Chapitre 42 - Le périple d’Apodis

La Galaxian War avait commencé par les victoires de Jabu et de Seiya.
Sur les recommandations de son professeur, après avoir salué sa mère et prit congé de Yakoff, Hyoga avait brisé le mur des glaces éternelles. Devenu Saint, il débarquait à son tour au Japon pour affronter Ichi.
Pendant ce temps, le Sanctuaire vivait l’arrivée d’un autre japonais que la fondation croyait mort…



Chapitre 42 - Le périple d’Apodis

En Grèce, dans les montagnes reculées d’Athènes :

19 septembre 1986.
Les mains écorchées par les multiples prises effectuées sur la roche pour gravir les obstacles, le jeune garçon aux traits asiatiques et aux vêtements effilochés qu’est Mei ne perd rien de sa motivation.
La faim et la soif ne sont que des facteurs secondaires, par rapport à l’envie qui l’habite de se hisser jusqu’au Sanctuaire.
Il a traversé la mer séparant l’Italie à la Grèce, dissimulé son identité, erré dans les rues les plus malfamées d’Athènes, sans manger ni dormir.
Il ne garde en tête que les explications de Deathmask à l’époque où il lui enseignait la chevalerie. Il sait que le Sanctuaire se montre aux hommes courageux et forts, capables de maîtriser leur cosmo énergie et de surmonter les épreuves.
Les repères marqués sur les roches, les indications géographiques comme les gouffres et les côtes aux vents violents… Il en est sûr, il y est presque. Et bientôt, il en saurait plus sur son professeur.


Soudain, une voix retentit dans l’atmosphère : « Qui es-tu étranger ? »
Mei balance la tête de gauche à droite, scrute les pointes rocheuses mais ne parvient pas à identifier l’origine de la voix. Celle-ci bénéficie d’un magnifique écho en plein milieu de cette chaîne montagneuse : « Je vois que tu portes une Pandora Box sur le dos, néanmoins tu ne m’as pas l’air très doué pour prétendre être un chevalier ! Si tu cherches ainsi ton ennemi sur le champ de bataille, tu risques vite d’être vaincu. »
Le japonais grimace. Il reconnaît volontiers qu’il aurait dû être plus concentré. Il ferme alors les yeux pour mieux se focaliser sur les émanations cosmiques qui peuvent venir de son interlocuteur.
Seulement, un tel effort lui fait baisser sa garde. Le voici aussitôt frappé en plein estomac par un coup porté depuis une longue distance.
La voix se vante alors : « Rien de plus facile pour un chevalier de distinguer un cosmos sans faire autant d’effort. Tu n’es donc pas un Saint. Rentre chez toi, tu n’as rien à faire ici. »

En se redressant, Mei passe sa main dans sa longue chevelure argentée et rétorque :
Mei - " En effet, je viens d’être nommé Saint et j’aurai dû être plus prudent. Mais ne me sous-estime pas. "
Plus haut, dans les montagnes, le mystérieux agresseur se fige. Ses bras et ses jambes sont brusquement enlacés par de longs fils sortis du sol.
Mei lève ensuite les yeux dans sa direction et identifie un homme vêtu d’une Cloth argentée :
Mei - " Mon voyage jusqu’ici et mon manque d’expérience m’ont valu d’être déstabilisé. Heureusement, j’ai reçu un très bon enseignement. Il me suffit d’un rien pour reprendre l’avantage. "
Son adversaire sourit alors et daigne se présenter :
Algol - " Si je me fie à ces fils qui ressemblent à des cheveux, et aux gravures sur l’urne que tu portes, tu dois être le Saint de la Chevelure de Bénérice. Ainsi, cette légendaire armure a trouvé un porteur. "
Au ton d’Algol, devenu courtois, Mei le libère de son étreinte en affirmant :
Mei - " Cette Cloth n’a de légendaire que son histoire avec Typhon. Rien d’autre. A rester au Mont Etna, les sages en ont oublié son existence parmi les cinquante deux armures de bronze, finissant par classer cette armure dans une catégorie inconnue. "
Algol bondit jusque devant lui et lui tend la main :
Algol - " Tu viens donc au Sanctuaire pour la première fois. Nous en sommes tout proches. Laisse-moi t’accompagner jusqu’à l’intérieur. Je suis Algol Saint d’argent de Persée. "
Mei lui serre sa main :
Mei - " Mon nom est Mei. J’accepte volontiers de te suivre. "


En quelques minutes, au détour de plusieurs roches, les deux frères d’arme finissent par gagner une grande balustrade :
Algol - " Nous sommes aux remparts ouest du domaine. Ca tombe bien, ce secteur est gardé par le capitaine de tous les Saints de bronze et d’argent, le Saint du Lézard. C’est à lui que tu vas devoir te présenter avant de trouver le Pope. "
En voyant Algol arriver, les gardes n’hésitent pas un instant à ouvrir les grandes portes pour laisser Mei découvrir le cadre antique de ce lieu.
Très vite, le japonais s’émerveille de ce style de vie similaire à ce qu’il a toujours imaginé.

Il ne tarde pas, au beau milieu de Paesco, le village d’Apodis, à trouver une fontaine d’eau potable dans laquelle il se jette tout entier pour se rafraîchir.
Une voix douce et distinguée le surprend : « Quelle étrange façon de se tenir pour un Saint ! Algol, je t’aurai cru plus à cheval sur les principes avec tes élèves ! »
Algol sourit avec sympathie pour celui qu’il reconnaît être son supérieur. Il enlève son diadème en signe de respect :
Algol - " Ce n’est pas mon élève Misty. Voici un Saint de bronze venu prêter allégeance au Grand Pope. "
Elégant dans son armure d’argent, le français, entouré d’une troupe de soldats, fait les gros yeux devant la grossière façon dont Mei se délecte de l’onde fraîche.
Misty - " Bien ! Lorsqu’il aura fini de boire comme un goret, j’espère qu’il aura au moins la politesse de se présenter à son capitaine ! "
A entendre le rang du chevalier, Mei manque de s’étrangler.

