Chapitre 38 - Repartir à zéro, encore

Lorsque j’ai perdu Netsuai, mon épouse, il a fallu me reconstruire. J’ai pu compter sur ma mère et mon fils pour cela. Je voulais plus que tout réussir l’éducation de mon enfant. C’était le sens de ma vie.
La Guerre Sainte contre Hébé me les a retirés. J’ai été anéanti. Mon seul but était alors de répondre aux v½ux d’Athéna sans faire la distinction entre le bien et le mal.
Enfin, la présence de Juventas à mes côtés sur Yíaros, m’a ouvert les yeux. J’avais besoin d’amour pour être heureux. Voilà pourquoi j’étais Saint. Et cet amour, elle me l’a accordé.
Néanmoins, ce 10 septembre 1986, j’étais encore entrain de tout perdre…



Chapitre 38 - Repartir à zéro, encore

Sur l’île d’Yíaros, dans le Parthénos :

Au milieu des cadavres, Apodis est à genoux, les yeux embrumés. Il est trop fébrile pour se relever. Le sang fuit son corps et il a puisé dans ses dernières ressources pour massacrer Lena.
Dans son dos, deux cadavres sont dégagés. Les dépouilles reposaient sur Anikeï qui a repris ses esprits. Titubant, tremblant, l’ukrainien ne renonce pourtant pas. Il approche du grec.

Au bout de la pièce, en surélévation, Hébé et ses Alcides sont acculés. Il reste peu de soldats athéniens, mais les forces des chevaliers d’Hébé s’épuisent.

Soudain, lorsqu’il croyait la victoire acquise, Taishi est surpris par des exhortations venant de toutes les pièces du Parthénos autour d’eux.
De chaque couloir, débouchent les villageois venus prêter main forte à leur déesse. Leur tumulte leur donne le courage nécessaire pour foncer sur la vingtaine d’athéniens encore debout et achever ceux restés au sol. Les plus jeunes à mains nues, les fermiers avec leurs fourches, les mères de famille avec leurs couteaux de cuisine, tous se lancent dans une mort certaine ce qui oblige cependant les athéniens à revoir leurs positions et abandonner la tentative d’assassinat sur Hébé.

Juventas profite de l’effet de surprise pour emmener Hébé à l’abri dans une autre pièce du palais :
Hébé - " Hors de question ! Mon peuple est venu mourir à mes pieds, je ne peux me dérober. "
Juventas - " Il est venu mourir pour votre sécurité, par respect au bien-être que vous leur avait donné durant tant d’années. "
¼dipe surenchérit. La volonté du muet résonne dans les esprits d’Hébé, Juventas et Baucis :
¼dipe - " Juventas a raison. Elle vous conduira à l’abri en compagnie de Baucis. Moi je resterai ici pour repousser les athéniens hors du Parthénos. "
La foi qu’elle a en son Alcide finit de convaincre la déesse. Elle suit ses deux femmes chevaliers après que Baucis prenne sur son dos l’inanimé Philémon.

Massacrant les quelques villageois qui tentent de se heurter à lui, Taishi s’avance avec rage en direction de l’immobile Apodis :
Taishi - " Toi ! Tu as tout fait échouer ! Tu vas crever ! "
Encerclé par le Toucan et Cassiopée, Apodis sert les poings, il essaie déjà de se relever depuis quelques minutes, en vain.
Inopinément, avant qu’elle ne quitte la salle, Juventas bondit jusqu’aux côtés d’Apodis. De son cosmos bienveillant, elle enraille les tentatives simultanée des deux Saints de bronze qui espéraient achever l’Oiseau de Paradis.
Juventas - " Pardon. Pardon Apodis de t’avoir cru coupable de tout ceci. "
Apodis - " Je suis désolé. Désolé de ne pas avoir pu empêcher cela. "
Juventas - " Il y aura certainement des représailles du Sanctuaire, mais moi je ne peux m’engager dans cette guerre. Je dois protéger Hébé. Cette Guerre Sainte est en réalité interne au Sanctuaire. Ce n’est pas la notre. "
Apodis - " Oui, tu as raison. Je dois partir, trouver du renfort loin d’ici, loin de la Grèce. Mais avant cela, je te remercie. Tu as su cicatriser la déchirure causée par la perte des miens. "
Juventas - " Je me dois de te remercier également, pour moi-même et ma fille également. Tu lui as donné cette présence paternelle qui lui manquait tant, tu m’as redonné goût à la vie, à l’amour. "
Apodis - " Je reviendrai Juventas. Lorsque j’aurai découvert la vérité, je reviendrai. Je te le promets. "
Juventas n’en attend pas plus, sa présence a suffi à galvaniser le Saint de bronze. Sans en dire davantage, elle retourne auprès d’Hébé pour fuir la salle.

