Chapitre 39 - Pour la mémoire de notre maître

Le 11 septembre 1986, des décisions devaient être prises.
Asgard venait d’être informé d’une rébellion de Blue Graad, Yíaros s’était soulevée, Nicol et Yulij voulaient honorer la mémoire de leur maître, Aphrodite et Lilith avaient échangés plus que des mots…
Après le 11 septembre 1986, plus rien n’allait être pareil…
Ca allait être pire.



Chapitre 39 - Pour la mémoire de notre maître

Au Sanctuaire, dans la quatrième maison du zodiaque :

Le soleil n’est pas encore levé au Sanctuaire, mais les sens du Saint des Poissons sont déjà en éveil.
Toujours allongé sur le dos contre les marches de la demeure du Cancer, au niveau de son passage secret, le chevalier se redresse et relève par la même occasion la tête de Lilith endormie paisiblement contre son torse.

Sans lui dire quoi que ce soit, il ramasse leurs vêtements et la tire à l’intérieur de la demeure jusqu’à la chambre de Deathmask.
Lilith, toujours sous le charme du beau suédois, rigole de façon hébétée :
Lilith - " Après cette magnifique journée d’hier, nous avons dû nous assoupir. J’étais épuisée. "
Aphrodite est moins enjoué :
Aphrodite - " Tu m’excuseras de t’avoir tiré ainsi de ton sommeil. Cependant des pas venaient des maisons supérieures. Certainement des soldats du Pope regagnant leurs logis pour échanger leur tour de garde. "

Lilith perçoit malgré tout un malaise chez son ami et ne tarde pas à comprendre de quoi il s’agit tant une douleur la tiraille du plus profond de son être :
Lilith - " Tu penses à lui n’est-ce pas ? "
Aphrodite - " Deathmask est certainement la personne avec laquelle j’ai le plus de contact ici. Sa façon de vivre la victoire et de la glorifier fait de lui un des plus beau sujet de ce Sanctuaire. Il est pour moi une personne de confiance et j’ai aujourd’hui quelques remords à l’avoir trahi ainsi. "
Lilith - " J’ai mal pour lui. Je l’aime tu sais. Mais ce que j’ai vécu dans la chambre du Pope et les semaines qui ont suivies me rappellent à chaque instant, que ma vie n’est qu’une brindille pouvant se consumer à tout moment. Je sais aujourd’hui que je ne vivrai pas vieille, que tôt ou tard quelqu’un découvrira que je suis toujours vivante et que le Pope ordonnera mon exécution. Alors je vis. Je vis pour ces minutes qui peuvent être à tout moment les dernières. "
Aphrodite - " Alors quoi ?! Entre nous, ce n’était qu’un instant de folie ?! "
Lilith - " Pas du tout. J’aime également cet homme que j’ai découvert en toi. Et j’ai trop peu de temps devant moi pour me torturer le c½ur à savoir quel homme je dois aimer. Par respect envers Deathmask, j’ai choisi de rester fidèle à ses yeux. Mais pour mon bonheur personnel, j’ai choisi de m’épanouir à chaque instant pourvu qu’il n’en souffre pas. "
Aphrodite - " Et maintenant ?! Je retourne dans le douzième palais et fais comme si nous ne nous étions pas vus ? "
Lilith - " Cela pourrait être une solution. Mais le retour de Deathmask n’est pas encore prévu. Laissons-nous encore cette journée pour nous rappeler à quel point nous pouvons nous aimer nous aussi. "
Aphrodite sourit difficilement. Son visage est partagé entre le bonheur d’être, aujourd’hui encore, auprès de celle qui lui fait oublier ses peines et la gêne occasionnée par cette relation interdite.


Au royaume d’Asgard :

En traversant le temple de Hel, dans lequel Syd perdra la vie face à Shun, les éclats de rire de l’aristocrate Bedra de Edel égaillent les environs.
Côte à côte, Syd et Bedra se chamaillent, en évoquant les noms que pourraient porter l’enfant qu’ils choisissent de concevoir, après leur nuit de noce prévue dans quelques mois :
Bedra - " … Ah non, c’est trop laid. Et pourquoi ça ne serait pas une fille d’ailleurs ? "
Syd - " Voyons, nous faisons partis des familles les plus riches d’Asgard et la tradition veut que nous ayons un héritier mâle pour veiller aux intérêts familiaux ! "
Bedra le bouscule en déclarant :
Bedra - " Quel misogyne tu fais ! "
Syd riposte en la serrant avec affection contre lui :
Syd - " Ah, ah, ah… Quoi de plus normal que de te demander un fils ? "
Bedra plonge dans son regard admiratif :
Bedra - " Alors c’est seulement pour cette raison que je dois t’épouser ? "
Syd la relâche petit à petit. L’émotion est palpable. Il se contente de dire d’une voix tremblante :
Syd - " N… Non… Aime-moi. Aime-moi simplement. Aime-moi sans me trahir. "
L’esprit de Bedra vagabonde. Aussitôt l’image de Bud lui vient aussitôt à l’esprit. « J’aimerai tellement ne pas avoir à choisir », pense-t-elle si fort.
Néanmoins, elle dissimule ce dilemme en prenant une initiative symbolique.
Bedra plonge alors sa main sous ses vêtements à hauteur de son cou. Elle remonte un collier au bout duquel deux moitiés de c½ur pendent. Le bijou, chauffé par la chaleur qui émane du creux de sa poitrine, porte l’odeur de cette peau lisse qui obsède Syd.
Elle détache l’une des parties et l’attache autour d’une chaîne que porte son fiancé :
Bedra - " Si cet objet peut te convaincre de l’amour que je te voue et te permettre de vaincre toutes les difficultés que tu rencontreras durant ton voyage, alors je veux que tu le gardes toujours auprès de toi. "
Avant de reprendre leur promenade, les deux futurs époux s’échangent un baiser langoureux.

A proximité du parvis du Walhalla, l’immense Thor reste les bras croisés à observer les travaux effectués au palais pour pallier aux sinistres provoqués par la venue d’Alexer.
Perdu dans ses pensées, le géant se remémore sa déroute et serre les poings de colère.