Les yeux encore gondolés par les larmes, le visage bleui par le manque de souffle, Mei se met au garde-à-vous au beau milieu de la fontaine pour déclarer de sa voix cassée :
Mei - " Veuillez me pardonner. Je suis Mei le Saint de… "
Devant une scène aussi comique, les soldats de Misty ainsi qu’Algol ne peuvent s’empêcher de succomber à une hilarité commune. Seul Misty semble agacé, au point d’interrompre Mei :
Misty - " C’est bon, c’est bon. Reprends ton souffle et suis moi. "
Confus, Mei ramasse sa Pandora Box et salue de la tête Algol pour le remercier de l’avoir amené jusqu’ici.
Misty, lui, invite ses soldats à continuer leur ronde.


Algol observe Misty et Mei s’éloigner vers le centre du domaine, en direction d’Honkios.
Une fois seul, il sort de sous son plastron un magnifique collier qu’il fait resplendir au soleil. A son visage on peut deviner toute la satisfaction qu’il tire à arborer un tel bijou…


En Chine, à proximité des Cinq Pics :

Deux hommes méconnaissables traînent leurs corps jusqu’à un ruisseau.
Leurs cheveux sont sales, leurs vêtements miteux, leurs genoux et les mains écorchés.

Le plus avancé des deux, un blond aux yeux jaunes presque éteints, s’échoue à proximité du chemin d’eau.
L’homme qui le suit, à peine plus en forme, avance à genoux. D’une beauté féerique malgré la fatigue, Myu approche son maître :
Myu - " Seigneur Rhadamanthe. Reprenez-vous, nous y sommes presque. Tenez au moins jusqu’au point d’eau, je vous en conjure. "
Le futur Juge des Enfers cligne des yeux tandis que Myu essaie de le redresser. La conscience revenue, il rejette d’un revers de main l’assistance de son soldat :
Rhadamanthe - " Il suffit Myu. Je n’ai pas besoin d’aide. "
Comme pour illustrer ses propos, il se remet vite sur ses jambes. Peut-être trop vite car la tête lui tourne. En vacillant, il avance d’un pas pressé pour s’écrouler dans l’eau fraîche.
Après s’en être délecté, il se tourne sur le dos et baigne dedans pendant que Myu s’agenouille sur la rive pour y plonger la tête tout entière.

Au bout de quelques minutes, une fois la gorge à nouveau hydratée et le visage débarbouillé, Rhadamanthe s’exclame enfin :
Rhadamanthe - " Je n’ai jamais été aussi bien. "
Myu - " Alors vous aussi vous le sentez ? "
Les deux hommes restent les yeux fermés, galvanisés par une sensation de liberté, d’évasion.
Rhadamanthe - " Oui, mes souvenirs du passé, ma présence actuelle auprès de notre Seigneur… Tout me revient. "

Myu abandonne sa méditation et pointe du doigt une montagne :
Myu - " C’est parce que nous y sommes. "
L’anglais reconnaît la base d’une montagne à quelques centaines de mètres :
Rhadamanthe - " Alors c’est ici ? La Terre Scellée ! "
Myu - " Je ne me suis jamais senti aussi… Aussi… Aussi moi-même qu’en cet instant… Et pourtant… "
Rhadamanthe - " Pourtant une étrange barrière m’empêche de faire la liaison définitive entre mon corps, ma conscience et mon âme. "
Myu - " Comment faire ? "
Rhadamanthe - " Concentrons nos forces et libérons les âmes de nos frères ! "

« Surtout pas ! », leur somme une voix venue d’outre-tombe.
L’origine de cet écho ne tarde pas à se montrer.
Depuis la brume qui encercle la montagne, un grand blond aux cheveux longs approche dans une tenue bleue obscure, faisant ressortir la profondeur de son regard.
Autour de lui, cinq hommes encapuchonnés brandissent chacun une faux.
Une fois proche de Rhadamanthe, l’individu s’agenouille, suivi de ses hommes qui dévoilent leurs armures de Squelettes.
Rhadamanthe reconnaît l’opportun :
Rhadamanthe - " Tiens, tiens… Serait-ce Byaku du Nécromancien ? "
Byaku - " Seigneur Rhadamanthe, je vois que la proximité avec la Terre Scellée a réveillé quelques souvenirs en vous. "
Rhadamanthe - " J’imagine que ce n’est pas par pur politesse qu’un Spectre de Minos se présente à moi. "
Byaku - " En effet, sa Majesté Pandore a demandé que vous alliez au plus vite auprès d’elle en Allemagne. "
Rhadamanthe - " Bien sûr que je me rendrais auprès d’elle. J’y serai accueilli en héros puisque je vais détruire le sceau qu’Athéna a posé sur cette montagne. "
Byaku - " Agir ainsi serait nous condamner. Pour le moment le Sanctuaire ignore tout de notre rassemblement. Fort heureusement. Car même si les plus vaillants d’entre nous disposent d’un cosmos conséquent, il nous est impossible de jouir de nos réelles capacités tant que nous serons emprisonnés à l’intérieur. "
Rhadamanthe - " C’est pour ça que je vais vous libérez de… "
Une secousse brise un caillou devant l’anglais, annonçant l’arrivée du supérieur de Byaku.
Comme ce dernier, Myu gratifie le Spectre du Griffon en s’inclinant :
Myu - " Seigneur Minos. "

Minos sort à son tour du brouillard, accompagné du fringuant Yoma :
Minos - " Rhadamanthe. Toujours aussi têtu à ce que je vois. "
L’anglais serre les dents :
Rhadamanthe - " Minos. "
Minos - " Rhadamanthe, si tu te montrais plus attentif pour une fois, tu aurais entendu Byaku t’annoncer l’autre raison qui nous retient de briser ce sceau. C’est qu’un tel acte alerterait un Saint à qui Athéna a confié la surveillance de la tour à quelques kilomètres d’ici. "
Rhadamanthe - " Qu’importe, je le tuerai. "
Minos - " Mon pauvre Rhadamanthe, écoute un peu ce qui te sert de cervelle pour réaliser qu’un sceau divin ne se brise pas aussi facilement. Le temps que nous nous acharnerons dessus, le Saint sera arrivé jusqu’à nous pour nous éliminer. Sans avoir récupérés nos âmes, nous serons semblables à des pantins entre ses mains. "


Yoma, resté en retrait, se concentre.
Sa transe lui permet de ne faire qu’un avec son âme enfermée au Meikai. Sans perdre de temps, il se focalise sur la vraie raison de sa venue ici.
Il s’enthousiasme en réunissant toutes les informations nécessaires à l’exécution de son plan avec Ksénia.

