Chapitre 26
Au Sanctuaire, l’étroit passage secret qui joint les douze maisons du zodiaque est bien difficile à suivre en pleine nuit. Rien ne peut l’éclairer hormis la lueur de la lune.
C’est pourquoi, alors que le 7 mars 1985 s’achève, Gigas mène le pas depuis le palais du Grand Pope qu’il vient de quitter. Lui qui peut utiliser ce passage les yeux fermés, descend lentement les marches en compagnie d’une femme chevalier.
Cette femme, dont les longs cheveux noirs couvrent son masque à hauteur du front et tombent en fines mèches sur ses épaules, porte une Cloth qui couvre ses épaules et ses mains d’une protection violette, tandis que ses avant-bras, son buste et ses genoux sont d’un noir cristallin. Son bustier descend jusqu’à son nombril et libère sa jupe, couleur lilas. Dessous son court vêtement elle porte un cuissard et ses tibias sont protégés par des jambières violettes. Ses longues jambes sont agrémentées d’escarpins qui agrandissent encore son mètre soixante-dix-sept.
Gigas ne cesse de lui donner ses directives : « Votre bateau quitte Athènes demain matin pour la Crète. Vous voyagerez dans l’anonymat le plus complet. Vous vous rendrez ensuite au Port du Destin, où un navire de commerce du Sanctuaire vous conduira jusque Yíaros. Cette galère marchande a déjà été payée par le Domaine Sacré pour vous amener toi, ton élève Carina, Anikeï de Cassiopée, Taishi du Toucan ainsi que des vivres pour nos soldats… »
Les deux passent sur le flanc de la maison des Poissons où Aphrodite, tapis dans l’ombre veille au grain. Gigas s’agenouille tandis que la femme chevalier l’imite.
Aphrodite l’interroge néanmoins : « Dis-moi femme chevalier. Tu es déjà passé devant moi il y a une heure pour rencontrer le Pope et chaque fois j’ai ressenti un certain froid venant de toi… Serais-tu une de ces chevaliers des glaces ? Ou bien peut-être cherches-tu à me montrer une certaine hostilité ? »
Gigas se manifeste immédiatement confus : « Seigneur Aphrodite, en tant que Général en chef de notre armée le Grand Pope m’a demandé de conduire cette femme à… »
Aphrodite s’expose à l’astre lunaire afin d’arborer son armure d’or enserrée par sa cape ainsi que son magnifique visage. Il interrompt le vieil homme : « Merci Général Gigas mais je n’ai pas l’intention de laisser cette femme passer devant ma demeure sans qu’elle ne me présente plus de respect. S’agenouiller est une chose, ne pas répondre à ma question en est une autre. »
Immédiatement, un courant d’air glacial venu du bas des marches gèle les colonnes du temple des Poissons, ainsi que les cheveux grisonnants du général qui grelotte aussitôt.
Aphrodite riposte instantanément en dégainant une rose rouge qu’il projette en bas des escaliers.
La fleur fonce sur un mystérieux intrus qui a couvert les environs de givre. C’est seulement lorsqu’elle arrive contre son visage ombragé qu’elle se brise comme du verre après avoir été réfrigérée.
Aphrodite n’attend pas que son adversaire poursuive son ascension pour deviner de qui il s’agit : « Quelle charmante surprise. Je n’attendais plus que tu viennes me saluer depuis ton retour de Sibérie chevalier d’or ! Camus du Verseau ! »
Du bras, Camus écarte également sa cape pour présenter sa Cloth qui illumine les environs comme le fait celle d’Aphrodite.
Tenant son diadème dans la main gauche, le Français pointe son index droit vers la femme chevalier et déclare à voix haute : « Ça ira Général Gigas, je m’occupe de reconduire Lena, Saint de bronze de la Boussole à Honkios. Je vous remercie. »
Aphrodite ne dit rien, il laisse Camus descendre jusqu’à son palais tandis que Gigas reste pantois.
Aphrodite profite que Camus et Lena aient quitté les lieux pour déclarer futilement au sujet de Lena : « De toute manière je ne m’imaginais pas passer la nuit avec un glaçon. »
Cette boutade fait rire Gigas qui espère ainsi gagner la sympathie du Saint d’or. Aphrodite n’est pas dupe : « Allons vieillard ! Qu’attends-tu pour quitter ce lieu. Tu n’as plus rien à faire à l’approche de ma demeure. »
Apeuré, le général cesse de glousser et s’empresse de suivre la même direction que le Français et son amie Russe.
Plus bas, dans la demeure du Verseau, Lena marche sur le sol verglacé et observe son reflet sur les murs où réfléchissent les quelques torches qui sortent des ténèbres cette maison de glace.
Elle est suivie par Camus qui guette tous ses mouvements.
D’ordinaire extrêmement taiseux, le chevalier d’or engage la discussion.
_ « Il me semblait que tu devais venir au Sanctuaire en compagnie de ton élève.
_ Carina a déjà été présentée au Pope par le Général Gigas. Notre Majesté l’a déjà informé de notre ordre de mission.
_ Qui est ?
_ Nous partons demain sur Yíaros pour obtenir la réédition d’Hébé sans condition et faire maintenir l’ordre là-bas… »
Lena défait son diadème et ôte son masque pour afficher ses beaux yeux azurs et ses fines lèvres que Camus connait si bien : « … mais j’imagine que ce n’est pas l’objet de ma conduite en ton palais. »
Camus avance et l’enserre par la taille. Il s’approche de sa bouche qu’il embrasse juste après avoir murmuré : « Effectivement… »
Lena, la compagne du Seigneur Crystal, se laisse croquer les lèvres tandis qu’elle défait sa Cloth pièce par pièce à l’instar de Camus…
Au même moment, au Canada, dans la région de Nunavut, devant le modeste dispensaire d’Arviat, seul lieu où il est possible de subir des soins médicaux dans la région, Vasiliás patiente adossé contre le mur.
Il attend le bilan de santé prodigué à la dame qu’il a tenté de secourir face à des malfrats quelques minutes plus tôt.
Il passe sa main sur son crâne rasé et observe la fumée qui sort de sa bouche. Celle-ci est provoquée par la condensation de son souffle contre l’air froid.
Simplement habillé de sa veste de costume, il ne souffre pourtant pas de cette température bien basse, lui qui a pourtant passé une partie de son enfance sous les températures torrides du Sanctuaire.
Soudain, une voix familière lui fait cesser ses enfantillages.
Une femme d’à peine vingt-trois ans le salue.
Vasiliás réajuste sa veste et frotte son visage avec ses mains pour se donner davantage de vivacité. Il fait alors face à la jeune femme aux cheveux d’un gris aussi métallisé que ses grands yeux, marqués sous l’½il gauche d’un grain de beauté qui accentue les charmes de cette infirmière : « Ariel ! »
Elle s’avance contre lui et le baise à pleine bouche pendant qu’il l’enlace.
_ « Est-ce toi qui nous a amené cette femme ?
_ Oui, elle se faisait agresser par des voyous. Je suis intervenu mais elle était déjà dans un triste état.
_ Malheureusement, vu le peu de moyens à notre disposition, je crains que nous ne puissions pas faire grand-chose. Elle a les côtés brisés et les chocs qu’elle a subis à la tête lui ont causé une hémorragie cérébrale. Je suis désolée. »
Bien qu’il ne connaisse pas cette pauvre dame, Vasiliás est affecté par l’annonce de sa mort imminente.
La Canadienne amorce alors un autre sujet.
_ « Bian… Mon frère n’est pas avec toi ?
_ J’ai laissé à Bian le soin de venir me chercher ici avec ma voiture. J’ai utilisé ma force pour me déplacer plus vite, afin de secourir cette victime. »
Ariel lui donne un léger coup de poing, qui heurte la poitrine gonflée de muscle de Vasiliás, pour le taquiner : « Tu es donc d’abord passé voir mon petit frère plutôt que moi en rentrant de Miami… »
Le véhicule de Vasiliás rejoint justement le couple.
Bian salue sa s½ur qui retire sa blouse blanche. Elle arbore sa jolie robe marron qui lui laisse les épaules dégagées et cache avec élégance sa petite poitrine : « Bien ! Rentrons chez nous ! »
En route, Bian reproche à son ami sa cruauté vis-à-vis des bandits qu’il a massacrés.
_ « … Ils ont subi un châtiment à la hauteur de leur forfait.
_ Vasiliás… Tu es trop immodéré dans le jugement que tu adresses aux hommes ! N’oublie pas que tu es un homme, pas un dieu. Tu as tout fait à l’époque où tu vivais au Sanctuaire pour te rapprocher du poste le plus proche d’Athéna et ainsi imposer ta justice. Aujourd’hui tu as vu où cela t’a conduit !
_ Personne ne m’empêchera d’établir la paix que je destine à cette planète. Depuis que je me suis exilé ici et que je vous ai rencontré ta s½ur et toi, la criminalité a baissé, j’ai permis à la région de sortir de ses difficultés financières en lançant de nombreuses entreprises locales et ainsi relancer l’emploi par le biais de mes relations commerciales. Si Athéna m’en donnait les moyens je pourrais garantir à ce monde entier l’amour, la paix, le respect et la prospérité. »
Bien loin de ce débat, Dolly, la petite amie de Bian, se contente d’observer discrètement l’élégance que dégage Vasiliás.
Bian, lui, toujours aussi passionné par ce débat, soupire : « Aujourd’hui Athéna a fait de toi un rebelle qui est obligé de s’exiler pour éviter la mort. Je suis désolé, mais de tous les dieux que tu m’as présentés lorsque tu as choisi de m’aider à développer ma cosmo énergie, c’est Poséidon qui mérite d’être reconnu. La race humaine est pourrie, tu l’as bien vu tout à l’heure. Même dans une communauté où tu as agi en justicier pour éliminer la vermine il y a encore des dissidents. Les hommes sont foncièrement mauvais tout comme nos parents qui nous ont abandonné Ariel et moi. Seul un dieu capable de laver le monde et de recréer une humanité respectueuse envers ce que la nature et autrui peuvent lui offrir méritera mon respect. Et en ce sens je ne vois que Poséidon ! »
Ariel, déconnectée de tout ce qu’a pu enseigner Vasiliás à son frère depuis qu’ils se sont rencontrés il y a bientôt dix ans, s’inquiète grandement : « Vous voulez donc dire qu’il est probable qu’un jour vous soyez ennemis ?! »
A cela, ni Bian ni Vasiliás n’apportent de réponses, ils restent tous les deux les yeux rivés dans une direction opposée.
Vasiliás, nerveux, sort sa montre-gousset qu’il remonte frénétiquement.
Ariel, elle, reconnaît dans ce geste, la même détresse que celle qui le parcourait il y a huit ans…
Flashback
Mai 1977. Ariel revient de Miami après des mois de voyage.
Sur demande de ce dernier, elle a accepté d’aller se renseigner sur la famille de Vasiliás.
Enlevé par le Sanctuaire durant son enfance, désormais en exil après avoir déserté le domaine, Vasiliás ne pouvait prendre le risque de revenir lui-même sur ses terres d’origine.
En effet, le Sanctuaire dispose d’espions partout dans le monde contemporain et il ne pardonne pas aux déserteurs. Il était certainement attendu là-bas.
Hélas, les nouvelles furent bien mauvaises.
La mère de Vasiliás ne voulut pas se résoudre à ce qu’on ne retrouve pas son fils. Elle choisit de s’ôter la vie après qu’il disparut quelques années plus tôt…
Son père, responsable d’une grande entreprise de travaux publics, ne supporta pas la solitude et noya son chagrin dans l’ivresse.
Son absence de rigueur dans le monde professionnel entraîna sa société dans de nombreux tracas financiers, tandis qu’une affaire de violence dans un bistrot malfamé avait définitivement entaché sa réputation.
Il perdit la vie en prison lors d’une rixe peu de temps avant l’arrivée de la jeune Ariel en Floride.
Néanmoins, du haut de ses 15 ans, Ariel ne se découragea pas et poursuivit ses investigations.
Elle retrouva ainsi le grand-père de Vasiliás, seule famille qui lui restait.
Ce brave vieillard de soixante-dix-huit ans avait choisi de ne pas sombrer comme son fils. Il reprit les affaires, sorti l’entreprise familiale de la crise et pu même entrevoir des jours meilleurs d’un point de vue financier.
D’un point de vue sentimental, quelle ne fut pas sa joie en apprenant la survie de son petit-fils.
Il accepta de croire ce qu’Ariel lui rapporta au sujet des conditions de retour de Vasiliás du Sanctuaire au Canada et joua le jeu de la discrétion pour éviter à son petit-fils des ennuis.
Ainsi, le brave patriarche de la famille prépara tranquillement sa succession, en léguant à Vasiliás tout son amour à travers de nombreux courriers mais également une fortune et une entreprise à reprendre.
Avec une maturité exemplaire, Vasiliás su relever le challenge sans cependant oublier les souffrances traversées par sa famille après son rapt.
Avant cela, lorsqu’elle revint au Canada lui apprendre la perte tragique de ses parents, Ariel ramena à Vasiliás la montre-gousset que lui transmis son grand-père et dont il se souvenait. Gage de la véracité des intentions bienveillantes de celui-ci.
Flashback
Ariel revoit alors son bien-aimé puiser en cette objet la quiétude dont il ne sait pas faire preuve d’ordinaire…
Ces cicatrices sont, depuis, profondément enfuies en lui, et Ariel peut les lire à chaque instant où Vasiliás s’abandonne à ses pensées.
Pendant ce temps, en Grèce, à l’Ouest d’Athènes, sous l’Aréopage, la splendide slave et amie de Saori Kido, Ksénia, achève d’ouvrir les grandes portes couvertes de cornes de buffles qui servent d’entrée au domaine d’Arès.
L’accès donne immédiatement sur une estrade surélevée au milieu de la pièce.
Dessus, des tapis et d’épais oreillers dorés protègent les servantes qui s’entrelacent lascivement au milieu de pièces d’or, de jarres de vin et de plateau de fruits rapportés par des soldats depuis la surface.
Le centre du plateau est dominé par un trône en or sur lequel est posée une silhouette endormie.
Tout autour, comme les balcons d’un immense théâtre, des mezzanines forment une dizaine d’étages jusqu’au sommet du temple en forme de cône.
