Chapitre 41 - Le château d’Heinstein, une légende urbaine

L’ouverture tant attendu de la Galaxian War approchait. Pendant que certains achevaient leur apprentissage comme Hyoga, d’autres se préparaient déjà à contrer Athéna une fois celle-ci éveillée…


Chapitre 41 - Le château d’Heinstein, une légende urbaine

En Allemagne, au château d’Heinstein :

12 septembre 1986.
A l’approche d’un domaine familial devenu bien obscur, deux personnes s’enfoncent dans la brume dominant la forêt qui encercle ce territoire.
Une jeune femme vêtue d’un tailleur, les cheveux attachés, réajuste ses lunettes :
Journaliste - " C’est bon ? Tu filmes ? "
Un homme, casquette à l’envers, habillé d’un jean troué et d’une veste miteuse, hoche la tête :
Cameraman - " Tu peux y aller. "
Journaliste - " Hum, hum… Nous sommes ici dans le bois qui encercle le château d’Heinstein. Comme vous le savez sans doute déjà, une légende urbaine veut que depuis près de dix ans, personne n’est revenu vivant de ce lieu. Il est vrai que durant tout ce temps, nous sommes restés sans nouvelles de la famille Heinstein, ainsi que de leurs sujets… "
Le cameraman lève son objectif pour filmer la nature morte, les animaux en décomposition, puis une tourelle du bâtiment à peine visible tant la distance est encore grande pour s’en approcher.
Journaliste - " … Comme vous pouvez le constater, aucune trace de vie, quelle soit animale ou végétale ne semble survivre à mesure que nous nous engouffrons dans ce brouillard de plus en plus épais. Tandis que nous profitons, malgré la distance, des premiers aperçus des tours du château, il est aisé de remarquer l’usure des pierres. Connu dans le passé pour le blanc éclatant de ses parois, les murs du château sont désormais ternis par la vétusté et un manque d’entretien apparent… "
Soudain, la jeune femme interrompt son monologue. Ses chaussures à talons hauts ne l’étaient pas suffisamment pour l’empêcher de marcher dans ce cours d’eau qui traverse toute la forêt.
En remarquant cela, son collègue abandonne sa caméra :
Cameraman - " Ca y est, nous y sommes. "
Journaliste - " Tu m’étonnes. Et maintenant j’ai les pieds mouillés ! "
Cameraman - " En même temps, s’habiller ainsi pour venir dans un lieu pareil, on n’a pas idée. "
Journaliste - " Ce reportage, une fois fini, nous ramènera de l’or. Le monde entier le verra et je veux qu’on m’admire sous mon plus beau jour. "
Cameraman - " Ok, très bien. Bon ça ne te dérange pas qu’on finisse vite d’aller jusqu’au château ? Cet endroit me fiche la chair de poule ! Je comprends que plus personne ne souhaite en savoir plus sur ce lieu. "
Journaliste - " Vas-y, reprend ta caméra ! Hum, hum… Nous voici donc arrivés à la limite du domaine. Une fois ce bras d’eau passé, nous aurons pénétré sur le territoire de la famille Heinstein. On dit qu’une fois écoulée, l’eau du château devient aussi brûlante que l’acide. Voilà qui peut-être ce qui explique la pourriture ambiante i… ici… "
Le cameraman remarque que la journaliste a du mal à se tenir droit :
Cameraman - " Qu’est-ce que tu fabriques ? "
Journaliste - " Mes pieds me démangent. "
Le cameraman, prudent, enjambe le cour d’eau tout en poursuivant le film.
Cameraman - " Je t’avais dis de foutre autre chose pour te chausser. Même si cette histoire d’eau contaminée est fausse, elle doit probablement être pleine de bactérie ! "
Journaliste - " Bon, tu me gonfles à me faire la leçon. Reprends ta machine, je vais refaire la fin de ma phrase. Hum, hum… Voilà qui peut-être explique la pourriture ambiante ici. Nous prélèverons un échantillon de cette eau en revenant du château. En effet, l’état allemand, encouragé par l’Organisation des Nations Unies, a qualifié ces rumeurs de légende urbaine. Quant aux disparitions des scientifiques dépêchés ici, des enquêteurs, de nos confrères ou encore de simples voyageurs, tout a été classé « non lieu »… "
La jeune femme commence à bouillir à se retenir de gratter ses pieds, si bien que la folie lui vient. Elle s’assied dans la boue pour ôter ses chaussures et se gratte jusqu’au sang.
Cameraman - " Arrête ton délire bordel ! "
Elle hurle à la mort :
Journaliste - " Je ne plaisante pas, ça me brûle. Ca remonte à mes jambes, pas seulement ma peau, c’est comme si mes os fondent, que le sang qui traverse mon corps bout. Ah… "
Elle s’allonge maintenant sur le dos pour ronger ses membres inférieurs, tant la douleur est atroce.
Son collaborateur abandonne sa caméra et fait marche arrière, apeuré. Pendant qu’il saute le bras d’eau, il est rattrapé par une hache au long manche. Frappé en plein dos, par surprise, il retombe devant le champ de la caméra, mort sur le coup.

Trop meurtrie pour être terrorisée, l’ambitieuse jeune femme se traîne, les jambes en sang, jusqu’à la dépouille du malheureux en rampant inconsciemment dans le chenal.
Arrivée à la hauteur du cadavre, elle en arrache l’arme et, uniquement guidée par son instinct de survie, l’abat jusqu’au haut de ses cuisses pour sectionner ses membres trop douloureux.
La douleur de cette amputation semble être une partie de plaisir après les tourments qu’elle a subi jusque là.
Comme si la folie s’est emparée de son esprit, elle se met même à rigoler après avoir échappée à cette torture, ignorant même la dépouille à ses côtés.
Son hilarité stoppe brusquement lorsque de nouvelles démangeaisons la prennent sur tout le corps.
Elle réalise aussitôt que, trop préoccupée par ses démangeaisons, elle a traversé en rampant l’eau. Tout son corps a trempé dans le fluide qu’elle méprisait quelques minutes plus tôt en le qualifiant de légende urbaine.
Le calvaire est si grand qu’elle ne se rend pas compte qu’elle se lacère elle-même le visage avec ses ongles pour lutter contre les brûlures. Ses vêtements se mettent à être rongés par une étrange fumée, exposant un corps déformé par des bouts de chair qui se détachent de son tronc.

