Post reply

Warning: this topic has not been posted in for at least 120 days.
Unless you're sure you want to reply, please consider starting a new topic.
Name:
Email:
Subject:
Message icon:

Verification:
Type the letters shown in the picture
Listen to the letters / Request another image

Type the letters shown in the picture:
Désolé pour toutes ces questions... Les spammeurs sont de plus en plus pénibles. Quelle est, traditionnellement, la couleur du cheval d'Henri IV ? Indice : il est Black.:
Tapez "zen" puis "quinze" en chiffres (trois lettres et deux chiffres, donc):

shortcuts: hit alt+s to submit/post or alt+p to preview


Topic Summary

Posted by: Kodeni
« on: 24 July 2021 à 16h07 »

NEWS

Cette version du chapitre 19 est une version rééditée de la publication originale du 21 mai 2011.
Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
Posted by: Kodeni
« on: 21 May 2011 à 18h38 »

Chapitre 19

En direction de l’île d’Yíaros, sur la mer Egée, la nuit du 5 au 6 mars est bien fraîche.
Tout comme sur les navires où se trouvent Aldebaran et Shura, un homme vêtu d’une tunique de soldat dépose un chaudron sur le pont.
Ces cuisiniers qui vivent en permanence au Port du Destin, en Crète, profitent de cette campagne contre Hébé pour prendre des nouvelles de leur terre natale, le Sanctuaire, tout en délivrant la soupe aux soldats avec, dans l’ordre, les Saints d’or, les Saints d’argent et le clergé puis les Saints de bronze, et enfin, les soldats qui font la queue.

Sur le bateau que Yakamoz dirige avec Ptolémy, Apodis picore son morceau de pain.
A l’avant du bateau, il scrute l’horizon et s’agace : « Nous ralentissons la cadence ! A ce rythme ces chiens d’Hébéïens auront eu le temps de fuir avant notre arrivée ! »
Apodis est rageur, tout comme Babel et Shura, chacun sur un navire différent, fixant eux aussi la direction de la terre ennemie.
Aldebaran préfère rester dans les cales à jouer aux dés avec Naïra Saint de bronze de la Colombe autour d’un bon verre de vin, tandis que sur le navire de Shura, Philémon Saint de bronze du Lièvre reste en compagnie des prêtres et des prêtresses pour invoquer Athéna avec quelques soldats.

Sur le pont, assis la tête appuyée en arrière contre un mat, Apodis rumine ses désirs de vengeance.
Epuisé par ses nerfs à vifs, il tombe de sommeil en ressassant le passé…

Flashback
1972 - Turbulent et violent, Apodis, cinq ans, se précipitait chaque jours vers la rivière, après qu’un prêtre descendu à Honkios se soit occupé de l’instruction des enfants. Il aimait y retrouver son père Frontinus.
Le futur Caraïb Ghost Saint de la Méduse menait là-bas des combats de rues contre des vétérans de l’armée. Il pariait sur sa victoire afin de gagner quelques sacres, monnaie du Sanctuaire.
Apodis se faufilait parmi les spectateurs et savourait chaque victoire de son père.
Frontinus était un véritable roc, tel un boxeur, ses coups étaient de véritables missiles que ses adversaires ne pouvaient esquiver.
Le petit garçon était le premier à féliciter son père.
Néanmoins, ce dernier ne le prit jamais dans ses bras. Il ne posait même pas les yeux sur son fils qu’il ignorait par-dessus tout.
Frontinus partait dans des tavernes avec quelques femmes et des brigands pour dépenser dans le vice l’argent qu’il gagnait, tandis que Mujakis la mère du futur Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis, se ruinait la santé à travailler la terre pour ramener quelques légumes et acheter de misérables morceaux de viandes défraîchis sur le marché.

Aimante, Mujakis demandait à son fils de ne pas suivre la même voix que son père. Apodis devait se concentrer sur son intellect. Elle lui apprit à bien se tenir, à respecter autrui et à étudier les leçons prodiguées par les prêtres qui enseignaient l’écriture, la lecture, les mathématiques, les arts, sans oublier les multiples légendes qui remontaient de la création de l’univers aux jours les plus récents.
La complicité qu’il entretint avec sa mère transforma cet enfant colérique en adolescent gai et instruit…
Flashback

