Chapitre 43 - Y a t’il encore de l’espoir ?

La journée du 19 septembre 1986 ne faisait que commencer qu’il me fallait déjà reprendre la route. Tout juste arrivé en Chine avec toutes les peines du monde, je repartais en direction de la Méditerranée pour régénérer mon armure et soigner mon corps sur l’île Kanon.
Pendant ce temps, Mei espérait trouver des réponses sur son maître tandis qu’il découvrait le Sanctuaire.



Chapitre 43 - Y a t’il encore de l’espoir ?

En Grèce, au Sanctuaire :

Misty et Mei sortent de la demeure du Taureau, dans laquelle ils ont été interrompus par Aldebaran :
Mei - " Et bien, j’ai cru qu’il faudrait nous mettre à nu, pour une fouille au corps afin qu’il nous autorise le passage ! "
Le japonais présente un caractère bien trempé. Très taciturne, il s’offusque très vite et cela a manqué de lui jouer des tours dans la seconde maison.
Misty - " Je t’avais dis de te taire. Même si nous en avons l’accord, traverser la maison d’un Saint d’or n’est pas une mince affaire. Heureusement, certains d’entre eux sont absents, nous ne nous attarderons pas par exemple dans celle des Gémeaux. A l’avenir, tâche de garder ta langue dans ta poche. Je ne te couvrirai pas une seconde fois. "
Mei - " Bien ! "
Misty - " On dit « Oui Capitaine Misty ! » Je te trouve bien irrévérencieux depuis que nous avons entamé la montée des marches. Je savais que ta maladresse à ton arrivée au Sanctuaire cachait un manque d’élégance, tu n’as pas tardé à montrer ta vraie nature. Toutefois n’oublie pas que tu dois le respect à tes supérieurs. Que le Seigneur Deathmask soit ton professeur ne te donne aucun passe droit. "
Mei boude comme un enfant qui vient de se faire gronder :
Mei - " Je sais, je suis désolé Capitaine Misty. C’est simplement que… Je meurs d’impatience de revoir mon maître. Nos adieux furent bien expéditifs et la facette que j’ai vue de sa personnalité, n’était pas celle que je lui connais. "

Misty reste dubitatif après une telle affirmation. Mei remarque la gêne de son capitaine :
Mei - " Capitaine Misty, je voulais savoir… Comment… Qui est mon maître ? Comment est-il ici ? "
Misty poursuit son chemin les yeux fixés sur l’horizon :
Misty - " Certainement pas comme il semble avoir été avec toi. J’ai ouie dire qu’il eu un comportement sanguinaire lorsque le Saint d’argent de Cerbère est venu à sa rencontre. "
Mei - " Il est vrai. Je ne l’avais jamais vu ainsi. "
Misty - " Il s’agit du seul Saint du Cancer que nous connaissons ici au Sanctuaire. Je ne pense pas que tu auras la chance de voir autre chose de lui. "
Mei - " Pourtant, même s’il restait dur, je lui trouvai bon fond. Il a toujours été comme un père pour moi. "
Misty - " D’après les rumeurs, son retour au Sanctuaire ne s’est pas fait dans les meilleures conditions. Il aurait commis une faute et serait consigné dans sa demeure par le Pope pour une durée indéterminée. Il était déjà discret de nature… Il est même possible que tu ne le voies plus jamais. "
Un long silence suit cette déclaration. Mei fixe l’horizon sans en démordre. Il veut parler à son maître.


L’esprit braqué sur son unique objectif, Mei ne prend même pas le temps d’admirer l’architecture du troisième temple. Il le traverse avec hâte et accélère sa marche, obligeant le Saint du Lézard à presser le pas. Si bien qu’il ne leur faut que quelques minutes pour arriver face à la quatrième maison.

Sans attendre Misty, Mei gravit les marches deux par deux en s’égosillant, les larmes aux yeux, tel un enfant qui court en direction d’un parent longtemps absent :
Mei - " Maître ! Maître ! C’est moi ! C’est M… "
Le malheureux n’a pas le temps d’achever sa phrase, que déjà l’odeur nauséabonde de cadavres en putréfaction lui soulève l’estomac. La brume impose une atmosphère lugubre qui contraste complètement avec l’image que le japonais avait de son professeur.
Son visage se décompose progressivement lorsqu’il commence à reconnaître sur toutes les parois de l’antre du Cancer des masques de morts.
Il s’écroule horrifié sur le sol mouvant. En cherchant à comprendre l’origine d’une telle flexibilité, l’indignation lui vient. Il découvre le visage plein de souffrance d’un enfant sous chacune des paumes de ses mains. Sans se contrôler, il est pris de vomissements.

