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a perfect soul => Only for Love => Topic started by: Kodeni on 8 March 2021 à 15h19

Title: Chapitre 70
Post by: Kodeni on 8 March 2021 à 15h19
Chapitre 70

Les douze flammes de la grande horloge du Sanctuaire, sont éteintes depuis bientôt quinze jours.
Le retour d’Athéna au Sanctuaire a achevé l’année 1986 par un message de paix.
Depuis, à chacune de ses apparitions, Athéna est saluée par une clameur populaire qui rompt le calme habituel du domaine sacré.
Du fait de la conspiration de Saga des Gémeaux, son visage était resté mystérieux, au point même que certains doutaient de son existence. Dorénavant, depuis son avènement, la déesse se montre à eux régulièrement dans toute sa splendeur et sa noblesse.
Les habitants du Sanctuaire ne perçoivent aucun point obscur dans le sourire plein de force qu'Athéna leur retourne. Ils se réjouissent de la victoire de la justice et prient pour que la paix dure pour toujours.

Néanmoins, Saori conserve une profonde réserve de sentiments.
Si une certaine amélioration est à noter dans le rétablissement de ses Saints de bronze, elle s’ennuie néanmoins d’eux.
De plus, les messages réguliers des Steel Saints, relayés par des messagers basés à Athènes, inquiètent l’héritière de la Fondation Graad.

Ce n’est pas l’arrivée de Tatsumi qui la rassure.
Le majordome, accompagné de plusieurs gardes dont son inséparable acolyte, le père de Kyoko et Shoko, qu’il a rebaptisé du même nom que le sien, se présente dans la salle d’audience du Grand Pope.
Comme dans la plupart des maisons du zodiaque en travaux, il peut sentir l’odeur du plâtre et du ciment frais. Il ne reste bientôt plus rien des champs de bataille où le sang de beaucoup d’amis a coulé.
_ « Ah ! C’est incroyable Mademoiselle Kido ! Tout est bientôt comme neuf, la félicite Tatsumi !
_ En effet, nos ouvriers et nos soldats ont travaillé sans relâche. »
L’homme au visage dur et au crâne dégarni peut remarquer la mélancolie qu’exprime la déité. Gêné, il approche jusqu’au siège où elle est positionnée et se penche en avant pour lui remettre en bonne et due forme un courrier : « Je suis désolé de vous ramener à vos obligations humaines. Toutefois, Sho m’a transmis une invitation qui vous a été envoyée par la famille Solo. En effet, le riche héritier de cette compagnie partenaire de notre Fondation Graad vous invite à son anniversaire dans sa résidence en Grèce. »
Avec délicatesse, elle s’approprie le document et l’examine quelques secondes : « Je vois… C’est à quelques kilomètres d’ici et… Ce banquet aura lieu dans deux mois et demi. En attendant, je devrai pouvoir m’occuper des affaires de la Fondation depuis ces lieux, souffle-t-elle pleine d’amertume. »
La voix fort avisée de son protecteur, Mû, retentit dans la salle : « Peut-être devriez-vous retourner au Japon le temps de régler certaines choses Majesté. Après tout, aucun danger ne nous guette pour le moment. »
La parfaite réincarnation aux cheveux lilas n’attendait que l’aval de ses plus proches conseillers.
Tout en regardant le Saint d’or du Bélier faire son entrée depuis les deux grandes portes de la salle qu’il a ouvert lui-même, elle lève les yeux vers le plafond et demande : « Il est en effet nécessaire que je retourne auprès des membres de ma société. Beaucoup de décisions doivent être prises pour favoriser des ½uvres humanitaires et des investissements dans les pays en voie de développement. Qu’en pensez-vous Dohko ? »
Par télépathie, l’intonation fatiguée du Saint de la Balance approuve la décision : « Comme le dit Mû, aucun danger ne vous guette. Vos messagers sont revenus avec des retours favorables des différentes prises de contact avec les autres dieux. Blue Graad vous a renouvelé sa fidélité. Asgard et Yíaros ont salué votre retour. Les représentants des dieux égyptiens et indiens ont été heureux d’apprendre votre décision de retirer les troupes de Saga de leurs territoires. De plus, il est difficile pour Athéna de faire oublier à Saori qui elle est, ainsi que ses obligations. Il est nécessaire pour votre propre bien être de retourner vous ressourcer au Japon. Mû et les autres veilleront sur Seiya et ses amis durant ce temps.
_ Dans ce cas, peut-être pourrais-je rentrer en compagnie de Jabu, Ichi, Nachi, Geki et Ban ? Ils assureront ma garde tout en étant heureux de rentrer chez eux.
_ Il serait préférable de laisser un Saint d’or vous accompagner, s’inquiète Mû, sans vouloir manquer de respect à vos amis…
_ Jabu et les autres sont très fiers des exploits de Seiya et de ses compagnons. Il leur tient à c½ur de prouver leur valeur à eux aussi. Je suis certaine d’être en sécurité avec eux. 
_ Qu’il en soit ainsi, valide Dohko d’un air amusé depuis les Cinq Pics.
_ Dans ce cas Majesté, j’insiste pour que Kiki vous accompagne. En étant au plus près de vous, il pourra m’informer du moindre danger.
_ J’accepte sa compagnie avec plaisir Mû, rassure Saori d’un élégant sourire. »


A l’autre bout du monde, le réveil du 3 janvier 1987 dans ce village perdu sud-américain est semblable à tous les autres pour les villageois.
Chacun s’affaire à ses tâches quotidiennes à Icnoyotl au Mexique.

Posté sur le toit de la taverne où il séjourne avec les siens, Mei cesse sa méditation pour observer de façon assidue les faits et gestes de chaque passant.
_ « Le retour d’Athéna en son Sanctuaire est une merveilleuse nouvelle pour le monde. Si nous parvenons à accomplir cette mission pour Marin, nous parviendrons à lui donner toutes les cartes nécessaires à son succès. Et ainsi je laverai l’affront de mon maître. »
Il cesse de se recueillir quand il remarque au détour d’une ruelle calme l’apparence de deux êtres qui lui sont bien connus.
En effet, esseulés, Nicol et Iuitl, la serveuse de la taverne, sont assis, adossés contre le mur d’une maisonnette.
Côte à côte, la jolie jeune femme blonde garde sa tête en appui sur l’épaule du Grec qui est tout aussi endormi qu’elle.
En se frottant le menton, le Japonais s’amuse : « Apparemment la soirée s’est bien déroulée pour lui. »
Puis, d’une mine plus perplexe, il s’inquiète du calme sous ses pieds.

Inévitablement, contrairement au reste du village, le réveil est plus compliqué dans l’auberge où la fête a battu son plein toute la nuit.
Étendues toutes les deux, seules, chacune dans leurs lits, Médée et Yulij n’arrivent pas à émerger, malgré le soleil resplendissant qui passe à travers les lucarnes des chambres.
Le Saint de la Chevelure de Bérénice s’en navre : « Un soir de plus à avoir fait la fête. J’ai l’impression que certains oublient même le but de notre présence en ces lieux. »

Rapidement, l’attitude étrange d’un homme au nez aplati et aux yeux globuleux, coiffé d’une crête hérissée, lui donne raison.
D’un pas saurien, l’insolite personnage interpelle le chevalier : « C’est Cuetzpalli, un serveur de l’auberge. Comme tous les autres, il a fini son service de nuit. Mais pourquoi guette-t-il si prudemment tout autour de lui ? »

De toit en toit, Mei suit furtivement la trace du maigre employé.
Celui-ci sort par plusieurs ruelles d’Icnoyotl et s’engage au sein même de la forêt.
_ « Ichtaca, le patron de l’auberge, nous a dit que hormis les voyageurs, personne ne quittait le village. Tous en sont originaires, se souvient Mei. »
Le chevalier de bronze s’enfonce dans la jungle en quête de réponse.