Derrière lui, main la main, apparaissent Syd de Mizar et Bedra de Edel.
Les deux amants reviennent d’une ballade avant le départ de Syd. Le futur Guerrier Divin déclare à son pair :
Syd - " Ne t’inquiète pas, Alexer paiera pour ça. "
Thor salue avec tous les respects qu’il doit à la noblesse la riche héritière de la famille de Edel et répond avec enthousiasme à son ami :
Thor - " Je n’en doute pas. J’aurai tellement aimé t’accompagner hélas mes blessures sont encore trop douloureuses. "
Syd - " Ne t’en fais pas. Mime et Alberich seront du voyage et auront à c½ur de mener à bien notre mission. Mime s’entraîne durement depuis le départ de Myu, tandis qu’Alberich a encore beaucoup à prouver pour gagner les faveurs de la Princesse de Polaris. Après son échec lors de la surveillance de Rhadamanthe, il a encore baissé dans l’estime de notre Majesté. "
Thor - " Méfie-toi de lui malgré tout, il serait capable de vous jouer un sale tour. "
Syd plisse ses yeux et affirme d’un air songeur :
Syd - " Je sais mon ami. Je ne le sais que trop bien. "


Au palais, dans ses appartements, le torse nu et bandé pour couvrir les plaies laissées lors de sa rencontre avec le Blue Warrior, Siegfried sue à grosses gouttes.
Face à sa cheminée, en guise de convalescence, il réalise à une vitesse spectaculaire un nombre phénoménal de pompes.
Le visage défiguré par la colère, le descendant du pourfendeur du dragon Fafnir revit son échec contre le sibérien.

Seule la voix douce d’Hilda le sort de sa torpeur :
Hilda - " Es-tu simplement imprudent ou bien totalement fou Siegfried ? "
Il se tient aussitôt au garde-à-vous :
Siegfried - " Pardonnez-moi Altesse, je ne vous ai pas entendu rentrer. "
Hilda - " Dans ton état tu devrais rester couché ! "
Siegfried - " Comment rester allongé alors qu’un danger vous menace ?! J’espère reprendre rapidement pleine possession de mes moyens pour accroître davantage ma cosmo énergie. Notre rencontre avec le Blue Warrior nous a démontré que l’ennemi peut surgir à tout moment. "
Malgré les durs évènements vécus en si peu de temps, la resplendissante jeune femme offre toujours à son protecteur, une sympathie chaleureuse :
Hilda - " Oh Siegfried, comment pourrais-je craindre pour ma vie lorsque je sais que tu veilles chaque jour à devenir plus fort pour me protéger ? "
Siegfried courbe l’échine :
Siegfried - " Vous me flattez Altesse. Mais sachez que si je fais tout cela, c’est uniquement parce je… "

Un garde vient interrompre la conversation et coupe Siegfried dans son élan :
Garde - " Majesté, la troupe pour Blue Graad est enfin réunie. Elle vous attend sur le parvis. "
Hilda le renvoie respectueusement :
Hilda - " Bien, qu’on aille m’y attendre, que je puisse leur présenter tous mes v½ux. "

L’homme se retire immédiatement, laissant Siegfried grincer des dents après cette nouvelle tentative avortée. Il se sentait pourtant prêt, il allait lui avouer. Malheureusement le charme est retombé.
Pendant qu’Hilda salue son bienveillant protecteur, celui-ci se précipite vers elle :
Siegfried - " Princesse Hilda attendez, je vais vous accompagner. "
Hélas, il trébuche et s’écroule de fatigue.

Prise de panique, Hilda court le saisir dans ses frêles bras :
Hilda - " Par Odin, Siegfried, tu es brûlant de fièvre ! Quelle folie d’avoir voulu en faire autant. "
La magnifique prêtresse s’époumone, pour qu’on l’entende de partout dans le château :
Hilda - " Qu’on fasse venir mon médecin ! Vite ! "


Grèce, au Sanctuaire, dans le village de Fóvos :

Dans cette zone de non droit à l’est nord du Sanctuaire, les matins sont calmes. Les rues sont rarement peuplées. Seulement par quelques soldats et brigands éméchés, qui n’ont pas réussis à retrouver le chemin de leur chaumière.
Quelques chiens animent les allées en ramassant les détritus qui les habillent.

C’est en toute quiétude que Nicol emprunte donc le chemin de la sortie, en direction de Star Hill.
Avant de franchir le dernier logis délabré de Fóvos, il se retourne avec un pincement au c½ur. Il pince ses lèvres comme pour retenir son affliction : « Yulij, pardon de ne pas t’avoir dis au revoir. Je te considère comme ma petite s½ur, nos adieux auraient été un déchirement. Même si je dois y laisser la vie, je trouverai un moyen de conjurer le mal qui ronge notre Sanctuaire. Ainsi notre maître sera vengé et Athéna honorée. », pense-t-il tout ému.


Au royaume d’Asgard, au temple Walhalla :

Dans les appartements d’Hilda, nu dans la couche royale, l’intimité uniquement cachée par un léger drap remonté à peine jusqu’au bas de ses hanches, Siegfried, inconscient, murmure :
Siegfried - " Hilda… Hilda… Princesse… Hilda… "
La princesse passe un linge humide sur le front de son bienfaiteur :
Hilda - " Je suis là Siegfried, n’ait crainte. C’est à mon tour de prendre soin de toi cette fois-ci. "
En entendant le ton mélodieux de sa voix, Siegfried entrouvre à peine les paupières :
Siegfried - " Majesté… Si vous saviez comme je… Comme je… "
Exténué, le pauvre reperd connaissance. Les joues d’Hilda s’empourprent, ses doigts glissent délicatement sur le bas de son visage puis dans le cou pour enfin venir caresser les pectoraux forts bien dessinés de l’asgardien. Elle plaque enfin sa main contre le c½ur du bel homme et murmure :
Hilda - " Siegfried… Toi aussi, si tu savais… "
Elle profite de cet instant d’intimité pour se lever de sa chaise et approcher du visage endormi.
Soudain, un frisson vient la parcourir, sa gorge s’assèche et son c½ur palpite. Aussi agréable que cela puisse être, ses lèvres baisent les siennes, soulageant l’espace d’une seconde cette forte réserve de sentiment qu’elle éprouve pour lui, puis la culpabilisant presque aussitôt après de ne pas avoir le courage de lui avouer.
Elle se rassied aussi lentement qu’elle s’était levée, se contentant de sourire comme une enfant qui vient d’obtenir avec malice ce dont elle avait toujours rêvé…


A quelques couloirs de là, dans les logements de la famille de Edel, Bedra observe l’horizon depuis la fenêtre. Ses yeux sont gondolés par le chagrin.
Dans l’ombre, dans le fond de la pièce, Bud a les yeux rivés vers le sol. Les poings serrés, les grimaces qui se dessinent sur son visage révèlent les pincements qu’il a au c½ur :
Bud - " N’ait crainte. Syd reviendra vivant. J’y veillerai. "
Bedra - " Et toi ? Qui veillera sur toi ? "
Bud - " Qu’importe. Après tout je ne suis qu’une ombre, mon destin n’est le souci de personne. "
Bedra - " Il est le mien. Vous partez avec si peu d’hommes contre un effectif plus important que celui qui a dévasté le Walhalla. "
Bud - " Les hommes d’Alexer ne sont pas un danger. Et en ce qui concerne ce prince, j’ai eu le temps d’étudier ses techniques de combat. Si j’ai su le faire, Syd l’a su lui aussi. Je n’aurai peut-être même pas besoin d’intervenir et ton futur époux reviendra sain et sauf. "
Bedra hausse le ton :
Bedra - " Cesse de croire que je ne me soucis que de Syd. Crois-tu être le seul à endurer ce supplice amoureux ? Me dire à chaque fois que si je suis prêt de l’un je trahis l’autre et qu’un jour l’un de vous ne sera jamais heureux me ronge. "

