Chapitre 8

Chapitre 8

La matinée touche à sa fin ce 4 mars 1985.
Depuis leurs demeures, les Saints d’or restés dans leur temple entendent les détonations de cosmos opposants Athéniens et Hébéïens partout dans le domaine. Ils peuvent voir des nuages de fumées ici et là aux quatre coins du domaine ou encore entendre les cris des villageois que le vent transporte jusqu’à eux.

A l’intérieur du colisée bondé, enfermés dans une barrière cosmique, les spectateurs sont occupés à scander le nom du Grand Pope. Celui-ci, assis depuis plusieurs dizaines de minutes, lève les bras pour les encenser.
Il est entouré de Deathmask et Aphrodite qui attendent Shura. Le Saint du Capricorne guide Hébé et ses deux Alcides à travers les couloirs.
Pendant ce temps, des Saints tels qu’Astérion, Babel ou encore Apodis se réunissent au beau milieu de l’arène. Ils observent l’armée hébéïenne prendre place de façon autoritaire dans les travées afin d’être positionnée de façon stratégique.
Malgré l’euphorie, la tension est palpable…

 
Loin de la Grèce, en Russie, sur un plateau proche du village de Kohortec, en Sibérie Orientale, le vent balaye les cheveux blonds du brave garçon d’à peine treize ans qu’est Hyoga.
Il se tient face à son ami Finlandais qui est en meilleure posture que lui.
Le futur Général de Poséidon est bien vaillant et pare chaque coup porté par son ami. Mieux encore, il riposte de façon efficace en le renvoyant chaque fois à terre.
 Au loin, le Seigneur Crystal observe le combat, les bras croisés. Couvert de sa Cloth, entouré par sa cape, son visage est serein et fier.
Au-dessus de lui, sur un monticule de neige, à bras nus, un bel homme à la chevelure bleue au reflet vert adresse ses compliments à son disciple.
_ « Félicitations Crystal Saint. Tu transmets à ces jeunes garçons notre savoir avec humilité et efficacité.
_ Mon apprentissage auprès de vous y est pour beaucoup Maître Camus. Je ne dispose même pas d’un dixième de vos capacités mais votre méthode de travail porte ses fruits. Isaac et Hyoga deviendront tous les deux de braves chevaliers.
_ Ils semblent destinés tous les deux à l’armure du Cygne. Chaque fois qu’ils concentrent leurs forces, je vois briller cette constellation dans le ciel. Pourtant un seul d’entre eux sera digne de la porter et Isaac semble avoir un cran d’avance.
_ Isaac est arrivé ici un an avant Hyoga, cela explique pourquoi il est plus avancé que son ami dans la maitrise des techniques de glace.
_ Il n’y a pas que ça, je perçois comme un embarras dans le c½ur de Hyoga, son esprit est ailleurs.
_ Le cargo qui transportait sa mère il y a quelques années s’est échoué non loin d’ici et repose au fond de l’eau. J’ai surpris Hyoga en pleine discussion avec Isaac il y a peu. Il lui a annoncé qu’il veut devenir chevalier pour remonter à la surface le corps de sa défunte mère.
_ Je l’ai déjà sermonné à ce sujet pourtant, crisse des dents Camus.
_ Isaac a violemment réagi. Il lui a reproché de vouloir atteindre cet objectif pour des raisons personnelles. Isaac l’a également mis en garde à propos d’un fait que vous lui avez rapporté. Hyoga sait désormais qu’à certains endroits le courant marin change brutalement et que personne, ni même vous, ne peut y survivre.
_ Pourtant cela n’a en rien altéré sa volonté de joindre le fond des océans.
_ Maître Camus, je suis persuadé que si vous lui dévoiliez votre réel rang, Hyoga serait plus enclin à vous écouter.
_ Ce n’est pas à nous de nous inquiéter de sa santé. C’est à lui de comprendre quelle est la réelle mission d’un chevalier et que pour le devenir il doit mettre de côté ses sentiments. Mon statut ne doit pas les influencer dans leurs décisions, ils doivent rester de marbre en toute circonstance… »
 
