Chapitre 21

Chapitre 21

Tandis que les navires de guerre athéniens voguent jusqu’à Yíaros, des navires venus eux aussi du Port du Destin en Crète, jettent l’ancre sur les terres nordiques du royaume d’Asgard.
Tout en haut des pays scandinaves, là où les terres norvégiennes ne sont plus que des calottes de glaces et où aucun être humain ne peut s’aventurer, au Nord Est du royaume d’Asgard, sur le port, quelques éclaircies passent au travers de la brume.
Elles illuminent le sol, couvert de son épais manteau de neige et se reflètent sur les plaques verglacées des mares gelées. Elles aveuglent les soldats asgardiens qui contrôlent la marchandise livrée par les marchands grecs.

Trois navires sont ainsi examinés et vidés de toute leur cargaison : jarres, amphores de vin, épices, fruits et légumes…
Mandaté par Hilda de Polaris pour surveiller les postes frontières, Thor de Phecda est chargé du déroulement de la transaction économique.
Dans une calle de l’un des navires, il entasse des centaines de tas de sacres, des pièces de monnaie du Sanctuaire et de ses domaines annexés, afin de verser aux marchands leurs dus.

Plus haut, dans les collines où il affronta Fenrir quelques jours auparavant, dans cette zone du domaine que l’on nomme la Clairière de Loki, monté sur un cheval noir, Rhadamanthe observe l’échange en compagnie d’un autre cavalier, monté lui sur un cheval gris et chargé de sa surveillance, le futur Guerrier Divin de Delta, Alberich de Megrez.
Curieux du mode de vie de cette contrée, Rhadamanthe interroge son gardien qui, bienveillant, lui répond avec beaucoup de courtoisie.
_ « Tout ce ravitaillement est acheté par la trésorerie asgardienne et, comme à l’accoutumée, sera distribué, à soixante-dix pour cent aux nobles qui vivent dans le Walhalla avec priorité à la famille impériale bien entendu. Le reste est acheté par les marchands des villages du domaine qui servent ces denrées dans leurs auberges, ou en revendent une partie aux villageois les plus offrants.
_ Et le peuple ne se révolte pas d’avoir si peu de nourriture ?
_ Si autant est versé aux nobles, c’est parce qu’ils paient tous les ans un impôt conséquent. Les gens du peuple ne versent aucune taxe, ils sont libres d’utiliser les sacres qu’ils gagnent comme bon leur semble.
_ Les sacres… Donc Asgard vit de la monnaie du Sanctuaire d’Athéna… Mais comment peuvent-ils gagner de l’argent dans un milieu si rude ?
_ Asgard est un domaine allié du Sanctuaire. Les Asgardiens gagnent de l’argent en braconnant et en revendant le gibier chassé. En travaillant dans des auberges, pour des forgerons, pour des ébénistes, pour des bucherons, ou encore en étant aux soins des plus riches. Mais pour beaucoup, il s’agit de familles de soldats asgardiens qui vivent de la solde versée par le royaume.
_ Quoi qu’il en soit, il faut bien faire rentrer de l’argent au royaume ! Car au final, après avoir voyagés de poches en poches dans tout Asgard, les sacres quittent bien le territoire pour enrichir le Sanctuaire d’Athéna non ?
_ Pas vraiment. Si depuis des millénaires le peuple d’Odin vit de la monnaie du Sanctuaire, c’est parce qu’elle y gagne justement… »
Le perfide Asgardien aux cheveux améthyste pointe du doigt une vingtaine de personnes en file indienne qui attendent devant les navires que Thor achève ses transactions.
_ « Tu vois ces gens qui patientent là-bas ? Avec leurs grands chars ou leurs traineaux couverts de grandes bâches ? Ce sont les commerçants d’Asgard. Une fois que Thor et ses hommes auront conclu leur troc et qu’ils ramèneront le ravitaillement au Walhalla, les marins grecs vont redescendre de leur navire pour acquérir les productions asgardiennes. Mobilier en chêne massif fait main, peaux d’animaux, animaux empaillés, commande de bois pour construction de fortifications, armes de guerre… Tout ce dont raffole le peuple du Sanctuaire d’Athéna et même ses intendants. En général, ils laissent plus de sacres qu’ils n’en sont venus chercher…
_ Ingénieux… »
Il fait demi-tour avec sa monture et choisit de rentrer après cette balade post-dinatoire…

 
Au même moment, au Sud-Ouest d’Asgard, tout au Nord de la Norvège, là où personne ne peut s’aventurer, là où la terre est bordée de calottes glaciaires, se trouve l’entrée du royaume.
Elle se matérialise par un rocher au milieu de l’eau appelé l’Autel du Destin. Il est relié au continent par un pont de pierre.
Ici, emmitouflée dans sa cape violacée, agenouillée, les mains jointes et les doigts entremêlés, les yeux fermés, Hilda de Polaris prie Odin.
Autour d’elle, son cosmos bienveillant inonde d’amour les gens alentours, à commencer par Siegfried qui veille depuis le continent, juste à l’abord du pont de fortune.
Après huit heures de prières sur l’autel où Athéna l’imitera dans quelques mois, la belle termine enfin d’invoquer son dieu.
Elle se relève délicatement afin d’arborer sa jolie robe azure et toise de ses grands yeux bleus l’horizon qui est, malgré le froid persistant, très coloré aujourd’hui.
Elle se retourne en direction de Siegfried et déclare : « Voici trois jours que le temps est clément. Ni neige ni vent violent. Le seigneur Odin doit certainement nous récompenser du geste d’hospitalité que nous concédons à Rhadamanthe. »
Tandis qu’elle traverse le pont, le digne héritier du pourfendeur du dragon Fafnir ne partage pas cet avis.
_ « J’aurai plutôt interprété cela comme une sorte de calme avant la tempête. Odin étudie votre hôte avant de prendre une décision. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas rassuré par sa présence. Mon grand frère Sigmund, général en chef de vos armées, partage mon avis. Et jusqu’à ce que ce Rhadamanthe quitte le royaume, je ne vous quitterai pas des yeux Princesse.
_ Rhadamanthe est avec Alberich actuellement. N’as-tu pas confiance en lui non plus ? Il est des nôtres pourtant. »
Siegfried essaie de se détendre davantage en desserrant les dents et en souriant : « Je ne saurai en être sûr. »
Hilda qui ne porte pas non plus spécialement Alberich dans son c½ur ne peut s’empêcher de rire.