Le chant de la forêt, mêlant craquements de branches, pas et cris d’animaux, ambiancent rapidement sa filature.
Tel un lézard qui se faufile, Cuetzpalli emmène Mei au plus profond de la jungle, dans une direction où l’étranger n’a pas encore mis les pieds.
Laissant pendre sa très grande langue, le régional de l’étape avance sans plus se retourner.
_ « Il semble avoir baissé sa garde depuis qu’il est sorti d’Icnoyotl. Voudrait-il cacher ses ballades dans le coin ? »
D’arbre en arbre, l’asiatique ne prête attention qu’à sa proie.

Il ne se rend donc pas compte qu’il est devenu une proie à son tour.
Il l’est, pour un mammifère carnivore grand et massif qui l’a pris en chasse dans le sillage de Cuetzpalli.
Alors qu’il saute en direction d’une nouvelle branche à une demi-douzaine de mètres de haut, il est happé par la gueule d’un félin tacheté.
L’animal lui plante ses crocs en plein flanc et lui brise ainsi plusieurs côtes.
Il l’entraîne dans une lourde chute où il se réceptionne à merveille alors Mei, toujours dans sa gueule, s’échoue tête la première.

Secoué et blessé, le chevalier revient à lui tant la douleur de la morsure l’insupporte.
Il parvient à choper dans chaque main la mâchoire du prédateur et à l’écarter suffisamment pour s’en extraire.
Il espère la lui briser en l’écartant encore plus grand, mais les muscles extrêmement puissants de la bête l’en empêchent.
La pression que ses bras exercent sur ses côtes brisées ne l’aide pas à réaliser ce qu'il voulait faire.

L’homme et l’animal se mettent alors en position, ils tournent tous les deux l’un autour de l’autre en se fixant les yeux dans les yeux.
_ « Comment a-t-il pu sauter si haut ? Le jaguar est un félin trapu et plutôt court sur pattes, raisonne Mei. »
L’animal, lui, est plutôt alléché par l’odeur du sang qui s’écoule des plaies de sa victime et qui s’incruste dans son maillot jaunâtre.
Choisissant de mettre un terme à cette plaisanterie, Mei tend le bras en direction de l’animal pour invoquer son arcane.
Seulement, à peine ouvre-t-il la bouche pour en prononcer le nom, que deux autres animaux bondissent de derrière des fougères. Le premier chope le bras de Mei et le lui transperce tandis que le second lui mord directement le crâne, en espérant porter un coup fatal au cerveau.
Heureusement, avant même que les crocs n’atteignent son organe vital, il balance le lourd jaguar accroché à son bras en l’air, d’un mouvement spectaculaire, pour cogner celui qui arrive par-dessus lui.
En gémissant, les nouveaux arrivés sont repoussés en arrière.
Hélas, un tel mouvement a profondément lacéré l’avant-bras droit de Mei.
Il n’a pourtant pas le temps de s’en plaindre que son premier prédateur lui arrive contre la poitrine pattes en avant.
Le poids du félin renverse Mei qui n’a pas d’autre choix que de coller sa main gauche contre une de ses oreilles, rondes et noires au revers avec une tache blanche au milieu, et murmure : « Lost Children. »
Des filaments s’échappent aussitôt de ses mains et percent le cerveau de l’animal en passant par son conduit auditif.
La carcasse lourde de plus de quatre-vingt-dix kilos s’affaisse sur l’homme écorché vif.
Il parvient à bousculer son adversaire et cherche en vain les deux autres.
Il tourne sur lui-même, regardant de bas en haut : « Rien ! Cuetzpalli aussi a disparu ! »
Il détaille son bras droit et ses côtes gauches meurtris pour mieux décider : « Dans cet état il est plus prudent que je rentre. »

Avant même qu’il ne s’engage dans la direction d’où il vient, son attention est prise par le bruit de plusieurs pas, lourds et fugaces.
Le chemin du retour est bloqué par une dizaine de jaguars gueules grandes ouvertes.
Cynique, Mei se permet de ronchonner : « Je croyais que les jaguars étaient des chasseurs solitaires. Faîtes-moi penser à engueuler Nicol pour ses leçons intuitives en rentrant. »
Puis, aussitôt, à vive allure, il fait demi-tour et court.
Il fuit les animaux enragés sans user de trop de cosmos : « Je pourrai aller plus vite, mais j’ai peur de ne plus avoir suffisamment de cosmos pour contenir la douleur de mes blessures. »

Après plusieurs kilomètres de courses, la forêt s’achève brutalement au bord d’un précipice où s’écoule plus bas une rivière.
Derrière lui, Mei entend l’approche de ses chasseurs : « La vache, là-dessus par contre Nicol avait raison. Ils ont une très grande endurance. »
Soudain, la voix aiguë de Cuetzpalli complète : « Ils sont d’excellents nageurs aussi. »
Le chevalier remarque le Mexicain en appui contre un rocher, patientant tranquillement depuis qu’il a quitté la vue de Mei.
Le Saint espère l’attraper mais les ronronnements furieux sont tout près : « Alors ? Que vas-tu faire ? Te laisser dévorer en voulant m’avoir ou bien plonger pour sauver ta vie ? »
N’ayant guère le choix, voyant les plus véloces jaguars pointer le bout de leurs museaux, il se résigne et se jette dans le vide.
Sans même hésiter, les animaux l’accompagnent.
La chute est vertigineuse et le niveau d’eau pas suffisamment élevé pour amortir l’arrivée de Mei. Celui-ci touche le fond et se déchire le corps contre les rochers…