De nouveau seul face à Taishi et Anikeï, Apodis ne voit pas d’autres issues que les espaces laissés au plafond lors de ses précédents combats.
Son cosmos irradie de nouveau aux couleurs aussi vives et changeantes que celles d’un arc-en-ciel.
Cette démonstration de force prend au dépourvu Taishi. Apodis saisit l’opportunité pour foncer sur son adversaire, lui fracturant au passage le nez après un magistral coup de tête.
Le plus vif de ses deux opposants étant ralenti, Apodis s’élance désormais dans les airs, puis fuit le palais. Il espère atteindre la côte.
Cependant, il subit au passage une attaque d’Anikeï dans le dos :
Anikeï - " Znyshchennya Kita ! "

Essayant de retenir le flot d’hémoglobine qui s’écoule de son nez, Taishi sonne la retraite :
Taishi - " Il va essayer de fuir l’île ! Tous au port vite ! "
Seule une dizaine d’athénien est encore mobile. Cette troupe, mise en difficultés par les villageois et ¼dipe, profite de l’aubaine pour abandonner le champ de bataille.

Les athéniens invalides, abandonnés à leur triste sort, essuient la colère des rares villageois ayant survécus à cette attaque suicide.

Seul Anikeï quitte le Parthénos dans une direction opposée au Port, il part pour les côtes du nord-est, là où Apodis avait débarqué avec son équipe il y a des mois. Là où l’Oiseau de Paradis a trouvé le cadavre d’un soldat de Gigas.

Discrètement, à vitesse moindre, le dernier homme de confiance d’Apodis, Cliff, suit l’avancée d’Anikeï.

Esseulée au milieu des villageois, Carina pleure toujours la dépouille de Lena. Malheureusement, son étiquette de Saint d’Athéna ne plaide pas en sa faveur et les hébéïens se pressent de l’encercler.
La voix de ¼dipe gronde dans les airs :
¼dipe - " Laissez la ! "
Effarée par le comportement du bolivien, alors qu’elle attendait la sentence qui lui était due, Carina profite de la chance que lui donne l’Alcide :
¼dipe - " Apodis doit avoir besoin de toi. Sa quête va être dure. Aide-le à quitter cette île. "
Avant de partir, Carina jette un dernier regard sur le cadavre de Lena qu’elle considérait comme son modèle…


En Sicile, au Mont Etna :

La fin de journée provoque une légère chute des températures. Le soleil est moins harassant et les peaux brunies peuvent enfin bénéficier d’une légère brise.

Deathmask profite de cette opportunité pour se promener seul. Chaque lieu traversé lui ressasse les souvenirs de son enfance brisée, bafouée, par son apprentissage de Saint d’or en compagnie de Cancro et de sa tante Lilith. « Ah… Lilith… », s’évade-t-il.
A la réflexion de ce nom, l’image du bourreau de son enfance est annihilée par le visage radieux de la prêtresse d’Athéna qu’Aphrodite a ainsi rebaptisé et qui partage désormais sa vie. Cet ange gardien pour lequel il se refuse de céder à la tentation d’Epione.