Tout à coup, tandis qu’elle rejoint Siegfried, à quelques pas du continent, un rocher sur le bord du pont cède, laissant les pieds d’Hilda se dérober dans le vide.
A la vitesse de la lumière, Siegfried tend son bras pour saisir le poignet de sa majesté et tire dans sa direction pour lui éviter une fin catastrophique.
Avec l’élan elle retombe sur lui qui bascule en arrière.
Encore en état de choc après la vision d’une chute mortelle à laquelle elle vient d’échapper, Hilda met du temps à recouvrer ses esprits, elle se redresse en prenant appui sur la poitrine de Siegfried sans prêter garde à l’effet que pourrait avoir ce geste s’il était jugé déplacé.
Lorsqu’elle regarde enfin Siegfried, elle remarque que celui-ci a les joues empourprées de gêne mais aussi de plaisir inavouable.
Pourtant, elle laisse son léger postérieur assis sur les robustes abdominaux de son général…
Longtemps, ils restent l’un et l’autre plongés dans leurs regards, les lèvres entrouvertes, cherchant à prononcer des mots qui ne leurs viennent pas, attendant chacun de l’autre un geste qu’ils n’osent faire…
C’est seulement le hennissement du cheval blanc d’Hilda qui les sort de leurs songes.
Tout en se redressant, Hilda lance : « Peut-être devrions-nous rentrer ? Tu m’as suivi ici depuis tôt ce matin, tu dois mourir de faim ? »
Siegfried, tout en réajustant son épaulette gauche en cuir sur son maillot rose et blanc, répond : « Je n’ai d’appétit que si vous l’avez Majesté. »
Puis il lui tend la main, paume ouverte vers le ciel, afin qu’elle dépose la sienne contre et qu’il la conduise jusqu’à son cheval.
Ils doivent maintenant remonter, comme tous les jours, le domaine jusqu’au temple Walhalla situé tout au Nord.
Pour gagner le palais impérial, ils doivent emprunter la Route de Cristal où Thor affrontera Seiya et ses compagnons dans le futur, longer l’étroite Vallée des Avalanches qui sera déterminante dans l’affrontement entre Shiryu et Fenrir.
Cette vallée est bordée à l’Ouest par la Clairière de Loki et à l’Est par le Mont Baldr, une chaîne montagneuse au centre de laquelle se trouve la caverne volcanique où s’entraîne activement Hagen, ainsi que les vestiges du palais de Hermod où Ikki viendra au secours de Shun face à Mime un peu plus au Nord.
Une fois la vallée remontée, il leur faut traverser la Forêt d’Améthyste où le cruel Alberich s’exerce jour et nuit, et passer le temple de Hel qui marque l’entrée du Walhalla et verra Syd succomber à ses blessures contre Shun.
Enfin, le Walhalla, entouré de plusieurs dizaines de villages, sera à leur portée…


Là-bas, dans l’aile Nord du palais, par la fenêtre, guette une jolie demoiselle aux cheveux longs et fins.
Ses petits yeux améthyste cherchent par-delà la neige qui s’insinue contre les vitres une silhouette qui lui est familière.
En effet, la jolie Bedra de Edel observe son futur époux, Syd de Mizar en plein exercice physique.
Ayant entendu des pas derrière elle, elle reconnait immédiatement ceux de son amie Freya de Polaris accompagnée de Lyfia sa suivante.
_ « Il ne cesse de s’entraîner, admire Bedra.
_ Hagen aussi. Aujourd’hui encore il m’a délaissé pour aller à la grotte, près de la lave, là où personne n’ose aller de peur de suffoquer.
_ J’ai bien peur de devoir passer la journée à attendre son retour.
_ Peut-être accepteras-tu de nous accompagner à la salle de réception royale dans le bâtiment central ?
_Avec joie Princesse ! Faut-il que je me change pour recevoir votre invité ? »
Cette remarque fait baisser la tête à Lyfia, vêtue de vieille frusque moins chics que les nobles qu’elle sert.
_ « Du tout, il s’agit de Mime de Benetnasch, il vient régulièrement me rendre visite pour me faire entendre le son de sa lyre. C’est un virtuose de la musique figure-toi !
_ Et bien j’ai hâte d’entendre ses notes. »

Justement, dans le bâtiment central du palais, en salle de réception, le brillant Mime patiente accompagné de son assistant.
Celui-ci, un certain Myu, à l’opulente chevelure rose qui pointe vers le ciel, est vêtu d’un pantalon noir et d’un maillot gris à manche longue.
Habillé avec plus d’élégance, le futur Guerrier Divin porte par-dessus son fin pull blanc un maillot de couleur marine à col rabattu, ouvert seulement en haut du buste. Son pantalon blanc descend jusque dans ses bottines noires.
Il examine chacun des tableaux et déclare d’un ton acerbe : « Avant que je ne l’assassine, mon père adoptif venait fréquemment en ce lieu afin d’être honoré par la famille de Polaris pour ses exploits de soldat. Je connais cette pièce depuis toujours, je l’accompagnais souvent en ce lieu. »
Myu approche de son ami et, alors que Mime lui tourne le dos, il lui enlace la taille et pose sa tête contre son épaule : « Ne pense plus à cela, maintenant ta famille c’est moi. »
Mime se défait avec légèreté de l’emprise de son camarade pour lui faire face. Il pose sa main droite contre sa joue gauche qu’il caresse avec affection : « Ne t’en fais pas Myu, je n’ai jamais douté de ta fidélité. »
Après un long et intense regard échangé, Mime reprend ses émotions et choisit de disposer la salle à sa guise : « Myu, place donc une chaise là-bas, près du feu, je m’y installerai ! Je souhaite être de profil à la cheminée afin que puissent se refléter dans mes yeux les braises du foyer. Dépose face à moi la chaise de la Princesse Freya de Polaris et derrière celle-ci tu peux en positionner trois autres. Elle a régulièrement l’habitude de venir accompagnée de quelques amis. Quant à ta chaise tu n’as qu’à… »
Myu lui coupe la parole.
_ « Je ne resterai pas Mime ! Je suis du bas peuple, ma présence ne peut être davantage tolérée dans ce château. Il a beau être un dieu que je ne vénère pas, je ne souhaite pas fâcher Odin.
_ Il est vrai que tu as été repêché enfant par un bateau marchand qui t’a laissé ici. Tu n’es pas de sang nordique, tu n’avais que six ans lorsque tu es arrivé. L’Autriche est ton pays natal mais déjà à l’époque tu refusais de te soustraire à un dieu, prétendant que l’heure de ton jugement n’était pas encore arrivée.
_ Et elle ne l’est toujours pas. Je ne saurai t’expliquer le sens de cette phrase, mais depuis ma plus tendre enfance, elle résonne dans mon esprit, me torturant au plus profond de mon être.
Il n’y a que lorsque j’entends ta lyre que je me sens mieux. Elle m’aide à plonger dans mes songes, à voir l’avenir ou plutôt mon passé, qui j’étais dans une autre vie, dans d’autres vies… Et ce destin qui est toujours le même, celui d’être voué à un dieu différent du tien… »
Inopinément, la voix féminine de la douce Freya le ramène à la réalité : « Il s’agit ici de biens belles paroles. »
Aussitôt, Myu et Mime s’inclinent. Freya agite ses mains devant elle.
_ « Allons, allons, levez-vous, je vous en prie, vous êtes mes invités !
_ Princesse Freya, mon assistant me disait à l’instant qu’il ne voulait pas gêner et qu’il préférait s’éclipser du château. »

Derrière Freya surgissent Breda et Lyfia ainsi qu’un jeune noble dont les joues s’empourprent lorsque son regard s’attarde sur Lyfia, Frodi : « Veuillez pardonner mon retard Princesse. Bedra, c’est toujours un plaisir de te voir. Lyfia… »
La domestique lui renvoie un regard complice et mutin…

Ne relevant guère la passion qui lie ses camarades, Freya insiste auprès de Myu : « Vraiment cher Myu, vous êtes le bienvenu ici. Si notre présence vous intimide, positionnez-vous en retrait, la salle est assez grande, mais je vous en prie, soyez donc des nôtres. »
Myu se résout, toutefois il positionne sa chaise près de la sortie.

