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Topic Summary

Posted by: Kodeni
« on: 7 February 2021 à 15h13 »

Chapitre 69

Au Sanctuaire, Athéna poursuit sa marche dans l’ensemble du royaume pour signifier son triomphe à son peuple.

Dans le bourg autrefois habité par Apodis et sa famille, Paesco, le calme est retombé après le passage de la Déesse de la Sagesse.
Chez elle ici depuis son arrivée au Sanctuaire, Marin retrouve son modeste logis qu’elle a partagé durant des années avec Seiya.
Comme pour les gardes qui cessent de suivre la Déesse de la Sagesse à mesure qu’ils gagnent les lieux de leurs affectations, Marin a choisi de quitter les rangs pour regrouper quelques affaires, avant de prendre ses fonctions au temple des prêtresses comme le lui a demandé Athéna.
Le temps de la convalescence de Pégase sur qui elle doit continuer de veiller, elle achèvera la formation des aspirantes Saintias. 
Elle tourne dans cette minuscule demeure aux sols et aux murs faits de pierres.
Son regard s’attarde sur un tableau où est accroché le poster de l’anatomie humaine.
Elle reste les yeux rivés dessus et retire son masque pour libérer son visage éreinté par les derniers événements : « Seiya… Tout s’est déroulé tellement vite depuis ton départ, que je n’ai encore rien rangé du matériel qui me permettait de te donner des cours. »
Une voix empreinte d’une affection profonde fait sursauter la jeune femme : « Qu’a-t-il bien pu se passer depuis ce départ ? Je ne t’ai plus revu depuis que tu es partie au Japon en compagnie de Misty. »
La Saint d’argent se tourne, pour mieux profiter de la beauté de l’homme qui vient de faire irruption chez elle.
Malgré leur rupture il y a un an et demi, ils n'ont jamais cessé de penser à l’autre. Et l’opportunité de se retrouver seul avec celle qu’il aime était trop tentante pour Aiolia.
Le Grec aux cheveux châtain clair décrispe son visage dur, pour laisser émerger un timide sourire envers l’Aigle de Zeus. Ignorant tout de l’origine de Marin, il espère que celle-ci puisse lui en dire plus en répondant à sa question.
Néanmoins, elle préfère inverser les rôles.
_ « Tu sembles t’être bien remis de ton combat face à Seiya ?
_ Il est vrai qu’il est parvenu à m’asséner plusieurs coups durant notre affrontement. Malheureusement, je n’étais pas moi-même à cet instant.
_ Athéna a accepté que tu cesses de l’accompagner ?
_ A vrai dire, j’ai prétexté vouloir m’assurer que les prises de fonction des nouvelles unités de soldats se fassent comme il faut pour m’attarder ici.
_ Une vraie tête brûlée. Tu ne changeras donc jamais. »
L’expression charmée de Marin ne passe pas inaperçue auprès du Lion qui se précipite devant elle pour lui cramponner les mains. Il profite qu’elle ne porte pas son masque pour lire dans ses yeux et voir à quel point elle l’aime toujours. Espérant en tirer profit, il lui déclare sincèrement : « Maintenant qu’Athéna est parmi nous, peut-être pourrions nous lui demander sa bénédiction ? »
Sachant cela impossible après les révélations qu’elle a faites, Marin prétexte : « As-tu envisagé la même chose avec la défunte Naïra Saint de bronze de la Colombe ?
_ Nous étions séparés et le contexte était nettement différent.
_ Crois-tu qu’il l’est aujourd’hui ?
_ Athéna est revenue. La paix va pouvoir perdurer. Et… Et moi je n’ai jamais cessé de t’aimer.
_ La paix est éphémère, tu le sais tout autant que moi. D’autres dieux se montreront. Quand à nous, tu sais que malgré tout l’amour qu’on peut se porter, c’est impossible. »
Le chevalier d’or refuse d’entendre raison. Il tire fort contre lui Marin, à tel point que leurs deux Cloths s’entrechoquent. L’enserrant fermement avec son bras droit dans le creux du dos, il l’approche à chaque seconde un peu plus de lui.
La pression accumulée par les dernières batailles, ainsi que le manque d’affection de ces derniers mois pèsent dans la décision de Marin. Inexorablement attirée par cet amant pour qui son c½ur bat la chamade, elle hisse son mètre soixante-sept jusqu’au mètre quatre-vingt-cinq du frère d’Aiolos. Très vite, elle recouvre cette sensation chaude et humide qui la parcoure en reconquérant les lèvres d’Aiolia. Quelques baisers délicats suffisent à délier leurs corps.
A mesure que leurs langues se caressent lors de suaves mouvements, ils défont l’un l’autre, morceau par morceau, les pièces métalliques qui plus d’une fois leurs ont portés assistance.
Pendant que leurs mains parcourent le corps de l’autre sous leurs tuniques, Marin s’appuie à son tour contre lui pour le forcer à s’allonger sur l’épaisse table en bois où Seiya s’endormait durant les leçons qu’il recevait.
Le dominant en cet instant, elle installe ses sommaires cinquante et un kilos sur son bassin pour mieux se pencher et lui dévorer le buste. Partant de ses pectoraux en acier trempé, elle descend peu à peu tout le long de son torse jusqu’à sentir sous ses lèvres chaque cran de ses abdominaux. Pendant que ses mains continuent de plonger plus bas sous ses vêtements, elle réussit à murmurer : « Quoi qu’il puisse se passer, cet instant que nous partageons est bel et bien le dernier. »
Couché sur le dos, passant ses mains dans ses cheveux, partagé entre le plaisir intense des baisers langoureux qui s’approchent de son intime anatomie et la détresse de perdre celle qu’il aime, Aiolia ferme les yeux…