Apodis revient à lui, le navire ralentit de façon trop subite pour que cela soit anodin.
Il constate que les voiles sont baissées et que les marins ne rament plus en calles.
Un navigateur du vaisseau d’Aldebaran s’écrit : « Terre en vue ! »
Il s’égosille si fort que les deux autres bateaux peuvent l’ouïr.
Une expression machiavélique s’affiche sur la mine d’Apodis qui court en direction des cales prendre sa Pandora Box.
Tapis dans l’ombre, camouflé sous sa soutane grise et son masque violet, Ptolémy le surprend : « Tu as l’air bien pressé d’accomplir ta mission ! »
Apodis sert le poing d’un air rageur : « Je tiens à honorer la mission que m’a confié le Grand Pope au nom d’Athéna ! Hébé et ses soldats doivent payer pour ce qu’ils ont fait ! »
Ptolémy le calme quelque peu : « C’est bien Saint de bronze. Le Grand Pope te féliciterait pour une telle bravoure. Toutefois je te conseille de ne pas te hâter trop vite. Un plan de guerre va certainement être étudié avant que nous accostions ! »
Apodis réfléchit un instant et se ravise, il est vrai que foncer tête baissée ne sert à rien.
Yakamoz rejoint ses pairs en descendant l’escalier au bois grinçant : « Je vous cherchais tous les deux. Les navires ont jeté l’ancre. Nos hommes ont ordre de se préparer pendant que nous allons sur le bâtiment du seigneur Shura. Nous y travaillerons une stratégie d’attaque. »
Apodis observe sa Pandora Box et d’un hochement de tête il appelle son armure. Celle-ci répondant à la volonté de son propriétaire, vient à lui pour le recouvrir intégralement : « Bien ! Je suis prêt à me présenter devant nos Saints d’or. »
Il emboite le pas à ses supérieurs tandis que Ptolémy fait un signe évasif de la main : « Pars devant, je te rejoins ! »
Yakamoz s’exécute tandis que Ptolémy consigne quelques notes sur un morceau de papyrus qu’il déroule de sa soutane. Il inscrit au milieu d’autres annotations : « … le chevalier Apodis se présente désormais comme un fidèle sujet de sa majesté. Il a épousé sa cause depuis les évènements de la Journée Sainte. »


Pendant ce temps, au Sanctuaire, dans les catacombes de la maison du Cancer, ruisselle l’eau de la pluie qui s’est insinuée dans la demeure et qui s’évacue par le sous-sol.
A l’intérieur de celui-ci, Deathmask reprend connaissance après qu’il se soit évanoui à la suite des blessures infligées par ¼dipe et surtout Hébé, alors qu’il apportait son repas à Lilith.
Il revient à lui dans sa cellule.
A sa grande surprise, en ouvrant les yeux, il remarque qu’elle lui caresse le front avec de l’eau. Il a été allongé sur le dos et sa tête est soutenue par un linge qu’elle a arraché sur un cadavre en décomposition.
Le bol dans lequel il lui avait apporté son bouillon a été vidé et c’est à l’intérieur de celui-ci que Lilith est allé chercher l’eau avec laquelle elle le rafraichit.
Il se redresse subitement en se cramponnant le torse de douleur.
Surprise, la malheureuse détenue se laisse tomber en arrière, couchant son corps nu sur la terre humide et couverte d’insectes.
Deathmask la fustige avec dédain en lui crachant au visage.

Pourtant, lorsqu’il emprunte le chemin de la sortie, il remarque que la porte de la geôle est restée grande ouverte. Il murmure alors : « Je suis resté inconscient un long moment… Tu aurais pu sortir, tu aurais pu hurler demander de l’aide. Pourquoi rester là ? »
Sans même se redresser, la prisonnière qui souffre d’un rhume depuis le mois et demi qu’elle est prisonnière dans cette cave humide, infestée de moisissures, de cadavres et de rats, prononce pour la première fois ces quelques mots. Le son vient difficilement, sa voix est enrouée : « J’ai déjà essayé de me sauver lorsque vous m’avez enfermé ici. Un trou de plusieurs mètres de haut est le seul accès à l’étage. Je ne peux réaliser un bond que seul un chevalier est capable de faire. »
Deathmask sourit sadiquement face à tant de franchise. Une autre question le taraude néanmoins : « Tu as lutté contre ma fièvre. Je ne comprends pas ? »
Bien que son visage soit cerné et creusé par la maladie et la faim, elle affiche un sourire timide qui illumine l’espace d’un instant ce lieu de désolation : « Sinon je n’aurai plus à manger, ni à boire et rien à lire non plus… »
Elle est prise d’une violente quinte de toux qui la fait se replier sur elle-même tant la douleur est insupportable.
Deathmask comprend que la prêtresse violée par Saga aime découvrir le passé évoqué par l’Italien dans son recueil. Avant de refermer la porte de la prison, il déclare d’un air presque chaleureux : « Ta maladie ne s’arrangera pas avec le froid et le manque de nourriture. Je t’apporterai des vêtements lors de ton repas de ce soir. A partir de maintenant tu auras droit à trois repas par jour. »
Il quitte la lugubre demeure de Lilith en refermant la lourde porte faite d’une grille de métal sur laquelle ont été coulées plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur de béton, laissant ainsi la captive seule, avec pour unique lumière la faible flamme de sa bougie.


Plus haut, dans le palais du Pope, Saga marche seul, calmement.
En maître des lieux, il observe l’architecture de cet immense édifice et l’usure que le temps a eu sur lui. Des plafonds à la roche fissurée, des colonnes effritées et des dalles manquantes à certains endroits.
Il avance paisiblement vers les arrière-salles où se situent les appartements d’Athéna.