Des voix interviennent enfin. Les yeux déchirés de la victime ne peuvent discerner les deux hommes. Ils sont vêtus d’armures sombres en forme d’ossements humains.
L’un d’eux est armé d’une faux, tandis que l’autre vient ramasser sa hache encore tâchée du sang des deux innocents.
Les deux soldats sont amusés face aux dernières convulsions de la jeune femme.
Leur bonne humeur est interrompue par une troisième intruse.

Celle-ci s’accroupie devant le bras d’eau et en ramasse dans sa main pour en boire.
Les deux hommes, subjugués par sa beauté, se délectent de ses formes généreuses visibles à travers sa légère robe.
Surélevée sur de hauts escarpins, la demoiselle se lève sans subir la moindre difficulté malgré la boisson. Ni ses mains fines, ni ses lèvres charnues, ni son estomac ne semblent souffrir de l’eau contaminée.
Elle se décide enfin d’honorer les deux spectateurs de sa voix charmante et de son accent délicieux :
Ksénia - " Je vois. Les premières armures de Squelettes ont déjà été ramenées depuis le royaume des Enfers. Dans ce cas j’imagine que les rangs de soldats d’Hadès sont bien fournis en cette époque pour que Pandore vous gratifie déjà d’une protection. "
Les deux soldats de basse condition au service d’Hadès s’échangent un regard ahuri.
Ksénia - " Trêve de bavardage. J’ai besoin de voir Pandore. Vous me faciliterez donc l’accès jusqu’à elle pour me faire gagner du temps n’est-ce pas ?! "
Ne voulant s’opposer à l’impressionnante jeune femme, ils l’accompagnent après avoir détruis le film des reporters.


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

Le vent frais et sec balaie les environs. Craint par quiconque découvre ce domaine reculé de la Russie contemporaine, une jeune femme parait apprécier ces basses températures.
Elle profite même des chutes de neige pour défaire la capuche de son long manteau. Elle dévoile ses mèches blondes et son visage élégant, après avoir ôté quelques secondes son masque de femme chevalier comme pour mieux respirer l’air de sa terre d’adoption.
Le village dans lequel Carina a suivi son apprentissage de chevalier est désormais visible à l’horizon. Peu pressée de réajuster l’objet destiné aux combattantes d’Athéna, elle dégage les lanières de cuir de sa Pandora Box de ses épaules et s’assied dessus.

Ne lui étant plus d’aucune utilité, elle laisse voguer le voile qui cachait aux yeux du monde l’urne de sa Cloth. Son manteau, déboutonné, s’agite dans le vent. Par-dessous, ses vêtements sales et déchirés suite à ses affrontements sur Yíaros laissent entrevoir ses formes généreuses.
La tête inclinée en arrière, elle libère son esprit et apprécie le souffle frais et pur du vent glacial.


Une voix masculine la ramène à la réalité. Familière mais plus grave que dans ses souvenirs, la voix de Hyoga lui rappelle que du temps s’est écoulé depuis leur dernière rencontre :
Hyoga - " Tu ferais mieux de réajuster ton masque. Ca serait beaucoup trop simple pour moi de voir ton visage de la sorte. Alors qu’un affrontement dans lequel je découvrirais ton identité serait beaucoup plus prestigieux pour moi. "
La demoiselle rit nerveusement. Les progrès de Hyoga l’épatent. Il est parvenu derrière elle sans qu’elle s’en aperçoive.


Quelques heures plus tard, après une bonne dizaine de fou rire, l’évocation des souvenirs en commun et la description des derniers mois passés l’un sans l’autre fais, Carina ne cache pas son chagrin d’avoir perdu Isaak.
Couchés tous les deux dans la poudreuse, sur le dos, les visages à la même hauteur, Hyoga répète de nouveau le courage dont a fait preuve le finlandais pour le sortir de sous la glace :
Hyoga - " … Je le savais pourtant. Je savais que c’était risqué, il m’avait prévenu. Malgré tout il est revenu me chercher, bravant les courants marins et l’eau glacée. Il me manque tellement. "
Carina parle d’un ton rêveur, comme si elle était dans un autre monde à l’évocation du nom de son défunt bien-aimé :
Carina - " Ah… Isaak… Il nous manquera tous. Durant les mois loin d’ici, il est resté ma motivation à revenir à Kohortec. "
Cela rappelle à Hyoga à quel point Isaak est irremplaçable dans le c½ur de Carina et l’afflige davantage :
Hyoga - " Je suis désolé. Profondément désolé. "
Carina se redresse subitement et se force à adopter un ton plein d’entrain :
Carina - " Ne t’en veux pas. Isaak a fait ce qu’il a cru juste de faire. Il est mort en accomplissant ce qu’il a toujours prôné. Le courage et l’amitié. "
Hyoga se presse de se remettre sur pied et dépose timidement sa main sur l’épaule de Carina, espérant ainsi lui témoigner toute l’affection qu’il éprouve pour elle. Il se sent prêt à la lui avouer pour compenser l’absence d’Isaak :
Hyoga - " Toutefois, je sais qu’il était une épaule sur laquelle tu pouvais te reposer. Je ne prétends pas être capable de t’apporter tout ce qu’il était capable d’offrir. Je veux juste que tu saches que je suis là. "
La jeune femme ne réagit pas comme il l’aurait souhaité. Elle ramasse sa Pandora Box et l’enjoint à la suivre jusqu’au village :
Carina - " Allons, parlons d’autre chose à présent. Il me tarde de revoir le Seigneur Crystal. "
Hyoga demeure déçu et se contente de sourire avec peu de conviction.