A l’intérieur des avancées, comme dans une fourmilière, se trouvent les appartements des soldats, leurs salles d’armes, les cuisines et les bains.
Contre les murs du cône, de haut en bas, derrière des vitraux rouges, scintillent des flammes qui se reflètent sur les pièces d’or et les étoffes couvrant le plateau et leur donnent une teinte sanguine.
Ksénia s’avance au milieu de la masse tandis que quelques soldats, parmi le peu qu’il reste de l’armée d’Arès, débouchent sur les balcons de tous les étages, intrigués par l’avancée soudaine de cette intruse enroulée dans son voile blanc.
Elle traverse la nappe de fumée qui se dégage des pipes des jeunes femmes dévêtues chargées d’opium.
Ksénia s’arrête devant Arès.
Le dieu, massif, est affalé, endormi, la tête d’une de ses servantes enivrées posée sur ses genoux.
Son visage est incliné vers le bas.
Son opulente chevelure écarlate dissimule son visage duquel un filet de bave s’écoule jusque sur sa cape blanche qui habille son torse nu.
Ses ronflements résonnent dans la pièce et créent l’hilarité au sein de sa propre armée qui s’ennuie aux étages.
L’espace d’une seconde, Ksénia accroît sa cosmo énergie pour sortir de sa léthargie le dieu blasé.
Un violent courant d’air le saisit aussitôt.
Par réflexe, il gifle la muse éméchée soutenue par ses genoux et se met en garde en tournant la tête dans tous les sens, cherchant de façon crédule l’inconnue responsable de cette mascarade.
Son sujet décède sur le coup sans que cela n’émeut ses semblables, toutes vaseuses comme leur maître, sous l’effet de drogues et alcool.
Ksénia, elle, n’a pas bougé de devant lui.
Arès ne la reconnaît que lorsqu’elle retire sa capuche : « Hum… Toi, l’Ange de l’Olympe réputé pour son charme, toi la beauté des beautés… Qu’es-tu venu faire en ce monde ? Pourquoi t’être réincarné ? Mais surtout, qu’es-tu venue faire chez moi ? »
Ksénia, dont la véritable identité est à présent dévoilée, observe la malheureuse servante dont tous les os ont été brisés sur le coup. D’un signe négatif de la tête, elle déclare : « Mon pauvre Arès, tu es tombé bien bas cette fois-ci. »
Le dieu belliqueux reconnaît son échec en ramassant une amphore.
Il remplit un verre qu’il tend à Ksénia et trinque avec elle à même la jarre dont il se repait : « Tu n’as pas idée… »
Ksénia pose avec délicatesse le verre contre ses lèvres charnues qu’elle mouille à peine tandis que lui vide le récipient à grandes gorgées
_ « Nous sommes loin du Arès qui envoya il y a des milliers d’années ses quatre armées contre Athéna. De l’Arès qui fut si proche de la victoire que le chevalier d’or de la Balance de l’époque fut autorisé par Athéna à utiliser les armes. »
Totalement désabusé, Arès libère un gros rot chargé de l’alcool qu’il vide tous les jours en guise de réponse.
L’Ange tourne son visage pour ne pas sentir l’haleine enivrée de l’homme dont les grands yeux aussi rouges que ses cheveux semblent implorer la pitié.
_ « Eris s’était jointe à toi et avec tes Ombres, tes propres enfants, vous poussâtes Athéna dans ses derniers retranchements. Cette Guerre Sainte fût si violente, que vos corps à Eris et toi-même firent détruits. Permettant ainsi d’emprisonner Eris dans la Pomme d’Or et te condamnant, toi, au cycle de la réincarnation…
_ Comme Athéna, peste-t-il… Sauf que moi je ne l’ai pas choisi…
_ La dernière en date, un garçon nommé Mars, né de parents humains, jeune Grec brutal. Tu compris dès ton enfance que tu étais doté de pouvoirs dépassant l’entendement humain, un cosmos divin. Très vite, tu défias l’autorité parentale et massacras à l’âge de treize ans ta famille, avant de fuir Athènes. Alors que tu te cachais après ton acte de barbarie, tu pris le chemin de l’Aréopage, où tu te sentis subitement guidé. Explorant les vestiges de ce lieu dont la mythologie rapporte qu’ici fut acquitté Arès qui avait vengé le viol de sa fille Alcippé, tu gravis ce qui aujourd’hui est un énorme monolithe gris bleu, veiné de rouge. A cette hauteur, tu cherchas désespérément un lieu où tu pourrais te cacher. Alors, soudain, tu fus attiré comme un aimant vers le bas de la colline. A toute allure tu arrivas sur le flanc droit de celle-ci. Il ne ressemblait à rien d’autre qu’au bloc de pierre que tout le monde pouvait voir. Pourtant, tu étais toujours appelé par cette énergie cosmique qui te poussa à traverser ce rocher. Tu te laissas aspirer à l’intérieur de celui-ci et te retrouvas dans les souterrains de l’Aréopage. Seuls les êtres maîtrisant le cosmos peuvent traverser ce pont cosmique et investir ce lieu où tu t’éveillas à ta conscience divine. Le Mars que tu étais réalisa qu’il était la réincarnation d’Arès. Dès lors, tu concentras ton esprit à la recherche des pires criminels qui peuplent la Terre et qui ont des qualités leurs permettant d’entrevoir la cosmo énergie. Tu formas toi-même six Berserkers qui enseignèrent à leur tour aux soldats l’art du combat. Te découvrant une qualité qui te manqua dans le passé, tu étudias patiemment le moment opportun pour prendre ta revanche sur l’histoire. Tu profitas de la mobilisation des Saints d’or contre Cronos en 1979 pour frapper le Sanctuaire. Hélas, ton échec n’en fut que plus cuisant. Alors qu’autrefois, il fallait à Athéna réunir ses douze chevaliers d’or pour te contrer, ici la quasi-totalité de l’armée arèsienne fut décimée par des chevaliers d’argent et de bronze… »
Arès ironise avec cynisme : « Merci d’être venue me remonter le moral. »
La biographie de Mars se transforme en leçon que l’Ange ne se prive pas d’administrer : « Sur neufs Nightmares, armures sacrées des protecteurs d’Arès, seules six ont été offertes. Six Berserkers furent envoyés au Sanctuaire sans même que le plus puissant d’eux, le Berserker de la Royauté ne soit nommé. Arès, tes soldats sont partis à la guerre sans même que tu ais nommé un général pour ton armée ! Evhémère Berserker de la Matière a même été achevé par des soldats athéniens ! »
Piqué au vif, le Dieu de la Guerre, de la Brutalité, du Carnage et de la Destruction passe sa cape derrière son dos pour arborer son torse athlétique aux abdominaux parfaitement dessinés. Il serre son poing qu’il tend en direction de la jeune femme à l’accent slave : « Est-ce pour venir m’enfoncer davantage que tu te présentes devant moi Olympienne ?! »
Elle calme le jeu en imposant un court silence durant lequel elle avale une gorgée de vin.
La voix grondante d’Arès fait cesser les moqueries de ses hommes qui repartent tous vaquer à leurs occupations.
Les servantes, elles, ont simplement été forcées d’émerger et remédient à cela en se délectant à nouveau de boisson tout en appréciant la sensualité des caresses qu’elles s’offrent.
_ « Si je suis ici aujourd’hui Arès, c’est parce que mon maître me l’a demandé.
_ Ton maître… Un dieu d’Olympien qui te mandate ?
_ L’identité de mon maître importe peu. Ce qui est urgent aujourd’hui c’est l’agacement des Olympiens envers les hommes. Les humains ne les respectent plus, pas plus qu’ils ne se respectent entre eux-mêmes. Le sort de la Terre se jouera à cette époque, certains dieux subiront des défaites cuisantes. C’est dur à croire lorsqu’on sait qu’aujourd’hui Athéna est une petite fille capricieuse qui se complait dans la richesse.
_ Dans la richesse ! Je croyais qu’Athéna était dans son Sanctuaire ? Où se trouve-t-elle ?
_ Penses-tu vraiment que je vais te le dire ? Le meurtre d’Athéna n’est pas d’actualité, ça ne fait pas parti des plans de mon maître. Elle doit d’abord accomplir quelques missions sur cette planète et commettre les fautes qui lui causeront définitivement du tort auprès des autres dieux de l’Olympe.
_ Et pour cela, ton maître a besoin de moi n’est-ce pas ?
_ Plus ou moins. Mon maître m’a fait réincarner en tant qu’humaine comme c’est le cas pour Athéna et toi. De source sûre je sais que ton ami Hadès est revenu en ce monde également, tout comme Poséidon.
_ Je vois. Comme tu l’as dit, le destin de la Terre prendra une tournure définitive en notre époque. Et avec autant de dieux désireux de prendre son pouvoir pour y effacer les erreurs d’Athéna, il n’y a pas de doutes, le sort du monde se joue en cette génération. Mais que dois-je faire ? Pourquoi aiderais-je les Olympiens alors que ceux-ci n’ont jamais eu d’égard à mon propos ?
_ Les Olympiens te haïssent, il est vrai. Ils n’ont d’ailleurs aucune considération au regard de tes exploits quasi-inexistants. Mais ils ont davantage de dédain envers Athéna et les hommes. Les aider permettrait à mon maître de faire reconnaître ta valeur. Après tout, si Athéna est destituée, son siège qui trône vide depuis trop longtemps en Olympe pourrait revenir à quelqu’un qui aurait gagné la gouvernance de la Terre et l’estime de ses semblables. »
Arès repose une nouvelle jarre qu’il comptait vider et s’assied de façon impériale sur son siège en or inondé par la lueur sanguine des flammes.
_ « Tu commences à me plaire. Continue.
_ Ce que nous souhaitons pour le moment c’est simplement voir Arès redevenir le dieu menaçant qu’il était. Et cela passe par une armée digne de ce nom.
_ Tu l’as dit toi-même Ange, je suis loin d’avoir assez de recrue pour former les quatre armées d’antan. Une seule a déjà été dure à réunir et aujourd’hui il ne m’en reste que quelques incapables. Six Nightmares ont été réduites en poussière.
_ Il reste la Nightmare de la Royauté, celle qui revient à ton général. Il te suffit de trouver l’homme suffisamment ambitieux et puissant pour te construire une armée digne de ce nom.
_ Pff… Les mortels ambitieux et puissants sont déjà tous enrôlés par Athéna. Les ambitieux, sanguinaires et haineux, comme je les aime, eux, sont déjà tués ou emprisonnés par Athéna.
_ La guerre et la destruction ne t’ont jamais conduit à rien. Pourquoi ne pas privilégier un homme qui lui croit en l’avenir ?
_ Cela irait à l’encontre même de mes principes.
_ Pas nécessairement. Il existe un homme qui croit en la possibilité d’un monde meilleur, un monde pour lequel il donnera sa vie sous l’égide du dieu qui l’aidera à réaliser ce rêve. Il sait que des sacrifices devront se faire, que de nombreuses guerres seront instaurées pour que son triomphe soit prononcé. Mais au final, il promet aux hommes une politique dictatoriale. Des lois qui leur permettront, s’ils les suivent, de vivre dans l’amour, la paix et la prospérité. Ce projet il est prêt à l’offrir au dieu qui croira en lui.
_ Un monde où les hommes seraient tous soumis à la même loi, la mienne, après que mon armée ait livré toutes les batailles nécessaires pour y parvenir. Un monde où la violence envers les renégats permettra de maintenir l’ordre. Une planète où la destruction est indispensable à l’établissement de mon pouvoir… Hum… Cela va bien au-delà de mes espérances. Mais un tel homme existe-t-il vraiment ? »
Ksénia sourit et tend ses paumes ouvertes vers le sommet du temple en disant simplement : « Regarde… »
Le cosmos qui tourbillonne dans les mains de la jeune femme crée un nuage cosmique dans laquelle s’anime quelques évènements. Des évènements du passé…
Flashback
Octobre 1976. L’automne se faisait maintenant sentir sur le Sanctuaire d’Athéna.
Bien que l’atmosphère fût agréable, la pluie était battante ce jour-là.
Le jour de vérité était venu.
Dans le grand Colisée d’Honkios, là où Seiya remportera quelques années plus tard la Cloth de Pégase, quelques gardes curieux et divers chevaliers de bronze et d’argent vinrent observer la consécration d’un des deux hommes que le peuple aimait détester.
Il s’agissait d’Aiolia, frère du traître, et de Vasiliás, le prodige à la justice impitoyable.
Jaloux de Vasiliás et furieux envers Aiolia, les Athéniens se tenaient droit debout, laissant les épaisses gouttes d’eau s’écraser sur leurs casques.
Au sommet des gradins, quelques esclaves venaient tenir les quatre pieds d’une tonnelle rouge pour le Grand Pope qui se faisait attendre, tandis que deux autres serviteurs déposaient sous l’abri une urne dorée sur laquelle étaient gravés les symboles zodiacaux du Lion.
Plus haut, à hauteur du passage secret reliant les douze maisons, Saga, l’usurpateur au trône du Grand Pope, descendait une à une les marches usagées tandis qu’il rapportait une fois de plus à un invité l’importance de sa mission sur l’île de la Mort.
Le représentant d’Athéna était escorté de chaque côté par deux grands gardes qui lui couvraient la tête grâce à un linge blanc tendu à l’arrière par deux autres soldats qui le suivaient pas à pas.
Le convive du Pope, lui, laissait le déluge lui rouler sur son torse nu.
La peau brunie par le soleil de plomb qui fouette toute la journée l’île dont il est originaire, et chargée de cicatrices, la pluie semblait le soulager.
Son pantalon verdâtre délavé et ses bandelettes de papiers de même couleur enserrant ses poignets étaient gorgés d’eau. Ses spartiates mauves enlaçaient ses mollets tout aussi bardés de muscles que le reste de son corps.
De sa tête n’apparaissaient que ses longs cheveux blancs grisonnants puisque son visage était dissimulé sous un masque de démon orangé aux dents longues qui inspirait une profonde inquiétude auprès des quatre soldats accompagnant le haut magistrat.
