Chapitre 23
En mer, à l’approche de l’embranchement entre le Nord et l’Est de l’île d’Yíaros, le vent faiblit de plus en plus.
Les matelots rangent les voiles et les soldats rejoignent les marins pour pousser les longues rames, sous l’impulsion de Pullo qui hurle à la mort pour leur ordonner de se dépêcher.
Le soleil ne brille plus de la même intensité qu’au début de l’après-midi. Sa teinte est orangée et il est moins haut dans le ciel.
Apodis est perché sur le mat pour respirer l’air frais et se vider l’esprit.
Ainsi, il suit les combats qui se jouent dans le Sud d’Yíaros sous l’impulsion d’Aldebaran et Shura.
Cette Guerre Sainte lui rappelle celle qu’il vécut contre Arès, au moment de la bataille contre Cronos…
Flashback
Printemps 1979. Les premières lueurs du soleil furent aussi rouges que le sang qui avait coulé la nuit précédente des tentatives d’incursion d’Arès dans le Sanctuaire d’Athéna.
Les rayons matinaux traversaient les lucarnes faîtes dans les murs et vinrent chauffer le visage d’Apodis qui, en une semaine de formation expéditive, obtint le grade de soldat.
Lorsqu’Apodis entrouvrit les yeux, il reconnut Cliff se redresser sur la même couche que lui. En balançant son regard à droite puis à gauche, il distingua les deux femmes avec lesquelles ils passèrent la nuit.
A la veille d’une mort qu’il attendait avec impatience, Apodis s’était endormi avec les trois autres et recouvrait avec bien du mal ses forces, les muscles encore endoloris par les exercices de Pullo.
Afin de ne pas réveiller les deux femmes de petites vertus allongées sur le ventre, nues, les bras et les jambes écartées, Cliff chuchota à son camarade : « Allez Apodis, debout ! Il est l’heure. »
Le futur Saint de bronze enfilait ses vêtements grisâtres que portent tous les soldats et emboita le pas à Cliff qui souriait à l’idée de combattre pour le Sanctuaire.
En trottinant, ils se pressèrent de gagner le camp où Pullo leur avait donné l’instruction militaire.
A mesure qu’ils approchaient du campement, le c½ur d’Apodis cognait dans sa poitrine, lui inspirant à nouveau la peur. Il n’avait en tête que le visage de sa mère et s’imaginait la voir sourire, soulagée d’apprendre la mort de son enfant sur le front, pouvant maintenant jouir de la grâce de son père qui cessera de la battre pour lui avoir donné un fils indigne de ses aspirations. En mourant au combat, Apodis espérait laisser l’honneur de Frontinus sauf et réconforter sa maman.
Dans le centre en ruine, où Pullo les attendait depuis déjà une heure, beaucoup de soldats faisaient grise mine. Rares furent ceux ravis d’enfiler leurs casques contrairement à Cliff.
Apodis prenait son temps pour fixer son plastron, ses jambières, ses protections aux avant-bras et son casque qu’il avait lui-même enjolivé en y incrustant des plumes d’oiseaux. A sa taille était tenu un fourreau dans lequel reposait son glaive ainsi qu’une gourde en peau de chèvre remplie d’eau. Sur son dos, il portait son paquetage composé d’une partie d’une toile de tente, d’une gamelle vide, de bandages et d’un drap, sachant qu’il n’en profitera peut-être jamais comme la majorité des hommes. Il fut prêt lorsque son bras gauche soutint un bouclier trop lourd pour lui et que sa main droite leva sa lance.
Avec eux, les cuisiniers et autres esclaves de l’armée chargeaient les charrettes tractées par les mules. Chaudrons, élixirs pour désinfecter les plaies, eau, tenues des caporaux… ils étaient sommés de ne rien oublier.
Un cor retentit pour avertir l’approche des garnisons athéniennes venues du Sud pour rallier celles de Pullo.
Enfin, d’un signal de la main, Pullo, à cheval, lança la marche. Il devait leur faire traverser le Sanctuaire jusqu’aux lignes Ouest qui subissaient les assauts des Berserkers et de leurs soldats.
En chemin, dans les autres villages, cette légion absorbait les autres équipes qui se tenaient prêtes elles aussi.
Les soldats percevaient les villageois craintifs. Ceux-ci voyaient partir à la guerre leurs frères, leurs pères et leurs fils.
Pullo et quelques autres caporaux veillaient du haut de leurs chevaux à ce que les lignes soient bien maintenues, afin de rassurer le peuple en prouvant l’organisation et la resplendissante allure de l’armée du Sanctuaire.
Il leur fallut la matinée pour rejoindre les frontières Ouest.
A mesure qu’ils approchaient, ils remarquaient des bûchers ayant servis pour les dernières victimes de la nuit.
Les villages étaient de plus en plus déserts et les villageois empruntaient les mêmes chemins pavés que l’armée mais dans le sens inverse. Ils tentaient de gagner le Centre du domaine, Honkios, là où le Sanctuaire est censé être le plus sûr.
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Apodis et les siens reconnaissaient des traces de luttes et les premiers cadavres des soldats d’Arès qui réussirent à s’infiltrer dans le domaine sacré.
C’est une fois au sein du village le plus proche des murailles de l’Ouest, Paesco, qu’ils virent catastrophés, les remparts fracturés à l’horizon.
Sur leur flanc gauche une immense brèche, certainement provoquée par un éclat de cosmos, laissait à l’envahisseur l’entrée grande ouverte.
Tout en calmant sa monture, Pullo dispersait la légion en plusieurs cohortes. Il indiqua à Apodis, Cliff et les autres soldats de leur groupe, la direction d’un autre corps qu’il devait rattacher : « Le lieutenant de la zone Ouest a ordonné que nous soyons sous les ordres du Sergent Circinus Saint de bronze du Compas. Allez monter vos tentes avec les leurs en attendant les ordres. »
Ils finirent de traverser Paesco, village quasiment rasé. Les maisons encore debout, se comptant sur les doigts d’une main.
Une jolie jeune fille, accoudée à la fenêtre de sa chaumière, observait les troupes traverser le village. Le reflet orangé de ses cheveux bruns s’agita lorsqu’elle tourna la tête en direction d’Eurydice, sa s½ur. De ses beaux yeux bleus marines, elle s’inquiéta : « Il ne reste que nous et ceux qui ne veulent quitter la sépulture des victimes de notre village. Tout le monde a fui après les derniers incidents. Pourquoi s’obstiner à mourir ici ? »
Une mélodie vint reprendre ses propos. D’une voix douce et apaisante, l’homme, tapis dans l’ombre, assis sur la Pandora Box de la Lyre, ramena le calme auprès de l’adolescente.
Eurydice répondit à sa s½ur tout en admirant son bel amant, Orphée : « Fuir alors que d’autres donnent leurs vies pour nous protéger reviendrait à perdre tout espoir. Lorsque nous nous sommes offerts quelques jours dans la ville d’Honkios, nous nous sommes senties fortes parce que nous étions entourées d’Orphée et de nombreux soldats. Maintenant c’est à nous d’être fortes, pour soutenir les derniers habitants qui ne peuvent pas ou ne veulent pas fuir ce village car ils n’ont pas encore renoncé. C’est à nous d’être fortes pour prouver aux soldats que nous plaçons en toute confiance nos vies entre leurs mains. »
Se redressant en caressant sa coiffe bleutée, Orphée conclut : « Regarde Netsuai, ces hommes qui passent devant ta fenêtre… Tous ont quitté leur foyer pour protéger le nôtre. Ce petit village n’a que peu de valeur à leurs yeux, mais pour ce qui est de votre vie et de votre honneur, ils sont prêts à tout donner. Rester pessimiste alors qu’ils ont besoin d’encouragements, cela va à l’encontre de ce qu’Eurydice t’a appris jusqu’ici, cela va à l’encontre d’Athéna. Regarde les bâtisses et les ruines voisines, tout le monde en sort pour applaudir ces braves soldats et pour les acclamer. C’est avec votre soutien que ces hommes puiseront le courage de vaincre. »
Emue par ce discours, Netsuai prit aussitôt la porte, pour imiter les autres habitants de Paesco.
Elle regarda fièrement passer chaque cortège.
Apodis marchait péniblement et passa devant celle qu’il reconnut aussitôt comme étant la chipie qui lui prit son carnet de poèmes le jour où il a rencontré Orphée et Eurydice.
Netsuai constata qu’Apodis était le soldat le plus déboussolé et, dans un élan de bonté, elle détacha le ruban en soie qui maintenait sa robe rose à sa taille pour l’enrouler autour du poignet du malheureux tout en suivant sa marche. Elle lui souffla ce doux mot qu’elle aurait dû adresser au reste des troupes plus méritant que ce poltron : « Merci. »
Dans la maisonnette d’Orphée, le preux chevalier d’argent sentit le corps d’Eurydice se coller à lui chaleureusement : « Reviens-moi sain et sauf mon tendre amour. »
Orphée contempla les yeux en amende de sa muse : « Bien plus que ma dévotion envers Athéna, mon amour pour toi m’engage à te promettre de revenir victorieux. Et si couvert de sang il m’est contraint de rentrer, sache alors, que celui-ci sera celui de mes ennemis. »
Après avoir posé son instrument sur la Pandora Box de la Lyre, Orphée utilisa ses bras pour serrer Eurydice contre lui.
Le visage fermé, il reconnut en Eurydice la crainte de le perdre. C’est pourquoi il choisit de prendre sa lyre pour la guider dans un sommeil paisible en interprétant une courte ballade.
Ensuite, l’armure endossée, il se couvrit d’un voile blanc afin de masquer son identité et sortit dehors chercher Netsuai : « Il est l’heure pour moi de rejoindre mes pairs. Je ne peux te dire combien de temps durera la bataille, mais sache que je ne permettrai jamais au mal de vous atteindre ta s½ur et toi. Veille sur elle durant mon absence et garde foi en nous… »
A quelques mètres de la maison, à la sortie du village, les autres corps d’armée se divisaient eux aussi pour rallier des retranchements menés par d’autres sergents.
Epuisée par cette longue marche, l’équipe d’Apodis suivait Pullo en traînant les pieds jusqu’à la circonscription du sergent Circinus Saint de bronze du Compas, bien proche des lignes ennemies. C’était à cette hauteur que les murailles avaient été brisées et ils pouvaient observer les Arèsiens rassembler eux aussi leurs forces venues de l’Aréopage.
Quelques tranchées étaient creusées, pour abriter les premières lignes alors que les décombres des fortifications avaient été redressés pour servir de bouclier derrière lesquelles ils montaient leurs tentes.
Circinus fut ravi de voir débarquer Pullo. Le caporal se courba en avant en guise de respect pour son supérieur. Circinus n’en eut que faire et le serra dans ses bras.
Circinus était un vieil ami de Pullo et ils ne paraissaient pas en être à leur première bataille côte-à-côte tous les deux.
Son armure, couleur étain, se composait de courtes jambières et de genouillères rondes. Une simple ceinture lui maintenait la taille tandis que le torse et le dos étaient entièrement protégés par une sorte de sphère, marquée de dos comme de face des signes Nord, Sud, Est et Ouest. Chaque bras était couvert par un bouclier où les quatre points cardinaux étaient également gravés. Les deux boucliers étaient suffisamment larges pour couvrir les épaules du Saint, voilà pourquoi la Cloth du Compas était dépourvue d’épaulettes. La chevelure océan de Circinus était couverte par un imposant heaume sur lequel était dessiné au niveau du crâne l’étoile exposant les points cardinaux.
_ « Pullo ! Mon ami. Comme je suis rassuré de te savoir parmi nous. Nous avons bien besoin d’un homme comme toi pour nous aider à tenir.
_ Va, tu me flattes Circinus. Evoque-moi donc la situation !