Bien plus loin, Athéna est enfin arrivée au dernier village du Sanctuaire, celui situé le plus au sud, Rodorio.
Malgré les kilomètres effectués pour traverser tout le domaine sacré, la journée a semblé relativement courte à Athéna.
_ « On dit de Rodorio qu’il s’agit d’un village reconstruit sur les vestiges des remparts du sud, raconte une jeune femme qui accueille la Déesse en lui tendant un bouquet de fleurs. C’est le lieu du domaine le plus facile d’accès. Les parois rocheuses qui empêchent quiconque dénué de cosmo énergie de venir au Sanctuaire sont moins capricieuses. Beaucoup de messagers et de Saints en mission passent par ici lorsqu’ils reviennent. »
Malgré son aspect frêle et fort juvénile, Saori reconnaît facilement que sa guide est bien plus âgée que les enfants qui l’accompagnent. Elle ramasse les fleurs aux pétales pourpres.
_ « Quelles sont ses fleurs ? Et comment dois-je vous appeler ?
_ Je me nomme Europe, Ô Athéna, s’agenouille la demoiselle aux grands yeux bleu ciel et à la légère robe blanche dont les bretelles sont nouées à hauteur des épaules. Et ce que vous tenez entre les mains sont des Clematis Niobe. »
Pensive pendant qu’elle observe le bouquet, Saori se contente de répéter à voix basse : « Clematis… Niobe… »
Elle s’accroupit pour se mettre à la hauteur de son hôte : « Et bien Europe, levons-nous. Et allons découvrir Rodorio ensemble. »

Dans le sillage d’Athéna et Europe, il ne reste désormais plus que les villageois de Rodorio et les Saints d’or.
Les gardes, les Saints de bronze et Shaina sont partis prendre leurs postes.
Pendant qu’elle présente les siens à Athéna, Aldebaran reste les yeux rivés sur Europe. Observateur, Milo vient glisser à l’oreille de son compagnon : « Jolie fille n’est-ce pas ? »
Le Brésilien croise les bras comme pour nier l’évidence : « Ah… Euh… Oui… Non… De qui parles-tu ? »
Cet instant de légèreté permet de dérider la caste la plus solennelle de l’armée de la Déesse de la Sagesse.
Néanmoins, pendant ce temps, ils ne remarquent pas derrière eux, rentrant dans l’habitation contre laquelle est accolée une échoppe, une femme aux cheveux courts, châtain clair aux reflets roux.

La démarche timide, cette belle villageoise, vêtue d’une robe jaunâtre ceinturée à la taille par un long ruban, progresse timidement, chaussée de ses spartiates.
Une fois à l’intérieur, elle se retrouve nez à nez avec un vieil homme rabougri et moustachu qui ajuste sur sa tête aux cheveux grisonnants un béret : « Et bien, tu ne vas pas voir Athéna ? Tu devrais pourtant. On dit qu’elle est capable de soigner les maux des gens. Peut-être pourra-t-elle faire quelque chose contre ton amnésie, Seika ? »
La recluse décline d’une faible voix l’invitation : « Malgré tout le bien que vous m'avez dit de cette divinité, je n’ose pas me présenter à elle. J’ai trop peur de faire affront en me présentant ainsi, faible et vide, devant une telle entité. »
Le vieillard, gonflé à bloc, s’engage dans le sens opposé à sa fille adoptive : « Et bien moi je compte bien pouvoir ne serait-ce que la voir. Qui sait, peut-être aurai-je la chance qu’elle soigne cette maudite arthrite ?! »

Ainsi, sans savoir qu’ils pouvaient rapprocher plus tôt Seiya de sa s½ur, les chevaliers achèvent leur journée.
Alors qu’ils reprennent la route des douze maisons du zodiaque, les habitants de Rodorio viennent les saluer.
Sans y prêter garde, Aldebaran, évoluant au sein de la foule pour rendre les hommages qu’on lui adresse, tombe face à Europe qui lui sourit timidement. Toute menue face à ce colosse aux joues rouges, elle ne se démonte pas.
_ « Merci pour votre visite Saint d’or du Taureau.
_ Oh… Euh… Appelez-moi Aldebaran.
_ C’est rare d’avoir la chance de recevoir d’aussi nobles visites que les vôtres.
_ Hum… Et bien… Je… Nous repasserons… Dans la mesure du possible…
_ Je crois que ce que cette brute au c½ur tendre n’arrive pas à vous dire, c’est que lui aussi serait très enchanté de vous revoir, se joint Milo taquin à la conversation. »
Revenu de son escapade amoureuse, Aiolia vient tirer par le bras le Scorpion, comprenant qu’il dérange son camarade du Taureau.
Pendant que les deux Grecs se chamaillent un peu plus loin, comme lors de leur plus tendre jeunesse lorsqu’ils affrontaient les Titans, Aldebaran se racle la gorge : « Ce qui est certain, c’est que lorsque je repasserai, je le ferai très certainement sans Milo. »
Malgré son assurance, la charmante paysanne commence à rougir en lui tendant une Clematis Niobe de sa petite main : « A bientôt dans ce cas. »
Il la cueille entre ses deux épaisses mains : « Oui. A très vite. »
A mesure que le cortège impérial s’éloigne, Europe reste les yeux rivés sur celui dont la joie de vivre et la gaucherie l’ont séduite. Deux de ses amies se pressent à ses côtés pour échanger d’un air mutin sur cette brève rencontre entre Europe et le gardien de la maison du Taureau.