Un fois terminé, il espère détendre l’atmosphère en se jetant dans les bras de Rhadamanthe :
Yoma - " Rhadamanthe ! Grand Juge des Enfers ! Comme je suis heureux de te revoir après tant d’années ! "
Le rustre l’accueille d’un violent coup de poing au visage et le saisit par le col :
Rhadamanthe - " Comment oses-tu croire que je peux être ton ami ? Toi qui a joué avec la vie de notre Seigneur lors de la précédente Guerre Sainte ! "

Yoma ramasse d’une main son chapeau haut de forme qui allait tomber après le coup reçu puis, de son autre main, passe le Juge au-dessus de lui pour le faire choir sur son postérieur.
Tout en conservant une mine sympathique, Yoma met en garde Rhadamanthe :
Yoma - " Méfie-toi Juge ! En cette époque tu ne bénéficies pas du sang d’Hadès pour restaurer tes blessures. Nous serons donc sur un même pied d’égalité en cette génération. "
Humilié, Rhadamanthe se relève à bout de nerfs. Bien vite, Minos calme la rencontre :
Minos - " Ca suffit ! Yoma, Rhadamanthe, vous allez nous faire repérer. "
Byaku reprend les explications :
Byaku - " Nous profitons de devoir chercher un autre Spectre qui s’éveille actuellement en Asie pour vous prévenir Seigneur Rhadamanthe. Le sceau d’Athéna s’estompe de lui-même. Bientôt nous serons libérés par la force du destin. Voilà pourquoi nous devons nous réunir dans la discrétion autour de sa Majesté Pandore. Elle peut se déplacer à sa guise entre le Meikai et notre monde. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle repeuple le Meikai des Squelettes. "
Rhadamanthe - " De simples soldats peuvent vivre dans le Meikai ? "
Minos reprend :
Minos - " Ils le peuvent car les Squelettes reçoivent des Surplis d’Hadès, leur attribuant ainsi cette chance. Maintenant, Rhadamanthe, pars en Allemagne avec Myu. Le château d’Heinstein est un lieu qu’il n’est pas bon de prononcer là-bas. Essaie de l’atteindre par tes propres moyens sans ameuter la population. "

Rhadamanthe n’acquiesce ni ne rejette l’invitation de Minos. Il lui tourne seulement le dos puis s’engage en compagnie de Myu dans une direction opposée.

C’est seulement lorsqu’ils se retrouvent seuls que l’anglais sourit avec ambition.
Myu - " Que vous arrive-t-il Seigneur ? "
Rhadamanthe - " J’ai vu le Meikai. J’ai vu quelles sont les directives données par notre maître. Je serai le Juge qui commandera l’attaque du Sanctuaire depuis la surface. Le succès de cette mission me permettra d’honorer plus que quiconque le Seigneur Hadès. "
Myu - " Dans ce cas, ce sera avec une immense fierté que je composerai les rangs de vos bataillons comme ce fut le cas à chacun de nos retours sur Terre. "

Les yeux débordants d’ambition, Rhadamanthe et son fidèle lieutenant reprennent la route qui les a déjà bien épuisée.
Rhadamanthe - " Nous partons pour la Crète. J’ai rencontré là-bas quelqu’un qui pourra nous amener au château d’Heinstein. Direction le Port du Destin ! "


En Grèce, au Sanctuaire :

A l’est du domaine, à proximité du camp d’entraînement des femmes chevaliers, un logis est animé par le souffle court et haletant d’une jeune femme.

Couchée sur le dos, étreignant l’homme positionné par-dessus elle, elle lui murmure de doux mots à l’oreille.

Quelques minutes plus tard, l’athlétique homme, aux cheveux longs et blonds, revêt ses vêtements sans mot dire. Il garde les yeux clos et arbore son habituel sourire suffisant.
La propriétaire des lieux se recroqueville dans ses draps. Elle prend juste le temps de ramasser son masque de femme chevalier pour dissimuler à nouveau ses grands yeux azur.
Hasu - " Tu t’en vas déjà ?! "
Shaka - " Je dispense un cours à de nouveaux disciples qui inspirent aux voies du bouddhisme. "
Hasu - " Comme toujours lorsque tu es en permission ! "
Shaka - " Je ne savais pas qu’il fallait me justifier auprès d’un Saint de bronze. Tu ferais mieux de peser le poids de tes paroles lorsque tu t’adresses à un Saint d’or. "
Elle reste silencieuse et bien attristée. Préférant prendre sur elle, elle se risque à une énième tentative pour se rapprocher de lui :
Hasu - " Officieras-tu comme par le passé au village d’Honkios ? J’aimerai venir méditer avec toi comme autrefois. Depuis que j’ai été faite Saint, le Pope m’a régulièrement confié l’apprentissage des femmes chevaliers, me laissant moins de temps pour nos instants partagés antan. "
Proche de la sortie, Shaka rétorque sèchement :
Shaka - " La voie de la sagesse est un chemin long et sérieux. Il demande de l’implication à tous les instants. Etre Saint ne m’a jamais empêché de converser avec Bouddha moi. Au point d’être considéré aujourd’hui par quiconque comme Bouddha même ! "

