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Topic Summary

Posted by: Kodeni
« on: 11 November 2020 à 14h10 »

NEWS

Cette version du chapitre 11 est une version rééditée de la publication originale du 1er mai 2010.
Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
Posted by: Kodeni
« on: 1er May 2010 à 13h16 »

Chapitre 11

A proximité d’Oran, en Algérie, l’intérieur d’une maisonnette est frais et il y fait sombre.
Très sombre.
Seule une bougie éclaire les lieux et permet de distinguer deux êtres pris d’une torpeur bestiale.
Ils ne peuvent contenir cris et gémissements intenses.
Le temps, les secondes, les minutes et bientôt l’heure… Tout s’écoule si vite.
Trop vite…
Une journée d’entraînement perdue pour les deux combattants les plus érudits du camp qui ont préférés jouer de leur pouvoir de séduction plutôt que de se joindre au reste du groupe. Lui l’élève et elle le professeur.

Dehors, sous un soleil de plomb, un jeune homme, les cheveux mi-longs attachés en queue de cheval, sprinte sur les dalles sablonneuses de ce qui semble être les vestiges d’un temple à l’architecture grecque.
Le pauvre sue à grosses gouttes et sa tunique, désormais humide, absorbe la poussière soulevée par ses pas.
Il passe à côté d’une demi-douzaine d’apprentis qui l’observe se hâter avec curiosité.
Leurs tenues, de larges djellabas en coton, aux couleurs vives pour certaines, descendent jusqu’aux pieds. Ces tuniques au style oriental sont vite rattrapées par l’ambiance athénienne qui règne dans ce lieu.
En effet, par-dessus leurs vêtements, tous ont une lanière de cuir qui leur ceinture la taille.
Ils sont couverts d’épaulettes d’acier, certains de casques et d’autres de protections aux avant-bras ou aux tibias.

Le fait qu’il s’agisse ici d’un ancien siège politique d’Athéna explique l’influence du Sanctuaire en ce lieu.
Reculée de la ville haute, dans les monts de l’Aidour, cette annexe du domaine sacré a été ravagé il y a des centaines d’années lors d’une bataille opposant le Sanctuaire aux dieux égyptiens.
Des temples qui furent détruits, il ne reste aujourd’hui que des ruines à peine retravaillées par les apprentis qui veulent s’en faire des abris.
Car depuis la victoire athénienne lors de cette Guerre Sainte sanglante, c’est ici que viennent s’entraîner de nombreux élèves désireux de devenir Saint.
Véritable entrepôt d’armures, on retrouve là de nombreuses Pandora Box de bronze, certaines même à demi encastrées dans la roche depuis le temps qu’elles attendent leur élu.

Tous d’horizons différents, les apprentis qui étaient aux alentours d’une soixantaine il y a encore cinq ans, sont dix fois moins nombreux aujourd’hui. Abandons, décès… Hormis celle qui devint le professeur de ce groupe d’irréductibles, aucun n’est parvenu à atteindre son but.
C’est d’ailleurs vers elle, cette femme devenue chevalier, que coure le mystérieux garçon…
 
Il s’arrête devant la bâtisse où, au-dessus de ce que furent des décombres, il est facile de discerner que des blocs de pierres ont été posés et enduis avec du torchis.

En plus de leur apprentissage exténuant, les habitants de ce centre d’entraînement sont harassés par leurs travaux ; nécessaires, s’ils souhaitent un minimum de confort.
En effet, l’épaisseur des murs permet de se protéger du soleil, dont la chaleur pèse sur leurs corps meurtris.

Il reprend son souffle devant le logis et frotte sa petite moustache brune, avant de cogner contre un ensemble de branches couvert de paille et qui s’apparente à une porte.

A l’intérieur, un bel homme aux cheveux ébouriffés se redresse d’une couche, faite de foin et couverte d’un épais lainage. Il saisit sur le sol sa djellaba violette et l’enfile sur son corps aux muscles saillants.
Après avoir bouclé son ceinturon ainsi que son épaulette en cuir, Jabu déclare fièrement : « Que se passe-t-il l’Espagnol ? Je sens ton cosmos en alerte depuis des kilomètres à la ronde. Heureusement qu’aucun ennemi ne se trouve dans les environs, sans quoi tu te serais fait massacrer depuis longtemps ! »
Le moustachu d’origine hispanique attend derrière la porte et répond d’un ton inquiet : « Je… Je cherche notre maître Lilium. Je suis… Je suis venu lui dire que ton compatriote… Taishi… Il… Il a déserté le camp… »
A cette annonce, une femme se lève du lit d’où a jaillit Jabu.
D’une vingtaine d’années, nue elle aussi, elle présente une silhouette resplendissante.
Mince, ses cinquante-deux kilos s’accommodant à merveille avec son mètre soixante et onze.
L’amante de Jabu a, paradoxalement avec ses origines tunisiennes, la peau blanche, voire laiteuse.
Elle entortille rapidement ses longs cheveux roux et soyeux, qu’elle enveloppe d’un voile orange. Elle cache également ses beaux yeux noirs et ses fines lèvres qui rendent sa grande bouche sublime, derrière un masque semblable à ceux que portent les femmes chevaliers. Elle habille ses jambes d’un cuissard rouge, avant de couvrir le reste de son corps de sa longue robe de couleur sang qui frotte sur le sol.
_ « Jabu, commence Lilium d’une voix douce, cesse de nommer notre ami par sa nationalité. Il a un prénom. Tes capacités ne doivent pas faire de toi un être arrogant. Tu n’es pas au-dessus des autres. _ Vous ne me croyez pas invincible, sourit de défiance Jabu ? Pourtant j’ai déjà réussi à prendre votre c½ur en même temps que votre masque, vous mon maître, alors que vous êtes déjà chevalier. »
Lilium ne réagit pas. Bien qu’elle soit son aînée et son mentor, Lilium s’est laissée charmer par ce courageux apprenti.
Les années qui s’écoulent, l’entraînement et la solitude ont pesé durant tout ce temps, alors comment pouvait-elle rester de marbre vis-à-vis de ce Jabu au physique agréable et au charisme charmeur.
Néanmoins, les relations qu’ils entretiennent n’ont pas permises à Jabu de garder la tête sur les épaules. Sa confiance en lui s’en est même vue accrue depuis qu’il a brisé le masque de son professeur. Il se targue auprès des autres élèves de cette aventure avec Lilium dont il n’attend rien, il les humilie et les décourage.
Seul l’un d’entre eux, son compatriote, lui tient tête. Taishi est lui aussi un envoyé de la fondation Graad par la famille Kido.