Le hasard ne pouvant supplanter le destin, la moindre pensée pour l’indomptée Saint appelle à la croiser. En cet instant, la voluptueuse femme chevalier arrive. De façon anodine, en toute amitié, Deathmask remarque :
Deathmask - " Je ne te savais pas adepte des promenades en ce secteur. "
N’ayant pour recouvrir son corps que sa Cloth, elle la défait sans la moindre gêne, ainsi que son masque comme à l’accoutumer en compagnie de Mei et de Deathmask.
Epione - " Pour tout te dire, je te cherchais. "
Deathmask - " Tu ne comprends donc pas ? "
Epione - " Nous avons passé tellement d’années ensemble que j’ai peine à croire en tes bonnes résolutions. "
Le Masque de Mort poursuit son chemin sans céder à la belle, soufflant au passage :
Deathmask - " Tu ne peux pas comprendre. "
La vénusté reste sans voix.


Sur l’île d’Yíaros, sur le port :

Tous les athéniens se sont réunis sur le port. Un soldat rend son rapport à Taishi :
Soldat - " Les bâtiments sont vérifiés, l’espace est occupé. Le sergent Apodis ne pourra pas s’enfuir d’ici. "
Néanmoins le Saint du Toucan reste soucieux. Il règne sur les embarcadères une tranquillité bien trop anormale. « C’est le calme avant la tempête », pense Taishi. Il développe intérieurement sa pensée : « Il ne reste plus rien des troupes athéniennes. Le renfort des villageois a annihilé notre seule chance de prendre la vie d’Hébé. Nous sommes réunis ici, à l’extérieur de l’île. Bientôt tous les hébéïens reprendront position dans le centre. »
Le rustre japonais grimace, il s’est fait avoir, Apodis n’est pas ici, il l’a compris désormais. Il est tombé dans le piège d’Apodis. « En nous faisant venir ici, il savait que nous ne pourrions pas reprendre notre position de force. », avoue-t-il.
Il enrage à l’idée de pointer du doigt un navire et d’ordonner à tous ces hommes :
Taishi - " Assez ! Stoppez les recherches. Nous nous sommes fait avoir. Il nous est désormais impossible de reprendre le contrôle de l’île après les évènements d’aujourd’hui. Nous sommes regroupés ici, nous n’avons plus accès aux ressources nécessaires à notre survie. On embarque sur un navire. Nous rentrons au Port du Destin. "

Les hommes, non mécontents d’obéir après cette journée meurtrière, s’engagent sur un vaisseau qu’ils prennent de force, sommant aux matelots de lever l’ancre.
Le même soldat s’étonne alors de voir le chevalier de bronze repartir :
Soldat - " Vous ne venez pas Seigneur Taishi ? "
Taishi - " Il n’y a qu’un autre lieu côtier duquel on peut embarquer ici. Il s’agit d’une encablure dans les montagnes du nord/est. Je veux voir si Apodis y est toujours. Je ne serais pas long, je reviendrais ici avant que vous ne soyez partis. "


Grèce, au Sanctuaire, quatrième maison du zodiaque : 

Sur le flanc droit de la demeure du Cancer, quelques éclats de rire viennent perturber les hurlements de souffrance des masques de mort accrochés sur les parois.
A hauteur du passage secret, Aphrodite et Lilith se chamaillent dans la bonne humeur.

Avant de se quitter, Aphrodite matérialise grâce à son cosmos une rose épineuse :
Aphrodite - " Tu n’as plus à craindre la piqûre de mes fleurs désormais. "
Lilith - " Pourquoi une telle confiance en moi ? "
Aphrodite - " Certainement parce que le changement de Deathmask à ton contact m’a poussé à le jalouser. Alors j’ai convoité ce qu’il avait et en apprenant qui tu étais réellement, je me suis laissé charmer. C’est idiot à dire, mais je perds pieds à tes côtés. "

Un peu honteux de se dévoiler ainsi, le bel homme tourne les talons en direction de sa maison, jusqu’à ce que le pas léger de Lilith le rattrape.
Elle passe devant lui et, instinctivement, se hisse sur la pointe des pieds pour passer ses bras autour de sa tête et lui déposer un long baiser.