Pour joindre ces pièces, il se dirige en direction de sa salle d’audience où un long tapis rouge relie le chemin à son trône.
C’est derrière son fauteuil où sont tirés de grands rideaux couvrants le mur de la salle qu’il approche : « Depuis douze ans, personne n’est venue ici grâce à ma volonté. Sur un soi-disant désir d’Athéna, je garde ces lieux clos… »
Il écarte les immenses voilages qui dissimulent une voute en berceau dans laquelle il s’engouffre pendant qu’il achève sa phrase : « … ces lieux où le silence est d’or et le secret bien gardé ! »
Il débouche sur une salle immense où un lit en banc de pierre se trouve en haut de trois marches en fond de salle. Sur les côtés de cette pièce, au plafond maintenu par des colonnes doriques, débouchent plusieurs couloirs que Saga emprunte.
En chemin, l’usurpateur défait son casque orné en son sommet par un serpent ainsi que son masque violet aux yeux rouge. Ses cheveux perdent leur teinte grisâtre à mesure qu’il suit le chemin des torches.
L’allée l’amène dehors. Elle continue sous la forme d’un pont en pierre suspendu.
A son bout, une tour est maintenue au-dessus du vide au beau milieu des montagnes qui encerclent les douze maisons.
Saga a retrouvé son physique originel. Il soupire un instant avant d’ouvrir la porte de cette pièce arrondie.
A l’intérieur, le vent s’engouffre violemment par un trou fait dans le mur. Au milieu de la pièce un berceau vide est le seul meuble qu’on peut trouver dans ce lieu lugubre.
Les torches ne brûlent plus ici mais la lueur de la lune illumine suffisamment la pièce pour que le Saint d’or des Gémeaux reconnaisse sur les dalles de ciments de vieilles taches de sang imprégnées. Il s’accroupit et les frotte avec émotion en murmurant : « Aiolos… Mon ami… »

Flashback
Mai 1973 - Le matin déployait ses ailes tout en douceur, trouvant son chemin parmi les trouées ajourant les murs de la troisième maison du zodiaque, réveillant doucement le propriétaire de sa nuit tourmentée.
Dans la chambre située dans un recoin du temple des Gémeaux, le jeune homme remua faiblement sous les draps, se détournant du rayon lumineux qui lui rappelait avec une certaine insolence qu’une nouvelle journée venait de commencer. Il se recouvrit le corps tout entier de son drap, cherchant à fuir l’astre solaire et ses obligations journalières, l’espace d’un moment encore. Les jambes ramenées contre son torse dans une position f½tale, il tenta de se rendormir mais la douce mélopée matinale des oiseaux l’en empêcha. Les yeux fermés, il écoutait les chants s’élever crescendo dans l’air ce qui le fit sourire et finit de le convaincre de quitter son lit malgré son envie d’y rester terré.
Pendant ce temps, une ombre se faufilait dans les couloirs du temple, guillerette et enjouée, se dirigeant droit vers la chambre où elle était sûre de rencontrer le propriétaire, persuadée de le trouver encore profondément endormi écrasé par la chaleur intense qui régnait à l’extérieur, le mois de mai étant très chaud pour la saison. Elle tenait entre ses mains un plat rempli de pommes d’un rouge éclatant, belles et rondes, généreuses à croquer. Un petit déjeuner de choix qu’elle souhaitait partager avec le loir tapi sous sa literie qui ressentait depuis le début sa présence en son domaine.
La silhouette arriva près de la porte en bois délimitant le domaine privé du Saint des Gémeaux et s’y fixa le temps de prendre une profonde aspiration pour puiser un peu de courage afin de braver le sacré de l’endroit. En plusieurs petites inspirations, elle se calma et se prit à sourire en armant son geste pour ouvrir sans frapper la porte lui faisant face.
Elle s’empara du loquet qu’elle tira pour se pencher joyeusement et présenter un beau sourire lumineux et mutin. Quelle ne fut sa surprise lorsqu’elle vit que le jeune homme qu’elle était venue visiter à l’improviste était prêt à se lever, assis sur le bord du lit, les cuisses recouvertes du drap blanc sous lequel il s’était tantôt caché. Son corps athlétique était généreusement offert à la vue de son visiteur qui sentit monter une pointe de honte lui empourprer les joues, l’embarrassant sur le moment. Le jeune homme ne dit mot, massant sa nuque moite sans adresser de regard vers la porte restée figée dans le temps où se cachait le jeune homme maintenant pris au dépourvu.
Les longs cheveux bleus du Saint tombèrent sur son torse, caressant ses épaules. Amorphe, Saga finit par abandonner son lit pour apparaître entièrement dénudé au regard de son ami, non surpris par sa nudité.
Alors qu’il s’étirait, il demanda : « Tu comptes rester à la porte toute la journée ou te décideras-tu à entrer Aiolos ? »
Avec diligence, Aiolos repoussa la porte, déposa le plateau sur le bureau estampillé par le symbole des Gémeaux et mordit à pleine dent la chair juteuse et sucrée d’une de ses pommes.
Le Sagittaire observait Saga. Un corps doré, joliment dessiné par des années passées à s’entrainer au grand air sous le chaud soleil de Grèce, portant les stigmates de nombreux combats formant de fines lignes blanches sur sa peau.
_ « Qu’es-tu venu faire si loin de ta demeure ? »
Aiolos se racla la gorge, sa dernière bouchée dans le fruit l’ayant un peu étranglé, trop obnubilé par la scène érotique qu’il avait saisie au vol : « Ai-je réellement besoin d’une raison pour visiter un ami ? »
Le frère ainé d’Aiolia vint se saisir d’une pomme qu’il lui lança de la table. Le geste vif de Saga enchanta le Saint du Sagittaire qui sourit jusqu’aux oreilles, satisfait de le voir parfaitement tiré de son sommeil. Il lui avoua alors l’objet de sa présence.
_ « Voilà la raison de ma visite… Un petit-déjeuner frugal ! Tu m’en veux ?
_ Je ne m’attendais pas à ça de toi, c’est tout.
_ Tu finirais presque par me vexer, tu sais ?
_ Pourquoi il t’en faudrait si peu pour que cela soit effectif ? »