Plus loin, derrière Athéna escortée par Mû et Shaka, Aldebaran, Aiolia et Milo traînent un peu. Le Scorpion continue de tourmenter son ami : « … et c’est ça qui est surprenant. Car si je me souviens bien, tu étais adepte des soirées organisées par Misty !
_ Pas du tout, se défend Aldebaran en espérant qu’Athéna n’entende pas ! Si j’y allais c’était pour boire un verre avec des amis et jouer aux cartes !
_ Hum… Ouais, ouais…
_ Je t’assure ! Demande à Aiolia ! Ça lui arrivait de s’y rendre parfois ! Il pourra te dire !
_ Houlà ! Ne me mets pas là-dedans moi ! Je passais simplement saluer quelques connaissances. Je n’ai rien à voir avec tout ça. D’autant plus qu'étant frère d’Aiolos, ma présence n’était pas toujours la bienvenue.
_ Et bien merci l’amitié ! Moi qui comptais sur toi pour m’accompagner la prochaine fois que j’allais à Rodorio !
_ Je peux venir moi si tu veux, propose Milo ?!
_ Certainement pas ! Je préfère encore y aller avec Shaka !
_ Là tu peux être certain que toute approche avec Europe sera anéantie dans ce cas, s’amuse Aiolia. Et puis Milo semble avoir fort à faire avec la petite prêtresse là, c’est comment son nom déjà ?! Shoko ?! »
Les rires des trois amis parviennent jusqu’au trio de tête.
Malgré le manque de révérence, Saori accepte de mettre ça volontiers sur le coup de la fatigue en cette fin de journée. Ces éclats de joie la font sourire et lui permettent d’oublier quelques instants sa peine de c½ur vis-à-vis de Seiya.
Mû et Shaka, nerveusement, se mettent à rire aussi, influencés par la décontraction de leurs pairs.


Dans la dimension qui surplombe la Terre, l’Olympe, la vie continue de s’écouler paisiblement dans le domaine des cieux.
Les villageois olympiens ne se soucient guère des événements sur Terre. Ces êtres, élus des dieux, continuent de les aimer, de les aduler et de les prier.

Sur le versant du Mont Olympe, entre le temple de Zeus situé au sommet, et les onze temples des autres divinités, positionnés sur la base de la montagne, le Palais des Dieux est plus inquiet.
Réunis depuis des heures pour un interminable banquet, Héra, Hestia, Héphaïstos et Apollon échangent leurs opinions au cours d’un débat passionné.
Héra Déesse du Mariage, profondément hostile à Athéna, félicite Apollon : « Tout fonctionne comme tu l’avais prévu Apollon. Athéna est, certes, revenue dans son Sanctuaire, mais son armée n’en est que plus décimée.
_ Il ne reste plus qu’à ce qu’elle commette l’irréparable, confirme de sa voix grondante Héphaïstos. Le Seigneur Zeus est encore trop indécis sur le sort que nous devons réserver aux mortels. »
Sévèrement vêtue, seuls ses bras sont libérés de sa bure blanche, Hestia Déesse du Feu Sacré et du Foyer est la seule à ne pas être couchée dans les banquettes.
Préoccupée par son désir de revanche après la blessure que lui a infligé Apodis, un vulgaire mortel au service d’Athéna, Hestia fixe les siens de ses petits yeux sombres : « Pourquoi attendre encore ? Athéna est affaiblie, il nous suffirait de passer à l’action maintenant. »
Étendu plus loin que ses semblables, Apollon la ramène à la raison de sa voix froide et cruelle : « Nous prendrions le risque de donner au dieu des dieux la confirmation de notre haine viscérale envers Athéna et l’humanité. Poséidon va se réveiller. Helénê a fourni à ses hommes le moyen de manipuler la représentante d’Odin. Arès est réincarné. Helénê l’a aidé à constituer une puissante armée. L’astre solaire sous mon pouvoir a ramené près de la Terre la comète Repulse pour permettre la libération d’Eris. Tezcatlipoca obéit à mes directives. Hadès se réveillera bientôt. Helénê a pu constater que son armée était déjà réunie. Six armées, toutes plus désireuses les unes que les autres de massacrer Athéna et ses Saints. Nous avons suffisamment semé d’éléments pour pousser Athéna elle-même à la faute. Le dieu des dieux n’aura pas d’autre choix que de constater l’évidence. »


Sur Terre, à Honkios, alors que le tour du Sanctuaire d’Athéna est achevé, la citée reste en ébullition.
La nuit tombe.
Les villageois chantent et dansent sur la place publique, les festivités battent leur plein.
Sur la place du marché, des groupes de musiciens créent des attroupements où les villageois s’échangent leurs partenaires de danse à tour de bras.
Sous la lueur des flambeaux disséminés partout sur la place, les enfants virevoltent dans la foule tandis que les parents vont et viennent des tavernes avec des plateaux remplis de verres en tout genre.
Au milieu des festivités, une magnifique créature se distingue parmi l’affluence.
Élégante et envoûtante dans ses mouvements, la fille d’un des marchands les plus en vue, Filia, attise les convoitises.
Sans cesse invitée à partager une danse, elle n’accepte d’accompagner sur la piste que cet enfant espiègle marqué au front par deux points mauves. Le Muvien, au bras paré d’un bracelet en or, s’attire la sympathie de celle qui s’est offerte à Seiya durant ses années d’apprentissage au Sanctuaire.
Par sa malice et ses dons de télékinésie, Kiki réussit vite à devenir la vedette de la place.
Au bras de Filia, il se fait remarquer davantage et amuse une assistance qui ne manque pourtant pas de motivation pour faire la fête.

Malgré tout, à quelques mètres de là, dans son étable, un homme, un Saint, au visage buriné, ne partage pas le bonheur des autres.
Affaissé sur sa chaise, une bouteille d’alcool anisé dans la main, il fixe chaque morceau de sa Cloth de bronze éparpillée tout autour de sa Pandora Box. Le meilleur forgeron du Sanctuaire a le regard vague.
Depuis qu’il a accueilli Athéna aux marches des maisons du zodiaque pour son triomphe, il s’est retiré pour plonger dans son addiction.
_ « Youpi… La guerre est finie, marmonne-t-il agacé… »
Il reprend une gorgée en grimaçant : « Maintenant que la moitié des Saints d’or est morte, que les soldats qui étaient des traîtres sont emprisonnés, soit la majorité de notre armée, il va falloir m’envoyer au combat. J’ai horreur du combat. J’ai peur du combat. Et pourtant cette satanée armure de l’Atelier du Sculpteur m’a choisi ! »
Il essaie de se mettre sur ses jambes mais titube sur trois mètres avant de s’échouer lamentablement à terre : « Je suis Saül… Le forgeron du Sanctuaire. Pas un chevalier. Je ne veux pas mourir. »