Incapable de réagir, libéré soudainement du chagrin de sa rupture avec Myrrha, Aphrodite ferme les yeux et se laisse guider par Lilith.
En reculant, ses pieds viennent heurter la première marche qui amène à l’intérieur du temple du Cancer. Il tombe à la renverse et Lilith avec.
Son agilité lui permet de se réceptionner sans encombre et Lilith de poursuivre plus lascivement encore son étreinte. Accroupie sur lui, elle abandonne une fois de plus ses vêtements et se donne totalement sur le seuil de la maison de son amant à l’ami de celui-ci…


Sur l’île d’Yíaros, sur la plage entre les montagnes du nord et la forêt de l’est : 

Les grains de sable viennent se coller sur le sang d’Apodis qui souille son corps et sa Cloth émiettée.
Il titube jusqu’au bord de l’eau, où quelques vagues balancent un vieux canot en bois relié par une corde à un piquet.
Avant de monter à bord, il s’effondre dans l’eau salée pour nettoyer ses plaies et se rafraîchir le visage. Un laps de temps, hélas, trop long puisqu’en une fraction de seconde la barque vole en morceaux.
Apodis - " Anikeï ! Tu m’as suivi ! "
A l’orée de la forêt, le Saint de Cassiopée traîne la jambe :
Anikeï - " Tu n’as tout de même pas cru que je te laisserai fuir, sale traître. "
Apodis - " Je te l’ai déjà dis, je t’en conjure, ouvre les yeux. Ton don de prémonition devrait t’aider à y voir plus clair sur la politique du Grand Pope. "
Anikeï - " La seule chose que mon don m’a montré, c’est l’image de toi m’ôtant la vie. Et aujourd’hui je comprends pourquoi. Seulement, hors de question que je laisse cela se produire. "
Apodis - " Dans ce cas, tu ne me laisses pas le choix. Je ne peux plus rien faire. "
L’effluve du cosmos d’Apodis dessine dans son dos l’animal emblème de sa constellation. Anikeï l’imite.
Anikeï - " La Destruction de Cetus aura raison de toi : Znyshchennya Kita ! "

Apodis attend patiemment que la technique d’Anikeï vienne à lui.  Seulement, poing d’Anikeï tendu vers l’avant, le monstre marin ne se montre pas. Cela n’enlève en rien le sourire en coin de l’ukrainien.
En effet, dans le dos d’Apodis, une ombre monstrueuse le prive de lumière.
L’Oiseau de Paradis n’a que le temps de se retourner pour comprendre qu’Anikeï s’est servi de l’élément aquatique qu’est la mer pour accroître l’effet de son arcane. Une monstrueuse baleine faite d’eau et du cosmos destructeur du Saint de Cassiopée engloutit la plage et emporte Apodis.

A mesure que l’eau regagne la mer, ramenant avec elle les quelques galets et les arbustes qui composent le début de la forêt, ne subsiste qu’Anikeï. Le chevalier au physique androgyne grimace.
Son armure s’effrite de haut en bas pour ne devenir que poussière. Son corps est brûlé par de profondes griffures.

Derrière lui, Apodis présente une triste réalité pour le slave :
Apodis - " J’ai été l’élève du légendaire Orphée de la Lyre. Il m’a enseigné tout ce qu’il sait, y compris la voie du septième sens. Même s’il s’agit d’une capacité que je n’entrevois que seulement au terme d’une concentration accrue, il m’est possible de me déplacer à une vitesse proche de celle de la lumière. En conclusion, j’ai pu fuir ta technique et te frapper avant même que celle-ci ne ravage les environs. "
Le chevalier de Cassiopée s’écroule sur le dos :
Anikeï - " Ce… Ce n’était pas le Wing Jikan No Yoyu, ni le Frantic Fury… Cet arcane m’était inconnu n’est-ce pas. "
Apodis - " En effet, il s’agit des Serres Brûlants de l’Oiseau de Paradis, le Shining Apus Claw. "
Anikeï - " Et maintenant ? "
Apodis - " Maintenant je vais aller au bout de ce que j’ai entrepris. Vaincre le mal qui ronge le Sanctuaire. "
Anikeï - " Pff… Tu vas rire mais… Cette situation, moi étendu, immobile, mourant à petit feu, c’est exactement ce que j’ai vu durant mon instant de clairvoyance. "
Apodis sourit amicalement :
Apodis - " Je t’assure pourtant m’être battu à contre c½ur. Cependant, je dois… "
Anikeï - " Je sais, je sais. Pars à présent. "