Saga, en tenue du Pope Shion, insista : « La légende veut que depuis la découverte de Death Queen Island, sous l’ordre d’Athéna, un chevalier à la puissance incommensurable y soit envoyé pour veiller à ce que les Ankoku Saints y restent prisonniers. Sur l’île de façon permanente, le chevalier et ses héritiers, dont tu fais partie, ont juré de donner jusqu’à leur propre vie pour garder les renégats et veiller sur la seule armure d’Athéna présente là-bas, celle du Phénix. »
D’une voix froide et troublante, le mercenaire prénommé Guilty affirma : « Tout à fait. L’armure du Phénix n’a jamais été remportée et quel que soit le professeur, que ce soit moi ou mes prédécesseurs, jamais il n’a trouvé ce chevalier qui deviendrait ainsi digne d’être le maître de l’île de la Mort. »
Le Grand Pope se tut un instant, le temps de passer le flanc droit de la maison de la Vierge où Shaka venait de prendre ses quartiers, à peine nommé Saint d’or.
Il reprit ensuite : « Je sais lire les présages laissés par les étoiles et les constellations. Ils m’ont appris il y a peu que notre génération sera celle où le Phénix viendra à Athéna. Celui qui portera cette armure sera un des plus grands Saints de tous les temps. Il est impératif que tu fasses de lui un parfait chevalier au service du Sanctuaire, fidèle au Grand Pope que je suis. »
Malgré les nombreux combats et les conditions de vie dans lesquels il a grandi, le rustre Guilty n’en restait pas moins un mercenaire du Sanctuaire intègre, aimé de tous dans le petit village de Death Queen Island où il élevait seul sa petite fille Esméralda encore enfant. Sa droiture lui imposait de rajouter au discours de Saga : « Fidèle au Grand Pope… et à Athéna ! »
Le Saint des Gémeaux, gêné par la réaction du redoutable gardien de l’île la plus meurtrière au monde, garda son sang-froid : « Cela va de soi… »
Ils continuèrent à descendre les marches mais en pressant le pas cette fois-ci : « Il me tarde Guilty de te faire assister au sacre d’un chevalier d’or afin que ta visite au Sanctuaire soit des plus inoubliables… »
Plus bas, Aiolia et Vasiliás avaient pénétré dans l’enceinte et se tenaient chacun à un coin de la surface de combat aux dalles fissurées, couvertes de sable humide.
Vasiliás évitait de croiser le regard de son professeur assis dans les gradins, de peur certainement qu’il ressente la même appréhension que Klok éprouvait pour lui en cet instant.
Enfin, au sommet des marches, arrivèrent le Grand Pope, ses quatre gardes qui aidèrent aussitôt les autres à maintenir la tonnelle fort secouée par le vent après que leur maître soit abrité, et Guilty qui préférait profiter de l’onde bienfaitrice de cette averse.
Bien qu’il briguait sa place à horizon de quelques dizaines d’années, Vasiliás s’agenouilla aussitôt devant Sa majesté le Grand Pope tout comme l’ensemble des spectateurs.
Seul Aiolia, dans un esprit de rébellion, resta de façon irrévérencieuse sur ses jambes et inclina légèrement la tête.
Le silence était si pesant que les personnes présentes pouvaient entendre les bourrasques faire rouler les cailloux résultants des morceaux de marches délabrées du Colisée.
Le souverain du domaine rompit cette quiétude en levant les bras en l’air : « Le Sanctuaire s’apprête à accueillir un nouveau Saint d’or. Depuis des années, vous avez combattu et triomphé de vos rivaux venus de toute la surface du globe pour appartenir à l’ordre des plus puissants défenseurs d’Athéna. Le gagnant d’aujourd’hui se verra récompenser par moi-même au nom de la grande Athéna. »
Après cela, le souverain laissa retomber ses bras le long de son corps, synonyme de son de cloche pour ouvrir des hostilités.
Avant d’engager le combat, Vasiliás se courba en direction de son professeur, comme s’il lui devait sa présence sur l’aire de combat à ce stade d’apprentissage.
Aiolia, lui, faisait le tour de lui-même espérant trouver un peu de soutien comme cela a toujours était le cas lors du sacre des autres Saints d’or.
Mais c’était un jour particulier, seuls de rares adorateurs de Vasiliás faisaient office de supporters, le reste du public, d’ordinaire plus nombreux lorsqu’il s’agit de mise à mort de simples criminels, rêvait plus que tout voir les deux hommes s’entretuer.
Un unique visage amical marqué d’une grande cicatrice souriait au lionceau, celui de Galan, ancien prétendant à l’armure d’or du Lion et seul homme à n’avoir jamais abandonné le frère de son ami Aiolos. En reconnaissant la sympathie qui se dégageait de son visage, Aiolia reprit foi en ses chances et se tourna enfin vis-à-vis de son rival qui l’attendait en position de combat sans avoir profité de son inattention.
Les intentions étaient claires, ça allait être un combat digne de ce nom, sans coups bas.
Les deux enfants firent monter instantanément leur cosmos à leur paroxysme.
Derrière Aiolia se dessina un lion rugissant.
L’effluve cosmique de Vasiliás fit apparaître dans son dos un lion aux ailes d’anges, aux cornes d’ivoire plantées aux coudes et aux genoux, les crocs acérés, le visage marqué d’une cicatrice, semblable au lion qu’arborait la jeune Ksénia sur son étendard le jour de leur rencontre et qu’il a fait tatouer sur sa hanche depuis.
De légers éclats lumineux vinrent illuminer le Colisée.
Trois hommes vêtus d’armures dorées profitèrent de leur permission pour venir assister au sacre d’un des deux hommes.
Shura se tenait en retrait, non loin du Grand Pope.
Deathmask était les bras croisés à côté de Guilty qu’il défia un instant du regard.
Aphrodite, lui, avait ses deux mains posées sur l’épaule d’or du Cancer et, en se tenant derrière celui-ci, avait ajusté son menton dessus.
Un instant ébloui par les Cloths des trois Saints d’or, les deux rivaux choisirent de passer à l’action.
Ils foncèrent l’un contre l’autre en effectuant un magistral coup de pied retourné.
Vasiliás, trop lent sur ce coup, fut heurté le premier en plein visage. Il retomba sur les genoux, la joue égratignée. Aiolia ne lui laissa aucun répit et le frappa de son poing chargé de cosmos alors que Vasiliás relevait la tête dans sa direction : « Lightning Bolt ! »
Semblable à une boule de feu, l’Eclair Foudroyant écorcha d’abord le visage de Vasiliás avant de plaquer tout son corps contre les dalles du colisée.
La vitesse et la puissance d’impact firent rebondir le corps de l’Américain qui partit en l’air dans un flot de sang.
Aiolia sauta le rejoindre, genou droit en avant, frappant son adversaire en pleine colonne vertébrale.
Dépassé par les évènements, Vasiliás commença à perdre connaissance.
Son esprit le tourmenta alors : « Pourquoi… Pourquoi j’échoue si près du but ? J’ai toujours eu tant de facilités à vaincre mes adversaires… Je n’ai jamais eu autant de mal face à un homme. Sa vitesse, sa force de frappe… et son regard si dur... Il ne veut pas perdre. Il ne peut pas perdre. On dirait que mes facultés innées sont inutiles contre sa détermination… »
Ses yeux, à peine ouverts, cherchaient ceux complices de son professeur. C’est lorsqu’il put se plonger dans le regard de son mentor qu’il comprit…
Le cadet d’Aiolos profita que son ennemi soit sans défense pour tenter de l’achever.
Pendant ce temps, Vasiliás murmura : « Maître… Vos propos… Vous me disiez autrefois que… Un homme peut avoir une force hors du commun, si aucun but ne le motive, il n’est rien. Je ne dois pas oublier mon rêve. Je dois devenir le roi de cette planète… »
Son corps se raidit dans les airs, prêt à riposter à l’arcane d’Aiolia situé juste au-dessus de lui.
_ « Lightning Bolt !
_ Devil Proposal ! »
La technique d’Aiolia renvoya Vasiliás s’écraser au sol après avoir englobé tout son corps de l’aura destructrice de l’Eclair Foudroyant.
Néanmoins, seuls les Saints d’or présents dans les tribunes avaient pu voir ce filet de lumière, sortir du poing de Vasiliás et traverser la boule de feu d’Aiolia, pour ensuite lui transpercer le crâne.
Aiolia regagna le sol en se tenant la tête.
Son apparence physique, par rapport à celle de Vasiliás, pouvait être synonyme d’avantage mais il n’en était rien.
En effet, Vasiliás se remettait debout, non sans mal, mais affichait un sourire en coin qui annonçait les pires tourments pour Aiolia.
Celui-ci suait à grosses gouttes, son corps tremblait et son esprit était ailleurs.
_ « Ce garçon a réagi à la vitesse de la lumière avec tant de simplicité, fut stupéfait Aphrodite.
_ On aurait cru que cela était aussi naturel pour lui que de respirer, comme pour nous, ajouta Deathmask.
_ Il a utilisé la technique du démon, les rejoignit Shura Il a pris le contrôle de l’esprit de son adversaire. Seuls des êtres d’exception peuvent s’approprier ce genre de techniques. L’homme le plus à même d’agit ainsi n’est autre que le Grand Pope. »
Au centre de l’arène, Aiolia se roulait au sol en hurlant de rage.
Ses yeux étaient révulsés.
Il bavait sans s’en rendre compte.
S’arrachait les cheveux par poignées.
Se lacérait même le visage comme pour s’extirper de sa détresse mentale.
Vasiliás fit cesser le suspens en expliquant son geste : « Arrête de te débattre. Mon coup est venu susurrer à ton cerveau la Proposition du Diable. Tu découvres ainsi ce qu’est le royaume d’Hadès et ce qui t’y attend. »
Cependant, Aiolia luttait de toutes ses forces.
Si bien qu’il cessa de se mutiler lui-même et concentra sa douleur en frappant avec rage des poings contre le sol.
Les dalles du Colisée se soulevèrent un instant et un courant électrique vint chatouiller Vasiliás : « Mais… Qu’est-ce que… Il se sert de sa douleur pour accroître sa rage de vaincre ! »
Hélas, il fut trop tard pour Vasiliás, Aiolia utilisa la pluie qui inondait son adversaire pour décupler sa plus puissante technique : « Lightning Plasma ! »
Vasiliás se préparait à contrer l’Eclair Foudroyant mais fut surpris face à ce nouveau coup, le Plasma Foudroyant.
Il fut balayé par des faisceaux lumineux le frappant à la vitesse de la lumière, brûlant sa peau lors du contact de la pluie sur son corps.
Il retomba le visage au sol. Les vêtements arrachés. Couvert de plaies. Son sang se mêla aux marres d’eau qui noyaient la surface de combat.
Alors que le public commençait à huer la victoire d’Aiolia, Aphrodite déclara : « Aiolia a perdu. »
Deathmask ajouta : « Il a dévoilé à son adversaire sa seconde technique et y a mis tout ce qu’il lui restait pour contrer le Devil Proposal et le frapper de plein fouet. »
Shura conclut : « Vasiliás va avoir tout le loisir de dévoiler à son tour une seconde botte secrète face à un Aiolia plus mort que vif. »
Effectivement, Vasiliás se releva sous le regard ébahi du public qui ne l’appréciait guère plus qu’Aiolia.
Qu’importe, le spectacle était à la hauteur de son attente.
L’aura dorée de Vasiliás devint de plus en plus vivace tandis qu’Aiolia tenait difficilement sur ses deux jambes.
Des deux lionceaux, un seul allait remporter le titre et le sort en était déjà jeté.
Au-dessus d’Aiolia, l’eau ne tombait plus, seules des plumes d’ange venaient au contact de son corps épuisé. Les plumes flottaient sur l’eau qui couvrait le sol tandis que le vent ne soufflait plus sur le public. Celui-ci tournoyait uniquement à l’intérieur de la surface de combat sous l’impulsion de l’élève de Klok transcendé par les effets de son cosmos : « Byakûjin ! »
Soudain, les plumes au sol se levèrent telles des aiguilles acérées, tandis que celles venant du ciel tombèrent lourdement mais avec autant d’effet. Elles formèrent un nuage autour d’Aiolia qui l’écorcha à mort.
Les Plumes Célestes cessèrent leurs dégâts lorsque Aiolia s’effondra au sol, sans vie.
Dans l’assistance, le silence fut d’or.
Tout le monde était subjugué par la facilité avec laquelle Vasiliás était parvenu à retourner la situation.
Le vainqueur fit aussitôt face à son adversaire et le salua pour lui rendre honneur.
Il s’inclina ensuite en direction de son maître pour les hommages qu’il lui devait puis il se courba enfin en face du Pope au-dessus duquel la tonnelle continuait à être agitée.
L’orage était devenu maintenant une tempête, néanmoins personne ne quittait les tribunes. L’heure du sacre était venue. Et voir l’adoubement d’un chevalier d’or était un des actes les plus rares mais aussi un des plus beaux à observer au Sanctuaire.
Sous son masque, Saga grimaçait à l’idée de nommer cet Américain trop ambitieux à son goût.
Il se leva pourtant au bout de longues minutes qui semblèrent être pour Vasiliás une éternité : « Jeune homme, Athéna t’a admis aujourd’hui parmi ses chevaliers. L’armure que tu reçois est l’héritage des plus grands, c’est le gage de cette reconnaissance. Depuis sa création, l’ordre des Saints d’or a protégé Athéna et défendu la justice. Cette armure, l’une des douze plus puissantes au monde ne peut être portée que pour cette cause. Tu es aujourd’hui… "
Vasiliás commençait à se relever en voyant l’urne de l’armure d’or s’ouvrir d’elle-même tandis que Saga achevait avec dépit sa déclaration : « … Saint d’or du Lion ! »
L’armure d’or du Lion apparut aux yeux de tous, éblouissant l’ensemble des spectateurs habitué en ce jour à l’obscurité d’une météo capricieuse.
Vasiliás se cacha également les yeux et, lorsqu’il les rouvrit, s’empressa de tâter son corps pour s’assurer qu’il était désormais protégé par la Cloth.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il crut l’armure disparue.
Elle ne se trouvait ni sur sa Pandora Box ni sur lui.