En Allemagne, au château d’Heinstein :

Après de longues minutes durant lesquelles ils n’ont cessé d’admirer les yeux topaze de Ksénia, ainsi que sa poitrine mise en valeur par un corsage particulièrement serré, les Squelettes sortent de la forêt.
Une humidité pourrissante prouve que le soleil n’inonde même plus la propriété de sa lumière bienfaitrice. Le léger vent qui traverse les environs contient un air malsain, nauséabond.
La traversée des jardins n’a plus rien de féerique depuis une décennie. Les habitants du château s’y exercent ou y montent la garde. Futurs Spectres déjà éveillés en attendant de retrouver leurs âmes, ou Squelettes, observent tous la venue de la demoiselle.

Enfin, ils pénètrent dans le château en empruntant un des ponts-levis, puis remontent plusieurs tours pour pouvoir enfin atteindre le c½ur des appartements de la famille Heinstein.
Dans la salle centrale, le jour s’engouffre par un dôme fait de vitraux aux couleurs vives et aux motifs à caractères religieux.
Une jeune femme brune vêtue d’une longue robe sombre, fait glisser ses doigts décorés d’une bague en forme de serpent sur sa harpe.
A proximité de son instrument, un plateau de fruit est servi sur une table basse par un homme au costume noir, le pantalon à pince et feu de plancher légèrement usé en bas, certainement en raison du frottement du tissu sur le cuir de ses chaussures.
L’homme dépose la corbeille avec la main droite, tandis que sa main gauche tient dans son dos un chapeau haut de forme. Il reste incliné sans tourner le dos à la demoiselle pour reculer, jusqu’à ce qu’il prenne assez de distance pour enfin dévoiler son vrai visage et enfiler son chapeau sur ses cheveux bruns.
Le col de la chemise blanche enserré par un n½ud papillon rouge, son expression lui donne un vague air familier avec Seiya.
Sa mine plus mature, confirmée par quelques poils de sa barbe grossièrement rasée, affiche un sourire narquois en observant l’arrivée de Ksénia.
Il s’engage dans l’escalier débouchant sur un petit balcon qui surplombe la pièce afin d’observer la rencontre entre les deux femmes.

Les deux gardes s’agenouillent au seuil de la salle, tandis que Ksénia les bouscule jusqu’à arriver à quelques mètres de Pandore.
Après avoir attendu que la maîtresse de maison achève sa partition, un des hommes annonce enfin :
Squelette n°1 - " Majesté Pandore. Pardonnez notre intrusion. Nous pensons qu’un nouveau Spectre s’est éveillé en cette personne. Elle a résisté sans mal au kekkai du Seigneur Hadès. "
Sans ouvrir ses yeux, Pandore joue deux notes de musiques qui ôtent immédiatement la vie à ses hommes.
Sans qu’elle en exprime le besoin, quatre autres Squelettes veillant sur les entrées de la pièce viennent débarrasser la demoiselle des deux corps.
Enfin, elle toise Ksénia :
Pandore - " Bande d’incapables. Sous prétexte que quelqu’un puisse résister au kekkai, ils le font venir jusqu’à moi en croyant faire face à un futur allié. "

Toujours aussi provocante, Ksénia vient se positionner aux côtés de l’allemande, contre qui elle se frotte sans gêne pour venir à son tour tirer sur quelques cordes de l’instrument musical pour s’amuser.

N’appréciant guère ce genre de manières, Pandore se retire en ramassant son sceptre. Ksénia s’en amuse :
Ksénia - " Ta personnalité est bien différente de celle de ta précédente réincarnation Pandore. Je t’ai connu bien plus accueillante et moins frileuse au contact de la chair. "
Pandore - " Ainsi tu nous observais déjà il y a deux cent ans, Ange de l’Olympe ? "
Ksénia - " On peut dire ça. J’étais resté auprès de mon maître dans son repère à observer le spectacle. Si je me suis réincarnée en cette ère, c’est simplement parce que les petits jeux d’Athéna ne l’amusent plus. Et toi, comment sais-tu qui je suis ? "
Pandore - " Les futurs Spectres qui se réunissent ici sillonnent le monde pour trouver de nouveaux Squelettes. Ainsi, ils renforcent les rangs de l’armée de notre Seigneur. Crois-tu que ta présence auprès d’un dénommé Vasiliás soit passée inaperçu ? Les combats de cet homme contre des Ankoku Saints au Canada il y a plus d’un an ont été suivis attentivement par mes soins. Dommage qu’il ne soit pas destiné à devenir un Spectre. "
Ksénia - " Je vois. "
Pandore - " Passons aux choses sérieuses si tu veux bien. Que puis-je pour ton maître ? "
Ksénia - " Mon maître hait ce que les hommes sont devenus et le manque de respect qu’ils éprouvent envers les dieux. Il veut simplement les rabaisser à leur condition de base, chose qui n’aurait jamais dû changer. Malheureusement, Athéna leur a offert trop de liberté. Son souhait le plus cher passe donc par la perte d’Athéna. "
Pandore - " Poursuis donc, tu m’intéresses. "
Ksénia - " Les diverses Guerres Saintes entre ton maître et Athéna se sont toujours soldées par la victoire de cette dernière. Or, en cette époque, trop de forces en présence sont réunies pour que le sort du monde reste inchangé une fois encore. Et grâce à cela, je veux offrir l’aide nécessaire à Hadès pour vaincre Athéna et satisfaire mon maître. "
Pandore - " De quelle aide parles-tu ? "
Ksénia - " De celle d’Arès. Il est prêt à rendre la pareille après qu’Hadès lui ait offert sa protection lors de sa fuite face à Athéna en des temps reculés. "
Pandore - " Arès a déjà essuyé une cuisante défaite contre Athéna en notre époque. Qu’a-t-il de plus à offrir à Hadès qu’une armée décimée ? "
Ksénia - " La possibilité de voir le royaume d’Hadès se remplir davantage d’habitants ainsi que celle d’affaiblir les rangs d’Athéna. L’armée d’Arès se reconstruit autour du Berserker de la Royauté. "
Pandore - " Arès a retrouvé un Berserker de la Royauté. J’imagine donc que ta présence auprès de ce Vasiliás n’y est pas étrangère ? Il est vrai que la prestation de cet homme au Canada m’a impressionné. Mais ce ne sera pas suffisant pour convaincre Sa Seigneurie. "
Ksénia - " Et le pouvoir divin d’Arès sur le champ de bataille non plus ? "
Pandore - " Pardon ? "
Ksénia - " Arès serait prêt à s’investir en personne dans les combats. "
Pandore - " Là tu donnes du poids à tes arguments. Mais connaissant l’être intéressé qu’est Arès, j’imagine qu’il attend quelque chose en retour ? "
Ksénia - " Son armure divine. Tout simplement. Avec son armure qui lui a été confisqué après sa défaite contre Athéna, il a perdu son honneur. Il veut juste la récupérer pour accomplir sa vengeance et retrouver sa dignité en triomphant aux yeux de l’Olympe. "