Apodis ne se fait pas prier, il plie les genoux pour se projeter de tout son cosmos loin d’ici.
C’était sans espérer un violent heurt sur son flanc droit annoncé par la voix rocailleuse du Saint du Toucan
Taishi - " Beak Bone ! "
Apodis est repoussé sur les roches formant la base de la chaîne montagneuse du nord.
La situation est critique pour le grec. Son plastron a volé en morceau au niveau de l’impact, il a senti ses côtes se briser et était déjà bien mal en point avant cela.
« Merde ! Taishi ! Je suis plus mort que vif. Même si je parviens à m’en débarrasser, je n’aurai plus suffisamment de cosmo énergie pour me projeter loin d’ici. Au mieux, je m’échouerai au beau milieu de la Méditerranée. », admet-il.

Peu épargné par les coups échangés avec les Alcides, Taishi fatigue également. Il préfère garder quelques réserves et s’offre le droit d’administrer la sentence d’Apodis à petit feu.
Il relève Apodis par les cheveux et le plaque contre un monticule de pierres pour le cogner de toutes ses forces sur toute la surface du corps. Apodis est balancé dans tous les sens au rythme des frappes répétées de l’ancien camarade de Jabu.

Depuis le bois, par là où ont déjà débouché Apodis, Anikeï et Taishi, un courant d’air froid ramène à lui Anikeï.
Le chevalier, aux portes de la mort, reprend connaissance quelques instants, pris d’une soudaine vision…

Pendant ce temps, l’air frais continue de traverser sa plage pour prendre forme sous l’apparence svelte et gracieuse de Carina :
Carina - " Taishi, laisse-le ! "
Interpellé, le fidèle du Pope abandonne un instant celui qui lui sert de sac de sable pour observer avec dédain la Saint de la Carène du Navire :
Taishi - " Tiens donc, toi aussi tu te ranges du côté des traîtres maintenant ?! "
La jeune femme écarte les bras, invoquant l’apprentissage de ces dernières années en Sibérie Orientale, la Poussière de Diamant.

Un dernier intervenant rejoint à son tour la plage. Le fidèle soldat et ami d’Apodis, Cliff. L’italien, rescapé grâce à Aiolos d’un cataclysme invoqué par Typhon il y a des années, empoigne fermement sa lance au manche brisé à mi-hauteur.
Il espère faire pencher la balance en faveur de Carina. C’est sans compter sur Anikeï qui lui agrippe la cheville au passage. Cliff s’emporte aussitôt, il pointe sa lance vers la gorge de l’ukrainien agonisant et chuchote, pour ne pas se faire repérer :
Cliff - " Non, je ferai tout pour qu’Apodis survive. Personne ne m’en empêchera, pas même toi Saint de bronze. "
Anikeï a du mal à articuler :
Anikeï - " Non… Apodis… Je dois parler à Apodis… Amène-le jusqu’à moi, je t’en prie. Je sais où le guider. "
L’italien se résout et se faufile le long des rochers pour venir relever Apodis et le porter par-dessus l’épaule jusqu’à Anikeï.

