Chapitre 27

Chapitre 27

Au Sud de l’île d’Yíaros, sur le port, le campement athénien est établi.
Sous la tente la plus imposante du camp, teintée de rouge et orné en son centre d’une statuette en or d’Athéna tenant Niké dans son bras, Aldebaran est attablé à un guéridon.
Un verre de vin dans la main droite, son casque aux cornes acérées maintenue dans la gauche, le Brésilien observe son homologue Shura.
Le Capricorne, un genou au sol, le casque sous le bras, termine de répéter les saintes paroles prononcées par un prêtre qui dirige ses mains au ciel en célébrant Athéna.
Après une demi-heure et trois verres, Aldebaran assiste enfin à la fin du rituel et se retrouve désormais seul à seul avec l’Espagnol.
_ « Je t’en sers un ?
_ Juste avant cette tentative ? Ça ne serait pas raisonnable.
_ Tu as raison Shura. Tu m’excuseras alors, mais j’avais besoin de ça pour tenir le coup avec la présence de ce prêtre, rit à pleins poumons Aldebaran !
_ Il est vrai que tu préfères prier seul et de façon plus succincte.
_ Athéna n’a pas besoin de grands discours, juste de fidélité. »
Devant leur tente, ils entendent les cliquetis d’autres armures qui se réunissent.
_ « Es-tu certain qu’attaquer si vite notre ennemi est une bonne idée, s’inquiète Aldebaran ?
_ J’aurai cru le comité d’accueil plus important sur le port. Cela signifie qu’ils n’ont plus d’hommes. Investir le Centre de l’île ne sera qu’une partie de plaisir, sachant qu’Apodis attirera l’attention sur lui en attaquant le Nord Est, tempère Shura.
_ Dans ce cas nous ferons comme prévu. A l’aube, je te rejoindrai au Centre de l’île avec nos hommes pour en prendre définitivement le contrôle. Seuls quelques soldats resteront sur le port pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de tentatives de fuites des Hébéïens.
_ Il n’y a pas de raison qu’il y en ait. S’ils se montrent fidèles à Athéna alors ils vivront heureux sous notre occupation. »
Le drap de leur tente est ouvert par Babel qui ôte son casque et s’agenouille : « Seigneur Aldebaran ! Seigneur Shura ! Moi Babel Saint d’argent du Centaure vient vous informer que nos troupes sont prêtes. Philémon Saint de bronze du Lièvre a réuni quatre-vingt soldats près à suivre vos ordres Saint du Capricorne. Trente autres affûtent déjà leurs armes, pour vous suivre demain matin Saint d’or du Taureau. Les hommes restants sont déjà sous le commandement de Ptolémy Saint d’argent de la Flèche afin de veiller sur le port. »
Shura ajuste son casque et déclare : « Dans ce cas, ne les faisons pas attendre ! »
Il se retourne et serre fermement la main de son camarade Aldebaran qui lui sourit aimablement.


Plus haut, au Centre de l’île d’Yíaros, torches éteintes, un groupe de soldats conduit par Baucis emprunte la direction du Nord Est.
En quête de revanche après avoir perdu le contrôle du port plus tôt dans la journée, Baucis compte sur les renseignements de Yakamoz pour reconquérir les bonnes grâces d’Hébé.

Tout en les observant partir en mission, le grand cardinal des prêtres d’Hébé, l’homme qui a recueilli Saga et Kanon lorsqu’ils étaient enfant, Acis, converse avec l’Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale, ¼dipe : « Penses-tu que confier cette mission à Baucis, qui a perdu près de soixante-dix hommes sur le port cet après-midi, soit une bonne idée ? »
Dépourvu de ses cinq sens, ¼dipe répond en faisant retentir son cosmos dans l’esprit d’Acis.
_ « La perte d’Androgée Alcide du Taureau de Crète l’a beaucoup affectée. Une grande complicité les liait, elle se sent responsable de sa mort.
_ Justement, elle est à peine remise de ses blessures et elle n’a en tête qu’un esprit de revanche.
_ D’après ce qu’a dit Yakamoz, le Saint de bronze de l’Oiseau du Paradis qui conduit cinquante hommes est ici dans le but d’assouvir lui aussi un désir de vengeance. Il nous pense responsable du décès des siens. Sur le port, Baucis avait moins d’hommes que les Athéniens. Nous n’étions que cent soldats et deux Alcides, contre cent cinquante soldats et sept Saints. Ce soir, Baucis conduira la trentaine de survivants de cet après-midi, ainsi que vingt soldats parmi la cinquantaine restée dans la cité auprès d’Hébé dans la journée. Elle aura cinquante hommes contre vingt-cinq… »
Acis grimace en réalisant qu’il ne reste plus qu’une trentaine de soldat hébéïens restés présents pour veiller sur le Centre de l’île.

Derrière eux, à l’intérieur du Parthénos, Juventas observe Hébé.
La déesse reste les yeux fermés, assise sur son trône, à attendre la suite des évènements.
Juventas, elle, angoisse. La veuve d’Iphiclès est persuadée que l’invasion des Athéniens au Nord Est n’est qu’une diversion qui leur sera fatale.