Misty pénètre à son tour dans le temple, sa cape déjà sous son nez et devant sa bouche, sachant déjà ce qu’il trouverait ici.
Il passe à côté de Mei et se contente d’un sobre :
Misty - " Je suis désolé. "
Puis poursuit sa route.

Les yeux grands ouverts, gondolés par le désarroi, Mei le talonne.
Comme s’il erre dans ce repère de tortionnaire, le chevalier ne distingue que supplice tout autour de lui, sans même apercevoir la silhouette du gardien.

Tandis que la lueur du jour pointe à proximité de la sortie, Mei se ressaisit :
Mei - " Attendez s’il vous plait Capitaine Misty. "
Misty - " Que se passe-t-il ? "
Mei - " Il me semblait que le Saint d’or du Cancer était consigné à sa demeure jusque nouvel ordre. Nous allons sortir sans même l’avoir rencontré. Où se cache-t-il ? "
Misty - " Comme je t’ai expliqué avant d’entamer la traversée, les Saints d’or dispose d’une chambrette sur les flancs de leur demeure. Le propriétaire de la maison du Cancer s’y trouve certainement. "
Mei déborde de rage. Il s’époumone :
Mei - " Et il compte nous laisser passer sans même nous interroger sur le but de notre visite ?! Massacrer des innocents ne suffit plus à ce Saint pour déshonorer son rang ?! Il va même jusqu’à ne pas se soucier de qui traverse son temple, pouvant attenter à tout moment à la vie d’Athéna ?! "
Il commence à rebrousser chemin et à scruter les flancs de la maison pour chercher le logis de son maître.
Misty lui agrippe le bras et le sermonne :
Misty - " A quoi joues-tu ? "
Mei - " C’est bien vous qui me disiez qu’il fallait se justifier à chaque traversée d’une maison ?! Alors j’attends de rencontrer le Saint d’or du Cancer pour me justifier ! Aurait-il peur de se confronter à mon regard ?! "

Aussitôt, une décharge d’énergie heurte Mei en plein dos, fissurant sans mal sa Cloth. Le pauvre disciple, frappé à la vitesse de la lumière, s’écroule. La face contre un masque de mort.
La voix grave du propriétaire de ce cimetière ambulant gronde :
Deathmask - " Comment peut-on ainsi manquer de respect à mon rang ? Tu apprendras Saint de bronze qu’il s’agit ici des trophées de mes victoires. Tous ces visages sont ceux des vaincus lors de mes missions pour le Sanctuaire. J’ai suffisamment confiance en la terreur que j’inspire au Capitaine Misty, pour savoir qu’il ne traversera pas ma demeure sans une raison valable… "
Mei se redresse péniblement sous le regard furieux du français qui souhaite sortir au plus vite d’ici pour ne pas irriter davantage le Saint d’or.
L’italien poursuit :
Deathmask - " Dorénavant, tu sauras que je ne prendrais pas le temps de venir me soucier des raisons de ta traversée. Le danger que représente un minable Saint de bronze est aussi dérisoire qu’il en est drôle. "
Mei crache sur le sol pour exprimer tout son mépris à l’encontre de celui qu’il était pressé de retrouver quelques heures plus tôt.
Il observe l’origine de la voix de son mentor avec défiance tandis que Misty le tire par le bras comme Deathmask lui en donne l’ordre :
Deathmask - " A présent, je vous ordonne de quitter le quatrième palais. Vous l’avez déjà trop longtemps souillé de votre mièvrerie. "

Enfin sortis, Mei ne laisse pas le temps à Misty de prendre la parole :
Mei - " Non. Ne dites rien. Je vous en prie. "
Les mots tremblants de Mei sont bien suffisants pour permettre à Misty de réaliser tout le martyre du Saint de bronze.

A l’intérieur, dans sa loge, Deathmask défait son diadème qu’il balance sur sa table. Il s’affale sur sa chaise puis se prend la tête entre les mains, déçu de ses adieux à Mei.
Deathmask - " Ca n’aurait jamais dû se passer comme ça Mei… Mais ton tuteur est mort à tout jamais avec la femme qu’il aimait. "


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

Dans cette vallée de glace, fier de l’histoire de son village, Yakoff feuillette un manuscrit en lettres calligraphiées. Il découvre le contexte particulier de Kohortec et ses descendants qui y vivent depuis la nuit des temps.
« C’est incroyable, depuis la création de la chevalerie d’Athéna, ce lieu reculé et difficilement atteignable a été foulé par une multitude de Saints. Et nous, villageois de Kohortec, avons gardé secrète l’existence de cette caste. », se gratifie le jeune garçon.

Soudain, des claquements cinglants retentissent. Le russe reconnaît ce son. Il est quasi-similaire à celui qui résonnait lorsque son grand-père tirait le loup à la carabine à l’époque où il l’accompagnait à la chasse. Toutefois, les décharges sont trop succinctes pour correspondrent à l’arme usagée de son aïeul.
Il se précipite à la fenêtre et découvre une bande de soldats chaudement vêtus et armés. Des militaires investissent les lieux et délogent les habitants de force.