C’est lorsqu’il aperçut de la lumière dans son dos et qu’il constata la stupéfaction de l’assemblée qu’il se retourna, le visage décomposé.
Son rival se relevait avec difficulté, couvert de l’armure d’or du Lion.
Abasourdi, Saga fit à voix basse la simple remarque : « L’armure… L’armure a choisi son porteur… Elle estime Aiolia plus digne de la porter que Vasiliás ! »
A côté de lui, les trois chevaliers d’or n’en revinrent pas.
_ « Voilà bien la première fois qu’une Cloth agit de la sorte, fut étonné Aphrodite.
_ Au vu du combat, Vasiliás s’est nettement mieux distingué, déplora Deathmask.
_ La Cloth a jugé avant tout l’état d’esprit des deux prétendants, comprit Shura. »
Au centre de l’arène, Vasiliás tremblait.
Son teint était devenu livide.
Ses yeux gonflés par les larmes.
_ « Pourquoi ?! Pourquoi l’armure te juge-t-elle meilleur propriétaire que moi ?! Quelle cause peux-tu bien défendre et quelle cause peut-être plus juste que la mienne ? »
Aiolia demeura interdit l’espace d’un instant.
Puis, lorsque le moment fut venu de répondre à Vasiliás, la raison lui parut évidente : « Mon frère était le plus grand chevalier d’or de l’armée d’Athéna de notre génération. Je ne t’apprends rien sur les circonstances qui ont fait de lui un traître. Aujourd’hui, je rêve de pouvoir laver l’affront de ma famille en devenant encore plus brillant que ne l’était Aiolos, pour défendre la justice, les faibles et les innocents au nom d’Athéna ! »
Son timbre de voix était monté crescendo, son poing s’était dressé, rempli de conviction.
Le regard du perdant prit la direction de son maître pour reconnaître dans le sien un profond abattement.
Klok était déçu pour son élève, mais le regard plein de tristesse exprimait aussi un constat, après les différentes mises en garde du maître à l’élève quant à ses ambitions trop extrémistes.
Aiolia ôta son diadème et salua son adversaire pour prendre congé de lui, maintenant que la sentence était donnée.
La foule quitta peu à peu le Colisée, laissant seul Vasiliás dont le désespoir se consumait en rage.
Son cosmos s’élança alors subitement dans les airs et défia tous les hommes encore présents, y compris le Pope, Guilty, son maître et les quatre chevaliers d’or.
Il pointa du doigt Aiolia et releva la tête, le visage déformé par la folie : « Notre combat n’est pas terminé. »
Téméraire, Aiolia comprit aussitôt que son adversaire n’abandonnerait pas.
Il réajusta son diadème et se tint en position d’attaque.
Les gardes qui maintenaient la tonnelle du Grand Pope furent soufflés par le vent provoqué par le cosmos de Vasiliás et retombèrent plus loin en dehors du Colisée.
Guilty avait beau lutter, il reculait petit à petit.
Hormis les chevaliers présents dans l’enceinte, tous les soldats et habitants avaient préféré fuir.
Derrière son masque, le fourbe Saga n’en espérait pas tant, par son geste, Vasiliás venait de lui offrir l’occasion de se débarrasser de ce prétendant au trône.
_ « Saint d’or du Capricorne, appela Saga !
_Oui Votre Grandeur, s’agenouilla aussitôt Shura.
_ Quelle que soit l’issue de cet échange, je t’ordonne d’éliminer Vasiliás. Par sa révolte à l’encontre de la décision d’Athéna de nommer Aiolia chevalier, il vient de montrer son incapacité à se soumettre aux ordres de notre déesse et de son représentant. Il représente un danger bien trop grand. »
Sans broncher, Shura acquiesça.
Plus bas, Klok choisit de rejoindre Vasiliás tandis que derrière lui l’effluve du cosmos de son élève dessinait un lion aux ailes d’ange et aux cornes d’ivoire.
_ « Arrête immédiatement mon cher élève, sinon il sera trop tard pour toi !
_ Il s’agit d’une erreur. Je m’en vais la réparer, répondit Vasiliás méconnaissable !
_ Ne sois pas stupide je t’en prie ! Athéna a pris sa décision ! Un autre destin t’attend j’en suis sûr !
_ Athéna est dans le faux ! Elle l’est depuis trop longtemps déjà ! J’étais la solution à tous les maux de ce monde et elle a préféré me rejeter !
_ Quoi que tu fasses, l’armure a fait son choix, elle ne viendra plus à toi ! »
Klok ne put plus tenir, la cosmo énergie de Vasiliás devint trop grande. A cet instant, seul l’ultime cosmos guidait ses pas.
Aiolia déploya lui aussi toutes ses capacités retrouver grâce à l’armure qui l’avait revigoré.
Il serra bien fort son poing droit et tendit son bras en direction de Vasiliás : « Lightning Plasma ! »
Vasiliás bavait d’impatience : « Je me fiche de l’armure ! Elle n’est qu’un symbole ! La vraie force n’est pas dans le palpable, l’armure, mais dans l’impalpable, la force de mes ambitions ! Heart Break Canon ! »
Le lion de Vasiliás battit des ailes et traversa l’ensemble des rayons du Plasma Foudroyant en les évitant tous.
La gueule grande ouverte, les crocs acérés, arborant sa majestueuse crinière, fixant le lion d’Aiolia de ses grands yeux marqués par une cicatrice à l’½il gauche, il traversa le lion du chevalier d’or, debout sur ses pattes arrières, encore en plein élan.
Le poing droit encore tendu d’Aiolia retomba le long de son corps.
De sa bouche s’évacua, mêlés à ses crachats, glaires et sang.
Un bruit de métal brisé résonna à mesure que sa Cloth se fissura à hauteur de sa poitrine, là où le poing de Vasiliás était encore logé.
Le chevalier novice s’échoua inconscient sous une pluie torrentielle tandis que l’Américain se réceptionnait sur ses deux jambes.
Immédiatement, autour de lui, gardes et chevaliers présents l’encerclèrent.
Son visage s’était radouci, il passa d’un air innocent ses mains dans ses longs cheveux ondulés, pendant qu’il cherchait de nouveau celui qui lui enseigna les bases de la chevalerie.
Lorsque Vasiliás plongea une dernière fois son regard dans celui de Klok, des larmes vinrent le prendre : « Merci pour tout maître. Je suis désolé. »
Il eut à peine fini qu’un faisceau de lumière jaillit de son corps et provoqua une épaisse fumée sur laquelle il compta pour disparaître.
Quelques gardes se jetèrent à l’intérieur du nuage de poussière d’où retentirent quelques cris de douleur puis…
Plus rien…
Shura se redressa et informa le Pope : « Il a profité de la vitesse de la lumière pour quitter le Colisée. Je suis sa trace. »
Saga hocha simplement de la tête pour lui donner son approbation et pointa du doigt Klok : « Klok Saint de bronze de l’Horloge, professeur de Vasiliás, je t’ordonne de lancer l’alerte dans tous les villages. Vasiliás est un renégat et va certainement vouloir fuir le domaine. Tout homme l’apercevant a ordre d’abattre ce déserteur. »
En moins d’une minute, le Colisée se vida.
N’ayant pas même un regard pour Aiolia qui fit une bien piètre performance pour sa première en Cloth d’or.
Seul Galan était resté pour porter Aiolia sur son dos.
Le serviteur fut alors interpellé par Guilty : « L’homme que tu portes a peut-être perdu aujourd’hui, mais j’ai senti en lui un très grand potentiel. Il a une marge de progression encore très importante. Ne lui fais surtout pas perdre le droit chemin. »
Puis, laissant Galan penaud, le gardien de l’île de la Mort parti en direction du temple du Pope.
Ce message retentit dans l’esprit de Galan comme si l’avertissement de Guilty laissait présager des doutes quant à l’avenir politique du Sanctuaire.
Quelques heures plus tard, dans la demeure du pontife, le propriétaire des lieux se tenait dans la pièce principale, empoignant fort les accoudoirs de son trône, tandis qu’un garde venait lui murmurer quelques mots à l’oreille, accroissant ainsi sa colère déjà explosive.
Une fois son rapport achevé, le garde le laissa seul avec Guilty incliné devant lui.
La journée fut riche en évènement et cette visite de courtoisie touchait à sa fin : « Majesté, ce fut un immense plaisir et un honneur infini d’avoir pu passer cette journée à vos côtés. Néanmoins, une galère est affrétée au Port du Destin en Crète. Elle doit me reconduire sur l’île de la Mort. Si je ne veux pas manquer le ferry qui lie Athènes à Iraklion, je dois me hâter de vous quitter. »
En nage sous sa soutane, Saga sentait ses nerfs à vif, ses cheveux bleus commençaient à grisonner : « Guilty, avant ton départ j’aimerai te confier une mission. »
Guilty, ne remarqua pas l’attitude de son supérieur.
_ « A votre service mon Seigneur.
_ Vasiliás, le vaincu de cet après-midi, représente une menace pour le Sanctuaire. A en croire le rapport qui vient de m’être fait, il serait parvenu à tromper la vigilance de nos hommes et à quitter le Sanctuaire. J’aimerai que tu l’élimines.
_ Excellence, même avec les meilleurs moyens du monde j’en serai incapable. Cet enfant a le niveau d’un Saint d’or. Aujourd’hui le sacre aurait pu être sien si l’armure n’avait pas fait son choix.
_ Justement, Athéna en a jugé autrement en favorisant Aiolia. Elle m’avait déjà fait part de ses craintes face aux ambitions de Vasiliás.
_ Avec tout le respect que je vous dois Eminence, on n’a jamais vu un prétendant à une armure être mis à mort pour de telles raisons. De plus ce n’est encore qu’un enfant ! »
La voix du représentant de la Déesse de la Sagesse se fit de plus en plus impériale : « Tu contrôles les moindres faits et gestes des chevaliers noirs de l’île de la Mort. Certains sont d’anciens élèves du Sanctuaire ayant échoués aux épreuves d’accession à l’armure sacrée. Ils ont toutefois un potentiel proche de celui des meilleurs de nos Saints. Je veux que tu composes une équipe capable d’éliminer ce garçon. »
Guilty commença à s’emporter : « Faire appel aux chevaliers noirs ! Mais c’est contraire aux v½ux d’Athéna ! Et comment ferais-je confiance à des Ankoku Saints que je combats depuis ma nomination à la sécurité de Death Queen Island ? »
La chevelure bleutée du chevalier d’or était maintenant blanche : « Comment peux-tu prétendre connaître la volonté d’Athéna ? Je suis le seul à être dans la confidence de notre déesse ! Tu n’auras pas à craindre pour ton intégrité, les chevaliers noirs sont restés exilés depuis trop longtemps maintenant. Ils peuvent nous être utiles dans ce genre de circonstance. Je t’ordonne d’exécuter cette mission. »
En l’espace d’une seconde, Guilty douta des intentions du Grand Pope et fit allusion à Shion : « Je suis désolé votre grandeur, mais il y a une époque où je vous ai connu bien moins cruel et plus concilient. Aussi fort et menaçant soit cet enfant, s’allier aux chevaliers noirs pour l’éliminer serait un outrage envers Athéna, j’en reste convaincu. »
Le chevalier des Gémeaux se redressa aussitôt de son siège en déclarant : « Tu ne me laisses donc pas le choix ! »
Stupéfait par cette déclaration, Guilty n’eut pas le temps de remarquer que le Saint d’or était déjà derrière lui : « Genro Mao Ken ! »
Un fil cosmique traversa le cerveau de Guilty qui, en une fraction de seconde, fut conquis par l’Illusion Diabolique du Pope.
Sans même pouvoir lutter, Guilty se tint droit debout, les membres tremblants, pendant que Saga retournait s’asseoir en passant à côté de lui comme si de rien n’était : « Guilty ! »
En entendant la voix du Pope résonner dans la salle et dans son esprit, le père d’Esméralda se prosterna aussitôt.
_ « Oui Maître.
_ J’ai deux requêtes à te formuler.
_ Vos désirs sont des ordres.
_ Pour réaliser chacune d’elle, il faut que dès ce jour tu abandonnes tout sentiment d’amour et de bonté au quotidien et ce pour toujours.
_ Qu’il en soit ainsi.
_ Maintenant tu vas rentrer sur Death Queen Island. Là-bas tu confieras à Jango, le chef des chevaliers noirs, la mission d’envoyer tous ses Seigneurs Noirs et ses meilleurs Ankoku Saints contre Vasiliás. Ils devront le traquer et l’éliminer quel que soit le lieu où il se cache. Pour information, il est arrivé il y a deux ans de Floride aux Etats-Unis, il cherchera peut-être à y rentrer.
_ Bien, j’accomplirai votre volonté.
_ Ma seconde demande est la suivante. Lorsque tu auras trouvé un élève au potentiel suffisant pour devenir Saint du Phénix, fais de lui une machine à tuer uniquement pour mon bon plaisir. Il ne devra avoir que deux références, la haine et le Grand Pope. Réussir ces deux charges permettra aux chevaliers noirs de revenir en grâce et de reprendre leur liberté. »
Les jours passèrent.
Guilty rentra sur l’île de la Mort et partit à la rencontre de Jango. Dès lors, les Ankoku Saints prirent le contrôle de l’île toute entière et terrorisèrent les quelques villageois cultivant pour leur survie en bord de côte.
L’équipe chargée de retrouver Vasiliás fut constituée et prit la mer…
Tandis que sur les flots, le jeune Vasiliás, de retour dans le monde contemporain, réfugié sur un navire marchand, utilisait une paire de ciseaux pour retirer ses belles bouclettes et changer d’apparence…
Flashback
Le cosmos de Ksénia s’atténue petit à petit. Arès rigole à plein poumon : « Les rois ont toujours été les élus des dieux. Je ferai de ce jeune garçon mon roi, mon élu et le laisserait me conquérir la planète, après avoir triomphé dans une sanglante Guerre Sainte où il détruira Athéna et m’offrira la Terre ! »
Ksénia sourit avec beaucoup de charme et quitte le palais après avoir réajusté sa capuche sur son crâne : « J’étais convaincu que ce jeune homme te siérait à ravir. Je le ferais venir à toi en temps voulu. En attendant, veille à améliorer ton hygiène de vie. »
Au Sanctuaire, l’étroit passage secret qui joint les douze maisons du zodiaque est bien difficile à suivre en pleine nuit. Rien ne peut l’éclairer hormis la lueur de la lune.