Tous deux étaient des Saints très respectés, enviés par leurs autres camarades de la chevalerie, suivis de près par Shion et désirés par la quasi-totalité des c½urs libres du Sanctuaire.
D’un fort caractère, chacun espérait surpasser l’autre et s’approprier toute la notoriété. Cela avait fait naître chez eux une rivalité qui au-delà de la compétition, avait altéré beaucoup leur amitié.
C’est pour cette raison qu’Aiolos avait profité que Saga soit rentré de mission pour lui apporter ce plateau de fruits. Il espérait renouer des liens amicaux en s’accordant un peu d’intimité tous les deux.

Les jeunes gens se mirent à rire ensemble, non pour les mots échangés mais pour le silence qui s’en suivit, un silence qui fit naître un étrange sentiment entre les pairs.
Aiolos se décida à quitter sa place près de la table et se dirigea le c½ur battant vers son allié. Ses pas résonnèrent intensément dans son crâne, une fièvre nouvelle se mit à envahir son corps tout entier.
Une demi-dizaine de pas le séparait de Saga qui mangeait sa pomme. Aiolos vint si près de lui que cela le rendit perplexe et étrangement cela le fit rougir. Sa gorge devint douloureuse, ses lèvres s’asséchèrent soudainement lorsque la main du Sagittaire se posa sur sa joue et qu’il se mit à la lui caresser avec une infinie douceur.
Fort de cette audace nouvelle Aiolos posa sa seconde main sur le visage déconfit du beau jeune homme qui lui adressa un regard intrigué, impuissant, presque docile. Les mains bien agrippées à son visage, il le souleva avec délicatesse pour pouvoir apercevoir l’éclat de son regard anxieux.
Saga ouvrit un peu plus les lèvres et prit soudainement conscience qu’il s’apprêtait à être délesté d’un baiser de la part de cet homme qu’il appréciait depuis toujours. Les yeux grands ouverts, la gorge serrée et saisi de tremblements, il vit le visage d’Aiolos se rapprocher de lui. Le c½ur battant jusqu’à se rompre dans sa poitrine douloureuse, Saga attendit l’inéluctable. Sagement assis sur son lit, bien que transit à l’idée que ce mouvement s’arrêta sans qu’il ne fût terminé, dans un geste de lucidité, il s’empara de son fruit et le plaça dans la bouche de son camarade. Il se dégagea rapidement en hurlant : « Ça ne va pas ! Qu’est-ce qui t’as pris enfin de vouloir faire ça ? »
Saga se montra fort dépourvu et hors d’haleine, son regard fulminait de rage à l’encontre de cet ami tombé à genoux près du lit.
Aiolos, du dos de la main, s’essuya les lèvres puis, mesurant son geste indécent, il regarda obstinément le sol en cherchant à éviter toute confrontation avec le maître des lieux resté au loin à l’abri de ces facéties impudiques.
_ « Je l’ignore, murmura Aiolos… Je t’assure que je ne sais pas ce qui m’a pris mais soudainement j’ai voulu te prendre un baiser. Je suis désolé.
_ Tu peux l’être effectivement ! »
Les regards s’enfuirent, les attitudes devinrent frigides, un froid s’était créé entre les deux jeunes gens tous deux désireux d’aventures sentimentales mais qui ignoraient encore que les sentiments étaient de nature difficile d’appréhension. Les c½urs affolaient par cet événement, ils gardèrent leur distance, restant obstinément figés à leur place, toujours fuyant la réalité de leur sensualité naissante.