Plus loin, alors qu’il saute dans les airs, en pleine euphorie, Kiki voit à travers la lucarne de son atelier Saül s’effondrer parterre.
Discrètement, en compagnie de Filia, ils s’extirpent de la liesse.
_ « Suis moi, j’ai vu un homme tomber là-bas.
_ Là-bas ? Il s’agit de Saül. Ça ne m’étonne pas.
_ Pourquoi dis-tu ça ?
_ Il a un penchant pour la bouteille, si tu vois ce que je veux dire. C’est le meilleur forgeron du domaine. On dit même qu’il ne lui manque plus que les outils des Muviens pour être aussi bon, voire meilleur qu’eux. Cependant, c’est un poltron qui a laissé l’alcool abreuver sa peur.
_ Tu ne crois pas que nous devrions l’aider ? Après tout, Saül est un Saint d’Athéna.
_ C’est peine perdue.
_ Pas sûr. Suis-moi, la tire Kiki par le bras. »

Au pas de courses, ils débarquent chez l’Israélien qui s’étouffe dans son vomi.
Ecoeurée, Filia reste à l’écart, tandis que Kiki se précipite sur lui pour lui relever la tête afin de le sauver.
_ « Je crois que je vais rester quelque temps auprès de lui pour lui apporter mon soutien. »
Star de la foule, Filia croise les bras pour bouder cette soirée gâchée.
_ « Ça va aller chevalier. Ça va aller, reste Kiki les yeux rivés sur le quarantenaire.
_ Non, bave Saül, ça n’ira pas. Ma place n’est pas ici… Pas en ce lieu… Je devrai être là-bas, tend-il le bras désespérément vers l’horizon, avec les traîtres pour qui j’ai fait des armures pendant des années…
_ De quoi parle-t-il, demande Filia en regardant d’un air louche la direction empruntée par le bras de Saül ?
_ Je n’en sais rien. Toujours est-il que je ne peux pas laisser un Saint dépérir ainsi, mon maître Mû ne me le pardonnerait pas. »


Plus loin, dans la direction évoquée par le Saint de l’Atelier du Sculpteur, loin de la foule, loin du bruit, loin de la moindre festivité, l’ambiance est morne.
Les murs de pierre entre lesquels ils sont enfermés font résonner les conversations d’une quinzaine d’infiltrés dans le mausolée taillé dans la roche du cimetière des Saints.
Dispersés autour de cinq cercueils plus récents que ceux abrités dans cet immense tombeau, les intrus paraissent agités.
La plupart sont vêtus de l’habit que portent les soldats sous leurs cuirasses.
A l’exception près que contrairement aux hommes encore en faction après la bataille, ceux-ci portent sur le bras, la jambe, la nuque ou le torse, la marque de Gigas. Une tête de mort tenue par un reptile ailé à la queue pointue.
Devenu l’emblème du règne de Saga, il ne fait plus bon genre aujourd’hui de l’arborer et c’est ce qui les inquiète.
_ « … et que devons nous faire dans ce cas ?! Nous rendre, questionne un ancien garde ?!
_ Athéna n’a pas condamné à mort nos camarades capturés ! Elle est magnanime, invoque un autre !
_ Qu’importe, déplore un troisième, avec tous les crimes que j’ai pu commettre, il lui serait impossible de me pardonner.
_ Tu n’as qu’à dire que tu pensais que le Grand Pope incarnait la justice, comme moi, suggère une ancienne marchande !
_ Facile à dire pour toi qui te contentais de faire fuiter les soupçons entendus dans ton commerce ! Torturer les opposants pour mon bon plaisir, transparaît plus que tout, malgré que j'affirme le contraire, confie un ancien inquisiteur de Gigas.
_ Dans ce cas tu n’as qu’à organiser une fuite pour ceux qui veulent déserter le Sanctuaire, suggère à la marchande une autre femme.
_ Facile à dire, proteste la commerçante, toi qui n’es qu’une prostituée, personne ne t’en voudra d’avoir offert ta vertu pour survivre. Mais moi, si je me fais arrêter en organisant la fuite de ces hommes, tu sais ce qu’on me fera ?
_ Oh ! La pute n’est pas toute blanche non plus, assure un ancien serviteur de Saint, en plus d’être la favorite de Phaéton, elle était envoyée auprès d’hommes mariés pour les faire chanter. Et ça, c’était sa manière douce d’agir. Sinon elle profitait de ses charmes pour isoler et faire assassiner par vous autres les cas trop difficiles à gérer par la menace, dit-il en pointant du doigt les combattants ici présents. »
Aussitôt, chacun cherchant désormais à justifier ses actes, un brouhaha s’en suit dans ce lieu de recueillement.
Seule à ne pas porter le symbole sur son corps, se distinguant de ses compères aux allures ternes grâce à sa robe immaculée, Katya est en retrait.
_ « Vous me dégoûtez, les interrompt elle. »
Tous cessent alors leurs querelles.
_ « Qu’est-ce qu’elle a dit la pucelle là, s’en prend violemment un des hommes ?
_ J’ai dit que vous me dégoûtez. Vous étiez tous là à vous targuer hier encore de vos positions dans la hiérarchie du Sanctuaire, ou à tirer les bénéfices de vos actions en suivant le Grand Pope. Et aujourd’hui, la queue entre les jambes, vous vous querellez en espérant faire croire que vous êtes plus propres que vos semblables, parce que vous craignez maintenant pour vos vies, déplore Katya !
_ Tu crois être en mesure de nous donner des leçons peut-être avec tes grands airs, s’énerve la fille de joie ?! Tu penses que c’est parce que tu portes la robe blanche des prêtresses d’Athéna, qu’on ignore que si toi t’es encore en vie contrairement à tous les gens de ta caste c’est parce que t’as dû faire bien plus que semblant de t’occuper d’une Athéna qui n’était même pas là !
_ Je ne cherche pas à laver mes péchés moi. Je reconnais volontiers mes crimes. Et rien de ce que je fais ne pourra les expier, ni m’offrir d’issue à cette situation. Pas plus qu’à vous d’ailleurs.
_ Alors pourquoi nous avoir réuni ici dans ce cas, soupçonne un ancien mercenaire ?
_ Je l’ai fait pour laver de votre couardise la mémoire de Saga, avoue-t-elle en caressant le cercueil de celui-ci.
_ Pardon, demande l’ancien serviteur ?! »
Aussitôt, sa poitrine est transpercée par la main tendue de Katya.
Instantanément, avant même que la prostituée n’ait le temps de porter ses mains devant sa bouche horrifiée, Katya bondit pour bloquer la sortie et barrer la route d’un des soldats les plus alertes.
Tandis qu’il est rejoint par ses compères, ceux n’étant pas en mesure d’opposer une résistance s’enfuient à l’opposée de la pièce qui n’offre cependant aucune issue.
_ « Votre veulerie ne m’étonne guère ! Pour mener à bien ses basses besognes Saga avait besoin de gens lâches et faibles comme vous ! Pas étonnant que vous soyez démunis maintenant qu’il n’est plus là ! Jewelic Tears ! »
Des cristaux de glaces terrassent ses opposants, sans qu’elle s’aperçoive que le mercenaire plus robuste et rapide que les autres, passe derrière.
Les deux mains jointes, il la cogne derrière le crâne, la propulsant au milieu des corps de ses adversaires retombés sur les tombes des Saints d’autrefois.
Étourdie, la robe relevée jusqu’au haut des cuisses, Katya sent le guerrier la tirer vers lui par une cheville.
_ « Je suis d’accord avec toi, lui concède-t-il, les autres ne sont que des lâches. Personnellement j’aurai plutôt tenté un coup d’état. Mais maintenant qu’il ne reste plus que nous deux, j’ai d’autres projets. La putain et les faibles partis se planquer dans le fond n’ont pas ton cran et certainement pas ta saveur, ricane-t-il en baissant son pantalon. Tu sais, j’étais un fervent défenseur du Pope et passer derrière lui ne me dérange nullement… D’ailleurs... J’ai une question qui me taraude… Ne sachant à quoi ressemblait vraiment ce Saga… Tu la trouvais bonne sa queue, lui dit-il en lui écartant de force les cuisses ? ».