C’est pourquoi, alors que le 7 mars 1985 s’achève, Gigas mène le pas depuis le palais du Grand Pope qu’il vient de quitter. Lui qui peut utiliser ce passage les yeux fermés, descend lentement les marches en compagnie d’une femme chevalier.
Cette femme, dont les longs cheveux noirs couvrent son masque à hauteur du front et tombent en fines mèches sur ses épaules, porte une Cloth qui couvre ses épaules et ses mains d’une protection violette, tandis que ses avant-bras, son buste et ses genoux sont d’un noir cristallin. Son bustier descend jusqu’à son nombril et libère sa jupe, couleur lilas. Dessous son court vêtement elle porte un cuissard et ses tibias sont protégés par des jambières violettes. Ses longues jambes sont agrémentées d’escarpins qui agrandissent encore son mètre soixante-dix-sept.
Gigas ne cesse de lui donner ses directives : « Votre bateau quitte Athènes demain matin pour la Crète. Vous voyagerez dans l’anonymat le plus complet. Vous vous rendrez ensuite au Port du Destin, où un navire de commerce du Sanctuaire vous conduira jusque Yíaros. Cette galère marchande a déjà été payée par le Domaine Sacré pour vous amener toi, ton élève Carina, Anikeï de Cassiopée, Taishi du Toucan ainsi que des vivres pour nos soldats… »
Les deux passent sur le flanc de la maison des Poissons où Aphrodite, tapis dans l’ombre veille au grain. Gigas s’agenouille tandis que la femme chevalier l’imite.
Aphrodite l’interroge néanmoins : « Dis-moi femme chevalier. Tu es déjà passé devant moi il y a une heure pour rencontrer le Pope et chaque fois j’ai ressenti un certain froid venant de toi… Serais-tu une de ces chevaliers des glaces ? Ou bien peut-être cherches-tu à me montrer une certaine hostilité ? »
Gigas se manifeste immédiatement confus : « Seigneur Aphrodite, en tant que Général en chef de notre armée le Grand Pope m’a demandé de conduire cette femme à… »
Aphrodite s’expose à l’astre lunaire afin d’arborer son armure d’or enserrée par sa cape ainsi que son magnifique visage. Il interrompt le vieil homme : « Merci Général Gigas mais je n’ai pas l’intention de laisser cette femme passer devant ma demeure sans qu’elle ne me présente plus de respect. S’agenouiller est une chose, ne pas répondre à ma question en est une autre. »
Immédiatement, un courant d’air glacial venu du bas des marches gèle les colonnes du temple des Poissons, ainsi que les cheveux grisonnants du général qui grelotte aussitôt.
Aphrodite riposte instantanément en dégainant une rose rouge qu’il projette en bas des escaliers.
La fleur fonce sur un mystérieux intrus qui a couvert les environs de givre. C’est seulement lorsqu’elle arrive contre son visage ombragé qu’elle se brise comme du verre après avoir été réfrigérée.
Aphrodite n’attend pas que son adversaire poursuive son ascension pour deviner de qui il s’agit : « Quelle charmante surprise. Je n’attendais plus que tu viennes me saluer depuis ton retour de Sibérie chevalier d’or ! Camus du Verseau ! »
Du bras, Camus écarte également sa cape pour présenter sa Cloth qui illumine les environs comme le fait celle d’Aphrodite.
Tenant son diadème dans la main gauche, le Français pointe son index droit vers la femme chevalier et déclare à voix haute : « Ça ira Général Gigas, je m’occupe de reconduire Lena, Saint de bronze de la Boussole à Honkios. Je vous remercie. »
Aphrodite ne dit rien, il laisse Camus descendre jusqu’à son palais tandis que Gigas reste pantois.
Aphrodite profite que Camus et Lena aient quitté les lieux pour déclarer futilement au sujet de Lena : « De toute manière je ne m’imaginais pas passer la nuit avec un glaçon. »
Cette boutade fait rire Gigas qui espère ainsi gagner la sympathie du Saint d’or. Aphrodite n’est pas dupe : « Allons vieillard ! Qu’attends-tu pour quitter ce lieu. Tu n’as plus rien à faire à l’approche de ma demeure. »
Apeuré, le général cesse de glousser et s’empresse de suivre la même direction que le Français et son amie Russe.
Plus bas, dans la demeure du Verseau, Lena marche sur le sol verglacé et observe son reflet sur les murs où réfléchissent les quelques torches qui sortent des ténèbres cette maison de glace.
Elle est suivie par Camus qui guette tous ses mouvements.
D’ordinaire extrêmement taiseux, le chevalier d’or engage la discussion.
_ « Il me semblait que tu devais venir au Sanctuaire en compagnie de ton élève.
_ Carina a déjà été présentée au Pope par le Général Gigas. Notre Majesté l’a déjà informé de notre ordre de mission.
_ Qui est ?
_ Nous partons demain sur Yíaros pour obtenir la réédition d’Hébé sans condition et faire maintenir l’ordre là-bas… »
Lena défait son diadème et ôte son masque pour afficher ses beaux yeux azurs et ses fines lèvres que Camus connait si bien : « … mais j’imagine que ce n’est pas l’objet de ma conduite en ton palais. »
Camus avance et l’enserre par la taille. Il s’approche de sa bouche qu’il embrasse juste après avoir murmuré : « Effectivement… »
Lena, la compagne du Seigneur Crystal, se laisse croquer les lèvres tandis qu’elle défait sa Cloth pièce par pièce à l’instar de Camus…
Au même moment, au Canada, dans la région de Nunavut, devant le modeste dispensaire d’Arviat, seul lieu où il est possible de subir des soins médicaux dans la région, Vasiliás patiente adossé contre le mur.
Il attend le bilan de santé prodigué à la dame qu’il a tenté de secourir face à des malfrats quelques minutes plus tôt.
Il passe sa main sur son crâne rasé et observe la fumée qui sort de sa bouche. Celle-ci est provoquée par la condensation de son souffle contre l’air froid.
Simplement habillé de sa veste de costume, il ne souffre pourtant pas de cette température bien basse, lui qui a pourtant passé une partie de son enfance sous les températures torrides du Sanctuaire.
Soudain, une voix familière lui fait cesser ses enfantillages.
Une femme d’à peine vingt-trois ans le salue.
Vasiliás réajuste sa veste et frotte son visage avec ses mains pour se donner davantage de vivacité. Il fait alors face à la jeune femme aux cheveux d’un gris aussi métallisé que ses grands yeux, marqués sous l’½il gauche d’un grain de beauté qui accentue les charmes de cette infirmière : « Ariel ! »
Elle s’avance contre lui et le baise à pleine bouche pendant qu’il l’enlace.
_ « Est-ce toi qui nous a amené cette femme ?
_ Oui, elle se faisait agresser par des voyous. Je suis intervenu mais elle était déjà dans un triste état.
_ Malheureusement, vu le peu de moyens à notre disposition, je crains que nous ne puissions pas faire grand-chose. Elle a les côtés brisés et les chocs qu’elle a subis à la tête lui ont causé une hémorragie cérébrale. Je suis désolée. »
Bien qu’il ne connaisse pas cette pauvre dame, Vasiliás est affecté par l’annonce de sa mort imminente.
La Canadienne amorce alors un autre sujet.
_ « Bian… Mon frère n’est pas avec toi ?
_ J’ai laissé à Bian le soin de venir me chercher ici avec ma voiture. J’ai utilisé ma force pour me déplacer plus vite, afin de secourir cette victime. »
Ariel lui donne un léger coup de poing, qui heurte la poitrine gonflée de muscle de Vasiliás, pour le taquiner : « Tu es donc d’abord passé voir mon petit frère plutôt que moi en rentrant de Miami… »
Le véhicule de Vasiliás rejoint justement le couple.
Bian salue sa s½ur qui retire sa blouse blanche. Elle arbore sa jolie robe marron qui lui laisse les épaules dégagées et cache avec élégance sa petite poitrine : « Bien ! Rentrons chez nous ! »
En route, Bian reproche à son ami sa cruauté vis-à-vis des bandits qu’il a massacrés.
_ « … Ils ont subi un châtiment à la hauteur de leur forfait.
_ Vasiliás… Tu es trop immodéré dans le jugement que tu adresses aux hommes ! N’oublie pas que tu es un homme, pas un dieu. Tu as tout fait à l’époque où tu vivais au Sanctuaire pour te rapprocher du poste le plus proche d’Athéna et ainsi imposer ta justice. Aujourd’hui tu as vu où cela t’a conduit !
_ Personne ne m’empêchera d’établir la paix que je destine à cette planète. Depuis que je me suis exilé ici et que je vous ai rencontré ta s½ur et toi, la criminalité a baissé, j’ai permis à la région de sortir de ses difficultés financières en lançant de nombreuses entreprises locales et ainsi relancer l’emploi par le biais de mes relations commerciales. Si Athéna m’en donnait les moyens je pourrais garantir à ce monde entier l’amour, la paix, le respect et la prospérité. »
Bien loin de ce débat, Dolly, la petite amie de Bian, se contente d’observer discrètement l’élégance que dégage Vasiliás.
Bian, lui, toujours aussi passionné par ce débat, soupire : « Aujourd’hui Athéna a fait de toi un rebelle qui est obligé de s’exiler pour éviter la mort. Je suis désolé, mais de tous les dieux que tu m’as présentés lorsque tu as choisi de m’aider à développer ma cosmo énergie, c’est Poséidon qui mérite d’être reconnu. La race humaine est pourrie, tu l’as bien vu tout à l’heure. Même dans une communauté où tu as agi en justicier pour éliminer la vermine il y a encore des dissidents. Les hommes sont foncièrement mauvais tout comme nos parents qui nous ont abandonné Ariel et moi. Seul un dieu capable de laver le monde et de recréer une humanité respectueuse envers ce que la nature et autrui peuvent lui offrir méritera mon respect. Et en ce sens je ne vois que Poséidon ! »
Ariel, déconnectée de tout ce qu’a pu enseigner Vasiliás à son frère depuis qu’ils se sont rencontrés il y a bientôt dix ans, s’inquiète grandement : « Vous voulez donc dire qu’il est probable qu’un jour vous soyez ennemis ?! »
A cela, ni Bian ni Vasiliás n’apportent de réponses, ils restent tous les deux les yeux rivés dans une direction opposée.
Vasiliás, nerveux, sort sa montre-gousset qu’il remonte frénétiquement.
Ariel, elle, reconnaît dans ce geste, la même détresse que celle qui le parcourait il y a huit ans…
Flashback
Mai 1977. Ariel revient de Miami après des mois de voyage.
Sur demande de ce dernier, elle a accepté d’aller se renseigner sur la famille de Vasiliás.
Enlevé par le Sanctuaire durant son enfance, désormais en exil après avoir déserté le domaine, Vasiliás ne pouvait prendre le risque de revenir lui-même sur ses terres d’origine.
En effet, le Sanctuaire dispose d’espions partout dans le monde contemporain et il ne pardonne pas aux déserteurs. Il était certainement attendu là-bas.
Hélas, les nouvelles furent bien mauvaises.
La mère de Vasiliás ne voulut pas se résoudre à ce qu’on ne retrouve pas son fils. Elle choisit de s’ôter la vie après qu’il disparut quelques années plus tôt…
Son père, responsable d’une grande entreprise de travaux publics, ne supporta pas la solitude et noya son chagrin dans l’ivresse.
Son absence de rigueur dans le monde professionnel entraîna sa société dans de nombreux tracas financiers, tandis qu’une affaire de violence dans un bistrot malfamé avait définitivement entaché sa réputation.
Il perdit la vie en prison lors d’une rixe peu de temps avant l’arrivée de la jeune Ariel en Floride.
Néanmoins, du haut de ses 15 ans, Ariel ne se découragea pas et poursuivit ses investigations.
Elle retrouva ainsi le grand-père de Vasiliás, seule famille qui lui restait.
Ce brave vieillard de soixante-dix-huit ans avait choisi de ne pas sombrer comme son fils. Il reprit les affaires, sorti l’entreprise familiale de la crise et pu même entrevoir des jours meilleurs d’un point de vue financier.
D’un point de vue sentimental, quelle ne fut pas sa joie en apprenant la survie de son petit-fils.
Il accepta de croire ce qu’Ariel lui rapporta au sujet des conditions de retour de Vasiliás du Sanctuaire au Canada et joua le jeu de la discrétion pour éviter à son petit-fils des ennuis.
Ainsi, le brave patriarche de la famille prépara tranquillement sa succession, en léguant à Vasiliás tout son amour à travers de nombreux courriers mais également une fortune et une entreprise à reprendre.
Avec une maturité exemplaire, Vasiliás su relever le challenge sans cependant oublier les souffrances traversées par sa famille après son rapt.
Avant cela, lorsqu’elle revint au Canada lui apprendre la perte tragique de ses parents, Ariel ramena à Vasiliás la montre-gousset que lui transmis son grand-père et dont il se souvenait. Gage de la véracité des intentions bienveillantes de celui-ci.
Flashback
Ariel revoit alors son bien-aimé puiser en cette objet la quiétude dont il ne sait pas faire preuve d’ordinaire…
Ces cicatrices sont, depuis, profondément enfuies en lui, et Ariel peut les lire à chaque instant où Vasiliás s’abandonne à ses pensées.
Pendant ce temps, en Grèce, à l’Ouest d’Athènes, sous l’Aréopage, la splendide slave et amie de Saori Kido, Ksénia, achève d’ouvrir les grandes portes couvertes de cornes de buffles qui servent d’entrée au domaine d’Arès.
L’accès donne immédiatement sur une estrade surélevée au milieu de la pièce.
Dessus, des tapis et d’épais oreillers dorés protègent les servantes qui s’entrelacent lascivement au milieu de pièces d’or, de jarres de vin et de plateau de fruits rapportés par des soldats depuis la surface.
Le centre du plateau est dominé par un trône en or sur lequel est posée une silhouette endormie.
Tout autour, comme les balcons d’un immense théâtre, des mezzanines forment une dizaine d’étages jusqu’au sommet du temple en forme de cône.