De longues minutes s’écoulèrent sans qu’il ne se passa rien entre eux jusqu’à ce que las de cette histoire, Saga abandonna le terrain. Rentré durant la nuit de sa mission, il devait rendre compte au Grand Pope.
Cette fuite de sa part agaça Aiolos qui se releva pour le poursuivre dans les couloirs de la maison des Gémeaux, le rattrapant en quelques enjambées pressées.
Le geste vif, il s’empara du poignet de Saga, toujours fâché, et le fit se détourner de sa route pour qu’il pivote vers lui. D’un mouvement franc et parfaitement contrôlé, il finit par accomplir son désir de lui prendre de force un baiser.
Surpris par le mouvement, Saga se laissa capturer par Aiolos et se retrouva entre ses bras. Les doigts du Sagittaire enserrant son poignet, il était capturé dans une étreinte charnelle et ne fit plus un mouvement lorsqu’il sentit sur ses lèvres le baiser brûlant du fier guerrier. Le souffle d’Aiolos lui investit la gorge, ce qui le rendit fiévreux.
Leur échange les embrasa tous deux jusqu’à ce que le charme soit rompu de lui-même, les chevaliers reprenant le contrôle de leurs pulsions en se rendant compte que l’endroit n’était pas approprié pour se livrer à de telles explorations.
Le souffle court, hors d’haleine et tout en sueur, Saga fit quelques pas pour échapper aux caresses d’Aiolos. En le fixant dans les yeux, cette fois-ci avec amitié, Saga quitta enfin sa demeure pour trouver Shion…
Flashback

Saga revient à lui, il revit l’espace d’un instant la réaction qu’eut Aiolos lorsque quelques mois plus tard il découvrit la tentative d’assassinat d’Athéna.
Les larmes lui viennent et son poing se crispe tandis qu’il balbutie : « Kanon… Tout ça… C’est ta faute… C’est toi qui as fait germer la graine du mal qu’il y avait en moi… »

Flashback
Mai 1973 - Quelques heures après que Saga ait rencontré le Grand Pope, au Nord du Sanctuaire, dans une petite forêt à proximité d’un corps de ferme, un jeune homme aux cheveux longs et bleus, vêtus d’un haut azur, remonte son pantalon et enroule les lanières de ses spartiates autour des chevilles.
Sous les yeux des deux b½ufs qui tiraient une charrette remplie de foin, une paysanne réajuste sa coiffe et sa robe en observant son amant d’un ½il concupiscant.

Au loin, dans un bâtiment, un bouvier constata que le char était arrêté.
La paysanne déclara : « Mon père doit s’impatienter, je ferai mieux d’y aller. A bientôt chevalier des Gémeaux. »
Le bel homme la regarda prendre sa route avant d’attraper un fou-rire qui devint machiavélique.
Une fois qu’il eut repris son souffle, il avoua en riant : « Ah, ah, ah… Comme c’est bon de se faire passer pour toi mon frère ! Ah… »
Son rire fit froid dans le dos de Saga, dissimulé depuis le début dans l’ombre.
Il répondit sèchement : « Maintenant que tu t’es bien amusé, nous rentrons nous entraîner ! »
Kanon refusa l’invitation.
_ « Ça fait plus d’un an que nous sommes arrivés d’Yíaros et que je te prouve quelle est l’étendue de ma force. Je ne supporte plus le fait de me cacher dans cette petite cabane à l’Est du domaine. Quand vais-je pouvoir vivre sous mon vrai nom et non sous le tien ? Personne au Sanctuaire ne sait que nous sommes jumeaux ! Pourquoi ?
_ Tu es trop dangereux ! Tes rêves de puissance risquent de tout faire échouer ! Athéna va bientôt venir au monde et ce jour-là le Grand Pope me choisira comme successeur. Mais s’il découvre qu’un être tel que toi est mon jumeau, alors il pensera que je suis capable des mêmes desseins démoniaques que toi ! »
Kanon suspecta d’un ½il complice son frère.
_ « N’est-ce-pas déjà le cas ? Nous sommes pareils après tout, toi aussi tu rêves de pouvoir !
_ Je souhaite devenir le plus haut dignitaire du Sanctuaire pour servir ma déesse ! Toi tu as soif de conquête, tu es fasciné par le mal ! »
Kanon se tût, un long silence apaisa la tension…

Les deux frères repartirent discrètement dans un logis abandonné dans un coin reculé à l’Est du domaine.
Saga y descendait lorsqu’il revenait de sa mission fixée par le Grand Pope.
En effet, Shion et Arlès avaient chargé Saga de veiller sur le Cap Sounion. Ce lieu situé en bord de mer, peu éloigné du Sanctuaire, est un point de passage en Méditerranée vers le Sanctuaire sous-marin de Poséidon. Le retour sur terre d’Athéna annonçant le retour d’autres dieux, l’empereur des mers était de ceux à surveiller.
Lorsqu’il rentrait, Saga s’assurait que son frère vivait toujours dans le secret.
Kanon n’a jamais caché ses projets diaboliques. Le Saint des Gémeaux l’avait ramené d’Yíaros pour s’assurer qu’il ne fasse rien de tragique là-bas. En le gardant près de lui, il espérait faire de lui son successeur au cas où il lui arriverait quelque chose.
Hélas, Kanon devenait de plus en plus imprévisible et Saga commençait à rêver d’un pouvoir plus grand que celui dont Shion disposait déjà…
Flashback