N’écoutant que son courage, l’enfant arme son fusil rudimentaire et quitte discrètement sa demeure.
Il escalade un monticule de neige durci par le gel, afin de mieux se positionner arme à l’épaule.
« Je ne comprends pas, comment des hommes accompagnés de moyens dépassant notre entendement ont pu trouver ce lieu sacré ?! », s’inquiète-t-il.
Ses bras tremblent. Par-dessous sa capuche l’enfant est en nage. Tuer un homme n’est pas chose facile. Pour le faire il faut du cran, même lorsqu’il s’agit de protéger les siens.
De plus ce n’est pas une tâche aisée pour un enfant. Son hésitation permet aux investigateurs de remarquer sa présence à distance :
Militaire n°1 - " Là-bas ! Un gamin ! Allez me chercher ce gosse ! "
Un membre de son équipe obéit aussitôt pendant que les autres regroupent les gens dehors en les encerclant.

Démasqué, Yakoff n’a plus d’autre choix que de tirer. Sa gorge est sèche, la visée difficile tant ses membres sont hésitants.
Alors il attend, il attend que l’homme soit proche, plus proche, encore plus proche, jusqu’à ce qu’il soit sûr de ne pas manquer sa cible.
Les yeux fermés, tête tournée, il appuie sur la gâchette. Le coup de feu retentit dans la vallée glacée.

Les villageois et les stipendiés observent le silence sous le spectacle leur faisant face.
Le soldat se retourne vers les siens, une main en appui contre son cou. Du sang jaillit d’entre ses doigts, la balle a effleuré la carotide.
L’enfant rouvre les yeux pour s’assurer avoir touché sa cible.
Son ennemi essaie de regagner ses comparses en titubant pendant qu’il imprègne la poudreuse de son hémoglobine écarlate. Au bout de quelques pas, il s’effondre sur le sol de coton, mort d’une hémorragie.

Immédiatement, l’enfant sort une autre balle pour recharger son fusil, sous les yeux des agents déconcertés.
Le meneur de cette faction réagit à son tour. Il extirpe du groupe un vieillard qu’il agenouille en braquant un revolver sur sa tempe :
Militaire n°1 - " C’est terminé gamin ! Pose ton arme sinon le vieux crève ! "
Yakoff cesse aussitôt son entreprise, ce que le vieil homme se refuse d’accepter :
Vieillard - " Yakoff, sauve-toi. Tu connais mieux ce lieu que quiconque. Va-t-en ! Ta jeune vie est plus précieuse que la mienne. "
Une détonation fait alors écho dans l’atmosphère. Le soldat vient d’exécuter le patriarche :
Militaire n°1 - " Bien, lui ne nous ennuiera plus. Si la vie d’un ancêtre n’est plus suffisamment précieuse à la vue de ce peuple, peut-être que la vie de cette jeune fille vous importera plus ! "
Ses hommes arrachent du bras de sa mère un bambin qu’il pointe de son arme comme il l’a fais avec le vieillard dont le cadavre gît à ses pieds.
Yakoff, saisi par la mort de l’ancien, abandonne son arme et se met debout, bras en l’air.
Le leader des inquisiteurs enjoint deux de ses hommes d’aller chercher le rebelle d’un hochement de tête.

Les subordonnés approchent Yakoff :
Militaire n°2 - " Un jeune garçon aussi téméraire fera un ouvrier de choix pour la création de l’édifice pour lequel nous avons été engagés. "
Militaire n°3 - " Je ne sais pas si avec un bras cassé il avancera aussi vite que ça ?! "
Le dernier agent met ses menaces à exécution en frappant avec son poing, du revers de la main, l’enfant. L’autre profite qu’il soit tombé au sol pour le marteler de coups de pieds :
Militaire n°2 - " Oui, ça ne serait pas normal qu’on te mette au travail sans te punir pour ton irrévérence ! "
Passé à tabac, Yakoff se recroqueville sur lui-même en position f½tale pour protéger comme il peut son visage et son torse.
Le calvaire dure moins d’une minute. Bien trop long pour un garçon de cet âge.

Heureusement, cela cesse avec les hurlements de douleur de l’agresseur. L’homme se tient sur une jambe et se cramponne l’autre :
Militaire n°2 - " Ah… Ma jambe ! Je ne sens plus ma jambe ! "
Effectivement, sous ses bottes en fourrure, après avoir remonté son pantalon, il observe sa jambe bleuir. Le froid progresse jusqu’à l’aine puis s’arrête à l’abdomen. Sa peau se cristallise, tout comme ses organes internes.
Etendu sur le dos, sentant son intégrité se figer, il demande à son comparse, ahuri devant le spectacle qui se produit :
Militaire n°2 - " Qu’est-ce qui m’arrive, j’ai l’impression que mon corps va se briser ? "
En réponse, il reçoit une boule de neige en plein visage.