Hasu réalise enfin la vraie place qu’elle occupe dans le c½ur de Shaka.
Celui qu’elle a connu il y a des mois, lors de leur pèlerinage, continue de changer au point de manquer de modestie :
Hasu - " Quand je suivais tes enseignements j’appréciais le fait que tu n’exclus pas le doute, que tu évites de poser tes opinions comme certitudes. Plus le temps passe et plus tu penses détenir la vérité absolue, au point de souffrir d’un complexe de déification. "
Le Saint de la Vierge conserve son timbre calme et posé :
Shaka - " Je pense qu’il est préférable que nous ne nous revoyons plus. Je me suis trompé sur ton compte. Tu ne mérites pas que je me sois ainsi attardé sur ta personne. "
Avant qu’il ne referme derrière lui la porte de la chaumière, Hasu lui glisse :
Hasu - " Un jour tu perdras ton invulnérabilité. Etre un Saint d’or proche des dieux, n’enlèvera rien au fait que tu puisses rencontrer quelqu’un dont le c½ur et la conviction te feront vaciller. Et j’espère que ce moment te forcera à reconsidérer tes positions actuelles. A cet instant, je serai disposée à te recevoir de nouveau chez moi. "
Ignorant que le jour où il affrontera Ikki dans son temple approche, Shaka choisit de passer au-dessus de tels propos, abandonnant Hasu à sa chagrin. Ses fins cheveux châtains viennent se coller aux larmes qui tombent depuis son masque.
Face à elle, sur la table qui sert de meuble principal à la demeure, un vieux bouquet de fleurs séchées lui soulève davantage le c½ur : « Algol… Ce que j’ai pu être bête… », se morfond-elle.


Plus loin, à l’orée de la forêt réservée aux femmes chevaliers, resplendissant dans sa Cloth d’argent, suscitant le respect des jeunes apprenties qui quittent le camp après cette matinée de labeur, Algol attend fièrement l’une des instructrices.


En Chine, à proximité des Cinq Pics :

A l’abord d’une chaîne de montagne aux cinq pics tutoyant les cieux, un individu encapuchonné par son long voile gris s’accroupit au bord du même cour d’eau que celui où les Spectres s’étaient réunis quelques heures auparavant.

L’eau, rafraîchie par les glaciers en altitude, hydrate le voyageur. Tête la première, il baigne son visage dans l’onde pure et agréable. Ignorant qu’il aurait été en bien mauvaises postures s’il était arrivé plus tôt.

Derrière lui, drapée elle aussi, une urne métallique permet de reconnaître bien vite la nature du visiteur dont le visage est encore très tuméfié.
Ses cheveux bleus ne font aucun doute sur son identité, Apodis Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis est enfin arrivé à proximité de la cascade de Rozan.
Péniblement, il rendosse sa Pandora Box et reprend l’ascension du mont à la recherche de Dohko comme lui a conseillé Anikeï avant sa mort.

En chemin, il profite de la verdure luxuriante qui couvre ce lieu pour se nourrir de quelques baies. Il se masse ses pieds écorchés après avoir traversé les milliers de kilomètres reliant la Turquie, là où il s’est échoué en quittant Yíaros, à la Chine. Le malheureux bougonne en constatant l’état de ses spartiates aux semelles usées et aux lanières arrachées :
Apodis - " Merde… A devoir dissimuler ma cosmo énergie pour ne pas être retrouvé par le Sanctuaire, j’ai dû marcher des jours et des jours pour arriver ici. Vu l’état de mes sandales, je ne suis pas prêt d’avoir des pieds en bon état. "
Nerveusement, il se met à rire devant ce constat. Cette crise de nerf l’oblige à se tenir ses côtes, cassées lors de ses combats sur Yíaros.
Même si certaines plaies ont cicatrisé, son état vital reste très engagé. Seul son cosmos chargé d’une volonté infaillible lui permet de lutter contre la mort.


Soudain, une voix sage le sort de sa folie passagère. Sans la moindre tentative de camouflage, un homme qui l’épiait jusque là sort de derrière les fougères.
De petite taille, sa peau violacée est flétrie. Ses longues moustaches descendent jusqu’à son haut de kimono tandis qu’un chapeau pointu couvre sa tête à la mine fort sympathique :
Apodis - " Qui… Qui êtes-vous ? Depuis quand êtes-vous là à me surveiller ? "
Dohko - " Que peut bien faire rire un jeune homme dans votre triste état si ce n’est sa triste condition ? "
Apodis, déconcerté, comprend la situation : « Je ne ressens aucun cosmos, aucune source de vie en cet homme. C’est comme si… Il n’existait pas ! Il masque sa présence si bien que même face à moi je ne peux la sentir. Serait-il… »
Apodis - " Vous êtes le vieux maître des Cinq Pics n’est-ce pas ?! "
Dohko - " Et toi Apodis Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis. J’ai suivi tes combats sur Yíaros. Tu es un brave chevalier. Orphée t’a façonné à son image. "
Apodis - " Vous avez connu mon maître ?! "
Dohko - " Il est déjà venu en ce lieu me demander conseil. "
Apodis - " Il disait de vous que vous étiez avec le Grand Pope l’unique survivant de la précédente Guerre Sainte contre Hadès. La plus sanglante de l’histoire de la chevalerie. "

Brusquement, l’arbre dressé près d’Apodis s’écroule dans sa direction. Le chevalier évite difficilement le massif végétal en roulant sur le sol pendant que Dohko constate :
Dohko - " Nous ne sommes pas seuls apparemment. Tu as été pris en chasse. "
Une voix roque, familière à Apodis, confirme les propos du sage :
Taishi - " J’ai bien fais de suivre les conseils de notre général Gigas. Il était certain que toi, Apodis, le traître, tu trouverais refuge auprès d’autres renégats. "
Apodis cherche une explication dans le regard de Dohko :
Apodis - " Renégats ?! "
Pour seule réponse, il obtient la mine confuse et embarrassée du maître.
Trop confiant, ignorant le rang auquel appartient Dohko, Taishi se surestime :
Taishi - " N’ayez crainte vieillard, si moi, Taishi Saint de bronze du Toucan suis ici, c’est uniquement pour ce chien. "
La Cloth à peine marquée par ses échanges sur Yíaros, Taishi entame les hostilités en fonçant pied en avant sur Apodis.
Une vulgaire roulade permet à Apodis d’esquiver. Le prochain mouvement est encore plus désordonné, un modeste plongeon en avant pour fuir une onde de choc provoqué par l’arcane de Taishi :
Taishi - " Beak Bone ! "