Pendant ce temps, à l’Ouest du Sanctuaire d’Athéna, en marge des incidents d’il y a trois jours, un rassemblement privé a lieu en l’honneur de la future victoire athénienne sur Yíaros, dans la maison de Misty Saint d’argent du Lézard.
Tandis que dans les villages alentours, on reconstruit les maisons endommagées et on fait le deuil des victimes de la tentative d’invasion d’Hébé, le Français a convié ses habituels amis à une fête où seuls les personnalités les plus importantes, les plus belles et les plus désirées du domaine sont présentes.
A l’affût du général Gigas, qui récuse toute manifestation de ce genre, une vingtaine de personnes s’est réunie chez le Saint d’argent, afin de se livrer à la débauche et aux excès de la table et de la boisson.
Dans sa toge blanche et légère, qu’il ne porte que pour les occasions de ce genre, Misty tape dans ses mains pour accompagner les plus beaux esclaves du domaine, hommes ou femmes, dans leurs déhanchements, sur les airs joués par quelques musiciens fanfarons des auberges alentours.
A table, Docrates et quelques riches marchands rient des témoignages de Jamian qui évoque avec humour ses mésaventures journalières. Le Saint d’argent du Corbeau, vêtu d’un pantalon noir et d’un maillot sombre délavé, garde son bras autour du cou d’une jeune servante de Misty avec laquelle il envisage de passer une agréable soirée.
Astérion, jeune veuf d’Agena, se console avec son camarade Moses en compagnie de filles de paysans, tandis que Dante et Capella, encore sous le choc de leur affrontement contre un Alcide, préfèrent manger grassement les plats préparés devant eux par les esclaves. Esclaves que Dio ne cesse de mépriser sous l’influence de l’alcool. Ses fidèles comparses, Sirius et Algethi jouent aux cartes avec Arachné, ainsi que quelques soldats et des filles de commerçants déjà bien éméchés.
Avachi sur une couche dans une robe sénatoriale qui n’est serrée à sa taille que grâce à un ceinturon de cuir, Algol déguste les succulents mets en compagnie de son camarade Spartan aux plaies encore fraîches. L’expert en télékinésie peut à peine lever le bras après son affrontement contre l’Alcide ¼dipe, mais tient cependant à profiter de ce genre de soirées qui deviennent rare au Sanctuaire.
Affublé d’une longue et ample robe en coton de couleur pourpre, le mercenaire ne perd pas des yeux la servante qui vient de leur déposer un plateau de pilons de poulet au miel. Cette femme aux cheveux courts, lisses et noirs, fait le service en tenue d’Eve comme l’exige Misty son propriétaire. Sa peau brunie par le soleil de Grèce garde quelques traces blanches cicatrisées, laissées par le fouet de son maître.
Tandis qu’il évoque les bienfaits de la politique actuelle du Grand Pope, Algol sent l’attention de son ami se dissiper. Il comprend vite la cause en remarquant cette jeune femme qui baisse les yeux chaque fois qu’un noble invité la toise.
Le Saint d’argent de Persée se lève alors sans mot dire et se dirige vers les chaudrons où les autres serviteurs préparent la nourriture qui est à chaque fois gaspillée par les convives.
Dio, un pichet de vin à la main, les yeux mi-clos, ricane tout en giflant un des cuisiniers pour l’unique raison que celui-ci ne va pas assez vite à son goût.
A ce moment l’esclave sur laquelle Spartan a jeté son dévolu, approche du malheureux souffre-douleur pour que celui-ci remplisse un nouveau plat. Le chevalier de la Mouche lâche le misérable et commence à poser ses mains vicieuses sur le corps soumis. La domestique ne dit rien, elle baisse simplement les yeux et ne bronche pas, telle est la volonté de Misty.
Dio sent subitement son bras être cramponné et repoussé en arrière. Grisé par l’alcool qui coule à flot, il met du temps à se tenir droit pour distinguer le gêneur : « Qui es-tu pour oser me repousser ainsi ? »
Algol prend dans ses bras la femme et pose un regard froid vers son pair.
_ « Algol Saint de Persée !
_ Algol ! Je ne t’avais pas reconnu ! Sache que cette femme est à moi !
Algol pointe du doigt le cuisinier avec lequel jouait Dio auparavant : « Faux ! Spartan a posé son dévolu dessus en premier alors que toi tu t’amusais à jouer avec ce laquais. Le vin te monte à la tête Saint de la Mouche. Je te propose de jouer à nouveau avec lui et de venir nous rejoindre partager notre eau lorsque tu auras recouvré tes esprits. »
Personne ne prête attention à l’échange entre les deux hommes. Dio, bien qu’émoustillé, sait qu’il ne faut pas se frotter ainsi à un des plus puissants Saints de son ordre. Il le laisse partir en frappant sur la fesse le valet qu’il ennuyait auparavant : « Va Algol ! Garde ton eau et emporte cette femme ! »
Algol sourit et conduit l’esclave qu’il garde à bras jusqu’à Spartan qui l’attend en souriant avec timidité.
Algol finit de vider sa coupe d’eau et laisse son camarade pour ne pas le déranger.
Le Saint de Persée passe sa main dans son opulente chevelure et quitte la demeure de Misty à qui il baise amicalement la joue avant de sortir afin de le remercier de l’invitation.
 
Le Saint remonte paisiblement les villages de l’Ouest et s’aventure dans le Centre du domaine, dans la ville d’Honkios.
Il emprunte la direction Est de la ville pour débarquer aux limites du camp d’entraînement des femmes chevaliers.
Il s’assied sur une pierre et fixe l’orée du bois qui appartient à ce lieu interdit aux hommes.
L’arrogant chevalier d’argent ferme les yeux l’espace d’un instant et respire à pleins poumons.
Lorsqu’il reprend ses esprits, il déclare à voix haute : « Ce lieu a conservé l’odeur de sa peau. »
Une femme chevalier aux cheveux vert sort de l’ombre et reconnaît son camarade.
_ « Algol ?! Cela fait un moment que je ne t’ai vu. Que viens-tu faire ici ?
_ Shaina… Tu sais… Au village voisin… Misty et ses fêtes habituelles… J’avais espéré m’y vider l’esprit, mais je garde son visage au fond de mon c½ur. Vois-tu Shaina, c’est sur ce banc de pierre que nous nous sommes embrassés la première fois Hasu et moi.
_ Oui, je sais. Elle t’aimait beaucoup.
_ Hélas elle l’a suivi lui. Elle n’est pas allée au bout de son apprentissage de femme chevalier uniquement pour accompagner ce chevalier d’or, Shaka de la Vierge.
_ Le Grand Pope a accordé un pèlerinage à Shaka et ses partisans. Elle a abandonné la voix de la violence pour devenir prêtresse, voire Saintia. Elle pensait que suivre la sagesse de Bouddha l’aiderait à y parvenir. Elle estimait qu’ainsi elle servirait mieux Athéna.
_ Oui, la fidélité envers sa déesse avant tout. Hélas, j’ai un mauvais pressentiment. Dans un courrier que nous a adressé un messager, il était dit que Shaka et ses disciples allaient bientôt être de retour et que Hasu avait été faite Saint de bronze de la Couronne Australe. Elle qui a abandonné la chevalerie revient sacrée chevalier ! Je suis sûr que l’influence de Shaka y est pour quelque chose. Crois-tu que ses sentiments pour moi sont toujours aussi forts ?
_ L’amour entre un homme et une femme reste une situation bien mystérieuse. Pour ma part je ne saurai m’avancer à ce sujet. Rentre chez toi maintenant Algol. Demain tu iras mieux. »


Plus haut dans le domaine, une voix roque répond à une autre dans la salle d’audience du palais papal.
Le maître des lieux est assis sur son siège et fixe un chevalier accroupi, casque en main.
Le jeune homme affiche une maturité qui le vieillit par rapport à ses seize ans. Ses cheveux épais couvrent son front et descendent bas dans sa nuque ainsi que jusque sa mâchoire. Son menton carré, son nez épaté et ses petits yeux noirs, témoignent de la frayeur qu’il inspire habituellement.
Couvert par la Cloth de bronze du Toucan qui cuirasse son corps d’un plastron et d’une ceinture rouge, de jambières et d’avant-bras cobalts, il incline sa tête et assure : « Oui Majesté ! Je suis bien l’élève de Lilium Saint de bronze de l’Octant qui instruit à des apprentis chevaliers au camp d’Oran en Algérie. Je suis Taishi Saint de bronze du Toucan, arrivé hier au port d’Athènes depuis celui d’Oran où j’ai voyagé incognito. J’ai été accueilli à mon arrivée au Sanctuaire par notre Général en chef, Gigas, qui m’a informé de la mission que vous me confiez et de la situation en mer Egée.
_ Lilium m’a rapporté par messagers que tu étais un Saint courageux et volontaire.
_ Je ferais tout, Majesté, pour être à la hauteur des attentes de notre déesse Athéna.
_ A l’heure actuelle je perçois notre armée investir le Centre de l’île d’Yíaros. A cette occasion j’ai dépêché deux Saints d’or accomplir cette attaque. Toutefois, je préfère savoir nos Saints d’or près d’Athéna, c’est pourquoi je t’envoie ainsi que trois autres Saints de bronze sur Yíaros pour y maintenir l’ordre et faire respecter nos lois.
_ Entendu Votre Majesté. Avec qui ferais-je équipe ?
_ Tu seras accompagné d’Anikeï de Cassiopée, de Carina de la Carène du Navire et de Lena de la Boussole. Sur place resteront Philémon du Lièvre et Apodis de l’Oiseau de Paradis. Vous serez six Saints de bronze, soutenus par les soldats déjà sur place. Ce sera suffisant je pense.
_ Si vous le pensez Majesté, ça ne peut-être alors qu’évident à nos yeux. »
Saga se lève de son siège, imposant un respect que lui rend Taishi, en s’inclinant davantage au sol.
Le Grand Pope avance jusqu’à l’ancien camarade de Jabu en Algérie et lui tend le bandeau rouge qu’il a pris à Iphiclès juste avant que l’Alcide ne décède dans la maison du Taureau.
_ « Taishi, j’aimerai ta confier une autre tâche.
_ C’est un honneur mon Seigneur.
_ Je veux que tu remettes ce ruban à Hébé. J’ai conscience que l’approcher sera une tâche ardue car à l’heure actuelle, je la sais barricadée dans son temple.
_ Est-ce là une astuce pour lui ôter la vie Majesté ?
_ Malheureux, perd aussitôt son sang-froid Saga ! Otez la vie à un dieu n’est pas chose aisée ! Seuls les chevaliers d’or ont accompli ce miracle contre les Titans sachant que ceux-ci ne disposaient pas de tous leurs moyens ! Non, je préfère la savoir cachée dans son temple à regretter le sacrilège qu’elle a commis en s’attaquant à Athéna. Je veux la savoir l’esprit torturé pendant que notre peuple se venge des malheurs subis ici en rendant la monnaie de leur pièce au sien. Nous statuerons sur son sort plus tard.
_ Pardonnez mon impudence Votre Eminence.
_ Tu es plein de fougue. J’aime ça et j’accepte tes excuses à l’égard des dieux. Lorsque tu donneras ce ruban à Hébé, je veux que tu lui délivres ce message. Dis-lui expressément que le passé ne peut être oublié et que le chagrin ronge les amis d’antan. ».
En prononçant ces paroles, Saga ne peut contenir les trémolos de sa voix en souvenir à l’amour qu’il a partagé avec elle durant leur jeunesse…


