Chapitre 12

Chapitre 12
 
La journée est semblable aux dernières que Shiryu a passé depuis une semaine aux Cinq Pics en Chine.
Il est assis, les jambes croisées, les yeux fermés, l’esprit vidé, torse nu sous une grande cascade d’eau froide.
Sans même avoir pris la peine de manger ou même de bouger, Shiryu fait preuve d’un état d’esprit impénétrable, il ne fait qu’un avec la nature.
 
C’est la seconde fois aujourd’hui, que Shunrei descend pour venir au point de chute de cette eau glacée.
Elle vient veiller sur son ami qui a accéléré son apprentissage depuis plusieurs mois.
L’orpheline recueillie par Dohko il y a quelques années est rejointe par le vieillard.
_ « Shunrei, je te croyais partie cueillir des fruits.
_ Je ne pouvais pas rester ainsi sans me soucier de Shiryu. Ca fait huit jours, que Shiryu se concentre intensément, sans même se nourrir. Depuis… Depuis le départ d’Ohko, je vous trouve particulièrement sévère avec lui.
_ Oh, oh, oh… Shunrei, ma belle enfant, ne pense pas que je reporte ma déception éprouvée envers Ohko contre Shiryu, rigole Dohko. Au contraire, depuis qu’il est mon seul élève, Shiryu m’a persuadé qu’il avait toutes les capacités pour faire un excellent chevalier. C’est pourquoi je lui fais pratiquer des exercices qu’un simple apprenti ne pourrait supporter. Dans quelques années, Shiryu aura un rôle important à jouer pour l’équilibre de la paix du monde. Depuis qu’il porte la marque du Dragon, il progresse chaque jour davantage, son cosmos se développe de façon exponentielle. »
Le vieillard, se laisse tomber dans l’eau qui lui arrive jusqu’au cou.
Il tend son bras, la paume de la main ouverte, en direction de Shiryu et annonce à Shunrei : « Ouvre grands tes yeux mon enfant et observe la concentration du Dragon ! »
De la main à la peau ridée et violette de Dohko, tourbillonne un faisceau lumineux : le cosmos.
Sa cosmo énergie influe sur l’onde. L’eau se soulève et forme un tigre aux dents longues accompagné d’un dragon au corps long et à la gueule énorme.
Tous deux, alimentés par l’écume et le cosmos du Vieux Maître, se jettent sur Shiryu qui disparait au moment de l’impact bien que depuis des semaines il gardait les yeux fermés.
Les deux formes animales, qui ont explosées contre la roche où était assis Shiryu, se reforment aussitôt et cherchent le futur Saint de bronze.
En toute agilité, Shiryu a sauté jusqu’à la berge.
Il se tient en position de combat. Sur son torse saillant s’évaporent les gouttes d’eau, désormais réchauffées par son flux énergétique. Ses longs cheveux fins, encore humides, se soulèvent en direction des cieux et ses beaux yeux émeraude brûlent de mille feux.
Shiryu attend que le tigre vienne à lui pour se jeter à sa rencontre, pied droit en avant. Sa jambe, chargée de son cosmos, frappe le tigre d’eau en plein flanc et le fait s’évaporer.
Shiryu se réceptionne dans le fleuve où le dragon le cueille, gueule grande ouverte.
Shiryu observe la bouche de l’animal, prêt à le dévorer, et se laisse à l’intérieur poing en avant.
Shiryu est avalé par le dragon, au plus grand désarroi de Shunrei qui se cache le visage.
Pourtant, le dragon magique de Dohko reste figé en l’air, comme paralysé par un malaise qui le prend de l’intérieur.
Effectivement, Shiryu finit par ressortir de la cage thoracique de l’animal.
Le monstre aquatique explose aussitôt.
Il emporte l’élève dans une vague de deux-mètres qui s’écrase contre la roche où chute la cascade.
 
S’en est trop pour Shunrei.
Elle se presse de courir jusqu’à la berg, en hurlant à pleins poumons le prénom de son ami.
Dohko ne dit rien, il baisse sa tête et affiche un sourire dissimulé par son grand chapeau.
 
La voix amicale de Shiryu venue de derrière eux rassure Shunrei : « Je suis ici Shunrei. »
La malheureuse se retourne, la larme à l’½il tandis que Dohko fixe fièrement son disciple.
_ « Félicitation Shiryu. Tu es prêt. »
_ Prêt ?! Prêt à quoi Maître ?
_ Prêt pour le Rozan Sho Ryu Ha.
_ Le Rozan Sho Ryu Ha ?!
Dohko n’en dit pas plus, il repart à sa maison en invitant ceux qu’il considère comme ses enfants, à faire de même : « Rentre donc dîner et te reposer un peu. Demain, commence la partie la plus rude de mon entraînement. »
 