_ Voici trois nuits que nous parvenons avec beaucoup de mal à contenir leurs assauts. Certains de leurs hommes ont même atteint les villages. Leurs catapultes sont venues à bout de nos tourelles, c’est ainsi qu’ils ont pu s’engouffrer aisément. Nous étions en sous-effectif vu que nos forces armées étaient surtout maintenues au Nord et à l’Est jusqu’ici. On a subi de lourdes pertes. La majorité des troupes d’Arès se sont donc rassemblées face à ce plateau désert depuis que le mur est tombé. L’attaque la plus lourde va avoir lieu ici. »
A cette annonce, Apodis fût pris de panique, il voyait scintiller au loin les flammes des torches ennemies qui reflétaient sur leurs protections rouges. Ils allaient être en première ligne sur un boulevard.
En regardant derrière lui, il vit de nombreuses autres garnisons les rejoindre. Il était évident que tout allait se jouer sur cette place.
Au lieu d’aider Cliff et les autres à monter le camp, à armer les catapultes ou à affûter les armes, Apodis épiait discrètement Circinus et Pullo.
_ « Circinus, quel est ce village derrière nous que tout le monde fuit ?
_ Il s’agit de Paesco. Si jamais ils atteignent ce village, ils auront gagné assez de terrain pour établir leur campement au sein même du Sanctuaire. Autant te dire que nous serons à leur merci dans ce cas. Sans compter les hommes de Cronos qui frappent également un peu partout sur le territoire.
_ A combien d’hommes évalues-tu l’armée qu’ils ont positionné face à nous ?
_ Arès a beaucoup promis à ses hommes. Ils ont été rejetés par la société, par leurs amis et leur famille. Il leur offre une occasion de prendre leur revanche et il a bien dû en regrouper trois milliers. Et toi Pullo, en réunissant toutes les garnisons avec qui tu as mené la marche aujourd’hui, combien d’hommes as-tu sous ton étendard ?
_ Un demi-millier seulement. Le Grand Pope a fait rappeler quelques unités placées dans les défenses extérieures en territoire ennemi chez quelques dieux mineurs. Mais c’est bien trop peu. D’autant plus que les galères qui les conduisent, n’arriveront que dans trois jours au plus tôt. Combien d’hommes te restait-il avant notre arrivée ?
_ J’ai perdu sept-cents hommes depuis le début de la bataille. Avant que vous ne veniez regonfler nos rangs nous devions être un peu moins d’un millier. Ce qui veut dire qu’à l’heure actuelle…
_ … Nous sommes à moitié moins nombreux qu’eux ! Nous avons mené trop de batailles ces dernières années, contre des dieux qui n’étaient pas franchement menaçants, déplora Pullo. Beaucoup d’hommes ont péri, ou ont été obligés de rester sur place pour maintenir l’ordre. Aujourd’hui la majorité de nos équipes sont des jeunes qui savent à peine tenir une épée !
_ C’est ainsi que nous avons commencé souviens-toi, sourit Circinus !
_ Oui, partagea Pullo la bonne humeur de son camarade ! Et puis aujourd’hui à trois milles contre la moitié, nous avons déjà vu pire ! »
Les éclats de voix des deux amis rassurèrent quelques-uns des soldats qui les accompagnaient.
Apodis, lui, ne fut absolument pas convaincu, d’autant plus que Circinus prit à part Pullo.
_ « Les plus à craindre ne sont pas les soldats mais plutôt les Berserkers.
_ Les Berserkers ?
_ Afin de récompenser les humains entrés à son service et qui réussirent à manipuler le cosmos sans difficulté, Arès offrit aux six plus forts et plus fidèles des armures, six de ses neuf Nightmares ! Ainsi, il forma son armée composée de six Berserkers, dont la force se situe entre celles des Saints d’argent et des Saints d’or. Leurs Nightmares les recouvrent de la tête aux pieds, laissant à peine leurs visages dévoilés de ces protections couleur sang, toutes ornées d’une pierre d’améthyste sur le torse.
_ Il vaut mieux tomber sur six Berserkers que sur neuf, essaya d’ironiser Pullo ! Il nous sous-estime en nous attaquant avec une armée incomplète !
_ Cinq Berserkers et non six, corrigea Circinus. Mensa Saint de bronze de la Table a usé de toutes ses forces pour se défaire de l’un d’entre eux. Il a perdu un bras dans la bataille et ses jours sont en dangers. Il a été admis par les prêtres dans un temple de la ville d’Honkios pour être soignés.
_ Mensa était pourtant réputé pour être un Saint redoutable !
_ Il se fait vieux Pullo ! Comme toi et moi. Le Grand Pope a envoyé nos meilleurs jeunes éléments s’endurcir contre des armées aux quatre coins du monde. Il ne reste plus que des briscards épuisés pour diriger des enfants… »
Apodis qui était pressé de trouver la mort commençait à la craindre, maintenant qu’il savait qu’ils allaient se faire massacrer…
Flashback
Une lumière…
L’horizon est baigné d’une lumière dorée provenant de la côte Sud…
Ce cosmos, celui du Capricorne, sort Apodis de ses songes.
L’Oiseau de Paradis sait que la victoire ne peut fuir Shura…
Au Sud de l’île d’Yíaros, sur le port, cent-cinquante Athéniens débarquent sur la côte.
Ils ravagent les navires hébéïens et foncent sur la trentaine de soldats restants.
Androgée choisit de se mettre en première ligne pour donner l’alarme et organiser la retraite de ses hommes lorsque Shura lui retient le pied : « Notre combat n’est pas terminé Taureau de Crète… »
Androgée essuie le sang qui coule depuis son front et qui se mêle à ses beaux et fins cheveux marine : « Tu es plus mort que vif. Mon Prophetic Horn t’a provoqué une fracture de la boîte crânienne et tu espères te montrer encore vaillant contre moi ? C’est de la folie ! »
Shura recroqueville pourtant ses genoux dans l’espoir de se relever mais Androgée ne lui en laisse pas l’occasion, il le cogne du plat du pied en plein visage. Shura est projeté au-delà du ponton et tombe inconscient dans la mer.
Plus loin, sur le flanc gauche, devant le tourbillon de feu provoqué par Baucis, Aldebaran décroise ses bras et projette son cosmos dans l’espoir de créer une onde de choc dont le courant d’air soufflera le brasier.
Au beau milieu de celui-ci, la belle Baucis Alcide de la Biche de Cérynie entame son duel avec Philémon du Lièvre.
Pendant ce temps, quelques soldats athéniens plongent dans l’eau pour repêcher le corps de Babel qui a été balayé par une précédente attaque de Baucis.
Au c½ur des flammes, les longs cheveux violets de Baucis s’agitent dans le vent. Elle bondit de gauche à droite, de bas en haut, de plus en plus vite en frappant Philémon qui esquive et riposte de la même manière.
La vitesse du son est vite atteinte et bientôt le corps à corps atteint une vitesse proche de celle de la lumière. Au terme de ce terrible échange, Baucis s’échoue au sol en retombant sur les omoplates…
Au Centre de l’île d’Yíaros, dans le Parthénos, à l’intérieur de son temple, dans la salle de réception, Hébé est debout à faire les cents pas.
A ses côtés, Juventas reste agenouillée, le visage braqué sur le tapis rouge où marche sa déesse. Elle suit avec attention le débarquement des Athéniens et la défaite des siens qui se profile.
Soudain, face à une Hébé totalement absorbée par ses pensées, le décor se fend en deux, comme si une épée tranchait un rideau laissant apparaître une silhouette. De l’atmosphère jaillit un homme aux genoux distordus, le faisant marcher lentement, traînant les pattes tel un animal abattu. D’animal il n’a pas que la marche, son dos, bossu, lui fait pendre les bras en direction du sol, du moins ce qui s’apparente à des bras, car son organe droit est complètement atrophié et les doigts de cette main sont retournés à l’inverse de ceux d’un homme anatomiquement bien formé. Son bras gauche est long et dénué de main, de coude et de toute autre particule composant un corps humain en bonne santé. Il ressemble à un long mat de bateau, rigide, portant de longs poils, comme s’il s’agissait d’une patte de chien.
Ses yeux rouges souffrent d’un strabisme inconcevable, son nez est désaxé de son visage tout comme sa bouche qui reste entrouverte et de laquelle s’écoule en continu sa bave qui sèche sur ses petites lèvres craquelées par laquelle on remarque une dentition particulière. Son crâne est dégarni sur le dessus alors que sur le tour de sa tête tombe d’épais cheveux gras et jaune pâle.
Juventas s’adresse à lui : « Alors ¼dipe Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale, as-tu repéré quelque chose ? »
¼dipe ne sachant parler et n’écoutant qu’à l’aide de son cosmos, répond par l’intermédiaire de celui-ci en faisant résonner sa voix dans l’atmosphère : « Pour le moment aucune autre intrusion que celle du Sud n’est à déplorer. »
Hébé intervient : « Bien ¼dipe, je t’ai chargé de la défense du Centre de l’île pendant que Baucis et Androgée lutte contre l’invasion du Sud. Maintenant que plus rien n’est à craindre pour nous, j’aimerai que tu ailles sauver nos amis. Ils sont dans une situation critique.
- Bien majesté, je me battrais jusqu’au bout. »
Hébé le retient en s’écriant : « Non ! Ramène simplement le plus d’hommes possible. Si tu le peux, serre-toi de ta psychokinésie pour m’apporter des prisonniers capables d’être au courant du plan de guerre des Athéniens. »
¼dipe ne dit rien d’autre et se volatilise comme il est apparu.
En mer, à l’approche de l’embranchement entre le Nord et l’Est de l’île, Apodis ne perd rien des affrontements en cours. Il se doute que cette victoire qui se profile au Sud de l’île est déterminante pour l’avenir de cette Guerre Sainte.
Du haut du mat où il est perché, l’Oiseau de Paradis observe ses hommes. Ils sont là, à scruter l’horizon, en attendant un périlleux débarquement. Cette attente est semblable, à celle qu’il a vécue lorsqu’il était encore soldat…
Flashback
Printemps 1979. Les heures s’écoulèrent sans que personne ne bougea sa position.
Apodis commença à redouter la mort qui lui était promise lors de l’assaut des Arèsiens.
Le soleil se coucha tandis que les servants apportaient la soupe que les soldats dégustaient assis sur leurs boucliers.
Cliff n’avait de cesse d’observer les ennemis, prêt à leur bondir dessus.
Apodis préférait examiner les environs pour trouver une issue, mais bien trop de lignes alliées l’auraient empêché d’atteindre le village de Paesco sans qu’il ne se fasse repérer et punir pour désertion. Il devait se résoudre à tenir sa ligne en compagnie de Pullo, Cliff et les autres élèves avec lesquels il s’était entraîné.
Aux alentours, Apodis reconnut dans d’autres troupes des garçons avec lesquels il jouait étant enfant, ainsi que d’autres qui le martyrisaient lorsqu’il sortait de chez lui. En eux, Apodis palpait la même peur que celle qui consumait son être. Il prononça de façon cynique : « Finalement nous serons tous égaux devant la mort. »
Soudain, Cliff se leva.
Une vaste colonne de brindilles montée au milieu des défenses ennemies et représentant une épée venait de s’enflammer.
Aussitôt les Athéniens entendirent le raisonnement produit par le claquement des lances arèsiennes contre leurs boucliers.
Cela était censé les intimider et Apodis aurait pu affirmer qu’il ressentait l’effet escompté par les hommes d’Arès, à l’inverse de Cliff qui avait déjà passé son casque comme la majorité des Athéniens.
Leur vacarme dura de longues minutes pendant lesquelles les caporaux et les sergents ordonnaient de former les rangs et de porter pilum.
La bataille allait commencer.
Un hurlement déchirant faisant cesser le vacarme se fit entendre au sein des régiments arèsiens. Aussitôt après, des machines s’activèrent en créant un sifflement bruyant venu des airs.