Après une telle déclaration, Pandore reste muette le temps de la réflexion.
Pendant ce moment, un Squelette vient se courber à l’entrée de la salle :
Squelette - " Majesté Pandore, un homme se présentant sous le nom d’Eaque s’annonce être attendu par notre Seigneur. Lui et sa troupe ont survécu à l’approche du domaine. "
Pandore abandonne sa discussion avec Ksénia et, malgré une attitude froide et un ton autoritaire, semble ravie :
Pandore - " Un second Juge des Enfers nous a rejoins. Il ne nous reste qu’à récupérer Rhadamanthe. Fais donc entrer Eaque. "
L’homme s’exécute et fait signe à l’escorte qu’il a réuni de faire rentrer le népalais dans la pièce. Ce dernier est accompagné de Fyodor et Violate, ses bras droits.
Le fils d’un ancien haut dignitaire du gouvernement népalais vient s’incliner :
Eaque - " Majesté Pandore. Je me nomme Eaque. En attendant la libération de mon âme de Juge, je viens à vous en compagnie de deux futurs Spectres. J’ai également constitué une troupe de soldats destinés à devenir Squelettes. Ils patientent dehors. "
Pandore - " Eaque… Le Seigneur Hadès sera ravi de savoir que ton corps est désormais des nôtres, en attendant que ton âme te soit rendue. "

Ksénia parait enjouée devant ce spectacle. Elle n’est pas au bout de ses surprises lorsqu’un autre Squelette vient annoncer l’entrée de Minos.
Minos - " Vous m’avez fais appeler Majesté ? "
Pandore - " Tout à fait Griffon. Je voulais t’informer que le Garuda est dorénavant parmi nous… "
Sans trop se rappeler de leur passé commun, Eaque et Minos s’échangent un hochement de tête en guise de respect.
Pandore achève l’objet de sa convocation :
Pandore - " … et te confier une mission. Je sais que ton équipe et toi revenez d’un voyage destiné à rassembler de nouveaux adeptes d’Hadès pour en faire des Squelettes. Toutefois, l’éveil récent du dernier Juge nécessite ta présence. Rhadamanthe, en quête de vérité sur son passé, se dirige droit en Chine pour y gagner la Terre Scellée. "
Eaque semble être déjà conscient de son destin de Spectre. Les souvenirs de ses vies antérieurs l’animent :
Eaque - " Sacré Rhadamanthe ! Toujours aussi obstiné ! "
Pandore - " Tout à fait. Il risque de se retrouver face au chevalier d’Athéna qui veille sur la tour des âmes. "
Eaque - " Connaissant Rhadamanthe, il n’aura pas la patience d’attendre que l’efficacité du sceau d’Athéna s’estompe de lui-même. Il pourrait tout faire échouer. "
Pandore - " Exactement. C’est pourquoi j’aimerai, Minos, que tu ailles le chercher pour l’empêcher d’alerter le Saint de notre présence. "
Minos se prosterne immédiatement :
Minos - " Entendu votre Majesté. "
Eaque interpelle son allié :
Eaque - " N’hésite pas à prendre le temps de lui expliquer plusieurs fois la situation. Dans mes souvenirs Rhadamanthe n’a jamais été réputé pour son intelligence. "
Minos acquiesce en riant, symbole d’une complicité naissante avec Eaque, mais aussi témoin d’une rivalité existante entre les Juges depuis la création de leur ordre.

Au balcon, le serviteur de Pandore reste en appui sur la rambarde, amusé par le spectacle des rencontres entre tous ces protagonistes. Il recoiffe ses cheveux en bataille sous son chapeau.

Pandore renvoie Eaque et en revient à Ksénia :
Pandore - " Ange de l’Olympe ! J’ai pris une décision. Le conflit entre notre Seigneur et Athéna remonte à l’appel à l’aide d’Arès auprès d’Hadès. Si ce dieu sanguinaire et vulgaire, n’avait pas causé tant de malheur autour de lui, notre Seigneur n’aurait pas à souffrir à chaque réincarnation de la perte de chacun de ses hommes. "
Ksénia - " Dois-je prendre cela pour un refus ? "
Pandore - " C’est bien cela. L’armure d’Arès est bien là où elle se trouve. Aussi longtemps qu’elle y restera, cela empêchera ce dieu belliqueux de s’entacher davantage de médiocrité. "

Avec le calme qui la caractérise, Ksénia ne bronche pas. Elle lève les yeux en direction du domestique de Pandore pour lui sourire de façon complice puis salue Pandore :
Ksénia - " Dans ce cas je te t’importunerais pas davantage. Au nom de mon maître, je vous souhaite bon succès dans vos entreprises. "
Deux Squelettes arrivent pour raccompagner Ksénia hors du château.