 
En Grèce, au Sanctuaire, devant la maison du Bélier, Aiolia est couché sur le dos, le corps encastré dans les dalles de l’entrée de la demeure.
Devant lui se dresse Enée, pris d’une frénésie inquiétante. Ses veines gonflent de plus en plus, ses muscles sont chargés d’énergie et son visage crispé le rend méconnaissable. Son pied droit n’a de cesse de cogner le Lion au visage, sur le torse et sur les bras.
Fort meurtri par la violence du Shield Slash de l’Alcide, Aiolia entend ses os se rompre petit à petit.
Un nouveau craquellement fait frémir Enée d’enthousiasme : « Ton bras droit ne te sera plus d’aucune utilité maintenant ! Je vais te débarrasser de l’autre pour m’assurer que tu ne représentes plus aucun danger… Ah… Ah… Ah… »
Aiolia serre fort la mâchoire pour ne pas laisser transparaître sa douleur et roule difficilement sur le côté, pour esquiver le pied de son ennemi.
A peine debout, Aiolia essuie un violent crochet du gauche qui le fait chanceler. Un second coup le fait choir sur le postérieur.
Dans sa folie, Enée bave de rage : « Tu ne veux pas mourir Saint d’or ? Pas grave, je vais t’y aider : Charging Stars ! »
Les Etoiles Offensives d’Enée n’ont plus rien à voir avec les ridicules météores habituels. Elles se transforment en novas obscures qui viennent impacter par centaines Aiolia.
Le Lion n’a pas l’occasion d’esquisser la moindre réaction. Plusieurs fois heurté au crâne, il s’écroule quelques marches plus bas, victime d’une importante hémorragie.
Enée lui tourne le dos et projette de passer l’entrée du palais.
C’est sans compter sur le ton impératif du félin : « Arrête tout de suite ! Je t’ai déjà dit que tu ne franchiras pas le seuil de cette maison. »
Bien qu’étendu, le visage écrasé contre la roche, Aiolia remue difficilement les lèvres pour affirmer son autorité.
Enée s’extasie à pleins poumons : « Ne soit pas ridicule Saint d’or ! Tu es plus mort que vif ! Jamais tu ne pourras me faire face davantage. Le chien des enfers qui vit en moi s’est réveillé. Chacune de mes techniques de combat a évolué de façon exponentielle, aussi bien dans la puissance dégagée, que dans l’exécution des coups. Maintenant qu’il ne te reste plus qu’un bras, je ne vois pas en quoi tu pourrais m’être supérieur… »
Quelques éclairs jaillissent du corps d’Aiolia.
Son cosmos, puise en tout ce qui lui reste, pour l’aider à lever son corps.
Le Saint du Lion, pris d’un soudain vertige, reste accroupi et tient sa dernière chance en son bras gauche.
_ « Ton Lightning Bolt est bien ridicule. Puisque tu aimes les éclairs, je vais invoquer mon ultime arcane. Je vais te faire l’honneur de succomber d’une décharge électrique sans précédent… »
Au-dessus d’Enée, le ciel s’assombrit. La pluie tombe aussitôt sur les environs de la maison du Bélier et l’orage gronde.
Désormais que les barrières de Spartan et Deathmask sont tombés, Enée jubile de ressentir à nouveau le cosmos d’Hébé : « Je sens enfin l’âme de ma déesse m’accompagner ainsi que celles d’Iphiclès et Juventas. C’est avec leur aide, que je vais invoquer mon plus puissant coup… »


Dans le centre de la ville d’Honkios, des gardes athéniens s’amusent à bousculer et à humilier ce qu’il reste des vingt hommes aux crânes rasés qui ont conduit Hébé en litière jusqu’au colisée.
Habillés d’un léger voile bleu autour de la taille, ces serviteurs sont frappés, légèrement lacérés par les armes et mis à nu.
A l’intérieur de la litière d’Hébé, les Athéniens, sur ordre du commandant Phaéton, regroupent les jeunes servantes.
Un des soldats sort de la chambre mobile à moitié vêtu et déclare à Phaéton : « Voilà mon commandant, je me suis occupé de la dernière, il n’en reste plus qui soit vierge. »
Un second intervient : « Que faisons-nous à présent ? Devons-nous les brûler avec cette litière. »
Phaéton brandit un glaive et pointe la lame contre la gorge du malheureux : « Imbécile ! Nous sommes devant un temple d’Athéna. Même si nous punissons ce peuple rebelle crois-tu qu’elle nous pardonnera d’une telle offense ? »
Il interpelle l’ensemble de ses hommes : « Enfermez ces jeunes femmes dans un cachot. Nous les vendrons au prochain marché des esclaves.
_ Et pour les hommes commandant ? Que faisons-nous, s’enquiert un autre officier ?
_ Le même sort doit être réservé à ces eunuques. Toutefois il s’agit là d’êtres purs, leur chasteté doit être violée. Une fois que vous vous serez occupés d’eux, rejoignez les autres sur le champ de bataille ! Le périmètre a été sécurisé, j’assurerai le maintien de l’ordre ici avec les deux légions déjà en place. »
 
Depuis un temple d’Athéna dressé dans la ville, là où les prêtres bedonnants et peu téméraires sont agglutinés aux barreaux des fenêtres pour guetter les environs, le Saint d’or des Poissons s’impatiente. Il se tourne vers le Grand Pope dont il s’est chargé de la fuite du colisée.
_ « Majesté, combien de temps encore allons-nous rester cachés ici avec ces prêtres grassouillets et ennuyeux ? Je peux très bien assumer votre protection jusqu’à votre chambre.
_ Calme toi chevalier d’or, cette retraite est indispensable. Il n’est pas envisageable d’entreprendre la traversée des douze maisons, tandis que nos adversaires l’ont déjà entamée et que de nombreuses troupes hébéïennes circulent encore dans les environs.
_ Nous pouvons très bien emprunter le passage secret et…
_ Il suffit chevalier ! Aurais-tu l’outrecuidance de discuter mes ordres ?
_ Jamais votre grandeur, s’agenouille solennellement Aphrodite. »
Saga poursuit en faisant le tour du temple et en s’arrêtant devant une statue d’Athéna qu’il fixe avec insistance : « Je comprends ta contrariété. Nous sommes enfermés ici, avec quelques prêtres poltrons, qui n’ont pour toi aucune once de courage ni aucun charme, tout ce que tu hais. Toutefois, la barrière cosmique a été brisée, maintenant qu’Hébé est capable de communiquer avec ses hommes, je ne serai pas étonné qu’elle ordonne d’investir le temple d’Athéna, afin de l’enlever après m’avoir assassiné. Notre déesse est protégée par plusieurs chevaliers d’or qui veillent sur leurs demeures. Seulement moi, je suis à découvert. Je ne doute pas de tes capacités, tout comme je ne doute pas des compétences de Phaéton pour préserver la sécurité autour de ce temple. Attendons encore un petit peu que les choses évoluent… »
 
 
En Chine, aux Cinq Pics, Shiryu, est sur le porche d’une bâtisse faite de bambou et de chevrons au bois sec.
Après une courte sieste dans cet abri qui lui sert de chambre depuis son arrivée, il reste contre une poutre, à observer un oiseau nourrir ses petits à la becquée.
Il porte des vêtements secs et des ballerines aux pieds. Sa peau est encore douce d’avoir été se baigner dans les sources chaudes, où il a pris le temps de digérer le succulent repas de Shunrei.
L’amour que porte cette mère à ses oisillons lui rappelle cette amitié qu’il partage avec Shunrei. Il se remémore son arrivée en Chine.