A l’extérieur, achevant son pèlerinage aux allures de triomphe, Athéna entame la remontée des douze maisons.
Pendant que des enfants accourent aux pieds des marches pour lui faire de grands signes d’au revoir, elle se retourne pour faire un geste tendre de la main.
Soudain, un pincement lui serre la poitrine. Son attention se porte aussitôt en direction du cimetière des Saints qui jouxte le chemin vers la maison du Bélier.
Alors Saori prend congé de ses Saints d’or, prétextant vouloir achever cette journée en se recueillant seule sur les sépultures des chevaliers tombés au combat.

A proximité, à l’intérieur du grand caveau, Katya réagit péniblement aux gestes dominateurs de son agresseur.
Lorsqu’elle sent celui-ci lui arracher avec animosité son sous-vêtement, elle cesse de feindre sa léthargie.
Elle redresse son buste au moment où le mercenaire s’y attend le moins et saisit fermement dans sa main droite ses parties génitales.
La mine stupéfaite du prédateur amuse aussitôt la Saintia réprobatrice. Elle matérialise le froid libéré par sa cosmo énergie.
Il a à peine le temps de secouer la tête pour implorer pardon, qu’elle lui gèle l’entrejambe.
Elle finit par le lui faire voler en cristaux de glace.
Le cristal s’éparpille dans la pièce, suivi de gerbes de sang.
De marbre, elle se redresse, faisant retomber le long de ses jambes sa robe et prend la direction des fuyards.
Lui, tombe à genoux, face contre terre, les mains entre les jambes, espérant ralentir l’hémorragie.
Guidée par sa fidélité envers Saga, elle ne remarque pas derrière elle la lourde porte de pierre ouverte par Saori en personne.
La Déesse de la Sagesse resserre immédiatement ses bras contre elle, saisie par le froid de Katya qui règne dans l’atmosphère.
Elle remarque ensuite les corps sans vie des porteurs de l’emblème de Gigas, puis sent sa robe s’alourdir à mesure qu’elle progresse. Frottant le sol, sa tenue éponge le sang du mercenaire qui inonde très vite les pavés.
Au détour d’un cercueil, elle distingue le cadavre qui n’a pas tenu longtemps l’agonie.
En découvrant ceci, son c½ur se serre à nouveau. L’étau se resserre dès que des appels au secours venant du fond du mausolée lui viennent.
Elle décroche alors une torche et suit le chemin de cris qui s’estompent.
Moins nombreux.
Moins forts.
Si bien qu’au terme de sa progression, ne demeure plus que le râle d’un visage défiguré étendu sur un monceau de corps brisé desquels s’écoulent des litres de sang.
La tenue empourprée, Saori tend la torche pour bien se rendre compte que derrière les corps se dresse le mur du fond.
Le raclement de gorge juste dans son dos la persuade enfin qu’elle est ici bloquée avec l’assassine.
_ « Je comprends mieux maintenant pourquoi je ressentais du tourment en te voyant Katya.
_ Vous n’auriez jamais dû venir ici seule Athéna.
_ Qu’ai-je à craindre, demande Saori qui sent le souffle haletant de Katya dans sa nuque tant elle est proche d’elle ?
_ Plus rien d’eux, répond sèchement Katya le visage maquillé de plasma. Mais en ce qui me concerne… »
Katya balaie le doute en elle en tendant ses doigts pour rendre ses mains dégoulinantes plus tranchantes le long de son corps…
_ « Avant que tu n’agisses, je me demandais, as-tu éliminé les derniers adorateurs de Saga en liberté pour garder ton secret intact ? Ou bien était-ce un moyen d’obtenir la rédemption ?
_ Des adorateurs ?! Ils n’avaient rien de tels ! C’était juste des opportunistes qui choisirent de se ranger derrière lui pour leurs profits personnels ! Le pouvoir ! La sécurité ! La richesse ! L’ivresse des plaisirs !
_ C’est maintenant évident. Toi tu as agi par amour.
_ Puisque tu lis si bien dans les c½urs, pourquoi m’avoir posé la question alors ?
_ Parce que je voulais te l’entendre dire. Tout comme je vais te dire une vérité que tu souhaites entendre, que personne ne dira, mais que je ressens sincèrement. Saga était bon Katya. J’en suis autant convaincue que toi.
_ Comment peux-tu dire cela ? Dit Katya, alors qu'elle passe devant la déesse ?! Tu as lutté contre sa cause ! Tu l’as tué !
_ Je ne l’ai pas tué. J’ai lutté contre celui que Saga a lui-même tué. Tu as ressenti aussi qu’il était tiraillé entre le bien et le mal. C’est le bien qui a pris dessus sur le mal, se servant de mon sceptre pour le terrasser. Et si tu l’as vraiment connu, si tu l’as vraiment aimé, tu sais que je ne mens pas, assure-t-elle en voyant les yeux de Katya s’embuer sous ses cheveux emmêlés collés et peints de rouge. Les années aidant, son côté maléfique a adopté des manières expéditives, convaincant son bon côté que même en possession de mes pleins pouvoirs je ne serai pas prête à tout pour défendre le monde comme lui en serait capable. Il t’a alors montré qu’il pouvait gouverner par la force et la terreur, dit-elle impitoyablement alors que Katya recule. Et tu l’as accepté. Tu l’as accepté malgré que tu ne partages pas cette vision du monde. Il n’y a qu’à voir comment tu viens de traiter des gens qui incarnaient des valeurs contraires aux tiennes alors qu’elles servaient le côté maléfique de Saga.
_ Certains fomentaient un coup d’état ! D’autres envisageaient de dénoncer les autres pour espérer acheter leur liberté ! Ou encore préparaient leur désertion en espérant n’être jamais punis des crimes qu’ils ont commis !
_ Tu ne les as donc pas éliminés juste par respect pour la mémoire de Saga. Cela prouve que tu n’es pas comme eux. Que tu n’es pas comme le mal qui rongeait chaque jour Saga.
_ Alors, c’est tout ? Tout se termine ainsi ?
_ Qu’attends-tu ? Que je t’emprisonne ?! Que je te fasse exécuter ?! Katya, j’ai besoin d’une garde rapprochée. La plus efficace sera celle qui a connue et surmontée mille tourments.
_ Une Saintia se doit d’être chaste et vertueuse, balbutie-t-elle défigurée par le déshonneur, je suis loin de l’être.
_ Au contraire. Tu as donné ton corps et ton âme par pure dévotion envers le Saga qui t’a sauvé. C’est le Saga qui t’a montré que le monde pouvait être gouverné par la justice et l’amour dont tu t’es éprise. Et par conviction, tu as accepté sa part d’ombre. Tu étais prête à tout pour lui, car il était prêt à tout pour sa cause. Car oui, il était bien prêt à tout, c’est bien le Saga en qui tu as vu une grande âme qui est venu à bout du mal… »
Saori s’agenouille pour être à à hauteur de la Saintia recroquevillée de honte.
_ « … C’est d’une Saintia comme toi, formée par Saga, pour le meilleur et pour le pire, dont j’ai besoin pour aider Marin à former ma garde. C’est d’une Saintia comme toi, proche des décisions stratégiques prises jusqu’à présent, dont j’ai besoin pour devenir une meilleure déesse. »
Katya tremble.
_ « Je... Je ne sais que dire après de si profondes vérités… Je… Je suis sincèrement… Je m’ex… »
Athéna la relève de cette flaque écarlate, en même temps qu’elle la prend par les épaules.
_ « Non Katya, c’est moi qui dois te demander pardon. Pardon de ne pas avoir été là quand tu as dû endurer tout cela seule.
_ Je n’étais pas seule, sourit tristement Katya, Saga m’épaulait malgré sa distance.
_ Alors aide-moi à faire en sorte que Saga des Gémeaux ne soit pas mort en vain. »
Reconnaissant dans son regard une foi sans faille, loin des ambiguïtés qui perturbaient Saga, Katya essuie de sa main ensanglantée les larmes qui forment des stries sur son visage vermillonné.
Elle s’agenouille solennellement : « Dans ce cas, Ô Athéna, acceptez mes v½ux de fidélité envers votre cause, à vous, et Saga des Gémeaux, en m’accueillant auprès de vous comme Saintia de la Couronne Boréale ! »