Au même moment, dans les couloirs du palais, Rhadamanthe, revient avec Alberich de sa promenade.
Il croise Siegfried, lui aussi rentré de son périple extérieur.
Ce dernier ne prend pas la peine de se serrer. Il bouscule le futur Juge des Spectres.
D’un tempérament de feu, Rhadamanthe réagit en faisant allusion au baiser offert par Hilda à Fenrir il y a quelques jours : « Tu sembles être l’homme le plus à craindre d’Asgard Siegfried de Dubhe. Cependant j’ai du mal à croire que toute cette ranc½ur que tu déverses contre moi soit anodine. J’ai plutôt l’impression que tu cherches un coupable vis-à-vis du baiser que Hilda de Polaris a destiné à un autre que toi. »
Siegfried, furieux, empoigne Rhadamanthe qui sourit : « J’ai vu juste. Tu sembles mêler ton devoir de protecteur d’Odin à tes sentiments. »
Siegfried recule son poing droit et le serre. Il le destine à écraser la face de Rhadamanthe.
C’est alors qu’il sent une lame lui piquer le dos.
Au bout du petit et fin poignard se tient Alberich qui pointe son arme sur celui dont il rêve de prendre la place.
Le cosmos d’Alberich commence à habiter l’arme : « Hilda m’a confié la garde de cet homme. Je ne peux te laisser le tuer et me faire passer pour un minable incapable de veiller sur la vie d’un hôte. »
Siegfried réfléchit quelques instants puis lâche prise avant de quitter ce couloir et d’emprunter une autre aile du temple Walhalla…
Alors Alberich et Rhadamanthe reprennent eux aussi leur route en direction de la bibliothèque du palais où l’Anglais aime se cultiver… Jusqu’à ce qu’il soit saisi par une musique qui adoucie son esprit.
Il stoppe net son avancée.
Il ferme les yeux, en souriant timidement, chose qui ne lui ressemble pas.
Le son de l’instrument joué ne lui est pas inconnu.
Il l’a entendu il y a… Il y a… Si longtemps…
Dans son esprit, quelques flashs lui viennent en mémoire.
De tous les temps, à toutes les époques, une femme sombre, aux doigts longs et fins, caressant les cordes d’un instrument…
Le futur Spectre se laisse ainsi guider jusqu’à la salle de réception où officie Mime.
Il appuie son épaule contre l’encadrement de porte et vide son esprit, les yeux clos…

Juste devant lui, sur sa chaise, Myu agit de la même façon.
Leurs illuminations sont les mêmes.
Une harpe, bien plus grande que la lyre de Mime.
Une femme qui apparaît à plusieurs époques sous des traits et des caractéristiques physiques quasi identiques. De longs cheveux ébènes. Des yeux noirs. Un collier autour du cou. Un autour de la cheville. Une bague en forme de serpent enroulé autour du doigt. Un autre bijou en forme de serpent autour… autour d’un trident. Et un voile noir. Ce voile noir qui couvre ce corps de femme nue, étendue sur le sol devant son instrument à corde. Ce voile qui épouse ses formes. Ce voile fin et léger d’où ne sort que son visage, les yeux cachés par quelques mèches de cheveux. Ces yeux qui fixent un médaillon au sol. Un de ses bras sort de sous le voile noir, libérant presque sa poitrine aplatie contre le carrelage obscur et froid sur lequel elle est prosternée. Ses doigts s’agitent pour approcher ce médaillon doré. Un bijou en forme d’étoile avec chacune de ses cinq branches reliées par un cercle. La jeune femme dégage son autre bras du voile et s’en extrait en tirant sur ses ongles plantés dans le parterre gelé. Elle s’avance maintenant le dos à l’air libre jusqu’à son graal qu’elle caresse enfin du bout du majeur, passant son autre main devant ses yeux pour dégager ses cheveux décoiffés et lire l’inscription sur le médaillon...
 
Soudain, des applaudissements.
Mime vient d’achever son morceau.
Il libère ainsi de l’extase la princesse de Polaris et ses convives.
Les bravos délivrent aussi de leurs visions, mais surtout des barrières qui emprisonnent leurs esprits, Rhadamanthe et Myu.
Les deux hommes qui en cette époque ne se connaissent pas encore, tremblent tous les deux. Leurs teints sont pales alors qu’ils sont en nage.
Les yeux écarquillés en grand, Myu murmure : « Le médaillon… La gravure… Yours Ever ! »
Il se lève discrètement de son siège, espérant quitter la pièce.
Néanmoins il tombe nez-à-nez avec Rhadamanthe, les sourcils froncés, encore à ressasser lui aussi ces flashs qu’il vient de vivre : « Le son d’un instrument à cordes… L’obstination de cette… De cette femme… Pandora ! »
Le Juge lève un instant la tête et croise le regard de son futur Spectre.
Ils demeurent ainsi de longues secondes à se dévisager jusqu’à ce que Myu, instinctivement, s’incline devant Rhadamanthe, un genou au sol, en guise de révérence.
Cet acte attire l’½il de tous.
 
Dans la salle, tout le monde est abasourdi.
Rhadamanthe dévisage avec insistance son futur soldat pendant que quelques flashs lui permettent de voir ce même Myu à une époque différente portant une armure orangée et pourpre…
Ne voulant attirer davantage d’attention, le Wyvern feint d’ignorer le geste de Myu. Il pivote légèrement sur le côté et déclare à Alberich : « Retournons à la bibliothèque. »
Sans attendre l’approbation de son gardien, l’Anglais file de nouveau dans les couloirs, laissant Myu, seul face aux interrogations du musicien et de son public…


Plus tard, dans les plaines boisées aux alentours du Walhalla, de la fumée sort par le conduit de cheminée d’une petite chaumière isolée par rapport au reste d’un village proche de la forêt.
Cette épaisse fumée résulte du contact entre le chaud et le froid qui s’insinue davantage depuis quelques minutes.
Les flocons de neige sont balayés par un vent violent qui s’est levé il y a peu.
Par les carreaux couverts de neige, on ne distingue à l’intérieur qu’une petite lueur résultant du foyer permettant de chauffer la demeure.
Toutefois, les occupants n’ont pas besoin de cela tant leur débat est ardent.
Dans la demeure de son défunt père adoptif, Volker, Mime s’emporte.
_ « Ne me mens pas Myu ! Tu es resté plongé dans son regard quelques instants et tu t’es courbé devant lui ! Tu dois donc bien le connaître ?
_ Je ne comprends pas non plus. Il m’a inspiré un vague souvenir et inconsciemment je me suis incliné face à lui. Mais je ne saurai t’en dire plus, ce qui m’a traversé l’esprit à cet instant est sorti de ma tête. Il est Anglais et moi Autrichien, je ne peux vraiment pas imaginer comment nous aurions pu nous rencontrer auparavant. D’autant plus que je n’avais pas plus de six ans lorsque je suis arrivé à Asgard. »
Mime reste assis sur son lit, préoccupé.
_ « Tout a commencé lorsque j’ai joué de l’instrument.
_ Je t’entends en jouer chaque jour. Cela ne peut-être le lien de causalité.
_ Peut-être était-ce le morceau ? Je jouais celui-ci pour la première fois.
_ Est-ce toi qui l’a composé ?
_Non, je l’ai appris grâce à un ouvrage qui se situe dans la grande bibliothèque du Walhalla. Son compositeur était inconnu, le titre était Descente au Meikai. »
A l’écoute du titre, le mot Meikai se répète dans l’esprit du Spectre qui revit en une fraction de seconde ce flash qu’il a eu tout à l’heure et dans lequel il voyait cette femme se hisser jusqu’à un médaillon.
_ « Cet ouvrage, de quoi s’agissait-il ?
_ Simplement de notes et de diverses compositions qu’on peut jouer à la lyre comme à la harpe… »
Myu s’assied au pied du lit, absorbé par ses pensées.
Mime finit par ajouter : « D’après ce que m’a dit la princesse Hilda le jour où j’ai regardé ce livre dans la bibliothèque, cet ouvrage a été récupéré sur les vestiges d’un lieu de bataille crucial lors d’une Guerre Sainte remontant au seizième siècle et il aurait appartenu à une jeune femme, proche du dieu Hadès. »
L’esprit de Myu est à nouveau sous l’effet du flash où il revoit le médaillon avec l’inscription Yours Ever. Il murmure alors : « Oui… Le seigneur Hadès… »
Mime ne perçoit pas les chuchotements de son ami, il se penche alors devant lui : « Cela t’évoque-t-il quelque chose ? »
Myu sort de ses songes et ment avec un sourire hypocrite : « Absolument pas ! »
Il agrippe le visage du futur Guerrier Divin et le conduit au sien pour embrasser amicalement son front : « Je suis désolé du souci que je te cause. Je pense qu’un peu de sommeil me fera le plus grand bien. »