Il s’agissait d’énormes pierres fracassées après la destruction des remparts dont les ennemis se servaient comme projectiles qu’ils lancèrent grâce à leurs catapultes.
Les ruines vinrent toutes s’écraser au beau milieu des cohortes athéniennes, tuant sur le coup quelques dizaines d’hommes.
Malgré la panique, les caporaux ordonnèrent de garder les rangs. Certains Saints comme Circinus, ou d’autres soldats sachant manipuler le cosmos, projetaient des ondes de chocs pour faire exploser les blocs de bétons en de ridicules cailloux dont ils se protégeaient derrière leurs boucliers.
Heureusement que de tels guerriers accompagnaient l’armée sans quoi une grande partie aurait été décimée avant même le début de l’assaut.
Le commandant de ces légions, lieutenant de la zone Ouest se montra enfin.
Il était resté tapi depuis le début au beau milieu des troupes, caché sous son voile blanc qu’il ôta avec élégance.
Les yeux d’Apodis furent émerveillés par les reflets bleutés de sa Cloth. Son c½ur vrombit lorsqu’il reconnut le musicien qui accompagnait Netsuai et Eurydice le jour où il a abandonné ses poèmes. Orphée Saint d’argent de la Lyre veillait sur eux.
Le chevalier prit à lui seul la mesure des derniers projectiles qui leur étaient adressés malgré le fait qu’ils étaient lancés depuis des kilomètres. En jouant de son instrument, un nombre incalculable de cordes s’éparpilla pour former un grillage au-dessus des têtes athéniennes sur lequel les roches se brisèrent.
Les coéquipiers d’Apodis d'entrée inquiétés, scandèrent le nom d’Orphée, finalement rassurés.
Regonflés à bloc, l’armée était prête à la riposte.
Après cet assaut plus ou moins réussi, les ennemis firent silence.
Depuis le Sanctuaire, les Athéniens entendaient les cinq Berserkers prêcher la bonne parole à leurs guerriers du haut de leurs chevaux noirs magnifiquement décorés.
Pendant que les cordes d’Orphée retrouvèrent sa lyre, il fit de même que les Berserkers et discourut : « Soldats, Saints, mes frères ! Face à nous se dresse une nouvelle menace. Ces êtres sont nos semblables ! Ce sont de simples hommes ! Ils ont fait le choix de servir une divinité autre que celle que nous aimons et nous ne pouvons les blâmer pour cela. Arès a réuni à ses côtés des hommes rejetés par leurs familles et par la société. Parmi eux, certains ont été victimes de violences, témoins du massacre des leurs. En résumé, ils ont tous une revanche à prendre sur le monde. Ils espèrent laver la terre de tout ce mal qui l’occupe, en devenant les uniques habitants de ce monde nouveau qu’Arès leur promet. Nous savons qu’il leur ment, nous savons qu’il souhaite repeindre cette planète du sang des hommes, en prenant plaisir à les voir s’entretuer. Les Arèsiens sont aveuglés et ils nous tueront sans hésiter, que ce soit vous, vos femmes ou les héritiers de votre savoir ! Je sais qu’ils ont déjà blessé bon nombre de nos compagnons, et dans vos c½urs je lis la même peur qui ronge le mien ! Mais au sein du Sanctuaire vit une femme. Une femme qu’ils violeront. Une femme qu’ils tortureront et massacreront si on cède à cette peur. Cette femme je l’aime. Il s’agit d’Eurydice, ma compagne. Et c’est par amour pour elle, et aussi pour vos femmes, pour vos parents, vos frères, vos s½urs, vos amis et vos enfants que je n’hésiterai pas à me lancer à corps perdu dans la bataille ! A l’heure actuelle, les Saints d’or, les chevaliers les plus puissants de notre ordre, mènent une bataille contre d’autres dieux. Certains sont même partis dans le Cronos Laburinthos, son domaine. Nous n’avons pas le droit de perdre, alors que d’autres entament des combats encore plus éprouvants que les nôtres. Athéna veille sur nous, son cosmos bienveillant nous guide. Alors chevaliers ! Soldats ! Avec moi ! Pour Athéna ! Portez pilum ! »
Toute l’armée se mit en garde en grondant : « Pour Athéna ! »
L’ennemi fit de même en scandant le nom d’Arès.
Leurs pas résonnèrent sur le sol, ils s’élancèrent vers la muraille perforée.
D’abord en marchant, puis en trottinant et enfin en courant, tandis qu’à l’arrière, suivis par les Berserkers assis sur les chevaux qui trottèrent calmement, des centaines d’autres soldats avancèrent calmement en tirant avec eux leurs catapultes et leurs charrettes chargées d’arme.
Orphée dirigea ses bras en direction de chaque extrémité de ses lignes : « Les lignes extérieures doivent se lancer. Elles doivent gagner la muraille pour former un demi-cercle dans lequel les soldats d’Arès s'engloutiront. Les lignes au centre attendront qu’ils viennent. Nous devons maintenir nos positions, jusqu’à ce que les lignes de droite et de gauche rejoignent la muraille. Alors seulement nous les enfermerons dans notre arc de cercle pour ne laisser aucun survivant. »
Orphée restait droit devant, seul, prêt à être le premier pilier.
Tous l’admirèrent sur le coup.
Il attendit…
Et attendit…
Encore et encore…
Maintenant que les premières lignes d’Arès étaient à une dizaine de mètres de lui, il annonça le début de l’assaut en leva le bras : « Archers… »
Juste derrière la garnison d’Apodis, trois lignes d’affilés brandirent leurs arcs et sortirent leurs flèches.
_ « … Tirez, ordonna Orphée ! »
Une première salve terrassa les Arèsiens les plus téméraires.
La suite vint.
Orphée répéta son action : « Archers… »
Tous réarmèrent leurs arcs : « … Tirez ! »
Une pluie de flèche atteignit encore la foule.
Une bonne centaine de soldats étaient déjà à terre.
Orphée attendit que les autres approchent encore : « Archers… »
Toujours avec grâce et précision, ses semblables sortirent une nouvelle flèche : « … Tirez ! »
Sous un rideau de flèches qui masqua alors la lueur de la lune, de nouveaux corps s’affaissèrent.
Toutefois la progression ennemie était devenue trop importante.
Seul contre tous, Orphée écarta ses bras et ordonna : « Lignes latérales ! En avant ! »
Dans un amas de cris, ses compatriotes les plus à droite et les plus à gauche partirent en direction de la muraille, en essayant d’enrailler l’élargissement des troupes ennemies.
Les premiers râles de douleurs se firent rapidement entendre, les soldats des deux camps vinrent s’encastrer contre les lances et les boucliers adverses.
A coup de masses et d’épées, ils s’échangèrent de violents coups, dans ce qui ressemblait maintenant à une boucherie.
Orphée rejoignit ses deux bras en l’air tout en tenant sa lyre. Une fois réunis, il les abaissa en direction des ennemis qui n’étaient maintenant plus qu’à un mètre de lui : « Au centre ! Levez les lances ! Maintenez vos positions ! »
Cliff s’exécuta aussitôt, Apodis eut l’impression que l’Italien enracinait avec détermination ses pieds dans le sol afin d’être sûr de ne pas reculer.
Un premier Arèsien, lance en avant, se jeta sur Orphée qui l’évita sans crainte et le cogna en plein estomac. Puis essayèrent un second et un troisième… Et bientôt on ne distinguait plus Orphée tant la foule alentour l’engloutit avec facilité, isolant le brave lieutenant.
Apodis était à genou, derrière son bouclier, comme les autres, le javelot en avant.
Les résonnements métalliques des armures des soldats d’Arès approchèrent.
Les yeux fermés, sa tête casquée collée contre son bouclier, Apodis sentit son javelot trembler, une fois puis deux.
Puis, il vit sur sa droite un frère d’arme qui venait d’être frappé par-dessous son écu.
Et s’en fut un second par le dessus.
Le troisième n’attendit pas et dégaina son glaive qui trancha la tête d’un ennemi.
Apodis choisit donc de se lever aussi pour faire au moins semblant de se battre.
A peine sa tête fut levée de dessus son bouclier qu’il aperçut une énorme hache s’abattre sur lui.
Il essaya de tirer sur son pilum pour riposter, mais un ennemi qui s’y était empalé le bloquait de tout son poids.
Repoussé par le premier impact contre son écu qui le fit tomber sur le dos, le bouclier commença à se déformer sous le second coup de hache. D’autant plus qu’Apodis distinguait une forte progression ennemie qui fondait sur sa gauche. Il comprit qu’il allait se faire massacrer quoi qu’il advienne.
Avec l’énergie du désespoir, il tira donc sur le manche de sa lance qui se brisa. Equipé d’un bâton pointu, il profita que son assaillant reprenne son élan avec sa hache pour diriger son écorce tranchante au niveau de l’orifice oculaire de son casque. La peur le fit cogner si fort que le bâton ressortit de l’autre côté de sa tête.
Son adversaire tomba raide mort.
Premier meurtre d’Apodis qui devint immédiatement livide, éc½uré par les circonstances d’un tel décès.
Il n’eut pas le temps de se morfondre car les Arèsiens débarquaient par la gauche et par devant.
Préférant utiliser son épée en dernier recourt, il ramassa la hache qui venait de le cogner.
Dans cette multitude de corps à corps désorganisés, il frappa instantanément le flanc d’un premier adversaire qui passa à proximité.
Cet acte fit espérer à Apodis enrayer l’avancée ennemie de gauche afin de colmater la trouée qui venait d’être faite dans les lignes athénienne.
C’est donc avec le tranchant de son bouclier qu’il avançait, faisant de grands mouvements de bras, pour tailler la peau de ses ennemis. Cela marcha bien quatre fois d’affilée jusqu’à ce qu’un soldat plus expérimenté, vienne le contrer avec son propre écu.
Il se cacha derrière sa vaste protection afin d’essayer d’atteindre Apodis avec sa lance.
Le jeune Athénien sautillait en arrière en bloquant les coups avec son bouclier maintenant difforme. Il se protégeait et n’attaquait plus.
L’avancée des cohortes des Berserkers fut si importante que d’autres adversaires fondaient droit dans la direction d’Apodis.
Il sortit son épée de son fourreau pour entamer la chair de deux rivaux, tout en se protégeant du soldat à la lance.
Finalement l’ennemi parvint à lui effleurer la cuisse.
S’en fut assez pour faire chanceler le débutant.
Couché sur le dos, Apodis ne prit même pas la peine de cacher le haut de son corps avec sa carapace de fer.
Il estima avoir rempli sa part du travail.
Il ne restait plus qu’à la mort de faire la sienne en faisant de lui un héros mort au combat pour le Sanctuaire.
L’affront de son père serait ainsi lavé et sa mère ne subirait plus sa colère…
L’Arèsien pointa son javelot en direction de sa gorge.
Aux alentours d’Apodis, l’ennemi passait de plus en plus.
Il ne semblait plus rien rester de sa garnison et des quelques lignes qui tenaient derrière elle.
Apodis fermait les yeux et patienta… Il patienta encore… Et encore…
Flashback
La patience…
Celle d’Apodis aujourd’hui est mise à rude épreuve…
Il attend encore et toujours que vienne son tour de débarquer sur Yíaros pour venger sa mère et son fils.
Au Sud de l’île d’Yíaros, sur le port, face au détroit, un soldat hébéïen souffle dans une corne. Un signal que tout le monde comprend comme étant une retraite.
A côté de lui, Androgée observe les siens fuir le champ de bataille en évitant les lances et les flèches athéniennes qui les poursuivent.
Androgée dégage son cosmos pour frapper les groupements athéniens afin d’en éliminer le plus grand nombre.
Il n’hésite pas à retourner près des pontons, pour relever quelques-uns de ses hommes qui espèrent fuir les glaives sans pitiés pour les blessés.