Le grec s’échoue lamentablement devant le vieux maître :
Apodis - " Vieux maître, je suis venu jusqu’ici pour implorer votre aide. "
La scène amuse Taishi :
Taishi - " C’est déplorable ! Qu’Apodis, un des sergents les plus réputés du Sanctuaire, en soit réduit à ça. "
L’ancêtre tourne le dos au malheureux Oiseau de Paradis :
Dohko - " Je suis désolé, je ne peux rien faire pour toi. "
Apodis, couché sur le ventre, tend la main avec désespoir en sa direction :
Apodis - " M… Ma Cloth est dans un état semblable au mien, je ne peux la revêtir. Et… Et on dit de vous que vous êtes juste et que votre pouvoir est légendaire… Si… Si vous avez suivi mes combats sur Yíaros vous savez justement que quelque chose d’anormal se trame au Sanct… "
La voix assagie du gardien des Cinq Pics se fait plus dure :
Dohko - " Si tu as traversé tous ces kilomètres dans l’unique but de me voir me battre à ta place, tu t’es trompé de personne. Un vrai Saint d’Athéna qui se bat pour l’amour et la justice n’implore pas la pitié des siens. Il puise en sa force et son courage la passion de se battre pour eux justement. "

Ces paroles viennent gifler Apodis dans son amour propre.
« Il a raison. Comment puis-je me montrer si pitoyable ? Les miens comptent sur moi. Juventas et sa fille veulent que je purge le Sanctuaire du mal qui l’habite, ma femme, ma mère et mon fils attendent que je les venge. Je n’ai pas le droit de tomber dans la facilité. », se dit-il en se relevant. Puis, il crie pour s’en convaincre :
Apodis - " Oui, je ne peux me comporter ainsi, pas maintenant ! "

Regonflé à bloc, ses yeux se charge d’une rage fidèle à son caractère impulsif :
Apodis - " Taishi, je sais que je ne parviendrais pas à te faire entendre raison. Je n’ai donc pas le choix, tu seras une victime de plus des changements du Sanctuaire. La leçon que vient de me donner le vieux maître a réveillé en moi les plus sombres de mes colères, tu vas subir ma Furie Frénétique : Frantic Fury ! "
Taishi - " Pff… Ridicule. Sans armure et dans ton état, tu aurais mieux fais de me demander de mettre fin à tes jours sans souffrances : Beak Bone. "
Dans le dos d’Apodis, l’effluve de son cosmos illumine le paysage de ses couleurs arc-en-ciel. La cosmo énergie prend la forme d’un oiseau majestueux qui fonce bec en avant contre un autre volatile. L’Oiseau de Paradis fracasse le Bec Osseux du Toucan en même temps que le poing d’Apodis transperce la cage thoracique du japonais et fait voler sa Cloth en morceaux.

Les deux s’échouent sur le sol terreux de la forêt, l’un à côté de l’autre.
Apodis observe le cadavre de Taishi pour se convaincre de trouver les forces nécessaires pour se relever et ne pas finir comme lui. Hélas, la tête lui tourne et les dernières ressources qui lui restent ont été puisées par son arcane. Il perd connaissance.
Dohko sourit devant la réaction courageuse qu’a eu le brave Saint :
Dohko - " Qu’importe la Cloth, c’est l’homme qui la porte qui écrit le destin ! "


En Grèce, au Sanctuaire, dans la ville d’Honkios :

Depuis sa désastreuse présentation, Mei n’a pas entendu la moindre parole de son supérieur.
Les kilomètres parcourus depuis les remparts ouest, jusqu’à la montée des marches des douze maisons du zodiaque, ont permis aux vêtements du japonais de sécher.

« Quel frustre, il pourrait au moins m’adresser la parole au lieu de me snober ainsi ! », enrage au fond de lui Mei.
Comme s’il lit dans ses pensées, Misty lui déclare enfin :
Misty - " Nous sommes arrivés devant les douze temples du zodiaque. Nous ne pouvons traverser les demeures des douze plus puissants Saints du Sanctuaire sans l’accord du Grand Pope lui-même. Néanmoins, il est du devoir de tous les Saints fraîchement débarqués au Sanctuaire de venir se présenter à lui, à condition d’être accompagné par un chevalier reconnu par ses pairs. En tant que capitaine des armées, je suis disposé à obtenir l’autorisation des Saints d’or pour traverser leur propriété... "
Le Saint du Lézard interrompt ses explications pour mieux détailler la tenue du nouvel arrivant. Alors qu’il s’engage sur la première marche de la demeure, il reprend enfin :
Misty - " … Tu n’es pas très présentable. Traverser ces maisons est un honneur que n’ont pas tous les Saints. Nous allons rencontrer des êtres exceptionnels, semblables à des demi-dieux. Je te conseille de revêtir ton armure. Avant d’entrer dans une maison, tu t’agenouilleras à mes côtés, casque en main, et tu ne prendras la parole que si un Saint t’y autorise… "