Au centre de la plage, Taishi se voit déjà victorieux :
Taishi - " Le Bec Osseux du Toucan brisera ta glace Carina ! Ma force de frappe sera supérieure à ton mur de froid : Beak Bone ! "
Carina s’élance en direction du japonais et, au lieu d’invoquer la Poussière de Diamant comme elle semblait s’y être préparée, elle évite le choc de Taishi. Grâce à son agilité, elle esquive le poing en avant du Toucan et le balaie avec ses jambes. Immobilisé dans les airs, Taishi ne peut éviter l’enchaînement de la jeune femme qui répond d’un second coup en plein abdomen, repoussant ainsi dans l’eau le rustre chevalier.
Seulement à cet instant, elle profite de sa concentration :
Carina - " Diamond Dust ! "
A peine la tête sortie de l’eau, Taishi se cache le visage derrière ses mains. Toutefois, ce n’est pas lui qui est directement visé par ce coup mais bien la mer. Paralysé à hauteur du buste dans une énorme plaque de glace, Taishi n’a pas le temps de trouver une solution que déjà Carina vient à lui en glissant à merveille sur la mare de glace. Tout en tournoyant autour de lui, elle le martèle de coups, lui rendant choc après choc le traitement qu’il a réservé à Apodis.

Ce dernier est justement maintenu debout auprès d’Anikeï par Cliff :
Anikeï - " Ecoute-moi bien Apodis. Je viens d’avoir une vision. J’y vois un homme suppléer le Grand Pope après une guerre fratricide au Sanctuaire… "
Apodis, les yeux gonflés, le visage tuméfié, supplie son camarade :
Apodis - " Tiens… Tiens le coup Anikeï. Qui est cet homme ? Réponds, je t’en prie ! "
Anikeï - " Le vieux sage des Cinq Pics, en Chine… "
Apodis - " Orphée m’a déjà parlé de lui, il serait, avec le Grand Pope, l’unique survivant de la précédente Guerre Sainte contre Hadès, la plus sanglante de l’histoire de la chevalerie. "
Un court silence s’instaure, permettant à Apodis de réaliser qu’il n’est peut-être pas seul, à pouvoir lutter contre le Sanctuaire tout entier.
Les râles d’Anikeï ramènent Apodis à la réalité. Le clairvoyant essaie de lutter contre la mort pour déclarer :
Anikeï - " A… Apodis… Il m’aura fallu cette vision pour te croire vraiment… Je… Je suis… Je suis désolé, frère d’arme. "
Apodis - " Tu es tout pardonné Anikeï. Maintenant il nous faut partir. "

Apodis a raison car la véloce sibérienne est à nouveau en difficulté, puisque malgré les coups qui le martèlent, Taishi cogne de façon répétée la glace qui l’emprisonne.
Il parvient à la briser, faisant perdre son équilibre à Carina puis complètement tomber dans l’eau après que la banquise soit devenue une mer de glaçon.

Cliff avale avec peine sa salive. Il retire le bras d’Apodis qui permet au chevalier de bronze d’être maintenu debout puis s’avance d’un pas, serrant fort sa lance :
Cliff - " Apodis, mon ami, mon frère. Ce fut un plaisir d’être sous tes ordres… "
Apodis - " Cliff, qu’est-ce que tu fais ? "
Cliff - " … Je crois que jamais soldat n’a rencontré de sergent aussi doué et respectueux que toi envers ses hommes. Pour moi tu es bien plus qu’un supérieur, tu es un ami, un frère. "
Apodis devine les intentions de son camarade :
Apodis - " Cliff ne fais pas de bêtise, reviens, je t’en supplie. "
Cliff - " Je te l’ai déjà dis, depuis que ma vie fut sauve grâce à un chevalier d’or, j’ai juré de me battre pour ces fabuleux êtres. Je n’ai malheureusement jamais pu en devenir un. Cependant, je garde pour moi le souvenir d’en avoir servi un des plus grands. Carina et toi devez vous enfuir, vous êtes les seuls à pouvoir apporter la vérité au Sanctuaire. "
Apodis - " Non, je refuse de t’abandonner. "
Cliff le taquine :
Cliff - " Essaie donc de me rattraper. Vu ton état je suis sûr de te battre pour une fois. Si jamais tu retournes un jour au Sanctuaire et que tu y vois mon jeune frère, dis-lui s’il te plait que je veille sur lui depuis là-haut. Adieu mon ami. "
Puis il s’élance, à une vitesse supérieur à celle d’un simple soldat, certes, mais pas suffisante pour impressionner un Saint de bronze. Néanmoins, son courage est assez grand pour plaquer Taishi et s’écraser avec lui dans l’eau, libérant ainsi Carina de ses poings.