Une fois que la majorité de ses ouailles suit le fleuve qui relie la rivière du Centre de l’île à la mer, il ordonne à l’un d’eux : « Conduit-les jusqu’au temple d’Hébé. Demande à ce qu’un nouveau plan de défense soit étudié. Il ne faut pas que les Athéniens passent le détroit, sinon ils auront le champ libre sur toute la cité.
_ Et vous Seigneur Androgée ? Qu’allez-vous faire ? "
_ Il reste des Hébéïens à sauver ainsi que Baucis. Je ne peux pas les laisser ainsi. Pars maintenant ! »
Androgée bondit de mètres en mètres pour atteindre le flanc gauche… Jusqu’à ce qu’une ligne creusant le sol depuis la mer jusqu’à la montagne se forme et lui barre la route.
La mer engloutie aussitôt le gouffre qui s’est formé et d’où ressort Shura, le visage lavé par l’eau salée.
Aussitôt jaillit de l’eau, son sang inonde à nouveau son corps depuis sa plaie crânienne. Toutefois, Shura semble décidé à gagner ce combat, il retire même son casque fendu et le pose au sol. En clignant des yeux pour dégager l’hémoglobine qui s’y déverse, Shura reprend le combat.
_ « Androgée, j’ai gagné !
_ Tu as radicalement perdu l’esprit, c’est désormais officiel !
_ C’est ce que nous allons voir, tu vas encaisser cet arcane qui t’est encore inconnu ! Jumping Stone ! »
Androgée ferme les yeux et exécute les mêmes mouvements que Shura en savourant déjà sa victoire : « Ridicule, mes Cornes de la Prophéties peuvent reproduire instantanément ta technique ! Prophetic Horn ! »
Shura court jusque devant son adversaire et, arrivé face à lui, effectue un saut périlleux pour glisser ses deux pieds sous ses bras et l’envoyer s’encastrer dans la roche des montagnes.
Une fois soulevé, Androgée effectue dans les airs un ciseau retourné avec ses jambes et parvient à passer au-dessus de Shura pour l’envoyer à sa place, de la même manière, contre la base des montagnes.
Le Capricorne est emporté par sa propre attaque contre les solides pierres, provoquant un éboulement sous lequel il est enseveli.
Plus loin, Androgée se réceptionne sur une jambe avec grâce et agilité en recoiffant encore ses cheveux.
C’est au moment où il s’apprête à repartir en direction de Baucis, qu’une étrange douleur le saisi du haut de l’épaule droite jusqu’à son genou gauche. C’est en voyant son bras droit se détacher du reste de son corps et en entendant sa Cloth se creuser de face comme de dos sur cette ligne droite qui relie son épaule à son genou qu’il réalise avoir été frappé.
Il s’effondre, le corps profondément entaillé, dans un bain de sang…
Désormais, partout sur la côte Sud, certains soldats athéniens s’approchent de lui sans vraiment comprendre ce qui lui est arrivé.
L’un d’eux pointe sa lance dans les airs, avant de l’encastrer dans la gorge de l’Alcide dont la peau est devenue aussi lisse que du beurre après que son cosmos se soit considérablement amoindri suite aux blessures infligées par Shura.
Androgée sent la lame lui perforer le cou sans pouvoir réagir.
L’air commence à lui manquer mais il reste pourtant conscient lorsque ses yeux distinguent un second Athénien planter son épée dans son dos laissée à l’air libre après que son armure ait éclaté.
Il perd connaissance lorsque d’autres soldats rejoignent ses deux bourreaux et qu’ils le martèlent de coups en espérant chacun participer à la mise à mort d’un chevalier qui égale un Saint d’or…
Devant les montagnes, une main s’échappe de l’amas de roche.
Quelques athéniens viennent aider Shura à sortir de sous les pierres en soutenant son corps meurtri. Ils l’aident à s’assoir sur un rocher, tandis que d’autres lui tendent leur gourde pour le désaltérer et nettoyer son visage souillé. Un des soldats porte une sacoche autour de la taille et l’ouvre pour sortir quelques bandages, des ciseaux et de l’alcool. Il verse toute une bouteille sur le crâne de son Seigneur qui ne réagit pas et presse bien fort sur la plaie avec un morceau de tissu qu’il a arraché de ses vêtements.
Shura est troublé par la vue de ce cadavre roué de coups et pense alors : « Androgée… Lorsque tu as dégagé toute ta puissance pour me fracasser le crâne, j’ai compris que la victoire ne pouvait que me revenir. J’ai vu tes limites et j’ai su que ta vitesse ne pouvait atteindre la mienne. Ton Prophetic Horn ne peut que copier une technique à la fois. Il m’a suffi de faire diversion avec le Jumping Stone pour riposter avec un Excalibur au moment où tu contrattaquais. Tu n’as pas été suffisamment rapide pour réétudier l’utilisation de l’épée sacrée. Moi j’ai simplement dégagé l’ultime cosmos qui est en moi. Je suis désolé que mes hommes soient les derniers que tu ais vu, j’aurai préféré moi-même te donner le coup de grâce pour honorer l’adversaire coriace que tu as été. Adieu Alcide, pars en enfer expier ton crime contre Athéna. »
Sur le flanc gauche, là où Aldebaran lutte contre les flammes, Philémon poursuit son combat contre Baucis qui repoussée à nouveau.
Le petit Grec aux cheveux hirsutes, prend appui sur le sol, le visage illuminé par l’avantage qu’il vient de prendre. Ses grands yeux bleus fixent l’Alcide aux formes généreuses. Il se lance contre elle encore plus vite que précédemment et lui laisse à peine le temps de se relever. Le coude en avant, il la cogne en pleine ceinture abdominale, enchaîne d’un uppercut qu’il la fait se lever du sol. Les épais sourcils du Saint de bronze se froncent lorsqu’il crie : « C’est le moment ! Tu vas subir le Balayage du Lièvre ! »
Il tournoie autour d’elle en accroissant sa cosmo énergie.
En une fraction de seconde, il réalise plus d’un millier de tour, créant ainsi un cyclone qui emprisonne la belle Alcide dont la Cloth se fissure. Le chevalier d’un mètre cinquante-huit cesse sa course et dresse ses deux mains en direction de sa tornade pour en prendre le contrôle et augmenter l’énergie destructrice : « Lepus Sweep ! »
La vitesse circulaire approche la vitesse de la lumière si bien qu’on ne distingue plus le corps de Baucis voltiger tellement il tournoie rapidement.
Philémon achève son ½uvre en localisant sa victime qu’il vient cogner en pleine face, de son poing galvanisé d’énergie cosmique en traversant sa propre tornade.
Le masque de femme chevalier de Baucis, déjà inconsciente, est fracassé sur le coup, son corps ensanglanté part s’encastrer contre un navire hébéïen amarré.
Pendant ce temps, l’incendie est amoindri par l’effort d’Aldebaran qui voit partir telle une étoile filante le corps de Baucis contre le bateau.
Le Taureau distingue au milieu du brasier Philémon, le seul encore debout.
Le Brésilien court jusqu’au Saint de bronze qui flanche.
_ « Seigneur Aldebaran, Athéna soit louée, j’ai cru que je finirai carbonisé par cet incendie. Babel est tombé à l’eau, il faut… il faut…
_ Ca va aller, nos hommes ont débarqué, ils sont allés le chercher. Tu as été extraordinaire. Tu as développé un puissant cosmos malgré les conditions qui t’ont amoindri avant le combat. Je suis fier de toi mon cher disciple. »
Une voix retentit dans le ciel, interpellant le Saint du Taureau : « Ce n’est pas pour autant signe de victoire. »
Aldebaran se retourne et cherche qui peut prononcer de tels propos.
Il reconnait sur le pont du navire où Baucis s’est écrasée un homme au physique ingrat, n’ayant rien d’humain. Cet Alcide fruit d’un viol consanguin n’ayant aucun de ses cinq sens depuis la naissance, celui qui a donné du fil à retordre à Deathmask et Camus, est ¼dipe des Oiseaux du Lac Stymphale.
A ses côtés, des squelettes et des cadavres en décomposition, habillés de la tunique marine des hébéïens et de leurs protections azures se dressent. Ces morts-vivants supportent le corps de Baucis alors que d’autres zombies sortent de sous la mer et investissent le champ de bataille pour se jeter sur les corps inconscients de Naïra, Yakamoz et Ptolémy.
Aldebaran écarte les bras pour défaire les gêneurs : « Great Horn ! »
La voix d’¼dipe retentit dans les airs : « Psycho Crusher ! »
Un mur télékinésique bloque l’effervescence cosmique du chevalier d’or et l’emprisonne en formant un cube cosmique qui implose.
Tandis que le corps d’Aldebaran est frappé par l’Ecraseur Psycho d’¼dipe, les mirages d’¼dipe se gazéifient en emmenant avec eux les corps de Baucis, de Yakamoz, de Ptolémy et de Naïra.
Philémon réagit et puise en lui pour se lancer contre ces hommes illusoires, leur faisant ainsi relâcher Naïra et Ptolémy. Alors qu’il traine la jambe jusqu’au groupe qui soulève le corps de Yakamoz, ¼dipe paralyse à distance le Saint du Lièvre. Le corps de Philémon est figé, tandis que le Bolivien lui apprend : « Je ne laisserai personne détruire cette île qui m’a apporté tant de bonheur. Je vais faire imploser ton c½ur, à moins que ce ne soit ton cerveau ou bien tes reins qui cèdent en premier sous mon Fracas Mystique ! »
Immédiatement, Philémon se contorsionne dans tous les sens et sent chacun de ses organes s’agiter indépendamment de sa volonté.
Finalement, il se tient la tête tandis que de ses yeux, de sa bouche, de son nez et de ses oreilles s’échappe du sang.
_ « Il semble que ce sera ton cerveau qui sera victime de ma toute puissance : Mystic Smash ! »
Alors qu’il allait subir le même désagrément que celui causé à Spartan par le Mystic Smash lors du début de la guerre au Sanctuaire, Philémon sent l’emprise d’¼dipe s’éparpiller dans tout son corps.
Heureusement pour le Saint du Lièvre, Aldebaran débarque à la vitesse de la lumière devant le difforme Alcide, les paumes des mains collées au visage du redoutable chevalier d’Hébé : « Great Horn ! »
La Corne du Taureau explose en pleine face de son adversaire.
La déferlante détruit l’embarcation.
Aldebaran, remis à temps du Psycho Crusher que lui a infligé ¼dipe, effectue un salto arrière pour retomber à côté de Philémon qui observe les dégâts.
Le sympathique chevalier de bronze sourit de façon crédule : « Vous m’avez sauvé la vie Maître, encore un peu et mon cerveau allait exploser dans mon crâne. Vous avez réussi ! »
Néanmoins, en observant le corps d’¼dipe gisant dans les airs, les pieds dans le vide après que l’esquif se soit dérobé sous ses pieds, décapité par l’arcane, Aldebaran n’a pas le même enthousiasme : « Non, j’ai échoué. Il n’y a plus de traces de mon ennemi, ni même de celles de la Biche de Cérynie et de Yakamoz. »
Philémon se retourne et ne retrouve en effet que les corps inanimés de Naïra et de Ptolémy, tandis que les soldats athéniens remontent celui de Babel.
Dans les airs il ne reste qu’un hologramme d’¼dipe qui disparaît, comme ça a été le cas précédemment avec ses autres illusions.
Aldebaran pose une main sur l’épaule de Philémon et le redresse facilement en observant les quelques Hébéïens restant fuir la côte Sud par le détroit avec, pour refermer la marche, quelques Athéniens qui les pourchassent…
La journée s’achève par une victoire athénienne au Sud de l’île.
A mesure que son navire bogue vers le Nord Est, Apodis regarde du haut du mat où il s’est posé ses amis Cliff et Pullo avec lesquels il s’apprête à mener une nouvelle bataille…
En mer, à l’approche de l’embranchement entre le Nord et l’Est de l’île d’Yíaros, le vent faiblit de plus en plus.