Mei laisse Misty avancer, entendant ses propos sans réellement les écouter. Il observe sa Pandora Box qu’il a positionné devant lui et qu’il s’apprête à ouvrir pour la première fois.
Son c½ur bat la chamade : « Il pourrait au moins m’attendre. C’est un instant important dans la vie d’un chevalier ! », s’indigne Mei.
Encore une fois, le français cesse son monologue et daigne poser les yeux sur la nouvelle recrue :
Misty - " Que se passe-t-il ? Tu as peur que ta Cloth te dévore ? "
« Merde ! Il lit dans mon esprit au moins ?! A chaque fois que je pense à lui il s’intéresse enfin à ma personne ! », réfléchit Mei.
Mei - " C’est que… Je ne l’ai jamais porté jusqu’ici ! "
Misty - " Ce n’est pas vrai ?! Tu vas me dire qu’il va falloir que je t’apprenne à ne faire qu’un avec l’armure pendant que j’y suis ?! Car doué comme tu es, digne d’un Saint de bronze, j’imagine qu’il va falloir t’expliquer comment faire en sorte que cette Cloth ne soit pas une vulgaire armure trop lourde à porter ! Comment peut-on avoir été formé Saint sans avoir achevé sa formation avec cette dernière étape ?! Qui donc a été ton professeur ? "
A mesure de subir les foudres du fier capitaine, Mei fronce les sourcils. Il répond sèchement :
Mei - " Deathmask du Cancer ! "
Misty change aussitôt de ton :
Misty - " Je… Je vois. Il est vrai qu’il a été rappelé bien vite auprès de sa Majesté le Grand Pope. Tu as donc dû finir seul ton instruction. "
L’homme aux cheveux soyeux se reprend une fois l’effet d’une telle annonce encaissée. Son attitude redevient suffisante. Il ferme les yeux et saute en arrière pour quitter les marches qu’il a entamé :
Misty - " Je vais donc achever ton éducation. "
Bien qu’il n’ait pas encore touché le sol, ses mots sont suivis d’une rafale de coups qui font s’écrouler Mei dans le sol poussiéreux.
Mei - " Que fais-tu ?! Es-tu fou ?! "
Misty - " Enfile ta Cloth et attaque moi sans attendre. "
Mei - " Comment ?! "
Misty l’agrippe avec une vitesse folle par la gorge et lui éclate la tête contre sa Pandora Box :
Misty - " Dépêche-toi ! J’ai horreur de me salir les mains ! "
Gêné par le sang qui coule de sa plaie occasionnée par le heurt, Mei comprend qu’il faut réagir. Il se saisit de la poignée de l’urne et tire violemment dessus pour appeler à lui son armure. Immédiatement, dans une lumière aveuglante, une Cloth argentée se défait de son socle pour se fixer sur le jeune homme qui s’écroule sous son poids.
Mei - " Ah… Bordel ! C’est une blague ! "
Misty - " Je te l’avais dis. "
Mei - " On m’a enlevé de l’orphelinat où j’étais pour m’en faire baver ces six dernières années pour ça ! "
Misty - " Attaque-moi. "
Mei - " Mais… Je ne peux pas. Vous êtes mon supérieur… Comment pourrais-je ? "
Misty - " Tu as revêtu ta Cloth sans la moindre volonté combative. Tu n’aurais pas l’air fin si je te laissais te présenter devant le Pope de cette manière. "
Mei - " Quelle volonté combative ?! Je ne vais pas devoir avoir envie de cogner tout ce qui bouge, chaque fois qu’il va me falloir porter cette armure quand même ?! "
Misty - " Pourquoi être devenu Saint ? "
Mei - " On ne m’a pas laissé le choix. "
Cette affirmation fait s’écraser encore plus fort le japonais contre terre, comme si l’armure s’alourdit davantage.
Misty - " Cela m’étonne qu’un Saint reconnu comme Deathmask ne t’a pas enseigné que l’esprit et la force doivent vibrer ensemble tout co… "
Mei - " … tout comme l’armure et moi. Plus mon cosmos brûlera et plus l’armure me semblera légère et… "
Mei commence à se relever tandis que Misty reprend la parole :
Misty - " … Et plus ta force sera grande. Alors réfléchit bien, va chercher la réponse au fond de ton c½ur, pourquoi être devenu Saint ? "
Mei - " Je ne savais pas au départ. Puis j’ai rencontré mon professeur. Il a été d’abord très dur avec moi. Seulement, plus le temps passé et plus il se montrait proche. Il m’a imprégné de la nécessité de rendre la justice en ce monde. Alors… "
Son discours le rend de plus en plus complice avec cette armure. C’est une fois entièrement debout et en pleine possession de ses moyens qu’il achève sa phrase :
Mei - " … Alors j’ai choisi de servir le plus grand symbole de justice qui soit en ce monde. J’ai choisi de servir la chevalerie d’Athéna ! "

Misty lui sourit enfin et le regarde avec un peu plus de considération :
Misty - " Tu as de la chance. Je ne suis pas bien patient, je n’aurai pas attendu trop longtemps que tu comprennes comment on découvre son armure. Aime-la, partage avec elle tes convictions et vous finirez vraiment par ne faire plus qu’un. "
Mei acquiesce :
Mei - " Bien ! Dépêchons-nous de gravir les marches à présent. Il me tarde de me retrouver dans la quatrième maison ! "



Chine, Mont des Cinq Pics :

Les rayons du soleil percent les stores d’une maisonnette en bambou située au bord d’une cascade.
Cette lumière vient chauffer les paupières d’Apodis et le tire de son sommeil.
Il plie difficilement ses membres, enserrés par des bandages sur la quasi-totalité de son corps.

La tête lui tourne. Il reste assis au bord de sa couche quelques secondes afin d’attendre que sa vue puisse fixer le sol sans être floue.

Dans un hurlement d’atroce souffrance, il se redresse enfin pour faire un pas. Sa tentative se solde par un échec et il se jette contre le mur pour se maintenir debout.

Son cri alerte aussitôt une jeune femme à la peau claire et au visage angélique. Elle écarte les rideaux servant à isoler cette chambrette pour se jeter sous l’épaule de l’éclopé afin de le ramener à son lit.
En guise de remerciement, le grec assaille l’autochtone de question :
Apodis - " Qui êtes-vous ? Où suis-je ? "
Pour seule réponse, elle lui tend un bol d’eau fraîche qu’il s’empresse de vider.
Cette consommation lui permet de soulager sa gorge sèche et le calme temporairement.
Il profite de cet instant pour observer chaque recoin de la pièce. Il aurait pu se sentir en sécurité dans cette ambiance dissemblable à celle du Sanctuaire si seulement une statue d’Athéna ne trônait pas en haut d’une étagère.
Fataliste, à bout de force, Apodis ne se sent même pas le courage de riposter :
Apodis - " Alors il m’a abandonné. Le Vieux Maître sur lequel je fondais mes derniers espoirs ne m’a pas secouru. Vous m’avez donc trouvé grâce à Taishi. Mais c’est peine perdue mademoiselle. Vous pouvez dire au Sanctuaire qu’il a tort de me maintenir en vie. Je ne parlerai pas. Que les Saints qui montent la garde autour de cette bâtisse viennent tout de suite me donner la mort. "