L’assistance en cherche l’expéditeur et distingue la silhouette d’une jeune femme habillée d’une armure, au visage dissimulé sous un masque.
Un villageois l’annonce :
Villageois - " C’est Carina Saint de bronze de la Carène du Navire ! Nous sommes sauvés ! "
Ce à quoi un soldat répond par un coups de crosse de fusil dans l’estomac pour le faire rasseoir.

Plus haut, armée d’une autre boule de neige, Carina approche les deux tortionnaires de Yakoff :
Carina - " Je vais te répondre étranger. Tu as subi la vague de froid projetée par ma cosmo énergie. Une force que possèdent tous les êtres, mais que seuls les plus assidus, après un entraînement acharné, peuvent maîtriser. Ton corps est désormais encore plus fragile que du verre. "
Mal en point, l’homme refuse de céder à la panique :
Militaire n°2 -" Cette histoire de chevaliers qui existent depuis les temps mythologiques… L’organisation qui nous a mandaté nous a prévenu mais je refuse de croire à ces choses surhumaines. C’est impossible ! "
Carina s’amuse à tasser davantage sa boule de neige avant de la lui jeter sur le bas ventre gelé :
Carina - " Bien sur que c’est possible, et je vais te le prouver. "
La vulgaire sphère de neige ne s’écrase même pas sur le blessé. Elle le transperce, brisant la glace durant le contact et arrachant la partie inférieure de son corps qui s’envole sous des milliers de morceau de verre à hauteur du tronc.
Le bourreau de Yakoff entre en transe, la douleur éprouvée étant si forte. Finalement, il décède dans d’horribles souffrances sous les yeux apeurés des siens.
Son acolyte dégaine aussitôt son fusil mitrailleur qu’il décharge sur la Saint :
Militaire n°3 - " Pu… Putain de sorcière, je ne te laisserai pas me jeter un sort comme avec lui ! "
Sans même se donner la peine d’attraper les balles, Carina encaisse les coups de feux sans même que son corps ne soit victime de la moindre marque.
Carina - " Mon corps est protégée par mon cosmos. De vulgaires armes, et encore plus celles à feu, ne servent à rien si elles ne sont pas nourries de cette même énergie. "
L’homme recule d’un pas hésitant puis, finalement, rebrousse définitivement chemin pour rallier les siens, bien loin d’être rassurés, hormis leur chef :
Militaire n°1 - " Moi non plus je n’ai jamais voulu croire à cette histoire sortie d’un roman pour enfant. Lorsque le messager d’une vaste et mystérieuse organisation est venu trouver notre commando, je lui ai ri au nez, pensant que cette mission serait de la tarte et que l’argent proposé en échange serait facilement gagné. Puis, en venant ici, dans ce lieu où il nous aurait été impossible de parvenir même avec la meilleure technologie au monde, j’ai compris que ces êtres d’exceptions existent. Heureusement, notre guide, celui qui veillera à ce qu’on achève ce pourquoi nous sommes venus ici, fait parti de ce cercle particulier. "
Caché derrière une chaumière, le guide dont le chef des soldats vient de parler se montre enfin :
Carina - " Seigneur Crystal ?! "
Crystal Saint - " Bonjour Carina. "
Carina - " Seigneur Crystal, vous êtes revenus du Sanctuaire ! Est-ce vous qui les avez conduis… Est-ce vous qui leur avez permis d’arriver ici en vie ?! "
Crystal Saint - " En effet. J’ai été missionné par le Sanctuaire pour conduire cette équipe sur ces terres afin d’y construire une base stratégique pour le domaine sacré. "
Carina - " Quelque chose m’échappe. Notre peuple a toujours été fidèle à la volonté du Sanctuaire, alors pourquoi de telles manières ?! Et… Et que s’est-il passé là-bas ?! Vous avez réussi à rencontrer le Grand Pope ?! "
Le Seigneur Crystal marche jusqu’à elle. Il ignore l’attitude grossière des soldats qui obligent les villageois à engager la route à quelques kilomètres d’ici.