A l’intérieur des avancées, comme dans une fourmilière, se trouvent les appartements des soldats, leurs salles d’armes, les cuisines et les bains.
Contre les murs du cône, de haut en bas, derrière des vitraux rouges, scintillent des flammes qui se reflètent sur les pièces d’or et les étoffes couvrant le plateau et leur donnent une teinte sanguine.
Ksénia s’avance au milieu de la masse tandis que quelques soldats, parmi le peu qu’il reste de l’armée d’Arès, débouchent sur les balcons de tous les étages, intrigués par l’avancée soudaine de cette intruse enroulée dans son voile blanc.
Elle traverse la nappe de fumée qui se dégage des pipes des jeunes femmes dévêtues chargées d’opium.
Ksénia s’arrête devant Arès.
Le dieu, massif, est affalé, endormi, la tête d’une de ses servantes enivrées posée sur ses genoux.
Son visage est incliné vers le bas.
Son opulente chevelure écarlate dissimule son visage duquel un filet de bave s’écoule jusque sur sa cape blanche qui habille son torse nu.
Ses ronflements résonnent dans la pièce et créent l’hilarité au sein de sa propre armée qui s’ennuie aux étages.
L’espace d’une seconde, Ksénia accroît sa cosmo énergie pour sortir de sa léthargie le dieu blasé.
Un violent courant d’air le saisit aussitôt.
Par réflexe, il gifle la muse éméchée soutenue par ses genoux et se met en garde en tournant la tête dans tous les sens, cherchant de façon crédule l’inconnue responsable de cette mascarade.
Son sujet décède sur le coup sans que cela n’émeut ses semblables, toutes vaseuses comme leur maître, sous l’effet de drogues et alcool.
Ksénia, elle, n’a pas bougé de devant lui.
Arès ne la reconnaît que lorsqu’elle retire sa capuche : « Hum… Toi, l’Ange de l’Olympe réputé pour son charme, toi la beauté des beautés… Qu’es-tu venu faire en ce monde ? Pourquoi t’être réincarné ? Mais surtout, qu’es-tu venue faire chez moi ? »
Ksénia, dont la véritable identité est à présent dévoilée, observe la malheureuse servante dont tous les os ont été brisés sur le coup. D’un signe négatif de la tête, elle déclare : « Mon pauvre Arès, tu es tombé bien bas cette fois-ci. »
Le dieu belliqueux reconnaît son échec en ramassant une amphore.
Il remplit un verre qu’il tend à Ksénia et trinque avec elle à même la jarre dont il se repait : « Tu n’as pas idée… »
Ksénia pose avec délicatesse le verre contre ses lèvres charnues qu’elle mouille à peine tandis que lui vide le récipient à grandes gorgées
_ « Nous sommes loin du Arès qui envoya il y a des milliers d’années ses quatre armées contre Athéna. De l’Arès qui fut si proche de la victoire que le chevalier d’or de la Balance de l’époque fut autorisé par Athéna à utiliser les armes. »
Totalement désabusé, Arès libère un gros rot chargé de l’alcool qu’il vide tous les jours en guise de réponse.
L’Ange tourne son visage pour ne pas sentir l’haleine enivrée de l’homme dont les grands yeux aussi rouges que ses cheveux semblent implorer la pitié.
_ « Eris s’était jointe à toi et avec tes Ombres, tes propres enfants, vous poussâtes Athéna dans ses derniers retranchements. Cette Guerre Sainte fût si violente, que vos corps à Eris et toi-même firent détruits. Permettant ainsi d’emprisonner Eris dans la Pomme d’Or et te condamnant, toi, au cycle de la réincarnation…
_ Comme Athéna, peste-t-il… Sauf que moi je ne l’ai pas choisi…
_ La dernière en date, un garçon nommé Mars, né de parents humains, jeune Grec brutal. Tu compris dès ton enfance que tu étais doté de pouvoirs dépassant l’entendement humain, un cosmos divin. Très vite, tu défias l’autorité parentale et massacras à l’âge de treize ans ta famille, avant de fuir Athènes. Alors que tu te cachais après ton acte de barbarie, tu pris le chemin de l’Aréopage, où tu te sentis subitement guidé. Explorant les vestiges de ce lieu dont la mythologie rapporte qu’ici fut acquitté Arès qui avait vengé le viol de sa fille Alcippé, tu gravis ce qui aujourd’hui est un énorme monolithe gris bleu, veiné de rouge. A cette hauteur, tu cherchas désespérément un lieu où tu pourrais te cacher. Alors, soudain, tu fus attiré comme un aimant vers le bas de la colline. A toute allure tu arrivas sur le flanc droit de celle-ci. Il ne ressemblait à rien d’autre qu’au bloc de pierre que tout le monde pouvait voir. Pourtant, tu étais toujours appelé par cette énergie cosmique qui te poussa à traverser ce rocher. Tu te laissas aspirer à l’intérieur de celui-ci et te retrouvas dans les souterrains de l’Aréopage. Seuls les êtres maîtrisant le cosmos peuvent traverser ce pont cosmique et investir ce lieu où tu t’éveillas à ta conscience divine. Le Mars que tu étais réalisa qu’il était la réincarnation d’Arès. Dès lors, tu concentras ton esprit à la recherche des pires criminels qui peuplent la Terre et qui ont des qualités leurs permettant d’entrevoir la cosmo énergie. Tu formas toi-même six Berserkers qui enseignèrent à leur tour aux soldats l’art du combat. Te découvrant une qualité qui te manqua dans le passé, tu étudias patiemment le moment opportun pour prendre ta revanche sur l’histoire. Tu profitas de la mobilisation des Saints d’or contre Cronos en 1979 pour frapper le Sanctuaire. Hélas, ton échec n’en fut que plus cuisant. Alors qu’autrefois, il fallait à Athéna réunir ses douze chevaliers d’or pour te contrer, ici la quasi-totalité de l’armée arèsienne fut décimée par des chevaliers d’argent et de bronze… »
Arès ironise avec cynisme : « Merci d’être venue me remonter le moral. »
La biographie de Mars se transforme en leçon que l’Ange ne se prive pas d’administrer : « Sur neufs Nightmares, armures sacrées des protecteurs d’Arès, seules six ont été offertes. Six Berserkers furent envoyés au Sanctuaire sans même que le plus puissant d’eux, le Berserker de la Royauté ne soit nommé. Arès, tes soldats sont partis à la guerre sans même que tu ais nommé un général pour ton armée ! Evhémère Berserker de la Matière a même été achevé par des soldats athéniens ! »
Piqué au vif, le Dieu de la Guerre, de la Brutalité, du Carnage et de la Destruction passe sa cape derrière son dos pour arborer son torse athlétique aux abdominaux parfaitement dessinés. Il serre son poing qu’il tend en direction de la jeune femme à l’accent slave : « Est-ce pour venir m’enfoncer davantage que tu te présentes devant moi Olympienne ?! »
Elle calme le jeu en imposant un court silence durant lequel elle avale une gorgée de vin.
La voix grondante d’Arès fait cesser les moqueries de ses hommes qui repartent tous vaquer à leurs occupations.
Les servantes, elles, ont simplement été forcées d’émerger et remédient à cela en se délectant à nouveau de boisson tout en appréciant la sensualité des caresses qu’elles s’offrent.
_ « Si je suis ici aujourd’hui Arès, c’est parce que mon maître me l’a demandé.
_ Ton maître… Un dieu d’Olympien qui te mandate ?
_ L’identité de mon maître importe peu. Ce qui est urgent aujourd’hui c’est l’agacement des Olympiens envers les hommes. Les humains ne les respectent plus, pas plus qu’ils ne se respectent entre eux-mêmes. Le sort de la Terre se jouera à cette époque, certains dieux subiront des défaites cuisantes. C’est dur à croire lorsqu’on sait qu’aujourd’hui Athéna est une petite fille capricieuse qui se complait dans la richesse.
_ Dans la richesse ! Je croyais qu’Athéna était dans son Sanctuaire ? Où se trouve-t-elle ?
_ Penses-tu vraiment que je vais te le dire ? Le meurtre d’Athéna n’est pas d’actualité, ça ne fait pas parti des plans de mon maître. Elle doit d’abord accomplir quelques missions sur cette planète et commettre les fautes qui lui causeront définitivement du tort auprès des autres dieux de l’Olympe.
_ Et pour cela, ton maître a besoin de moi n’est-ce pas ?
_ Plus ou moins. Mon maître m’a fait réincarner en tant qu’humaine comme c’est le cas pour Athéna et toi. De source sûre je sais que ton ami Hadès est revenu en ce monde également, tout comme Poséidon.
_ Je vois. Comme tu l’as dit, le destin de la Terre prendra une tournure définitive en notre époque. Et avec autant de dieux désireux de prendre son pouvoir pour y effacer les erreurs d’Athéna, il n’y a pas de doutes, le sort du monde se joue en cette génération. Mais que dois-je faire ? Pourquoi aiderais-je les Olympiens alors que ceux-ci n’ont jamais eu d’égard à mon propos ?
_ Les Olympiens te haïssent, il est vrai. Ils n’ont d’ailleurs aucune considération au regard de tes exploits quasi-inexistants. Mais ils ont davantage de dédain envers Athéna et les hommes. Les aider permettrait à mon maître de faire reconnaître ta valeur. Après tout, si Athéna est destituée, son siège qui trône vide depuis trop longtemps en Olympe pourrait revenir à quelqu’un qui aurait gagné la gouvernance de la Terre et l’estime de ses semblables. »
Arès repose une nouvelle jarre qu’il comptait vider et s’assied de façon impériale sur son siège en or inondé par la lueur sanguine des flammes.
_ « Tu commences à me plaire. Continue.
_ Ce que nous souhaitons pour le moment c’est simplement voir Arès redevenir le dieu menaçant qu’il était. Et cela passe par une armée digne de ce nom.
_ Tu l’as dit toi-même Ange, je suis loin d’avoir assez de recrue pour former les quatre armées d’antan. Une seule a déjà été dure à réunir et aujourd’hui il ne m’en reste que quelques incapables. Six Nightmares ont été réduites en poussière.
_ Il reste la Nightmare de la Royauté, celle qui revient à ton général. Il te suffit de trouver l’homme suffisamment ambitieux et puissant pour te construire une armée digne de ce nom.
_ Pff… Les mortels ambitieux et puissants sont déjà tous enrôlés par Athéna. Les ambitieux, sanguinaires et haineux, comme je les aime, eux, sont déjà tués ou emprisonnés par Athéna.
_ La guerre et la destruction ne t’ont jamais conduit à rien. Pourquoi ne pas privilégier un homme qui lui croit en l’avenir ?
_ Cela irait à l’encontre même de mes principes.
_ Pas nécessairement. Il existe un homme qui croit en la possibilité d’un monde meilleur, un monde pour lequel il donnera sa vie sous l’égide du dieu qui l’aidera à réaliser ce rêve. Il sait que des sacrifices devront se faire, que de nombreuses guerres seront instaurées pour que son triomphe soit prononcé. Mais au final, il promet aux hommes une politique dictatoriale. Des lois qui leur permettront, s’ils les suivent, de vivre dans l’amour, la paix et la prospérité. Ce projet il est prêt à l’offrir au dieu qui croira en lui.
_ Un monde où les hommes seraient tous soumis à la même loi, la mienne, après que mon armée ait livré toutes les batailles nécessaires pour y parvenir. Un monde où la violence envers les renégats permettra de maintenir l’ordre. Une planète où la destruction est indispensable à l’établissement de mon pouvoir… Hum… Cela va bien au-delà de mes espérances. Mais un tel homme existe-t-il vraiment ? »
Ksénia sourit et tend ses paumes ouvertes vers le sommet du temple en disant simplement : « Regarde… »
Le cosmos qui tourbillonne dans les mains de la jeune femme crée un nuage cosmique dans laquelle s’anime quelques évènements. Des évènements du passé…
Flashback
Octobre 1976. L’automne se faisait maintenant sentir sur le Sanctuaire d’Athéna.
Bien que l’atmosphère fût agréable, la pluie était battante ce jour-là.
Le jour de vérité était venu.
Dans le grand Colisée d’Honkios, là où Seiya remportera quelques années plus tard la Cloth de Pégase, quelques gardes curieux et divers chevaliers de bronze et d’argent vinrent observer la consécration d’un des deux hommes que le peuple aimait détester.
Il s’agissait d’Aiolia, frère du traître, et de Vasiliás, le prodige à la justice impitoyable.
Jaloux de Vasiliás et furieux envers Aiolia, les Athéniens se tenaient droit debout, laissant les épaisses gouttes d’eau s’écraser sur leurs casques.
Au sommet des gradins, quelques esclaves venaient tenir les quatre pieds d’une tonnelle rouge pour le Grand Pope qui se faisait attendre, tandis que deux autres serviteurs déposaient sous l’abri une urne dorée sur laquelle étaient gravés les symboles zodiacaux du Lion.
Plus haut, à hauteur du passage secret reliant les douze maisons, Saga, l’usurpateur au trône du Grand Pope, descendait une à une les marches usagées tandis qu’il rapportait une fois de plus à un invité l’importance de sa mission sur l’île de la Mort.
Le représentant d’Athéna était escorté de chaque côté par deux grands gardes qui lui couvraient la tête grâce à un linge blanc tendu à l’arrière par deux autres soldats qui le suivaient pas à pas.
Le convive du Pope, lui, laissait le déluge lui rouler sur son torse nu.
La peau brunie par le soleil de plomb qui fouette toute la journée l’île dont il est originaire, et chargée de cicatrices, la pluie semblait le soulager.
Son pantalon verdâtre délavé et ses bandelettes de papiers de même couleur enserrant ses poignets étaient gorgés d’eau. Ses spartiates mauves enlaçaient ses mollets tout aussi bardés de muscles que le reste de son corps.
De sa tête n’apparaissaient que ses longs cheveux blancs grisonnants puisque son visage était dissimulé sous un masque de démon orangé aux dents longues qui inspirait une profonde inquiétude auprès des quatre soldats accompagnant le haut magistrat.