De ses grands yeux innocents, elle fixe avec émoi le malheureux qui se croit condamné jusqu’à ce que les bruits d’un morceau de bois frappant le sol se rapprochent.
La voix enrouée du Vieux Maître des Cinq Pics, s’amuse de la réaction défaitiste de l’Oiseau de Paradis :
Dohko - " Quel défaitisme jeune homme ! "
En appui sur le parterre, la canne de l’ancien le guide jusqu’à la pièce où la jeune femme se retire aussitôt.
Dohko - " Je vois que tu as déjà fait la connaissance de Shunrei. "

Apodis est confus :
Apodis - " Vieux… Vieux Maître… Je suis… Présentez-lui mes excuses. J’ai cru que le Sanctuaire m’avait retrouvé et qu’elle était l’une d’eux. "
Dohko - " Les derniers évènements que tu as vécus te sont montés à la tête. Tu ne sais même plus faire la distinction entre un innocent et un meurtrier. "
Apodis confesse :
Apodis - " Je suis épuisé. Je ne sais plus où j’en suis. "
Le vieillard repart dans le couloir pour tirer jusqu’à la chambre la lourde Pandora Box de l’Oiseau de Paradis par une de ses lanières :
Dohko - " Vous êtes mourrant ! "
Le propriétaire des murs n’y va pas par quatre chemins. Il poursuit :
Dohko - " Toi et ton armure êtes en piteux état. Ton état de santé ne pourra jamais s’améliorer, tu as perdu trop de sang et trop de tes d’organes vitaux s’affaiblissent au fil des minutes qui s’écoulent. Quand à ton armure, elle ne pourra jamais bénéficier de ses facultés d’auto régénération dont bénéficie toutes les Cloths si son porteur ne déploie pas auprès d’elle un cosmos suffisant. "
Apodis - " Donc tous mes efforts sont vains. Je ne peux rien faire pour prouver que le Sanctuaire est corrompu. "
Dohko - " Tu es venu jusqu’ici pour me dire ceci ? "
Apodis - " J’espérais trouver auprès de vous un soutien armé et spirituel. Vous êtes un Saint légendaire, vos facultés doivent être inégalées et votre influence peut permettre d’ouvrir les yeux à beaucoup de Saints. "
Dohko se met à rire :
Dohko - " Hum, hum, hum… Si cela était vrai, j’aurai déjà agi en conséquence jeune homme. Hélas, je suis rouillé, bien incapable de pouvoir me déplacer loin d’ici. Alors de là à m’imaginer mener un combat. En ce qui concerne ma force de persuasion, rares sont les jeunes générations qui savent qui je suis. De plus, voici bien longtemps que le Pope m’a considéré comme renégat en raison de mon refus de réintégrer ma maison zodiacale et d’obéir à ses ordres. Bien avant que les premiers soupçons d’autrui à son encontre n’existent et puissent permettre de m’innocenter. "
Apodis - " Mais, on ne peut rester sans rien faire. Le Grand Pope a radicalement changé de politique. Qui sait s’il ne s’agit pas d’un usurpateur ? "
Dohko - " Tu mets justement le doigt là où il faut mon garçon. Le vrai Pope ne m’aurait jamais demandé de quitter Rozan. De plus, j’ai connu cet homme et voici bien des années qu’il ne communique plus avec moi. "
Apodis - " Pourquoi ne pas vous être manifesté auprès des autres Saints pour faire part de vos craintes ? "
Dohko - " Je te l’ai déjà dis, avant que les premiers doutes n’apparaissent, l’usurpateur a prit soin de me discréditer auprès des autres. De plus, ce n’est pas mon devoir. Il y a plus de deux cent quarante ans, Athéna m’a confié une mission qui importe bien plus. "

Apodis reste silencieux, sans la moindre réaction. Dohko le remarque :
Dohko - " Toutefois je sens que tu es déçu par mes réponses. Attends-tu autre chose de moi ? "
Apodis - " Et bien j’aurai espéré que vous me puissiez me dire vieux maître qui était responsable de la perte des miens ? "
Dohko - " Hélas, je n’ai pas toutes les pièces du puzzle et la réponse m’est inconnue. Néanmoins il est de mon rang de te rappeler qu’avant d’accomplir ta revanche personnelle, tu dois allégeance à Athéna. "
Apodis - " Athéna… Si elle est responsable de… "
Dohko - " Jeune oisillon, Athéna n’est responsable d’aucun des maux qu’il y a au Sanctuaire. Crois-tu qu’elle permettrait les actes orchestrés par le Pope ? "
Apodis - " Mais alors, que fait… "
Dohko l’interrompt :
Dohko - " Pour le moment tu dois te poser les bonnes questions. Actuellement tu es seul et trop affaibli pour faire éclater la vérité. Il existe un endroit où ton armure et toi pourrez vous ressourcer à force de méditation et de lutte contre l’élément naturel qui gouverne ce lieu. "
Apodis - " L’île Kanon… Cette île, située en Méditerranée non loin du Sanctuaire, est connue de beaucoup de chevaliers, pour les qualités curatives de la fumée qui s'échappe de son volcan. "
Dohko - " Rends-toi sur l’île, bientôt d’autres hommes viendront rétablir la vérité au Sanctuaire. A ce moment là, tu pourras te joindre à eux. "
Apodis - " Encore un long périple. Survivrai-je jusqu’à là ? "
Dohko - " Seule la véritable foi que tu as en ta mission t’aidera à trouver la réponse. "


En Grèce, au Sanctuaire, à proximité du camp des femmes chevaliers :

Hasu traîne des pieds jusqu’au camp où s’entraînent ses semblables et leurs apprenties.
Chagrinée par sa relation difficile avec Shaka, elle se réjouit de trouver son ex-compagnon, Algol, à l’orée des quartiers réservés à la gente féminine.
En quête de réconfort, elle se présente devant lui toute guillerette :
Hasu - " Algol ! Quel plaisir de te voir ici ! Tu es venu me rendre visite ? "