De son côté, Rhadamanthe sort, feuillette et reclasse livre sur livre dans la grande bibliothèque du Walhalla.
Assis sur une chaise au bois grinçant, Alberich n’a de cesse de questionner celui sur qui il doit veiller.
Trop occupé à chercher un recueil en particulier, Rhadamanthe ne prend pas la peine de répondre.
Finalement, il découvre un grimoire manuscrit relatant l’ensemble des personnages et des objets se rapportant aux dieux.
Il étale le vieux livre au papier presque moisi sur la large table et examine page après page en cherchant désespérément un nom que ses lèvres ne cessent de dessiner.
C’est seulement lorsqu’il lâche une profonde exclamation qu’il s’assied.
Alberich bondit de son fauteuil qui couine et s’affale sur la table pour découvrir ce que pointe le doigt de Rhadamanthe qui déchiffre ligne par ligne l’écriture ancienne et l’ancre à peine visible.
En se penchant de plus près, Alberich arrive à lire : « Pandore… ! »
 
De longues minutes plus tard, Rhadamanthe achève sa lecture et se précipite de nouveau sur les étagères pour sortir tous les recueils possibles relatifs à ses récentes découvertes.
Alberich les feuillette un par un : « Hadès, Hadès, Hadès, encore Hadès, toujours Hadès, et… Hadès ! »
Il laisse l’invité d’Hilda entamer ses lectures et tire vers lui le livre traitant de Pandore qui est resté ouvert. Il tourne quelques pages et découvre quelques récits relatifs aux armes maléfiques dont dispose Poséidon depuis la nuit des temps : « Le trident du dieu des mers, l’a… l’anneau de Nibelungen ? »
En compagnie de Rhadamanthe, Alberich examine quelques pages qui attirent son attention.
Il dépose son grimoire sur un autre ouvrage qu’il lisait jusqu’ici, un recueil d’information concernant l’armure d’Odin et les sept saphirs divins…
 
 
Plus haut, dans une des salles impériales du temple Walhalla, assis sur une peau d’ours polaire, face à un feu, une coupe de vin à la main, Freya, Hilda, Lyfia, Hagen, Frodi, Sigmund et Siegfried reviennent sur les évènements de cet après-midi.
_ « … Je n’avais jamais vu Myu dans un tel état, s’inquiète Freya.
_ Ce que vous décrivez là, Princesse Freya, ressemble à un état de transe, suggère Sigmund.
_ Se peut-il que par son cosmos ce Rhadamanthe soit capable de contrôler de faibles esprits comme celui de Myu, l’incrimine aussitôt Siegfried ? »
Reposant sa coupe au sol, Hagen rectifie : « Myu n’est pas un homme faible. Il s’entraîne souvent en compagnie de Mime et, même s’il le cache, il dispose d’une cosmo énergie impressionnante. Et je suis certaine qu’il ne dévoile pas tout son talent. »
Frodi complète : « Syd de Mizar m’a déjà déclaré qu’il a observé ce fameux Myu durant un entraînement. Il ne savait comment l’expliquer mais selon lui cet homme dispose d’un cosmos beaucoup plus important qui serait scellé en lui. »
Siegfried n’en démord pas : « Comme ce Rhadamanthe en quelque sorte ! »
D’une voix douce, Freya déclare : « La présence de cet homme commence à m’inquiéter. »
Le vaillant Hagen brandit aussitôt son poing : « N’ayez crainte Princesse, tant que je serai à vos côtés vous n’aurez rien à craindre. »
Hilda qui se veut rassurante : « Je n’en doute pas Hagen. C’est pourquoi je te demande de raccompagner ma s½ur à sa chambre, accompagnée de Lyfia. Elle rentrera ainsi en ses appartements en étant moins angoissée. »
Hagen se redresse aussitôt et penche sa tête vers le sol : « Bien votre majesté. »
Freya se relève à son tour et remonte légèrement sa robe afin de plier les genoux en guise d’au revoir aux invités de sa s½ur.
Bien entendu, pouvant profiter d’un moment d’intimité avec Hagen, elle insiste pour ne pas la priver de Lyfia. Sa remarque amuse l’assemblée qui dissimule du mieux qu’elle peut quelques sourires mutins…
 
 
Loin de toutes ces considérations, à l’extérieur du palais, dans un village du royaume, des habitants s’agitent dehors.
Malgré le début d’une tempête de neige, les enfants sont les premiers agglutinés contre une chaumière où, sur le pas de la porte, un géant aux cheveux mi-longs et à la barbe fine sort d’un chariot couvert d’une bâche du pain et des fruits qu’il distribue le sourire aux lèvres.
A l’intérieur de la chaumière du grand gaillard, le jeune noble, Syd de Mizar peine à trouver le courage de sortir du lit de son camarade dans lequel il a retrouvé sa future épouse, Bedra de Edel.
Pour la énième fois, Thor ouvre en grand la porte de sa chaumière en grondant : « Syd ! Cela fait bientôt la sixième fois que ta fiancée et toi devez me rejoindre dans dix minutes ! Je pensais que vous vouliez m’aider à ravitailler le peuple ! »
Fort de cette amitié nouvelle, Syd sort sa tête de l’étoffe de la couche et offre un sourire chaleureux au colosse au grand c½ur. Il revêt enfin sa tenue et convie Bedra à faire de même après lui avoir baisé le front avec tendresse.
Leur mariage n’étant officié que dans deux ans, Syd et Bedra profitent de la moindre opportunité pour se retrouver en cachette de leurs parents qui, à l’heure qu’il est, sont encore attablés ensemble au Walhalla.

Tandis que Syd sort deux grands cageots de nourriture et que Bedra part rejoindre Thor, le futur Guerrier Divin de Zeta remarque qu’en dehors de la foule, un homme encapuchonné par un voile noir s’éloigne en direction du Walhalla.
Syd dépose les cageots dans les bras de Thor et lui annonce : « Je te le confie Bedra. Quelque chose de louche se trame ! »
Puis le tigre viking quitte en un éclair les lieux, sans laisser à son ami le temps de le questionner…
 
 
Au temple Walhalla, dans une luxueuse chambre du palais, Freya marche pied nu sur le sol marbré.
Seul un drap en soie blanc couvre son corps.
Ce doux tissu qu’elle a arraché du lit laisse Hagen sans le moindre moyen de couvrir sa nudité.
Il reste allongé sur le dos, les coudes en appui sur le matelas moelleux, faisant ainsi involontairement ressortir ses abdominaux qui le rendent si athlétique.
Freya tournoie sur elle-même, faisant voguer dans l’air l’étoffe qu’elle a dérobée à son fidèle ami.
Ce dernier la sort de son amusement.
_ « Il me faut partir.
_ Tu viens à peine de me raccompagner.
_ Je le sais Princesse, mais ma place n’est pas ici. Votre s½ur me confie votre vie et je profite de ces missions pour faire parler mes sentiments. Je devrais être châtié pour cela. »
Elle laisse glisser sur elle son unique habit et s’avance dans le plus simple appareil vers lui, la mine affectée : « Nous ne sommes plus des enfants. Aujourd’hui notre amitié est renforcée par une complicité que beaucoup appelle l’amour. Reste je t’en prie. »
Elle se blottit contre lui, le forçant à ne pas bouger de l’appartement alors qu’un danger semble s’abattre dans le domaine…
 