Dans la dimension qui surplombe la Terre, l’Olympe, le temple d’Apollon, agrémenté à l’entrée d’un soleil gravé dans la roche et surélevé par des colonnes doriques, vit des heures calmes, silencieuses.
Debout, dans l’arrière-cour, fixant solennellement le sommet de la montagne où demeure Zeus, le Dieu du Soleil se tient noblement. Ses petits yeux plissés et ses traits fins lui donnent cette allure hautaine qui le caractérise.
Dans son dos, portant quelques corbeilles d’ambroisie et des jarres de nectar, des servantes dressent de nouvelles offrandes qu’elles ont ramassées dans les prieurés où se regroupe le peuple. Observant une parfaite discrétion afin de ne pas troubler la quiétude des lieux, l’une d’elle laisse échapper une vive exclamation lorsqu’elle sent la main mal attentionnée d’un vieil homme lui caresser le postérieur.
Les doigts ridés du petit bonhomme s’aventurent contre la toge fine et immaculée de la fidèle d’Apollon. Le plaisir qu’il en tire se lit dans ses petits yeux ronds inondés de bêtise.
Aussitôt, le propriétaire des lieux cesse sa méditation et affiche un regard encore plus cruel à l’attention de celles qu’il considère comme des esclaves.
Les innocentes prêtresses pressent le pas et abandonnent le vieillard harcelant qui tire sur ses fines moustaches comme pour dissimuler ses âneries.
Le bougre, au sommet du crâne dégarni, ne garde autour de la tête qu’une épaisse touffe de cheveux blancs coton. D’un certain âge, il avance en mettant tranquillement un pas devant l’autre.
Sa fausse bonne conduite devant son maître ne convainc pas ce dernier pour autant : « Faut-il toujours que tu te fasses remarquer négativement Roloi ? »
Sous ses étroits sourcils, ses grands yeux ronds commencent à afficher une certaine perfidie lorsqu’il toise la divinité : « Vous m’excuserez pour cet écart Dieu du Soleil, mais il me semble que le résultat de ma mission mérite un peu de divertissement. »
De sous sa robe blanche, accrochée stratégiquement par des broches en or, le bougre sort une boule faite de cercles métalliques qui tournent les uns sur les autres. Au centre de cette petite sphère une bille représente la galaxie.
Le conspirateur cueille l’objet dans ses mains et félicite son sujet : « Ainsi tu l’as obtenu. Tu as bravé les monts interdits, à l’opposé de l’Olympe. Là où toute vie olympienne cesse. Tu as suivi le chemin étroit, en serpentin, tout autour de ces pics rocheux qui regorgent de ruines de temples et de statues. Là où personne ne s’est aventuré depuis la nuit des temps. L’évocation de cette zone est même proscrite du langage des Olympiens. Mais toi, tu es parvenu à son sommet où un étrange lac rayonne de mille couleurs pour revenir avec l’Armillaire de Chronos.
_ Comme vous l’aviez vous-même pensé Seigneur Apollon, le lac est toujours endormi et l’artefact secret était libre d’accès. »
Piétinant sans gêne quelques fleurs que les prêtres de son temple entretiennent sans cesse, Apollon arbore l’objet mystérieux en direction du ciel et affiche une expression sournoise : « Désormais, plus rien ne pourra se mettre en travers de ma route. L’astrolabe sphérique que Chronos gardait à portée de main, pour le jour où il affronterait Zeus, est entre mes mains. Si mon plan échoue et que Zeus ne parvient pas à se défaire de l’affection qu’il a pour Athéna et les hommes, alors l’Armillaire le retiendra prisonnier et lui dévorera la vie. »


Ramené sur la rive de la forêt mexicaine par le courant, Mei revient peu à peu à lui.
Sa vision est floutée par un voile rouge, issu du sang qui s’échappe avec abondance d’une plaie frontale résultant de sa chute.
Il distingue à côté de lui deux animaux morts, certainement pour les mêmes raisons que lui est mal en point.
Cela n’empêche pas le ronron d’un autre jaguar qui s’approche de lui depuis la terre ferme. L’animal au pelage humide grogne si fort qu’il couvre le bruit de l’écoulement de l’eau.
Derrière Mei, trois autres animaux nagent en approche.
Sur le sol marécageux, l’approche saugrenue de Cuetzpalli confirme les doutes que Mei avait à son propos : « Alors tu es un Jaguar ? »
En guise de réponse, il se raidit et libère de longues canines qui remplacent ses dents. Des poils jaillissent sur toute la surface de son corps pour lui attribuer un pelage tacheté. Sa masse corporelle se développe légèrement mais arrache malgré tout le pagne qui fait le tour de sa taille. Ses ongles deviennent griffus et seule sa crête subsiste au sommet du crâne de ce personnage atypique.
_ « Je vois, vous pouvez vous transformer à tout moment.
_ Pour les Jaguars les plus assidus dans la maîtrise du cosmos, il est facile d’enclencher le processus dans les deux sens et ainsi n’être revêtu de son Nahual qu’en cas de nécessité. »
Malgré sa mauvaise posture, Mei garde le sourire : « Dans ce cas, je ne me sentirais pas coupable en appelant à moi ma Cloth. »


Plus loin, à Icnoyotl, toujours endormis sous la chaleur du soleil désormais bien haut dans le ciel, Nicol et Iuitl profitent de ces instants câlins.
Lorsque soudain, depuis la taverne, une étoile jaillit par la fenêtre de la chambre de Mei.
Le Grec revient aussitôt à lui et réveille Iuitl dans son sursaut : « Mei ! Son armure ! Elle est partie en direction de la forêt ! »
Alors que ses yeux s’habituent difficilement à la lumière du jour, Iuitl bougonne : « De quoi parles-tu ?! »
Le Saint d’argent pointe du doigt le chemin emprunté par la Cloth de son compagnon : « Dans cette direction ! La forêt ! Sais-tu où elle mène ? »
L’autochtone se mordille d’inquiétude ses lèvres charnues : « Je suis née dans ce village et n’en suis jamais sortie en raison du danger. Encore plus ces derniers temps. »
Malgré tout, la décision du chevalier d’argent est prise : « Tant pis, j’y vais ! »
La jeune femme blonde coiffée de plumes noires le retient par le bras : « Je t’en prie, laisse-moi venir avec toi ! »
N’ayant pas de temps à perdre, Nicol se résigne et la prend à bras avant de s’engouffrer par de grandes enjambées dans la jungle…


Là-bas, encerclé, Mei s’élance dans les airs pour recevoir la protection de sa Cloth.
Celle-ci, d’un gris oscillant entre teintes claires et plus profondes, habille parfaitement ses frusques usagées. Son diadème couvre sa plaie, tandis que le cosmos libéré par l’armure revigore le chevalier de la Chevelure de Bérénice.
Devant la beauté du spectacle, Cuetzpalli n’en reste pas moins confiant. Il passe sa longue langue pendue tout autour de ses babines et ordonne à ses compagnons : « Allez-y mes fidèles protecteurs ! Faîtes-lui rendre gorge ! »
Cette fois-ci, Mei ne se laisse plus surprendre.
Malgré ses côtes gauches brisées et son bras droit lacéré, le Saint de bronze esquive un à un les quatre derniers animaux : « Ça suffit Cuetzpalli ! Je ne souhaite pas faire du mal à tes bêtes domestiques. Affronte-moi d’homme à homme… Si je puis dire… »
L’ironie de son ennemi agace davantage l’autochtone.
Il écarte ses bras pour appeler en lui toutes ses forces : « Je vais te faire ravaler tes sarcasmes : Thunderbolt Fang ! »
A peine le Mexicain achève sa phrase que le tonnerre gronde, couvrant le cri de détresse de Mei projeté dans l’eau d’où il est sorti.

Couché au fond du fleuve, le Japonais sent une profonde douleur sous sa poitrine dont l’armure est ébréchée : « Incroyable. Comme si ses crocs avaient invoqué le tonnerre, j’ai été frappé par la foudre. »
Brusquement, il sent sa jambe être happée vers la rive.
Les crocs plantés dans l’armure, un des jaguars ramène sa proie à son maître.

Sur la rive, Cuetzpalli caresse l’animal docile : « Merci à toi. Je l’ai volontairement laissé en vie pour que vous puissiez avoir le plaisir de le dépecer vivant. Allez-y, régalez-vous de sa chair ! »
Les quatre félins obéissent sans hésiter et se précipitent sur le garçon aux cheveux argentés.

Convaincu de sa victoire, le serveur, l’un des deux espions envoyés par le prête Icnoyotl, tourne le dos à son adversaire.
Pourtant, quelques couinements lui font réviser son jugement.