Saga, en tenue du Pope Shion, insista : « La légende veut que depuis la découverte de Death Queen Island, sous l’ordre d’Athéna, un chevalier à la puissance incommensurable y soit envoyé pour veiller à ce que les Ankoku Saints y restent prisonniers. Sur l’île de façon permanente, le chevalier et ses héritiers, dont tu fais partie, ont juré de donner jusqu’à leur propre vie pour garder les renégats et veiller sur la seule armure d’Athéna présente là-bas, celle du Phénix. »
D’une voix froide et troublante, le mercenaire prénommé Guilty affirma : « Tout à fait. L’armure du Phénix n’a jamais été remportée et quel que soit le professeur, que ce soit moi ou mes prédécesseurs, jamais il n’a trouvé ce chevalier qui deviendrait ainsi digne d’être le maître de l’île de la Mort. »
Le Grand Pope se tut un instant, le temps de passer le flanc droit de la maison de la Vierge où Shaka venait de prendre ses quartiers, à peine nommé Saint d’or.
Il reprit ensuite : « Je sais lire les présages laissés par les étoiles et les constellations. Ils m’ont appris il y a peu que notre génération sera celle où le Phénix viendra à Athéna. Celui qui portera cette armure sera un des plus grands Saints de tous les temps. Il est impératif que tu fasses de lui un parfait chevalier au service du Sanctuaire, fidèle au Grand Pope que je suis. »
Malgré les nombreux combats et les conditions de vie dans lesquels il a grandi, le rustre Guilty n’en restait pas moins un mercenaire du Sanctuaire intègre, aimé de tous dans le petit village de Death Queen Island où il élevait seul sa petite fille Esméralda encore enfant. Sa droiture lui imposait de rajouter au discours de Saga : « Fidèle au Grand Pope… et à Athéna ! »
Le Saint des Gémeaux, gêné par la réaction du redoutable gardien de l’île la plus meurtrière au monde, garda son sang-froid : « Cela va de soi… »
Ils continuèrent à descendre les marches mais en pressant le pas cette fois-ci : « Il me tarde Guilty de te faire assister au sacre d’un chevalier d’or afin que ta visite au Sanctuaire soit des plus inoubliables… »
Plus bas, Aiolia et Vasiliás avaient pénétré dans l’enceinte et se tenaient chacun à un coin de la surface de combat aux dalles fissurées, couvertes de sable humide.
Vasiliás évitait de croiser le regard de son professeur assis dans les gradins, de peur certainement qu’il ressente la même appréhension que Klok éprouvait pour lui en cet instant.
Enfin, au sommet des marches, arrivèrent le Grand Pope, ses quatre gardes qui aidèrent aussitôt les autres à maintenir la tonnelle fort secouée par le vent après que leur maître soit abrité, et Guilty qui préférait profiter de l’onde bienfaitrice de cette averse.
Bien qu’il briguait sa place à horizon de quelques dizaines d’années, Vasiliás s’agenouilla aussitôt devant Sa majesté le Grand Pope tout comme l’ensemble des spectateurs.
Seul Aiolia, dans un esprit de rébellion, resta de façon irrévérencieuse sur ses jambes et inclina légèrement la tête.
Le silence était si pesant que les personnes présentes pouvaient entendre les bourrasques faire rouler les cailloux résultants des morceaux de marches délabrées du Colisée.
Le souverain du domaine rompit cette quiétude en levant les bras en l’air : « Le Sanctuaire s’apprête à accueillir un nouveau Saint d’or. Depuis des années, vous avez combattu et triomphé de vos rivaux venus de toute la surface du globe pour appartenir à l’ordre des plus puissants défenseurs d’Athéna. Le gagnant d’aujourd’hui se verra récompenser par moi-même au nom de la grande Athéna. »
Après cela, le souverain laissa retomber ses bras le long de son corps, synonyme de son de cloche pour ouvrir des hostilités.
Avant d’engager le combat, Vasiliás se courba en direction de son professeur, comme s’il lui devait sa présence sur l’aire de combat à ce stade d’apprentissage.
Aiolia, lui, faisait le tour de lui-même espérant trouver un peu de soutien comme cela a toujours était le cas lors du sacre des autres Saints d’or.
Mais c’était un jour particulier, seuls de rares adorateurs de Vasiliás faisaient office de supporters, le reste du public, d’ordinaire plus nombreux lorsqu’il s’agit de mise à mort de simples criminels, rêvait plus que tout voir les deux hommes s’entretuer.
Un unique visage amical marqué d’une grande cicatrice souriait au lionceau, celui de Galan, ancien prétendant à l’armure d’or du Lion et seul homme à n’avoir jamais abandonné le frère de son ami Aiolos. En reconnaissant la sympathie qui se dégageait de son visage, Aiolia reprit foi en ses chances et se tourna enfin vis-à-vis de son rival qui l’attendait en position de combat sans avoir profité de son inattention.
Les intentions étaient claires, ça allait être un combat digne de ce nom, sans coups bas.
Les deux enfants firent monter instantanément leur cosmos à leur paroxysme.
Derrière Aiolia se dessina un lion rugissant.
L’effluve cosmique de Vasiliás fit apparaître dans son dos un lion aux ailes d’anges, aux cornes d’ivoire plantées aux coudes et aux genoux, les crocs acérés, le visage marqué d’une cicatrice, semblable au lion qu’arborait la jeune Ksénia sur son étendard le jour de leur rencontre et qu’il a fait tatouer sur sa hanche depuis.
De légers éclats lumineux vinrent illuminer le Colisée.
Trois hommes vêtus d’armures dorées profitèrent de leur permission pour venir assister au sacre d’un des deux hommes.
Shura se tenait en retrait, non loin du Grand Pope.
Deathmask était les bras croisés à côté de Guilty qu’il défia un instant du regard.
Aphrodite, lui, avait ses deux mains posées sur l’épaule d’or du Cancer et, en se tenant derrière celui-ci, avait ajusté son menton dessus.
Un instant ébloui par les Cloths des trois Saints d’or, les deux rivaux choisirent de passer à l’action.
Ils foncèrent l’un contre l’autre en effectuant un magistral coup de pied retourné.
Vasiliás, trop lent sur ce coup, fut heurté le premier en plein visage. Il retomba sur les genoux, la joue égratignée. Aiolia ne lui laissa aucun répit et le frappa de son poing chargé de cosmos alors que Vasiliás relevait la tête dans sa direction : « Lightning Bolt ! »
Semblable à une boule de feu, l’Eclair Foudroyant écorcha d’abord le visage de Vasiliás avant de plaquer tout son corps contre les dalles du colisée.
La vitesse et la puissance d’impact firent rebondir le corps de l’Américain qui partit en l’air dans un flot de sang.
Aiolia sauta le rejoindre, genou droit en avant, frappant son adversaire en pleine colonne vertébrale.
Dépassé par les évènements, Vasiliás commença à perdre connaissance.
Son esprit le tourmenta alors : « Pourquoi… Pourquoi j’échoue si près du but ? J’ai toujours eu tant de facilités à vaincre mes adversaires… Je n’ai jamais eu autant de mal face à un homme. Sa vitesse, sa force de frappe… et son regard si dur... Il ne veut pas perdre. Il ne peut pas perdre. On dirait que mes facultés innées sont inutiles contre sa détermination… »
Ses yeux, à peine ouverts, cherchaient ceux complices de son professeur. C’est lorsqu’il put se plonger dans le regard de son mentor qu’il comprit…
Le cadet d’Aiolos profita que son ennemi soit sans défense pour tenter de l’achever.
Pendant ce temps, Vasiliás murmura : « Maître… Vos propos… Vous me disiez autrefois que… Un homme peut avoir une force hors du commun, si aucun but ne le motive, il n’est rien. Je ne dois pas oublier mon rêve. Je dois devenir le roi de cette planète… »
Son corps se raidit dans les airs, prêt à riposter à l’arcane d’Aiolia situé juste au-dessus de lui.
_ « Lightning Bolt !
_ Devil Proposal ! »
La technique d’Aiolia renvoya Vasiliás s’écraser au sol après avoir englobé tout son corps de l’aura destructrice de l’Eclair Foudroyant.
Néanmoins, seuls les Saints d’or présents dans les tribunes avaient pu voir ce filet de lumière, sortir du poing de Vasiliás et traverser la boule de feu d’Aiolia, pour ensuite lui transpercer le crâne.
Aiolia regagna le sol en se tenant la tête.
Son apparence physique, par rapport à celle de Vasiliás, pouvait être synonyme d’avantage mais il n’en était rien.
En effet, Vasiliás se remettait debout, non sans mal, mais affichait un sourire en coin qui annonçait les pires tourments pour Aiolia.
Celui-ci suait à grosses gouttes, son corps tremblait et son esprit était ailleurs.
_ « Ce garçon a réagi à la vitesse de la lumière avec tant de simplicité, fut stupéfait Aphrodite.
_ On aurait cru que cela était aussi naturel pour lui que de respirer, comme pour nous, ajouta Deathmask.
_ Il a utilisé la technique du démon, les rejoignit Shura Il a pris le contrôle de l’esprit de son adversaire. Seuls des êtres d’exception peuvent s’approprier ce genre de techniques. L’homme le plus à même d’agit ainsi n’est autre que le Grand Pope. »
Au centre de l’arène, Aiolia se roulait au sol en hurlant de rage.
Ses yeux étaient révulsés.
Il bavait sans s’en rendre compte.
S’arrachait les cheveux par poignées.
Se lacérait même le visage comme pour s’extirper de sa détresse mentale.
Vasiliás fit cesser le suspens en expliquant son geste : « Arrête de te débattre. Mon coup est venu susurrer à ton cerveau la Proposition du Diable. Tu découvres ainsi ce qu’est le royaume d’Hadès et ce qui t’y attend. »
Cependant, Aiolia luttait de toutes ses forces.
Si bien qu’il cessa de se mutiler lui-même et concentra sa douleur en frappant avec rage des poings contre le sol.
Les dalles du Colisée se soulevèrent un instant et un courant électrique vint chatouiller Vasiliás : « Mais… Qu’est-ce que… Il se sert de sa douleur pour accroître sa rage de vaincre ! »
Hélas, il fut trop tard pour Vasiliás, Aiolia utilisa la pluie qui inondait son adversaire pour décupler sa plus puissante technique : « Lightning Plasma ! »
Vasiliás se préparait à contrer l’Eclair Foudroyant mais fut surpris face à ce nouveau coup, le Plasma Foudroyant.
Il fut balayé par des faisceaux lumineux le frappant à la vitesse de la lumière, brûlant sa peau lors du contact de la pluie sur son corps.
Il retomba le visage au sol. Les vêtements arrachés. Couvert de plaies. Son sang se mêla aux marres d’eau qui noyaient la surface de combat.
Alors que le public commençait à huer la victoire d’Aiolia, Aphrodite déclara : « Aiolia a perdu. »
Deathmask ajouta : « Il a dévoilé à son adversaire sa seconde technique et y a mis tout ce qu’il lui restait pour contrer le Devil Proposal et le frapper de plein fouet. »
Shura conclut : « Vasiliás va avoir tout le loisir de dévoiler à son tour une seconde botte secrète face à un Aiolia plus mort que vif. »
Effectivement, Vasiliás se releva sous le regard ébahi du public qui ne l’appréciait guère plus qu’Aiolia.
Qu’importe, le spectacle était à la hauteur de son attente.
L’aura dorée de Vasiliás devint de plus en plus vivace tandis qu’Aiolia tenait difficilement sur ses deux jambes.
Des deux lionceaux, un seul allait remporter le titre et le sort en était déjà jeté.
Au-dessus d’Aiolia, l’eau ne tombait plus, seules des plumes d’ange venaient au contact de son corps épuisé. Les plumes flottaient sur l’eau qui couvrait le sol tandis que le vent ne soufflait plus sur le public. Celui-ci tournoyait uniquement à l’intérieur de la surface de combat sous l’impulsion de l’élève de Klok transcendé par les effets de son cosmos : « Byakûjin ! »
Soudain, les plumes au sol se levèrent telles des aiguilles acérées, tandis que celles venant du ciel tombèrent lourdement mais avec autant d’effet. Elles formèrent un nuage autour d’Aiolia qui l’écorcha à mort.
Les Plumes Célestes cessèrent leurs dégâts lorsque Aiolia s’effondra au sol, sans vie.
Dans l’assistance, le silence fut d’or.
Tout le monde était subjugué par la facilité avec laquelle Vasiliás était parvenu à retourner la situation.
Le vainqueur fit aussitôt face à son adversaire et le salua pour lui rendre honneur.
Il s’inclina ensuite en direction de son maître pour les hommages qu’il lui devait puis il se courba enfin en face du Pope au-dessus duquel la tonnelle continuait à être agitée.
L’orage était devenu maintenant une tempête, néanmoins personne ne quittait les tribunes. L’heure du sacre était venue. Et voir l’adoubement d’un chevalier d’or était un des actes les plus rares mais aussi un des plus beaux à observer au Sanctuaire.
Sous son masque, Saga grimaçait à l’idée de nommer cet Américain trop ambitieux à son goût.
Il se leva pourtant au bout de longues minutes qui semblèrent être pour Vasiliás une éternité : « Jeune homme, Athéna t’a admis aujourd’hui parmi ses chevaliers. L’armure que tu reçois est l’héritage des plus grands, c’est le gage de cette reconnaissance. Depuis sa création, l’ordre des Saints d’or a protégé Athéna et défendu la justice. Cette armure, l’une des douze plus puissantes au monde ne peut être portée que pour cette cause. Tu es aujourd’hui… "
Vasiliás commençait à se relever en voyant l’urne de l’armure d’or s’ouvrir d’elle-même tandis que Saga achevait avec dépit sa déclaration : « … Saint d’or du Lion ! »
L’armure d’or du Lion apparut aux yeux de tous, éblouissant l’ensemble des spectateurs habitué en ce jour à l’obscurité d’une météo capricieuse.
Vasiliás se cacha également les yeux et, lorsqu’il les rouvrit, s’empressa de tâter son corps pour s’assurer qu’il était désormais protégé par la Cloth.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il crut l’armure disparue.
Elle ne se trouvait ni sur sa Pandora Box ni sur lui.
C’est lorsqu’il aperçut de la lumière dans son dos et qu’il constata la stupéfaction de l’assemblée qu’il se retourna, le visage décomposé.