 
A quelques couloirs de là, au même étage, Hilda et Siegfried sont restés assis sur la peau de l’ours polaire à finir ce vin importé du Sanctuaire en Grèce.
Lyfia, Frodi et Sigmund ont pris congé d’eux.
Bien que l’atmosphère soit tout aussi romantique que celle qui règne dans les appartements de Freya, les deux protagonistes sont moins détendus.
Conscient de la tâche qui lui incombe, Siegfried n’ose poser ses yeux vers Hilda sous peine de se sentir obliger de lui avouer ce qu’il éprouve.
La représentante d’Odin passe sa main sur la peau douce de l’ours sur lequel elle est à moitié couchée, elle observe le feu et prend enfin la parole lorsqu’elle remarque une bûche craquer.
_ « Dis-moi Siegfried, as-tu remarqué que la neige retombait depuis quelques heures ?
_ Oui, j’ai constaté que le vent s’était levé, plus froid et plus sec. Je m’en suis rendu compte au moment où votre s½ur est venue témoigner de la réaction de Myu lorsque Mime a joué de sa lyre.
_ Je n’osais pas faire le rapprochement.
_ Les signes de la nature laissent-ils présager de mauvais augures ? Est-ce un message du seigneur Odin ?
_ Il est désormais évident que la réaction soudaine de Myu et la présence de Rhadamanthe parmi nous fâchent Odin. Tu avais raison, l’accalmie de ces derniers jours signifiait certainement une sorte d’observation avant de prendre une décision. Maintenant qu’elle est prise, Odin abat sa colère… »
 
 
Aux abords du temple de Hel, proche du Walhalla, près du temple où Bud affrontera Ikki, unique lieu de passage pour atteindre le Walhalla par voie terrestre, le mystérieux homme encapuchonné dans son manteau noir que Syd a pris en chasse poursuit sa route jusqu’au palais.
Il avance doucement un pas devant l’autre en faisant face au froid et au vent violent.
Derrière lui, de branches en branches, Syd épie furtivement l’homme dont il connait l’identité et s’interroge : « Comment se fait-il qu’il aille seul en direction du Walhalla ? »
A mesure qu’il suit l’intrus, Syd se sent étrangement surveillé à son tour.
Le tigre est pris pour cible et il le sait : « Non... Il n’est pas seul… Quelqu’un me suit également… Ou plutôt quelque chose… »
Syd fait volte-face et se fige devant le spectacle qui se dessine : « Hein ! Mais c’est un… Impossible… En cette contrée… Par un temps pareil… Comment un papillon a-t-il pu venir jusqu’en ce lieu ? Et comment peut-il battre si calmement des ailes alors que moi-même ai du mal à progresser dans cette tempête de neige ? »
De couleur jaune et pourpre, ce magnifique lépidoptère se maintient sans mal dans l’air. Il reste immobile face à Syd.
L’Asgardien se résigne à ne pas se faire remarquer en voulant éliminer un simple insecte et reprend à nouveau la direction de l’intrus.
Cependant, celui-ci a disparu.
Ses pas stoppent net dans la neige sans laisser aucune trace de lui.
Le célèbre chasseur d’Asgard fait aussitôt le tour de lui pour détecter sa présence mais rien n’y fait, il ne le voit plus et ne sent plus son cosmos.
Soudain, la branche sur laquelle il se maintient cède.
Le futur Guerrier Divin tombe lourdement dans le manteau blanc qui couvre le sol.
L’intriguant papillon descend jusque devant lui et bat des ailes avec agilité.
Lorsque l’insecte choisit de faire demi-tour et de repartir dans la direction depuis laquelle il est arrivé en compagnie de Syd, le futur marié le suit du regard et se retrouve nez-à-nez avec plusieurs arbres abattus qui lévitent dans les airs et fondent sur lui.
Avec toute l’agilité que son entourage lui connait, Syd esquive chacun des morceaux de bois.
Désormais, il a perdu la trace du papillon et de l’intrus. En restant sur ses gardes, il constate avec effroi : « De la télékinésie ! Il a caché son jeu durant tout ce temps. Il est redoutable… »
Il lève les yeux jusqu’en haut de la colline où le Walhalla est surplombé par la statue d’Odin et poursuit sa phrase : « … L’heure est grave ! Je dois me rendre auprès de sa majesté Hilda ! »
 
 
Pendant ce temps, dans l’obscure bibliothèque du Walhalla, illuminée par quelques torches aux flammes vacillantes, Rhadamanthe range tous les livres qu’il a sorti depuis son arrivée.
Dans le couloir, Héraclès, le soldat qui deviendra le God Warrior de Tanngrisnir, dépose un épais manteau de fourrure et un sac avec quelques victuailles comme lui a commandé Rhadamanthe. Chargé lors de ses gardes de prendre soin de l’invité d’Hilda, le colosse grommelle d’en être réduit à ces basses besognes.
Il écoute la conversation entre l’Anglais et Alberich.
_ « Je n’ai plus besoin de ta surveillance Alberich. J’ai pris une décision !
_ Mais quelle décision ?
_ Je n’ai pas le temps de t’expliquer. Tu as été très charitable jusque maintenant et j’aimerai te demander un dernier service.
_ Quoi que tu me demandes et quelle que soit la réponse que je t’apporterai, sache que je ne te laisserai pas partir. Hilda m’a confié ta surveillance.
_ Quelle direction dois-je prendre pour me rendre en Chine le plus rapidement possible ?
_ La Chine ? J’ai feuilleté les ouvrages que tu as sortis. Hadès, la tour maléfique, la terre scellée en Chine. Tu t’engages sur un terrain dangereux ! »
 
 
Plus haut, là où la lumière est moins rare, dans les appartements d’Hilda, la représentante d’Odin et son général sont tourmentés.
_ « Un cosmos noir se développe à nouveau, ressent Siegfried. Il est à l’intérieur du palais. Il s’agit de Rhadamanthe cette fois !
_ Et un autre cosmos, vient de le rejoindre. Odin nous a avertis du danger, déplore Hilda ! »
 
 
En bas, Alberich craint les intentions de son hôte.
_ « Tu ne dois pas partir. Surtout pas là-bas. Si tu affiches clairement tes ambitions tu seras considéré comme un traitre envers le Sanctuaire. Asgard te donnera la mort.
_ Trop tard, ma décision est sans équivoque.
_ Mais quelle décision, s’impatiente Alberich ?! »
Soudain, un cosmos d’une noirceur extrême envahie la pièce.
Bien moins importante que celle de Rhadamanthe, l’énergie de cet homme immobilise Alberich.
Le responsable de cette technique télékinésique n’est autre que le mystérieux homme que suivait Syd.
Il entre dans la bibliothèque et défait son manteau noir couvert de neige pour arborer son maillot gris, son pantalon noir et son opulente chevelure rose : « Le Seigneur Rhadamanthe a pris la décision de trouver une réponse à ses questions là où il est sûr de pouvoir les comprendre. »
Myu se dévoile enfin.
A ses pieds, inerte, Héraclès, vaincu par surprise, jonche le sol.
La pression télékinésique contracte tous les membres d’Alberich qui demande avec beaucoup de difficulté : « Myu ? Est-ce toi ? »
Le futur Spectre de l’Etoile Terrestre Féérique ne répond pas et se prosterne devant le futur Juge des Enfers : « Pour une raison que j’ignore encore, je me sens tenu de vous prêter allégeance. Je vous suivrai donc afin de trouver moi aussi la raison de mon existence. »
Rhadamanthe observe Myu avec un air suffisant : « Partons à présent. Les évènements de cet après-midi ont dû éveiller quelques soupçons auprès d’Hilda et des siens au sujet de nos intentions. »
Alberich tente de retenir celui dont il a la garde.
_ « Attends ! Tu me disais que tu étais à la recherche de ton identité, d’une cause à défendre… Je n’aurais jamais imaginé que tu puisses autant vouloir détruire ce monde en offrant tes services à un dieu maléfique.
_ La destruction de ce monde est inévitable. Les hommes l’ont pourri par leurs vices et leurs ambitions démesurées. Ce monde est devenu bruyant, les hurlements de folies de ceux qui le gouvernent et les cris de désespoir de ceux qui en souffrent sont assourdissants. La mort apporte la paix à tous, aux fous comme aux malheureux. J’apporterai au seul dieu capable de réaliser cette mission sacrée qui est d’établir la paix, toute ma force et ma violence afin qu’il offre le confort de son silence au monde entier !
_ Tu es fou. »
Rhadamanthe passe devant Alberich et lui agrippe sa chevelure améthyste avant de répondre : « Pas plus que toi qui rêve de dominer le monde… Oui ! J’ai bien cerné tes lectures moi aussi ! Lorsque Hadès aura vaincu Athéna et Odin, pense à choisir intelligemment ton camp. »
Le Wyvern achève son discours en décochant un terrible coup de poing dans l’estomac du futur Guerrier Divin de Delta qui s’écroule inconscient, déjà épuisé par l’étreinte de Myu…
 