Avant qu’elle ne franchisse le seuil de la salle, Pandore interpelle une dernière fois la russe :
Pandore - " Dis-moi, Ange de l’Olympe, hormis Athéna, Arès, Hadès, Hypnos et Thanatos, quelle autre force est en présence sur ce monde ? Je veux dire, toi, olympienne, tu ne peux être ni au service de Shiva, ni à celui des dieux Egyptiens, tous déjà défaits en notre époque. Tu es venu porter un message pour Arès mais ton rôle s’arrête là. Qui peux-tu servir ? "
Ksénia lui tourne le dos :
Ksénia - " Merci pour ton accueil chère Pandore. Adieu. "


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

A l’intérieur de sa chaumière, Hyoga ôte son maillot pour arborer sa musculature parfaitement travaillé. Tourmenté par le retour de Carina, il abandonne son habit au sol et s’assied sur son lit, face au coin qu’occupait autrefois Isaak.
Esseulé dans cette demeure qu’il partageait avec lui, il observe un instant la couche vide de son camarade. Rien n’a bougé depuis sa disparition, pas un pli de ces draps n’a été tendu. Profondément aspiré par sa culpabilité, le futur Saint se résout à surmonter son chagrin :
Hyoga - " Pardonne-moi Isaak. Seulement… J’ai beau n’avoir de cesse de m’en vouloir, cela ne changera plus rien. Quoi que je fasse aujourd’hui, on ne change pas le passé. C’est toi qui me l’as dit. Le retour de Carina m’a rappelé qu’à une époque je suivais tes pas. A présent il est temps que j’avance de moi-même. Je vais devenir Saint du Cygne et… Et je compte avouer à Carina que... Que je l’ai toujours aimé… "


A quelques demeures de là, dans l’auberge régulièrement fréquenté par les villageois, Carina profite de l’occasion pour évoquer la situation au Seigneur Crystal :
Crystal Saint - " … Qu’as-tu donc dis à Hyoga si tu ne lui as pas fais part de la situation au Sanctuaire ? "
Carina - " Je lui ai dis qu’une nouvelle troupe a été envoyé sur Yíaros, pour contrer la révolte des hébéïens et que ceux qui étaient sur l’île depuis un moment se sont vus accordés une permission. "
Le mercenaire à l’armure cristalline contient son chagrin en évoquant la perte de son amante :
Crystal Saint - " Il ne sait donc rien du décès de Lena ? "
Carina - " Il la croit toujours sur l’île. "
Crystal Saint - " Tu as bien fait de ne pas lui en parler. Moi-même je ne lui ai rien dis à propos d’étranges évènements dans la région. Depuis deux jours, des hommes armés attaquent les villages plus bas pour trouver de la main d’½uvre et construire un pôle stratégique ici pour le Sanctuaire. Ils emploient la force sans ménagement. Je n’en ai pas parlé à Hyoga. La perte d’Isaak l’a déjà profondément bouleversé. "
Carina se veut dure à l’égard de celui qu’elle ignore être devenu Marinas :
Carina - " Il ne devrait pas. Cela fait parti de notre vie de chevaliers de perdre des gens qu’on aime, des frères d’arme. Il doit apprendre à surmonter ça. "
Le Seigneur Crystal a du mal à sourire. D’un caractère parfois proche de celui de Hyoga, il se remet mal de la perte de Lena contrairement à l’apprentissage de son maître Camus :
Crystal Saint - " En t’écoutant, j’ai parfois l’impression d’entendre Camus du Verseau, mon maître. Je suis certain que l’annonce de la mort de Lena par les messagers du Sanctuaire l’a touché, mais il ne laissera rien transparaître. "
Carina - " Je suis persuadée que Lena ne voudrait pas vous voir dans cet état. Elle vous aimait de tout son c½ur et je suis convaincue qu’elle préfère vous voir surmonter ça, que de la pleurer encore longtemps. "
Crystal Saint - " Ce n’était pas mon intention. Avec cette tentative de déicide, le Grand Pope a poussé trop loin son entêtement à maintenir une politique répressive à travers le monde. Lena y a laissé la vie, comme beaucoup d’autres. Je comprends sa décision d’avoir voulu suivre les ordres du Pope, mais comme toi, je suis convaincu que cela ne sert pas les intérêts de la justice. "
Il fait une légère pose, le temps de vider la vodka qui lui a été servie pure et en grande quantité dans son verre.
Crystal Saint - " Demain je partirai pour le Sanctuaire. J’irai demander une audience auprès du Grand Pope. Les actes des mercenaires qu’il envoie sont inadmissibles et je refuse qu’ils progressent davantage. Ils finiront par gagner nos villages. "
Carina - " Qu’allez vous dire à Hyoga ? "
Crystal Saint - " Que je vais simplement rendre visite à notre maître à tous. Il n’est pas encore prêt à être confronté à tout ça. "
Carina - " Vous avez bien raison. Demain, je vous accompagnerai pour faire éclater la vérité au Sanctuaire. "
Crystal Saint - " Je préfère te savoir ici, à veiller sur le peuple. On ne peut pas prévoir l’accueil qui nous sera réservé là-bas. Les Saints et soldats les plus bavards ont tendance à disparaître depuis ces dernières années. "
Il présente une lettre imprimée par une machine :
Carina - " Qu’est-ce donc ? "
Crystal Saint - " La dernière lettre en date que j’ai reçu de la Fondation Graad, l’organisation au Japon qui m’a envoyé Hyoga. Elle est restée en contact avec moi durant toutes ces années et, aujourd’hui, elle rappelle les enfants envoyés dans divers centres d’entraînement ayant survécus dans le but de réunir des chevaliers. Hyoga est prêt à devenir Saint, je lui dirai demain qu’il est attendu au Japon et qu’il peut à présent se confronter au mur de glace éternel afin de libérer la Cloth du Cygne. Il sera alors un jeune Saint, inexpérimenté. Son retour au Japon l’aidera à se forger, car je ne pense pas que le Sanctuaire restera insensible à cette réunion de Saints organisée sans son accord. Il reviendra plus fort, plus mature. Seulement à partir de cet instant nous pourrons lui évoquer la situation. "