Avec l’annonce de sa fuite, Jabu ne laisse pas le temps à Lilium de s’expliquer. Il écarte du bras la porte, bouscule son alter ego hispanique et prend la direction d’Oran…
 
 
Au même moment, en Grèce, au centre du Sanctuaire, dans la ville d’Honkios, le combat se poursuit entre Aiolia et Enée devant le temple du Bélier.
Les poings chargés de cosmos, ils s’entrechoquent lors d’un brutal corps à corps.
Leurs chairs sont marquées par les échanges virulents et leurs Cloths sont rayées sur leur surface.
Toutefois, le chevalier d’Athéna semble détenir un avantage sur son rival qui dégringole encore quelques marches en arrière.
Ses cheveux longs et épais, se collent au sang qui sèche sur son visage. Il dégage alors ses mèches et dévoile sa mine, habituellement efféminée, couverte d’hématomes. Ses mains agrippent le sol et ses membres tremblent de colère.
_ « Pourquoi ? Pourquoi je n’arrive pas à lui tenir tête ? Il… Il paraît invincible… Le Charging Stars et le Stars and Stripes sont inefficaces contre son Lightning Bolt. »
Aiolia s’avance vers lui. Son avantage face à l’Alcide est si grand, qu’Enée voit en ce Saint d’or l’allure d’un lion géant venu écraser un chien miteux.
Aiolia, sans mot dire, tend son bras, le poing serré, en direction du crâne de son adversaire en rassemblant sa cosmo énergie.
Enée fait un terrible constat : « Le Lightning Bolt à bout portant ! Cette fois c’est la fin…
Hébé… Ô déesse Hébé… Pourquoi ne puis-je sentir votre cosmos m’accompagner tel que ce fut le cas lors de tout mon apprentissage ? L’amour, l’affection, le courage, la paix… toutes ces vertus auxquelles vous aspirez, sont celles pour lesquelles je me suis entraîné si durement et qui ont fait de moi un Alcide fidèle et dévoué. Alors pourquoi aujourd’hui je me trouve démuni face aux crocs de ce félin invulnérable ? »
Pas un mot, pas un sursaut cosmique provenant de sa déesse, ne parvient jusqu’à cet homme en perte de confiance.
Devant lui, quelques éclairs s’agitent autour du bras d’Aiolia et génèrent une boule de feu et de foudre.
Des yeux d’Enée, s’échappe une lourde larme, chargée de chagrin : « Est-ce parce que je n’ai pas su vous faire honneur majesté ? Si c’est cela alors j’accepte de mourir dans d’atroces souffrances et d’expier mon affront envers vous en enfer durant l’éternité. Pardonnez-moi de ne pas avoir su être fort, Ô Hébé, notre souveraine… »
 
Soudain, une voix grave et chaleureuse résonne dans l’esprit d’Enée : « Allons Enée, Iphiclès et Juventas ne t’ont-ils pas sans cesse répété, à quel point Hébé pouvait être fier de toi ? »
Enée tourne autour de lui la tête sans trouver quiconque hormis son ennemi. Il reconnaît pourtant la voix de son interlocuteur.
_ « Teucer ? Teucer, est-ce toi mon compagnon ? Comment est-ce possible ? Je ne perçois plus ta cosmo énergie, toi le fort et robuste Alcide du Sanglier d’Erymanthe.
_ Mon corps est peut-être sans vie, mais mon immortelle cosmo énergie t’accompagnera jusqu’au bout.
_ Teucer, mon ami, alors ton âme aussi part rejoindre celles de nos quatre pairs déjà sacrifiés par la folie d’Athéna ?
_ Enée, combien de fois t’ai-je rappelé que la perte de nos vies importe peu. Ce qui compte, ce sont les personnes pour qui nous les donnons.
_ Je refuse de t’entendre dire ça. Toutes ces nuits passées dans tes bras, durant lesquelles tu me disais que tu resterais à mes côtés au nom de l’amour que tu me portes n’étaient-elles qu’illusions ? Aurais-tu trompé mes sentiments à ton égard pour pouvoir t’enjouer de ta mort ?
_ Absolument pas Enée. Je t’ai toujours voué un amour sincère et fidèle. Jamais aucun homme ne se montra si doux et distingué que toi, attentif et délicat. Si je te dis ça maintenant, c’est que je souhaite joindre à mes dernières paroles les sentiments que j’éprouve à ton endroit. Si je suis heureux de mourir à cet instant, c’est parce que je pars avec le sentiment d’avoir mené une vie intense à tes côtés et d’être mort en défendant nos idéaux. Les tiens. Pour toi. Alors pour toutes ces nuits passées, pour toutes ces fois où tes lèvres s’échouaient sur mon torse, pour ces instants où je recoiffais tes cheveux défaits, en te susurrant à l’oreille à quel point j’aime ce beau jeune homme que tu es. Pour tous ces moments : relève-toi ! Brûle ton cosmos pour nous ! Pour cette merveilleuse histoire que d’autres couples ne pourront jamais vivre si le chaos engendré par le Sanctuaire continue à s’insinuer dans le c½ur des hommes ! Hébé combat elle aussi ! Sa cosmo énergie est prisonnière des hommes d’Athéna. Honore sa mémoire pour moi mon amour ! »

Ces dernières paroles ravivent le cosmos d’Enée, encore aux portes du désespoir il y a une minute. Aiolia ne tarde pas plus longtemps à rassembler ses forces et libère son arcane : « Lightning Bolt ! »
Enée se redresse et écarte ses bras : « Stars and Stripes ! »
Cette fois-ci, la technique d’Aiolia se heurte à la Bannière Etoilée sans même l’ébrécher. La boule de feu est contenue et semble même s’amoindrir.
_ « Lorsque j’ai quitté mon village de Turquie situé à l’extrême nord-ouest de l’Asie Mineure, j’ai traversé la Mer Egée sur un radeau en espérant trouver l’île d’Yíaros et ses habitants. Là d’où je viens il n’y a pas de place pour un homme qui en aime un autre. Certains considèrent ça immoral, le comparent à un acte de débauche, parlent même de satanisme. Persuadé que les dieux de mes parents m’avaient rejeté, renié par ma famille, battu et humilié par les villageois, derniers héritiers du mythique peuple Troyen, j’ai perdu courage et j’ai fui en direction de ce que les grimoires de nos ancêtres nomment la terre d’amour. Accablé, perdu en mer, mourant de faim et de soif, j’ai fait ce que je savais faire de mieux : douter de moi. Il fallut qu’un navire du Sanctuaire qui revenait de terres inconnues annexées par le domaine sacré me repêche et me dépose au Port du Destin en Crète.
Martyrisé et violenté par des soldats, j’ai été vendu à un marchand d’esclaves qui voulait m’obliger à assouvir ses fantasmes les plus immoraux… »
Aiolia ne voit pas où veut en venir Enée. Il a du mal à croire qu’un homme à l’apparence aussi douce que lui puisse représenter le Cerbère. L’Alcide poursuit son monologue tout en contractant ses muscles et en laissant les ténèbres embrumer ses yeux : « … C’est un homme bon et généreux, qui est venu me sortir de mon calvaire. En mission pour la déesse Hébé, il était venu sur le Port du Destin sous une fausse identité. Il me ramena avec lui sur la terre de mes rêves où je pus vivre librement. La déesse Hébé décela en moi une forte dévotion envers son autorité et choisit de me former à sa garde personnelle. Teucer, mon héros, me forma à la chevalerie, au combat, à l’éveil des sens jusqu’à atteindre l’ultime cosmos. Je lui dois tout, de mon statut à ma prise de confiance, en passant par mes plus belles nuits d’amour. Teucer avait espoir de ramener les Athéniens à la raison, mais il vient de mourir. Avant que son âme ne rejoigne le Meikai, son cosmos est venu me rappeler à quel point ma tâche est noble et que sans la foi en notre cause ma confiance ne pouvait me revenir. J’ai douté sur l’issue de notre combat dès ton arrivée car je ne sentais ni Teucer ni Hébé proches de moi. Maintenant que je sais ma souveraine en danger et Teucer sacrifié pour faire triompher notre amour, je te jure chevalier d’or, que tu périras si tu ne me laisses pas trouver Athéna ! »
Aiolia reste droit.
L’Alcide riposte, le Lightning Bolt se dissipe totalement, comme absorbé par la Bannière Etoilée : « Subis le contrecoup de ton arcane mêlé au cosmos démoniaque de Cerbère ! Le Stars and Stripes, telle une carapace qui a trop longtemps encaissée les assauts de ses ennemis se révolte… »
L’effluve cosmique d’Enée s’obscurcit tellement elle dessine derrière lui un chien à trois têtes, le chien des enfers, le Cerbère. Ses yeux tout entier deviennent comme l’ébène et ses bras, jusqu’ici écartés, se rejoignent, paumes de mains ouvertes en direction d’Aiolia : « Shield Slash ! »
Le Lion est frappé à la vitesse de la lumière et, comme s’il rugissait de douleur, hurle de détresse lorsqu’une immense entaille entame légèrement son armure de l’épaule gauche jusqu’en bas de sa hanche droite.
Bien que protégé par une armure jugée indestructible, sous celle-ci dégouline son sang.
Aiolia a beau résister du mieux qu’il peut à l’impact, son corps se soulève petit à petit du sol et est balayé tel un fétu de paille qui retombe sur le seuil de la maison du Bélier.
Le casque du Lion, détaché durant l’assaut, tombe marche après marche jusqu’aux pieds d’Enée, debout, inflexible, pris d’une folie meurtrière : « Relève-toi maintenant Saint du Lion et découvre mon réel potentiel ! »
 