Dans les couloirs, Hilda, devancée par Siegfried, se dirige vers la bibliothèque et court prendre Alberich dans ses bras pour l’aider à reprendre connaissance.
Siegfried, lui, ramène Héraclès à lui.
Alerté par les cosmos ténébreux, Sigmund et Hagen les rejoignent.
_ « Majesté ! Siegfried ! C’est terrible, mes soldats qui veillent à la sécurité du palais, ils ont tous été vaincus. Les rares survivants affirment qu’il s’agit de Rhadamanthe et qu’il serait accompagné de Myu, constate Sigmund en chef des armées. »
Alberich revient à lui.
_ « Ha… Hadès… Ils semblent être des Spectres d’Hadès.
_ Des Spectres, s’interroge Hagen ? »
Siegfried pointe du doigt deux soldats qui viennent de débarquer.
_ « Vous ! Restez ici en compagnie d’Alberich et Hagen pour veiller sur Hilda. Moi je pars les rattraper.
_ Non attends Siegfried ! Je pars avec toi, le retient Hagen.
_ Je serai plus rassuré en te sachant auprès de Notre Eminence, tempère Sigmund en posant une main sur l’épaule de son frère.
_ Ça ira Siegfried, se ressaisit Alberich ! Vous ne serez pas trop de deux pour les arrêter. Ils ne reviendront plus ici, ils souhaitent se rendre en Chine. Je veillerai sur la Princesse Hilda. »
Siegfried défie du regard Alberich l’espace d’une seconde : « Sauras-tu ne pas faillir à ta tâche cette fois-ci ? »
Hilda ramène le calme : « Ça ira Siegfried ! Sigmund sera également présent pour veiller sur moi le temps de rassembler des hommes qui viendront à votre renfort. Hagen et toi pouvez disposer. »


A cet instant, près du temple de Hel où Syd fut attaqué, Rhadamanthe court, suivi de Myu.
_ « Myu, nous devons nous rendre en Chine.
_ Je connais ces terres glacées depuis mon enfance. Nous devons emprunter la direction du Sud Est pour atteindre la Laponie. C’est une région qui comprend le Nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et une partie de la Russie. C’est seulement lorsque nous aurons traversé les fjords, les vallées encaissées, les glaciers et les montagnes que nous... »
Brusquement, le sol se fend devant eux et interrompt le Papillon.
Rhadamanthe s’insurge : « Qui a fait ça ?! »
Depuis une branche d’arbre bondit le futur Guerrier Divin de Zeta, Syd de Mizar : « Je suis Syd de Mizar, protecteur d’Asgard. »
Myu surgit devant son nouveau maître : « Je vois, mon petit tour de tout à l’heure ne t’a pas suffi, tu es toujours sur mes traces. Cette fois tu vas mourir. »
Myu tente de paralyser Syd mais la cosmo énergie qui émane de ce dernier est si forte que le Papillon est contré. Ce don qu’il s’est découvert il y a peu et qu’il a gardé secret n’est pas encore au point. Troublé par l’avantage de Syd, Myu ne le voit pas débarquer devant lui, griffes en avant : « Goutte aux Griffes du Tigre Viking ! Viking Tiger Claw ! »
Myu est frappé en plein tronc, son maillot gris est déchiré.
Le futur Spectre recule de quelques pas en se cramponnant la poitrine de douleur.
Syd effectue un coup de pied retourné en plein visage du soldat de Rhadamanthe, l’envoyant ainsi dans les airs pour le laisser retomber lourdement dans un manteau de neige.
Syd se retourne ensuite vers Rhadamanthe : « A ton tour ! »
Néanmoins, le futur Juge a disparu au désarroi de l’Asgardien : « Comment ?! Mais… Où est-il ? »
La voix grave de l’anglais lui répond : « Derrière toi ! »
Syd fait volte-face mais ne trouve personne.
Il pivote à nouveau sur lui-même, puis une fois encore sans trouver quiconque.
En levant la tête vers les cieux, il distingue enfin un dragon s’abattre sur lui.
Il croise devant son visage ses bras afin de se protéger et se laisse frapper de plein fouet par l’émanation cosmique du Wyvern.
Aussitôt le coup projeté, Rhadamanthe jaillit derrière lui et le cogne avec son genou dans le rein droit.
Les pieds de Syd se soulèvent légèrement du sol.
Ce n’est que lorsqu’ils s’apprêtent à retoucher terre que Rhadamanthe joint ses mains pour cogner de toutes ses forces la colonne vertébrale de son adversaire qui s’échoue face contre terre dans la neige.
Rhadamanthe s’agenouille devant le crane de son ennemi et tend l’ensemble de ses doigts pour trancher la tête du futur Guerrier Divin.
 
C’est là, que du sol, jaillissent tels des pointes incérées des morceaux de roche qui soulèvent à des mètres de hauteur un Rhadamanthe totalement abasourdi.
Pendant ce temps, un jeune homme aux cheveux mi-longs, blonds, surgit devant Syd pour le protéger. Ce beau garçon, Hagen, est accompagné par un autre à peine plus âgé, Siegfried.
Ce dernier, le visage fermé, pointe du doigt le sol d’où jaillissent les lames rocheuses.
C’est uniquement lorsque Rhadamanthe s’écroule lourdement contre le sol couvert de son habituelle poudre blanche que Siegfried prononce le nom de son arcane : « Odin Sword. »
Rhadamanthe serre la mâchoire en se relevant.
_ « Misérable rat ! Tu m’as attaqué en traître !
_ Comment peux-tu parler de trahison alors que tu t’es joué de l’hospitalité de la Princesse Hilda ? Tu es venu auprès de nous uniquement pour te rapprocher de nos connaissances et cultiver ta passion du mal ! Nous ne pouvons laisser deux fanatiques d’Hadès quitter nos contrées pour répandre le chaos dans le monde. »
_ Ma passion du mal ! Je n’arrive pas à croire qu’un homme qui vénère un dieu qui laisse mourir de faim dans le froid son peuple puisse me donner des leçons.
_ Comment oses-tu manquer ainsi de respect à Odin, s’insurge à son tour Hagen ?
_ Ne t’en fais pas jeune Asgardien. J’en ai autant contre ton dieu que contre sa représentante terrestre. La famille de Polaris se plait à pleurnicher en implorant Odin d’être plus clément. Hadès, lui, n’attend pas qu’on se morfonde pour être généreux. Il laisse aussitôt derrière lui un monde sans souffrances où la peur, la misère et la faim ne sont plus. Il offre la délivrance et c’est dans l’intérêt de ton peuple, que je souhaite aujourd’hui affirmer ma fascination pour ce dieu. Hadès sera le libérateur d’Asgard et du reste du monde. »
Siegfried perd patience, il se lance face à Rhadamanthe en effectuant avec ses jambes un ciseau pour frapper de plein fouet son ennemi en hurlant : « S’en est trop ! »
Rhadamanthe protège ses côtes, en repliant son bras pour le mettre en opposition contre la jambe de Siegfried. Le Wyvern profite du fait que le futur Guerrier Divin d’Alpha soit déstabilisé dans les airs pour poser ses deux mains bien écartées contre sa poitrine et concentrer sa cosmo énergie : « Greatest Caution ! »
Le cosmos dégagé par Rhadamanthe prend la forme d’un dragon qui dévore Siegfried dans un flot de sang, le maillot totalement arraché, le faisant s’écraser contre un épais chêne qu’il fracasse pendant l’impact.
 