En Allemagne, au château d’Heinstein :

Dehors, à l’approche de la forêt, le majordome de Pandore vient relever les Squelettes qui raccompagnent Ksénia :
Yoma - " Ca ira messieurs, je vais finir de conduire la demoiselle hors d’ici. Merci. "

Une fois seuls à l’intérieur du bois, Yoma engage enfin la parole :
Yoma - " Ah… Ange de l’Olympe… J’ai failli vous affronter lors de la précédente Guerre Sainte si mon plan n’avait pas failli. "
Ksénia - " Yoma de Méphistophélès, réincarnation du dieu Kairos, le grand conspirateur de la précédente Guerre Sainte. Tu sembles bien discret en cette époque. "
Yoma - " Oui, tant mieux. On va dire que je me découvre une nouvelle vie depuis que l’âme de Kairos a été détruite et que je suis devenu un simple mortel. "
Ksénia - " Mais quelque chose me dit que tu ne peux renier tes bonnes prérogatives. "
Yoma - " En effet, la proposition faite à Mademoiselle Pandore me parait des plus intéressantes. Dommage qu’elle n’y ait pas saisie une opportunité. "
Ksénia - " Et j’imagine que tu en vois une de ton côté. "
Yoma - " Evidemment. Il y a deux siècles, lors de la précédente Guerre Sainte, mon plan a nui aux desseins de notre Seigneur Hadès. Désormais, je suis un Spectre tout ce qu’il y a de plus fidèle à notre maître et j’aimerai corriger mon erreur du passé. "
Ksénia - " Arès, son armure, il est impératif qu’il la récupère. "
Yoma - " Dans mes vagues bribes lors de réminiscences de ma vie passée de Spectre, je me rappelle voir cette armure enfermée dans le Meikai. En des temps plus anciens, lorsque Arès s’est réfugié aux enfers, il y a laissé son armure. Depuis, elle est conservée là-bas auprès de notre Seigneur Hadès. "
Ksénia - " Où exactement ? "

Complètement déjanté, l’homme d’un âge déjà plus avancé que les autres Spectres lorgne les formes de la jeune femme au lieu de lui répondre. Comme pour achever le plaisir d’un tel spectacle, il sort une cigarette de l’intérieur de sa veste et l’allume pour en savourer quelques bouffées.
Sans la moindre gêne, il vient caresser le visage de la jeune femme et abandonne son expression follement sympathique pour adopter une mine plus sournoise :
Yoma - " Je compte sur le voyage de Minos en Terre Scellée pour en avoir le c½ur net ma jolie. On dit que pour nos corps, futurs réceptacles des âmes des Spectres, c’est à courte distance avec la montagne où elles sont prisonnières que nous pouvons entrer en osmose avec elles. Il faut savoir que pour nous, lors de notre mort, une fois nos âmes scellées, celles-ci peuvent, grâce au cosmos d’Hadès, continuer d’officier dans le royaume des enfers. "
Ksénia hume la fumée du tabac et ferme les yeux :
Ksénia - " Astucieux. Tu comptes donc faire le lien entre ton corps et ton âme pour la faire interagir directement aux enfers. "

Yoma espère avoir suffisamment épaté Ksénia pour descendre sa main le long de son cou et gagner le creux de sa poitrine.
La jeune femme, d’une gentille tape sur les doigts du valet, le repousse en lui échangeant un regard coquin :
Ksénia - " Dans ce cas, ne tarde pas à rejoindre la troupe de Minos avant son départ. Moi je me charge d’organiser une rencontre avec le Berserker de la Royauté. "

Repoussé, le futur Spectre passe les bras derrière son dos et fait les cents pas autour de la jeune femme en gardant la cigarette aux lèvres. Sa concentration semble empruntée et se lit parfaitement sur son visage :
Yoma - " Oui, oui, une rencontre… Mais il faut absolument que cela soit en toute discrétion, loin d’ici, au milieu de civils. Je ne tiens pas à ce que d’autres Spectres soient informés de mon plan. "
Ksénia - " Qui est ? "

Yoma cesse de tourner autour de Ksénia en stoppant dans le dos de celle-ci. Il crache sa cigarette sur le sol puis accroche fermement chacune de ses hanches afin de caller son corps fermement contre lui et de poser sa tête sur son épaule :
Yoma - " Faire valoir auprès d’Hadès ma vraie place. La grande bataille que mènera Hadès contre Athéna en notre époque l’occupera certainement au Meikai. Je souhaite lui offrir le Sanctuaire durant ce temps, cela sans même la perte d’un Spectre. Oui, je vais marchander le don de l’armure d’Arès en échange de son aide pour attaquer le Sanctuaire. "
Ksénia - " Comment sais-tu qu’Hadès mènera sa guerre depuis son royaume et non à la surface comme il en a l’habitude ? "
Yoma remonte ses lèvres jusqu’à l’oreille de la jeune femme :
Yoma - " Servir constamment Mademoiselle Pandore a ses avantages. Comme celui de connaître les moindres plans de notre armée. "