 
A cet instant, dans la ville d’Oran en Algérie, Jabu marche sur le port occupé par les marchands et les touristes.
Il a pris soin de détacher sa cuirasse pour passer incognito auprès des contemporains grâce à son habit local.
Sa marche est déterminée, sa destination lui est déjà connue.
La future Licorne observe l’entre-deux de deux boutiques où des marchands ameutent les visiteurs en bradant leurs prix. Il y distingue, un cabanon, ressemblant à une vieille réserve pour plaisanciers, pas plus haut de deux mètres, qui joint les deux magasins.
Fait de béton craquelé, éclairé à l’intérieur par des lucarnes de dix centimètres sur dix faisant guise de fenêtres, cet abri a vu, au regard de l’usure du ciment, son entrée condamnée il y a déjà plusieurs années par quelques briques et parpaings.
Jabu se colle contre le mur et attend patiemment que la foule se dissipe pour sauter, à l’abri des regards, sur le toit du bâtiment où un important trou donne en son milieu la seule entrée possible en son intérieur.
Le futur Saint d’Athéna s’y laisse tomber sans la moindre hésitation et arrive sur le sol au carrelage fissuré.
Il tourne sur lui-même et reconnaît de vieux casiers aux tiroirs ouverts, débordant de vieux papyrus, trois matelas miteux posés sur le sol, une armoire aux vitres cassés mais dans lesquelles sont encore rangées des tuniques de soldats du Sanctuaire mêlées à des vêtements de civils.

L’odeur de ce vieux mobilier et l’éclairage à peine suffisant lui reviennent en mémoire.
Il se revoit débarquer en Algérie il y a cinq ans.
C’est ici qu’un des hommes de Mitsumasa Kido les avait confiés, Taishi et lui, à Lilium, cachée sous une cape à capuche, venue les chercher pour les conduire dans les Monts de l’Aidour.

Jabu remarque encore un bureau poussiéreux, couvert de courriers avec des sceaux différents. Certains documents sont même moisis par le temps.
Il s’approche du meuble et reconnaît l’entête d’une lettre datée d’il y a moins d’un mois, c’est-à-dire le 8 février 1985.
 
Une voix roque venue de sous une lucarne interpelle Jabu : « Ce logo en haut du document ne t’est pas inconnu n’est-ce pas Jabu ? »
Jabu reconnaît la voix de son camarade Japonais qui sort de la pénombre : « La fondation… La fondation de Sao… La fondation Graad. Elle nous demande de rentrer au Japon dès que nous serons faits chevaliers. »
Jabu constate que Taishi revêt des vêtements qu’il a pris dans l’armoire.
Il porte la tunique des soldats du Sanctuaire, un pantalon et un maillot jaune pâle, des sandales en cuir, des bandelettes de papiers autour des poignets ainsi qu’un vieux plastron en fer oxydé.
Il dirige ses larges bras nus, preuves d’un rugueux entraînement, en direction de son visage pour recoiffer ses cheveux épais qui couvrent son front et qui descendent bas dans sa nuque.
Ses pattes qui descendent jusqu’à la base de sa mâchoire, son menton carré et son nez épaté, lui donnent un semblant de maturité que les jeunes hommes de seize ans n’ont pas à l’accoutumé.
_ « Cela fait cinq ans que nous sommes ici Jabu. Chaque année je viens en ce lieu, où la fondation nous a abandonné. Sur les dix groupes de dix orphelins, nous fûmes huit à avoir tirés Oran comme destination. Tous les ans, un émissaire du Japon vient incognito en ce lieu pour connaître le nombre de survivants. J’ai été chargé par Tatsumi, le valet de Mitsumasa Kido, de venir chaque année l’informer de la situation ici. Aujourd’hui, je viens répondre à ce courrier en indiquant sur le papier qu’il ne reste plus qu’un seul survivant.
_ Comment ça ?!
_ J’ai demandé à notre maître, Lilium, de me laisser gagner le Sanctuaire.
_ Le Sanctuaire ! C’est ce que Lilium appelle le berceau des chevaliers !
_ " Vois-tu Jabu, depuis que je viens ici, j’ai retourné chaque document, lu chaque paragraphe et j’ai compris. Le centre d’entraînement d’Oran ne s’agit pas d’un simple point d’ancrage à la fondation Graad. Cette ruine est un relais du Sanctuaire. C’est ici que se reposent les soldats, les messagers où les chevaliers qui voyagent, ou qui viennent chercher leurs ordres de mission. Je ne sais pas par quel miracle la fondation a réussi à trouver cette étape, mais grâce à cette station, grâce à la découverte de ces écrits, j’ai compris le sens de ma vie. Lilium m’a appris à entrer en harmonie avec les étoiles, c’est à cet instant que j’ai compris que ma constellation protectrice était celle du Toucan. L’armure de bronze du Toucan est en possession du Grand Pope, le représentant d’Athéna, au Sanctuaire.
_ Donc tu reviendras parmi nous au Japon après, c’est bien cela ?
_ Tu n’y es pas mon ami. Mon destin c’est le Sanctuaire. Comment pourrais-je rejoindre le Japon alors que la mission d’un Saint est de protéger Athéna ? Notre mission est bien plus importante que de se pavaner devant une princesse milliardaire et son grand-père ! Toujours dans le secret, nous devons nous battre pour offrir un monde meilleur aux enfants de cette planète, afin qu’ils ne soient pas obligés de se battre comme nous le faisons !
_ Tu comptes donc te faire passer pour mort en m’annonçant comme étant le seul survivant.
_ Tu peux encore choisir de venir avec moi au Sanctuaire.
_ Tout comme tu es le Toucan, je suis la Licorne. Ma Cloth à moi se trouve ici, à Oran, auprès de Lilium. Et puis quel avenir aurons-nous en restant en Grèce alors qu’au Japon il y a…
_ Saori ! Ah oui, il y a Saori, se moque Taishi ! Qu’espères-tu obtenir d’elle ? Crois-tu qu’elle te considérera autrement une fois que tu seras devenu chevalier ?
_ Contrairement à vous autre, elle a toujours été proche de moi et…
_ Comme tu es naïf mon pauvre ami. Si tu ne lui obéissais pas au doigt et à l’½il, elle t’aurait placé sur le même pied d’égalité que nous. »
Vexé, Jabu ne dit rien, il baisse la tête, ne voulant pas croire en de tels propos.
_ « Jabu, tu as tué d’autres apprentis durant ta formation, tout cela pour devenir le meilleur. Tu as même tué deux de nos compagnons de la fondation lorsqu’ils ont découvert qu’ils étaient nés sous la même constellation que toi. Tu es certainement presque aussi fort que Lilium qui est pourtant Saint de bronze de l’Octant. Tu ne crois pas que toutes ces vies que tu as prises méritent d’être honorées comme il se doit. Tu choisis de te mettre au service d’une petite bourgeoise écervelée, tandis qu’une cause plus grande t’attend, tout comme l’amour d’une femme respectable. Lilium mérite mieux que le traitement que tu lui infliges. En plus d’être une femme au grand c½ur, elle reste ton professeur. Tu as encore beaucoup à apprendre d’elle mais tu ne le vois pas. Tu restes aveuglé par l’image de cette peste qui nous a traités comme des esclaves durant des années.
_ Je t’interdis de parler de Saori ainsi, sinon…
_ Jabu, contrairement à toi, j’ai suivi les recommandations de Lilium à la lettre. Je n’ai jamais cherché à te dominer devant les autres élèves bien que je sois certain de te vaincre sans la moindre difficulté. Je ne souhaite pas que nous nous quittions dans le sang. J’essaie simplement de t’ouvrir les yeux avant de quitter l’Algérie. »
Jabu est saisi par de tels propos, il ressent la pression cosmique qui émane de Taishi lui comprimer son cosmos.
Si aujourd’hui Jabu est aussi fort, ce n’est pas parce qu’il a mieux suivi les leçons de Lilium que les autres apprentis, c’est simplement parce que les autres ont plus peiné que lui.
Il s’est reposé sur ses acquis alors que le solitaire Taishi a travaillé sans relâche pour se surpasser.
La future Licorne a été aveuglée par son ego démesuré et il réalise enfin le fossé qui le sépare de Taishi.
Impuissant, il écoute son ami : « Je prends le bateau pour le Port du Destin, en Crète, dans quelques heures. Un embarquement discret va se faire dans la nuit. Certains Saints et soldats en mission en Afrique repartent pour le domaine sacré. Le Grand Pope rappelle massivement ses troupes, une guerre va certainement éclater, c’est écrit sur ce papyrus… »
Il tend à Jabu la feuille sur laquelle figure un sceau représentant la tête de la statue d’Athéna. Taishi poursuit : « Le Port du Destin est une annexe du Sanctuaire, c’est là que se joignent tous les bateaux en arrivée ou en partance du domaine sacré. Le reste du voyage, celui qui relie la Crète à Athènes, doit se faire en civil. Si je te dis tout ça Jabu, c’est parce qu’il y a suffisamment de vêtements dans cette armoire pour que tu me rejoignes une fois que tu seras sacré Saint. »
Jabu, calmé, vient tendre la main à son ami.
_ « Mon destin est auprès de Saori, j’en suis convaincu.
_ Le mien est auprès d’Athéna. Et ce dont tu peux être convaincu, c’est que nous nous retrouverons un jour mon ami, car les documents qui foisonnent ici sont formels, les chevaliers d’une même génération sont voués à une destinée commune.
_ Qu’il en soit ainsi dans ce cas. Nous nous retrouverons. »
Celui dont la voix est pleine de bon sens sert chaleureusement la main de son compagnon non sans verser une larme.