Derrière lui, les animaux sont soulevés par de fins filaments.
Ceux-ci sortent des mains de Mei qui reprend position, tout en gardant prisonniers autour de lui les bêtes enragées : « Je t’avais dit de laisser tes matous hors de ça. »
Il les balance un à un contre Cuetzpalli qui les évite sans chercher à leur épargner une chute brutale.
Agacé, le Jaguar prend les devants, suivi de sa troupe : « Je vais te faire fermer ton clapet : Thunderbolt Fang ! »
Mei passe ses mains devant lui comme pour faire écran.
Il libère des cheveux qui forment un bouclier dont les filaments se plantent dans le sol : « Lost Children ! »
Les Crocs du Tonnerre échouent contre la barrière de Mei qui sert de paratonnerre.
Mei libère après coup une vrille de fils qui menace Cuetzpalli.
Le Jaguar, d’un habile déhanché, empêche son c½ur d’être transpercé.
Cependant, c’est son épaule qui est traversée.
Après avoir percée l’épaule du guerrier de Tezcatlipoca, la vrille libère ses milliers de cheveux pour transpercer de part en part les animaux acharnés.
A une vitesse incroyable, Mei est parvenu à contrer l’attaque de son adversaire, à riposter et à tuer dans d’atroces souffrances les quatre jaguars.
_ « Sans mon entraînement à Jamir, je n’aurai jamais réussi un tel exploit. Et encore, je n’ai pas réagi à la vitesse de la lumière, affirme au fond de lui le chevalier. »
Essayant de contenir l’hémorragie de son épaule gauche, Cuetzpalli garde la main droite contre.
Ses babines remontent pour arborer ses crocs menaçants : « Tu vas payer pour avoir tué mes jaguars.
_ Tu ne peux en vouloir qu’à toi-même. Je t’avais demandé de faire partir tes gros minets. De plus, trop confiant, tu m’as dévoilé ton arcane sans la déployer au maximum de son potentiel. Hélas, une attaque ne marche jamais deux fois contre un chevalier averti. Mes fils plantés au sol me servent de paratonnerre. Ils absorbent le choc de ta technique. »

Refusant d’abdiquer malgré tout, Cuetzpalli fonce sur Mei. Celui-ci pare la droite du thérianthrope et tire, grâce à sa main libre, sur sa langue pendue pour amener son visage contre le sien et le frapper d’un coup de tête en plein museau.
La truffe en sang, la langue arrachée, Cuetzpalli réussit malgré tout à rappeler à Mei que c’est proche de la mort qu’un animal s’avère être le plus dangereux.
Grâce à une charge violente, il repousse le Japonais à l’eau.
Baignant jusqu’aux genoux, il réalise trop tard le stratagème de Cuetzpalli, qui déclare avec difficulté : « Un paratonnerre ne te servira à rien dans l’eau. Je vais mettre toute ma vie dans cette ultime tentative : Thunderbolt Fang ! »
Mei se contente de tisser un seul lien entre lui et Cuetzpalli : « En effet. Mais je suis persuadé que je résisterai mieux que toi, quoi qu’il arrive : Lost Children. »

Un simple fil permet de conduire la foudre invoquée par les Crocs du Tonnerre de Cuetzpalli.
Les dents serrées, les yeux plissés, Mei encaisse et garde en ligne de mire Cuetzpalli.
Plus le Jaguar libère d’énergie, plus celui-ci en ressent les effets.

Comme prévu, Cuetzpalli s’écroule en premier, mettant fin au calvaire du chevalier.
Le corps anthropomorphe, lourdement encastré dans le sol boueux, libère encore la fumée indiquant le triste état de ses organes carbonisés.

Malgré l’eau et ses blessures antérieures, Mei, lui, s’extirpe de l’onde, la tête baissée et le pas lent.
Sur la rive, il se laisse tomber à genoux.
_ « Ce combat aura été un bon test. En plus de la puissance et de la maniabilité de ma technique, j’arrive à adopter différents stratagèmes instinctivement en plein combat. Et ma résistance, même mise à rude épreuve, est bien plus grande elle aussi, se félicite-t-il. »

Inopinément, le sol tremble progressivement tandis qu’un grognement approche.
De derrière les fougères, arrachées d’un simple mouvement de bras, surgit le premier Jaguar auquel ont été confrontés Mei et ses amis à leur arrivée au Mexique.
Les oreilles, les poignets, les chevilles et la queue affublés d’ornement aztèques, Titlacauan, le lieutenant de Tezcatlipoca, couvert d’un pagne retenu à la taille par une ceinture en or, a le regard sévère : « Comme on se retrouve étranger ! »
Mal en point, Mei grimace à l’idée de combattre un lieutenant du dieu ennemi dans son état.
Malgré tout, il ne perd pas son ton provocateur : « Tu m’étonnes, grosse peluche. On peut dire que tu tombes à pic. »
La voix grave et ronronnante de Titlacauan n’apprécie guère les railleries de Mei.
Tout en retournant sur le dos Cuetzpalli, il le provoque : « Même s’il avait la langue bien pendue, Cuetzpalli n’avait pas une aussi grande gueule que toi. Je suis surpris de voir qu’un simple guerrier Jaguar ait pu te mettre dans cet état.
_ Te fous pas de moi. On sait très bien tous les deux qu’il existe différents niveaux de puissance parmi vos guerriers Jaguars. Cuetzpalli n’était pas le plus mauvais. »
Tout en fixant avec colère le regard d’un Cuetzpalli agonisant, il maugrée : « Apparemment Cuetzpalli n’a pas su se taire. Comme à son habitude il a fallu qu’il t’en dise trop sur nous.
_ Il faut dire qu’il croyait pouvoir me vaincre facilement, flâne d’un air irrévérencieux Mei. Mais ce n’est pas avec une armée de chatons que vous viendrez à bout de moi. »
Face aux dépouilles des jaguars qui jonchent le sol, Titlacauan n’arrive plus à tolérer davantage de propos outrageants.
Sa force brute provoquant par le simple mouvement de son bras un puissant appel d’air, Titlacauan choisit d’envoyer un lourd coup de poing à un Mei abattu.

Miraculeusement, le coup est stoppé en pleine course par l’arrivée fortuite de Nicol.
Celui-ci reçoit dans la paume de sa main, la pénible pression exercée par le lieutenant.
Si puissamment que le sol s’affaisse et qu’il se retrouve comme Mei avec de l’eau jusqu’aux chevilles.

Abandonnée derrière un arbre, Iuitl se montre à son tour et passe ses mains avec émotions devant Cuetzpalli qui convulse. Elle reconnaît l’homme au pelage tacheté : « Oh mon dieu. Cuetzpalli… Que t’est-il… »

Au bord de l’eau, Nicol et Titlacauan ne bougent pas d’un pouce.
Toujours aux prises l’un contre l’autre, Nicol, d’une voix claire et posée, propose : « Sans remettre en question tes aptitudes au combat. Je doute que tu puisses faire le poids contre deux Saints. Même si l’un des deux est meurtri. Je te propose donc de rebrousser chemin. »

Soudain, une nouvelle voix, aiguë et perfide, libérée par une très large et très fine bouche aux dents longues et pointues, rejoint le groupe : « Ta clarté d’esprit et ton comportement me plaisent de plus en plus étranger. »

Depuis l’obscurité de la forêt, apparaît seul un homme mince, les épaules tombantes, le regard vicieux. Le fond blanc totalement imbibé de sang, ses petits yeux couleur feux témoigne une expression malsaine. Son visage est peint en horizontal de jaune et de noir, couleur symbole de sa tribu. Un bandeau de même couleur coiffe ses courts cheveux noirs, tandis qu’un anneau est accroché à son septum. Un large col en or encercle son torse par-dessus son châle vert.
Titlacauan abandonne aussitôt son opposition et incline légèrement sa tête : « Necocyaotl, Prêtre de Tezcatlipoca. »

Nicol profite du recul du Jaguar pour relever sous son bras Mei.