A l’Ouest, dans le village où se situe la demeure de Misty, Anikeï, l’Ukrainien qui a suivi le même enseignement que Shun, marche les bras le long du corps.
Dans son vieux maillot jaune rapiécé et son pantalon blanc troué aux genoux, le slave légèrement plus grand, baisse les yeux sur Carina durant leur balade nocturne.
Les deux jeunes Saints de bronze sont arrivés au Sanctuaire que découvre pour la première fois le svelte garçon aux traits efféminés.
Il suit Carina qui a déjà eu l’occasion de remplir plusieurs missions en Egypte et qui a déjà fait le relais ici, au domaine sacré, lorsqu’elle revenait d’Afrique pour rejoindre sa Sibérie natale.
L’allure chétive de cette demoiselle, au visage caché sous un masque havane, la rend gracieuse dans sa jupe marron qui ne descend pas plus bas que ses cuisses fermes. Ses tibias sont couverts par des bas blancs et ses chevilles sont surélevées par les hauts talons de ses chaussures. Sa fine taille est habillée d’un épais pull blanc qui épouse malgré tout sa poitrine rebondie.
Tenant chacun à dos leurs Pandora Box, les deux chevaliers de bronze témoignent de leurs durs entraînements et s’échangent les raisons qui les ont poussés à vouer fidélité à Athéna.

En passant près de la maison de Misty, Anikeï remarque un invité sortir nu, en compagnie d’un esclave qu’il caresse lascivement, en espérant ne pas dévoiler aux autres convives son homosexualité.
C’était sans compter sur la présence des deux Saints de bronze.
_ « Apparemment ils savent s’amuser au Sanctuaire, sourit Anikeï.
La blonde aux mèches brunes fait glisser dans son dos ses cheveux qui tombent à hauteur des épaules en déclarant : « N’est-ce pas la meilleure façon de chasser les démons qui nous hantent la nuit, après avoir accompli nos difficiles missions ? »
Interpellés par les messes basses des deux camarades, les convives rentrent alerter Misty que des rôdeurs les épient.
Le fringuant Saint d’argent sort immédiatement en compagnie de Docrates qui dresse déjà son poing vers les inconnus : « Qui êtes-vous pour vous aventurer dans ce village ? »
Misty admire le visage effilé d’Anikeï et calme le mercenaire en posant sa main sur la sienne : « Allons mon ami, ne remarques-tu pas ces deux Pandora Box sur leurs dos. Ils sont des nôtres, voilà pourquoi aucun garde ne nous a alertés. »
Anikeï est aussi admiratif envers Misty que le Français l’est pour lui : « Je suis Misty Saint d’argent du Lézard et grand Capitaine de l’armée athénienne. »
Les deux Saints de bronze s’inclinent immédiatement.
_ « Je suis Carina Saint de bronze de la Carène du Navire et voici Anikeï Saint de bronze de Cassiopée.
_ Nous avons été appelés par le Grand Pope pour renforcer nos positions sur Yíaros. Nous quittons demain dès l’aube le Sanctuaire pour accomplir notre destinée Seigneur Misty. »
Misty est ravi et tape dans ses mains : « Allons, allons, pas de Seigneur cette nuit. Ce soir j’organise justement un repas en l’honneur de nos amis déjà sur place. Il serait donc tout naturel que vous vous joignez à nous, afin de nous faire profiter de votre présence. De nombreux pairs sont à l’intérieur, ce sera un moyen pour vous de mieux vous intégrer à notre chevalerie. »
Anikeï et Carina se redressent. Carina, la première, hésite : « Ce serait un véritable plaisir Seigneur Misty mais… »
Misty fixe Anikeï avec lequel il échange un regard concupiscent : « J’insiste vraiment pour vous avoir à notre table. »
L’élève d’Albior, qui n’a jamais caché à Shun ses sentiments pour lui durant sa formation, ne bronche pas, au contraire, il sourit chaleureusement à son supérieur : « Dans ce cas, nous sommes vraiment ravis de vous suivre Seigneur Misty. »
 
Très vite, à l’aube de partir pour Athènes, Carina s’est détendue à la table de Docrates où elle rit aux éclats en entendant les âneries de Jamian, tandis que d’un mot à l’autre, Misty et Anikeï en sont venus à s’échanger quelques baisers sur les couches disposées dans le logis.
 
Au Centre de la cité, dans le onzième palais du zodiaque, Camus et Lena ont réendossé leurs armures.
Dans quelques heures, Yíaros sera le point de chute de la Russe qui fait ses adieux à son éternel amour secret…


Au même moment, dans le centre de la ville aux habitations couvertes de neige d’Arviat, au Canada, la voiture rouge de Vasiliás est stationnée face à un chalet surélevé par des pilotis d’au moins un mètre.
L’intérieur de la demeure est convivial. Les murs de la pièce principale sont tapissés de photos de Vasiliás, Bian, Dolly et Ariel. La décoration est sobre en raison d’une maigre surface habitable.
 
Les pieds nus sur le carrelage des sanitaires qui jouxtent sa chambrette, Bian fait couler sa douche pour faire venir l’eau chaude et remplir la pièce de buée le temps qu’il retire ses loques rapiécées.
 