Pour Athéna et Katya, la nuit s’achève loin des festivités d’Honkios.
Épuisée par son parcours, Saori se laisse dévêtir par Katya qui, dans son rôle de Saintia, la conduit dans les thermes du palais papal pour sa toilette.
Toutes les deux couvertes du sang des victimes de Katya, Saori imite les mouvements de sa servante pour lui défaire à elle aussi sa robe empourprée.
Lui prenant chaque main avec les siennes, elle la guide dans l’immense bain où elles s’agenouillent nues toutes les deux.
Sans dire un mot, cueillant chacune leur tour de l’eau dans les paumes de leurs mains, elles inondent le sommet du crâne de l’autre pour faire luire leurs corps humidifiés grâce au vacillement des torches qui font le tour de la pièce.
Entièrement mouillée, Katya se relève alors pour récupérer quelques linges au bord du bassin.
Saori admire alors la plastique de sa prêtresse tout en constatant au détour de quelques caresses sur sa propre poitrine qu’elle fait autant femme qu’elle.
A son retour, Katya se remet à la hauteur de Saori et laisse s’imprégner les serviettes d’eau pour ensuite lui caresser chaque partie du corps.
Prenant le temps de passer délicatement sur chaque courbe, prenant soin de marquer encore plus d’égard à l’approche de son intimité, Katya assure sa fonction avec application comme cela lui a été enseigné.
Alors que sa tâche est achevée et qu’elle tire sa déesse par la main pour la sortir, Katya est retenue par Saori.
Elle se ravise alors et remarque Athéna essorer une autre serviette pour imiter sa Saintia. S’attardant là où le sang ennemi a séché et ne s’est pas encore détaché de son corps, Athéna, par ce geste, lave Katya de ses péchés.
Devinant le sens profond de ce geste, Katya ferme les yeux et se laisse guider.
Soulagée par ce baptême, elle se sent purifiée, alors qu'Athéna saisit enfin sa tête pour la coller contre sa ferme poitrine et la serrer fort contre elle, lui signifiant qu’enfin tout est bel et bien terminé…


Le lendemain matin, tandis que les hautes portes de la salle d’audience du Grand Pope sont grandes ouvertes, sous la surveillance de Mû qui monte la garde, Saori gravite de colonnes en colonnes.
Observée par Katya qui lui a déposé son petit déjeuner, Athéna analyse chaque pilier en glissant ses doigts sur la roche creusée, fissurée, déplorant encore l’étendue des dégâts causés par le combat de Saga contre Seiya et Ikki.
Chaque fois qu’elle replie sa main droite dans la paume de sa main gauche, elle peine à reprendre son souffle, devinant les souffrances endurées par ses chevaliers.
Elle détourne même le regard, lorsque sa curiosité croise des éclaboussures de sang séché sur les dalles pavées.
_ « Non, songe-t-elle… Je ne dois pas me dérober. Ceci fait partie de mes responsabilités en temps qu’Athéna. »