Les matelots rangent les voiles et les soldats rejoignent les marins pour pousser les longues rames, sous l’impulsion de Pullo qui hurle à la mort pour leur ordonner de se dépêcher.
Le soleil ne brille plus de la même intensité qu’au début de l’après-midi. Sa teinte est orangée et il est moins haut dans le ciel.
Apodis est perché sur le mat pour respirer l’air frais et se vider l’esprit.
Ainsi, il suit les combats qui se jouent dans le Sud d’Yíaros sous l’impulsion d’Aldebaran et Shura.
Cette Guerre Sainte lui rappelle celle qu’il vécut contre Arès, au moment de la bataille contre Cronos…
Flashback
Printemps 1979. Les premières lueurs du soleil furent aussi rouges que le sang qui avait coulé la nuit précédente des tentatives d’incursion d’Arès dans le Sanctuaire d’Athéna.
Les rayons matinaux traversaient les lucarnes faîtes dans les murs et vinrent chauffer le visage d’Apodis qui, en une semaine de formation expéditive, obtint le grade de soldat.
Lorsqu’Apodis entrouvrit les yeux, il reconnut Cliff se redresser sur la même couche que lui. En balançant son regard à droite puis à gauche, il distingua les deux femmes avec lesquelles ils passèrent la nuit.
A la veille d’une mort qu’il attendait avec impatience, Apodis s’était endormi avec les trois autres et recouvrait avec bien du mal ses forces, les muscles encore endoloris par les exercices de Pullo.
Afin de ne pas réveiller les deux femmes de petites vertus allongées sur le ventre, nues, les bras et les jambes écartées, Cliff chuchota à son camarade : « Allez Apodis, debout ! Il est l’heure. »
Le futur Saint de bronze enfilait ses vêtements grisâtres que portent tous les soldats et emboita le pas à Cliff qui souriait à l’idée de combattre pour le Sanctuaire.
En trottinant, ils se pressèrent de gagner le camp où Pullo leur avait donné l’instruction militaire.
A mesure qu’ils approchaient du campement, le c½ur d’Apodis cognait dans sa poitrine, lui inspirant à nouveau la peur. Il n’avait en tête que le visage de sa mère et s’imaginait la voir sourire, soulagée d’apprendre la mort de son enfant sur le front, pouvant maintenant jouir de la grâce de son père qui cessera de la battre pour lui avoir donné un fils indigne de ses aspirations. En mourant au combat, Apodis espérait laisser l’honneur de Frontinus sauf et réconforter sa maman.
Dans le centre en ruine, où Pullo les attendait depuis déjà une heure, beaucoup de soldats faisaient grise mine. Rares furent ceux ravis d’enfiler leurs casques contrairement à Cliff.
Apodis prenait son temps pour fixer son plastron, ses jambières, ses protections aux avant-bras et son casque qu’il avait lui-même enjolivé en y incrustant des plumes d’oiseaux. A sa taille était tenu un fourreau dans lequel reposait son glaive ainsi qu’une gourde en peau de chèvre remplie d’eau. Sur son dos, il portait son paquetage composé d’une partie d’une toile de tente, d’une gamelle vide, de bandages et d’un drap, sachant qu’il n’en profitera peut-être jamais comme la majorité des hommes. Il fut prêt lorsque son bras gauche soutint un bouclier trop lourd pour lui et que sa main droite leva sa lance.
Avec eux, les cuisiniers et autres esclaves de l’armée chargeaient les charrettes tractées par les mules. Chaudrons, élixirs pour désinfecter les plaies, eau, tenues des caporaux… ils étaient sommés de ne rien oublier.
Un cor retentit pour avertir l’approche des garnisons athéniennes venues du Sud pour rallier celles de Pullo.
Enfin, d’un signal de la main, Pullo, à cheval, lança la marche. Il devait leur faire traverser le Sanctuaire jusqu’aux lignes Ouest qui subissaient les assauts des Berserkers et de leurs soldats.
En chemin, dans les autres villages, cette légion absorbait les autres équipes qui se tenaient prêtes elles aussi.
Les soldats percevaient les villageois craintifs. Ceux-ci voyaient partir à la guerre leurs frères, leurs pères et leurs fils.
Pullo et quelques autres caporaux veillaient du haut de leurs chevaux à ce que les lignes soient bien maintenues, afin de rassurer le peuple en prouvant l’organisation et la resplendissante allure de l’armée du Sanctuaire.
Il leur fallut la matinée pour rejoindre les frontières Ouest.
A mesure qu’ils approchaient, ils remarquaient des bûchers ayant servis pour les dernières victimes de la nuit.
Les villages étaient de plus en plus déserts et les villageois empruntaient les mêmes chemins pavés que l’armée mais dans le sens inverse. Ils tentaient de gagner le Centre du domaine, Honkios, là où le Sanctuaire est censé être le plus sûr.
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Apodis et les siens reconnaissaient des traces de luttes et les premiers cadavres des soldats d’Arès qui réussirent à s’infiltrer dans le domaine sacré.
C’est une fois au sein du village le plus proche des murailles de l’Ouest, Paesco, qu’ils virent catastrophés, les remparts fracturés à l’horizon.
Sur leur flanc gauche une immense brèche, certainement provoquée par un éclat de cosmos, laissait à l’envahisseur l’entrée grande ouverte.
Tout en calmant sa monture, Pullo dispersait la légion en plusieurs cohortes. Il indiqua à Apodis, Cliff et les autres soldats de leur groupe, la direction d’un autre corps qu’il devait rattacher : « Le lieutenant de la zone Ouest a ordonné que nous soyons sous les ordres du Sergent Circinus Saint de bronze du Compas. Allez monter vos tentes avec les leurs en attendant les ordres. »
Ils finirent de traverser Paesco, village quasiment rasé. Les maisons encore debout, se comptant sur les doigts d’une main.
Une jolie jeune fille, accoudée à la fenêtre de sa chaumière, observait les troupes traverser le village. Le reflet orangé de ses cheveux bruns s’agita lorsqu’elle tourna la tête en direction d’Eurydice, sa s½ur. De ses beaux yeux bleus marines, elle s’inquiéta : « Il ne reste que nous et ceux qui ne veulent quitter la sépulture des victimes de notre village. Tout le monde a fui après les derniers incidents. Pourquoi s’obstiner à mourir ici ? »
Une mélodie vint reprendre ses propos. D’une voix douce et apaisante, l’homme, tapis dans l’ombre, assis sur la Pandora Box de la Lyre, ramena le calme auprès de l’adolescente.
Eurydice répondit à sa s½ur tout en admirant son bel amant, Orphée : « Fuir alors que d’autres donnent leurs vies pour nous protéger reviendrait à perdre tout espoir. Lorsque nous nous sommes offerts quelques jours dans la ville d’Honkios, nous nous sommes senties fortes parce que nous étions entourées d’Orphée et de nombreux soldats. Maintenant c’est à nous d’être fortes, pour soutenir les derniers habitants qui ne peuvent pas ou ne veulent pas fuir ce village car ils n’ont pas encore renoncé. C’est à nous d’être fortes pour prouver aux soldats que nous plaçons en toute confiance nos vies entre leurs mains. »
Se redressant en caressant sa coiffe bleutée, Orphée conclut : « Regarde Netsuai, ces hommes qui passent devant ta fenêtre… Tous ont quitté leur foyer pour protéger le nôtre. Ce petit village n’a que peu de valeur à leurs yeux, mais pour ce qui est de votre vie et de votre honneur, ils sont prêts à tout donner. Rester pessimiste alors qu’ils ont besoin d’encouragements, cela va à l’encontre de ce qu’Eurydice t’a appris jusqu’ici, cela va à l’encontre d’Athéna. Regarde les bâtisses et les ruines voisines, tout le monde en sort pour applaudir ces braves soldats et pour les acclamer. C’est avec votre soutien que ces hommes puiseront le courage de vaincre. »
Emue par ce discours, Netsuai prit aussitôt la porte, pour imiter les autres habitants de Paesco.
Elle regarda fièrement passer chaque cortège.
Apodis marchait péniblement et passa devant celle qu’il reconnut aussitôt comme étant la chipie qui lui prit son carnet de poèmes le jour où il a rencontré Orphée et Eurydice.
Netsuai constata qu’Apodis était le soldat le plus déboussolé et, dans un élan de bonté, elle détacha le ruban en soie qui maintenait sa robe rose à sa taille pour l’enrouler autour du poignet du malheureux tout en suivant sa marche. Elle lui souffla ce doux mot qu’elle aurait dû adresser au reste des troupes plus méritant que ce poltron : « Merci. »
Dans la maisonnette d’Orphée, le preux chevalier d’argent sentit le corps d’Eurydice se coller à lui chaleureusement : « Reviens-moi sain et sauf mon tendre amour. »
Orphée contempla les yeux en amende de sa muse : « Bien plus que ma dévotion envers Athéna, mon amour pour toi m’engage à te promettre de revenir victorieux. Et si couvert de sang il m’est contraint de rentrer, sache alors, que celui-ci sera celui de mes ennemis. »
Après avoir posé son instrument sur la Pandora Box de la Lyre, Orphée utilisa ses bras pour serrer Eurydice contre lui.
Le visage fermé, il reconnut en Eurydice la crainte de le perdre. C’est pourquoi il choisit de prendre sa lyre pour la guider dans un sommeil paisible en interprétant une courte ballade.
Ensuite, l’armure endossée, il se couvrit d’un voile blanc afin de masquer son identité et sortit dehors chercher Netsuai : « Il est l’heure pour moi de rejoindre mes pairs. Je ne peux te dire combien de temps durera la bataille, mais sache que je ne permettrai jamais au mal de vous atteindre ta s½ur et toi. Veille sur elle durant mon absence et garde foi en nous… »
A quelques mètres de la maison, à la sortie du village, les autres corps d’armée se divisaient eux aussi pour rallier des retranchements menés par d’autres sergents.
Epuisée par cette longue marche, l’équipe d’Apodis suivait Pullo en traînant les pieds jusqu’à la circonscription du sergent Circinus Saint de bronze du Compas, bien proche des lignes ennemies. C’était à cette hauteur que les murailles avaient été brisées et ils pouvaient observer les Arèsiens rassembler eux aussi leurs forces venues de l’Aréopage.
Quelques tranchées étaient creusées, pour abriter les premières lignes alors que les décombres des fortifications avaient été redressés pour servir de bouclier derrière lesquelles ils montaient leurs tentes.
Circinus fut ravi de voir débarquer Pullo. Le caporal se courba en avant en guise de respect pour son supérieur. Circinus n’en eut que faire et le serra dans ses bras.
Circinus était un vieil ami de Pullo et ils ne paraissaient pas en être à leur première bataille côte-à-côte tous les deux.
Son armure, couleur étain, se composait de courtes jambières et de genouillères rondes. Une simple ceinture lui maintenait la taille tandis que le torse et le dos étaient entièrement protégés par une sorte de sphère, marquée de dos comme de face des signes Nord, Sud, Est et Ouest. Chaque bras était couvert par un bouclier où les quatre points cardinaux étaient également gravés. Les deux boucliers étaient suffisamment larges pour couvrir les épaules du Saint, voilà pourquoi la Cloth du Compas était dépourvue d’épaulettes. La chevelure océan de Circinus était couverte par un imposant heaume sur lequel était dessiné au niveau du crâne l’étoile exposant les points cardinaux.
_ « Pullo ! Mon ami. Comme je suis rassuré de te savoir parmi nous. Nous avons bien besoin d’un homme comme toi pour nous aider à tenir.
_ Va, tu me flattes Circinus. Evoque-moi donc la situation !