Apodis hésite à abandonner Cliff. Anikeï l’exhorte à fuir :
Anikeï - " Allez Apodis, tu ne peux plus rien faire pour lui de toute façon. Ne rend pas sa mort inutile. "
Apodis est défiguré par le chagrin mais se fait une raison. Il fléchit les genoux, concentre ce qu’il lui reste de cosmo énergie puis, avant de bondir dans les airs pour s’éjecter loin d’ici, il hurle le prénom de Carina afin qu’elle le remarque et l’imite. Tel un éclair, Apodis disparaît à l’horizon.
Taishi cesse de tabasser Cliff, méconnaissable après s’être fais briser la mâchoire et le nez. Il observe le départ d’Apodis. Il espère empêcher celui de Carina mais c’est sans compter sur l’opiniâtreté de Cliff.
Le soldat sort la tête de l’eau. Il fracasse sa lance sur la tête de Taishi, le désorientant l’espace d’une seconde, bien assez pour que Carina emprunte la même direction que l’Oiseau de Paradis.

Taishi reste hébété quelques instants :
Taishi - " Non. Non ce n’est pas possible. Je les tenais. J’aurai au moins pu rentrer au Sanctuaire avec leurs têtes pour apaiser la colère du Grand Pope. Maintenant, au moment même où ils se sont projetés hors d’ici, leurs cosmos ont cessé d’émettre la moindre de leur présence. Ils sont n’importe où autour de Yíaros, sur les rives de la Méditerranée. "
Il est sorti de son émoi par le fou rire sarcastique du condamné qu’est Cliff.
Taishi - " Toi ! C’est de ta faute ! "
Il cramponne le cou du courageux italien et le force à rester le visage sous l’eau.
Après de longues secondes durant lesquelles il s’est débattu, l’héroïque soldat perd la vie. Les vagues ramènent son corps sur le rivage où Taishi traîne les pieds.

Le chevalier passe à côté de son ancien compère qui a préféré se rallier à Apodis, Anikeï.
Il l’ignore, alors que dans ces derniers râles, l’ukrainien semble le supplier de rester. Et pour cause, sa dernière vision le conduit dans l’autre monde avec un sentiment d’horreur. Son étrange sentiment à l’égard de Shun prend enfin forme. Il reconnaît le médaillon que porte en permanence Shun autour du cou, il distingue un trône et son camarade, les cheveux ombragés et les yeux brumeux. Shun est Hadès et…
Il meurt. Le c½ur d’Anikeï cesse enfin de devoir supporter toute cette souffrance. Il meurt sans que Taishi ne lui laisse la chance d’entendre que son plus grand danger est au sein même de l’armée d’Athéna.


En Sicile, au Mont Etna : 

Assis au bord d’un précipice, Deathmask scrute les étoiles, le visage détendu, les cheveux au vent.
Le jour se couche, la fraîcheur ambiante vient soulager son corps dégageant une légère odeur de souffre après avoir passé la journée au soleil.

Petit à petit un sourire s’esquisse sur son visage harmonieux. Il murmure :
Deathmask - " Lilith… J’ai réussi… J’ai résisté. Depuis que je suis Saint, chaque fois que je quitte l’île pour rentrer au Sanctuaire, je suis nourri d’idées noires. Comme si les souffrances et les sévices subis ici durant mon enfance renforçaient la cruauté de mon être, comme si les âmes maléfiques de Cancro et de Lilith, ma tante, me pervertissaient… "
Il s’arrête un instant pour aspirer l’air à pleins poumons :
Deathmask - " … Mais pour la première fois, je me sens soulagé. L’idée de te revoir et le plaisir de partager à nouveau des jours heureux à tes côtés m’emplissent de joie. Quand je serai rentré, je te dirai à quel point je t’aime Lilith. Je t’aime… "


Tout guilleret, il rebrousse chemin pour revenir dans le logement qu’il occupe en compagnie de son disciple et d’Epione.
A mesure qu’il parvient au sommet de la colline, il distingue l’ombre de Mei et d’Epione.
Plus il s’en approche, plus il reconnaît leurs formes, parfaitement dessinées par l’ombre sur le mur du fond. Ombres entrelacées, ne réagissant que par quelques mouvements lents.
A ce spectacle provoqué par un faible jeu de lumière, le souffle exaltant des deux partenaires se coordonnent et se synchronisent à la perfection à leurs oscillations.