Sur les cent orphelins de la fondation, il fut le seul à être conduit ici.
Après un trajet en jet où il atterrit à Beijing, accompagné d’un représentant de la Fondation Graad, Shiryu avait traversé à pieds durant des semaines les petits villages les plus reculés du pays. Aucun autre moyen de locomotion ne permettait de franchir l’arrière-pays où les coutumes locales luttent contre l’expansion économique de la capitale.
Il revoit encore le costume noir du membre de l’administration des Kido couvert de boue et déchiré par quelques ronces.
L’échange entre le Vieux Maître et ce représentant furent rapides. Le collaborateur l’a salué en inclinant la tête et a seulement déclaré : « Mon maître, Mitsumasa Kido a réuni de nombreuses informations à votre sujet. Votre sagesse et votre force font de vous un être aux pouvoirs dépassant l’entendement. Il vous confie ce jeune orphelin afin qu’il devienne chevalier. Nous communiquerons avec vous par courrier, depuis le village qui se situe en bas des Cinq Pics afin de prendre de ses nouvelles. »
Rien de plus, rien de moins. A cela le Vieux Maître rétorqua futilement : « Qu’il en soit ainsi. Shunrei, ma petite-fille, répondra à vos lettres lorsqu’elle y descendra pour nous ravitailler en nourriture. Adieu mon garçon. »
Shiryu se revoit, tout enfant qu’il était, observer l’homme à la cravate sombre et à la chemise blanche jusqu’à ce que ce dernier ne soit plus qu’un point à l’horizon.
Dès ses premiers mots, le Vieux Maître lui parut être une personne affectueuse et remplie de bon sens. Une fois qu’il eut fini de lui détailler les différentes phases de son entraînement à venir, Dohko lui présenta cette mystérieuse Shunrei, dont il entendit précédemment le nom et qui l’épiait depuis son arrivée…
 
Des brindilles séchées se craquèlent soudain et sortent Shiryu de ses songes.
Shunrei apparait devant lui en lui offrant un sourire rempli d’affection.
_ « Je me rappelais notre première rencontre. J’en étais au moment où le Vieux Maître t’a présenté à moi. Ce jour-là, nous avons fait connaissance et nous nous sommes amusés toute la journée, sans que je ne me doute du dur apprentissage qui m’attendait.
_ Pourtant tu ne t’es jamais plaint.
_ Jamais ! Par ses leçons, le Vieux Maître a donné un sens à ma vie. Quant à toi, tu étais là pour apaiser mes doutes. Vous êtes mes seules raisons de vivre aujourd’hui. Une fois que j’aurai gagné l’armure et qu’elle sera ramenée au Japon, la Fondation Graad n’aura plus besoin de savoir ce que je deviens. Nous pourrons vivre heureux à trois, sans que je ne mette ma vie en danger chaque jour. Il ne me reste que cette technique dont je ne connais pas encore les vertus à apprendre.
_ La Colère du Dragon, le Rozan Sho Ryu Ha ! Il s’agit d’une technique que seul le maitre maîtrise. Il m’a expliqué que seul celui qui portait la marque du Dragon dans son dos pouvait l’exécuter. Il y a de ça des centaines d’années, lorsque notre maître n’était qu’un simple élève, il dû attendre que la marque du Tigre se manifeste dans son dos pour pouvoir invoquer cet arcane. Nombreux furent ses compagnons puis par la suite ses élèves qui moururent en souhaitant en faire l’usage.
_ La marque du Tigre et du Dragon, murmure pensif Shiryu… Seuls ceux qui naissent avec peuvent maîtriser la force du Sho Ryu Ha n’est-ce-pas ?
_ Tu n’y es pas ! On ne nait pas Tigre ou Dragon, on le devient ! Le maître est devenu le Tigre, toi tu es devenu le Dragon ce fameux soir qui a disparu de ta mémoire… »
 
 
En Grèce, au Sanctuaire, à proximité d’Honkios, sur la colline qui surplombe le colisée, le calvaire se poursuit pour Spartan.
Maintenant qu’Hébé est libérée de l’étreinte du Saint d’or du Cancer et du mercenaire, ¼dipe a choisi d’assurer la protection de sa déesse en éliminant le gênant mercenaire aux pouvoirs télékinésiques.
Par la concentration de son mental, ¼dipe frappe le corps de Spartan sur toute sa surface.
 
Toutefois, Spartan se relève toujours. A chaque fois plus meurtri mais toujours aussi motivé.
Son rêve de devenir chevalier s’est envolé le jour où l’armure représentant sa constellation protectrice est revenue à un autre que lui. Depuis il s’acharne à donner le meilleur de lui-même, pour représenter l’ordre dans le Sanctuaire sous le statut d’un mercenaire.
Son opiniâtreté a fait de lui, aux yeux de nombreux chevalier, l’égal d’un Saint. Certains se permettent même de comparer ses capacités à celles des Saints d’argent.

Toujours est-il que, le puissant Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale malmène cet enfant prodige du Sanctuaire. La voix de l’Alcide résonne dans les airs : « Le Fracas Mystique t’a sérieusement diminué. Pourtant il ne t’a blessé qu’un rein. Si je n’avais pas été obligé de m’atteler à ta barrière, j’aurai mieux localisé mon arcane. Cette fois-ci je ne te raterais pas, c’est ton c½ur qui va exploser : Mystic Smash ! »
Spartan se raidit, il se cramponne à nouveau le foie, le rein gauche, le c½ur, la tête… puis hurle de désespoir : son poumon gauche est transpercé.
¼dipe est frustré : « Je ne t’aurai pas cru capable d’enrayer le cosmos que je destinais à ta mort. Tu as pu arrêter le Fracas Mystique au niveau du poumon, ce qui l’a simplement perforé… »
Spartan manque de souffle, il commence à bleuir et laisse ses bras tomber le long de son corps.
¼dipe poursuit : « Le Mystic Smash me demande un trop gros effort de méditation. Dans ton état tu es plus mort que vif, mon Ecraseur Psycho est bien suffisant pour te donner le coup de grâce : Psycho Crusher ! »
Un cube cosmique enferme Spartan et le foudroie sous l’impulsion énergétique croissante d’¼dipe.
La fin est proche pour Spartan…

Lorsque soudain, le corps d’¼dipe est enroulé d’un cosmos violet et disparait énigmatiquement.