Les bourrasques sont désormais accompagnées de flocons de neige et voilà quelques heures que les quatre protagonistes ont cessé leur entraînement.
Dans une taverne de Kohortec, les deux amis, Hyoga et Isaac, se réchauffent devant un immense feu de cheminée.
Des musiciens jouent de leurs instruments, quelques villageois dansent, d’autres restent attablés et mangent une bonne soupe alors que certains restent au comptoir à boire un verre comme le fait le Seigneur Crystal que tout le monde salue chaleureusement. A ses côtés, Camus est assis sur un tabouret en bois. Il observe dans son verre les glaçons se craqueler lorsqu’ils rentrent en contact avec la vodka que lui sert une charmante jeune femme.
Celle-ci n’a de cesse d’observer Camus depuis son arrivée, tout comme l’ensemble des femmes du village.
Toutefois, l’attention du Verseau se concentre sur la seule qui n’est pas conquise par ses charmes, la seule dont le c½ur est déjà pris.
Elle vient seulement d’ouvrir la porte de l’auberge que déjà le glacial Français est pris de palpitations inexplicables.
Cette femme porte un masque, symbole de son appartenance à la chevalerie d’Athéna. Ses longs cheveux noirs couvrent son front et descendent sous la forme de fines mèches sur ses épaules et dans son dos. Ses épaules et ses mains sont couvertes d’une protection violette, tandis que les avant-bras, le buste et les genoux sont d’un noir cristallin.
Son ventre cesse d’être protégé à hauteur des hanches, laissant sortir de sous la Cloth un tissu violet servant de jupe. Ses douces et grandes jambes sont tout de même couvertes d’un cuissard et ses pieds de petite taille sont protégés par des escarpins.
Elle avance doucement jusqu’au comptoir où sont assis Camus et le Seigneur Crystal.
Arrivé à leur hauteur, elle incline légèrement sa tête en guise de respect envers Camus dont elle connait le statut, puis s’assied tout proche du Seigneur Crystal à qui elle caresse chaudement la main.
Camus détourne à cet instant les yeux d’elle, il fixe avec douleur son verre en écoutant la discussion des deux amants.
_ « Te voici enfin rentrée Lena. J’étais rongé par l’inquiétude, lui sourit le Crystal Saint.
_ Ma mission a duré plus longtemps que prévu. Je repars dès demain pour le Sanctuaire en rendre compte au Pope. La situation est toujours tendue en Egypte. Leurs dieux ont tous été vaincus il y a des années. Nos hommes règnent sur les cités mais quelques tentatives de révoltes des soldats sont à déplorer. Toutes leurs légions ont été écrasées et pourtant ils persistent à se rebeller.
_ C’est normal après tout, notre Grand Pope est vieillissant, ses intentions sont de plus en plus floues et certains accusent son frère Arlès de lui proférer les paroles du démon. Le peuple Egyptien espère retrouver la liberté qui lui a été prise.
_ Arlès est le Saint d’argent de l’Autel. Cela fait des années que personnes ne l’a vu dans le sillage de son frère.
_ Je suis certain qu’il reste dans son ombre, prêt à prendre sa place dès le moment opportun…
_ C’est impossible, le seul capable de succéder au Pope ne peut-être qu’un chevalier d’or qu’il aura lui-même désigné avant de mourir.
_ Et s’il n’a pas le temps d’en désigner un ?
_ Ça suffit, hausse le ton Camus irrité par les paroles blasphématoires de son élève ! Crystal Saint je t’ordonne de surveiller tes propos à l’égard du Grand Pope. Tes accusations sont outrageantes et intolérables. Si je dois te reprendre encore une fois je serai dans l’obligation de t’administrer moi-même le jugement réservé aux hérétiques. Le Grand Pope est le représentant d’Athéna, il est reconnu par elle depuis une Guerre Sainte datant d’il y a plus de deux-cents ans. Ses actes ont toujours servi le Sanctuaire et la paix dans le monde.
_ Pardonnez mes accusations si vous les avez jugés déplacées maître, baisse les yeux le Crystal Saint. »
 Camus observe une dernière fois les mains entremêlées de Lena et de son disciple.
Il vide aussitôt son verre qu’il repose fermement sur le zinc puis ressort sous la neige.
 Voulant briser le malaise, Lena observe les deux garnements qu’éduque son amant et les appelle aussitôt : « Isaac ! Hyoga ! Venez donc me montrer comme vous avez grandi ! »
Les deux amis se lèvent immédiatement de devant la cheminée et viennent effectuer une révérence devant elle.
_ « Lena Saint de Bronze de la Boussole, vous êtes rentrée de mission, s’enthousiasme Isaac !
_ Cela fait si longtemps que vous êtes partie, Carina votre apprentie n’est-elle pas avec vous, questionne Hyoga ?
_ Elle est immédiatement rentrée se reposer après le long voyage que nous venons de faire.
_ Se reposer ! C’est inadmissible, taquine Isaac la jeune femme. Elle ne deviendra jamais un puissant chevalier en travaillant ainsi. Elle doit prendre exemple sur nous. Notre maître nous prodigue un entraînement très strict, il n’y a qu’à prendre exemple sur la journée actuelle, à la moindre tempête de neige nous venons nous réchauffer ici, charrie-t-il son maître ! »
Le petit groupe rit dans la bonne humeur avant que Lena revienne aux choses sérieuses.
_ « Carina a fait de très nombreux progrès, elle a développé un niveau impressionnant. Sa constellation protectrice, la Carène du Navire irradie chaque jour davantage lorsqu’elle déploie son cosmos. La Cloth était située au sud de la Sibérie à l’intérieur d’un bateau échoué et prisonnier de la glace. Personne n’était parvenu jusqu’ici à atteindre ce vaisseau. Il était infesté de loups et les conditions météorologiques étaient encore plus contraignantes qu’ici. Pourtant elle a bravé tous les dangers avant de me suivre en Egypte pour remporter l’armure. »
Le Crystal Saint sourit à ses élèves : « Vous mourrez d’envie d’aller la rejoindre alors allez-y ! »
Lena leur sourit chaleureusement à son tour comme pour leur donner son approbation.
Les deux apprentis quittent au pas de course la taverne.
Dehors, ils croisent Camus sans même remarquer qu’il se tient debout, le visage dressé vers le ciel, le front suintant, la mine contrariée…
 