Ksénia se libère de l’étreinte de Yoma pour lui faire face :
Ksénia - " Tu es perfide. "
Le prenant comme un compliment, il ferme les yeux et avance jusqu’à elle pour lui échanger un baiser.
Amusée par ses âneries, elle pivote sur le côté pour le laisser retomber grossièrement sur le sol, faute de n’avoir pu trouver les lèvres de la douce mais non moins subtile russe.
Avant se s’enfoncer dans la forêt, Ksénia lâche :
Ksénia - " Je viendrai moi-même à toi lors de ton retour de Chine… "
Yoma, bredouille, grimace avec exagération en voyant partir Ksénia…


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

Carina a pris congé de l’endeuillé Seigneur Crystal et peut enfin ramener sa Cloth à l’intérieur de la maison où elle a grandi.
En chemin, comme ce fut le cas dans la taverne, les rares villageois présents la saluent joyeusement, ravis de revoir une enfant prodigue auprès d’eux.

La porte d’entrée lui parait dure à pousser, le gel et le manque de mouvement de celle-ci ces derniers mois l’ont immobilisée.
L’intérieur est froid, voire figé, preuve d’une longue absence de vie et de chaleur dans ces murs.
Elle se presse de ramasser quelques morceaux de bois à proximité de la cheminée pour raviver un foyer trop longtemps éteint. Ainsi, la lumière permet de mieux discerner l’intérieur du logis qu’elle partage depuis sa petite enfance en compagnie de son défunt mentor.
Avec nostalgie, elle ramasse quelques affaires de Lena qu’elle n’a pas besoin d’étudier pour être déjà submergée de souvenirs.
Elle rassemble ainsi tout ce qui appartenait à la propriétaire des murs, soit pour ajouter ses vêtements à sa propre penderie, soit pour exposer sur des étagères les objets lui ayant appartenu. A l’image des autels destinés à honorer la mémoire des disparus.
Les heures s’écoulent sans qu’elle ne choisisse de privilégier le sommeil qui lui manque.

La demeure à nouveau vivante, rangée, elle retire son masque et se débarrasse de ses vêtements usagés.
Suspendue au dessus du feu, une marmite de neige a eu le temps de fondre pour offrir de l’eau potable à la slave. Dans le plus simple appareil, les quelques cicatrices et hématomes maquillant son corps ne dénaturant en rien sa beauté, elle vient en cueillir un seau pour laver sa tenue avant d’étendre son linge sur le filet qui traverse la pièce.
Alors qu’elle choisit de laver son masque, resté dans la bassine, quelqu’un frappe à la porte.
Immédiatement, elle arrache de son lit les couvertures pour s’enrouler à l’intérieur et enrubanner son visage afin d’accueillir le visiteur :
Carina - " Ah ! Hyoga ! Que viens-tu faire ici à une heure pareille ? "
Hyoga - " Je voulais m’assurer que tu avais bien retrouvé tes marques. "
Carina - " Oui, comme tu peux le voir j’en avais profité pour laver mes affaires… "
Hyoga l’interrompt, gêné :
Hyoga - " Oui, oui, j’avais cru comprendre en te voyant dans cette tenue. Je ne te dérange pas plus longtemps. "
Carina le retient, comprenant trop tard que sa réaction aurait mérité réflexion. En effet, l’ambiguïté de sa demande peut trahir ses réels sentiments vis-à-vis du jeune homme :
Carina - " Attends ! Reste s’il te plait… Enfin, je veux dire, tu peux encore rester un peu si tu veux. "
Elle s’assied sur sa couche, laissant une place à Hyoga à ses côtés. Seuls ses grands yeux bleus sont visibles après qu’elle se soit cachée derrière l’immense tissu. Cela est bien suffisant pour faire chavirer le c½ur du japonais.
Hyoga - " Je voulais te dire… J’ai beaucoup réfléchi à ce que tu m’as dis, par rapport à mon sentiment de culpabilité envers Isaak et… Et je crois que ton retour ici va me faire le plus grand bien pour surmonter tout cela. Maintenant que tu es de retour, nous allons pouvoir revivre comme lors de notre enfance, durant laquelle nous étions unis, indéfectibles. "
Elle préfère ne pas lui apprendre son rappel pour le Japon, c’est au Seigneur Crystal de s’en charger. Cependant, elle tente de lui faire face à la réalité :
Carina - " Cette époque, aussi belle soit-elle, ne pourra jamais être ce que nous vivrons demain. De l’eau a coulé sous les ponts, des visions de guerres, de morts, de passés de désolations, me hantent désormais. Ils ne tarderont pas à te hanter car tu deviendras sous peu un Saint toi aussi. Dès lors, un soldat ne peut jamais vivre totalement en paix avec lui-même et faire abstraction de son passé. On peut être heureux, mais jamais comme nous l’étions à l’époque de notre innocence enfantine. "
Le regard envoûté de Hyoga se charge d’une intense émotion à mesure que Carina lui expose les blessures de son c½ur, si bien que les rapports s’inversent au point que Carina se sent irrémédiablement attirée par les yeux bleus du futur Cygne.
N’écoutant que son c½ur et la tendresse qu’il a pour elle, Hyoga découvre instinctivement le visage de Carina. Avant de l’embrasser, il reste quelques secondes comme émerveillée par les traits de cette camarade qu’il a toujours aimé.
Tout en poursuivant son langoureux baiser, Hyoga défait un peu plus la tenue de Carina qui se laisse guider par son entreprise…


Grèce, au Sanctuaire :

Le chevalier du Cancer vient d’arriver au Sanctuaire après que Dante l’y ait appelé.
Sans daigner saluer ses pairs en remontant les douze maisons du zodiaque, Deathmask use du passage secret pour rendre des comptes au Grand Pope.
Vêtu de son armure d’or pour se présenter à son Seigneur, le Cancer a le visage fermé, tendu.
Une fois la maison des Poissons passée, il entend derrière lui résonner sur les dalles de la demeure, les cliquetis de la Cloth d’Aphrodite.