Au pied de la colline, un homme, dont l’armure est aussi aveuglante que les rayons du soleil s’avance péniblement.
Maintenant sa main gauche contre son plastron fissuré par le cosmos d’Hébé et pointant son index droit en direction du difforme Alcide, Deathmask reste identifiable malgré les égratignures qui couvrent son visage.
Il prononce avec effroi la sentence qu’il vient d’administrer au bourreau de Ptolémy, de Gigas et de Spartan : « Sekishiki Meikaiha. »
Cependant, l’Italien n’est pas au bout de ses surprises.
Tout à coup, la silhouette d’¼dipe réapparait devant lui aussi vite qu’elle a été emportée précédemment.
Le Cancer perd immédiatement ses nerfs : « Comment est-ce possible ?! L’enfer ne veut-il pas de toi ?! Les Cercles d’Hadès ne suffisent-ils pas à te conduire auprès de tes semblables déjà assassinés ? »
L’homme au physique ingrat fait résonner sa conscience dans l’atmosphère : « Je te remercie pour cette petite balade dans les jardins de mon enfance chevalier. Vois-tu, je connais les chemins des enfers, ainsi que tous les raccourcis qui y conduisent, depuis le moment où mon âme est tombée prisonnière de cette enveloppe charnelle maudite, c'est-à-dire depuis ma naissance. J’y ai passé trop de temps pour me priver aujourd’hui de te rencontrer toi, l’homme contre lequel Sa Majesté Hébé a été obligée d’intervenir en personne pour enrayer ta prison cosmique !
_Tu prétends connaître le chemin qui conduit au puits des âmes par lequel les esprits entrent dans l’au-delà ?! Tu dis même y avoir déjà voyagé ?! Voyons donc comment tu réagiras une fois nos âmes téléportées sur place : Sekishiki Meikaiha ! »
 
 
Devant la seconde maison du zodiaque, Aldebaran est assis.
Les jambes croisées, les mains sur les genoux et les yeux fermés devant sa demeure, il suit avec attention le déroulement des différents combats.
Le vent invoqué par le cosmos d’Enée souffle jusqu’à sa maison et l’interpelle.
Il se presse aussitôt de la traverser et de se diriger sur le flanc droit du temple.
Il débouche sur un champ sablonneux qui dessert une encablure d’où résonnent quelques pas.
Ce chemin étroit reprend plus haut en direction de la maison des Gémeaux.
Aldebaran enjambe les squelettes desséchés des malheureux qui, par le passé, ont espéré tromper la vigilance des gardiens de ce temple, en usant eux aussi de l’emprunt du passage secret reliant toutes les maisons du zodiaque.
Etudiée afin qu’un quelconque envahisseur puisse être pris au piège, l’allée secrète et usagée, est si étroite qu’il y est impossible d’avancer côte à côte avec une autre personne. De tout son long, elle est entourée par de hauts rochers ; l’occasion idéale pour Aldebaran de tendre un guet-apens aux vingt soldats Hébéïens qui se hasardent dans son antre.
 
A proximité de la sortie du passage, les soldats, en file indienne, se tiennent sur leur garde.
Et pour cause, la terre commence à trembler.
Un soldat regarde vers le ciel et remarque que depuis les hauts rochers qui délimitent le chemin s’est décelée une lourde roche.
Il a à peine le temps de donner l’alerte que l’énorme bloc tombe au beau milieu de la troupe, tuant sur le coup cinq des visiteurs.
Du sommet des rochers, apparaît Aldebaran, les bras croisés : « J’ai senti de nombreux cosmos s’embraser aujourd’hui et j’en ai immédiatement conclu que nous étions trahis par Hébé ; mais de là à penser que ses hommes auraient la lâcheté d’utiliser le passage secret pour venir ôter la vie d’Athéna… »
Un soldat l’interrompt : « Nous ne sommes pas des lâches et nous voulons trouver Athéna pour… »
Le pauvre n’a pas le temps de finir sa phrase, que son corps s’encastre dans la pierre, perdant ainsi instantanément la vie.
Le calme Taureau s’emporte : « Comment oses-tu me couper la parole ? C’est un manque de respect envers ton adversaire. De toute manière votre sort est tout trouvé, vous allez périr pour avoir entrepris, sans permission d’Athéna, la traversée des douze maisons du zodiaque ! »
Les quatorze soldats restant se jettent à corps perdus contre le colosse qui, sans leur donner l’impression d’avoir esquissé le moindre geste, brise leurs modestes armures et leurs vies…
Avant de quitter l’étroit chemin, Aldebaran fixe l’horloge du Sanctuaire.
L’heure défile, la flamme de la Balance s’est éteinte depuis bientôt une heure, c’est donc tout logiquement que brûle pour ses derniers instants celle du Scorpion.
 
 
En Chine, aux Cinq Pics, Shiryu marche les mains dans les poches.
L’air lui paraît agréable et la forêt est silencieuse.
Toutefois, l’esprit du jeune garçon est torturé par le doute.
Il retrouve le Vieux Maître assis sur le bord du chemin qui longe le fleuve, tenant une canne en bambou et un fil rudimentaire qui lui sert de ligne pour la pêche.
Calme et patient, le Vieux Maître, les yeux pourtant clos, lève sa canne et sort un poisson de taille moyenne qui s’échoue sur l’herbage verdoyant.
Souhaitant mettre fin aux souffrances de l’animal, il l’apaise avec sa cosmo énergie et s’adresse à Shiryu qui s’imagine être passé inaperçu jusqu’ici.
_ « Que puis-je pour toi mon fils ?
_ La marque du Dragon maître. Shunrei dit que je suis devenu le Dragon un soir qui a fui ma mémoire…
_ Assieds-toi à mes côtés mon garçon. C’était il y a six mois, quelques semaines avant qu’Ohko nous quitte… »
 
Flashback
Il y a de cela six mois, tandis que Shiryu effectuait des tractions, les pieds agrippés à une branche d’arbre, la tête en bas, Ohko accompagnait Shunrei au village qui se trouve au versant des cinq montagnes.
Négligeant les exercices du Vieux Maître, il avançait, mains derrière la tête, en compagnie de Shunrei. Il partageait avec elle une amitié tout aussi complice et puritaine que celle qu’elle entretenait avec Shiryu.
Si l’orphelin appréciait amener Shunrei au village, c’est parce qu’il y semait le désordre sans craindre quiconque.
 