Derrière Hagen, Myu revient à lui.
Le futur Guerrier Divin de Beta est cerné.
Myu sourit : « Ne t’inquiète pas Hagen, tu retrouveras la Princesse Freya dans le monde utopique qu’Hadès créera à l’humanité. »
En entendant ces paroles, le sang d’Hagen ne fait qu’un tour et celui-ci se retourne face au Papillon pour le corriger.
Hélas, Rhadamanthe arrive derrière lui et lui balaye les jambes avec les siennes. Myu profite alors du déséquilibre d’Hagen pour foncer genou en avant en pleine face du fougueux Asgardien.
Hagen est projeté en arrière mais parvient grâce à un mouvement acrobatique à se réceptionner sur les jambes.
Bien que de son nez, désormais fracturé, s’écoule de l’hémoglobine en abondance, il se tient droit, concentré et déterminé. Il tend son bras droit, poing serré vers le sol et, avec, forme un arc de cercle tandis que son bras gauche reste plié pour s’assurer une bonne garde. C’est seulement lorsqu’il rejoint son bras droit contre son bras gauche qu’il joint l’ensemble devant sa poitrine et le lève jusqu’à hauteur de son visage comme s’il appelait dans ses poings le froid qui règne sur ces terres. Enfin, il dirige ses bras tendus contre ces deux ennemis et libère son arcane : « Universe Freezing ! »
Une gigantesque vague de froid vient frapper les deux futurs Spectres qui plient les genoux et cachent leurs visages derrière leurs mains pour lutter.
Hagen ne leur laisse aucun répit et répète les mêmes mouvements : « Universe Freezing ! »
Les deux acolytes commencent à fléchir alors qu’Hagen réalise un nouvel arc de cercle avec son bras droit.
Le passionné amant de Freya invoque à nouveau sa cosmo énergie alors que ses genoux tremblent, Rhadamanthe constate : « Il faut à tout prix trouver la parade, sinon nous finirons congelés dans des cubes de glace… »
Malgré ses jambes qui ploient, Hagen réitère : « Universe Freezing ! »
Cette fois-ci le Wyvern et le Papillon choient dans la poudreuse.
Hagen sait que ce coup sera le dernier, il peine à reprendre son souffle : « Seigneur Odin… Donnez-moi la force d’accomplir une dernière fois un miracle… Pour Freya… Pour Asgard… »
Rhadamanthe ne trouve pas le courage de se relever au contraire de Myu dans les yeux duquel brûle une lueur d’espoir. Dans son esprit s’anime une espèce de larve visqueuse qui sécrète une éruption acide dégageant tout sur son passage.
Myu murmure : « Je l’ai déjà réussi dans une autre vie… Sous une autre forme… Je peux le faire… J’en suis capable… »
Le représentant de l’Etoile Terrestre Féerique ferme les yeux en voyant Hagen déclencher une ultime vague de froid : « Universe Freezing ! »
Myu sourit à l’approche du souffle glacial et colle ses mains contre son front, paumes ouvertes en direction d’Hagen. Une aura cosmique verte s’agite alors : « Ugly Eruption ! »
Des mains de Myu, jaillit une lave acide qui fait fondre la neige à mesure qu’elle vient à la rencontre du souffle d’Hagen.
Le choc du chaud et froid, ainsi que des deux cosmo énergie qui les ont produits, provoque une impressionnante déflagration qui repousse en arrière les acteurs de ce combat.
 
N’ayant pas de temps à perdre, Rhadamanthe aide Myu à se ressaisir au beau milieu de l’épais brouillard de condensation déclenché par l’explosion.
Avançant avec difficulté tant la vue de l’horizon est obstruée, Rhadamanthe est retenu à la jambe.
En agitant sa main dans la brume, il distingue Hagen bien obstiné à faire barrage de son corps s’il le faut : « Voilà un adversaire bien coriace. Mais que peux-tu faire contre deux guerriers d’Hadès dans ton état ? Je vais te fracasser le crâne avec mon pied. »
Tandis qu’il prend de l’élan avec sa jambe, un dragon apparait devant Rhadamanthe, stupéfait.
N’ayant pas le temps de se ressaisir, il encaisse un violent coup de poing dans l’abdomen.
Le souffle coupé, il recule en se maintenant le ventre et en crachant du sang.
Myu qui se trouvait juste à côté de son supérieur avant que celui-ci ne recule est interdit : « Siegfried ! Tu… Tu es toujours en vie… »
Le torse nu, couvert d’ecchymoses, les sourcils froncés, le légendaire Siegfried fait face.
Rhadamanthe lève avec difficulté le menton : « Les rats ont la peau dure on dirait. »
L’Anglais est pris d’une crise de fou rire qui devient bien sarcastique. Même Myu commence à s’inquiéter devant l’état de folie emprunt par son supérieur. Il recule peu à peu pour se dégager du champ de bataille qui se dessine autour de Siegfried et Rhadamanthe.
Derrière chacun des deux hommes apparait un dragon. Celui de l’Asgardien, le dragon de Fafnir, a deux têtes tandis que celui de Rhadamanthe déploie ses immenses ailes.
Siegfried lance le premier assaut en pointant du doigt les pieds de Rhadamanthe : « Odin Sword ! »
Les yeux révulsés, Rhadamanthe évite les morceaux de roches affilés en se déplaçant à grande vitesse jusque Siegfried qui reste immobile et encaisse sous l’effet de surprise un violent coup de tête qui lui éclate l’arcade sourcilière gauche.
Le temps qu’il reprenne ses esprits, il est frappé par une multitude de coup de poing sur l’ensemble de son corps.
Espérant ainsi l’achever, Rhadamanthe écarte en grand ses bras pour dégager une violente onde de choc grâce au Greatest Caution.
Toutefois, contre toute attente, Siegfried semble à peine souffrir des échanges précédents et riposte avant lui.
De son poing droit il cogne si fort l’épaule droite de Rhadamanthe qu’il n’est pas difficile d’entendre celle-ci se déboiter.
D’un crochet du gauche il fend la pommette droite du Wyvern et d’un uppercut du gauche il le soulève du sol.
Rhadamanthe ne dit pas son dernier mot et saisit le poing qui vient de le heurter pour hisser son adversaire jusqu’à lui et le frapper à hauteur de la clavicule droite.
Désarmé par ce coup, Siegfried est écrasé par les quatre-vingt-quatre kilos de Rhadamanthe qui arrive sur lui coude en avant contre la cage thoracique en regagnant le sol.
Couché sur le dos, Siegfried ne laisse pas à Rhadamanthe le temps de se remettre sur ces jambes que déjà il le bouscule volontairement avec les siennes.
Ayant du mal à se servir de son bras droit en raison de la douleur ressentie à sa clavicule, Siegfried s’appuie sur sa main gauche et effectue un mouvement acrobatique lui permettant de lever les jambes en l’air afin de frapper simultanément Rhadamanthe dans le cou avec la gauche et contre la tempe avec la droite.
Poussé sur le côté par l’impact, Rhadamanthe se réceptionne contre un arbre tandis que Siegfried est déjà sur pieds.
Les yeux totalement brouillés par la rage, Rhadamanthe ne peut se contenter de ce match nul et écarte ses bras en poussant un râle inhumain.
_ « Tu vas subir ma colère !
_ J’ai déjà encaissé le Greatest Caution. Ça ne marchera pas cette fois contre moi.
_ Essaie de l’éviter sous cette forme, sourit Rhadamanthe. Greatest Caution ! »
En garde, prêt à voir surgir le coup de Rhadamanthe sous la forme d’un dragon, Siegfried est surpris de voir son rival maintenir ses bras bien écartés. Tout à coup, il sent une étrange sensation faire pression contre son corps, celui-ci commence à se déformer avant d’être soufflé par une violente onde de choc qui dégage les alentours du brouillard qui couvrait les environs.
Le corps inerte de Siegfried accompagne désormais ceux de Syd et Hagen.
 