Bud s’avance vers la fenêtre pour sortir discrètement comme à son habitude :
Bud - " Laisse-moi te conquérir parce qu’un jour, je me vengerai de mon frère et il ne restera plus que moi. Dès lors je serai ton avenir. "
Avant qu’il ne parte, Bedra le retient par le bras :
Bedra - " Attend, prend ceci. "
Bud ramasse dans la main de son amante l’autre moitié de c½ur qu’elle a adressée à Syd :
Bedra - " Si, dans toutes les épreuves que tu vas traverser, cet objet peut te rappeler à quel point je t’aime et te rendre fort dans la bataille alors je veux que tu le gardes contre toi à chaque instant. "


Plus loin, sur la route de cristal, à la sortie du royaume, Syd, Mime et Alberich prennent la direction de la Sibérie orientale. Huit chiens les accompagnent et tirent les vivres et lainages sur un traîneau.
La neige tombe à gros flocon et le vent est si fort qu’il peut leur arracher la peau.
Syd - " Vous avez entendu notre Prêtresse, la réussite de cette mission est primordiale pour l’équilibre du monde. Seulement, le temps presse. Un cataclysme se prépare là-bas, il nous faut réussir avant d’être bloqués à Blue Graad par le froid. "
Mime acquiesce sans sourciller. Alberich, lui, sourit perfidement à l’idée de pouvoir remonter dans l’estime de sa souveraine.
Enfin, Syd effectue un rapide demi-tour sur lui-même pour regarder en arrière, en serrant fort contre lui le demi c½ur offert par sa promise.


Grèce, au Sanctuaire, à Dignity Hill :

Le jardin qu’Aphrodite entretient dans le sanctuaire d’Abel est baigné de l’amour de son propriétaire pour la belle Lilith.

Vêtu d’une simple toge blanche agrafée par une broche dorée à hauteur de l’épaule droite, libérant à moitié son torse athlétique, Aphrodite laisse apparaître ses cuisses ainsi que ses mollets serrés par les lanières de ses sandales. Le voile, enserré par une ceinture de cuir, tombe sur le haut de ses jambes, donnant au Saint d’or une allure encore plus digne que celle des antiques statues grecques.
Chacun de ses sourires plonge Lilith dans un état de grâce qui le ravit. Le moindre prétexte est bon pour venir cueillir ses lèvres pulpeuses et échanger un langoureux baiser.

Seulement, le vent, jusqu’ici rafraîchissant et agréable, inquiète le chevalier. Ses narines s’élargissent le temps qu’il hume le parfum amené par la brise. Son expression légère et chaleureuse se fige, amenant auprès de Lilith une certaine crainte :
Lilith - " Ca ne va pas Aphrodite ?! "
Le Saint ferme les yeux et adopte une mine prétentieuse, comme il l’arbore d’ordinaire :
Aphrodite - " Le parfum de mes roses qui tournoie au gré du vent est souillé par l’odeur nauséabonde de la vermine. Quelqu’un souille ce décor paradisiaque que j’ai crée. "
Craignant une saute d’humeur, voire un dédoublement de personnalité à son encontre, Lilith se recroqueville sur elle-même, craignant le châtiment qu’elle s’imagine lui être réservée.

Cependant, son ami se veut rassurant. Il lui caresse le visage avec affection :
Aphrodite - " N’ait crainte. Je vais recouvrir ce parasite de mes fleurs salvatrices. "
Encore sous le choc des mauvais traitement reçus il y a des mois, Lilith a du mal à comprendre que l’aigreur d’Aphrodite ne lui est pas destinée.
Ses yeux se lèvent en direction d’une jeune femme dont le visage est dissimulé sous un masque. Les cheveux longs de cette dernière, blancs grisonnants, descendent dans son dos jusqu’à son postérieur et tombent en de fines mèches sur sa poitrine habillés d’un maillot kaki. Son court short de même couleur permet à ses longues et fines jambes de présenter leur belle apparence, tandis que ses chevilles sont lacées par ses escarpins. Les poings serrés, la demoiselle au visage camouflé, Yulij, tient un discours incohérent pour Aphrodite :
Yulij - " Par ta faute, il va risquer sa vie… Tout ça parce que tu retiens prisonnier son armure dans ce jardin impénétrable… Mais je te ferai rendre l’âme pour l’empêcher de mourir inutilement. "
Ne comprenant rien à l’allusion du départ de Nicol pour Star Hill, Aphrodite se montre insultant :
Aphrodite - " Je ne comprends rien à ce que tu racontes petite traînée. Vu ta tenue et ton hygiène déplorable, j’imagine que tu viens du village de Fóvos, peuplé de bons à rien et de consanguins… "
Yulij - " Comment oses-tu ? "

A l’orée du jardin, le sang de Yulij boue. Derrière elle, son cosmos grandit, son sang ne fait qu’un tour.
Toutefois elle ne peut avancer davantage, le parfum des fleurs commence déjà à lui monter à la tête et à se jouer de ses sens.
Aphrodite s’en doute évidemment :
Aphrodite - " Alors ? Le déchet que tu es est si vite tourmenté par mon univers ? "
Sous l’influence du cosmos doré dégagé par le Saint d’or, les tiges des rosiers à proximité de Yulij se changent en d’épaisses ronces, bientôt aussi épaisses qu’un tronc d’arbre et les épines aussi acérées que la pointe d’une épée. Tout en grossissant, elles s’avancent en rampant sur le sol jusqu’à encercler Yulij, pour l’enserrer et l’enfermer comme l’avait fait le chevalier face aux soldats de Cronos il y a quelques années.

« Ses provocations n’étaient qu’une diversion pour permettre à son poison de pénétrer mon corps. », constate trop tard la jeune femme dont les membres engourdis par l’effet du jardin maléfique n’ont pu lui permettre de fuir de ce piège…

Aphrodite se félicite de sa rapide victoire :
Aphrodite - " Quelle chance ! Mourir par mes fleurs est un immense honneur. Elles ajoutent à la mort une pointe de beauté, de perfection. "

Préférant ignorer l’arrogance du chevalier, se contentant d’être satisfaite par la bonté qu’il voue à son égard, Lilith reste étendue dans le jardin. Seul son buste est maintenu relevé par sa main droite en appui sur le sol.
Elle s’empresse d’embrasser à nouveau son amant, dès l’instant où il revient auprès d’elle, bien décidée à ne rien louper des plaisirs que son éphémère vie lui offre.