Pendant ce temps, au Sanctuaire, à proximité d’Honkios, sur la colline qui surplombe le Colisée, ni Spartan, ni ¼dipe, trop préoccupés à méditer, ne constatent le vacillement de la sixième flamme du cadran zodiacal.
Voici trois quarts d’heure qu’ils ont engagé un duel mental.

Spartan pâlit, ses jambes oscillent, ses mains deviennent moites et le diadème de son armure se fissure.
Au moment où celui-ci finit par exploser, Spartan est violemment projeté en arrière dans un flot de sang. Ses nerfs, à vifs, ressortent partout sur son corps, du sang coule de ses paupières, de ses narines et de ses oreilles. Il en vomit même.
L’armure violette que Gigas lui a fait construire auprès du meilleur forgeron du Sanctuaire, le dénommé Saül, le même qui a créé l’armure de Docrates et de ses hommes, de l’Ennetsu Saint, de Geist et de bien d’autres, celui qui utilise de l’orichalque et du gammanium afin de rendre ses armures presque aussi solide que les Cloths des Saints, l’ouvrier à qui il ne manque que la poussière d’étoile et les compétences du peuple de Mu pour fabriquer des cuirasses aussi vivantes que les Cloths ; et bien cette armure se brise désormais à hauteur des épaules, des genoux, puis des bras…
Le calvaire de Spartan devient un supplice. Il se roule sur le sol en hurlant à la mort, il ne cesse de cracher sang et glaires.
¼dipe ne bouge pas de la pointe du rocher où il s’est positionné, ses attributs mentaux s’activent contre la barrière cosmique de Spartan qui apparaît enfin aux yeux des gens situés à l’extérieur du Colisée sous la forme d’une bulle dorée qui commence à se fêler sous la pression de l’Alcide.
¼dipe invoque alors une nouvelle technique. Sa voix gronde dans l’atmosphère : « Mystic Smash ! »
Spartan a beau lutter, il se tient le c½ur, le foie, le crâne…
Finalement, une implosion retentit à l’intérieur de l’organisme de Spartan.
Son rein droit implose, dégradant davantage la concentration de Spartan qui ne peut faire abstraction de la douleur et perd ainsi l’avantage psychique qu’il détenait jusqu’ici.
Sa barrière qui englobe le Colisée se cristallise, se raye puis se craquelle pour enfin se volatiliser.

Spartan est couché sur le dos, sa main rampe dans l’herbe qui couvre la colline. Son visage est terrifié, il vient de se faire écraser comme un moins que rien, après avoir pourtant lutté près d’une heure.
Cependant, le mercenaire reprend vite espoir car une autre bulle cosmique apparaît aux yeux du peuple.
Celle-ci couvre également le Colisée et est de couleur violacé.
Spartan marmonne à l’encontre de l’Alcide : « Désolé chevalier mais cette fois-ci ton adversaire se trouve de l’autre côté de la barrière cosmique, à l’intérieur du colisée. Cet homme est bien plus puissant que moi et avant de l’atteindre il te faudra briser sa concentration. Autant dire que tu as perdu… Ah… Ah… Ah… »
¼dipe ne bronche pas, il persévère à confronter son cosmos et constate : « Je me disais bien qu’un simple mur cosmique ne pouvait pas autant brouiller nos contacts avec notre déesse. Un chevalier d’or concentre lui aussi sa cosmo énergie depuis le colisée. D’ici je ne peux rien faire, au mieux j’arriverai à l’affaiblir. Pourvu que la faille que j’ai créée mette la puce à l’oreille de sa majesté… »


Dans le colisée, justement, les tribunes se vident petit à petit.
Soit le public essaie d’envahir la surface de combat et se regroupe massivement en bas des gradins, soit il quitte l’amphithéâtre apeuré par les bousculades.
 