L’ecclésiaste continue : « Je vois que vous êtes de mieux en mieux renseignés sur nous. Je me demande jusqu’où cela nous conduira. »

Titlacauan retourne auprès de son supérieur qui utilise son écharpe rouge pour les enrouler tous les deux dans le but de les faire disparaître comme lors de leur première rencontre avec les Saints.
_ « Attendez, s’empresse Nicol !
_ Tut tut tut, souffle Necocyaotl… Ne sois pas pressé. Peut-être seras-tu l’ultime sacrifice fait au soleil avant que celui-ci ne nous offre un nouveau monde ? »
Les deux sujets de Tezcatlipoca disparaissent aussitôt.
Ils laissent à Nicol le loisir de repartir comme il est venu, en compagnie d’Iuitl.
Celle-ci totalement dépassé par les événements, est désemparée par la mort de Cuetzpalli.


Sur l’île où régnait il y a encore deux mois Hébé, la placidité règne.
A Yíaros, le peuple surmonte l’après-guerre avec le sourire, malgré la perte de leur déesse et de la quasi-totalité de ses chevaliers.
Malgré la tristesse, une étrange aura bienfaitrice domine toujours ce domaine, comme si la Déesse de la Jeunesse veillait toujours sur les siens.
A l’intérieur de son temple, le Parthénos, le vent de l’hiver s’engouffre dans les couloirs vides.
Les grandes portes sont ouvertes.
Il n’y a désormais presque plus âme qui vive.
Quelques soldats, de nouveaux et très jeunes gardes prenant la relève de leurs aînés décimés, nagent dans les tuniques marines et azures qu’ils ont récupéré.
Ils se réunissent dans l’immense palais pour déterminer les rondes et les actions à mener auprès du peuple.
_ « L’armée se reconstruit, fait résonner par la pensée d’¼dipe. »
L’Alcide aux multiples handicaps traîne ses immondes jambes aux côtés de Juventas, promue responsable de Yíaros après la tragédie qui a frappé les Hébéïens.
La jeune femme, fixant à travers son masque de femme chevalier les Joncs d’Athéna que Marin lui a confiée, répond avec amertume : « Crois-tu que cela sera suffisant pour contrer nos futurs ennemis ?
_ Athéna est revenue. C’est elle qui attirera les futures menaces, pas nous.
_ Contre des menaces comme Poséidon ou Hadès, elle saura faire face, seule. Mais contre l’Olympe, il faudra que tous ses alliés sur Terre s’unissent. Voilà pourquoi j’ai préféré dire au messager du Sanctuaire que nous reconnaissions Athéna comme l’une des notre, mais que nous préférions rester en retrait pour le moment. Je veux mêler le moins possible notre peuple à une nouvelle Guerre Sainte. Cependant, lorsque l’Olympe attaquera, ça ne sera pas Athéna qui sera visée mais l’humanité toute entière, Yíaros compris.
_ Du coup, crois-tu que garder les Joncs ici est une bonne idée ? »
Des cliquetis de chaussures sur le sol marbré du temple suspendent la discussion.

En toute liberté, reconnue ici comme une alliée, le Saint d’argent de l’Aigle rejoint les deux Alcides.
_ « Marin. Viens-tu chercher les Joncs d’Athéna ? Se pourrait-il que tu ais retrouvé la Chouette, espère Juventas ? »
_ Hélas non, déplore la Japonaise d’origine olympienne. Cependant, Pégase a été privé suffisamment longtemps de son Jonc. Je compte le lui remettre à son poignet. S’il parvient un jour à atteindre l’Illumination, Pégase pourra ainsi pleinement bénéficier de ses pouvoirs.
_ De quoi s’agit-il réellement ?
_ Je passe du temps depuis bientôt quinze jours au temple des prêtresses d’Athéna. Ce lieu regorge de lectures passionnantes. Il semblerait que le Jonc permet à Pégase d’appeler à lui sa véritable Cloth, sa Cloth originelle.
_ L’Illumination est un stade avancé qui est lié à l’Eveil, affirme le cultivé ¼dipe. L’Eveil est la fusion du cosmos avec l’univers. L’Illumination est la transformation de l’âme en un esprit combatif indéfectible. Ces phases caractérisent les dieux. Un humain ne peut espérer l’entrevoir s’il ne maîtrise pas totalement les septième et huitième sens.
_ Autrement dit, vu le niveau affiché lors de la bataille qu’il a mené, et l’état actuel dans lequel il est, Pégase est loin de pouvoir franchir ce niveau, en déduit Juventas.
_ La route qui l’attend est semé d’épreuves qui l’aideront peut-être à pousser sa détermination jusque-là, corrige Marin. »

Dehors, après quelques minutes de marche, les trois chevaliers regagnent le centre de l’île.
Là, une petite fille sort d’une maisonnette.
L’enfant, accompagnée de sa nourrice, trotte jusqu’à sa mère qui la prend fort dans ses bras.
Marin observe Juventas qui enlace sa progéniture : « Depuis la disparition d’Apodis, elle me réclame sans cesse des câlins. Elle se sent seule et manque sûrement de repères. J’ai du mal à concevoir qu’au terme de cette bataille, elle sera sûrement orpheline.
_ Beaucoup d’entre nous mourrons, c’est indéniable, reconnaît Marin. Mais ta fille, Agape, représente l’espoir des générations futures, qui conforteront la paix pour laquelle nous nous serons battus.
_ J’aurai tellement voulu qu’Apodis soit là. Il aurait eu les mots pour me réconforter. Il me manque tellement. Après la perte d’Iphiclès, je croyais que plus jamais je ne pourrai aimer un homme comme lui je l’aimais. »


Au Mexique, dans la cité de Citlali, Necocyaotl et Titlacauan débarquent devant la pyramide de Tezcatlipoca.
Ils approchent des tipis dans lesquels vivent les fidèles.
Le lieutenant marche en fixant d’un air suspect le prêtre.
_ « Tu aimerais t’entretenir avec moi Titlacauan, ressent Necocyaotl sans le dévisager ?
_ À vrai dire, votre attitude me perturbe. Avec notre Grand Tezcatlipoca, vous préférez ignorer la présence de ces Saints. Pourquoi donc ?
_ Ils sont très loin de localiser notre position et très loin de se douter de ce que nous tramons réellement. Aller les provoquer pourrait faire pencher la balance en notre défaveur.
_ Mais tout de même, il va falloir s’en méfier. Tout à l’heure, ce Nicol, lorsqu’il s’est interposé, j’ai senti un puissant cosmos en lui. De même que Mei, qui a parfaitement neutralisé Cuetzpalli. Ce Jaguar était un très bon élément et je crois ce chevalier lorsqu’il dit que ce combat était un test pour lui et qu’il n’avait pas donné tout ce qu’il a. Les éliminer au moment où ils ne s’y attendent pas seraient plus ingénieux.
_ Tu oublies que nous avons encore un espion à Icnoyotl. Lorsque nous frapperons contre eux, ne t’en fais pas, ils ne s’y attendront vraiment pas. »