Au Sanctuaire, dans le colisée, la liesse n’a de cesse.
Le spectacle commence.
Vingt jeunes servantes du temple d’Athéna pénètrent dans l’enceinte.
Elles passent depuis les portes des vestiaires aménagés de façon précaire tout comme l’agrandissement du stade à l’occasion de la Journée Sainte.
Un cierge à la main, les aspirantes Saintias élues par le Pope lui-même ont l’honneur de participer à la fête en allumant une à une les cinq cent bougies qui entourent la surface qui sert habituellement d’air de combat.
Sous le regard autoritaire de leur supérieure, Katya, vêtue de sa Cloth verdâtre de la Couronne Boréale, les demoiselles s’appliquent avec concentration.
L’une d’elles, particulièrement méticuleuse, Mii, garde un ½il sévère à l’encontre d’une autre, plus frivole, Shoko, qui se dissipe facilement, ébahie qu’elle est par la foule.
Parmi toutes les autres, Xiao Ling, Erda et Maria s’amusent de la dualité entre leurs cons½urs.

Le public se calme à mesure que les chandelles scintillent, puis se tait enfin lorsque sort d’un vestiaire un célèbre ménestrel.
Pictor, connu de tous dans le domaine sacré pour être apprécié du Pope et convié lors de grands banquets pour entamer de grands poèmes, est réputé pour être un des plus véloces Saint de bronze, ce dont sont loin de se douter les adversaires qui lui font face. Il faut dire que l’apparence rachitique de ce grand orateur laisse présager le contraire. Son modeste mètre soixante-seize, son corps mince et son teint blafard ne reflètent en rien son origine grecque. Son visage creux et cerné paraît d’autant plus inquiétant que ses yeux larges et ses épais sourcils lui attribuent un regard pervers qui s’accorde avec sa fine et longue bouche affichant toujours un sourire en coin.
Ses yeux noirs et sa chevelure marine collent parfaitement à sa peau presque bleutée tant elle manque de lumière.
Sa Cloth pourpre recouvre sa tunique noire en habillant ses jambes du pied à la cuisse en dessinant sur l’armure autour des tibias des lignes horizontales turquoise. Son ceinturon pourpre protège à peine le haut de ses cuisses et ne fait qu’un avec son plastron uni jusqu’aux épaules. Un reflet turquoise apparaît à hauteur de l’abdomen alors que cette couleur domine à hauteur des épaulettes qui descendent en arrondie jusqu’au bas des biceps et des avants bras qui sont de forme ovale.
Pour l’occasion, le jeune Pictor, âgé de seize ans, a dissimulé sa Cloth sous une légère soutane turquoise qui glisse sur le sol.
Portant sous son bras gauche son casque elliptique capable de couvrir la totalité de son crâne, il brandit dans sa main droite une corne dans laquelle il expire fort.