Des quatre Kshas restants, une femme se jette à corps perdu contre Indus, le Saint de bronze de l’Indien.
Il esquive son poing. Puis sa jambe en roulant au sol.
En passant sous elle, il prend soin de lui érafler les mollets grâce aux lames de ses avant-bras.
Blessée à une jambe, la guerrière au corps dévêtu sautille sur l’autre pour rester debout et poursuit son assaut sans rencontrer de succès. Cette fois-ci ce sont ses bras et ses côtes qui sont fauchés.
Le géant Indus avance jusqu’à la pauvre qui recule difficilement. Arrivée aux abords des gradins, elle se retrouve coincée entre son adversaire et le public qui continue à lui jeter de la nourriture avariée et qui tente de percer le corps d’armée sensé les calmer.
Un soldat la pousse dans le dos pour la forcer à combattre, ce qu’elle est contrainte de faire.
Elle part pied en avant dans la direction du meurtrier qui pare l’assaut en lui agrippant le tibia. Il la balance au sol et l’assomme en lui cognant la tête d’un violent coup de coude.
Indus observe les courbes féminines de son ennemie et caresse avec ses doigts les hanches de la Ksha.
 
Aux abords de la surface, les premiers coups sont échangés entre Hébéïens et Athéniens.
D’autres Hébéïens quittent les gradins et prennent la direction des couloirs pour rejoindre Hébé.
 
Shaina observe Hébé qui se tient debout et qui s’adresse de façon agressive au Grand Pope.
Le Saint d’argent d’Ophiuchus donne les directives à ses hommes.
Apodis impacte les ordres et appelle Pullo, son caporal, à qui il commande de bloquer avec ses soldats l’accès aux tribunes d’honneurs afin de protéger le Pope des Hébéïens.
 
Dans l’arène, tandis qu’Indus s’amuse avec sa proie Ksha, une autre guerrière Indienne puise en elle le courage de mettre fin au calvaire de son acolyte.
Elle attaque à corps perdu le chevalier à la haute stature et enchaîne les coups de poings.
Indus se redresse et pare les droites, les gauches, jusqu’à épuisement de son adversaire.
Il la saisit par la mâchoire et la soulève du sol. Ses terrifiants yeux beiges détaillent l’anatomie de cette jeune femme comme il l’a fait auparavant avec celle à terre.
Froid, sans l’once d’un remord, d’un mouvement de bras, grâce à ses lames acérées, il lui tranche un sein, puis l’autre. La pauvre, étouffée par la large main d’Indus, essaie d’hurler sa détresse tandis que lui, indifférent, déclare : « Si tu avais été aussi jolie que ton amie, j’aurai pris le temps de jouer avec toi, mais ton visage déformé par la torture t’a retiré toute trace de féminité. Voilà pourquoi j’ai retiré ce qui faisait encore de toi une femme. »
Sur ses tiges métalliques, coule le plasma de ses victimes. Il passe sa langue dessus et se délecte du goût de l’hémoglobine avant de froncer ses sourcils. Il lâche la Ksha et profite du temps que son corps met à s’écraser au sol pour positionner ses deux bras contre sa poitrine : « Fatal Glare ! »
L’Eclat Meurtrier d’Indus produit une lumière verdâtre qui tranche en dizaine de morceaux la pauvre Ksha.
 
Tandis qu’Indus torture les derniers Kshas, la tension monte à côté du Pope.
Hébé sent une déchirure au niveau du voile cosmique qui l’empêcher de communiquer sa cosmo énergie à ses hommes qui se situent en dehors du colisée.
Elle comprend qu’une grosse partie de cette obstruction a été écrasée depuis l’extérieur et que la cosmo énergie d’¼dipe est proche d’elle.
Tout en poursuivant sa querelle, elle tente de localiser le parasite qui l’entrave depuis le stade.
_ « Déesse Hébé, calmez-vous, je vous en conjure, joue la victime Saga !
_ Que je me calme ! Mais enfin, avez-vous vu le spectacle que vous offrez à votre peuple. Vous profitez de sa colère pour le rendre haineux et pour justifier vos guerres intolérables ! J’exige de voir immédiatement Athéna ! Il est impossible qu’elle continue à accepter ce genre de mascarade ! Elle va à l’encontre de ce qu’elle a toujours véhiculé jusqu’ici, aurait-elle oublié sa mission sur Terre ?! Toute sa propagande ces dernières années n’était-elle pas une astuce pour mieux justifier ses massacres ?! C’est un scandale ?! »
Shura, fidèle chevalier d’Athéna, finit par oublier le respect qu’il doit à Hébé, il se lève sans l’autorisation du Grand Pope : « Je ne peux vous laisser insulter de la sorte notre déesse ! Elle vous fait l’honneur de vous recevoir sur ses terres et voici comment vous la considérez ! »
Hébé est outré qu’un homme puisse lui parler de la sorte : « Allons Grand Pope ! Allez-vous laisser votre chevalier me considérer ainsi ?! N’avez-vous donc plus aucun respect pour les dieux dans ce domaine maléfique ?! A moins que vous n’adhériez à cette hérésie Grand Pope ?! »
Saga emprunte un ton plein de sang froid : « Comment pourrais-je demander, Ô Grande Hébé, à mes hommes de contenir leur colère lorsque vous offensez celle à qui nous devons la paix sur cette planète ? Jusqu’à maintenant j’ai pensé au fond de mon être que vous faisiez partie des nôtres, toutefois je sens dans vos propos la même agressivité que celle des dieux mineurs que nous avons dus rappeler à l’ordre. »
Juventas se lève à son tour et menace Shura : « Saint du Capricorne, je ne te le dirai pas deux fois ! Excuse-toi auprès de sa majesté Hébé ou subi les conséquences de ton affront ! »
 
Plus bas, ne s’inquiétant pas de la portée de ses actes, Indus retourne torturer sa victime à qui il déclare d’une voix glaciale : « Assez joué ! Passons aux choses sérieuses maintenant. Le public s’impatiente. »
Il la traîne par un pied jusqu’aux spectateurs assoiffés de violence et la jette en pâture.
Alors que le corps à demi conscient descend des airs en direction des gradins, un violent courant d’air fait disparaître la malheureuse.

Le suspense est à son comble.
Les bousculades cessent un instant.
Le silence fait enfin loi.
Hormis Hébé, le Grand Pope, Juventas, Aphrodite et Shura, personne n’a compris ce qui se passait.
Subitement, Astérion, subjugué, déclare : « Regardez ! Au milieu de l’arène ! C’est lui qui l’a sauvée ! »
La Ksha est étendue dans les bras du robuste Iphiclès.
La foule toute entière s’exclame. D’indignation chez les Athéniens. De soulagement chez les Hébéïens.
 