De l’autre côté de la salle de bain, à l’opposé de celle de Bian, se trouve la chambre commune d’Ariel et Vasiliás.
Encore enroulée dans leurs draps de soie, la belle employée du dispensaire regarde avec des yeux remplis d’affection, le physique parfait de son amant de toujours.
Celui-ci se tient debout et récupère ses vêtements qu’il avait déposés sur un valet de chambre.
La pièce est lumineuse grâce aux murs blancs baignés par le jour qui traverse la grande fenêtre de la chambre. Le mobilier en rotin ne comporte pas un grain de poussière et chaque chose est rangée de façon millimétrée.
Vasiliás s’admire en même temps que sa compagne dans la psyché que lui renvoie le reflet de son corps travaillé depuis sa plus tendre enfance.
Son regard se fige sur le tatouage qui dessine du bas de sa hanche droite jusqu’au haut de sa cuisse un lion à la crinière épaisse. Ses ailes d’ange sont déployées, des cornes d’ivoires sortent de ses coudes et de sous ses genoux. L’animal est marqué d’une cicatrice à l’½il et arborent ses crocs acérés. Ce lion est le même que celui brodé sur la cape que Ksénia lui a laissé il y a près de onze ans.
Les souvenirs qui le hantent depuis son exil s’emparent alors à nouveau de lui et le renvoient neuf ans en arrière…

Flashback
Septembre 1976. Le soleil d’été brillait toujours haut dans le ciel, malgré l’approche de l’automne.
Les bouclettes des cheveux blonds de Vasiliás gouttaient de transpiration. Son torse aux pectoraux maintenant bien formés et aux abdominaux forts prononcés, luisaient, tant la sueur inondait son corps.
Arborant avec fierté ses tatouages, dont les significations étaient désormais connues de tous, attisant la rage de ses concurrents à l’armure d’or du Lion qui n’étaient guère plus légion à présent, Vasiliás affichait un sourire de satisfaction dans une arène de l’Est du Sanctuaire, où il était venu défier un prétendant à la Cloth, quelques semaines avant la finale contre Aiolia.
Le vaincu, couché sur le dos, le visage chargé d’ecchymoses, observait le seul dessin sur la peau de Vasiliás qui n’était pas entièrement dévoilé. Il s’agissait d’une crinière et d’une corne d’un lion marqué sur son corps et qui dépassaient de son pantalon à hauteur de la hanche.
Couvert de sable et de poussière, le malheureux avait le regard chargé de haine à l’encontre de l’Américain que certains huaient dans l’enceinte en ruine.
Vasiliás se tenait droit devant son adversaire qui attendait le coup de grâce.
_ « Alors ?! Qu’attends-tu pour m’ôter la vie ?!
_ Pour quelle raison devrais-je te tuer, parut contrarié Vasiliás ? Tu as été un redoutable adversaire et tu es soucieux des idéaux de paix pour cette planète.
_ Tu en as pourtant tué pour moins que ça en dehors même de l’arène !
_ Les renégats, les irrespectueux et les malfaisants ont été victime de la justice. Personne d’autre. La réputation qu’on a fait de moi est fausse.
_ Alors pour toi les fautifs n’ont pas le droit à une seconde chance ?
_ Il y a des lois, des règles de conduite et des valeurs à respecter. La seconde chance ne servirait qu’à laisser un répit aux coupables qui garderont dans le sang l’empreinte du mal. L’éradiquer à la source est la seule alternative pour offrir un monde meilleur. »
La quelque cinquantaine de spectateurs, soldats et Saints venus profiter de ce combat pour se divertir, commença à faire silence afin d’écouter le dialogue des deux rivaux.
_ « Voilà ce qui te pousse à devenir chevalier d’or, questionna le vaincu ?
_ C’est une des raisons. Le Sanctuaire a été trop absent de la vie politique du monde moderne. Aujourd’hui les gouvernements ne se soucient pas du rôle que nous avons dans l’équilibre du monde. Ils se font la guerre entre eux, privant les innocents de vivre dans la quiétude. Le Grand Pope est au-dessus des présidents et des monarchies. Agir dans l’ombre ne permettra jamais de ramener pleinement la paix et le respect sur cette planète. Le Grand Pope doit s’affirmer aux yeux de tous, être l’unique représentant de la loi planétaire qui prône les valeurs que nous, gardiens du Sanctuaire, devons véhiculer. Il doit être le Roi de la Terre. Si notre Grand Pope actuel n’y parvient pas, alors le Pope lui succédant, celui de notre génération, celui que je souhaite devenir en me vouant corps et âme à la chevalerie, accomplira cette destinée qui n’est plus que la seule alternative pour la sauvegarde de l’homme. »
L’assistance fut interdite par de tels propos.
Certains hommes furent outrés.
D’autres se mirent à applaudir.
Tout cela sous les yeux d’un jeune Libyen, messager personnel de Saga l’usurpateur au trône du Grand Pope…

Plus tard, dans le palais papal, le coursier du représentant d’Athéna vint lui rapporter les déclarations de l’apprenti chevalier.
Ce messager personnel de Saga était petit, son visage encore enfantin, sa sombre et opulente chevelure faisait ressortir ses petits yeux bleus foncés. Son corps tout entier était recouvert d’une lourde soutane semblable à celle que portent les moines dans les abbayes.
Agenouillé, le garçon d’à peine six ans attendait la réaction de son souverain, sans même oser lever les yeux vers celui-ci après lui avoir relaté les évènements.
Saga, dans la tenue du Pope Shion, le visage masqué, observant l’horizon depuis un balcon de son palais, tournait le dos à son espion.
Sa longue robe blanche frottait les dalles de ciment qui couvraient le sol de sa demeure. L’astre solaire se reflétait dans les yeux rouges de son masque violet. Ses cheveux gris sortaient de sous son casque doré, tandis qu’une de ses mains se dégageait de l’épais vêtement qui couvrait son corps afin de renvoyer d’un mouvement du bras le jeune garçon : « Merci beaucoup Ptolémy. Ton travail est remarquable. Depuis ton arrivée au Sanctuaire il y a un an, tu n’as cessé de m’impressionner. Ton professeur m’a révélé qu’il existait en toi de grosses capacités cosmiques qui embrasent les étoiles de la constellation de la Flèche lorsque tu concentres ton cosmos à son paroxysme. L’armure de la Flèche est détenue par un chevalier d’argent qui veille sur un camp d’apprentis à Thèbes, en Egypte. Je demanderai à ton professeur qu’il te conduise là-bas jusqu’à ton nouveau mentor afin de faire de toi son successeur. »
L’enfant qui devait beaucoup aux hommes du Sanctuaire de l’avoir sorti de sa vie misérable en Libye et qui vouait une fidélité inestimable pour le Grand Pope qui l’avait immédiatement pris sous son aile, se redressa couvert de larmes : « Majesté, je ne sais comment vous remercier, je… »
Saga le stoppa aussitôt en le congédiant d’un ton charitable : « La meilleure façon de me remercier est de revenir auprès de moi comme Saint d’argent de la Flèche. Va à présent… »
Ptolémy fit une révérence et quitta sans plus tarder la salle où les gardes postés en faction fermèrent les portes laissant le divin représentant seul.
Saga ôta alors son casque, son masque et se libéra de sa soutane sous laquelle il était entièrement nu. Il avança dans cette tenue jusqu’à des thermes, disposés en fond de salle, dans lesquels il se laissa glisser avec une certaine volupté.
Assis, l’eau le submergeant jusqu’à ses épaules râblées, il remonta dans ses mains jointes de l’eau qu’il se passa sur le visage et remonta jusqu’à ses cheveux grisonnants qu’il recoiffa par la continuité de son mouvement.
Enfin, lorsqu’ils reprirent leur teinte bleutée originelle, Saga se parla à lui-même : « Vasiliás… Ce garçon a de l’ambition… Il me rappelle mon frère et moi… Ah… Kanon… Si tu étais encore de ce monde, que me conseillerais-tu ? »
Il resta un instant en l’attente d’une réponse que lui seul pouvait s’apporter : « L’ambition peut conduire à des actes blasphématoires, j’en suis moi-même la preuve. Avant de devenir Saint d’or du Lion, Vasiliás devra affronter un enfant du même âge. Le dernier obstacle à son sacre, le frère de mon vieil et regretté ami Aiolos… Faut-il vraiment que le destin du Lion soit si proche de mon secret ? Qui sera chevalier ? Le frère de celui qui voulut lutter contre moi ? Ou bien l’enfant idéaliste qui rêve de me succéder ? »