Le souffle ne prend fin qu’une fois le Pope levé de son trône.
Dans les gradins, tous attendent la suite, Saga tend la main vers Pictor pour lui donner la parole avant de reprendre place confortable sur son siège.
Le Saint aspire afin de pousser sa voix au maximum : « Il y a quelques jours, un messager de Notre Seigneur le Grand Pope est venu me demander d’annoncer lors de la Journée Sainte, au sein de ce même colisée, à cet instant précis, l’arrivée imminente de la déesse Hébé. Fidèle à ma réputation, je ne pus m’empêcher de composer des poèmes, encore et encore, afin d’annoncer cette entrée majestueuse. Puis, après des nuits blanches à travailler mes paroles, tous les mots me vinrent à l’esprit mais aucun, dans toutes les langues que ce soient, n’était suffisamment authentique pour relever l’honneur que je me fais de vous annoncer la présence vénérable d’une divinité supplémentaire dans notre Sanctuaire… »

Shura, précédé d’Iphiclès et Juventas qui entourent la déesse Hébé, finit l’ascension des marches et arrive derrière le rideau qui sépare la divinité du Grand Pope et de la vue des spectateurs.
Le Capricorne se retourne vers elle : « Nous sommes arrivés, Ô Grande Hébé. Au prochain son de corne, j’écarterai ce drap afin de vous laisser approcher le Grand Pope. Votre siège sera juste aux côtés du sien. »

Plus bas, ému, Pictor laisse couler quelques larmes avant de reprendre : « … Et pour la première fois de ma vie, je vais me retirer en soufflant dans ce rudimentaire instrument à vent qu’est ma corne, sans même pouvoir commenter cette monumentale arrivée aux côtés de Sa Majesté le Grand Pope. Alors c’est avec les mots simples d’un modeste homme, que je vous demande de saluer Sa Déité, la Déesse de la Jeunesse, fille de Zeus et d’Héra, épouse du mythique Héraclès : la divine Hébé ! »
Ses poumons se chargent d’oxygène afin de déverser tout cet air dans sa corne.

Shura écarte le linge rouge.

L’amphithéâtre gronde.
Les spectateurs crient.
Claquent des mains.
Tapent leurs pieds au sol.
Tous les regards sont rivés sur le rideau derrière le Grand Pope.

Du haut des tribunes des esclaves balancent quelques confettis qui retombent dans l’arène.

Là-haut, dans la tribune d’honneur, depuis la pénombre, apparaît la silhouette d’un homme robuste, il s’agit d’Iphiclès.

La foule n’en peut plus.

Le Grand Pope se lève de son siège et se tient droit devant l’Alcide, attendant l’arrivée tant redoutée d’Hébé.
A ses côtés, Aphrodite et Deathmask s’agenouillent
Iphiclès se courbe également et incline sa tête devant Saga. Il se retourne ensuite, le visage toujours baissé, en direction d’Hébé.
Un cosmos rayonnant surgit alors, embrasant le stade, aveuglant presque les spectateurs qui, une fois leurs yeux habitués à cette aura, distinguent une magnifique jeune femme au corps svelte vêtue d’une légère robe de satin rose et décorée de bijoux en or.
Les rayons du soleil réfléchissent sur les magnifiques diamants incrustés dans le c½ur d’or qui pend au bout de son collier qui descend jusqu’au milieu de sa poitrine.
Une fine brise balaie ses courts cheveux blonds rehaussés d’une couronne de laurier trempée dans l’or.

La foule est émerveillée face à tant de beauté.
Aphrodite lui-même est subjugué.

Saga, malgré son apparence impériale, n’en pense pas moins.
Dans son esprit, retentit cette phrase qui fait chavirer son c½ur : « Ambroisie… Alors je te retrouve enfin, après tant d’années… »
Il se ressaisit et remonte le tissu de sa tenue de haut magistrat pour plier rapidement les genoux en guise de révérence : « Hébé ! Ô Grande Hébé ! Soit la bienvenue en nos domaines, je suis ravi de t’accueillir sur les terres d’Athéna… »
Le Saint du Gémeaux se retourne brusquement.
D’un ample et gracieux geste de la main en direction de Pictor, il l’enjoint à la suite des festivités.