Malheureusement, celui-ci est de courte durée. Au bout de quelques minutes d’embrassades et d’attentions délicates, un nouveau cosmos dérange Aphrodite.
Les racines épaisses qui retiennent Yulij se mettent à pourrir, au point de s’assécher et de s’émietter pour ne devenir que poussière.
La prisonnière, libérée de toute étreinte, commence à tomber lourdement sur le sol jusqu’à ce que son sauveur ne vienne la retenir.

Encore endolorie, Yulij reconnaît malgré tout son héros :
Yulij - " Hum… Nicol… "
Le jeune homme à la carrure digne d’une statue grecque, reste la mâchoire serrée à défier du regard Aphrodite.

Le Saints du Poisson soupire à l’idée de devoir interrompre une fois encore ses tendres échanges avec Lilith.
Aphrodite - " Pff… Un cafard à la rescousse d’un autre. Voyons voir. "

Nicol, lui, ignore la présence de son adversaire. Il est furieux envers Yulij :
Nicol - " Tu es folle d’être venue ici. J’étais en route pour Star Hill jusqu’à ce que je ressente ton cosmos en danger ici. Comment as-tu pu croire que tu parviendrais à gagner ? "
Yulij - " Quand tu as quitté le toit hier soir pour te coucher, je suis restée lire les étoiles. J’ai pu y voir que quelque chose changerait aujourd’hui. "
Face à cette situation difficile, Nicol essaie de ne pas broyer du noir. Il se veut rassurant malgré lui :
Nicol - " Alors tâchons de ne pas faire mentir les étoiles. "

Nicol ne daigne toujours pas lever les yeux sur Aphrodite. Prenant cela pour un outrage, il ne fait pas de faveur à son rival.
Sans crier garde, il déclenche ses Roses Piranhas :
Aphrodite - " Piranhan Rose. "
D’un revers de la main une centaine de fleurs carnassières fonce sur les frères et s½urs d’adoption.
Grâce à ses sens affûtés, Nicol voit fondre sur lui les roses noirs. Il passe rapidement devant Yulij et écarte les bras. Tout autour de lui, son cosmos irradie puis se concentre devant sa poitrine :
Nicol - " Shi no Scan ! "
Un flash illumine en une fraction de seconde l’espace, tandis que les roses finissent désagrégées comme le furent plus tôt les ronces du jardin.
Aphrodite perd son sourire narquois, comprenant que la situation est plus grave :
Aphrodite - " Voilà donc la technique qui a libérée plus tôt ton amie. "
Le Saint d’or n’obtient pour réponse qu’un long silence insultant. Il profite de cet instant pour détailler les traits de son adversaire avant de demander :
Aphrodite - " Tu sembles plus âgé que moi. Ta tenue laisse présager que tu es ou as été un apprenti Saint. Le fait que ta cosmo énergie ne cesse d’irradier pour te préserver du parfum de mon jardin, suppose que tu as une certaine expérience du combat. Es-tu chevalier ? Et si oui, sais-tu que tu oses défier un Saint d’or, Aphrodite Saint d’or du Poisson ? Dans un lieu interdit d’accès à quiconque qui plus est ! "
L’homme aux cheveux châtains clairs ébouriffés répond enfin :
Nicol - " Je suis Nicol de l’Autel. L’armure que tu gardes prisonnière de ton jardin est mienne. "
Aphrodite - " Aux dernières nouvelles, l’armure de l’Autel est celle d’Arlès, frère de notre Grand Pope. "
Nicol affiche un sourire cynique :
Nicol - " Mais nous savons tous les deux qu’Arlès n’est plus. "
Aphrodite confesse, sans gêne :
Aphrodite - " Du moins, nous nous en doutons. "
Nicol - " Arlès était mon maître. Il a mystérieusement disparu il y a douze ans. Aujourd’hui j’ai poursuivi la voie de son enseignement et je viens prendre sa relève. "
Aphrodite - " Et c’est en espérant me tuer que tu es venu ? "
Nicol - " J’avoue qu’avant ces dernières minutes, j’avais un tout autre plan. Hélas Yulij a cru bon de venir te défier pour m’épargner la lourde tâche que je m’étais confié. "
Aphrodite - " Néanmoins, cette petite écervelée a mal calculé le risque qu’elle prenait en venant défier un Saint d’or. Toi aussi tu es mal parti d’ailleurs. Tes capacités ont l’air plus grandes que les siennes, seulement tu oublies que la vitesse de la lumière n’a aucun secret pour moi. Ainsi, je serai plus sérieux et plus concentré en t’envoyant de nouveaux mes Roses Piranhas. "

Et Aphrodite tient parole. A la vitesse de la lumière, il projette son arcane :
Aphrodite - " Piranhan Rose ! "
Auquel riposte Nicol :
Nicol - " Shi no Scan ! "

Le résultat est déconcertant. Certes, les premières roses sont parvenues à écorcher le visage et les bras de Nicol, seulement la technique de Nicol est parvenue à annihiler la quasi-totalité des fleurs.
Aphrodite - " Epatant. Sans le maîtriser totalement, tu sembles éveillé au septième sens. De plus, malgré ta tenue déplorable, il y a quelque chose de raffiné dans l’expression de ton visage. Cela reflète une certaine sagesse, une certaine culture. Je sens que tu vas finalement être un adversaire amusant. "
Nicol ne réagit pas. Son visage est ombragé par l’inclinaison de sa tête, comme s’il était au seuil de la mort.
Devant lui, la sphère lumineuse invoquée par son arcane continue d’émettre une lumière de plus en plus aveuglante. Aphrodite considère encore plus le danger que représente un tel adversaire en éprouvant le cosmos oppressant qui lui tient tête.
Nicol murmure :
Nicol - " Le Scanner de la Mort n’est pas seulement une technique défensive, au contraire, à plus forte concentration, elle est capable d’ôter, en frappant de sa lumière, la vie de quiconque. "
Comprenant où Nicol veut en venir, Aphrodite lève aussitôt le bras vers le ciel pour que les racines de ses fleurs deviennent à nouveau d’énormes ronces pour y enfermer Lilith et la protéger.
Nicol - " Shi no Scan ! "
Le flash lumineux persiste quelques secondes au point de créer une lumière aveuglante dans l’atmosphère.