Le Saint d’argent est gêné. Alors qu’il entreprend d’expliquer la raison de sa venue, il est interrompu par la personne qu’il attendait.
La demoiselle, cachée derrière un masque, porte une armure marron par-dessus son bustier et son boxer couleur grenadine. Son ton n’est en rien agressif. Sa voix est calme, passionnée :
Hevelius - " Je crois qu’il est plutôt venu me raccompagner jusqu’à notre chaumière. "
Hasu - " Hevelius Saint de bronze du Petit Renard ! "
Hevelius - " En personne. "
Hasu - " Je ne savais pas qu’Algol et toi étiez en couple ! "
Algol essaie de se justifier :
Algol - " Cela fait quelques semaines que nous nous sommes rapprochés et… "
Hasu - " Et aujourd’hui vous faîtes chambre commune ! "

Ne connaissant rien du passé liant Hasu à son compagnon, Hevelius espère rassurer sa camarade :
Hevelius - " Oh ! Oui ! Soit rassurée, le Grand Pope a béni cette union. Nous avons l’approbation d’Athéna. "
Hasu - " Tu veux dire que vous êtes mariés ?! "
Algol, bien embarrassé, s’exclame :
Algol - " Non ! "
Hevelius ne soupçonnant toujours rien, maintient son calme :
Hevelius - " Après qu’Algol a découvert mon visage lors d’un entraînement durant lequel il me prodiguait quelques conseils, je lui ai avoué mes sentiments. Il les a acceptés en retour. Alors j’ai demandé à m’entretenir avec le Grand Pope pour l’informer que mon visage avait été découvert et que conformément aux lois imposées par Athéna, j’ai choisi d’aimer Algol. "
L’absence de réaction de la part d’Hasu après cette annonce instaure une gêne inexpliquée pour Hevelius :
Hevelius - " Ai-je dis quelque chose d’offensant ? "
Préférant minimiser l’impact d’une telle nouvelle, Algol assure :
Algol - " Non, absolument pas. Hevelius, veux-tu rentrer chez nous ? Je te rejoins dans quelques minutes, je ne serai pas long. "

La docile Saint du Petit Renard s’exécute.
Algol, confus, déclare à Hasu :
Algol - " Désolé que tu l’apprennes ainsi. "
Hasu - " Et moi qui croyait que tu revenais me chercher. "
Algol - " A quoi bon ? Tu m’as bien fait comprendre que je n’arrivais pas à la cheville de ton amant, Shaka de la Vierge. J’en ai souffert, mais j’ai réussi à reprendre goût à la vie. Hevelius m’y a aidé. Je lui dois beaucoup. "
Hasu - " Tu sais, je ne t’ai jamais vraiment oublié. "
Le Saint de Persée reprend son ton autoritaire qui lui est coutumier :
Algol - " Cesse de me mentir. Quand j’ai appris que tu étais avec ce Saint d’or à ton retour de pèlerinage, j’étais prêt à te pardonner. Même si j’avais été anéanti au point de vouloir en mourir, je t’aimais plus que tout au point de faire table rase de tes égarements. Cependant, tu ne voyais que par lui. "
Hasu - " Tu es donc plus heureux avec elle qu’avec moi dorénavant ? "
Algol - " Ca n’a absolument rien à voir. "
Hasu - " Même lorsque j’étais avec lui, je t’assure que je pensais encore à toi et… "
Le jeune homme est pris d’un rire sarcastique :
Algol - " Allons, allons. Je savais très bien que ça se finirait ainsi. Je te l’avais même dis. Le Saint de la Vierge se veut au-dessus de tout. Il n’y a que toi qui a cru que ça pourrait marcher entre vous deux. Maintenant que tu ouvres les yeux, tu cherches à me retrouver, ignorant le mal que tu m’as fait. Mais c’est hors de question. Je veux que tu ais mal. Que tu crèves d’être jalouse de me voir heureux sans toi aujourd’hui. Que tu te réveilles chaque nuit en pleurs, de savoir que Shaka peut être dans les bras d’une autre, ne se souciant pas de ta petite personne. "
Hasu - " Tu es cruel. "
Algol - " Non, je t’oblige simplement à ouvrir les yeux, comme tu l’avais fait avec moi. "
Sans laisser à la malheureuse le temps de répondre, il lui tourne le dos et quitte les lieux.


Chine, Mont des Cinq Pics :

Au bord de la cascade de Rozan, Dohko tourne le dos à la direction empruntée par le titubant Apodis.
Shunrei arrive aux côtés du Vieux Maître :
Shunrei - " N’est-ce pas imprudent de l’avoir laissé partir seul ? "
Dohko - " C’est un Saint aguerri. Il a bon fond. Néanmoins je ne peux bouger d’ici. Il fera seul de bien meilleure chose pour le monde plutôt qu’à attendre ici que je ne lui trouve une solution. "

« Le mal qui ronge le Sanctuaire a tendance à prendre emprise partout dans le monde. Bientôt Shiryu et les siens auront des missions de la plus haute importance à gérer. », réfléchit le vieillard.
Il somme à Shunrei :
Dohko - " Tu vas partir au Japon rejoindre Shiryu. "
Shunrei - " Mais il vient à peine d’y partir mener un tournoi. "
Dohko - " Justement. Il va falloir qu’il se montre brave dans peu de temps. Je veux tester sa concentration et ses aptitudes psychologiques. Tu le retrouveras pour lui annoncer ma mort imminente alors qu’il sera en plein combat. "
Shunrei - " Mais, maître, c’est si cruel. Je ne pourrai jamais… "
Dohko - " Va Shunrei ! Ne tarde pas mon enfant ! "



Tandis que Mei découvrait le Sanctuaire peu de temps après que Seiya l’ait quitté, je continuais à errer.
Sans savoir que le Japon serait le point de ralliement des futurs espoirs du Sanctuaire, je suivais la voix du Saint de la Balance.
Il me fallait guérir et restaurer mon armure avant tout.

Author Topic: Chapitre 42 - Le périple dApodis  (Read 25419 times)

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