Rhadamanthe revient à lui et tourne la tête vers Myu qui est encore sous le charme de la victoire de son maître.
Après avoir libéré un soupir de soulagement, l’Anglais choisit de rejoindre Myu mais son corps est mystérieusement paralysé.
Une goutte de sueur, preuve de la nervosité de Rhadamanthe, perle sur son front et vient se mêler au sang qui couvre son visage : « Myu ! Cesse-donc de te jouer de moi avec tes pouvoirs télékinésiques et reprenons notre route. »
En fixant son soldat, Rhadamanthe comprend que cela n’est pas de son fait.
Plus loin, le corps de Siegfried est toujours entouré par l’effluve de son cosmos. Cette même émanation tournoie autour de Rhadamanthe qui est figé : « Ainsi donc je subis directement la concentration de son cosmos… »
La voix venue d’outre-tombe de Siegfried répond sèchement : « C’est exact. La préparation de mon ultime arcane est si imposante que tu en ressens déjà les effets. »
Derrière Siegfried apparaît à nouveau le dragon de Fafnir tandis que le ciel s’obscurcit et que des éclairs s’abattent tout autour de Rhadamanthe.
Le Wyvern réunit une dernière fois l’ensemble de ses forces et, grâce à son aura violacé, se défait de l’emprise de son adversaire : « Ne crois pas m’effrayer avec ton manège ! »
Siegfried ne répond rien, plus mort que vif, il écarte légèrement les bras de sa taille et concentre son cosmos dans chacune de ses mains.
Rhadamanthe relève le défi : « Dragon contre dragon… Il ne va falloir qu’un millième de seconde pour nous départager… Encaisse une dernière fois ma terrible attaque ! Greatest Caution ! »
Rhadamanthe joint ses deux mains l’une contre l’autre, grandes ouvertes, pour laisser s’échapper sa cosmo énergie qui prend la forme d’un dragon.
Siegfried réunit ses deux mains, bras tendus, au-dessus de sa tête et accroit sa cosmo énergie qui prend la forme de deux sphères : « Dragon Bravest Blizzard ! »
Siegfried replie ses coudes pour prendre davantage d’impulsion et dirige ses deux bras, poings serrés, dans la direction de Rhadamanthe.
Les deux sphères s’enroulent l’une autour de l’autre afin de n’en faire qu’une seule qui dévore le dragon de Rhadamanthe et frappe le futur Juge en plein abdomen.
Le Wyvern est soulevé du sol et retombe aux pieds de Myu.
Les vêtements couvrant le torse de Rhadamanthe sont arrachés et un cercle s’est formé à l’impact du coup porté par Siegfried aussi bien sur son buste que dans son dos, comme si le Souffle du Dragon l’avait transpercé.
Siegfried, tête baissée, reste debout.
Ses bras pendent le long de son corps et ses cheveux voguent dans le vent.
Le ciel se désassombrit et la brume se dissipe dans un silence de mort.
Myu avale sa salive et décide d’affronter le dernier défenseur d’Asgard encore debout.
Lorsqu’il s’apprête à faire le second pas, sa jambe est retenue par la main de Rhadamanthe qui se remet peu à peu.
_ « Ce n’est pas la peine Myu. Il n’a plus aucune force. S’il est encore debout c’est parce qu’il souhaite faire écran de son corps afin de protéger ses deux amis couchés à terre.
_ Seigneur Rhadamanthe, si nous ne les éliminons pas maintenant, ils nous traqueront.
_ Nous sommes déjà bien affaiblis. D’autres arrivent, je les sens s’approcher. Nous ne pouvons prendre le moindre risque. Partons à présent. »
Myu cède aux ordres de son supérieur et emprunte la direction de la Forêt d’Améthyste et de la Route de Cristal pour espérer gagner la Laponie.
Rhadamanthe lui laisse quelques mètres d’avance et reste les yeux fixés sur Siegfried durant de longues secondes. Ses petits yeux jaunes dégagent un étonnant respect venant de sa part. Ils témoignent de profonds éloges envers l’adversaire le plus puissant qu’il a eu à affronter dans sa vie.
Le froid faisant frémir son corps désormais à demi-nu, Rhadamanthe recouvre enfin ses esprits et suit les traces de son fidèle serviteur qu’Hadès lui destine depuis des siècles, abandonnant Siegfried qui, impuissant, laisse des larmes s’échapper et rouler le long de ses joues meurtries.
 
Le grand protecteur d’Asgard attend que les siens arrivent auprès d’eux pour s’écrouler lourdement au sol en soufflant péniblement : « Alors c’est cela la décision d’Odin ? Abattre sa colère contre Hadès ? »
Un bel homme aux cheveux longs blonds réceptionne Siegfried avant qu’il ne s’écrase.
Siegfried reconnait son sauveur : « Mime… Myu, ton ami… Ils sont partis pour les terres du Sud… »


Tandis que des soldats du palais arrivent enfin sur leurs chevaux, Siegfried évoque à Mime les incidents provoqués par Myu.
Mime semble désolé à l’annonce de l’attitude de son fidèle compagnon. Il scrute la direction du Sud et déclare : « Les terres du Sud… Seulement après avoir traversés des milliers de kilomètres durant les plaines glacées, ils pourront atteindre la Russie. Je doute qu’ils puissent y parvenir, les conditions sont rudes et auront raison d’eux vu l’état dans lequel ils doivent être. »
 
 
Quelques minutes plus tard, au pas de course, Myu et Rhadamanthe emprunte la Route de Cristal pour quitter Asgard.
Juste avant de fuir ce territoire qui l’a accueilli enfant, Myu stoppe sa course et se retourne.
Les larmes envahissent ses yeux tandis qu’il murmure : « Mime… Mon ami… Je ne sais pas qui je suis. Chaque jour que le temps fait, en apprenant à tes côtés à maîtriser mon cosmos, je me suis découvert des prédispositions que je ne soupçonnais pas. Mes vraies origines sont scellées quelque part, je le sens. Je pars faire la quête de mon graal. Ne m’en veux pas d’avoir pris cette décision. Adieu. »
Last Edit: 25 October 2021 à 11h27 by Kodeni

Author Topic: Chapitre 21  (Read 12897 times)

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Cette version du chapitre 21 est une version rééditée de la publication originale du 30 juillet 2011.
Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.