Lorsque l’horizon redevient stable, Nicol est dépité. Le champ d’Aphrodite n’a subi aucun effet de l’arcane qui se devait de pourrir le jardin. Au contraire, certaines fleurs ont éclos. De belles roses écarlates. Au milieu de celles-ci, Aphrodite joue avec l’une d’elle :
Aphrodite - " Comment as-tu pu oser croire qu’il aurait été si simple de réduire à néant cette espace de beauté et de perfection ? "
Nicol avoue :
Nicol - " En toute honnêteté, j’ai agis avec l’énergie du désespoir. Je ne me faisais pas d’illusion quant à l’issue de notre combat. Je suis simplement venu ici sauver Yulij. "
A mesure qu’il parle, des roses rouges d’Aphrodite s’arrachent de son jardin sous l’influence de son cosmos et tournoient autour de lui :
Aphrodite - " C’est bien mal parti pour toi. Vous allez mourir ici tous les deux. Royal Demon Rose ! "
Les fleurs qui lévitaient suivent le mouvement de bras du chevalier pour frapper chacune telle des aiguilles tout le corps de Nicol, repoussé quelques mètres en arrière.

Le brave élève d’Arlès se remet malgré tout très vite en essuyant le filet de sang qui coule de sa bouche.
A peine lève-t-il les yeux en direction d’Aphrodite que le Saint se tient déjà devant lui, hors de son champ.
Aphrodite - " Je serai toi, j’essaierai de me vaincre au plus vite. Mes Roses Royales Démoniaques t’ont toutes touchées, inoculant par la même occasion un parfum similaire à celui de mon jardin. "
En effet, Nicol commence déjà à voir flou, la perte de ses cinq sens a commencé.
Alors il engage le corps à corps. Il vise de son poing droit le visage d’Aphrodite qui esquive en penchant d’un mouvement élégant la tête. Nicol ne s’avoue pas vaincu et tente de frapper avec sa jambe gauche le flanc droit d’Aphrodite. Cette fois-ci le bel homme se déplace à la vitesse de la lumière dans le dos de Nicol pour le frapper avec le coude derrière le crâne. Déstabilisé, Nicol chute en avant provoquant l’hilarité de son adversaire :
Aphrodite - " Ah, ah, ah… Quoi de plus beau que la victoire lorsqu’elle est amusante et accompagnée de mes fleurs majes… "
Il est interrompu par la réaction soudaine de Yulij qui se redresse devant lui bras tendu.
Aphrodite s’empare de son poing et la balance par-dessus lui, pour la faire s’échouer à l’intérieur de son jardin.
D’elles-mêmes, comme si elles étaient constamment envoûtées par le cosmos d’Aphrodite, les ronces enserrent et écorchent la malheureuse.
Cette fois, c’est Nicol qui se relève. Il espère balayer les jambes des Poissons avec les siennes. Toutefois, alerte, Aphrodite saute pour l’en empêcher et profite de l’occasion pour le cogner violement au visage avec ses pieds en se réceptionnant sur le sol. Nicol est projeté à côté de son amie.
Tous les deux prisonniers désormais, Yulij s’excuse :
Yulij - " Je voulais à tout prix t’éviter de devoir risquer ta vie sur Star Hill. J’espérais pouvoir assimiler le sang d’Aphrodite pour récupérer la Cloth d’argent. Malheureusement, ni toi ni moi sommes parvenus à le toucher une seule fois. Sauras-tu me pardonner ? "

Nicol ne dit rien, il semble en pleine réflexion. Aphrodite remarque que quelque chose d’étrange se produit. Ses ronces cessent de lacérer les deux élèves d’Arlès tandis que ses fleurs fanent petit à petit.
Aphrodite - " En de microparticules, l’énergie vitale du champ remonte dans l’atmosphère pour finir absorbée par... "
Le chevalier relève peu à peu la tête est remarque, stupéfait :
Aphrodite - " … ce trou noir ?! "
Effectivement, par-dessus Nicol, le ciel s’obscurcit et appelle les cosmos qui lui sont hostiles.
Yulij reconnaît l’arcane de leur maître :
Yulij - " Le God Dimension ! Je ne savais pas que tu pouvais maîtriser la technique de notre maître. "
Nicol - " Il m’aura fallu du temps pour réussir à ouvrir la Dimension des Dieux. Mais il était inconcevable pour moi de devenir Saint de l’Autel sans savoir manipuler cette arme propre à mes prédécesseurs. L’autel et les dieux sont liés depuis la Gigantomachie. C’est sur un autel construit par les cyclopes que les dieux jurèrent de combattre ensemble. Cette technique digne des dieux ouvre les dimensions qui attirent la cosmo énergie de toute chose malveillante envers l’invocateur. Par conséquent, tu devrais pouvoir être libre de tes mouvements, contrairement aux ronces qui te retenaient. "
En gesticulant, Yulij se défait des liens qui la retenaient. Tout autour d’elle, la verdure jaunie, blanchie, comme si elle est asséchée.

Jusqu’ici infaillible, Aphrodite se retrouve un genou au sol, grimaçant. Son visage se ride et ses yeux se cernent. Ses muscles s’atrophient. Il devient méconnaissable.
Dans une moindre mesure, Lilith, libérée de sa protection de ronces après que celles-ci soient affaiblies par le God Dimension, est étendue dans le champ.
Son affaiblissement relève une certaine véhémence à l’égard de Nicol. Elle, la douce et tendre prêtresse d’Athéna, est aujourd’hui victime de son changement de caractère au contact d’Aphrodite et de Deathmask. Elle en est arrivée à épouser leurs causes.

Toutefois, Nicol se refuse d’achever Aphrodite si c’est pour sacrifier Lilith, une innocente.
Nicol - " Yulij. Tu as encore suffisamment de force en toi pour vaincre Aphrodite. Tu n’es pas sous l’effet du God Dimension donc utilise ton arcane à pleine puissance. Vu comme il est devenu faible, il n’y survivra pas. "
Yulij hoche la tête puis rassemble ses forces…


Au loin, depuis la chambre du Pope, Saga, le Saint des Gémeaux pour lequel les dimensions n’ont plus de secret, aperçoit l’ouverture dimensionnelle :
Saga - " Plus que la puissance dégagée par ce trou, c’est la chute vertigineuse du cosmos d’un Saint d’or qui m’inquiète… "
Il revêt son casque de Pope et alerte ses hommes :
Saga - " Gardes ! "


A Dignity Hill, Yulij pointe le doigt vers les cieux. Malgré le ciel clair, une centaine d’étoiles scintillent :
Yulij - " Falling Stars. "
Une Chute d’Etoiles vient frapper de plein fouet un Aphrodite méconnaissable. Le sol est retourné par cette pluie stellaire et le jardin ravagé.