_ Voici trois nuits que nous parvenons avec beaucoup de mal à contenir leurs assauts. Certains de leurs hommes ont même atteint les villages. Leurs catapultes sont venues à bout de nos tourelles, c’est ainsi qu’ils ont pu s’engouffrer aisément. Nous étions en sous-effectif vu que nos forces armées étaient surtout maintenues au Nord et à l’Est jusqu’ici. On a subi de lourdes pertes. La majorité des troupes d’Arès se sont donc rassemblées face à ce plateau désert depuis que le mur est tombé. L’attaque la plus lourde va avoir lieu ici. »
A cette annonce, Apodis fût pris de panique, il voyait scintiller au loin les flammes des torches ennemies qui reflétaient sur leurs protections rouges. Ils allaient être en première ligne sur un boulevard.
En regardant derrière lui, il vit de nombreuses autres garnisons les rejoindre. Il était évident que tout allait se jouer sur cette place.
Au lieu d’aider Cliff et les autres à monter le camp, à armer les catapultes ou à affûter les armes, Apodis épiait discrètement Circinus et Pullo.
_ « Circinus, quel est ce village derrière nous que tout le monde fuit ?
_ Il s’agit de Paesco. Si jamais ils atteignent ce village, ils auront gagné assez de terrain pour établir leur campement au sein même du Sanctuaire. Autant te dire que nous serons à leur merci dans ce cas. Sans compter les hommes de Cronos qui frappent également un peu partout sur le territoire.
_ A combien d’hommes évalues-tu l’armée qu’ils ont positionné face à nous ?
_ Arès a beaucoup promis à ses hommes. Ils ont été rejetés par la société, par leurs amis et leur famille. Il leur offre une occasion de prendre leur revanche et il a bien dû en regrouper trois milliers. Et toi Pullo, en réunissant toutes les garnisons avec qui tu as mené la marche aujourd’hui, combien d’hommes as-tu sous ton étendard ?
_ Un demi-millier seulement. Le Grand Pope a fait rappeler quelques unités placées dans les défenses extérieures en territoire ennemi chez quelques dieux mineurs. Mais c’est bien trop peu. D’autant plus que les galères qui les conduisent, n’arriveront que dans trois jours au plus tôt. Combien d’hommes te restait-il avant notre arrivée ?
_ J’ai perdu sept-cents hommes depuis le début de la bataille. Avant que vous ne veniez regonfler nos rangs nous devions être un peu moins d’un millier. Ce qui veut dire qu’à l’heure actuelle…
_ … Nous sommes à moitié moins nombreux qu’eux ! Nous avons mené trop de batailles ces dernières années, contre des dieux qui n’étaient pas franchement menaçants, déplora Pullo. Beaucoup d’hommes ont péri, ou ont été obligés de rester sur place pour maintenir l’ordre. Aujourd’hui la majorité de nos équipes sont des jeunes qui savent à peine tenir une épée !
_ C’est ainsi que nous avons commencé souviens-toi, sourit Circinus !
_ Oui, partagea Pullo la bonne humeur de son camarade ! Et puis aujourd’hui à trois milles contre la moitié, nous avons déjà vu pire ! »
Les éclats de voix des deux amis rassurèrent quelques-uns des soldats qui les accompagnaient.
Apodis, lui, ne fut absolument pas convaincu, d’autant plus que Circinus prit à part Pullo.
_ « Les plus à craindre ne sont pas les soldats mais plutôt les Berserkers.
_ Les Berserkers ?
_ Afin de récompenser les humains entrés à son service et qui réussirent à manipuler le cosmos sans difficulté, Arès offrit aux six plus forts et plus fidèles des armures, six de ses neuf Nightmares ! Ainsi, il forma son armée composée de six Berserkers, dont la force se situe entre celles des Saints d’argent et des Saints d’or. Leurs Nightmares les recouvrent de la tête aux pieds, laissant à peine leurs visages dévoilés de ces protections couleur sang, toutes ornées d’une pierre d’améthyste sur le torse.
_ Il vaut mieux tomber sur six Berserkers que sur neuf, essaya d’ironiser Pullo ! Il nous sous-estime en nous attaquant avec une armée incomplète !
_ Cinq Berserkers et non six, corrigea Circinus. Mensa Saint de bronze de la Table a usé de toutes ses forces pour se défaire de l’un d’entre eux. Il a perdu un bras dans la bataille et ses jours sont en dangers. Il a été admis par les prêtres dans un temple de la ville d’Honkios pour être soignés.
_ Mensa était pourtant réputé pour être un Saint redoutable !
_ Il se fait vieux Pullo ! Comme toi et moi. Le Grand Pope a envoyé nos meilleurs jeunes éléments s’endurcir contre des armées aux quatre coins du monde. Il ne reste plus que des briscards épuisés pour diriger des enfants… »
Apodis qui était pressé de trouver la mort commençait à la craindre, maintenant qu’il savait qu’ils allaient se faire massacrer…
Flashback
Une lumière…
L’horizon est baigné d’une lumière dorée provenant de la côte Sud…
Ce cosmos, celui du Capricorne, sort Apodis de ses songes.
L’Oiseau de Paradis sait que la victoire ne peut fuir Shura…
Au Sud de l’île d’Yíaros, sur le port, cent-cinquante Athéniens débarquent sur la côte.
Ils ravagent les navires hébéïens et foncent sur la trentaine de soldats restants.
Androgée choisit de se mettre en première ligne pour donner l’alarme et organiser la retraite de ses hommes lorsque Shura lui retient le pied : « Notre combat n’est pas terminé Taureau de Crète… »
Androgée essuie le sang qui coule depuis son front et qui se mêle à ses beaux et fins cheveux marine : « Tu es plus mort que vif. Mon Prophetic Horn t’a provoqué une fracture de la boîte crânienne et tu espères te montrer encore vaillant contre moi ? C’est de la folie ! »
Shura recroqueville pourtant ses genoux dans l’espoir de se relever mais Androgée ne lui en laisse pas l’occasion, il le cogne du plat du pied en plein visage. Shura est projeté au-delà du ponton et tombe inconscient dans la mer.
Plus loin, sur le flanc gauche, devant le tourbillon de feu provoqué par Baucis, Aldebaran décroise ses bras et projette son cosmos dans l’espoir de créer une onde de choc dont le courant d’air soufflera le brasier.
Au beau milieu de celui-ci, la belle Baucis Alcide de la Biche de Cérynie entame son duel avec Philémon du Lièvre.
Pendant ce temps, quelques soldats athéniens plongent dans l’eau pour repêcher le corps de Babel qui a été balayé par une précédente attaque de Baucis.
Au c½ur des flammes, les longs cheveux violets de Baucis s’agitent dans le vent. Elle bondit de gauche à droite, de bas en haut, de plus en plus vite en frappant Philémon qui esquive et riposte de la même manière.
La vitesse du son est vite atteinte et bientôt le corps à corps atteint une vitesse proche de celle de la lumière. Au terme de ce terrible échange, Baucis s’échoue au sol en retombant sur les omoplates…
Au Centre de l’île d’Yíaros, dans le Parthénos, à l’intérieur de son temple, dans la salle de réception, Hébé est debout à faire les cents pas.
A ses côtés, Juventas reste agenouillée, le visage braqué sur le tapis rouge où marche sa déesse. Elle suit avec attention le débarquement des Athéniens et la défaite des siens qui se profile.
Soudain, face à une Hébé totalement absorbée par ses pensées, le décor se fend en deux, comme si une épée tranchait un rideau laissant apparaître une silhouette. De l’atmosphère jaillit un homme aux genoux distordus, le faisant marcher lentement, traînant les pattes tel un animal abattu. D’animal il n’a pas que la marche, son dos, bossu, lui fait pendre les bras en direction du sol, du moins ce qui s’apparente à des bras, car son organe droit est complètement atrophié et les doigts de cette main sont retournés à l’inverse de ceux d’un homme anatomiquement bien formé. Son bras gauche est long et dénué de main, de coude et de toute autre particule composant un corps humain en bonne santé. Il ressemble à un long mat de bateau, rigide, portant de longs poils, comme s’il s’agissait d’une patte de chien.
Ses yeux rouges souffrent d’un strabisme inconcevable, son nez est désaxé de son visage tout comme sa bouche qui reste entrouverte et de laquelle s’écoule en continu sa bave qui sèche sur ses petites lèvres craquelées par laquelle on remarque une dentition particulière. Son crâne est dégarni sur le dessus alors que sur le tour de sa tête tombe d’épais cheveux gras et jaune pâle.
Juventas s’adresse à lui : « Alors ¼dipe Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale, as-tu repéré quelque chose ? »
¼dipe ne sachant parler et n’écoutant qu’à l’aide de son cosmos, répond par l’intermédiaire de celui-ci en faisant résonner sa voix dans l’atmosphère : « Pour le moment aucune autre intrusion que celle du Sud n’est à déplorer. »
Hébé intervient : « Bien ¼dipe, je t’ai chargé de la défense du Centre de l’île pendant que Baucis et Androgée lutte contre l’invasion du Sud. Maintenant que plus rien n’est à craindre pour nous, j’aimerai que tu ailles sauver nos amis. Ils sont dans une situation critique.
- Bien majesté, je me battrais jusqu’au bout. »
Hébé le retient en s’écriant : « Non ! Ramène simplement le plus d’hommes possible. Si tu le peux, serre-toi de ta psychokinésie pour m’apporter des prisonniers capables d’être au courant du plan de guerre des Athéniens. »
¼dipe ne dit rien d’autre et se volatilise comme il est apparu.
En mer, à l’approche de l’embranchement entre le Nord et l’Est de l’île, Apodis ne perd rien des affrontements en cours. Il se doute que cette victoire qui se profile au Sud de l’île est déterminante pour l’avenir de cette Guerre Sainte.
Du haut du mat où il est perché, l’Oiseau de Paradis observe ses hommes. Ils sont là, à scruter l’horizon, en attendant un périlleux débarquement. Cette attente est semblable, à celle qu’il a vécue lorsqu’il était encore soldat…
Flashback
Printemps 1979. Les heures s’écoulèrent sans que personne ne bougea sa position.
Apodis commença à redouter la mort qui lui était promise lors de l’assaut des Arèsiens.
Le soleil se coucha tandis que les servants apportaient la soupe que les soldats dégustaient assis sur leurs boucliers.
Cliff n’avait de cesse d’observer les ennemis, prêt à leur bondir dessus.
Apodis préférait examiner les environs pour trouver une issue, mais bien trop de lignes alliées l’auraient empêché d’atteindre le village de Paesco sans qu’il ne se fasse repérer et punir pour désertion. Il devait se résoudre à tenir sa ligne en compagnie de Pullo, Cliff et les autres élèves avec lesquels il s’était entraîné.
Aux alentours, Apodis reconnut dans d’autres troupes des garçons avec lesquels il jouait étant enfant, ainsi que d’autres qui le martyrisaient lorsqu’il sortait de chez lui. En eux, Apodis palpait la même peur que celle qui consumait son être. Il prononça de façon cynique : « Finalement nous serons tous égaux devant la mort. »
Soudain, Cliff se leva.
Une vaste colonne de brindilles montée au milieu des défenses ennemies et représentant une épée venait de s’enflammer.
Aussitôt les Athéniens entendirent le raisonnement produit par le claquement des lances arèsiennes contre leurs boucliers.
Cela était censé les intimider et Apodis aurait pu affirmer qu’il ressentait l’effet escompté par les hommes d’Arès, à l’inverse de Cliff qui avait déjà passé son casque comme la majorité des Athéniens.
Leur vacarme dura de longues minutes pendant lesquelles les caporaux et les sergents ordonnaient de former les rangs et de porter pilum.
La bataille allait commencer.
Un hurlement déchirant faisant cesser le vacarme se fit entendre au sein des régiments arèsiens. Aussitôt après, des machines s’activèrent en créant un sifflement bruyant venu des airs.