Le Saint de bronze du Chevalet du Peintre comprend aussitôt le signal et souffle trois fois de façon succincte dans sa corne puis ses yeux se rivent en direction d’une tour gigantesque dressée à quelques mètres en dehors d’Honkios, la tour des douze feux, l’horloge du Sanctuaire.

De dessous son masque violacé, les yeux de Saga s’embrasent tout comme les flammes de l’horloge signe après signe, commençant par celui du Bélier et finissant par le feu situé sous le cadran des Poissons.

La foule, enthousiasmée par tous ces évènements, reconnait cette entreprise qui, hormis en période de Guerre ou de profonde crise, annonce le début de la Journée Sainte.
Tous les spectateurs, les petits comme les grands, les villageois comme les Saints en passant par les apprentis et les gardes, scandent en ch½ur et de façon continue : « Athéna ! Athéna ! Athéna… »

Satisfait, Saga tend sa main, paume ouverte vers le ciel, à Hébé : « Comptant sur votre présence, je peux enfin décréter la Journée Sainte comme officiellement amorcée. La fête se finira au bout de douze heures, lorsque les douze flammes du zodiaque auront tour à tour finies de brûler. Si votre grandeur veut bien se donner la peine de prendre place à mes côtés pour apprécier les réjouissances. »
D’une voix calme et chaleureuse, la réincarnation divine se plie aux exigences de son hôte : « Avec plaisir Grand Pope. »
Elle dépose sa main sur celle du représentant d’Athéna et se laisse conduire jusqu’à son siège, chacun de ses mouvements fluides et langoureux semblent imprégnés d’une féminité presque féline, tant elle bouge silencieusement. Ses pas sont uniquement trahis par le froufrou du tissu satiné qu’elle embellit de sa plastique parfaite. Elle termine en s’installant sur le fauteuil où elle prend place avec une grâce voluptueuse.
Iphiclès et Juventas se pressent de la suivre et de se poser chacun à un côté du trône, un genou à terre, tout comme Aphrodite et Shura qui suivent au pas leur chef.

Pendant ce temps, Gigas, tapis dans l’ombre, se glisse discrètement vers les couloirs d’où est arrivée Hébé puis quitte Honkios en longeant les murs, tandis que Deathmask abandonne lui aussi la tribune d’honneur…

Au milieu de l’arène, Pictor se retire pour rejoindre Astérion, Babel, Shaina, Apodis et d’autres Saints ou mercenaires, comme Docrates, pour veiller au bon déroulement des divertissements.
Habituellement capable de contenir mille observateurs maximum, le Colisée a été restructuré pour recevoir, grâce à des installations précaires échafaudées, trois mille spectateurs cette année avec parmi ces derniers de nombreux gardes Athéniens et Hébéïens surveillant assidument le moindre comportement suspect.
Shaina entrouvre la tenture qui sert à dissimuler l’accès aux vestiaires. Ils sont liés directement à la piste et placés en vis-à-vis de la tonnelle d’Hébé et du Grand Pope. Ils sont installés temporairement tout comme les gradins.
De là, sortent une demi-douzaine de poètes, de chanteurs et de bardes tous affublés d’un accoutrement léger, blanc, cachant à peine leur intimité.
Bon vivant, Docrates chambre son ami Pictor : « Voici la légion des premiers de la classe. Je ne comprends pas que tu ne sois pas allé conter fleurette avec eux Pictor. Surtout que la tenue t’irait à ravir. »
A l’exception de Babel et Astérion préoccupés par leur querelle amoureuse dont Agena est le trophée, Apodis et les autres pouffent discrètement de rire, posant la main sur la bouche pour ne pas se faire voir du Pope, Pictor compris.
Cet écart ne passe pas inaperçu auprès de Shaina qui, en l’absence de Misty, contraint de surveiller les villages du Sanctuaire avoisinants Honkios, occupe avec plaisir le rôle de capitaine de l’armée d’Athéna.

Un premier artiste, debout au milieu de la piste, une main tendue vers le ciel et l’autre plaquée sur la poitrine, entame un récital en l’honneur d’Athéna, en se tournant de façon lente mais continue en direction de tous les observateurs et plus particulièrement de l’invitée de marque qu’est Hébé.