Carina profite de la distance qui le sépare de l’amant de son défunt professeur pour relever Yakoff :
Carina - " Yakoff ! Yakoff ! "
L’enfant a du mal à reprendre ses esprits :
Carina - " Yakoff, il faut que tu te sauves. Le Seigneur Crystal ne semble pas dans son état normal. Je vais tenter de le raisonner. Mais toi, il faut que tu puisses te mettre à l’abri et chercher de l’aide. "
Le petit garçon obéit et traîne la jambe pour s’éloigner d’ici malgré les rappels du Seigneur Crystal :
Crystal Saint - " … Tu as entendu ?! Reviens ici immédiatement ! "
Carina se met en travers du champ de vision du maître de Hyoga :
Carina - " Ca suffit Seigneur Crystal ! Vous allez m’expliquer ce qui s’est passé au Sanctuaire ! "
Crystal Saint - " Il ne s’est rien passé d’autre que ce que je t’ai raconté. Le Grand Pope m’a demandé de construire une base stratégique pour le Sanctuaire, afin de garder un pôle tactique face aux royaumes du grand nord. "
Carina - " Et les évènements de Yíaros ? Hébé ? Et Lena, mon maître ? Vous en avez discuté ? "

Le regard carnassier de l’homme change radicalement. Son visage se radoucit pour exprimer cette mélancolie qui d’ordinaire le caractérise.
Crystal Saint - " Yíaros ? Hébé ? Lena… Ma Lena… Le Sanctuaire ! Ils m’ont… Il m’a… "
Il se cramponne soudainement la tête. Son crâne le fait horriblement souffrir.

Carina se précipite auprès de lui pour tenter de l’aider. Seulement, lorsqu’il revient à lui, son attitude violente ressurgit aussitôt.
Sans prévenir, il décoche un uppercut en plein menton de la jeune femme.
Il la toise pendant qu’elle se relève :
Crystal Saint - " Le Grand Pope nous ordonne de lui construire cette pyramide de glace en l’honneur de sa grandeur ! Tu dois te joindre à nous sinon… "
Carina - " Sinon quoi ? "
Crystal Saint - " Tu mourras ! "


En Grèce, au Sanctuaire, dans un village du nord :
 
De retour à son domicile, une magnifique bâtisse réalisée dans le style traditionnel antique, Algol retrouve son amante déjà rentrée depuis quelques minutes.
Hevelius ne l’a pas attendu pour baigner son corps dans le bassin à l’onde fraîche qui domine la jolie demeure du Saint d’argent.
Autour d’elle, deux esclaves s’affairent à verser des jarres d’eau entières, ramassées plus tôt dans les ruisseaux alentours.

En présence des valets, Hevelius n’ose pas ôter son masque alors qu’elle arbore sa totale nudité sans complexe. Algol reste bien silencieux et l’admire avec envie.
Il se félicite : « Ma solde de Saint et les réussites de mes missions m’ont permis une grande renommée ainsi que la création de cette luxueuse maison au sein du domaine sacré. Je dispose d’une dizaine de serviteurs, de la popularité auprès des femmes que m’offre mon statut, seulement il me manque elle, ma femme. J’ai longtemps espéré que ce serait Hasu. Cependant, l’obligation de tourner la page et ma rencontre avec Hevelius m’ont offert une autre vision du bonheur. »

En le voyant, un des domestiques se presse de rejoindre Algol. Il fait remarquer la présence de son maître à ses semblables.
Aussitôt, sans qu’il ne prononce le moindre mot, le chevalier de Persée est dévêtu avec délicatesse. Il ramasse dans ses frusques l’objet de sa sortie du Sanctuaire aujourd’hui, un magnifique diamant relié par une chaîne.

Il se glisse dans l’onde et d’un signe de la tête congédie ses hommes.
Enfin seuls, Hevelius ôte son masque et arbore un sourire resplendissant. Ses grands yeux verts foudroient en plein c½ur son compagnon de vie qui se colle contre son dos.
Il dépose le bijou au creux de sa poitrine et relie les deux extrémités de la chaîne en soufflant :
Algol - " Alors que je revenais de mission et que je me promenai en tenue contemporaine dans Athènes, j’ai été sublimé par l’éclat de ce diamant. Il était aussi étincelant que ton regard. Je me suis alors promis de réunir ce sujet aux seuls yeux qui peuvent rivaliser avec. "
Hevelius plie aussitôt sa tête en arrière pour déposer un langoureux baiser à son prince charmant…


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

Sur une mare d’eau glacée, avec une grâce et une agilité déconcertante, l’homme et la femme, que le Sanctuaire a rendu ennemis, s’échangent de rapides coups dans un duel au corps à corps.
La légèreté de Carina en fait une vertueuse combattante sur glace comme elle l’avait déjà prouvé sur Yíaros face à Taishi du Toucan.
Le combat n’en est que plus équilibré face à un Crystal Saint dont les capacités ne sont plus à prouver.
Ils se rendent coups pour coups, espérant le moindre faux pas de l’autre sur cette patinoire fragile. Incontestablement, le support n’endurera pas longtemps les ondes de chocs des heurts de plus en plus violents. Le mercenaire et professeur de Hyoga le remarque en premier.