Seulement, le Saint d’or est toujours debout, entouré par d’épaisses racines jaillies de sous terre et qui pourrissent aussitôt sous l’effet du God Dimension après avoir eu juste le temps de le protéger.
Yulij enrage :
Yulij - " Quelle poisse ! Malgré son apparence cadavérique ce chevalier a encore bien des ressources. "
Elle ne croit pas si bien dire. D’un mouvement de doigts lent et ordonné, Aphrodite matérialise une rose blanche.
N’ayant plus suffisamment d’énergie vitale en lui, Aphrodite balbutie difficilement :
Aphrodite - " Bloody Rose. "
Telle une flèche tirée d’un arc, la Rose Sanguinaire s’élance à une vitesse dépassant l’entendement de Nicol contre son c½ur.
Elle s’y loge, annihilant la concentration du jeune homme et son God Dimension.

Aussitôt, le trou dimensionnel cesse et les facultés d’Aphrodite sont recouvertes. Son visage affirme de nouveau une grande beauté et une confiance en lui inégalable.
Nicol, lui, est à genou, immobilisé par la perte de son sang. Son fluide est absorbé par le seul pétale de la rose encore viable. Auparavant resplendissante, la fleur a tout de même subit le contrecoup du God Dimension avant de se loger dans la poitrine de Nicol.
Aphrodite est enthousiasmé par la situation :
Aphrodite - " Une fois la rose plantée dans le c½ur, l'absorption du sang par la fleur commence, et celle-ci se teinte au fur et à mesure. Lorsqu'elle est entièrement rouge, le décès de la victime est quasi inévitable. Seulement, le temps de passer de ma main à ton c½ur, ma Bloody Rose a subi l’effet de la Dimension des Dieux. Elle est arrivée presque pourrie jusqu’à toi, l’empêchant d’avoir assez de ressources pour pomper tout ton sang. Mais ne t’en fais pas, je vais t’offrir une fleur un peu plus jolie. "
Arrivé jusqu’à son adversaire incliné, Aphrodite crée à nouveau une rose blanche.

Heureusement pour son frère d’adoption, Yulij surgit derrière Aphrodite :
Yulij - " Falling Stars ! "
La Chute d’Etoiles n’atteint cette fois-ci même pas l’atmosphère, puisque la Rose Sanguinaire d’Aphrodite est substituée par des Roses Piranha qui vont se heurter haut dans le ciel contre chacune des étoiles invoquées par Yulij.
Puis, avec une agilité déconcertante, d’un coup de pied retourné, Aphrodite éjecte Yulij quelques mètres sur le côté en la frappant en plein flanc droit.

Elle se relève, malgré tout, immédiatement, adoptant avec l’énergie du désespoir une pose de combat.
Aphrodite prend appui sur le sol pour se jeter sur elle. Seulement, à la dernière seconde, il voit le poing de Nicol fondre sur lui. Il esquive de justesse la tentative désoeuvrée de l’apprenti chevalier revenu à lui. Il le renvoie au sol d’un violent coup de poing sur le sommet du crâne.
Malgré ses facultés de Saint d’or, Aphrodite consacre trop de temps à Nicol pour s’apercevoir qu’une nouvelle Chute d’Etoiles l’a pris pour cible. Il a juste le temps de passer ses bras devant lui pour se protéger.
Un nuage de poussière est soulevé de nouveau, aveuglant quelques instants les trois adversaires.


Non loin de Dignity Hill, Algol, lieutenant de la région, s’inquiète des derniers chocs cosmiques et choisit de s’y rendre. A l’est, le trio argenté profite de sa rencontre avec Algol pour le suivre…


Toujours pointé vers Aphrodite, le doigt de Yulij tremble soudain. Le voile sablonneux soulevé par la poussière propose, en retombant, un spectacle accablant.
De plus en plus exténuée, Yulij ne parvenait plus à cibler correctement son arcane. Quelques coups portés à la vitesse du son ont quitté la zone qu’elle souhaitait quadriller autour d’Aphrodite, provoquant l’irréparable.
Aphrodite devine au comportement curieux de son ennemie qu’une tragédie s’est produite. Il tourne brusquement la tête, abandonnant son sourire resplendissant et reconnaît, souillée par la terre et le sang, Lilith, la toge arrachée et le corps marqué par plusieurs impacts, les yeux ouverts, sans vie.

A cet instant, le c½ur d’Aphrodite cesse de battre, son sang se glace, sa gorge se noue.
Par réflexe, Nicol lève sur Yulij un regard accusateur tandis que cette dernière lève les mains en direction du ciel comme pour invoquer son innocence.
Comprenant bien vite qu’il s’agit d’une erreur, Nicol, en retirant la rose à un seul pétale figée dans son c½ur, titube jusqu’à Yulij en constatant l’évidence :
Nicol - " Je crois qu’on peut dire adieu à nos derniers espoirs. Ce qu’on va affronter maintenant dépasse tout ce qu’on peut imaginer. "
Yulij - " Je suis profondément désolée. "
Nicol - " Il est trop tard pour les regrets et il est inconvenant de demander pardon dans cette situation. "

Pendant qu’ils discutent, le cosmos doré d’Aphrodite irradie de plus en plus…

Nicol - " Si j’avais su que ça se terminerait comme ça, je n’aurai pas cherché à épargner cette femme lors du God Dimension. "
Yulij détaille la Pandora Box de l’Autel retenue par la flore du Saint :
Yulij - " Les ronces sont moins nombreuses. La Dimension des Dieux est parvenue à réduire leur énergie. "
Nicol - " Pas suffisamment hélas. Et j’ai bien peur de ne plus pouvoir invoquer bien longtemps cet arcane. "
Tout en disant cela, Nicol rassemble ses forces à l’image de son adversaire puis conclut :
Nicol - " Je ne tiendrai pas assez de temps pour absorber dans la Dimension des Dieux tout son cosmos. De plus il doit s’attendre à cette attaque. Je n’ai pas d’autres solutions que d’essayer de contenir le poison dans son sang pour tenter de m’emparer de la Cloth et tenir face à ses ronces empoisonnées. "
Yulij - " C’est de la folie, depuis le début du combat nous ne sommes jamais parvenus à le toucher. Même mon dernier Falling Stars n’a rien pu faire, il a pu passer au travers de chaque étoile. "
Nicol - " Je n’ai pas d’autres solutions. "
Yulij - " Dans ce cas, je l’affronterai de front avec toi. "

Le visage inhabituellement froid, fermé, Aphrodite fixe de ses yeux injectés de sang les deux amis. Un simple flash lumineux se produit tandis qu’ils retombent au sol, Aphrodite étant passé déjà depuis longtemps dans leur dos.
Yulij est incapable de se relever :
Yulij - " J’ai l’impression que tout mon corps vient de se faire broyer. "
Nicol - " Nous venons de recevoir à la vitesse de la lumière un nombre incalculable de… "
Il n’a pas le temps d’achever sa phrases que son visage est compressé par la main d’Aphrodite. Le chevalier le cramponne si fort qu’il le soulève du sol avec sa seule main droite, pendant que sa peau lui brûle tant l’étreinte rageuse d’Aphrodite dépasse l’entendement.
Yulij se refuse d’abandonner son ami, mais à peine a-t-elle redressé la tête, qu’Aphrodite la lui éclate contre le sol avec son pied.
Courageux jusqu’ici, Nicol cède face à la pression exercée par la seule main du Saint. Il hurle de douleur.