Il s’agissait d’énormes pierres fracassées après la destruction des remparts dont les ennemis se servaient comme projectiles qu’ils lancèrent grâce à leurs catapultes.
Les ruines vinrent toutes s’écraser au beau milieu des cohortes athéniennes, tuant sur le coup quelques dizaines d’hommes.
Malgré la panique, les caporaux ordonnèrent de garder les rangs. Certains Saints comme Circinus, ou d’autres soldats sachant manipuler le cosmos, projetaient des ondes de chocs pour faire exploser les blocs de bétons en de ridicules cailloux dont ils se protégeaient derrière leurs boucliers.
Heureusement que de tels guerriers accompagnaient l’armée sans quoi une grande partie aurait été décimée avant même le début de l’assaut.
Le commandant de ces légions, lieutenant de la zone Ouest se montra enfin.
Il était resté tapi depuis le début au beau milieu des troupes, caché sous son voile blanc qu’il ôta avec élégance.
Les yeux d’Apodis furent émerveillés par les reflets bleutés de sa Cloth. Son c½ur vrombit lorsqu’il reconnut le musicien qui accompagnait Netsuai et Eurydice le jour où il a abandonné ses poèmes. Orphée Saint d’argent de la Lyre veillait sur eux.
Le chevalier prit à lui seul la mesure des derniers projectiles qui leur étaient adressés malgré le fait qu’ils étaient lancés depuis des kilomètres. En jouant de son instrument, un nombre incalculable de cordes s’éparpilla pour former un grillage au-dessus des têtes athéniennes sur lequel les roches se brisèrent.
Les coéquipiers d’Apodis d'entrée inquiétés, scandèrent le nom d’Orphée, finalement rassurés.
Regonflés à bloc, l’armée était prête à la riposte.
Après cet assaut plus ou moins réussi, les ennemis firent silence.
Depuis le Sanctuaire, les Athéniens entendaient les cinq Berserkers prêcher la bonne parole à leurs guerriers du haut de leurs chevaux noirs magnifiquement décorés.
Pendant que les cordes d’Orphée retrouvèrent sa lyre, il fit de même que les Berserkers et discourut : « Soldats, Saints, mes frères ! Face à nous se dresse une nouvelle menace. Ces êtres sont nos semblables ! Ce sont de simples hommes ! Ils ont fait le choix de servir une divinité autre que celle que nous aimons et nous ne pouvons les blâmer pour cela. Arès a réuni à ses côtés des hommes rejetés par leurs familles et par la société. Parmi eux, certains ont été victimes de violences, témoins du massacre des leurs. En résumé, ils ont tous une revanche à prendre sur le monde. Ils espèrent laver la terre de tout ce mal qui l’occupe, en devenant les uniques habitants de ce monde nouveau qu’Arès leur promet. Nous savons qu’il leur ment, nous savons qu’il souhaite repeindre cette planète du sang des hommes, en prenant plaisir à les voir s’entretuer. Les Arèsiens sont aveuglés et ils nous tueront sans hésiter, que ce soit vous, vos femmes ou les héritiers de votre savoir ! Je sais qu’ils ont déjà blessé bon nombre de nos compagnons, et dans vos c½urs je lis la même peur qui ronge le mien ! Mais au sein du Sanctuaire vit une femme. Une femme qu’ils violeront. Une femme qu’ils tortureront et massacreront si on cède à cette peur. Cette femme je l’aime. Il s’agit d’Eurydice, ma compagne. Et c’est par amour pour elle, et aussi pour vos femmes, pour vos parents, vos frères, vos s½urs, vos amis et vos enfants que je n’hésiterai pas à me lancer à corps perdu dans la bataille ! A l’heure actuelle, les Saints d’or, les chevaliers les plus puissants de notre ordre, mènent une bataille contre d’autres dieux. Certains sont même partis dans le Cronos Laburinthos, son domaine. Nous n’avons pas le droit de perdre, alors que d’autres entament des combats encore plus éprouvants que les nôtres. Athéna veille sur nous, son cosmos bienveillant nous guide. Alors chevaliers ! Soldats ! Avec moi ! Pour Athéna ! Portez pilum ! »
Toute l’armée se mit en garde en grondant : « Pour Athéna ! »
L’ennemi fit de même en scandant le nom d’Arès.
Leurs pas résonnèrent sur le sol, ils s’élancèrent vers la muraille perforée.
D’abord en marchant, puis en trottinant et enfin en courant, tandis qu’à l’arrière, suivis par les Berserkers assis sur les chevaux qui trottèrent calmement, des centaines d’autres soldats avancèrent calmement en tirant avec eux leurs catapultes et leurs charrettes chargées d’arme.
Orphée dirigea ses bras en direction de chaque extrémité de ses lignes : « Les lignes extérieures doivent se lancer. Elles doivent gagner la muraille pour former un demi-cercle dans lequel les soldats d’Arès s'engloutiront. Les lignes au centre attendront qu’ils viennent. Nous devons maintenir nos positions, jusqu’à ce que les lignes de droite et de gauche rejoignent la muraille. Alors seulement nous les enfermerons dans notre arc de cercle pour ne laisser aucun survivant. »
Orphée restait droit devant, seul, prêt à être le premier pilier.
Tous l’admirèrent sur le coup.
Il attendit…
Et attendit…
Encore et encore…
Maintenant que les premières lignes d’Arès étaient à une dizaine de mètres de lui, il annonça le début de l’assaut en leva le bras : « Archers… »
Juste derrière la garnison d’Apodis, trois lignes d’affilés brandirent leurs arcs et sortirent leurs flèches.
_ « … Tirez, ordonna Orphée ! »
Une première salve terrassa les Arèsiens les plus téméraires.
La suite vint.
Orphée répéta son action : « Archers… »
Tous réarmèrent leurs arcs : « … Tirez ! »
Une pluie de flèche atteignit encore la foule.
Une bonne centaine de soldats étaient déjà à terre.
Orphée attendit que les autres approchent encore : « Archers… »
Toujours avec grâce et précision, ses semblables sortirent une nouvelle flèche : « … Tirez ! »
Sous un rideau de flèches qui masqua alors la lueur de la lune, de nouveaux corps s’affaissèrent.
Toutefois la progression ennemie était devenue trop importante.
Seul contre tous, Orphée écarta ses bras et ordonna : « Lignes latérales ! En avant ! »
Dans un amas de cris, ses compatriotes les plus à droite et les plus à gauche partirent en direction de la muraille, en essayant d’enrailler l’élargissement des troupes ennemies.
Les premiers râles de douleurs se firent rapidement entendre, les soldats des deux camps vinrent s’encastrer contre les lances et les boucliers adverses.
A coup de masses et d’épées, ils s’échangèrent de violents coups, dans ce qui ressemblait maintenant à une boucherie.
Orphée rejoignit ses deux bras en l’air tout en tenant sa lyre. Une fois réunis, il les abaissa en direction des ennemis qui n’étaient maintenant plus qu’à un mètre de lui : « Au centre ! Levez les lances ! Maintenez vos positions ! »
Cliff s’exécuta aussitôt, Apodis eut l’impression que l’Italien enracinait avec détermination ses pieds dans le sol afin d’être sûr de ne pas reculer.
Un premier Arèsien, lance en avant, se jeta sur Orphée qui l’évita sans crainte et le cogna en plein estomac. Puis essayèrent un second et un troisième… Et bientôt on ne distinguait plus Orphée tant la foule alentour l’engloutit avec facilité, isolant le brave lieutenant.
Apodis était à genou, derrière son bouclier, comme les autres, le javelot en avant.
Les résonnements métalliques des armures des soldats d’Arès approchèrent.
Les yeux fermés, sa tête casquée collée contre son bouclier, Apodis sentit son javelot trembler, une fois puis deux.
Puis, il vit sur sa droite un frère d’arme qui venait d’être frappé par-dessous son écu.
Et s’en fut un second par le dessus.
Le troisième n’attendit pas et dégaina son glaive qui trancha la tête d’un ennemi.
Apodis choisit donc de se lever aussi pour faire au moins semblant de se battre.
A peine sa tête fut levée de dessus son bouclier qu’il aperçut une énorme hache s’abattre sur lui.
Il essaya de tirer sur son pilum pour riposter, mais un ennemi qui s’y était empalé le bloquait de tout son poids.
Repoussé par le premier impact contre son écu qui le fit tomber sur le dos, le bouclier commença à se déformer sous le second coup de hache. D’autant plus qu’Apodis distinguait une forte progression ennemie qui fondait sur sa gauche. Il comprit qu’il allait se faire massacrer quoi qu’il advienne.
Avec l’énergie du désespoir, il tira donc sur le manche de sa lance qui se brisa. Equipé d’un bâton pointu, il profita que son assaillant reprenne son élan avec sa hache pour diriger son écorce tranchante au niveau de l’orifice oculaire de son casque. La peur le fit cogner si fort que le bâton ressortit de l’autre côté de sa tête.
Son adversaire tomba raide mort.
Premier meurtre d’Apodis qui devint immédiatement livide, éc½uré par les circonstances d’un tel décès.
Il n’eut pas le temps de se morfondre car les Arèsiens débarquaient par la gauche et par devant.
Préférant utiliser son épée en dernier recourt, il ramassa la hache qui venait de le cogner.
Dans cette multitude de corps à corps désorganisés, il frappa instantanément le flanc d’un premier adversaire qui passa à proximité.
Cet acte fit espérer à Apodis enrayer l’avancée ennemie de gauche afin de colmater la trouée qui venait d’être faite dans les lignes athénienne.
C’est donc avec le tranchant de son bouclier qu’il avançait, faisant de grands mouvements de bras, pour tailler la peau de ses ennemis. Cela marcha bien quatre fois d’affilée jusqu’à ce qu’un soldat plus expérimenté, vienne le contrer avec son propre écu.
Il se cacha derrière sa vaste protection afin d’essayer d’atteindre Apodis avec sa lance.
Le jeune Athénien sautillait en arrière en bloquant les coups avec son bouclier maintenant difforme. Il se protégeait et n’attaquait plus.
L’avancée des cohortes des Berserkers fut si importante que d’autres adversaires fondaient droit dans la direction d’Apodis.
Il sortit son épée de son fourreau pour entamer la chair de deux rivaux, tout en se protégeant du soldat à la lance.
Finalement l’ennemi parvint à lui effleurer la cuisse.
S’en fut assez pour faire chanceler le débutant.
Couché sur le dos, Apodis ne prit même pas la peine de cacher le haut de son corps avec sa carapace de fer.
Il estima avoir rempli sa part du travail.
Il ne restait plus qu’à la mort de faire la sienne en faisant de lui un héros mort au combat pour le Sanctuaire.
L’affront de son père serait ainsi lavé et sa mère ne subirait plus sa colère…
L’Arèsien pointa son javelot en direction de sa gorge.
Aux alentours d’Apodis, l’ennemi passait de plus en plus.
Il ne semblait plus rien rester de sa garnison et des quelques lignes qui tenaient derrière elle.
Apodis fermait les yeux et patienta… Il patienta encore… Et encore…
Flashback
La patience…
Celle d’Apodis aujourd’hui est mise à rude épreuve…
Il attend encore et toujours que vienne son tour de débarquer sur Yíaros pour venger sa mère et son fils.
Au Sud de l’île d’Yíaros, sur le port, face au détroit, un soldat hébéïen souffle dans une corne. Un signal que tout le monde comprend comme étant une retraite.
A côté de lui, Androgée observe les siens fuir le champ de bataille en évitant les lances et les flèches athéniennes qui les poursuivent.
Androgée dégage son cosmos pour frapper les groupements athéniens afin d’en éliminer le plus grand nombre.
Il n’hésite pas à retourner près des pontons, pour relever quelques-uns de ses hommes qui espèrent fuir les glaives sans pitiés pour les blessés.