D’une mine à la fois complice, destiné à son disciple, et déçu, à l’idée de renoncer définitivement à Epione, réfugiée dans les bras de Mei, il se résigne à bondir sur un rocher au sommet plat pour s’y allonger :
Deathmask - " Bon… Je pense qu’il est plus opportun de dormir à la belle étoile… "


Quelque part, sur les rivages de la mer Méditerranée : 

Couchée sur une plage de sable fin, le masque à moitié défait, Carina revient à elle. Epuisée par l’effort que lui a demandé un tel déplacement, elle réajuste son masque et cherche aussitôt Apodis dont elle a suivi la direction. Hélas, la plage est déserte.
Ce qu’elle craint fort se produit malheureusement. En scrutant la mer, elle découvre à l’horizon un homme qui flotte sur le ventre, visage dans l’eau.
« Il n’a pas eu le cosmos suffisant pour se projeter jusqu’au continent. Les vagues le ramènent petit à petit sur la côte mais… Combien de temps a-t-il bien pu rester sous l’eau ? », s’inquiète-t-elle.
Immédiatement, elle défait sa Cloth devenue bien trop lourde à porter dans son état puis part à la nage repêcher son pair.
Maintenu par le menton, tête hors de l’eau, Apodis est tiré jusqu’à la surface puis traîné sur le sable. Carina prend sur elle d’ôter son masque pour lui insuffler de l’air afin de le réanimer. C’est seulement au bout de longues tentatives qu’Apodis revient à lui avec une grosse quinte de toux.
Carina se presse de dissimuler son minois et s’exclame :
Carina - " Ah ! Tu es vivant ! "
Apodis n’ose pas bouger davantage, sentant ses plaies le tirer aussitôt. Le spectacle qu’il offre est désolant. Il est méconnaissable et sa Cloth semble morte.

Néanmoins, il reste conscient du rôle qu’il a à jouer :
Apodis - " Ca va aller Carina. Je te remercie. Je vais réussir à surmonter ça et à me rendre en Chine, auprès du vieux maître. "
En prononçant cela, il parvient à appeler à lui la Pandora Box de sa Cloth afin que celle-ci se retire de lui. Carina adopte le même comportement :
Carina - " De mon côté je compte retrouver le Seigneur Crystal en Sibérie. Il était très proche de Lena et c’est un homme intègre, je peux avoir confiance en lui. "
Apodis - " Bien. Il va falloir cependant dissimuler le plus possible notre cosmo énergie. Le Grand Pope va certainement envoyer des tueurs à notre recherche. Nous devons nous fondre dans la masse et passer pour des citoyens contemporains. "
Carina - " Ca risque d’être difficile de camoufler nos Pandora Box durant un trajet aussi long. D’autant plus que je n’ai aucune idée du lieu où nous nous trouvons. "
Apodis réfléchit quelques instants :
Apodis - " Au vu de la direction empruntée lorsque nous avons fais exploser notre cosmo, je parierais à coup sûr que nous nous trouvons sur la côte turque. Et pour ce qui concerne ta Pandora Box, il suffira de trouver un grand voile pour la cacher et avoir de l’imagination comme d’habitude. "
Il achève leur discussion en lui tendant la main :
Apodis - " Bon courage. "
Elle lui serre chaudement :
Carina - " Sois prudent. "



Plus de force, plus d’amis, plus de famille…
J’étais seul à nouveau. Il me fallait repartir à zéro, encore une fois…
Le 10 septembre 1986 s’achevait ainsi pour moi, tandis qu’au Japon, il s’achevait par l’annonce dans les média de l’ouverture de la Galaxian War dans une semaine.

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