Saga se redresse subitement.
Il sort de ses souvenirs et fixe le berceau vide à la couche épaisse et molle toujours transpercée par la dague que Cronos lui confia.
Rien n’a bougé depuis douze ans, hormis la dague rangée sous son trône.
Personne n’est revenu dans ces lieux hormis les fantômes qui hantent l’esprit tourmenté des Gémeaux. Saga s’interroge : « Athéna… Où es-tu ? Mes hommes sillonnent le monde à la recherche de l’armure d’or du Sagittaire. Tu ne dois pas en être bien loin… »


Justement, au Japon, dans un immense stade couvert qui domine Tokyo, les médias et les journalistes de tous les pays, comme les simples spectateurs, se réunissent.
Ils affluent dans l’unique but de célébrer la fin de la construction de cette version moderne du Colisée romain.
Ce dôme de pierre s’élève sur plus de quarante-trois mètres de haut. Doté d’une technologie de pointe incroyable, il dispose d’un toit ouvrant et de cent-mille places assises.
Des écrans géants sont installés tout autour du stade, tandis qu’à l’intérieur, lorsque le dôme se referme, le ciel devient étoilé.
Un ring est dressé au centre des tribunes avec, au-dessus, quatre panneaux lumineux qui, collés l’un à l’autre, forment un cube et affichent en continu le message suivant : « Bienvenue au grand Coliseum ! »
Dans les tribunes, au-dessus du débouché des vestiaires, protégée par un léger vitrage, se trouve la loge d’honneur.
Derrière les gradins, dans les couloirs, de nombreux stands d’animations sont encore fermés pour le moment.
Près des vestiaires, de nombreuses salles de réunion, de relaxation ou de repas sont encore closes.
Une seule, celle de conférence, est animée par M. Tokumaru Tatsumi, homme de main du défunt Mitsumasa Kido.

Devant une horde de journaliste, le sportif amateur de kendo se tient debout en appui sur une table à côté d’une demoiselle qui n’a pas encore ses douze ans, la propriétaire de ce complexe, Mademoiselle Saori Kido.
Tatsumi répond à chaque question posée par les critiques mais reste mystérieux sur le réel intérêt du colisée : « Aujourd’hui nous inaugurons le Coliseum qui s’est achevé quelques mois en avance sur nos prévisions. Nous tenons à féliciter notre service du bâtiment qui a fait un travail époustouflant. Mon maître, Mitsumasa Kido, était passionné pour les arts de combat. C’est pour respecter sa mémoire que nous avons achevé ce projet ambitieux qu’il chérissait tant. Dans quelques mois, de nombreux combats mémorables se dérouleront ici sous vos yeux. La Fondation Graad forme actuellement des hommes qui s’approprient des techniques légendaires. Bien entendu, vous serez convié le moment voulu à en savoir plus sur ces êtres surhumains qui viendront faire devant vous l’étalage de leur toute puissance. »

Divinement belle, Saori Kido, jeune demoiselle promise à un bel avenir dans le monde des affaires, se redresse de son siège.
Tous les appareils photos se braquent sur elle, tout comme l’attention de chaque interviewer qui observe l’étalage de sa beauté.
Ornée de bijoux, dans sa longue robe blanche, la fière héritière au regard ferme succède à son majordome.
Aussitôt, Tatsumi effectue une révérence et recule de quelques pas pour lui laisser place.
Dans la pièce, une dame en tailleur noir et en chemisier blanc entre dans la salle.
Saori tend le bras, paume de main ouverte, en direction de la femme : « Ce sera tout pour aujourd’hui messieurs. Notre hôtesse va se charger de vous faire visiter le reste du complexe. »
Tous les médias suivent avec plaisirs l’employée de la Fondation Graad alors que Saori regarde Tatsumi : « Descendons ! »
Tatsumi s’incline et suit Saori Kido.

Ensemble, ils descendent par ascenseur dans les sous-sols du colisée et finissent leur course dans la blanchisserie.
Au fond de celle-ci, dans une arrière-salle où sont entreposés des restes de matériaux de constructions, des objets défectueux et des archives, contre un mur, descend une épaisse couverture poussiéreuse que Tatsumi écarte du bras en prenant soin de ne pas tâcher son costume.
Derrière le tissu, se dresse une porte en métal sans poignets.
Seul un digicode aux touches alphanumériques autorise l’accès.
Le valet exécute le mot de passe les yeux fermés laissant le blindage s’entrouvrir lentement. Une lumière blanche, aveuglante, s’échappe de la cavité.
C’est une fois leurs yeux habitués à cet éclat vif qu’ils s’engouffrent de trois pas et stoppent leur avancé.
Devant eux, se dresse un champ de rayons lasers en perpétuel mouvement.
Ils attendent que la porte blindée se referme derrière eux pour frapper sur un nouveau digicode mural la combinaison qui fera cesser le danger.
Leurs pas résonnent sur le sol de verre illuminé au-dessous par des éclairages éblouissants.
Ils peuvent admirer leurs reflets dans les miroirs aux murs et au plafond.
Le couloir, long d’une dizaine de mètre, débouche sur un nouvel ascenseur là encore codifié.
La tête pensante de la Fondation Graad et son adjoint ressortent de l’appareil à des mètres en dessous du Coliseum.