Sur le chemin du retour, il attrapa fermement Shunrei par le bras, alors qu’elle le fixait avec mépris pour son comportement infect au village.
Ohko voulut obtenir le pardon de Shunrei.
Il ne supporta pas le refus de la jeune femme qu’il bouscula contre un arbre.
Percevant le danger qui guettait Shunrei, Shiryu arriva et ordonna à son camarade d’arrêter là sa tentative.
_ « Le brave toutou du Vieux Maître veut me donner des ordres. Tu oublies que tu es plus faible que moi. Je suis aux Cinq Pics depuis bien plus longtemps que toi, j’ai toujours eu une longueur d’avance. _ Qu’importe !
_ Dans ce cas tu l’auras voulu… »
Ohko se jeta sur Shiryu et entama un combat très équilibré à son début, chacun trouvant la parade à l’autre.
Néanmoins, même s’il parait les coups d’Ohko, Shiryu dû admettre que les impacts étaient chaque fois de plus en plus puissant et il faiblissait petit à petit…
Jusqu’à ce qu’Ohko prenne l’avantage en le frappant violemment, d’un crochet du gauche à la tempe. Il lui adressa ensuite un coup de pied dans les côtes et un ultime coup à l’abdomen qui le fit vaciller.
Au sol, Shiryu écoutait impuissant les sanglots de Shunrei.
Le futur Saint de bronze était furieux envers son camarade, mais aussi envers lui-même de ne pas pouvoir se révolter davantage.
Il puisa en lui toutes ses forces, réunissant le fruit de ses premières années passées auprès du Vieux Maître, mêlant à cela toute sa rage.
Alors qu’elle se précipitait au chevet de Shiryu, Ohko retint Shunrei fermement par le bras : « Ca suffit Shunrei. Rentrons. »
Tandis qu’Ohko ignorait la réaction de Shiryu, les yeux de ce dernier devinrent révulsés.
Ses cheveux se levèrent brusquement vers le ciel qui s’assombrit d’un coup, dégageant son dos sur lequel vint s’abattre le tonnerre invoqué par la furie de Shiryu.
Sa peau ne fut pas brûlée, non, après le passage de la foudre, seul un dragon marquait le dos du jeune homme qui hurla avec hargne : « Lâche-la ! »
Flashback
 
Shiryu écoute son maître. Ebahi, il le questionne.
_ « Et ensuite ?
_ Ensuite, personne ne sait vraiment ce qui s’est passé. Tout fut trop rapide pour que Shunrei ne discerne quoi que ce soit. Lorsque je suis arrivé, tu étais couché sur le ventre, inconscient, tout comme Ohko qui avait sa tunique arrachée et son torse marqué d’hématomes. Shunrei était agenouillée à tes côtés. Lorsque vous avez repris connaissance ni Ohko ni toi n’eurent le souvenir de cet incident, vos esprits étaient encore en état de choc j’imagine. Tu as continué à vivre sans même savoir d’où provenait ce tatouage qui apparait sur ton dos, chaque fois que ta concentration est à son paroxysme.
_ Shunrei ne m’a jamais évoqué cette incartade.
_ Elle ne voulait pas générer un conflit entre Ohko et toi alors que la tension était déjà pesante. Elle fit comme si de rien n’était devant Ohko, bien que leur amitié fut brisée à cet instant… »
 
 
En Grèce, au Sanctuaire, près d’Honkios, la bataille fait rage dans le colisée.
Hébé, portée par Juventas, est poursuivie par le Capricorne.
Craignant pour la sécurité de sa déesse, Juventas n’ose pas faire front à son adversaire.
Elle bondit partout dans l’amphithéâtre, dévasté par l’impact d’Excalibur.
Les échafaudages installés pour agrandir le colisée en ce jour de fête s’écroulent, emportant avec eux des dizaines et des dizaines de soldats des deux camps.
Les marches sur lesquelles étaient assis les visiteurs sont jonchées de cadavres et de sang.
Les vestiaires, établis de façon rudimentaire, sont complètement saccagés.
Bien qu’à l’extérieur du colisée l’avantage soit athénien, on ne peut pas en dire autant à l’intérieur même du grand stade où les hébéïens sont en grande majorité.
 
Un nouvel Alcide, Iolaos de l’Hydre de Lerne, a réussi à s’introduire avec les gardes et occupe Shaina, Babel et Docrates.

C’est ainsi que Juventas conduit Hébé dans un regroupement de soldats pouvant assurer sa sortie maintenant qu’ils ont le contrôle d’une partie des couloirs de l’enceinte.
Shura a beau les suivre, il est balayé dans les airs par Iphiclès qui surgit enfin après avoir perforé le c½ur d’Indus.
_ « Je vois, ce sera toi contre moi désormais, se relève Shura.
_ J’y compte bien. »
Shura, seul face à une majorité d’hébéïens, se met en garde.
Iphiclès s’entretient rapidement avec Juventas : « L’arrivée d’Iolaos et de ses hommes, va te permettre d’assurer la retraite de Notre Majesté. Repartez immédiatement en direction de l’ouest, pour emprunter le pont cosmique crée par notre déesse, afin de rentrer sur notre île d’Yíaros. Ne vous souciez pas des hommes qui resteront sur place. Je vais me défaire de ce Saint d’or et gravir les douze maisons avec nos amis pour trouver Athéna.
_ C’est bien trop risqué Iphiclès, s’inquiète-t-elle !
_ Ca le sera encore plus si vous restez ici. Prenez le maximum d’hommes survivants pour protéger notre île en attendant notre retour. »
Hébé acquiesce : « Qu’il en soit ainsi ! »
Juventas vient cueillir la main d’Iphiclès et la lui sert chaudement. Iphiclès lui déclare : « Soit rassurée mon amour. Je reviendrais à Yíaros victorieux. Veille sur notre fille en attendant mon retour. »
De sous le masque de Juventas, coulent quelques larmes.
Il est difficile de s’imaginer, que l’Alcide des Juments de Diomède, puisse disposer de sentiments, tant le masque qui cache son visage est garni de cruauté.
 
Les Hébéïens entament leur retraite avec une organisation exemplaire.
En quelques minutes, il ne reste bientôt plus que Babel, Docrates et Shaina qui combattent Iolaos, Iphiclès et Shura, ainsi qu’Apodis, inconscient.
Remis de ses efforts, Astérion s’est lancé avec le reste des troupes athéniennes, à la poursuite d’Hébé.
Au milieu des cadavres, les deux grands combats éclatent.