Il faut attendre une voix nouvelle pour permettre à Nicol d’être libéré. L’apprenti est frappé et envoyé au loin par un arrivant vêtu d’une Cloth d’argent :
Dio - " Dead and Fly ! "
L’opulente chevelure coiffée par le diadème de sa Cloth, Dio Saint d’argent de la Mouche se prosterne devant Aphrodite :
Dio - " Seigneur Aphrodite, veuillez pardonner l’intrusion de cet individu en votre… "
Aphrodite reste impassible. Droit, tendu, seul ses yeux bougent en direction de deux autres Saints approchant l’inconsciente Yulij. Dio commente l’arrivée de ses deux compagnons :
Dio - " Sirius et Algethi vont ramener ces opportuns dans les geôles du Sanctuaire pour les y  questionner. En effet, en venant en ce lieu interdit ils ont bafoué les lois du Sanctuaire. "
D’un air totalement ahuri, le massif Algethi approche Lilith :
Algethi - " Je fais quoi d’elle ? Elle est déjà morte ! "
Le manque d’égard envers sa maîtresse, attise les foudres du Saint d’or. Il surgit juste sous les yeux d’Algethi et, à main nue, le cogne contre son armure à hauteur de l’abdomen. La Cloth du Saint d’Héraclès se fendille sous le choc alors que Sirius et Dio sont abasourdis.
Aphrodite ne leur laisse pas le temps d’ouvrir la bouche :
Aphrodite - " Partez immédiatement. Ce qui se passe ici ne concerne que moi. "
Bien moins effrayé que ses deux amis, Sirius se montre également bien imprudent en rétorquant sèchement :
Sirius - " Ce secteur est interdit. Nous devons rendre compte de ce qu’il s’y passe si quelqu’un s’y introduit, qu’il s’agisse d’un simple villageois ou d’un Saint d’or. Tuer des hommes ici, quelle qu’en soit la raison, ne peut-être autorisé que par le Pope. "
Cette réaction conduit Aphrodite à répondre cyniquement :
Aphrodite - " Ces belles paroles sonnent faux dans la bouche du trio argenté, alors qu’il est réputé ici pour faire régner la loi du plus fort et se contenter de veiller sur les menaces extérieures plutôt que sur la sécurité intérieure. "
Sans le moindre égard, Sirius pose sa main la toge du chevalier d’or :
Sirius - " Qui que tu sois, je te prie de croire que moi, Sirius Saint d’argent du Grand Chien, vais faire respecter ici la volonté du Grand Pope ! "

Sans sommation, un crochet du gauche d’Aphrodite l’envoie au tapis. Dio et Algethi, à peine remis de l’échange précédent, tentent d’enrailler la colère d’Aphrodite.
Comme Sirius, leur tentative est veine, puisqu’un uppercut a raison d’Algethi et, du plat du pied, Dio est choqué en plein thorax.

Pendant ce temps, Nicol s’aide d’un rocher pour se remettre sur pied. Bien décidé à profiter de la situation pour goûter le sang d’Aphrodite, seul antidote à son jardin.

Subitement, le soleil est voilé par une nuée de corbeaux qui passent au-dessus du champ de bataille. Sans qu’il ait besoin d’annoncer son nom, Jamian Saint d’argent du Corbeau assure sa présence :
Jamian - " Les chocs cosmiques qui se produisent en ce lieu inquiète énormément le Grand Pope. Je viens vous sommer de sa part de cesser ce combat Seigneur Aphrodite. "
Aux côtés de Jamian, la voix posée d’un autre Saint d’argent, resté en retrait jusqu’à présent, se montre moins respectueuse envers le Saint d’or :
Algol - " Je vous conseillerai d’exécuter la volonté du Grand Pope Seigneur Aphrodite, sans quoi, moi, Algol Saint d’argent de Persée, n’hésiterait pas à vous changer en pierre. "

Les propos tenu par le saoudien offusquent davantage le Saint d’or. A la vitesse de la lumière, il vient balayer les jambes de Jamian, afin de le faire valser dans les airs. Il le réceptionne avec son genou à hauteur des côtes.
Malgré le fait qu’il porte son armure, à l’inverse d’Aphrodite, le choc est tel que Jamian peut entendre ses côtes se briser.

N’ayant toujours pas encaissé le moindre choc, Aphrodite pulvérise à mains nues ses adversaires. D’un ton arrogant, il défie le dernier Saint encore debout :
Aphrodite - " Allez Algol, sort donc ton bouclier que je puisse y admirer mon reflet ! "
Saisi par la vitesse à laquelle son adversaire s’est débarrassé de Jamian, Algol ne perd pas de temps et dégaine son écu au visage de Méduse.
Néanmoins, l’improbable se produit, les yeux de Méduse ne s’ouvrent pas tandis qu’Aphrodite toise avec hargne le bouclier.
Algol lui-même refuse d’y croire :
Algol - " Impossible, mon bouclier ne m’a jamais fais défaut ! Alors comment… "
Le malheureux ne peut finir sa phrase que son visage s’atrophie. Ses membres se raidissent, l’obligeant à un immobilisme total. Autour de lui, l’effluve dorée du cosmos d’Aphrodite lévite :
Aphrodite - " Ton bouclier, non toute ta Cloth, vit en harmonie avec ta cosmo énergie. C'est dire à quel point elle est faible par rapport à moi. Ma cosmo énergie oppresse tellement la tienne, que ton arme est sans la moindre efficacité. "

Une nouvelle tentative du trio argenté, libère Algol de la restriction d’Aphrodite. Les trois comparses sont esquivés tour à tour et se font repousser définitivement :
Aphrodite - " Piranhan Rose. "
Les roses noires dévorent les derniers espoirs des Saints d’argent de ramener Aphrodite à la raison.