De là-haut, sous la tonnelle d’honneur, le Grand Pope se penche sur sa droite d’un air complice et glisse en chuchotant quelques mots à Hébé : « Il s’agit de l’ouverture de cette journée de fête consacrée à Athéna. Pictor, le Saint qui a humblement annoncé votre arrivée, a sélectionné cette demi-douzaine d’artistes pour louer la gloire de notre divine déesse de la Sagesse. Ils évoquent les qualités de notre déité et retracent ses instants de gloire remontant de la nuit des temps à aujourd’hui et… »
L’air de rien, tout en scrutant avec minutie la représentation, Hébé coupe le Grand Pope : « Je suis tout de même surprise de ne pas voir de troisième siège. J’espérais qu’Athéna soit présente pour me recevoir !
_ Ma présence n’est-elle pas suffisante ?
_ Quel que soit votre rôle dans la hiérarchie du Sanctuaire Grand Pope, l’oblige-t-il à prendre un ton hautain, vous n’en êtes pas moins qu’un Homme, vous ne pouvez substituer Athéna ! »
Un profond malaise s’amorce entre les deux parties, la cosmo énergie de Shura rentre aussitôt en opposition avec l’aura dégagée par Iphiclès, tout comme celle d’Aphrodite qui défie Juventas, sans parler du regard provocateur d’Hébé lancé à l’encontre de Saga.
Le Saint d’or des Gémeaux cherche à gagner du temps tout en remettant Hébé à sa place : « Athéna n’est pas une divinité qui aime jouer de son statut pour se montrer. Etre glorifiée n’est pas son but, seuls le repos et la méditation sont des activités dignes de sa personne. Dans son infinie sagesse, elle m’a nommé, moi, le Grand Pope, comme unique interlocuteur de son Eminence. Si vous avez le moindre message à lui transmettre, soyez assurée que je m’engagerai à lui faire parvenir. »
Hébé insiste. Son regard et ses propos se font plus fermes : « J’aurai tout de même aimé la saluer en personne. Je suis convaincue que son illustre sagesse dont vous faites l’éloge ne l’a pas rendu imbue de sa personne au point de rejeter la visite d’une de ses semblables. »
Sous son masque, de longues gouttes de sueur perlent sur le front de Saga. Ne sachant que répondre, il dirige son regard vers l’habituelle aire de combat et se contente de répondre à voix basse : « Dans ce cas, nous nous permettrons d’insister auprès d’elle à la fin de cette Journée Sainte. La déranger durant son jour d’apogée serait incongru. »


A l’ouest du Sanctuaire, près de la frontière du domaine sacré, de nombreux soldats Hébéïens fuient par les grandes portes des murailles.
Certains ont leurs protections ébréchées, leurs plastrons perforés, d’autres boitent, perdent du sang, beaucoup gisent sur le sol poussiéreux, implorant la pitié des Athéniens encore debout.

Au milieu d’eux, Misty, les bras croisés, est souriant, confiant.
Il affronte depuis quelques heures, dans un village voisin de Paesco, une Alcide envoyée par Juventas pour inspecter les alentours du Sanctuaire.
Surprise, comme ses hommes, par la révolte des Athéniens menés par le capitaine Misty du Lézard qui a cru à la machination de Gigas et du Pope, elle fait difficilement face à un des plus talentueux Saint d’argent.
Le masque qui cache sa féminité a été brisé, sa main droite soutien son bras gauche ensanglanté et sa Cloth est radicalement endommagée. Sa sobre tunique grenat, laissant ses épaules à nu, est lacérée de partout faisant apparaître au grand jour et ce de haut en bas, des plaies béantes causées par le Mavrou Trypa de Misty.
Quelques bouclettes de ses cheveux bruns, mi-longs, se collent à la sueur et au sang qui dégoulinent sur son mature visage. De ses yeux marron n’en reste qu’un d’ouvert, l’autre ayant été percé lors d’un choc avec le poing d’argent du Français tout comme son nez habituellement fin, désormais épaté par les coups reçus. Et de ses lèvres, d’ordinaire délicates, s’écoulent à présent du sang en abondance de ses commissures.
En mauvaise posture, Eglé Alcide des Pommes d’or du Jardin des Hespérides, n’a pourtant pas perdu espoir.
Son cosmos doré comme les pommes du jardin des Hespérides l’entoure d’une aura de plus en plus pressante. Subitement l’énergie concentrée est appelée dans son bras droit, seul à être encore valide : « Standing Heavy Punch ! »
Elle se jette à corps perdu contre le Saint du Lézard qui ricane allégrement : « Combien de fois va-t-il falloir te répéter que c’est inutile ? »
Il positionne ses deux mains devant lui afin de créer une barrière de protection invisible à l’½il nu.
La cosmo énergie dégagée par ce coup de poing puissant s’écrase sur le bouclier du chevalier et laisse Eglé désarmée, incapable de tenir sa garde, soumise à la riposte de son adversaire qui ne se fait pas attendre.
Misty pointe l’index et le majeur de sa main droite en direction d’Eglé et en dégage le Tourbillon de Marbre : « Mavrou Trypa ! »
Eglé est emportée, déchiquetée par ce tournoiement meurtrier qui réduit en poussière les dernières pièces de sa Cloth et dépèce son corps qui chute au loin dans une chaumière en ruine.
Misty, fier, s’approche tout de même de la vaincue pour lui rendre hommage.