Ils se retrouvent sur une plateforme composée de nombreux bureaux encore en construction.
Saori fait le tour d’elle-même et affiche une mine contrariée.
Elle s’avance dans la pièce principale dont la porte est déjà ouverte. Celle-ci desserre sur un plateau qui surplombe des écrans géants qui n’affichent pour le moment que des données informatiques incompréhensibles.
En bas de ce plateau, le sol n’est que partiellement carrelé. Il est pour le moment jonché de câbles. C’est au milieu de ce désordre, qu’un homme s’affaire à tirer un cordon électronique en hurlant à un autre : « Donne-moi plus de mou… Encore… ».
C’est seulement lorsque Tatsumi racle sa gorge qu’il constate l’arrivée de la demoiselle : « Qu’… Ah… Hum, hum… Mademoiselle Kido… »
Il baisse la tête en guise de politesse contrairement à Saori qui ignore le travail de ses ouvriers en marchant au beau milieu du chantier : « Le Coliseum est inauguré à l’heure actuelle. Il est en avance sur nos prévisions. Néanmoins je constate que notre QG perd énormément de temps. »
Le technicien bafouille : « Je sais bien mademoiselle Kido, veuillez-nous excuser pour ce retard. Le recrutement d’agents spéciaux, d’espions et d’informaticiens, a été ma priorité. Il nous fallait des hommes de confiance pour ce travail. Les trouver n’a pas été une partie de plaisir… »
Il pointe la scène qui domine la pièce principale et plus précisément l’espace bureautique situé en son centre : « … D’ailleurs vous trouverez leurs dossiers dans votre bureau. Nous avons recruté de véritables mercenaires, des gens d’expériences qui ont déjà travaillés pour les gouvernements où d’autres organisations et… »
Saori le coupe sèchement : « Dans la résidence de mon défunt grand-père, le grand Mitsumasa Kido, je dispose déjà de ce genre d’éléments pour mes renseignements généraux. Si je vous ai confié cette mission c’est parce que j’ai besoin de services secrets efficaces. Comment juger l’efficacité d’un élément qui prend déjà du retard ? »
Le chef du département militaire des Kido est désemparé : « Je comprends Mademoiselle, sachez que maintenant… »
Tokumaru Tatsumi surenchérit : « Enfin, un peu d’honnêteté tout de même. Nous disposons de pétroliers à la pointe de la technologie, nous créons nous-mêmes nos énergies, nos matières premières, nous venons d’achever ce complexe ainsi que la construction d’un grand hôpital pour notre Fondation Graad ! Et là nous exploitons nos propres ressources dans un siège qui manque d’innovations et d’hommes de caractère ! Nous attendons beaucoup de ce quartier général ! "
Cet homme d’expérience est totalement secoué par de tels propos : « Je vous assure que tout va rentrer très vite dans l’ordre Mademoiselle Kido. Nous serons à l’heure sur les plans que nous avons convenus. »
Saori, furieuse, quitte son repère sans même dire au revoir, suivie de Tatsumi qui est un petit peu à la traîne…

Une fois tous les niveaux traversés, elle sort du Coliseum où sa limousine l’attend dehors.
Au pas de course Tatsumi vient lui ouvrir la porte et la laisse s’assoir sur le cuir de la luxueuse voiture.
A l’intérieur, une télévision déjà allumée diffuse un reportage sur l’inauguration de la nouvelle création de la Fondation Graad.
Entre les deux banquettes et l’écran incrusté à la paroi du véhicule, un plateau avec un seau contenant une bouteille de champagne à moitié vidée est posée en compagnie de quelques verres sur la table fixée à la moquette du sol.
Saori dépose alors un regard amical sur une jeune fille de cinq ans son ainée qui est assise les jambes croisées sur la banquette d’en face tenant une coupe presque vide à la main.
Ses longs cheveux bruns tombent en quelques mèches sur sa généreuse poitrine à peine cachée par sa robe violette sans bretelles. Des petits rubans violets se mêlent derrière sa tête à ses cheveux et font ressortir le maquillage qui habille ses lèvres pulpeuses. Le petit c½ur rose tatoué sur sa pommette gauche s’accorde à merveille avec ses yeux topaze enjolivés par de fins sourcils.
Saori lui attrape ses douces mains aux doigts fins et aux ongles vernis : « Dis-moi ma chère Ksénia, comment étais-je à la télévision ? »
Ksénia répond avec un accent slave prononcé : « Sublime ! Presque aussi sublime que la réalité. »
Pour la remercier, la petite-fille de Mitsumasa Kido lui baise la joue.
Par la porte d’à-côté, Tatsumi entre enfin. Saori l’informe : « Tatsumi, nous allons ramener Ksénia à son hôtel. Elle doit être épuisée de m’avoir attendu ainsi toute l’après-midi. »
Tatsumi décroche alors le téléphone qui le lie au conducteur qui est caché derrière une vitre pare-balle teintée afin de l’informer de leur destination.