Toutefois, la volonté de Nicol reste inébranlable.
Droit derrière Aphrodite, il appelle en lui ses dernières forces :
Nicol - " Chevalier ! "
Aphrodite sourit avec perfidie à l’idée de pouvoir enfin en finir avec lui. Il se retourne, en maintenant entre chaque doigt de ses deux mains des roses blanches :
Aphrodite - " Ton Scanner de la Mort et la Dimension des Dieux ne peuvent rien contre moi. Mes Roses Sanguinaires, vont consumer ce qu’il reste de ta misérable existence. "
Nicol ferme les yeux et murmure :
Nicol - " La vitesse de la lumière, le septième sens, la vitesse de la lumière, le septième sens… "
Il répète, encore et encore, inlassablement ces mots, accroissant son énergie cosmique à chaque nouvelle syllabe :
Aphrodite - " Tu espères entrevoir l’ultime cosmos ?! "
Nicol - " À force de concentration et de maîtrise de soi, mon maître Arlès parvenait à l’approcher. J’ai suffisamment confiance en mes connaissances et mes compétences pour atteindre un stade de contrôle de moi-même proche du tien. "
En une fraction de seconde, Aphrodite décoche son arcane :
Aphrodite - " Je te conseille alors de dégainer aussi vite que moi : Bloody Rose ! "
Nicol croise les bras devant lui et, contrairement aux précédentes ouvertures dans le ciel, il crée un trou noir face à lui :
Nicol - " God Dimension ! "
Cette fois, ce n’est pas la Dimension des Dieux qui absorbe l’énergie cosmique adversaire. Elle s’ouvre pour déverser une concentration cosmique qui déferle sur Aphrodite.
Les roses blanches sont désintégrées en entrant au contact de la vague de cosmos qui fonce à la vitesse de la lumière sur Aphrodite. Le Saint n’a d’autre choix, que de se protéger le visage en recroquevillant les bras pour parer l’attaque, provoquant une importante déflagration dont la détonation retentit à des kilomètres alentours.

La poussière soulevée par l’explosion trouble la vision d’Aphrodite qui desserre enfin les bras.
De sa toge arrachée il ne reste qu’à peine un morceau de tissu qui lui sert de jupette, ses avant-bras heurtés sont écorchés. Lorsqu’ils tombent le long de son corps, les différentes plaies laissent s’écouler un filet de sang qui descend le long de ses doigts et s’égoutte sur le sol.
Seulement, Aphrodite reste saisi par l’exploit de Nicol :
Aphrodite - " Impossible, il a réussi à atteindre un instant la vitesse de la lumière et à me surprendre, en changeant le fonctionnement de son arcane. Sa dimension a renvoyé toute l’énergie vitale et cosmique qu’elle avait absorbée depuis le début du combat. Il m’a attaqué avec ma propre cosmo énergie. "

Le voile de fumée se dissipe enfin, laissant Aphrodite distinguer en lieu et place de Nicol la silhouette de Yulij, debout avec difficulté.
Aphrodite est stupéfait :
Aphrodite - " Mais… Qu’est ce que… "
Le Saint des Poissons comprend trop tard la diversion opérée par Yulij lorsque Nicol surgit aux côtés d’Aphrodite. L’apprenti Saint passe sa main sous une goutte de sang du Saint et s’en délecte aussitôt.
Aphrodite - " Misérable ! "
Nicol affiche une mine satisfaite :
Nicol - " J’y suis enfin arrivé ! Maintenant ton jardin maudit ne me fera plus peur. Je peux sans crainte m’en approcher. "
Aphrodite - " Tu es plus mort que vif. Je ne t’en laisserai donc pas l’occasion. "

Soudain, une voix grondante et autoritaire retentit : « Ca suffit ! »

A genoux, affaibli, Algol reconnaît l’allure impériale du souverain du Sanctuaire. Entouré par une dizaine de gardes, le Grand Pope répète :
Saga - " Ca suffit Aphrodite ! "

Le Saint d’or serre les dents et les poings tandis que le Pope avance doucement jusqu’à lui.
Sous son masque, Saga grimace. A mesure qu’il s’approche il reconnaît Yulij et Nicol, les deux disciples d’Arlès qu’il a tué voici treize ans. Pire, malgré les hématomes, il distingue parfaitement la défunte Lilith, que Deathmask était censé avoir tué il y a des mois après qu’il ait commis l’irréparable.
Tant de preuves pouvant le conduire à la chute sont réunis ici, sous les yeux de Saints d’argent, témoins des ces éléments troublants dans un lieu interdit.
« Il y a bien trop de témoins pour éliminer ces gêneurs », constate-t-il. Alors il lève les bras en direction de Yulij et Nicol, encerclés par les Saints d’argent :
Saga - " Ces gens s’en sont pris à Aphrodite des Poissons, un Saint d’or. En plus de cela, ils ont osé violer ce lieu sur lequel plus personne n’est autorisé à pénétrer depuis les temps mythologiques. Ils ont commis un crime envers le Sanctuaire. "
Yulij tente de protester, mais à peine ouvre-t-elle la bouche, qu’Algethi l’assomme en la cognant derrière la nuque. Nicol espère faire mieux, mais Jamian profite de la fatigue de l’apprenti pour l’envoyer au tapis de le frappant dans l’estomac.

Le Saint des Gémeaux cherche à étouffer tout soupçon en se montrant magnanime. Il pointe du doigt Lilith et invente :
Saga - " Ces délinquants ont déjà perdu une complice. Laissons-les réfléchir aux conséquences de leurs actes dans la prison principale. "

La façon dont le grand pontife considère Lilith, irrite au plus haut point Aphrodite, sans qu’il en dise le moindre mot.
Bien vite, le cadavre de Lilith est emmené par les soldats qui accompagnent le Pope. Ils le brûleront certainement, sans la moindre cérémonie religieuse ni le moindre égard.
Le Pope tourne le dos à Aphrodite.
Avant de partir, il déclare sèchement :
Saga - " Ta permission s’achève à cet instant Aphrodite. Retrouve ta Cloth et viens me voir dans mon palais. Nous devons avoir une explication. "
Aphrodite baisse la tête sans rien dire, il devine déjà l’objet de leur entretien.

Pendant qu’il s’engage en direction des maisons du zodiaque, son jardin refleurit déjà et vient couvrir les traces de sang et les souillures laissées par les combats d’aujourd’hui. Gardant bien pour lui, enserrée dans ses ronces, la Cloth de l’Autel…



Nicol avait réussi l’exploit de faire saigner Aphrodite. Bien évidemment, la blessure était minime et le combat floué par l’intervention de nombreux gêneurs. Mais il avait réussi.
Trop affecté par la perte de Lilith, le Saint des Poissons ne se doutait pas que l’absorption du contrepoison par Nicol allait déclencher des évènements dépassant son entendement…



Author Topic: Chapitre 39 - Pour la mémoire de notre maître  (Read 6012 times)

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