Mû, d’un signe de la tête, fait alors comprendre à Katya qu’il est temps pour elle de prendre congé.
A la sortie des hautes portes, elle croise un inconnu aux longs cheveux blanc grisonnant.
Obéissante, elle hoche simplement la tête à son endroit. L’homme à l’épais collier de barbe marqué par quelques rides lui renvoie le même geste d’un air solennel.
Il passe devant Mû qui lui sourit amicalement et s’adresse immédiatement la déesse : « Mise sur le fait accompli d’un tel spectacle, je n’ose imaginer le tourment en votre c½ur. »
Saori guette alors instinctivement l’entrée pour découvrir l’intrus.
Une longue étole beige descend par-dessus son kimono bleu nuit usé.
_ « Le Grand Pope Shion qui a très bien connu votre précédente incarnation me répétait souvent comme il était insoutenable pour vous de voir vos Saints s’engager au combat. Il me vantait également souvent votre beauté et la noblesse qui s’en dégageait, mais j’étais bien loin de me douter que votre prestance me toucherait autant. »
Mû présente l’homme qui pose un genou à terre.
_ « Voici Ionia, ancien Saint d’or du Capricorne. Il a combattu sous les ordres de mon maître Shion les années précédant votre réincarnation.
_ Tu fais donc parti de ces Saints partis à la retraite afin de libérer leurs Cloths aux générations suivantes et enseigner ton savoir, complète Athéna.
_ Absolument. Après la dernière mission confiée par le Grand Pope Shion, j’ai obtenu son accord pour intégrer un camp d’entraînement d’apprentis Saints par-delà les frontières de la Grèce. Un jour, il m’informa par courrier qu’un jeune prétendant à la Cloth du Capricorne allait venir me confronter. Dès son arrivée, j’ai senti en lui la fougue de la jeunesse mais également une maîtrise martiale que je n’avais plus… »
Le c½ur de la déesse se serre, attristé en devinant qu’il s’agit du défunt Shura.
_ « La Cloth du Capricorne entrait en résonance avec le cosmos qui émanait de lui. Sans un mot, sans la moindre confrontation, la Cloth jaillit de sa Pandora Box et revêtit son nouveau propriétaire, tout en restant en harmonie avec ma cosmo énergie. D’elle-même, bienveillante, elle assura ce passage de témoin. D’un regard fixe et solennel, Shura hocha la tête avant de s’en retourner au Sanctuaire. Seulement, peu de temps après, je sentis un malaise en mon être. La cosmo énergie de mon souverain n’émanait plus. Et quelques jours plus tard, sur ordre du soit disant Grand Pope, Shura revint m’affronter. Nous étions condamnés à mort pour complicité avec Aiolos dont j’apprenais la tentative de meurtre à votre encontre. Il élimina l’ensemble de mes disciples. Sans Cloth et en difficulté contre la force de Shura, je perdis le combat et fut laissé pour mort. C’est à l’arrivée d’un jeune garçon, que je dois la vie sauve… »
Il relève la tête en direction de Mû qui lui reste stoïque.
Mû reprend.
_ « Après la disparition du cosmos de mon maître, des assassins dépêchés par Saga sont venus à Jamir. Saga souhaitait certainement éliminer toute trace des personnes proches de Shion. Grâce à la Cloth de mon maître, venue à mon secours, j’ai su faire face et j’ai alors compris qu’il n’était plus parmi nous. Et qu’en aucun cas mon maître Shion, m’aurait accusé de trahison. J’ai réalisé aussitôt que des alliés comme Dohko ou Ionia, que m’avait présenté mon maître, seraient en danger.
_ Arrivé à temps et discrètement, grâce à son Crystal Wall, il put amortir le dernier coup fatal de l’Excalibur de Shura. Je retombai au sol, inconscient et, semble-t-il, mort. Mû resta alors à mon chevet une fois la mission de Shura accomplie. Comme d’autres, nous étions dispersés et esseulés. Incapables de savoir si la tentative d’Aiolos était fondée. Mais suffisamment intimes de Shion, pour savoir que les actes récents du Sanctuaire n’étaient pas de son fait. Traqués et éliminés, nous étions incapables de réagir alors que nous pensions Athéna entre les griffes de l’imposteur. Jusqu’à hier où Mû vint me rendre visite, pour m’apprendre que Saori Kido, entourée de Saint de bronze, a défié le Sanctuaire de Saga des Gémeaux en prouvant être cette Athéna qu’Aiolos réussit à sauver à défaut d’avoir attenté à sa vie. »
D’un geste de la main, elle invite Ionia à se relever.
_ « Et j’en remercie Mû. Après avoir repris mon Sanctuaire, Mû m’a été d’une aide précieuse pour recenser les alliés hélas peu nombreux qu’il nous restait.
_ J’imagine que si vous avez fait appel au vieux chevalier que je suis, c’est que vous avez une mission à me confier. »