Après avoir esquivé une droite de Carina, il saisit son bras et balance la svelte Saint par-dessus lui pour l’encastrer dans la glace. Celle-ci se fissure par-dessous, présageant une chute prochaine dans cette eau glaciale aux courants maritimes instables.

Carina se redresse donc, et repart de plus belle sans comprendre la stratégie du Crystal Saint qui se déplace plus lourdement, n’hésitant pas à frapper fort du pied la glace en faisant le tour d’elle.
Bien vite, les craquements de cette banquise deviennent audibles, trop vite même.
Carina n’a pas le temps de concevoir le piège dans lequel elle est tombée que déjà le Crystal Saint la surplombe dans les airs. Son poing droit, serré, est tendu en direction de Carina tandis que sa main gauche soutient son membre raidi et chargé de cosmos.

Elle essaie désespéramment de bondir dans les airs. Néanmoins la zone quadrillée par la cosmo énergie du pantin du Grand Pope est trop grande.
Carina est repoussée sur le sol, comprimée contre, puis poussée jusqu’à l’eau tourbillonnante, froide à en rompre les os et à comprimer ses organes.

Le Crystal Saint se réceptionne plus loin sur une demeure de villageois que les mercenaires ont vidé.
Durant de longues secondes, il guette les environs, s’assurant de sa victoire sur la jeune femme, prêt à l’achevée si cette dernière a survécu à cet échange.
Cependant, un nouveau mal de crâne le déconcentre, laissant à Carina le temps qu’il faut pour puiser en elle la force de rejoindre la surface.
Ses doigts prennent appui sur la banquise et la hissent difficilement. Sa peau est bleuie par les températures insoutenables. Sa Cloth est entamée par le choc du plus expérimenté des deux combattants.

Très vite, elle constate : « Ses maux de tête l’affaiblissent énormément. J’ai l’impression qu’il lutte contre une oppression qui le contamine. Il a dû subir un arcane aux conséquences inimaginables en se déplaçant au Sanctuaire. Seulement, je ne peux lutter contre cette puissance. La seule chose qu’il me reste à faire, c’est éliminer cet être si bon devenu un démon. La survie du peuple de Kohortec… Non, la survie du monde en dépend. »
Aussitôt, dans son dos, l’effluve de son cosmos dessine derrière elle l’élément symbole de sa constellation protectrice, la Carène du Navire.
A la vitesse du son, elle s’élance au-dessus du toit du logis déserté pour le dominer :
Carina - " Je suis désolée Seigneur Crystal, je n’ai pas le choix. Je vous ferai donc l’honneur de mourir par cette technique qui vous est chère : Diamond Dust ! "
La Poussière de Diamant de Carina fonce sur l’homme abattu, provoquant une explosion suivi d’un brouillard givrant.

A mesure que la brume se dissipe, la toiture blanchie par Carina ne laisse apparaître aucune présence du mercenaire.
A bout d’élan après le bond prodigieux fait auparavant, la jeune femme s’y réceptionne. Cherchant de haut en bas et de droite à gauche la moindre présence de son adversaire, elle doit compter sur sa voix inhabituellement agressive pour le localiser :
Crystal Saint - " Comment peux-tu croire me vaincre avec une botte secrète dont je me suis fais le maître ?! Je vais te montrer ce qu’est la véritable Poussière de Diamant. "
La voix vient d’une autre maisonnette, un peu plus bas. L’habitation ne tarde pas à voler en morceaux de verres, tandis que le Seigneur Crystal en jaillit, accumulant en lui toute sa cosmo énergie. Ses mouvements surpassent la vitesse classique du son que maîtrise chaque Saint de bronze.
Il stoppe sa cabriole juste sous le nez de Carina qui en est restée à fixer la maison cristallisée. Il lui décoche un brutal coup de poing à l’estomac, l’obligeant à s’affaisser. Pliée de douleur devant le Seigneur Crystal qui se tient debout face à elle, elle ne trouve pas la force de se dégager du champ d’énergie cosmique rassemblé par le maître des environs. Ses membres subissent la pression emmagasinée par l’enragé élève de Camus et se tétanisent.
De plein fouet, à bout portant, elle encaisse toute sa folie :
Crystal Saint - " Diamond Dust ! "
La demeure éclate en des milliers de cristaux, ne laissant plus qu’à sa place un cratère au beau milieu de la neige.


Russie, Sibérie Orientale :

A proximité de là où il a grandi en compagnie de Hyoga, Carina, Lena et le Seigneur Crystal, Isaak s’accorde une trêve.
Dans un village voisin à Kohortec, le finlandais reste enrubanné pour camoufler son retour. Tous le croient mort ici.

En compagnie de Ksénia, le borgne choisit de s’offrir du repos dans une auberge où il avait l’habitude de s’exiler pour profiter de sa jeunesse à la fin de ses entraînements.
Le propriétaire de la taverne conduit le duo à l’étage où un simple feu de cheminée et une paillasse les attendent.