Ksénia est une jeune Russe dont le père a fait des affaires sur le sol japonais. Souvent parti en voyage d’affaires, il a accepté de louer un étage entier à l’année d’un luxueux hôtel de Tokyo pour sa fille qui est tombée amoureuse de cette ville.
Il faut dire qu’elle s’y est rapidement faite une amie en la personne de Saori Kido qu’elle a rencontré quatre ans auparavant lorsque son père et Mitsumasa Kido faisaient des affaires ensemble. Les deux demoiselles, bien que jeunes à l’époque, se sont découverts des intérêts communs comme le shopping, les bijoux, les concerts de musique classique, la danse…
Depuis, elles essaient de se voir au moins une fois par jour lorsque l’agenda de Saori le lui permet…


A nouveau au Sanctuaire, dans la quatrième maison du zodiaque, Deathmask achève de reprendre des forces.
C’est la panse bien remplie qu’il se lève de table à l’intérieur de sa chambrette.
Une seconde assiette est disposée en face de lui et est protégée par le couvercle d’un plat pour conserver la chaleur. Il la dépose sur un plateau en compagnie d’un couteau et d’une fourchette qu’il vient de laver dans sa bassine d’eau ramenée d’Honkios. Il l’accompagne d’un pichet d’eau, d’un verre, d’une bougie et de quelques pages de ses mémoires.
Dans sa large robe qui cache les blessures infligées par Hébé, il ouvre l’armoire en bois massif qui a traversée les âges depuis la création du quatrième palais zodiacal et en sort une couverture ainsi qu’un de ses deux pantalons craqués et un de ses trois maillots usés.

Il s’enfonce alors dans les ténèbres de sa demeure et va aux plus profond des catacombes sous les yeux impuissants des masques de mort qui ornent les murs jusqu’à sa cave.
Il tire péniblement sur la porte en béton armé pour trouver Lilith, assise contre un mur, les jambes serrées contre sa poitrine, grelotant et crachant du sang.
Deathmask observe la maigreur de sa détenue pendant qu’il lui approche le plateau : « Tu as vraiment besoin de prendre un bon repas. Mange tout de suite pendant que c’est encore chaud. »
Tel un animal affamé qui se jette sur sa gamelle, elle dévore rapidement le repas que Deathmask a spécialement préparé pour eux. Elle ne prend même pas la peine d’utiliser les ustensiles qu’il lui a amenés et mâche à peine sa nourriture. Semblant avoir perdu toute bienséance, elle boit à même le pichet l’eau fraiche, en renversant la moitié sur elle. Elle achève ce disgracieux diner en faisant un rot la gueule grande ouverte.

Du début à la fin, Deathmask la dévisage avec envie.
Il lui étend même sa pièce d’étoffe censée la protéger du froid comme s’il lui prépare un lit et dépose ses vêtements bien pliés en déclarant d’une inattendue gentillesse : « Voilà… Avec ça désormais tu te porteras mieux. »
La captive le fixe de ses grands yeux bleus presque éteins, elle semble ne pas le reconnaitre. D’habitude si indélicat, il lui montre pour la première fois de l’affection. Il se montre même doux lorsqu’il commence à lui caresser de ses mains sèches sa petite poitrine qui frémit.
Violée et humiliée par Saga puis par Deathmask le jour de son enlèvement, elle a perdu le sens de sa vie, une vie qu’elle vouait à Athéna en étant prêtresse. Aujourd’hui, cette jeune femme, fille du Sanctuaire, est persuadée qu’elle n’atteindra jamais son dix-neuvième anniversaire. Elle se surprend elle-même à apprécier le peu de douceur que lui procure à l’instant Deathmask dans cette cellule morbide où elle pense finir sa vie.
Lorsque le Cancer caresse son visage et qu’il passe ses doigts dans ses longs cheveux lilas, emmêlés et crasseux, elle ferme les yeux, sentant en elle venir le moment où l’homme va s’acharner sur elle comme l’a fait auparavant le Grand Pope.
Pourtant, elle découvre la sensation agréable que procurent quelques caresses sur ses bras, dans son cou, autour de sa bouche. Elle se laisse glisser par le poids du corps robuste du chevalier contre le sol.
Elle ne bronche pas, elle garde les yeux clos et se consacre à l’évènement qui se produit. Elle ne ressent aucune sensation particulière hormis la satisfaction de faire plaisir à son bourreau. Elle n’éprouve aucune douleur non plus, ayant compris que sa docilité lui apporterait un minimum de confort, elle s’efforce de ne pas déconcentrer le Saint d’or…

Du début à la fin, elle l’aura entendu apprécier être en elle…

Elle se surprend même à sourire lorsqu’elle regarde Deathmask se relever brusquement, suant à grosses gouttes et souffrant de l’effet provoqué par la transpiration sur ses plaies.
Le visage crispé, il quitte la cellule sans rien dire, laissant Lilith ramasser les feuilles de son recueil et se coucher lascivement sur l’étoffe pour les découvrir en gardant une mine satisfaite…