Elle leur tourne le dos pour sortir de sous le trône papal un coffret.
_ « A l’intérieur de cette boite se trouve l’arme avec laquelle Saga des Gémeaux a essayé de m’ôter la vie il y a treize ans.
_ Je sens une aura malsaine qui tente de s’échapper de cette boite, dit Ionia.
_ Tout comme la flèche qui m’a blessé il y a deux jours, une arme normale, même animée du cosmos d’un humain hostile, n’aurait pu percer ma cosmo énergie qui émanait naturellement du nourrisson que j’étais.
_ Il fallait l’aide d’une entité supérieure pour cela, complète Mû. Et le cosmos qui émane de cette boite, je l’ai ressenti il y a sept ans, lorsque nous étions confrontés à Cronos.
_ Le dieu Cronos serait alors à l’origine de votre tentative de meurtre, en déduit Ionia ?
_ Je pense que Saga n’a été influencé par personne d’autre que sa propre part d’ombre, rectifie-t-elle. Néanmoins, il a dû bénéficier de complicité.
_ Plusieurs complicités, ajoute Mû.
_ Plusieurs, s’inquiète Ionia ?!
_ Le cosmos qui a frappé par une flèche Athéna aux marches des douze maisons n’était pas le même que celui de Cronos. Il s’agissait d’une force plus ancienne. Plus obscure encore. Plus profonde. Comme les abysses de la mer nourricière de toute vie.
_ En quoi puis-je vous aider, demande Ionia ? »
Saori leur tourne le dos et passe derrière les tentures qui cachent les appartements du Pope et d’Athéna.
D’un hochement de tête pour lui donner la bénédiction, Mû enjoint Ionia à la suivre et lui emboîte le pas.
Ensemble, au bout d’un couloir à peine éclairé par la lueur des torches murales, ils arrivent dans une pièce au centre de laquelle une table est couverte de reliures.
Elle pose alors la main sur une pile de manuscrits.
_ « Malgré ses intentions indélicates, Saga prenait son rôle de Grand Pope très à c½ur. Comme ses prédécesseurs, il consignait toutes ses journées, ses théories, ses hypothèses. Marin de l’Aigle, sur le Mont Étoilé, a ainsi retrouvé ses mémoires ici présentes.
_ Lors de la Guerre Sainte contre Cronos, et depuis, Saga a renforcé nos positions en Egypte, reprend Mû.
_ L’Égypte, murmure Ionia… Nous y avons également longuement combattu les Saints de ma génération et moi-même, se souvient-il… Aiolos, jeune Saint promu à l’époque, y a également livré bataille sur demande de Shion.
_ Pourtant, depuis le passage d’Aiolos justement, Saga est explicite. Les Egyptiens n’ont plus défié le Sanctuaire. Les dieux égyptiens se sont retirés il y a bien des siècles pour un repos éternel face à la suprématie de l’Olympe. C’est la présence accrue des Athéniens et les profanations des temples de leurs dieux qui ont créé plusieurs mouvements de révoltes dans les sanctuaires de leurs représentants. Il paraît évident que Saga cherchait autre chose. Saga voulait dominer la terre, les Enfers et les cieux. Il y a là-bas quelque chose qui pouvait lui permettre d’y parvenir ou à l’inverse le menacer. Nous menacer. »
Mû reprend la parole.
_ « Parmi les quelques pages que nous avons feuilletées, il s’avère que le responsable des investigations est un Saint de bronze. Retsu du Lynx. Mirai, nouveau Saint de bronze du Petit Chien, a été envoyé avec une nouvelle troupe de soldat il y a peu pour approfondir les recherches. Ils ont reçu les renforts de Georg Saint d’argent de la Croix du Sud et de Juan Saint d’argent de l’Ecu. Ils sont aidés par une égyptologue contemporaine que nous avons intégrée au Sanctuaire, Miko Hasegawa. Nous avons déjà fait envoyer un messager pour annoncer le triomphe d’Athéna et surtout cesser tout agissement hostile envers les armées égyptiennes. »
Athéna continue.
_ « Néanmoins, il est impératif qu’ils maintiennent leurs positions en attendant l’arrivée d’un nouveau renfort en ta personne Ionia. Après être revenus me prêter allégeance, ils sont aussitôt repartis pour l’Égypte. Tes connaissances, ta longue expérience auprès de Shion, font de toi un atout inestimable pour notre armée. Ionia, je te demande de renouveler ton serment envers moi. Ta première mission consistera à étudier l’entièreté des mémoires de Saga, afin de découvrir concrètement l’objet de ses recherches. Tu iras ensuite rejoindre nos hommes en Égypte et décidera, selon tes conclusions, de poursuivre ou non ces recherches. Tes connaissances permettront certainement de voir plus claires dans les informations récupérées par Saga. »
Ionia s'agenouille.
_ « Déesse Athéna, c’est avec une immense fierté que j’accepte cette mission et renouvelle mon serment de fidélité envers vous. »