Une fois que la majorité de ses ouailles suit le fleuve qui relie la rivière du Centre de l’île à la mer, il ordonne à l’un d’eux : « Conduit-les jusqu’au temple d’Hébé. Demande à ce qu’un nouveau plan de défense soit étudié. Il ne faut pas que les Athéniens passent le détroit, sinon ils auront le champ libre sur toute la cité.
_ Et vous Seigneur Androgée ? Qu’allez-vous faire ? "
_ Il reste des Hébéïens à sauver ainsi que Baucis. Je ne peux pas les laisser ainsi. Pars maintenant ! »
Androgée bondit de mètres en mètres pour atteindre le flanc gauche… Jusqu’à ce qu’une ligne creusant le sol depuis la mer jusqu’à la montagne se forme et lui barre la route.
La mer engloutie aussitôt le gouffre qui s’est formé et d’où ressort Shura, le visage lavé par l’eau salée.
Aussitôt jaillit de l’eau, son sang inonde à nouveau son corps depuis sa plaie crânienne. Toutefois, Shura semble décidé à gagner ce combat, il retire même son casque fendu et le pose au sol. En clignant des yeux pour dégager l’hémoglobine qui s’y déverse, Shura reprend le combat.
_ « Androgée, j’ai gagné !
_ Tu as radicalement perdu l’esprit, c’est désormais officiel !
_ C’est ce que nous allons voir, tu vas encaisser cet arcane qui t’est encore inconnu ! Jumping Stone ! »
Androgée ferme les yeux et exécute les mêmes mouvements que Shura en savourant déjà sa victoire : « Ridicule, mes Cornes de la Prophéties peuvent reproduire instantanément ta technique ! Prophetic Horn ! »
Shura court jusque devant son adversaire et, arrivé face à lui, effectue un saut périlleux pour glisser ses deux pieds sous ses bras et l’envoyer s’encastrer dans la roche des montagnes.
Une fois soulevé, Androgée effectue dans les airs un ciseau retourné avec ses jambes et parvient à passer au-dessus de Shura pour l’envoyer à sa place, de la même manière, contre la base des montagnes.
Le Capricorne est emporté par sa propre attaque contre les solides pierres, provoquant un éboulement sous lequel il est enseveli.
Plus loin, Androgée se réceptionne sur une jambe avec grâce et agilité en recoiffant encore ses cheveux.
C’est au moment où il s’apprête à repartir en direction de Baucis, qu’une étrange douleur le saisi du haut de l’épaule droite jusqu’à son genou gauche. C’est en voyant son bras droit se détacher du reste de son corps et en entendant sa Cloth se creuser de face comme de dos sur cette ligne droite qui relie son épaule à son genou qu’il réalise avoir été frappé.
Il s’effondre, le corps profondément entaillé, dans un bain de sang…
Désormais, partout sur la côte Sud, certains soldats athéniens s’approchent de lui sans vraiment comprendre ce qui lui est arrivé.
L’un d’eux pointe sa lance dans les airs, avant de l’encastrer dans la gorge de l’Alcide dont la peau est devenue aussi lisse que du beurre après que son cosmos se soit considérablement amoindri suite aux blessures infligées par Shura.
Androgée sent la lame lui perforer le cou sans pouvoir réagir.
L’air commence à lui manquer mais il reste pourtant conscient lorsque ses yeux distinguent un second Athénien planter son épée dans son dos laissée à l’air libre après que son armure ait éclaté.
Il perd connaissance lorsque d’autres soldats rejoignent ses deux bourreaux et qu’ils le martèlent de coups en espérant chacun participer à la mise à mort d’un chevalier qui égale un Saint d’or…
Devant les montagnes, une main s’échappe de l’amas de roche.
Quelques athéniens viennent aider Shura à sortir de sous les pierres en soutenant son corps meurtri. Ils l’aident à s’assoir sur un rocher, tandis que d’autres lui tendent leur gourde pour le désaltérer et nettoyer son visage souillé. Un des soldats porte une sacoche autour de la taille et l’ouvre pour sortir quelques bandages, des ciseaux et de l’alcool. Il verse toute une bouteille sur le crâne de son Seigneur qui ne réagit pas et presse bien fort sur la plaie avec un morceau de tissu qu’il a arraché de ses vêtements.
Shura est troublé par la vue de ce cadavre roué de coups et pense alors : « Androgée… Lorsque tu as dégagé toute ta puissance pour me fracasser le crâne, j’ai compris que la victoire ne pouvait que me revenir. J’ai vu tes limites et j’ai su que ta vitesse ne pouvait atteindre la mienne. Ton Prophetic Horn ne peut que copier une technique à la fois. Il m’a suffi de faire diversion avec le Jumping Stone pour riposter avec un Excalibur au moment où tu contrattaquais. Tu n’as pas été suffisamment rapide pour réétudier l’utilisation de l’épée sacrée. Moi j’ai simplement dégagé l’ultime cosmos qui est en moi. Je suis désolé que mes hommes soient les derniers que tu ais vu, j’aurai préféré moi-même te donner le coup de grâce pour honorer l’adversaire coriace que tu as été. Adieu Alcide, pars en enfer expier ton crime contre Athéna. »
Sur le flanc gauche, là où Aldebaran lutte contre les flammes, Philémon poursuit son combat contre Baucis qui repoussée à nouveau.
Le petit Grec aux cheveux hirsutes, prend appui sur le sol, le visage illuminé par l’avantage qu’il vient de prendre. Ses grands yeux bleus fixent l’Alcide aux formes généreuses. Il se lance contre elle encore plus vite que précédemment et lui laisse à peine le temps de se relever. Le coude en avant, il la cogne en pleine ceinture abdominale, enchaîne d’un uppercut qu’il la fait se lever du sol. Les épais sourcils du Saint de bronze se froncent lorsqu’il crie : « C’est le moment ! Tu vas subir le Balayage du Lièvre ! »
Il tournoie autour d’elle en accroissant sa cosmo énergie.
En une fraction de seconde, il réalise plus d’un millier de tour, créant ainsi un cyclone qui emprisonne la belle Alcide dont la Cloth se fissure. Le chevalier d’un mètre cinquante-huit cesse sa course et dresse ses deux mains en direction de sa tornade pour en prendre le contrôle et augmenter l’énergie destructrice : « Lepus Sweep ! »
La vitesse circulaire approche la vitesse de la lumière si bien qu’on ne distingue plus le corps de Baucis voltiger tellement il tournoie rapidement.
Philémon achève son ½uvre en localisant sa victime qu’il vient cogner en pleine face, de son poing galvanisé d’énergie cosmique en traversant sa propre tornade.
Le masque de femme chevalier de Baucis, déjà inconsciente, est fracassé sur le coup, son corps ensanglanté part s’encastrer contre un navire hébéïen amarré.
Pendant ce temps, l’incendie est amoindri par l’effort d’Aldebaran qui voit partir telle une étoile filante le corps de Baucis contre le bateau.
Le Taureau distingue au milieu du brasier Philémon, le seul encore debout.
Le Brésilien court jusqu’au Saint de bronze qui flanche.
_ « Seigneur Aldebaran, Athéna soit louée, j’ai cru que je finirai carbonisé par cet incendie. Babel est tombé à l’eau, il faut… il faut…
_ Ca va aller, nos hommes ont débarqué, ils sont allés le chercher. Tu as été extraordinaire. Tu as développé un puissant cosmos malgré les conditions qui t’ont amoindri avant le combat. Je suis fier de toi mon cher disciple. »
Une voix retentit dans le ciel, interpellant le Saint du Taureau : « Ce n’est pas pour autant signe de victoire. »
Aldebaran se retourne et cherche qui peut prononcer de tels propos.
Il reconnait sur le pont du navire où Baucis s’est écrasée un homme au physique ingrat, n’ayant rien d’humain. Cet Alcide fruit d’un viol consanguin n’ayant aucun de ses cinq sens depuis la naissance, celui qui a donné du fil à retordre à Deathmask et Camus, est ¼dipe des Oiseaux du Lac Stymphale.
A ses côtés, des squelettes et des cadavres en décomposition, habillés de la tunique marine des hébéïens et de leurs protections azures se dressent. Ces morts-vivants supportent le corps de Baucis alors que d’autres zombies sortent de sous la mer et investissent le champ de bataille pour se jeter sur les corps inconscients de Naïra, Yakamoz et Ptolémy.
Aldebaran écarte les bras pour défaire les gêneurs : « Great Horn ! »
La voix d’¼dipe retentit dans les airs : « Psycho Crusher ! »
Un mur télékinésique bloque l’effervescence cosmique du chevalier d’or et l’emprisonne en formant un cube cosmique qui implose.
Tandis que le corps d’Aldebaran est frappé par l’Ecraseur Psycho d’¼dipe, les mirages d’¼dipe se gazéifient en emmenant avec eux les corps de Baucis, de Yakamoz, de Ptolémy et de Naïra.
Philémon réagit et puise en lui pour se lancer contre ces hommes illusoires, leur faisant ainsi relâcher Naïra et Ptolémy. Alors qu’il traine la jambe jusqu’au groupe qui soulève le corps de Yakamoz, ¼dipe paralyse à distance le Saint du Lièvre. Le corps de Philémon est figé, tandis que le Bolivien lui apprend : « Je ne laisserai personne détruire cette île qui m’a apporté tant de bonheur. Je vais faire imploser ton c½ur, à moins que ce ne soit ton cerveau ou bien tes reins qui cèdent en premier sous mon Fracas Mystique ! »
Immédiatement, Philémon se contorsionne dans tous les sens et sent chacun de ses organes s’agiter indépendamment de sa volonté.
Finalement, il se tient la tête tandis que de ses yeux, de sa bouche, de son nez et de ses oreilles s’échappe du sang.
_ « Il semble que ce sera ton cerveau qui sera victime de ma toute puissance : Mystic Smash ! »
Alors qu’il allait subir le même désagrément que celui causé à Spartan par le Mystic Smash lors du début de la guerre au Sanctuaire, Philémon sent l’emprise d’¼dipe s’éparpiller dans tout son corps.
Heureusement pour le Saint du Lièvre, Aldebaran débarque à la vitesse de la lumière devant le difforme Alcide, les paumes des mains collées au visage du redoutable chevalier d’Hébé : « Great Horn ! »
La Corne du Taureau explose en pleine face de son adversaire.
La déferlante détruit l’embarcation.
Aldebaran, remis à temps du Psycho Crusher que lui a infligé ¼dipe, effectue un salto arrière pour retomber à côté de Philémon qui observe les dégâts.
Le sympathique chevalier de bronze sourit de façon crédule : « Vous m’avez sauvé la vie Maître, encore un peu et mon cerveau allait exploser dans mon crâne. Vous avez réussi ! »
Néanmoins, en observant le corps d’¼dipe gisant dans les airs, les pieds dans le vide après que l’esquif se soit dérobé sous ses pieds, décapité par l’arcane, Aldebaran n’a pas le même enthousiasme : « Non, j’ai échoué. Il n’y a plus de traces de mon ennemi, ni même de celles de la Biche de Cérynie et de Yakamoz. »
Philémon se retourne et ne retrouve en effet que les corps inanimés de Naïra et de Ptolémy, tandis que les soldats athéniens remontent celui de Babel.
Dans les airs il ne reste qu’un hologramme d’¼dipe qui disparaît, comme ça a été le cas précédemment avec ses autres illusions.
Aldebaran pose une main sur l’épaule de Philémon et le redresse facilement en observant les quelques Hébéïens restant fuir la côte Sud par le détroit avec, pour refermer la marche, quelques Athéniens qui les pourchassent…
La journée s’achève par une victoire athénienne au Sud de l’île.
A mesure que son navire bogue vers le Nord Est, Apodis regarde du haut du mat où il s’est posé ses amis Cliff et Pullo avec lesquels il s’apprête à mener une nouvelle bataille…
Last Edit: 3 January 2022 à 10h27 by Kodeni