Indus se retourne et sourie à Iphiclès : « Toi aussi tu veux jouer n’est-ce pas ? Il fallait le dire, elle est toute à toi ! »
Iphiclès repose délicatement la blessée au sol et ignore Indus. Il ordonne à Pictor : « Le massacre a suffisamment duré. La dernière partie du spectacle est finie. Demande à tes semblables de prononcer la fin de la fête, ma déesse doit voir la tienne. »
Indus est furieux : « Hey ! Toi ! Que fais-tu ? En plus tu oses m’ignorer ! Soit tu participes à la mort de la dernière Ksha soit tu t’écartes, si jamais tu ne choisis pas une de ces options tu es un homme mort. »
Blasé, Iphiclès ferme les yeux : « Je n’ai rien contre toi Saint de l’Indien, mais voici des heures que ton maître, le Grand Pope, noie le poisson. Nous sommes là pour voir Athéna et je ne repartirai pas sans l’avoir vue. »
Pictor s’insurge : « Comment oses-tu Alcide ? Nous même ne sommes pas en droit d’exiger rencontrer notre déité. Qui crois-tu être pour gâcher ainsi la Journée Sainte ? »
Indus se met en position de combat : « Je t’avais prévenu Alcide ! En position ! »
Indus attaque de front le robuste chevalier. Il lance sa longue jambe droite en direction du visage d’Iphiclès qui pare le coup avec son bras. Indus s’accroupit alors et essaie de chasser les jambes de l’Alcide avec sa jambe gauche. Iphiclès bloque simplement avec son tibia l’impact. Indus tente alors de lui flanquer un uppercut en se redressant, mais Iphiclès retient son poing droit dans la paume de sa main droite.
L’Alcide passe maintenant derrière le dos du Saint en continuant de tenir sa main. Il la lui plaque contre son dos et déclare : « Je ne veux pas me battre. Abandonne ce combat tout de suite. »
Immobilisé, Indus ne peut rien faire sans quoi Iphiclès lui rompt le bras.
 
En haut, Saga feint de se lamenter : « Déesse Hébé ! Voyons ! Cette situation n’est-elle pas malheureuse ? Voilà qu’un de vos chevaliers menace un Saint d’or en tribune tandis que l’autre agresse un Saint de bronze au milieu de l’arène. Je vous en prie, rendez les armes immédiatement avant qu’il ne soit trop tard. »
 
Le silence instaure un grand malaise dans l’arène.
Personne ne bouge.
Tous s’observent attentivement.

Subitement, des pas lents, appartenant à une personne vraisemblablement blessée, résonnent dans les couloirs du colisée.
Bien que les chevaliers et les soldats ne se quittent pas des yeux, les derniers spectateurs se tournent en direction de la tribune sur laquelle débouche le mystérieux éclopé.
Il s’agit d’un soldat, un simple garde Athénien, blessé, une dague hébéïenne planté dans la cuisse, le plastron en miette, le casque brisé, le visage caché par le sang sec et la poussière.
A bout de force, il essaie de se tenir debout, droit, mais finit par chuter quelques marches avant d’être soutenu par des spectateurs avisés.
L’assistance s’interroge, Shaina bondit jusqu’à lui : « Parle soldat ! Que t’est-il arrivé ? »
Le misérable a la gorge sèche, il peine à prononcer ses mots.
Cliff, un des soldats d’Apodis, détache de sa ceinture une gourde d’eau : « Avale donc mon frère ! Ca t’aidera ! »
Le soldat s’agrippe au récipient en peau de chèvre, de peur qu’il ne lui soit arrachée des mains, et la vide prestement.
Shaina perd patience et le secoue : « Parle maintenant ! »
Le garde aspire un grand coup : « C’est horrible… Ils nous ont trahis… C’est horrible… »
Saga se lève brusquement de son siège et d’une voix grondante, résonnant dans l’enceinte du colisée, demande : « Qui nous a trahis ? Soit plus clair soldat ! »
Tremblotant, l’estropié dirige son doigt en direction de la tribune d’honneur, indiquant la déesse Hébé : « Les Hébéïens ont attaqué le Sanctuaire ! »

A l’unisson, Athéniens comme Hébéïens présents dans le stade pestent d’indignation.

Hébé prend la parole à son tour : « S’en est trop, c’est ridicule ! »

Le soldat poursuit : « Ils ont commencé par attaquer nos villageois. Nos troupes dirigées par le capitaine Misty ont repoussé hors de nos murailles les envahisseurs qui se trouvaient près des postes frontières. Mais à l’heure qu’il est, notre commandant Phaéton, en personne, défend du mieux qu’il peut notre ville d’Honkios. Le centre est envahi, et des Hébéïens ont entamé la montée des marches des douze maisons ! »
Dans sa tenue papale, Saga s’insurge : « C’est un outrage ! »
Malgré son étouffement, le soldat termine : « Actuellement, le commandant Phaéton fait front autour du colisée en attendant les renforts de nos Saints qui ont déjà défaits quelques Alcides. Toutefois il manque d’hommes. Les Hébéïens sont proches d’envahir le colisée. »

Dans la confusion la plus totale, Hébé localise enfin le propriétaire de ce nuage cosmique violacé qui s’épuise face au cosmos divin.
Il s’agit de Deathmask qui est assis dans le hall du colisée, sous les gradins, les yeux fermés, l’index pointé vers le ciel.
L’air de rien, la déesse de la Jeunesse étreint petit à petit l’emprise du Saint d’or en émanant davantage son cosmos.
 
Au loin, sur la colline, Spartan déchante, la barrière violacée se corrode progressivement…
 
Hébé, tout en poursuivant sa pression sur Deathmask, doute un instant.
Perturbée en se devinant victime d’une conspiration, voyant face à la ranc½ur des Athéniens que rien ne peut justifier son innocence, elle se défend désespérément de vive voix face au Pope.

En bas, personne ne bouge, tous écoutent.

_ « Il s’agit là d’un coup monté, jamais mes hommes n’ont eu l’intention d’envahir le Sanctuaire et encore moins de s’attaquer à des innocents.
_ Et la montée des marches des maisons du Zodiaque alors, doute Saga ?
_ Il s’agit simplement d’une précaution prise dès mon arrivée ici. J’ai fait disperser mes troupes sur l’étendue de votre domaine afin d’assurer au mieux ma sécurité. Les dernières actions menées par le Sanctuaire contre d’autres dieux ces dernières années m’ont amené à être prudente. Le comportement d’Athéna est plus que suspect, c’est pourquoi j’ai demandé à des hommes d’attendre au pied des douze maisons et de les traverser si jamais le moindre incident survenait. Ce qui s’est semble-t-il produit. Jamais nous n’avons voulu cette querelle, néanmoins j’exige de rencontrer Athéna afin de m’expliquer avec elle et mon statut divin m’y autorise, même si pour cela je dois employer la manière forte pour l’atteindre. »
En annonçant sa position, Hébé pousse son cosmos à son paroxysme.
Son visage si calme et si beau se charge de colère.
Son regard s’embrase et dégage, l’espace d’un instant, un éclat aveuglant.
 
En bas, dans le hall d’entrée du colisée, la lumière violacée émanant du cosmos de Deathmask se volatilise et une aura dorée vient, telle la foudre, le frapper.
L’impact ne dure qu’une poussière de secondes, pourtant cela est suffisant pour laisser le Saint s’écrouler au sol, plus mort que vif, le plastron de l’armure d’or du Cancer fendillé.

A quelques mètres de l’inconscient, les lourds rondins de bois, reliés ensemble par de solides barreaux et autres montants métalliques, servant de portes au colisée, commencent à céder sous les heurts des Hébéïens se servant de leurs corps et de leurs cosmos comme béliers pour venir secourir leur déesse.
 
Hébé peut enfin reprendre contact avec le monde extérieur, tout comme l’ensemble des chevaliers présent au sein du colisée. Et inversement.
Certains Saints, comme Apodis et Babel, s’inquiètent de sentir la mort proche de leurs villages, les Alcides constatent que des frères d’armes et de nombreux soldats sont déjà décimés.