Plus bas, au Sud du domaine, à Rodorio, la foule s’agitait sur la place principale.
Les soldats traversaient l’avenue durant leur tour de garde.
Les enfants se couraient après.
Les femmes se hâtaient à un stand de marchand de fruit qui faisait le tour du domaine pour vendre le résultat de ses cultures d’un village du Nord du Sanctuaire.
Les hommes rentraient de leur journée de labeur dans les étables, de chez les artisans ou de chez les chevaliers pour qui ils travaillaient.
La routine journalière ne dérangeait pas outre mesure le jeune Vasiliás qui se relaxait après son âpre combat dans un tonneau d’eau qu’il remplit au petit matin par plusieurs seaux depuis la fontaine de la place et qu’il laissait réchauffer au soleil la journée.
A l’abri des regards indiscrets, dans le recoin d’une ruelle désertique, il défit ses sandales, son pantalon et ses bandelettes de papier. Puis il sauta, pieds en avant, dans l’eau devenue tiède.
Une fois à l’intérieur, il retira son caleçon sale qu’il frotta avec ses mains et mit à sécher sur une bordure de fenêtre à côté de lui.
Ces instants de relaxation étaient rares, même si depuis peu son instructeur le laissait poursuivre seul son apprentissage.
L’élève avait, depuis bien longtemps, dépassé le maître et Klok savait Vasiliás suffisamment mature et compétent pour s’émanciper de lui.
Toutefois, il poursuivit ses cours théoriques durant lesquels il lui apprenait les nombres, la lecture, l’écriture ainsi que les mystères de la chevalerie.
En plus d’être doué au combat, Vasiliás présentait un génie mental très perspicace, surpassant bientôt, en plus de ses capacités de chevalier, les connaissances intellectuelles de son enseignant.
Néanmoins, Vasiliás continuait à se montrer obéissant et passionné par l’éloquence de cet homme aux très longs cheveux et au sourire inquiétant.
D’ailleurs, Klok ne tarda pas à rejoindre Vasiliás devant son bassin de fortune en le félicitant pour sa victoire.
_ « … Merci beaucoup Maître, mais tout cela n’aurait pu être possible sans vous.
_ Tu ne dois ta victoire qu’à toi seul. Tu as emmagasiné tellement de choses en si peu d’années… Tu me surpasses à tous les niveaux. Bientôt tu seras chevalier et tu seras mon supérieur hiérarchique.
_ Ne dîtes pas ça Maître. J’ai beaucoup à apprendre encore de votre expérience et jamais je ne pourrais me considérer comme vous étant supérieur.
_ Il le faudra pourtant. Mais avant cela, comptant sur ton bon c½ur et ton esprit de discernement, j’ai une faveur à te demander.
_ Je vous écoute Maître.
_ Tu es inflexible et obstiné. Quoi que je puisse faire ou dire cela ne t’écartera pas de ta volonté de devenir Grand Pope. Sache toutefois que l’ambition a mené bien des hommes à l’échec et que le recueil des pleins pouvoirs a toujours conduis des dynasties de rois à la mort. Voilà pourquoi depuis la nuit des temps le Grand Pope a tenu à se tenir à l’écart du monde contemporain et qu’il doit le rester. Son rôle est simplement de tenir les dieux hostiles hors de portée de la Terre. Pour le reste, les humains doivent d’eux-mêmes apprendre à vivre sans violence, dans le respect d’autrui. Les chevaliers peuvent parfois intervenir lors de missions secrètes, mais ce n’est pas leur rôle fondamental… »
Vasiliás écoutait avec attention son mentor bien qu’il était foncièrement opposé à ces propos. Le Saint de bronze de l’Horloge poursuivit : « … malgré tout cela, promets-moi que ton sens de la justice restera toujours aussi droit et que tu iras au bout de ton rêve pour l’amour, seulement pour l’amour des hommes sur cette Terre. »
Vasiliás baissa les yeux vers l’eau de son tonneau qui par ses mouvements déformait le reflet de son corps. Malgré l’allure difforme qu’il pouvait avoir, Vasiliás fixait le tatouage de sa hanche droite et revu l’espace d’un instant Ksénia, l’enfant belle et chétive qu’il avait rencontré deux ans plus tôt et qui lui inspira cette gravure sur sa chaire, celle qui symbolise la royauté du lion.
Alors, avec en tête l’image de cette rêverie que lui inspirait, depuis le jour de leur rencontre, à chaque instant, Ksénia, Vasiliás répondit d’un air enjoué : « Seulement pour l’amour… Je vous le promets. »
Flashback

Cette promesse solennelle retentit dans l’esprit de Vasiliás tout comme l’image de Ksénia qui le préoccupe davantage que sa tendre Ariel.
Cette dernière, défaite de tout tissu, arrive derrière Vasiliás et se plaque contre son dos. Les vingt centimètres d’écart entre leurs tailles ainsi que leurs carrures logiquement opposées donnent l’impression que le lion garde sous son aile d’ange l’être aimé…
 
 
Loin de là, sur Yíaros, dans le canal qui relie le Nord et l’Est de l’île, le silence est total.
Le navire d’Apodis remonte le long du bras d’eau avec à son bord les prêtres et les prêtresses accompagnés de l’équipage.
Sur la rive droite et la rive gauche, séparés en petits groupes, Apodis et ses hommes longent la berge dans l’obscurité. Ils n’ont pas allumé leurs torches afin de ne pas être remarqués.
Du côté de la forêt de l’Est, Pullo et Cliff suivent le sergent Apodis.
_ « Le plan des seigneurs Shura et Aldebaran va porter ses fruits, nous avançons sans même rencontrer âme qui vive dans ce détroit, félicite Cliff. »
Apodis n’a de cesse de se retourner et d’étudier les environs.
D’un côté, la montagne du Nord aux rochers assez grands pour dissimuler plusieurs soldats et de l’autre la forêt de l’Est, sombre et à la flore luxuriante, suffisamment touffue pour s’y camoufler.
Derrière, la mer Egée vers laquelle le navire ne peut retourner sans un vent favorable.
Devant, bientôt les bâtisses hébéïennes uniquement connu des religieux athéniens grâce à leurs nombreux pèlerinages en ces lieux.
Apodis, témoigne son inquiétude : « Au contraire, je crois qu’il va y avoir du grabuge. Ce lieu est un endroit idéal pour nous tendre une embuscade. »
Pullo renchérit : « Mes yeux d’aveugle ne me permettent pas d’examiner les environs, mais depuis notre arrivée sur l’île, je perçois d’étranges présences qui m’obsèdent. »
Cliff tâche de rester rassurant : « Vous vous faites du souci pour rien. Personne n’est au courant de notre présence et il n’y a aucune trace fraîche de pas sur le sol. L’ennemi est trop préoccupé par le débarquement de nos forces au Sud pour se douter que nous attaquons de ce côté. Aucune tour de garde ne borde le détroit que nous avons emprunté et le navire s’est tenu à l’écart de la côte le temps que nous fassions le tour de l’île. Il est certain que… ! »
Un sifflement venu de la montagne coupe aussitôt la discussion.