Iphiclès court, saute, rampe. Il évite les vagues coupantes d’Excalibur, et tournoie autour de Shura en espérant l’approcher.
C’est seulement à quelques mètres de lui, qu’Iphiclès choisit la riposte, il attend le prochain mouvement de bras pour se retrouver de front.
Il bloque ainsi le bras droit de Shura avec sa main gauche et cogne contre le flanc gauche du Capricorne avec son poing droit.
Shura recule de quelques pas et n’a pas le temps de se remettre sur ses gardes. Il prend un violent uppercut qui le fait retomber sur le dos.
Une véritable rivalité s’est établie entre les deux chevaliers depuis l’arrivée de l’Alcide au Sanctuaire. _ « Essuie donc le filet de sang qui coule de ta bouche chevalier d’or ! Il est inconcevable que celui qui se présente comme étant le plus fidèle Saint d’Athéna, souille ses terres avec son sang. »
Shura se relève aussitôt et passe sa main devant sa bouche, pour dégager l’hémoglobine qui s’écoule de ses lèvres.
Il jaillit aussitôt en direction de son adversaire et balance un coup de pied dans sa direction.
En reculant Iphiclès croit l’avoir aisément évité, malgré cela le coup l’atteint tout de même à hauteur de l’épaule et lui entaille légèrement la peau, fissurant ainsi sa Cloth.
_ « Essuie donc le sang qui coule depuis ton épaule Alcide. Il est inconcevable que celui qui se présente comme le seul à pouvoir me vaincre, soit déjà blessé.
_ Je suis vraiment surpris Saint du Capricorne. Je ne pensais pas qu’Excalibur vivait dans chacun de tes membres. Mais il va falloir que tu fasses appel à ta toute puissance pour me vaincre, car ce ne sont pas quelques égratignures qui me mettront hors d’état de nuire ! »
Les deux s’élancent dans un nouveau corps à corps.
Aucun ne recule, les ondes de chocs sont si importantes que les dalles du colisée se soulèvent sous leurs pieds.
Personne ne prend l’avantage, les deux combattants, se rendent coups pour coups et hormis quelques légers hématomes sur leurs visages, aucun ne laisse transparaître la moindre douleur.
Ils s’analysent sans prendre de risque, Shura frappe du genou le visage d’Iphiclès. Celui-ci profite que le Capricorne soit élancé pour le frapper de son arcane : « Drill Claw ! »
Les Griffes Foreuses d’Iphiclès, responsables du décès d’Indus, attaquent le Capricorne qui semble sans défense.
Pourtant Shura, bien qu’il ne touche pas le sol, parvient à faire pivoter son corps à la vitesse de lumière.
Iphiclès frappe dans le vide alors que Shura se trouve au-dessus de lui. Il coince ses pieds sous les bras du Lion de Némée et l’envoie à toute puissance dans les airs : « Le septième sens est inné chez les Saints d’or, par contre, tu ne sembles pas en maitriser toutes les caractéristiques. Ta vitesse d’attaque par exemple n’atteint que temporairement la vitesse de la lumière, c’est bien insuffisant pour vaincre un Saint d’or, maintenant tu vas être propulsé par la force de ta propre attaque : Jumping Stone ! »
Iphiclès se retrouve catapulté dans les airs et part s’écraser contre une colonne dorique dressée à l’extrémité de l’arène afin de décorer le colisée pour la Journée Sainte.
L’Alcide s’écrase au sol et est enseveli sous les décombres du pilier.
Shura s’avance en direction de l’amas de poussière pour s’assurer de sa victoire.
C’est une fois le nuage de fumée dissipé qu’il blanchit. Iphiclès a disparu.
_ « C’est impossible ! Il était là ! Je l’ai vu s’écraser ! Il n’a pas pu disparaître à moins… A moins… A moins qu’il ne se soit déplacé à la vitesse de la lumière et qu’il ait profité de mon inattention, croyant la victoire acquise !
_ Exactement, résonne la voix d’Iphiclès dans les airs ! Tu as eu bien tort de me sous-estimer. Le septième sens, l’ultime cosmos, guide mes pas. Je sais m’en faire un atout majeur pour écraser mon adversaire. Maintenant que je sais ce dont tu es réellement capable, tu vas découvrir mes véritables capacités.
_ Alors montre toi au lieu de te cacher ! Prouve-moi ces réelles capacités que tu dis tiennes !
_ Tiens donc ?! Serais-je capable de fondre mon cosmos dans l’atmosphère afin d’échapper à ta vigilance ? »
Shura tourne la tête dans tous les sens, il perd son sang-froid.
_ « Montre toi !
_Je suis ici ! »
Shura lève la tête au ciel et retrouve l’Alcide au niveau de ce qu’il reste des tribunes d’honneur : « J’ai l’impression que finalement, le septième sens a moins de secret pour moi que pour toi. »
Shura prend son élan sur le sol et court en direction de son adversaire.
Iphiclès joint à nouveau ses poignets comme s’il invoque le Fatal Claw et le Drill Claw, pourtant son enveloppe cosmique est bien plus intense qu’à l’accoutumé. Ses muscles se contractent et ses yeux sont révulsés.
Shura saute en direction de l’ennemi : « Excalibur ! »
Des mains du Lion de Némée s’échappe un cyclone qui balaie Shura : « Tornado Claw ! »
La ligne droite de la lame de Shura se perd dans les rafales de vent qui l’embarquent.
Son corps est balayé par la Tornade de Griffes.
Les crissements de son armure témoignent des nombreux impacts dont il écope.
Son casque se retire, son visage ainsi que les rares parties de son corps démunies de protection sont lacérées.
Son corps, malmené par les vents violents, est frappé par les gravats soulevé par la tempête.
Puis il s’écrase au sol.
Iphiclès se concentre à nouveau, il sait qu’il en faut plus pour terrasser un Saint d’or.
Shura se relève avec bien du mal, sa tête tourne et son corps est en déséquilibre, son armure est rayée sur toute sa surface.
C’est lorsqu’il réussit enfin à se tenir droit debout que son cosmos irradie.
Ses paupières sont à demi closes en raison du sang qui perle de son front et lui coule dans les yeux.
Il tremblote. Le Capricorne entre en transe.
Il ne sait pas quelle technique lui réserve encore son adversaire mais il sait que pour l’un comme pour l’autre, ce coup sera le dernier.
Iphiclès redescend dans l’arène et marche calmement vers Shura, ce dernier l’imite.
A mesure qu’ils avancent, leurs auras s’accroissent davantage.
Shura commence à trottiner tout comme Iphiclès.
Enfin ils accélèrent.
Puis passent à la vitesse de la lumière.
Iphiclès joint ses poignets en pleine course : « Fatal Claw ! »
Shura dégaine : « Excalibur ! »
Iphiclès imagine que les Griffes de la Mort, semblables à dix lames, peuvent passer la seule lame qui est le fondement de l’attaque de Shura.
Néanmoins, le coup du Capricorne s’effiloche comme pour transformer le gros tranchant de l’épée en plusieurs lamelles.
Ainsi, elles contrent tous les coups d’Iphiclès à son grand étonnement.
Au moment de se croiser, Shura entrevoit enfin la victoire, il dégage ce qu’il lui reste vraiment de cosmo énergie dans un dernier assaut : « Excalibur ! »
Iphiclès réagit en déclenchant l’attaque de ses Griffes Foreuses qu’il relâche de façon bien plus puissante que son dernier coup : « Drill Claw ! »
De plusieurs éclats lancés dans leur premier assaut, le second se résume à un seul et dernier coup mortel concentré au paroxysme de leurs capacités.
Deux fracas retentissent.
Deux flots de sang jaillissent.
Deux corps chutent sur les dalles.
Un se réceptionne à genoux.
L’autre chute le visage en premier dans le sable.
Shura observe son adversaire, baigner dans son sang.
Il se tient l’épaule gauche, trouée d’une blessure de quatre centimètres de diamètre, d’où s’écoule beaucoup de sang.
Le Capricorne a réussi à bouger son corps au dernier moment pour de pas être perforé en plein c½ur.
Pourtant il semble bien mal en point. Bien qu’il fasse pression contre sa plaie, il reste surtout secoué par la Tornade de Griffes.
Au bout de quelques pas, il trébuche et s’écroule en perdant connaissance.
Couché sur le ventre, Iphiclès serre les poings, de son front, perlent quelques gouttes de sang.
C’est bien peu comparé au perçage de sa Cloth partant de son pectoral droit et allant jusqu’à sa hanche gauche. Le second Excalibur a fendu son armure et son corps. Sa chair est à vif et le sang qui s’écoule de sa plaie, imprègne l’ensemble de sa tunique grenat.