En chemin un garde l’interpelle : « Seigneur Misty ! Seigneur Misty ! »
L’homme est à bout de souffle, son casque est marqué de l’impact d’armes adverses et dans son flanc gauche sont plantés deux flèches hébéïennes.
_ « Et bien parle messager, je t’écoute !
_ J’arrive tout droit des villages du nord après avoir traversé ceux du sud et de l’est. Même si des combats se déroulent encore, les forces athéniennes sont en supériorité. Au nord, votre lieutenant Algol de Persée est, comme vous, venu à bout à lui seul de l’Alcide des B½ufs de Géryon. Les hommes sous le commandement du lieutenant Algol ont vaincu l’armée hébéïenne sans laisser de survivant. A l’est, le trio argenté, composé des lieutenants Dio, Sirius et Algethi qui gouvernent le secteur, a uni ses forces pour vaincre non sans mal l’Alcide des Ecuries d’Augias. De nombreux soldats hébéïens ont survécu et, bien qu’ils soient repoussés derrière les murailles du domaine sacré, ils utilisent les montagnes qui délimitent notre Sanctuaire pour rejoindre le pont cosmique qui se situe face à vous. Enfin, au sud, votre lieutenant Arachné Saint d’argent de la Tarentule a été mis en difficulté par l’Alcide de la Ceinture d’Hippolyté. Il a fallu compter sur l’aide de Marine Saint d’argent de l’Aigle et du Saint d’or Aiolia du Lion qui a choisi de quitter sa demeure contre les ordres du Grand Pope pour défendre votre lieutenant. Durant ce temps, de nombreux Hébéïens sont parvenus à s’infiltrer dans le centre du Sanctuaire afin de regagner leur déesse. Bien que souffrant, Arachné a ordonné à ce qu’on traque les traitres avant qu’ils atteignent leur but. »
Misty satisfait reprend sa route auprès d’Eglé après avoir prit soin de renvoyer le messager : « Je te remercie soldat. Ton rapport est complet. Je t’invite à trouver immédiatement mon supérieur, le commandant Phaéton. Il saura se concerter avec le général Gigas au sujet du ralliement ennemi qui s’effectue devant moi, devant le pont cosmique d’Hébé, ainsi que celui qui s’effectue non loin du colisée. Va à présent ! »

Misty gagne enfin la bâtisse ravagée dans laquelle a échoué le corps d’Eglé.
Gisant sur le dos, le visage couché en arrière, les cris de ses frères d’arme ne l’atteignent plus. La vue qui lui parvenait encore de son ½il non estropié devient de plus en plus floue, les os de son corps se sont rompus en s’écrasant, elle s’étouffe avec le sang qui sort de sa bouche et de ses narines, lui faisant presque oublier l’atroce mortification provoquée par sa chair en lambeau.
Le Lézard ôte son diadème et s’agenouille devant elle : « Bien que tu sois l’ennemie d’Athéna, je n’oublierai pas le courage dont tu as fait preuve en t’attaquant à un adversaire plus expérimenté que toi. Je distingue à tes traits que tu étais une belle femme, aux formes sensuelles. Je regrette que nous ayons dû nous rencontrer dans de telles circonstances mais je t’avais prévenu que moi, Misty Saint d’argent du Lézard, je n’ai jamais perdu un combat ni même été blessé par un adversaire. Tu en as aujourd’hui fais les frais… »
Misty regarde la pauvre agoniser dans d’horribles souffrances et conclut en se relevant : « Repose en paix désormais Alcide des Pommes d'or du Jardin des Hespérides et félicite-toi auprès de tes semblables que tu retrouveras aux Enfers d’avoir eu l’honneur de mourir de mes mains. »
Il réajuste son diadème et quitte Eglé qui rend son dernier souffle en fixant l’horloge du zodiaque visible dans tout le Sanctuaire.
Les feux du Bélier, du Taureau et des Gémeaux sont déjà éteints…
 