De l’autre côté du navire, celui qui berce la montagne, un Athénien tombe à terre, une flèche s’est logée dans son ½il et a traversé son crâne.
Aussitôt, sur le navire, un marin traverse le pont et vient à bâbord, du côté de la forêt, donner l’alerte à Apodis.
Le temps qu’il traverse, une flèche venue cette fois-ci de la forêt lui transperce le c½ur.
Apodis a vu venir la flèche mais n’a pu éviter le drame car aussitôt, de droite comme de gauche, d’autres projectiles suivent.

Cliff donne l’alerte : « Nous sommes tombés dans un guet-apens ! »
Pullo crie assez fort pour que des deux côtés chaque groupe entende les directives : « Soldats ! Levez les boucliers ! Regroupez-vous en carré et continuez à suivre l’avancée du navire le long du canal ! »

Immédiatement, Apodis, vêtu de sa Cloth de bronze, réalise un bond prodigieux pour atterrir sur le pont du navire et protéger de son cosmos le clergé et les marins qui observent les alentours.

Pendant ce temps, de gauche comme de droite, quelques Athéniens commencent à flancher sous les flèches, réduisant ainsi la surface des deux carrés militaires.

Une fois qu’il réussit à mettre tout le monde à l’abri dans les cales, Apodis choisit de concentrer son cosmos dans ses bras et de le projeter en direction de la montagne et du bois d’où sont tirées les flèches afin de débusquer leurs adversaires.
Cette ingénieuse idée oblige les Hébéïens à sortir de leurs tanières et à brandir les dagues.

Cuirassés dans leurs carrés, les Athéniens attendent les ordres de Pullo pour aller à la rencontre de l’ennemi : « Attendez… Encore… Encore… »

Les premiers Hébéïens de droite finissent de descendre de la montagne, une demi dizaine de miles les séparent des Athéniens…

Pullo réclame toujours plus de patience à ses hommes : « Encore… »

A gauche, les premières silhouettes hébéïennes jaillissent de derrière les buissons et sont à quelques pas des Athéniens de bâbord…

_ « Attendez un peu, freine ses hommes Pullo… »

C’est lorsque, depuis la gauche, Pullo sent les Hébéïens de droite proches des Athéniens du même côté qu’il lance la charge : « Portez pilum ! »

De chaque côté, le rideau hébéïen se heurte au mur athénien.
Ayant confiance en ses hommes de gauche puisqu’il combat avec quinze d’entre eux depuis toujours, l’Oiseau de Paradis choisit d’épauler les soldats de droite, contre les autochtones descendus des montagnes.
Un mouvement sur le côté…
Une flexion des genoux…
Un coup de poing dans l’estomac…
Une déflagration cosmique…
Apodis esquive et riposte facilement face à la garde hébéïenne contrairement à ses hommes qui sont de chaque côté en infériorité numérique.
A droite comme à gauche, les Athéniens sont trop faibles…

Soudain, une rafale cosmique repousse Apodis contre la coque du navire.
Le Saint de bronze observe son armure à l’éclat rouge vif et constate que son plastron écarlate est fissuré.
Il lève les yeux en direction de la montagne et remarque qu’un nouveau vent puissant s’abat sur lui mais aussi sur ses hommes cette fois-ci.
Apodis passe aussitôt devant le groupe qui n’est déjà plus composé que de douze soldats et fait écran avec son corps, encaissant toute la puissance ennemie.

Depuis les montagnes un éclat de rire machiavélique vibre dans l’atmosphère : « Ton sacrifice est inutile ! Bientôt tes soldats seront tous massacrés par les miens… Ah… Ah… Ah… »
Accroupi sur le sol rocheux, Apodis reprend son souffle et observe venir jusqu’à lui une femme aux courbes fort généreuses et à peine habillée sous sa Cloth beige et blanche fort endommagée.
_ « Qui es-tu ?
_ Je suis celle qui vengera mon peuple de la folie d’Athéna ! Je suis Baucis Alcide de la Biche de Cérynie et je vous tuerai tous ! »

En entendant cela, tous les Hébéïens qui affrontent les hommes d’Apodis à tribord s’écartent.

Baucis replie son bras gauche contre son imposante poitrine et dresse son poing droit devant la troupe athénienne : « Héraclès Hunting Arrow ! »
Un déluge de flèches illusoires chargées de cosmos perfore de toute part Apodis qui ne peut protéger les douze Athéniens derrière lui.
Apodis s’encastre à nouveau contre le navire dont la coque se fendille.
Ses hommes s’écroulent un à un au sol, tués par les Flèches d’Héraclès.
D’un hochement de tête, Baucis fait comprendre aux Hébéïens qui l’accompagnent sur le côté droit d’investir le navire, avant d’aller porter le coup de grâce aux Athéniens qui s’opposent encore aux soldats du côté de la forêt.
De sous son casque semblable à un large diadème qui protège son front et descend jusqu’à son nez sous la forme d’un bec de couleur orangé, Apodis remarque impuissant l’étendue des dégâts, le bateau est maintenant investi par une vingtaine d’Hébéïens.
Tandis qu’il se dégage de la coque, il est chargé par Baucis qui l’insère totalement dans le navire cette fois-ci.
Elle retombe avec lui à l’intérieur du vaisseau, laissant un trou béant dans la carapace en bois qui prend maintenant l’eau.
Dans l’une des calles, Apodis se relève juste après Baucis qui essaie de le frapper au visage en lançant sa jambe en avant.
Apodis tourne sur lui-même pour éviter et réplique par un crochet du gauche en plein estomac de l’Alcide, faisant voler davantage en éclat sa Cloth.
Baucis recule et concentre sa cosmo énergie, pour frapper à nouveau son adversaire avec les Flèches d’Héraclès mais Apodis jaillit devant elle à toute vitesse et la cogne d’un uppercut en plein menton, lui faisant traverser le plafond et atterrir au niveau supérieur.

C’est dans ces autres niveaux, que les soldats de Baucis exécutent l’ensemble des religieux et des marins pendant qu’à bâbord, sur la berge, il ne reste plus qu’une poignée d’Athéniens face à des hébéïens déchaînés.
Pullo et Cliff sont acculés avec trois des leurs contre plus du double d’Hébéïens. Leurs protections sont lourdes à porter après les nombreuses entailles causées par les dagues adverses…