Dans l’enceinte, tous s’échangent un dernier regard avant de s’époumoner pour se donner de l’élan.
C’est désormais la panique.

Pullo, le caporal d’Apodis, organise aussitôt avec une poignée de soldats un rassemblement des spectateurs et des artistes afin de les évacuer tout en les protégeant des forces hébéïennes.
Shaina appelle Docrates et ses hommes, vêtus d’une armure sombre semblable à la sienne, afin d’organiser la défense autour du Pope et de bloquer l’accès aux couloirs desservant sur les tribunes d’honneur.
Le Saint d’Ophiuchus ordonne ensuite aux autres Saints de conduire les soldats vers la victoire en écrasant l’ensemble des envahisseurs.
 
En bas du colisée, les premières brèches dans la grande porte permettent aux Hébéïens d’investir l’amphithéâtre.
Ils entrent dans le hall en passant près du corps inanimé du Cancer sans même s’en préoccuper…
Enfin, ils débarquent ainsi dans les tribunes et les vestiaires.

Tandis que la flamme de la Balance est déjà entamée sur la grande horloge zodiacale, dans la tribune d’honneur, Shura et Aphrodite sont devants leur Pope, les bras écartés.
Ils reculent pour le protéger.
Juventas fait de même avec Hébé.
Pendant qu’il commence à se dissimuler dans l’ombre d’un couloir, Saga lance à Hébé : « Tu as déjà perdu Hébé, mes hommes bloquent la sortie et tes soldats ne peuvent venir jusqu’à toi. Tu vas maintenant subir la colère d’Athéna, pour avoir osé te rebeller contre son autorité. Adieu Ambroisie ! »
Personne ne prend en compte ce dernier nom sorti de la bouche de Saga.
Ambroisie, ce prénom peu commun n’a alerté personne d’autre qu’Hébé qui reste saisie par l’annonce de son prénom humain.
Elle lève immédiatement les yeux vers le Grand Pope et constate que les quelques mèches de cheveux blancs qui s’échappent de son heaume bleuissent l’espace d’une seconde.
Aussi vif que ce changement de couleur, le cosmos du représentant d’Athéna vient la saisir.
Et tandis que Saga emprunte le chemin de la sortie escorté par Aphrodite, Hébé se perd dans ses souvenirs et prononce à voix basse : « Saga… »
Shura, resté seul pour faire barrage, la ramène à la réalité.
Le Capricorne, les doigts de la main droite tendue, le bras présenté devant sa poitrine et tranchant telle une épée, déclare : « Déesse Hébé, en tant que plus fidèle Saint d’Athéna, je t’ordonne de te rendre immédiatement à sa volonté. Sans quoi, moi, Shura Saint d’or du Capricorne, je te ferai regretter de t’être réincarné en cette époque ! »
Juventas se positionne devant lui : « Tu ne parviendras pas même à t’avancer à un mètre de Sa Majesté Hébé tant que moi, Juventas Alcide des Juments de Diomède, te ferai face. »
Shura ne se laisse pas décourager et tranche l’air de son bras droit : « Excalibur ! »
Une ligne droite, dorée, coupe parfaitement le balcon sur lequel se tenaient au début du spectacle le Pope et Hébé.
L’échafaudage qui retenait le balcon se fracasse et retombe dans les tribunes, écrasant Hébéïens et Athéniens luttant les uns contre les autres.
Juventas a à peine le temps : « Vous n’avez plus d’autre issue possible que la mort… »
 
 
Dans l’arène, Astérion et Pictor encerclent Iphiclès qui paralyse toujours Indus grâce à sa prise.
_ « Tu ferais mieux de le lâcher Alcide, conseille Astérion ! Tu ne peux rien faire contre nous trois. Même si tu brises le bras d’Indus tu seras aussitôt pris au piège par Pictor et moi-même ! De plus, je suis capable de lire dans les pensées de quiconque. Ta riposte me sera connue à l’avance.
_ Lire dans l’esprit des autres n’est possible que si on dispose d’un cosmos supérieur à son adversaire, rétorque Iphiclès serein. Je n’ai pas la faculté de lire dans les esprits des gens mais je peux deviner qu’il t’est impossible de pénétrer le mien ! »
Astérion transpire, son bluff ne fonctionne pas. Iphiclès poursuit : « A mon tour de vous faire une proposition. Permettez à Hébé de trouver Athéna et je vous laisserai à tous la vie sauve. »
Indus, toujours au mauvaise posture, prend la parole : « Tu plaisantes ! Nos vies ne valent rien contre celle de notre déesse. Tu paieras pour avoir fait une proposition aussi indécente ! »
Iphiclès se décide à attaquer, il lance calmement : « D’accord… »
Dès ce mot prononcé, Pictor et Astérion se lancent sur lui.
L’Alcide a le temps de remonter le poing d’Indus jusque dans le haut de son propre dos, lui cassant aussitôt l’épaule et le bras. Puis il le frappe du plat du pied dans le flanc gauche, éclatant par la même occasion son armure à l’endroit de l’impact en lui brisant quelques côtes.
Le corps d’Indus est projeté avec force contre Astérion qui est repoussé avec son pair.
Pictor se retrouve seul nez à nez avec Iphiclès. Le Saint du Chevalet du Peintre, entouré de sa cosmo énergie poussée à son paroxysme, annonce : « Subit ma plus mortelle technique le… »
Sans s’en rendre compte, Pictor fait face à un véritable Lion, dessiné par l’émanation cosmique d’Iphiclès : « Tu es bien trop lent : Fatal Claw ! »
L’image d’un lion abattant sa lourde patte aux griffes affilées éclatant le chevalet d’un peintre masque la réalité.
Le corps de Pictor éclate sous l’impact.
Ses jambes, sa taille et son bras droit ont été arrachés, éparpillés, voire désintégrés.
Quelques lambeaux de chairs et d’armure retombent à côté de ce qu’il reste de son corps, un abdomen au plastron brisé duquel ressortent boyaux et intestins, un bras gauche totalement démantibulé et une tête défigurée par ce qui ressemble à un violent coup de griffes.
Le malheureux Saint au teint blafard est décédé sur le coup.
 
Apodis qui a assisté de loin à la scène est impressionné.
Il abandonne un instant ses troupes pour retrouver ce qu’il reste de Pictor.
L’homme au fin collier de barbe et aux cheveux vert pomme déclare à Apodis : « Voilà ce qu’il reste du repas d’un lion affamé après qu’il ait déchiqueté sa victime. Rassure-toi, mes Griffes de la Mort sont une attaque violente mais mon adversaire ne peut en souffrir, il meurt sur le coup. »
Apodis déclare fièrement : « J’aimerai voir ça ! »
Iphiclès se met en pose tout comme Apodis.
_ « Voyons quelles griffes sont les plus efficaces, celles de l’Oiseau de Paradis…
_ … Ou celles du Lion de Némée ! »
A nouveau, Iphiclès laisse apparaître dans son dos un Lion.
Apodis examine mieux les mouvements de son adversaire que le défunt Pictor. L’Alcide joint ses deux poignets l’un contre l’autre tel un chevalier d’or exécutant l’Athéna Exclamation, et balance de ses dix doigts un faisceau lumineux dessinant à une vitesse proche de celle de la lumière un lion donnant un violent coup de patte.
Apodis s’élance vers les cieux, tel un agile volatile déployant ses ailes, absorbant les rayons du soleil qui lui chauffe le dos. Il recroqueville ses coudes vers l’au-delà tandis que les ongles de son armure, semblables à des serres, deviennent incandescents. Les trente-neuf étoiles de la constellation de l’Oiseau de Paradis se relient dans le ciel et embrasent son corps.
Enfin, il se laisse retomber à terre, rasant le sol, faisant face aux Griffes de la Mort de son ennemi.
_ « Fatal Claw, annonce Iphiclès confiant.
_ Shining Apus Claw, riposte Apodis ! »
Apodis, tel un rapace, se rabat sur le fauve qui affaisse sa lourde patte.
Les deux chevaliers se croisent en se télescopant…
 