Bien qu’il trempe dans son sang, Iphiclès sait qu’il a une promesse à tenir. Il prend appui sur ses mains et se redresse en faisant fi de la douleur.
Son regard se porte à quelques mètres de là dans le colisée où, au milieu des cadavres, son frère d’arme, Iolaos Alcide de l’Hydre de Lerne, est sur le point d’achever son combat.
Iphiclès avance péniblement jusqu’à lui : « Iolaos, mon brave, faut-il que je t’aide ? »
D’une carrure imposante, le regard obscure comme les ténèbres, les cheveux longs couleur lavande glissant dans le dos, Iolaos est l’Alcide qui dispose de la Cloth la plus imposante.
Du casque aux pieds, des têtes d’hydres aux faces blanches et aux yeux beiges couvrent son corps.
De ses pieds à têtes d’hydres ressortent de longues lames affutées à chaque talon.
Ces têtes protègent également ses tibias, ses genoux ainsi que ses cuisses et sont ornées sur le sommet du crâne de petites pointes métalliques aiguisées.
Ses bras sont vêtus du même type d’ornement.
Sa ceinture et son plastron ne font qu’un.
Son visage est affublé d’un masque, décoré de deux perles beige représentant les yeux à tête d’hydre qui enserre son crâne et descend jusqu’à son menton en épousant les formes de ses joues. De chaque côté de son casque se décollent deux disques aux arrêtes pointues, comme si la tête principale de l’animal disposait d’une collerette.
Toutefois, le plus impressionnant vient des huit tentacules reliés à son dos et se joignant toutes au beau milieu de sa colonne vertébrale. Bien qu’armure, ces tentacules, ayant en guise d’extrémités des têtes d’hydres, semblent vivants et ne faire qu’un avec les autres organes d’Iolaos.
Du haut de son mètre-quatre-vingt, tout en muscle, le robuste gaillard de dix-sept ans pointe du doigt une tête de ses tentacules qui se reconstitue après un choc qu’elle vient de subir et répond à son capitaine : « Je te remercie Iphiclès, mais mes bébés et moi sommes tout à fait à la hauteur… »
En disant cela, ses huit tentacules viennent tels des serpents s’enrouler chaleureusement autour de lui. Alors qu’il caresse chacune des têtes, il poursuit : « … Même si je n’ai pas ta capacité à vaincre des Saints d’or, je peux très bien me débarrasser de deux Saints d’argent et d’un mercenaire sans appeler au secours. »
Alors qu’il dit cela, Shaina se ressaisit et se remet en position de combat.
Iphiclès se baisse légèrement comme pour prendre appui au sol et déclare : « Dans ce cas, achève nos ennemis et retrouve-moi au palais d’Athéna. Enée a déjà entamé la montée et nous ne serons pas trop de deux pour présenter nos hommages, à la Déesse de la Sagesse. »
Après ces mots, il se propulse comme une fusée hors du colisée.
 