Dans son temple, Apollon réajuste sa longue cape au-dessus de lui après s’être étendue dans un de ses nombreux sofas.
Assis au sol, à côté de lui, Roloi lui tend une coupe de nectar avec délicatesse.
Ses yeux d’un bleu aussi clair que celui du ciel de l’Olympe, suivent l’avancée d’une de ses semblables.
Grande, la poitrine généreuse libérée par une longue robe pourpre, qui lui serre sa fine taille et qui moule parfaitement son postérieur et le haut de ses cuisses, la Déesse du Mariage affiche du coin des lèvres un rictus de satisfaction. Le visage fin, les yeux larges, elle exprime à chacun de ses mouvements la supériorité divine dont elle se glorifie.
Sans un mot, en se positionnant dans les oreillers et les étoffes qui couvrent un banc de pierre, elle tend une main aux ongles vernis à la couleur de sa robe.
Aussitôt, d’autres serviteurs que Roloi se pressent de lui servir la même boisson qu’à leur maître dans une coupe en cristal.
_ « Quelle hospitalité, flatte Héra après avoir retirée ses lèvres pulpeuses du récipient ! Nous pouvons dire que nous sommes bien reçus dans la demeure du Soleil.
_ Que puis-je pour toi, se contente d’articuler le frère d’Artémis peu enjoué à la conversation ?
_ Me rassurer. Hestia, Héphaïstos et moi-même avons suivi ta machination, qui pour le moment s’est avérée être un succès. Pourtant, quelques événements inattendus auraient pu nous mettre en échec. Je pense au Jonc d’Athéna que tu avais confié à Hestia et qui a été récupéré par les Saints d’Athéna. Je ne sais pas si tu continues de suivre cela de près, mais il me semble également que le Pendentif de Zeus que nous avons subtilisé à l’Aigle il y a plusieurs années est convoité lui aussi par les Saints. Autrement dit…
 _ Autrement dit tu m’importunes pour rien, la coupe-t-il d'un ton impérieux. Depuis qu’il est notre le Pendentif de Zeus a été confié à un dieu mineur. Tezcatlipoca. Ce dieu m’a toujours glorifié. Le soleil est nécessaire à sa toute-puissance. Je confère au sceau qui retient prisonnière cette clochette une partie de mes pouvoirs. Cela permet d’accroître le cosmos de ce dieu mais surtout de renforcer sa fidélité. Ainsi, il défend ce sceau et, inconsciemment, ce qu’il renferme comme son culte le plus précieux. Lorsque je lui en donnerai l’ordre, il participera à pousser Athéna à la faute. Et même s’il échoue, il sera trop tard pour ma chère petite s½ur. Le sort de la Terre est scellé.
_ Pour cela, faut-il encore qu’il garde le sceau suffisamment loin des Saints avant que tu ne lui donnes l’ordre de tout détruire.
_ Que veux-tu dire ? »
La plantureuse entité aux cheveux noirs tirés pour former un magnifique chignon, coiffés d’un diadème orné en son centre d’un rubis rouge écarlate, balance son verre au sol en méprisant du regard les serviteurs qui se précipitent pour nettoyer. Elle quitte le temple en déclarant : « Inquiète-toi un peu plus de ce qui se passe sur Terre ! Les Saints approchent chaque jour un peu plus de Tezcatlipoca. Et ils pourraient réussir à l’atteindre plus vite que tu ne l’as prévu. Nous t’avons suivi corps et âmes dans cette conspiration, ne nous fait pas tomber. »
Pendant qu’elle s’engage en dehors du palais, l’une des plus puissantes déesses de l’Olympe est soudain immobilisée.
Tétanisé, l’angoisse rend son visage plus vulnérable. Plus humain.
L’incompréhension qui la gagne trouve très vite une réponse. 
Alors qu’elle lui tournait le dos, Apollon apparaît devant elle depuis les airs, comme s’il s’était téléporté.
Pendant que sa longue cape retombe sur le sol, il attrape entre ses mains la gorge de la mère d’Héphaïstos et la presse légèrement en exprimant un certain sadisme : « Héra. Je n’ai pas eu besoin de te pousser dans mon complot. Ta haine envers les hommes et ta jalousie pour Athéna ont été suffisantes. Dorénavant je m’appliquerai à mieux suivre les actes de Tezcatlipoca. Mais avant ça, je tiens à veiller que tu n’oublies jamais que je te suis supérieur. Et que tu me dois le respect. »
Habituellement si orgueilleux, les yeux d’Héra expriment une profonde frayeur et une sincère docilité.
Du mieux qu’elle peut, elle remue la tête pour affirmer son allégeance.
Enfin, elle reprend instinctivement son souffle, lorsque le fils de Zeus la relâche.
Accroupie, affaiblie, elle se sent craintivement soumise devant ce géant qui la domine par son imposante carrure et son regard impassible.
_ « Tu peux partir à présent. La prochaine fois que tu viendras trouver ma demeure tu y seras invitée. Tu ne fouleras plus ce sol autrement. »


De retour à Icnoyotl, dans l’auberge, à l’intérieur de la chambre de Nicol, Mei est assis sur le coin du lit.
Il garde son franc parlé malgré les blessures : « Ils s’amusent avec nous. Nous sommes un passe-temps, lorsqu’ils ne butent pas des gens pour calmer leur histoire de soleil. »
Circonspecte, Yulij déplore les blessures de son amant.
Alors qu’elle rentre dans la pièce avec des linges, du coton et de l’alcool pour désinfecter et soigner les plaies de son camarade, Médée surenchérit : « Mei n’a pas tort. Sans quoi ils auraient très bien pu nous attaquer depuis longtemps.
_ Oui Médée. Ils doivent certainement vouloir poursuivre leur activité sans qu’on y nuise, suspecte Yulij.
_ Et cela doit fonctionner sans quoi nous serions déjà morts, grimace Mei à mesure que la Muvienne panse ses plaies.
_ Qu’est-ce qui te fait dire ça, réagit d’une voix douteuse Nicol ?
_ Enfin, c’est évident. Cuetzpalli qui était tout proche de nous depuis notre arrivée était un espion. Pourtant, il n’a cherché à me tuer que lorsque je l’ai découvert. Tant qu’ils ne nous attaquent pas, c’est que nous sommes sur une fausse piste ou que nous sommes loin d’eux, explique Mei d’un ton amer.
_ Tu suggères qu’il y a d’autres espions, suppose Yulij ?
_ J’en suis persuadé. Il n’y a qu’à voir la copine de Nicol !
_ Pardon, réagit malaisément Nicol ?!
_ Cela ne te semble pas bizarre que malgré sa transformation, elle a réussi à reconnaître Cuetzpalli. Surtout qu’il était dans un sale état.
_ Avec la crête qu’il portait sur la tête, quoi de plus normal que de le reconnaître ?
_ Ne te fous pas de moi ! Elle était complètement bouleversée par sa mort !
_ C’était son collègue, son ami ! Ils sont tous les deux originaires de ce village ! Normal qu’elle soit affectée !
_ Elle t’a surtout tapé dans l’½il oui !
_ On va se calmer, dit Médée pendant qu'elle serre les bandages de Mei pour le faire baisser d’un ton ! Cela ne sert à rien de monter sur nos grands chevaux. Vu le stade où nous en sommes, toutes les pistes, même les plus improbables, sont possibles. »
Acerbe, l’élève de Deathmask préfère quitter la chambre.
Comme à son habitude, il ne manque pas de défier le Saint d’argent : « Ça fait combien de temps que nous sommes ici ? Deux semaines ? Si ce n’est pas encore fait et que tu ne comptes pas te servir d’elle pour notre mission, alors tape-la toi et cesse de perdre ton temps avec cette serveuse ! Elle pourrait nous attirer des emmerdes ! »
Les propos de Mei soulèvent la face cachée de l’homme raffiné qu’est Nicol.
Le Grec sort de ses gonds.
Il se jette sur Mei qui peut compter sur les réflexes conjugués de Médée et Yulij.
Après quelques tentatives d’intimidations avortées par les femmes, les bousculades cessent lorsque Mei claque la porte.