Isaak se presse de défaire ses bottines pour présenter ses pieds gelés aux abords du feu. Il garde auprès de lui le propriétaire qu’il questionne vivement :
Isaak - " J’ai remarqué en bas que certains habitants buvaient avec euphorie. Je connais suffisamment ces terres pour savoir que l’occasion est rare pour ces moments d’ivresses. Que se passe-t-il ici ? "
Propriétaire - " Oh, ce n’est qu’une légende locale. Il semblerait qu’une espèce d’armure aux pouvoirs magiques ait été attribuée à un jeune du village voisin. C’est un évènement pour ceux qui y croient. Depuis pas mal d’années pas mal de gosses viennent ici dans le but de devenir chevalier et porter ces fameuses armures magiques. Mais personnellement, je n’y crois pas du tout, je n’ai jamais rien vu de tel. "
A l’annonce d’une telle nouvelle, la voix d’Isaak semble affectée :
Isaak - " C’est parce que le but de la chevalerie est de rester secrète. Quel est le nom de cet heureux élu ? "
Propriétaire - " De ce que j’ai entendu, il s’agirait d’un Cygne ou d’un Hyoga ! Je n’ai pas bien compris et en toute honnêteté, je me moque bien de ces mythes ! "
Un long silence s’instaure.
Toujours camouflé sous un linge, Isaak provoque le malaise de son interlocuteur par ce comportement gênant.
Ksénia en profite pour congédier leur hôte :
Ksénia - " Merci bien mon brave. Nous prendrons un bon repas dans une heure. Merci de nous le faire monter. "

L’homme prend congé, abandonnant un Isaak qui peut enfin défaire son déguisement.
De son seul ½il, l’ancien élève du Seigneur Cristal observe le bois craquer sous les flammes de la cheminée sans mot dire.
Ksénia ôte également la grande cape qui protége sa tenue légère. Avec sensualité, elle s’allonge sur la couche :
Ksénia - " Ah… Tu devrais venir te reposer un peu. Il nous reste encore un peu de marche avant Blue Graad. "
Isaak ne quitte pas ses songes. Ksénia le prend au vif :
Ksénia - " Ce Hyoga, il s’agit d’un Saint d’Athéna n’est-ce pas ? Il est devenu le chevalier que tu devais être, le Saint de bronze du Cygne ? "
Isaak passe sa main sur son visage comme pour se forcer à revenir à la réalité :
Isaak - " Il a donc réussi. Lui qui était voué à l’échec et qui ne voulait acquérir la force des Saints que pour assouvir un besoin personnel, il a volé ce qui m’était destiné. "
Une larme coule le long de sa joue, enlaidissant davantage son visage chargé de colère :
Isaak - " Avec des hommes comme Hyoga, le berceau protecteur des hommes, le Sanctuaire est désormais composé de faibles et d’incapables. A présent je suis convaincu de la nécessité de laver ce monde des faibles et des incapables qui le pourrissent. "
Il soupire profondément pour évacuer son chagrin afin de n’en laisser paraître aucune trace en se retournant vers Ksénia.

La vénusté n’attend pas que l’affliction du Kraken soit passée. Elle se redresse pour venir cueillir sa tête entre ses mains délicates.
Debout, face au Marinas agenouillé, elle vient déposer sa prise contre sa poitrine pour coller contre elle le jeune homme :
Ksénia - " Brave Marinas, ne succombe pas à la détresse en cet instant. Notre mission doit se poursuivre sans faillir. Allons nous coucher, notre repos est mérité. "


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

Le vent balaie les flocons de neige et habille les débris d’une maison que le sol n’a pas encore blanchis. C’est ainsi que dans le trou laissé par la Poussière de Diamant du Seigneur Crystal, une famille de villageois se presse d’extraire le corps de Carina :
Le père - " Aide-moi, vite, avant que les soldats ou le Seigneur Crystal ne reviennent. "
Le fils - " Je ne pense pas qu’ils reviendront. Ils croient le village vide et Carina morte. "
La mère - " Pressons ! Ramenez-la à l’intérieur, j’ai remis du bois dans le foyer. Il faut la réchauffer après le choc thermique qu’elle a subi. "


