, ils prononcent tour à tour quelques éloges à Athéna, en avançant et en reculant devant l’assemblée dans leurs spartiates.
Parmi les gens courbés, les femmes sont vêtues d'une pièce d'étoffe qui se drape et s'ajuste au corps sans aucune attache, un sari, costume traditionnel des femmes indiennes.
Sous leurs saris, certaines femmes portent, comme les hommes, des sarouels, pantalon dont la forme ample et bouffante est accentuée par un entrejambe bas.
Derrière les prêtres, un homme assis en position du lotus.
Les cheveux longs blonds, portant entre les sourcils un petit point fait de cendre rouge et de poudre de riz, un tikkaf, Shaka garde les yeux clos.
Le drap qui l’habille passe comme une écharpe descendant de son épaule droite à sa hanche gauche. Il se libère totalement, arrivé à la taille pour descendre jusqu’à ses genoux comme une jupe.
Un des prêtres athéniens s’approche de lui et lui souffle à l’oreille : « Seigneur Shaka, j’ai l’impression que cette année plus qu’une autre, notre pèlerinage sur les pays formant le système himalayen est un succès. Sur notre route le nombre de fidèles à Athéna n’a cessé de croitre. »
Le beau chevalier d’or répond d’un ton monocorde.
_ « La victoire athénienne contre le dieu Shiva et l’occupation de nos forces armées sur le domaine du dieu ont accrus la position de force d’Athéna. Sa suprématie est reconnue auprès des peuples opprimés qui voient en elle un élan d’espoir, d’amour et de liberté.
_ Il faut dire, que vos élèves véhiculent également une image forte, du pouvoir athénien. Lors de notre retour au Sanctuaire, notre grand pontife sera fier du résultat de notre voyage.
_ Le Grand Pope souhaite avant tout s’assurer par notre voyage que le domaine de Shiva et le peuple y vivant ont abandonné leurs envies de rébellion contre Athéna, en embrassant son pouvoir. C’est chose faite. Désormais, notre mission est terminée et elle s’achèvera, lorsque nous aurons présenté nos v½ux au grand Mû qui vit au c½ur de ces montagnes. » (Reste 61420 caractères)