Dans le couloir, sur la mezzanine qui surplombe le rez-de-chaussée de la taverne, Mei reconnaît à sa robe rouge foncé dédoublée avec audace haut sur la cuisse la jeune femme à l’origine de sa querelle avec Nicol.
Assise sur le plancher vétuste, Iuitl qui a tout entendu de leur conversation recroqueville ses jambes jusqu’à son visage pour camoufler son chagrin.
Impitoyable, le Japonais n’en démord pas : « Es-tu satisfaite ? Ton plan marche à merveille, tu sèmes la zizanie dans notre groupe. Mais dis bien à tes Jaguars qu’il en faudra plus pour vaincre les Saints d’Athéna. »
Malgré son affliction, Iuitl garde son caractère bien trempé : « Je ne comprends rien à ce que tu racontes, espèce de cinglé ! »
Aussitôt, sortant d’une chambre voisine, du linge sale sous les bras, Ichtaca, le tenancier au visage marqué par une griffe sur l’½il gauche, s’indigne : « Est-ce une façon de s’adresser à une dame ?! Si je tolère votre présence ici, étrangers, c’est parce que vous payez. Et si tu es encore dans ce lieu aujourd’hui, tu le dois à la sympathie de tes amis. Ne l’oublie jamais. »
En regagnant sa chambre, Mei tourne le dos à Ichtaca pour lui signifier tout son mépris : « Je ne l’oublie pas. Comme je n’oublie pas que tu as été à une certaine époque un Jaguar. »

A l’intérieur de la chambre de Nicol, la colère de ce dernier s’amenuise.
Tous ont observé le silence pour suivre les propos échangés entre Mei et les Mexicains dans le couloir.
Comme il la considère comme sa s½ur, Yulij en profite pour préciser à Nicol : « Il n’a pas tort tu sais. Aussi bien toi que nous, nous nous sommes alertés tardivement du danger qui guettait Mei aujourd’hui. Nous nous laissons entraîner par les fêtes ou par nos sentiments au détriment de notre mission. Si tu ne t’étais pas réveillé brusquement tout à l’heure, qui sait ce qui serait arrivé à Mei ?
_ Yulij a raison, déplore Médée. Que nous profitions du cadre et de la gentillesse de nos hôtes, c’est une chose, mais il va falloir nous recentrer sur notre devoir. »
Les deux femmes quittent la pièce en laissant la porte grande ouverte.
En sortant, elles préfèrent ignorer la présence d’Iuitl, tandis que Médée se contente de passer affectueusement sa main sur l’épaule d’Ichtaca, pour lui rappeler sa toute confiance en lui.

Seul, Nicol se positionne sur son lit.
Il saisit son visage entre ses mains. Torturé par ses sentiments et par le constat d’échec qui lui fait face.
Devant lui, accablée devant l’encadrement de la porte, Iuitl implore sa confiance en le regardant tristement…


En Grèce, le jet qui a permis à Seiya et ses camarades de se rendre au Sanctuaire vole au-dessus de la mer Egée.
Installés à l'intérieur, Saori et les Saints de bronze profitent d’un voyage calme.
Contrairement à son c½ur agité, la mer Egée, que Saori contemple, brille doucement dans des tons vert émeraude.
Assis à la place de ses protecteurs qui ont fait le chemin aller avec elle, Jabu, Ichi, Nachi, Ban et Geki semblent aux yeux de la jeune fille de bien maigres lots de consolation.
Son âme de déesse se refuse pourtant à de tels discernements.
Malgré tout, son caractère de jeune femme ne peut s’empêcher de confronter les deux groupes de Saints de bronze.

Plus loin, devant, Tatsumi se chamaille avec Kiki qui refuse de reposer la télécommande de la télévision installée dans l’avion. Leur querelle oblige malgré lui Kiki à presser une touche.
Aussitôt, la diffusion des vidéos prises pour la Fondation Graad des Galaxian Wars focalise l’attention de tous les voyageurs.
Bien vite, Ban, Geki, Ichi puis Nachi, baissent honteusement la tête en revoyant leurs défaites.
Cependant, la Licorne reste fière.
Avec détermination, il brise le silence que ses camarades et lui-même se sont imposés depuis le début du voyage par respect envers l’affliction de Saori : « Athéna, il est vrai que notre parcours dans ce tournoi a été pitoyable. Toutefois, nous n’avons pas à rougir de nos défaites. Elles nous ont permis de nous rappeler que notre rôle est de chaque jour perfectionner nos techniques pour mieux vous servir. Grâce à cela, nous avons pu nous entraîner de nouveau et revenir plus fort auprès de vous. Et même si nous sommes loin du niveau de nos camarades, sachez que nous tous ici sommes prêts à mettre nos vies en jeu pour vous honorer. C’est pourquoi nous avons profité de ces quinze derniers jours au Sanctuaire pour demander à Aldebaran du Taureau de nous entraîner ! »
La bravoure et la fidélité de Jabu rappelle à la responsable de la société de Mitsumasa Kido qu’il y a encore six mois, elle était heureuse de pouvoir s’appuyer sur cet homme, qui était bien un des seuls à la reconnaître malgré son mépris constant.

La splendeur d'innombrables étoiles va bientôt éclairer doucement le ciel nocturne.
A l’intérieur de l’avion, Saori choisit de s’inquiéter autant de la présence de ses nouveaux anges gardiens que s’ils avaient été ses précédents. Car c’est tout ce qu’elle peut offrir de mieux à ces hommes qui ont foi en elle.


Plus bas, dans le centre du Sanctuaire, là où la ville d’Honkios débouche vers les marches des douze temples du zodiaque, l’heure est au recueillement.
Juste avant d’emprunter la montée vers le temple du Bélier, le sentier qui conduit au cimetière des Saints est particulièrement usité depuis ces quinze derniers jours.
Le mausolée où reposent les Saints d’or tombés au combat est encerclé de fleurs et diverses offrandes laissées par le domaine sacré tout entier.