Quelques heures plus tard, étendue sur une couche qui n’est pas la sienne, Carina reprend ses esprits.
Son armure brisée en de multiples endroits l’habille toujours malgré le fait qu’elle se sente nue. Ses doigts effleurent aussitôt son visage qui adopte une mine horrifiée :
Carina - " Mon masque ! Où est-il ? "
La mère de famille vient immédiatement à son chevet :
La mère - " N’ait crainte. Je t’ai lavé ton masque, moi seule a vu ton visage. Mes hommes sont sortis fouiller Kohortec à la recherche d’autres villageois… "
Elle présente un portrait dessiné de son fils et son époux, bien connus de Carina puis reprend sa conversation :
La mère - " … C’est un miracle que tu t’en sois sortie. Nous nous sommes cachés à temps lorsque le village a été envahi et nous avons assisté à ton combat contre le Seigneur Crystal. "
Carina - " Je suis moi-même surprise d’être toujours en vie. J’aurai cru que le Seigneur Crystal m’aurait achevé. "
La mère - " Il t’a cherché dans les décombres quelques instants puis a eu une terrible migraine. Il s’en est même écroulé au sol. Lorsqu’il est revenu à lui, il n’a pas repris ses investigations, il est parti aussitôt dans la même direction que celle des militaires. "

Un bruit assourdissant dérange Carina depuis qu’elle est revenue à elle :
Carina - " Qu’est-ce donc que… "
La mère - " Cela a commencé il y a bientôt une heure. J’imagine que les inquisiteurs exploitent notre peuple. J’ai vu qu’ils faisaient traîner par des loups de grands traîneaux remplis de matériaux et outils divers. "
Carina - " Ils ont déjà commencé la création d’une base pour le Sanctuaire. Il faut que j’aille les délivrer… "
La malheureuse s’effondre aussitôt :
La mère - " Non Carina, tu vas rester avec nous le temps de reprendre des forces. Si tu retournes affronter le Seigneur Crystal dans cet état, tu ne t’en sortiras pas cette fois. "


Quelques minutes plus tard, le visage a nouveau dissimulé, Carina se réchauffe au coin du feu en compagnie de la mère de famille.
Son époux et son fils ne tardent pas :
Le père - " Il ne reste que la vieille dame alitée que les soldats ont du préférer ne pas embarquer ainsi que la famille qui vit à l’autre bout du village. Ils se sont cachés sous leur faux plancher. "
Le fils - " Espérons que Hyoga reviennent bientôt. Peut-être que lui réussira à raisonner le Seigneur Crystal ?! "


En Grèce, au Sanctuaire :

Les heures ont défilé pour Mei, entre la fin de la montée des marches, puis la descente de celles-ci en passant par son allégeance au Pope et à Athéna.
Qu’importe. Le tout frais Saint de bronze a l’esprit vidé de toutes pensées.

La rencontre avec les autres Saints d’or a été solennelle. Il s’est contenté de s’agenouiller, de laisser Misty parler et de saluer sans la moindre étincelle d’envie ses supérieurs.
Face au Grand Pope, il était absent, hermétique aux exhortations de son souverain à être fidèle à Athéna et, par conséquent, envers lui-même.
Enfin, lorsque le pontife lui fit attribuer une première solde en l’invitant à rester au Sanctuaire, en attendant une première mission, il se sentit davantage abattu.
« Avec ces sacres tu pourras te trouver un toit et des gens pour entamer ta vie au Sanctuaire. Soit bon avec notre peuple, poursuit ton entraînement et tiens-toi prêt pour assurer les quêtes qui te seront confiées. », lui déclara le Pope.
Le retour jusqu’à Honkios n’en fut pas plus palpitant. Les invitations de Misty à prendre la tête d’une troupe, pour diriger la garde d’un secteur du domaine n’évoquaient aucune sensiblerie.

Désormais livré à lui-même dans le domaine sacré, il commence à se diriger vers le sénat afin qu’on lui attribue un logis comme lui a conseillé Misty.
Seulement, en chemin, le doute le ronge de trop. « Est-il possible que mon maître a toujours été ainsi ? », s’interroge-t-il. Il culpabilise : « Comment n’ai-je pu m’apercevoir de rien ? »

La nuit tombe bien vite sans qu’il n’entreprenne aucune démarche. Il souffle de dépit :
Mei - " Me voici voué à une nouvelle nuit à la belle étoile. "
Assis sur sa Pandora Box sur une colline à l’extérieur d’Honkios, Mei observe les étoiles et reconnaît chaque constellation que lui a enseigné Deathmask.
Son attention se focalise soudain sur celle du Lion. « Le Saint d’or du Lion… Il est celui au Sanctuaire qui vit au plus près de mon maître. S’il y a quelqu’un qui pourrait m’en dire c’est bien lui. », se mit-il à espérer.



L’espoir des villageois de Kohortec de voir Hyoga revenir à temps était légitime. Celui de Mei qui espérait en savoir plus sur son maître auprès d’Aiolia l’était moins.
Le mien, de traverser le monde à nouveau, était ambitieux. Tandis que celui d’Isaak était anéanti. Pour lui, l’humanité méritait d’être anéantie.


Author Topic: Chapitre 43 - Y a til encore de lespoir ?  (Read 28604 times)

0 Members and 1 Guest are viewing this topic.