Son rival se relevait avec difficulté, couvert de l’armure d’or du Lion.
Abasourdi, Saga fit à voix basse la simple remarque : « L’armure… L’armure a choisi son porteur… Elle estime Aiolia plus digne de la porter que Vasiliás ! »
A côté de lui, les trois chevaliers d’or n’en revinrent pas.
_ « Voilà bien la première fois qu’une Cloth agit de la sorte, fut étonné Aphrodite.
_ Au vu du combat, Vasiliás s’est nettement mieux distingué, déplora Deathmask.
_ La Cloth a jugé avant tout l’état d’esprit des deux prétendants, comprit Shura. »
Au centre de l’arène, Vasiliás tremblait.
Son teint était devenu livide.
Ses yeux gonflés par les larmes.
_ « Pourquoi ?! Pourquoi l’armure te juge-t-elle meilleur propriétaire que moi ?! Quelle cause peux-tu bien défendre et quelle cause peut-être plus juste que la mienne ? »
Aiolia demeura interdit l’espace d’un instant.
Puis, lorsque le moment fut venu de répondre à Vasiliás, la raison lui parut évidente : « Mon frère était le plus grand chevalier d’or de l’armée d’Athéna de notre génération. Je ne t’apprends rien sur les circonstances qui ont fait de lui un traître. Aujourd’hui, je rêve de pouvoir laver l’affront de ma famille en devenant encore plus brillant que ne l’était Aiolos, pour défendre la justice, les faibles et les innocents au nom d’Athéna ! »
Son timbre de voix était monté crescendo, son poing s’était dressé, rempli de conviction.
Le regard du perdant prit la direction de son maître pour reconnaître dans le sien un profond abattement.
Klok était déçu pour son élève, mais le regard plein de tristesse exprimait aussi un constat, après les différentes mises en garde du maître à l’élève quant à ses ambitions trop extrémistes.
Aiolia ôta son diadème et salua son adversaire pour prendre congé de lui, maintenant que la sentence était donnée.
La foule quitta peu à peu le Colisée, laissant seul Vasiliás dont le désespoir se consumait en rage.
Son cosmos s’élança alors subitement dans les airs et défia tous les hommes encore présents, y compris le Pope, Guilty, son maître et les quatre chevaliers d’or.
Il pointa du doigt Aiolia et releva la tête, le visage déformé par la folie : « Notre combat n’est pas terminé. »
Téméraire, Aiolia comprit aussitôt que son adversaire n’abandonnerait pas.
Il réajusta son diadème et se tint en position d’attaque.
Les gardes qui maintenaient la tonnelle du Grand Pope furent soufflés par le vent provoqué par le cosmos de Vasiliás et retombèrent plus loin en dehors du Colisée.
Guilty avait beau lutter, il reculait petit à petit.
Hormis les chevaliers présents dans l’enceinte, tous les soldats et habitants avaient préféré fuir.
Derrière son masque, le fourbe Saga n’en espérait pas tant, par son geste, Vasiliás venait de lui offrir l’occasion de se débarrasser de ce prétendant au trône.
_ « Saint d’or du Capricorne, appela Saga !
_Oui Votre Grandeur, s’agenouilla aussitôt Shura.
_ Quelle que soit l’issue de cet échange, je t’ordonne d’éliminer Vasiliás. Par sa révolte à l’encontre de la décision d’Athéna de nommer Aiolia chevalier, il vient de montrer son incapacité à se soumettre aux ordres de notre déesse et de son représentant. Il représente un danger bien trop grand. »
Sans broncher, Shura acquiesça.
Plus bas, Klok choisit de rejoindre Vasiliás tandis que derrière lui l’effluve du cosmos de son élève dessinait un lion aux ailes d’ange et aux cornes d’ivoire.
_ « Arrête immédiatement mon cher élève, sinon il sera trop tard pour toi !
_ Il s’agit d’une erreur. Je m’en vais la réparer, répondit Vasiliás méconnaissable !
_ Ne sois pas stupide je t’en prie ! Athéna a pris sa décision ! Un autre destin t’attend j’en suis sûr !
_ Athéna est dans le faux ! Elle l’est depuis trop longtemps déjà ! J’étais la solution à tous les maux de ce monde et elle a préféré me rejeter !
_ Quoi que tu fasses, l’armure a fait son choix, elle ne viendra plus à toi ! »
Klok ne put plus tenir, la cosmo énergie de Vasiliás devint trop grande. A cet instant, seul l’ultime cosmos guidait ses pas.
Aiolia déploya lui aussi toutes ses capacités retrouver grâce à l’armure qui l’avait revigoré.
Il serra bien fort son poing droit et tendit son bras en direction de Vasiliás : « Lightning Plasma ! »
Vasiliás bavait d’impatience : « Je me fiche de l’armure ! Elle n’est qu’un symbole ! La vraie force n’est pas dans le palpable, l’armure, mais dans l’impalpable, la force de mes ambitions ! Heart Break Canon ! »
Le lion de Vasiliás battit des ailes et traversa l’ensemble des rayons du Plasma Foudroyant en les évitant tous.
La gueule grande ouverte, les crocs acérés, arborant sa majestueuse crinière, fixant le lion d’Aiolia de ses grands yeux marqués par une cicatrice à l’½il gauche, il traversa le lion du chevalier d’or, debout sur ses pattes arrières, encore en plein élan.
Le poing droit encore tendu d’Aiolia retomba le long de son corps.
De sa bouche s’évacua, mêlés à ses crachats, glaires et sang.
Un bruit de métal brisé résonna à mesure que sa Cloth se fissura à hauteur de sa poitrine, là où le poing de Vasiliás était encore logé.
Le chevalier novice s’échoua inconscient sous une pluie torrentielle tandis que l’Américain se réceptionnait sur ses deux jambes.
Immédiatement, autour de lui, gardes et chevaliers présents l’encerclèrent.
Son visage s’était radouci, il passa d’un air innocent ses mains dans ses longs cheveux ondulés, pendant qu’il cherchait de nouveau celui qui lui enseigna les bases de la chevalerie.
Lorsque Vasiliás plongea une dernière fois son regard dans celui de Klok, des larmes vinrent le prendre : « Merci pour tout maître. Je suis désolé. »
Il eut à peine fini qu’un faisceau de lumière jaillit de son corps et provoqua une épaisse fumée sur laquelle il compta pour disparaître.
Quelques gardes se jetèrent à l’intérieur du nuage de poussière d’où retentirent quelques cris de douleur puis…
Plus rien…
Shura se redressa et informa le Pope : « Il a profité de la vitesse de la lumière pour quitter le Colisée. Je suis sa trace. »
Saga hocha simplement de la tête pour lui donner son approbation et pointa du doigt Klok : « Klok Saint de bronze de l’Horloge, professeur de Vasiliás, je t’ordonne de lancer l’alerte dans tous les villages. Vasiliás est un renégat et va certainement vouloir fuir le domaine. Tout homme l’apercevant a ordre d’abattre ce déserteur. »
En moins d’une minute, le Colisée se vida.
N’ayant pas même un regard pour Aiolia qui fit une bien piètre performance pour sa première en Cloth d’or.
Seul Galan était resté pour porter Aiolia sur son dos.
Le serviteur fut alors interpellé par Guilty : « L’homme que tu portes a peut-être perdu aujourd’hui, mais j’ai senti en lui un très grand potentiel. Il a une marge de progression encore très importante. Ne lui fais surtout pas perdre le droit chemin. »
Puis, laissant Galan penaud, le gardien de l’île de la Mort parti en direction du temple du Pope.
Ce message retentit dans l’esprit de Galan comme si l’avertissement de Guilty laissait présager des doutes quant à l’avenir politique du Sanctuaire.
Quelques heures plus tard, dans la demeure du pontife, le propriétaire des lieux se tenait dans la pièce principale, empoignant fort les accoudoirs de son trône, tandis qu’un garde venait lui murmurer quelques mots à l’oreille, accroissant ainsi sa colère déjà explosive.
Une fois son rapport achevé, le garde le laissa seul avec Guilty incliné devant lui.
La journée fut riche en évènement et cette visite de courtoisie touchait à sa fin : « Majesté, ce fut un immense plaisir et un honneur infini d’avoir pu passer cette journée à vos côtés. Néanmoins, une galère est affrétée au Port du Destin en Crète. Elle doit me reconduire sur l’île de la Mort. Si je ne veux pas manquer le ferry qui lie Athènes à Iraklion, je dois me hâter de vous quitter. »
En nage sous sa soutane, Saga sentait ses nerfs à vif, ses cheveux bleus commençaient à grisonner : « Guilty, avant ton départ j’aimerai te confier une mission. »
Guilty, ne remarqua pas l’attitude de son supérieur.
_ « A votre service mon Seigneur.
_ Vasiliás, le vaincu de cet après-midi, représente une menace pour le Sanctuaire. A en croire le rapport qui vient de m’être fait, il serait parvenu à tromper la vigilance de nos hommes et à quitter le Sanctuaire. J’aimerai que tu l’élimines.
_ Excellence, même avec les meilleurs moyens du monde j’en serai incapable. Cet enfant a le niveau d’un Saint d’or. Aujourd’hui le sacre aurait pu être sien si l’armure n’avait pas fait son choix.
_ Justement, Athéna en a jugé autrement en favorisant Aiolia. Elle m’avait déjà fait part de ses craintes face aux ambitions de Vasiliás.
_ Avec tout le respect que je vous dois Eminence, on n’a jamais vu un prétendant à une armure être mis à mort pour de telles raisons. De plus ce n’est encore qu’un enfant ! »
La voix du représentant de la Déesse de la Sagesse se fit de plus en plus impériale : « Tu contrôles les moindres faits et gestes des chevaliers noirs de l’île de la Mort. Certains sont d’anciens élèves du Sanctuaire ayant échoués aux épreuves d’accession à l’armure sacrée. Ils ont toutefois un potentiel proche de celui des meilleurs de nos Saints. Je veux que tu composes une équipe capable d’éliminer ce garçon. »
Guilty commença à s’emporter : « Faire appel aux chevaliers noirs ! Mais c’est contraire aux v½ux d’Athéna ! Et comment ferais-je confiance à des Ankoku Saints que je combats depuis ma nomination à la sécurité de Death Queen Island ? »
La chevelure bleutée du chevalier d’or était maintenant blanche : « Comment peux-tu prétendre connaître la volonté d’Athéna ? Je suis le seul à être dans la confidence de notre déesse ! Tu n’auras pas à craindre pour ton intégrité, les chevaliers noirs sont restés exilés depuis trop longtemps maintenant. Ils peuvent nous être utiles dans ce genre de circonstance. Je t’ordonne d’exécuter cette mission. »
En l’espace d’une seconde, Guilty douta des intentions du Grand Pope et fit allusion à Shion : « Je suis désolé votre grandeur, mais il y a une époque où je vous ai connu bien moins cruel et plus concilient. Aussi fort et menaçant soit cet enfant, s’allier aux chevaliers noirs pour l’éliminer serait un outrage envers Athéna, j’en reste convaincu. »
Le chevalier des Gémeaux se redressa aussitôt de son siège en déclarant : « Tu ne me laisses donc pas le choix ! »
Stupéfait par cette déclaration, Guilty n’eut pas le temps de remarquer que le Saint d’or était déjà derrière lui : « Genro Mao Ken ! »
Un fil cosmique traversa le cerveau de Guilty qui, en une fraction de seconde, fut conquis par l’Illusion Diabolique du Pope.
Sans même pouvoir lutter, Guilty se tint droit debout, les membres tremblants, pendant que Saga retournait s’asseoir en passant à côté de lui comme si de rien n’était : « Guilty ! »
En entendant la voix du Pope résonner dans la salle et dans son esprit, le père d’Esméralda se prosterna aussitôt.
_ « Oui Maître.
_ J’ai deux requêtes à te formuler.
_ Vos désirs sont des ordres.
_ Pour réaliser chacune d’elle, il faut que dès ce jour tu abandonnes tout sentiment d’amour et de bonté au quotidien et ce pour toujours.
_ Qu’il en soit ainsi.
_ Maintenant tu vas rentrer sur Death Queen Island. Là-bas tu confieras à Jango, le chef des chevaliers noirs, la mission d’envoyer tous ses Seigneurs Noirs et ses meilleurs Ankoku Saints contre Vasiliás. Ils devront le traquer et l’éliminer quel que soit le lieu où il se cache. Pour information, il est arrivé il y a deux ans de Floride aux Etats-Unis, il cherchera peut-être à y rentrer.
_ Bien, j’accomplirai votre volonté.
_ Ma seconde demande est la suivante. Lorsque tu auras trouvé un élève au potentiel suffisant pour devenir Saint du Phénix, fais de lui une machine à tuer uniquement pour mon bon plaisir. Il ne devra avoir que deux références, la haine et le Grand Pope. Réussir ces deux charges permettra aux chevaliers noirs de revenir en grâce et de reprendre leur liberté. »
Les jours passèrent.
Guilty rentra sur l’île de la Mort et partit à la rencontre de Jango. Dès lors, les Ankoku Saints prirent le contrôle de l’île toute entière et terrorisèrent les quelques villageois cultivant pour leur survie en bord de côte.
L’équipe chargée de retrouver Vasiliás fut constituée et prit la mer…
Tandis que sur les flots, le jeune Vasiliás, de retour dans le monde contemporain, réfugié sur un navire marchand, utilisait une paire de ciseaux pour retirer ses belles bouclettes et changer d’apparence…
Flashback
Le cosmos de Ksénia s’atténue petit à petit. Arès rigole à plein poumon : « Les rois ont toujours été les élus des dieux. Je ferai de ce jeune garçon mon roi, mon élu et le laisserait me conquérir la planète, après avoir triomphé dans une sanglante Guerre Sainte où il détruira Athéna et m’offrira la Terre ! »
Ksénia sourit avec beaucoup de charme et quitte le palais après avoir réajusté sa capuche sur son crâne : « J’étais convaincu que ce jeune homme te siérait à ravir. Je le ferais venir à toi en temps voulu. En attendant, veille à améliorer ton hygiène de vie. »
Last Edit: 3 December 2022 à 14h17 by Kodeni