En face, assis les jambes croisées sur un rocher, Milo reste contemplatif malgré la nuit tombée.
Son regard est vague.
Ses yeux ronds.
Ses pensées nostalgiques.
_ « Camus, déplore-t-il hagard… Tu auras tenu ta ligne de conduite jusqu’au bout… Si ton disciple s’en remet, gageons que cela lui serve à prendre un jour ta relève pour en faire un Saint aussi digne que toi, mon ami, mon frère… »

Soudain, les exclamations d’une voix maladroite en train de se ressaisir le ramènent à lui.
Dans son dos, trébuchante après avoir roulée le pied sous un caillou, l’indiscrète Shoko le rejoint.
Comptant sur un entraînement plus assidu depuis que Marin a rejoint les prêtresses, elle s’épargne une chute ridicule, mais n’en mène pas large pour autant devant le charismatique Scorpion qui la toise du haut de son rocher.
_ « Oups, dit-elle en tirant honteusement la langue.
_ Que viens-tu faire ici, lui assène-t-il d’un ton ferme ?
_ Oh… Euh… Je suis désolée, perd-elle immédiatement son entrain devant une réaction qu’elle aurait espéré plus cordiale, je venais simplement me recueillir comme chaque fois que j’ai la permission de quitter le temple des prêtresses. Je sais, c’est un peu ridicule, mais puisque c’est ici que ma s½ur a choisi d’abandonner son humanité pour accepter d’être Eris, c’est pour moi aussi l’endroit où nous avons perdu Kyoko, confesse-t-elle gênée et mélancolique. »
Suite à sa sauvage réaction, Milo regrette et se réceptionne alors face à elle.
Tête baissée, elle constate son approche grâce à l’éclat de sa Cloth d’or dans la nuit.
Sans rien dire, il lui saisit le menton pour l’obliger à redresser son minois embué de chagrin.
_ « J’ai été grossier. Veille à m’en excuser si tu le veux bien. »   
Sans attendre, il tourne les talons pour repartir rejoindre son temple.

C’est alors qu’avec précipitation, il sent Shoko le rejoindre et se plaquer fermement contre son dos en le serrant fermement par la taille.
Derrière lui, le visage niché dans sa cape, elle demeure incapable de trouver les mots.
Néanmoins, devinant l’émoi que suscitent les douloureux souvenirs de leur rencontre ici, Milo ressent aussi le lien fort qui les unit, après ce qu’ils ont traversé ce jour où Eris a réapparu sur Terre.
Se défaisant de l’étreinte en lui ôtant les mains, il se retourne vers elle pour croiser son regard et l’enlacer à son tour.
Malgré la Cloth qui les sépare, Shoko ressent alors une immense chaleur et une profonde passion par ce geste.

Pendant qu’il se détache enfin d’elle pour rentrer chez lui, il ne remarque pas au loin, venue fleurir la mémoire d’Aphrodite, le père de son fils, Myrrha, restée jalousement dissimulée sur le flanc du sentier…
Toujours fâchée envers Milo, il n’en faut pas plus pour qu’elle abandonne de colère les fleurs sur le chemin et qu’elle tourne les talons…


Au Mexique, dans le village d’Icnoyotl, la nuit est rythmée par les claquements de mains et de pieds qui accompagnent la musique jouée dans la taverne.
Comme chaque soir, la fête bat son plein entre locaux et visiteurs.

Couché sur son lit, Mei écrase ses oreilles avec ses oreillers : « Crois-tu qu’ils cesseront un peu leur bordel ?! J’aimerai dormir ! »
Remuant sur le matelas, secouant par la même occasion son bougon d’amant, Yulij gesticule au rythme de la musique tout en tortillant ses cheveux blancs entre ses doigts.
Ses grands yeux amoureux s’illuminent, lorsqu’elle s’affaire à ennuyer davantage le grincheux personnage.

Dans la pièce d’à-côté, Médée trempe un linge dans la bassine d’eau qu’on lui a fait venir. Elle le glisse au creux de sa poitrine comme elle le fait sur le reste de son corps nu.
Son visage, à découvert, accepte ces quelques gouttes agréables qu’elle s’amuse à faire tomber sur son front, entre les deux points qui permettent d’identifier ses origines muviennes.
Cependant, son esprit n’en reste pas moins préoccupé par les événements de la journée : « Même s’il a un rôle incontestable de meneur, Nicol s’expose à certaines déconvenues s’il ne s’inquiète pas plus de ses fréquentations. En même temps, j’accorde également beaucoup de confiance à Ichtaca. Suis-je entrain de me tromper moi aussi, s’interroge-t-elle ? »

La chambre accolée à la sienne est vide.
Après les propos tenus, Nicol a choisi de la déserter pour la soirée.
En retrait de l’euphorie qui retentit dans les mètres alentours, le Saint d’argent s’est reclus à l’autre bout du village, dans les ruelles sombres, en compagnie d’Iuitl.
_ « J’espère qu’Ichtaca ne t’en voudra pas trop que tu t’absentes comme ça en, pleine soirée.
_ Vu mon chagrin, je pense qu’il me pardonnera.
_ Je suis vraiment désolé pour Mei. Il parait bourru comme ça mais c’est un…
_ Oui, je sais. Mais à ce que j’ai pu voir et comprendre aujourd’hui, vous êtes ici pour vous battre.
_ Pas vraiment. Le combat est une nécessité lorsque le dialogue ne permet pas d’avancer. Si nous sommes ici, c’est parce que la paix de la planète en dépend.
_ Que veux-tu dire ?
_ Je ne peux pas t’expliquer davantage. Après tout, je suis un Saint et toi tu ignores tout du monde dans lequel j’évolue. N’est-ce pas ? »
Le timide hochement de tête de la blonde aux cheveux agrémentés de plumes noirs rassure Nicol sur les intentions de son amie.
_ « Seulement, insiste-t-elle tout en prenant une mine décontenancée, Cuetzpalli est mort. Et demain ce sera peut-être toi. Ou d’autres amis à moi. Voilà pourquoi je préférerai ne pas m’attacher. »
Elle lui tourne le dos pour cacher son affliction.
Ne sachant comment la réconforter, il pose ses mains fermes sur les petits biceps d’Iuitl dont l’un est agrémenté d’un brassard tressé. La chaleur réconfortante d’Iuitl fait battre son c½ur encore plus vite que la cadence qui résonne ici depuis la fête.
_ « Je comprends bien. Voilà pourquoi jusqu’à présent je n’ai pas voulu me montrer trop entreprenant. J’espère ne pas te brusquer.
_ J’avoue que m’endormir en pleine rue après une nuit de fiesta je n’avais encore jamais fait, lui sourit-elle de ses lèvres charnues en faisant volte-face.
_ Peut-être la prochaine fois accepteras-tu de me suivre dans ma chambre, tente-t-il timidement ?
_ Je vais attendre encore un peu, tapote-t-elle avec ses doigts le torse fermement taillé de Nicol. Si c’est pour être réveillée de façon aussi brusque que ce matin, tu comprendras que je préfère m’en tenir là. Allez, le tire-t-elle en direction de la taverne en sautillant ! Allons nous amuser en attendant ! »
_ Je vais attendre encore un peu, tapote-t-elle avec ses doigts le torse fermement taillé de Nicol. Si c’est pour être réveillée de façon aussi brusque que ce matin, tu comprendras que je préfère m’en tenir là. Allez, le tire-t-elle en direction de la taverne en sautillant ! Allons nous amuser en attendant ! »