Shaina n’attend pas que Iolaos se positionne et l’attaque aussitôt : « Thunder Claw ! »
La foudre frappe Iolaos qui ne bronche pas.
Il se met face à elle pendant que les huit têtes se chargent de la riposte.
Grâce à ses griffes, Shaina tranche une tête avec son bras droit qui est instantanément enroulé par un autre tentacule.
Elle se défait de cette emprise, en le terrassant avec sa main gauche.
C’est sans compter sur deux tentacules qui arrivent derrière elle pour lui saisir les deux bras.
Un autre jaillit du sol et vient enfermer le visage de la jolie jeune femme dans sa gueule, la privant ainsi de moyen de défense.
Iolaos peut enfin la marteler de coups en attendant que les deux tentacules vaincus se régénèrent.
Babel vient alors à la rescousse de son alliée et quadrille parfaitement les distances pour ne frapper que le corps d’Iolaos : « Fotia Roufihtra ! »
L’arcane de Babel se décline alors sous forme de lance-flammes qui ne visent que les deux appendices ébréchés.
Bien qu’il ne s’agisse que de sa Cloth, Iolaos semble pourtant souffrir horriblement.
Dès lors, il allonge ses deux derniers tentacules restés jusque maintenant inactifs en direction de Babel situé pourtant à six bons mètres de là pour agripper ses mains et ses pieds.
Il a désormais le champ libre, pour concentrer toute sa cosmo énergie dans son poing : « Chaos Split ! »
Une tête géante de serpent s’abat en direction du Saint épuisé et, au moment de l’impact, elle se sépare en neuf têtes qui entament la Cloth sur toute sa surface.
Babel, secoué par le choc, retombe inconscient dans les gradins.
Iolaos observe Docrates afin de s’assurer qu’il ne viendra plus le perturber maintenant que Babel est lui aussi hors d’état de nuire.
Puis il s’adresse à Shaina toujours prisonnière : « Personne ne viendra te sauver ma jolie. Tu vas subir à ton tour le Chaos Split… »
Au même instant, un oiseau majestueux effectue un Battement d’Ailes Prodigieux dans le dos d’Iolaos qui est balayé et qui libère Shaina de son emprise.
_ « Wing Jikan No Yoyu, apparait Apodis ! »
Iolaos est projeté à l’autre bout de l’aire de combat et retombe sur son visage tout égratigné par le vent violent soulevé par Apodis.
Le Saint de bronze de l’Oiseau de Paradis, tenant à peine debout depuis le combat contre Iphiclès a puisé dans ses dernières forces pour sauver Shaina.
Une fois Iolaos repoussé, il perd à nouveau connaissance et replonge dans sa marre de sang.
L’Alcide, lui, se relève d’un coup.
Furieux, il hurle à la mort et avance d’un pas décidé en direction de Shaina.
Docrates rampe jusqu’à elle : « Nos attaques sont inefficaces contre lui. Nous sommes trois contre neuf ! Ses huit tentacules sont imbattables. Nous les exterminerions un millier de fois, qu’elles se régénéreraient toujours ! »
Shaina ne répond pas, elle est concentrée sur l’approche de son ennemi dont le cosmos est grandissant.
Babel, couché dans les tribunes, relèvent délicatement la tête et interpelle ses amis.
_ « Nous pouvons le vaincre. Regardez les deux têtes que je viens de brûler, suggère-t-il !
_ In… Incroyable, s’étonne Docrates…
_ Elles n’ont pas pu repousser, constate Shaina !
_ Tout au long du combat, je me suis souvenu de la légende d’Héraclès lorsqu’il accomplit ses douze travaux. Héraclès dû affronter l’Hydre de Lerne doté de multiples têtes dont une était immortelle. Héraclès vint à bout de son adversaire car ses têtes ne purent repoussées après avoir été brulées. Il trancha ensuite la tête immortelle puis l’enfouit sous un énorme rocher, conte Babel.
_ Comme le monstre mythologique, la Cloth de l’Alcide craint les flammes, en déduit Docrates.
_ Iolaos semble ne faire qu’un avec sa Cloth. Endommager l’armure c’est amoindrir le porteur, présume Shaina.
_ Exactement. Cette armure peut être un atout inestimable pour son propriétaire car elle décuple ses forces et ses capacités. Toutefois, une fois les aptitudes de la Cloth contenue, c’est le porteur qui en subit les conséquences. Chaque tête est pour Iolaos, un membre ne faisant qu’un avec son anatomie, se persuade Babel.
_ Dans ce cas il suffit que nous lui broyions ses tentacules, ensuite il sera à notre merci, s’emporte Docrates.
_ Ne te précipite pas, tempère Shaina ! S’il comprend que nous avons trouvé la faille, il achèvera plus vite le combat. Il est trop sûr de lui pour se douter que nous allons le piéger.
_ Tu as plan, suppose Docrates ?
_ Je vais me lancer contre lui, en l’obligeant à utiliser les six tentacules dont il dispose encore.
_ C’est de la folie Shaina. Cet homme est aussi fort qu’un chevalier d’or. Si tu pars au corps à corps avec lui dans ton état, tu cours droit au suicide, s’inquiète Babel.
_ Nous n’avons pas le choix ! Toi Docrates tu attendras que ses têtes soient à découvert. A l’instant propice tu enverras tes Météores d’Hercules pour les désintégrer. Babel n’aura plus qu’à incendier les bases des appendices. Mes Griffes du Tonnerre donneront le coup de grâce !
_ Il te faudra être rapide pour ne pas être emporté par nos coups à Babel et moi-même.
_ Docrates a raison, si nous libérons nos arcanes à pleines puissances, nous ne pourrons pas cibler précisément que notre adversaire.
_ Si nous ne le vainquons pas maintenant, il ira à la poursuite de notre Pope et d’Athéna. Babel, Docrates, c’est notre seule chance. Je prends le risque. »
 
 
Pendant ce temps, en Chine, aux Cinq Pics, Shunrei ramasse quelques brindilles sèches pour le feu.
L’obscurité gagne la forêt, le soleil faiblit et sa peau blanche frémit à mesure que la température rafraîchit.
Toutefois, une main chaude dégageant une sensation agréable, une chaleur plus qu’amicale, la saisit à l’épaule.
Elle se retourne et remarque Shiryu lui tendre une fleur qu’il vient de cueillir.
_ « Shunrei… Je… Je tenais à m’excuser…
_ T’excuser ? De quoi donc tu peux bien vouloir te faire pardonner ?
_ Pour la marque du Dragon. Je regrette de ne pas m’être souvenu de ce que tu as dû subir ce soir-là. Je suis désolé de t’avoir laissé seule avec ce secret à porter. Pourras-tu un jour me pardonner Shunrei ?
_ De quoi devrais-je donc absoudre celui qui est prêt à donner sa vie pour moi ? »
Ils s’échangent tous les deux un sourire timide.
Leurs yeux partagent la même passion pourtant aucun n’ose dire à l’autre les émotions qui palpitent dans leurs c½urs.
Sans un mot, en tenant Shiryu par un bras, pendant qu’il lui porte les brindilles de l’autre, elle reprend le chemin de leur maison, leurs c½urs innocents pleins d’espoir…
Last Edit: 17 December 2020 à 11h33 by Kodeni

Author Topic: Chapitre 12  (Read 11500 times)

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Offline Kodeni

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NEWS

Cette version du chapitre 12 est une version rééditée de la publication originale du 1er mai 2010.
Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.