Apodis tombe à genoux sur le sol.
Le plastron éclaté, son vêtement azur arraché et son torse profondément écorché. Son diadème descendant jusqu’à couvrir sa colonne nasale s’effrite puis s’émiette complètement. Le visage d’Apodis est défiguré par dix griffes descendant de haut en bas desquelles s’écoule aussitôt beaucoup de sang.
_ « C’est… C’est impossible… J’ai pourtant observé son attaque tout à l’heure contre Pictor… J’étais sûr d’être assez rapide pour la parer et lui asséner les Griffes Brûlantes de l’Oiseau de Paradis… »
Iphiclès reste debout, le visage baissé.
Sur les dalles sablonneuses du colisée viennent s’écraser quelques gouttes de sang.
Iphiclès frotte son visage, en commençant par son crâne et finissant par sa mâchoire. Sa peau est brûlante, il constate que ses mains sont imprégnées de son sang qui se caramélise sous l’effet de la chaleur. Il se retourne enfin et expose son visage éraflé au niveau de la joue droite par quelques griffures. Il s’en échappe encore un peu de fumée. Autour des plaies sa peau est rougeâtre, marquée par les brûlures.
_ « Tu es encore vivant ! On dit qu’une attaque ne marche pas deux fois contre un chevalier, il faut croire que c’est vrai ! »
Bon perdant, attendant un coup de grâce, Apodis avoue : « Il est vrai que j’ai détaillé ta technique, mais je n’ai pas été suffisamment rapide pour l’éviter totalement.
_ Tu as tout de même su atteindre une vitesse proche de celle de la lumière, c’est un exploit pour un Saint de bronze, sans quoi ton corps aurait fini déchiqueté comme celui de Pictor, assure Iphiclès en s’approchant d’Apodis. Je me souviendrai longtemps de toi Saint de bronze. Adieu. Fatal…
Alors qu’il s’affaire à achever Apodis avec ses Griffes de la Mort, Iphiclès est interrompu par Astérion qui a repris ses esprits : « Million Ghost Attack ! »
Iphiclès, sans reculer, pare tous les coups du Saint d’argent.
Astérion n’abdique pas pour autant. Il passe derrière lui et l’attaque à nouveau dans le dos : « Million Ghost Attack ! »
Le Saint de la Meute tente une nouvelle fois l’Attaque des Milles Fantômes.
En vain.
L’Alcide le frappe de l’arrière du crâne en plein visage. Il se retourne en enchaînant un crochet du gauche dans l’estomac.
Astérion tente de répliquer par un coup de pied en direction du genou mais Iphiclès passe à la vitesse de la lumière derrière Astérion. Il joint ses deux mains pour cogner le Saint d’argent dans le dos. Pendant qu’Astérion s’affaisse, Indus se redresse devant lui et jette toute ses forces contre Iphiclès, à demi surpris : « Fatal Glare ! »
Iphiclès ne laisse même pas le temps à Indus de libérer son arcane qu’il se jette devant lui et le frappe d’un violent coup de poing qui lui perfore la Cloth et le c½ur : « Drill Claw ! »
Le Saint de bronze de l’Indien s’écrase dans les tribunes avec un trou béant à la place du c½ur duquel s’écoule des flots d’hémoglobines.
Le cruel meurtrier du Pope n’est plus…
 
 
En Algérie, à proximité d’Oran, Jabu traîne les pieds, cuirasse sous le bras.
Une légère brise balaie ses cheveux et emporte ses larmes.
Il a promis à Taishi qu’il ne se retournerait pas.
Que ce fut difficile pourtant de ne pas avoir la tentation de porter un dernier regard sur ce garçon qu’il connaît depuis l’orphelinat.
Dans les montagnes, les paroles de Taishi lui reviennent en mémoire, tout comme la supériorité dont il faisait preuve. Il pense : « Je suis doué, rapide. Mes poings peuvent briser n’importe quelle matière. Cependant, il me manque ce fluide qui émanait de Taishi, ce que Lilium appelle cosmos. Si je n’en ai entrevu que les bases, cela ne sera pas suffisant pour prouver à Saori que je suis le meilleur… »
 
Les minutes s’écoulent et semblent être une éternité pour Jabu tant le soleil est pesant.
Dans ces montagnes à la roche sablonneuse, l’ombre est rare et la traversée pénible.
Comme pour le Sanctuaire, les conditions géographiques sont réunies pour qu’aucun individu ne sachant manipuler de façon basique la cosmo énergie ne puisse parvenir au camp.

C’est en titubant, assommé par l’atmosphère ardente et manquant d’eau, que Jabu retrouve ses pairs.
Bien qu’il soit épuisé, aucun de ses camarades ne vient lui prêter main forte.
Ils laissent s’approcher avec difficulté celui qui par son antipathie n’a attisé que la colère et la peur.
En lisant leur rage dans leurs yeux, Jabu comprend pour la première fois quel imbécile il a pu être.
Il sourit pourtant et murmure tout en avançant en direction de l’Espagnol : « Merci Taishi, c’est grâce à tes paroles que je comprends enfin. »
Arrivé à hauteur de l’hispanique, il l’appelle pour la première fois par son prénom à la surprise générale : « Où est… Euh… Eguski, peux-tu me dire où se trouve Lilium… s’il te plait ? »
Eguski pointe son doigt en direction de quelques dunes de sables qui se trouvent au fond du camp. Jabu y avance sans oublier de remercier l’apprenti.
 
Arrivé au sommet de la première colline de sable, Jabu se laisse rouler jusqu’à son pied pour tomber à l’intérieur de ce mini désert en altitude.
Eprouvé par la chaleur, tourmenté par le départ de son ami et anéanti par l’idée de ne pas être à la hauteur devant Saori, il reste étendu sur les petits grains résultant de la désagrégation des roches. Ils lui brûlent la peau.
Le bruit des pas de Lilium le fait sortir de ses songes.
Comme un misérable, il l’implore en restant allongé.
_ « Pourquoi… Pourquoi ne m’avez-vous pas dis que je n’étais pas au niveau d’un chevalier ? »
Lilium retire son masque, elle s’agenouille et prend la tête de son élève dans ses bras.
_ « Parce que tu n’avais pas l’esprit d’un chevalier pour accepter d’entendre la vérité. Tu as préféré te terrer dans ton illusion où tu te croyais insubmersible.
_ Apprenez-moi. Je vous en prie, apprenez-moi à ne faire qu’un avec les étoiles… »
Lilium le redresse et passe son bras derrière sa nuque pour l’aider à marcher. En souriant, elle lui répond : « Maintenant que ton ami a choisi son destin, tu comprends qu’il est temps de choisir le tien. Je vais faire de toi un chevalier… »