Par manque de courage ou par honte, Aphrodite préfère ne pas croiser le regard du Masque de Mort :
Aphrodite - " Ca n’aurait pas dû se passer comme ça. Je suis désolé. "
Deathmask - " De tout ce qui existe de plus sordide, tu n’as pas trouver mieux que de me voler la femme que j’aimais. "
Aphrodite - " Je l’ai vu trop tard, mais elle représentait tout ce que j’idéalise au final. "

Deathmask se retient de tourner la tête vers le suédois. Il poursuit sa route.
Avant qu’il ne soit trop loin, Aphrodite l’informe :
Aphrodite - " Son corps a été… "
Deathmask met un terme à la discussion :
Deathmask - " Je me fiche de savoir ce qu’il est advenu d’elle. Elle m’a trahi en me faisant croire qu’il existait encore du bon en l’homme. Finalement, le seul qui m’a fait confiance jusqu’ici, le Grand Pope, je l’ai trahi pour cette traînée. Dorénavant je ne serai rien d’autre que Deathmask Saint d’or du Cancer, au service de sa Majesté le Grand Pope. "

Aphrodite observe Deathmask gravir les dernières marches pour arriver au palais papal en se résignant à avoir perdu le peu d’humanité qui subsistait en son ami.


Sibérie Orientale, village de Kohortec :

13 septembre 1986.
L’aube reflète sur la banquise et illumine la chaumière de Carina par les quelques espaces laissés par la neige sur les carreaux.
La lumière cogne les paupières closes du jeune homme blond totalement dévêtu et étendu nu sur le ventre dans la couche.
Dans un état de conscience à mi-chemin entre l’éveil et le sommeil, il se retourne instinctivement en passant son bras devant ses yeux afin de les replonger dans l’obscurité.
Néanmoins, dans cette position, la présentation de ses attributs provoque l’hilarité taquine d’un timbre autre que celui de la propriétaire du logis.

Il se redresse aussitôt, sans le moindre mal, comptant sur une assise abdominale époustouflante pour toiser du regard l’homme qu’il côtoie depuis tant d’années :
Hyoga - " Maître ?! Que faîtes-vous ici ?! Où est Carina ?! "
Les pieds nus de Hyoga prennent appui sur le sol argileux et gelé tandis qu’il enroule autour de sa taille la couverture pour s’en faire un pagne.
Le Seigneur Crystal observe avec fierté son disciple :
Crystal Saint - " Alors tu lui as avoué tes sentiments après tant d’années ! Je suis fier de toi. "
Quelque peu gêné par l’interférence de son professeur dans sa vie privée, Hyoga baisse honteusement la tête. Bien qu’il soit un être bon et ouvert à la discussion, le Seigneur Crystal ne s’est jamais entretenu de la sorte avec son apprenti. Voilà pourquoi Hyoga préfère ne pas relever cette déclaration et réitère sa question :
Hyoga - " Je suis étonné par votre présence ici. Où est Carina ? "
Le visage du Crystal Saint se fait plus soucieux tout à coup :
Crystal Saint - " Ne te trouvant pas chez toi, je me suis douté que tu étais auprès de ta mère ou ici. Je lui ai demandé de nous laisser seul. "
Il lui tend une vingtaine de lettres :
Crystal Saint - " Voici six ans que tu es ici et, depuis tout ce temps, la Fondation Graad n’oublie pas de suivre ton évolution. La dernière lettre ordonne la réunion au Japon des enfants ayant survécus. Bien évidemment, les enfants survivants sont ceux devenus Saints. Tu as survécu car tu es prêt à devenir Saint. "
Hyoga - " Maître, ce que vous me dîtes me… "
Crystal Saint - " Tu sais où se trouve le mur de glace éternel. L’enseignement que tu as assimilé te rend en mesure de le détruire désormais. Ne perds pas de temps. Tu es attendu le 17 septembre pour un tournoi. Ne tarde pas et fais moi honneur. "
Hyoga - " Et vous ? Vous ne m’accompagnez pas dans cette dernière tâche ? "
Crystal Saint - " Mon instruction s’arrête ici. Je dois quitter la région quelque temps, je ne peux hélas m’attarder davantage. J’ai chargé Carina de veiller sur le village en notre absence. "
Il s’approche de Hyoga et lui tend la main amicalement, le regardant d’égal à égal :
Crystal Saint - " Lorsque nous nous reverrons, tu seras devenu ce que je n’ai pu être, un Saint. Je suis fier de ce que tu es et je suis persuadé que je serai fier de ce que tu seras. "
Hyoga - " Maître, je vous dois tellement… "
Le guerrier des glaces préfère écourter ces échanges sentimentaux sous peine d’y succomber. Le regard qu’il échange à Hyoga en dit déjà long sur son état d’esprit.
Crystal Saint - " Allez, je n’ai pas de temps à perdre. Et n’oublie pas, même si tu repars au Japon, ici ça sera toujours chez toi. A bientôt Hyoga. "

Le japonais observe son maître prendre la porte en restant droit, les yeux brillants de tristesse à l’idée de devoir quitter ce lieu.



Que ce soit auprès des hommes de Poséidon, Arès ou Hadès, Ksénia faisait l’étalage d’une grande connaissance et d’un dangereux projet.
Mais le danger ne guettait pas que ceux qu’elle fréquentait. Ainsi, en choisissant d’aller de lui-même au Sanctuaire, le Seigneur Crystal se jetait lui-même dans la gueule du loup…

Author Topic: Chapitre 41 - Le château dHeinstein, une légende urbaine  (Read 30736 times)

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