Dans le bateau, Apodis bloque le poing droit de Baucis avec son bras gauche et lui décoche un violent coup de tête en plein visage, fissurant à nouveau son masque de femme chevalier.
L’Alcide recule de trois pas et est retenue dans sa chute par une caisse en bois contenant des jarres d’eau et de vin.
Apodis poursuit ce corps à corps genou droit en avant en plein estomac. L’élan de Baucis emporte avec elle la caisse de vivre qui vole en éclat dans le fond de la calle.
Couverte d’eau, de vin et de morceaux de bois fendus, Baucis se relève et devance Apodis qui s’approche d’elle.
Surpris, le Saint de bronze adresse mollement une droite qu’elle bloque immédiatement. Elle passe le corps du Saint au-dessus d’elle et le renverse contre une des lourdes tables en bois de cet étage. Le meuble se brise en morceaux sous l’impact et Apodis est enfoncé dans le plancher.
Couché sur le dos, la tête aux pieds de Baucis, Apodis embrase en un éclair son cosmos et joint ses deux bras devant elle : « Wing Jikan No Yoyu ! »
Surprise, Baucis est emportée par le puissant courant d’air invoqué par le Battement d’Ailes majestueux d’Apodis qui arrache toute une partie du navire et envoie Baucis en direction de la montagne.
En se redressant, il constate que sur son passage, Baucis a laissé de nombreux débris d’armure et de sang. Pensant la victoire acquise, il se retourne pour aller aider ses soldats encore vivants.
Quelle n’est pas sa surprise lorsque, une fois après avoir fait demi-tour, il se retrouve nez à nez avec Baucis qui a réussi à se dégager à temps de son arcane et qui s’est déplacée à la vitesse de la lumière jusqu’à lui.
Saisi, il balance son poids en arrière en espérant tenir la distance pour vite riposter.
Hélas sa réaction est trop lente et Baucis le surpasse.
Elle tourne autour de lui afin de créer une tornade dans laquelle il sent ses membres se tétaniser.
Au fur et à mesure que la tornade se transforme en tourbillon, les planches qui couvrent le sol, les murs et les étages supérieurs du navire s’arrachent et s’effritent pour prendre une forme sablonneuse qui érafle la peau d’Apodis et corrode sa Cloth.
Tandis que son corps est déchiqueté, il se sent être soulevé par la bourrasque et balayé comme un fétu de paille.
Devenu autonome, le Tourbillon de Sable de Baucis n’a plus besoin qu’elle lui donne de vitesse. Elle en sort pour le diriger avec ses bras.
 
Désormais immobilisé dans la rivière par le poids de l’eau qui l’a investi, le bâtiment voit ses niveaux supérieurs être totalement emportés.
Les corps des défunts matelots et des religieux sont broyés à l’intérieur du cataclysme, ainsi que ceux des soldats des deux camps qui combattent sur la berge.
Rares sont ceux qui arrivent à s’accrocher à quelque chose comme le fait Pullo, pour ne pas être emporté.
A l’intérieur du désastre, Apodis perd connaissance à mesure que sa peau se fait lacérer et que son armure se craquelle.
Baucis choisit de déclencher le véritable atout de cette technique en dégageant dans son poing le cosmos collecté par sa catastrophe.
Elle se lance alors à l’intérieur du Tourbillon de Sable et décoche au chevalier de bronze un violent coup de poing en plein c½ur : « Sand Swirl ! »
Le côté gauche de son plastron ainsi que son épaulette gauche explosent sous l’impact. Apodis est propulsé vers les étoiles d’où il ne redescend pas.

Les alentours de la rivière sont anéantis.
Du navire il ne reste que les calles submergées par les eaux.
La montagne est ébranlée.
Les arbres aux abords de la forêt sont déracinés.
Du Tourbillon de Sable de Baucis et de leur combat contre les Athéniens ne ressortent vivants que onze Hébéïens sur les cinquante conduits.
Comparés à Achille et ses mirmidons, Apodis et ses hommes font pâles figures dans ce guet-apens.
Achille semble avoir était vaincu et il ne reste que deux mirmidons dans un piètre état, Pullo et Cliff.
A peine relevés, désarmés et meurtris, les deux hommes sont tenus en joug par les dagues des soldats à l’armure et aux vêtements bleus.
Pullo grommelle : « Tuez-nous tout de suite. Nous ne parlerons jamais de toute façon… »
Un Hébéïen cogne Pullo avec le manche de son arme en pleine nuque pour le faire tomber au sol.
Cliff fait un pas pour aider son caporal, mais les pointes acérées des dagues pressent aussitôt sa poitrine pour l’en dissuader.
Baucis débarque dans le groupe et cogne le blondinet qu’est Cliff en plein estomac pour le faire tomber au sol.
Couché sur le dos, se cramponnant l’estomac, Cliff observe les étoiles.
Le pied de Baucis vient faire pression contre sa mâchoire : « Toi tu parleras ! Sinon je te briserai les os un par un ! »
Absorbé par la nuit, Cliff sourit sarcastiquement : « Vous n’en aurez jamais l’occasion Alcide… Un drôle d’oiseau vous en empêchera… »
Baucis remarque l’admiration qu’à le soldat à fixer la lune et lève les yeux dans cette direction.
Elle est tout de suite affolée quand elle reconnaît un oiseau aux ailes déployées venir vers eux.
La lueur de la lune ombrage davantage cet homme qui descend du ciel les bras grands ouverts, comme s’il volait dans les ténèbres de la nuit.
Ebahis, les Hébéïens ne réagissent pas tout de suite et observent l’arrivée impressionnante du Saint de bronze qui retombe seulement maintenant de la terrible technique de Baucis.
Cliff profite de la stupéfaction générale pour ramasser Pullo avec lequel il se jette dans la rivière…
Baucis reconnaît Apodis et recroqueville son bras gauche contre sa poitrine et dresse son bras droit contre l’Oiseau de Paradis. Concentré sur le Saint de bronze, elle laisse fuir les deux Athéniens et s’adresse à son adversaire qui tombe à pic : « Allez viens volatile de malheur ! Les Flèches d’Héraclès vont t’achever ! »
En l’air, les protections des doigts d’Apodis qui forment de longues griffes deviennent incandescentes.
Le Saint de bronze recroqueville ses coudes, tandis que les trente-neuf étoiles de sa constellation se relient dans le ciel et embrasent son corps.
Baucis et ses hommes croient voir un véritable Oiseau de Paradis se créer grâce à l’effluve du cosmos d’Apodis.
Les soldats restent hébétés lorsque le chevalier fond sur eux à grande vitesse avec ses serres affûtées et brûlantes.
Seule Baucis réagit : « Héraclès Hunting Arrow ! »
Tel un rapace, Apodis accélère sa chute, approchant l’ultime cosmos, passant au travers de toutes les Flèches d’Héraclès et décochant les serres brûlantes de l’Oiseau de Paradis : « Shining Apus Claw ! »
Semblable à une étoile filante, Apodis traverse le groupe à une vitesse incroyable, entamant au passage leurs corps, les amputant de leurs membres, tranchant en lamelles leurs panses, les décapitant et calcinant leurs peaux grâce à l’incandescence du cosmos qui l’enveloppe…
Il achève son atterrissage en s’écrasant au sol, à bout de force.

Seule Baucis est encore debout, le bras droit toujours tendu vers le ciel.
Une légère brise souffle sur elle et emporte en poussière son armure.
Son court bustier grenat s’arrache en son milieu, libérant encore un peu plus sa volumineuse poitrine.
Bon nombre de ses longs cheveux violets aux reflets clair, voguent avec son armure tandis que de nombreuses plaies s’ouvrent partout sur son corps. De fines et profondes plaies, desquels s’échappent de la fumée suite à la chaleur libérée par Apodis.
Brûlée et profondément incisée sur tout le corps, Baucis sent son masque se fendiller en deux de façon horizontale entre son nez et sa bouche, libérant ainsi son menton de tout artifice. Déjà démasqué par Philémon, la belle Alcide a failli perdre une fois de plus son honneur.
Elle le sait et soupir en s’écroulant enfin au sol pleine d’amertume : « Qu’importe d’être découverte après tout… J’ai encore échoué et… et… cette fois-ci personne ne viendra me sauver… »
Elle reste inconsciente sur le sable pendant que Pullo et Cliff sortent de l’eau et titubent jusqu’à leur sergent qu’ils essaient de relever.
_ « Apodis ! Apodis ! Reviens à toi vite ! Apodis, le secoue Pullo ! »
Les paupières d’Apodis tremblotent et s’ouvrent à peine : « Pullo… L’Alcide… Elle n’est pas encore morte… »
Cliff réagit : « Tu ferais mieux de penser à toi. Nous sommes les seuls survivants, il faut qu’on aille se cacher pour récupérer en attendant l’arrivée de nos amis. »

Une voix féminine et familière à Apodis les interpelle : « Vous n’irez nulle part ! »
Apodis redresse son buste difficilement pour trouver qui a bien pu prononcer cette affirmation.
Pullo et Cliff se mettent en position de combat et reconnaissent à distance la lumière d’une torche qui avance vers eux depuis la direction du Centre de la cité.
Cliff ramasse une dague hébéïenne sur le sol et la brandit en direction de la flamme : « Personne ne nous empêchera d’accomplir cette mission ! »
Instantanément, la lame se désagrège et une onde de choc repousse les deux hommes d’Apodis dans la forêt où ils retombent inconscients.
Apodis se tient sur ses coudes et ne peut plus se relever.
Ses yeux distinguent de mieux en mieux cette femme à la fine robe bleue azure, les cheveux et le visage cachés par un voile de la même couleur.
Autour d’elle brûle un cosmos qu’il reconnaît facilement.
Tout en crachant du sang, il fait part de sa joie : « C’est toi… Yakamoz de la Grue… Alors vous êtes parvenus jusqu’au Parthénos ! Nous avons gagné… »
Néanmoins la jeune femme ne répond pas, elle continue d’avancer et passe à côté du corps inanimé de Baucis.
Apodis gesticule du mieux qu’il peut : « Yakamoz… L’Alcide… Elle est toujours vivante… Achève-la… »
Yakamoz n’écoute pas Apodis et continue de marcher jusqu’à lui.
Derrière elle, il distingue dans l’ombre des silhouettes qu’il pense être celle de ses compères : « Mes amis… Pourquoi ne pas avoir allumé vos torches… Et… Et pourquoi avoir agressé mes hommes… »
Apodis réalise un effort insoutenable pour se redresser un peu plus durant quelques secondes. C’est là qu’il réalise : « Vous ! Mais alors… Qu’est-ce que… Yakamoz ?! »

Derrière l’amante d’Apodis et de Shura se trouvent cinq soldats hébéïens ainsi qu’¼dipe.
Yakamoz retire son voile et laisse Apodis admirer son visage : « Je te l’avais dit Apodis qu’un jour je vengerai l’affront que tu m’as fait en me faisant faussement croire à ton intérêt pour moi. »
Une larme coule sur le visage d’Apodis : « Toi… Tu… Tu nous as trahis… Pour ça ?! »
Le visage de Yakamoz est totalement défiguré par la haine.
_ « C’est Athéna qui m’a trahie ! C’est elle qui a trahie tous les hommes !
_ Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu es devenue folle !
_ Non ! Non, c’est elle qui a perdu la raison. Elle a toujours véhiculé l’amour et la paix sur Terre, mais ça fait maintenant une dizaine d’année que le domaine sacré est en guerre. Moi je n’ai toujours voulu qu’aimer et être aimée ! Mais depuis que je suis devenue femme chevalier, je n’ai fait qu’ôter la vie à des personnes qui défendaient des causes plus importantes que celle de notre déesse ! Elle ne voit que dans le pouvoir et néglige nos sentiments. Son armée est corrompue et est remplie d’êtres sans c½ur comme toi. Tu m’as humilié en prenant mon innocence et en me rejetant…
_ Ne mélange pas tout, l’interrompt Apodis ! Tes états d’âme ne doivent pas t’écarter de ta mission.
_ Ici, les gens vivaient en paix, avant qu’Athéna ne fomente un complot pour faire croire en une tentative d’invasion lors de la Journée Sainte. J’ai eu des doutes durant notre voyage et j’ai compris que nous étions dans l’erreur lorsque j’ai rencontré Hébé, lorsque j’ai dialogué avec ses prêtresses et…
_ Yakamoz ! Baucis est une adversaire dangereuse, je t’en prie, tue-la pendant qu’il en est encore temps sinon il sera trop tard ! »
Yakamoz s’accroupit devant Apodis et concentre son cosmos dans ses mains : « Non Apodis, j’ai rejeté l’emprise d’Athéna. Désormais je défendrai la vraie justice et pour cela je dois te tuer. »

Tandis que sous le regard satisfait des soldats hébéïens Yakamoz prend son élan, un faisceau lumineux fend l’air.
Les coudes d’Apodis cessent leur appui.
Son corps tombe au sol, les yeux fermés.
C’est terminé.
Les bras de Yakamoz redescendent le long de son corps tandis que la voix stupéfaite d’¼dipe retentit dans l’atmosphère : « Magnifique chevalier, tu lui as ôté la vie de sang-froid… »

Au sol, tombe la tête de Yakamoz, détachée de son buste.
Elle s’écrase sur Apodis qui rouvre les yeux.
Une lumière dorée illumine la forêt tandis que s’avance un homme dont le tranchant de la main est pointé en direction d’¼dipe.
L’Alcide continue de discourir : « Ainsi, vous êtes parvenus jusqu’au Centre de l’île. Le mal a remporté une victoire de plus et a aussi eu raison d’un de ses anciens sujets, Yakamoz de la Grue, n’est-ce pas, Shura du Capricorne ? »
De derrière Shura débarquent une dizaine de soldats athéniens qui soutiennent Pullo et Cliff tous deux évanouis.
Shura répond sèchement : « Le mal vient de ceux qui se rebellent contre celle qui a instauré la paix depuis la nuit des temps. Athéna a permis aux hommes de prospérer sur cette terre, quels que soient les dieux qu’ils vénèrent. Ce n’est pas une déesse intéressée et elle a toujours compté sur le soutien d’Hébé qui a profité de sa confiance pour la trahir. Je n’accepterai jamais qu’on puisse entacher Athéna comme l’a fait Yakamoz et comme l’a fait ta déesse. Hébé connaîtra le même sort que Yakamoz, je peux te l’assurer. »
Le cosmos d’¼dipe reste de longues secondes muet avant de constater : « Ton corps porte encore les blessures infligées par Androgée. De mon côté ma déesse a besoin de soutien après votre invasion. Nous avons tous deux à nos pieds le corps d’un chevalier de notre camp que nous pouvons encore sauver. Je pense qu’il est plus sage de les ramener maintenant. Trop de sang a coulé pour aujourd’hui. »
Shura sourit presque chaleureusement à son adversaire puis ramasse le corps d’Apodis.
Les Hébéïens font de même avec Baucis, tandis qu’¼dipe tranche l’air pour créer un passage dimensionnel dans lequel il s’engouffre avec ses hommes pour rentrer au Parthénos.
Shura observe les hébéïens prendre la fuite et prononce : « Tu as raison Alcide, nous affronter aujourd’hui serait du suicide. De toute manière notre victoire est désormais acquise. »

Le soleil du 8 mars 1985 n’est pas encore levé que la guerre est remportée.
Il n’a fallu qu’une journée pour permettre aux Athéniens de venir à bout d’une armée avec laquelle leurs ancêtres ont lutté main dans la main auparavant.
Hébé a perdu cette Guerre Sainte.
Au final le Sanctuaire aussi.
Seul Saga est le vainqueur. Des retours de Saints en Grèce pour renforcer les troupes sur Yíaros, un nouveau territoire conquis… Une page de plus dans l’histoire de la conquête du pouvoir par Saga se remplit…
Modifié: 22 Décembre 2022 à 16h02 par Kodeni

Auteur Sujet: Chapitre 27  (Lu 34271 fois)

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Cette version du chapitre 27 est une version rééditée de la publication originale du 29 janvier 2012.
Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.