En Sibérie Orientale, au village de Kohortec, Isaac et Hyoga bravent le froid et traversent le village depuis la taverne jusque devant une chaumière.
Isaac regarde un instant Hyoga :
_ « Comment tu me trouves ? Je suis présentable tu crois, l’interroge-t-il ?
_ Isaac, elle revient d’une contrée où elle a chaque jour mené des combats au milieu de cadavres. Quoi qu’il arrive elle ne peut que te trouver beau. »
Isaac bouscule son camarade amicalement puis frappe contre la lourde porte en bois qui protège l’entrée de la demeure.
Personne ne répond. Isaac cogne à nouveau. Toujours rien. Une voix douce les surprend derrière eux : « Vous n’êtes même pas capables de sentir ma présence dans votre dos ! »
Isaac et Hyoga virevoltent et courent serrer dans leurs bras la demoiselle.
_ « Comme tu as changé… Et… Tu as l’air d’être devenue si forte, la fixe Hyoga avec fascination !
_ Je pense que ce gros béta n’ose pas t’avouer que tu t’es transformé en une jolie fille. »
Isaac a raison, Carina parait charmante. Son mètre-cinquante-sept lui donne une allure chétive et gracieuse dans sa jupe marron qui descend jusqu’en haut de ses fermes cuisses. Ses tibias sont couverts par des bas blancs comme ceux de Marine et ses chevilles sont surélevées par les hauts talons de ses chaussures de la même couleur que sa jupe.
Sa taille svelte est habillée d’un épais pull blanc qui épouse malgré tout sa poitrine rebondie. Des épaulettes et des avant-bras bruns parent cette tenue d’entrainement. Son masque est havane et ses cheveux blonds aux mèches brunes arrivent à hauteur des yeux et tombent sur ses épaules.
Carina n’est pourtant pas facile à amadouer : « Toujours tes belles paroles Isaac mais je reste persuadée que tu n’as pas attendu mon retour pour les déclarer aux autres filles de ce village. »
Toujours plein de malice, Isaac fait de l’humour : « Non ! Pas aux filles du village. En réalité j’ai abordé les filles des villages avoisinant. Ah… Ah… Ah… »
Puis il la fixe d’un regard envoûtant et reprend son sérieux. Avec une voix suave il lui déclare : « Sérieusement, je n’ai pensé qu’à toi. Hyoga pourra en témoigner. Tu m’as manqué durant tous ces mois. »
Elle enlace Isaac puis part se promener avec lui, laissant Hyoga penaud.
 
A quelques kilomètres de là, en sortant du village, sur une plaine, au milieu de la neige et de la toundra avance Camus particulièrement concentré.
Il est rejoint par Lena qui s’adresse à lui de manière moins révérencieuse que tout à l’heure : « Toi aussi tu ressens ce profond malaise depuis quelques heures au Sanctuaire.
_ Tu n’es pas avec ton compagnon, reste glacial le Saint d’or ?
_ Il est parti chercher Hyoga pour reprendre l’entraînement.
_ Ce n’est pas trop tôt. Il est bien tendre avec ses élèves.
_ Tu es trop dur avec lui.
_ Absolument pas. Il entrave ses élèves en ne leur apprenant pas à oublier leurs sentiments.
_ Tu n’as pas changé, sourit-elle.
_ Si, j’ai changé. Si tu savais à quel point je souffre de t’avoir laissé me fuir. »
Lena ôte son masque et dévoile son visage aux yeux aussi clairs qu’un ciel d’été : « Je crois pouvoir deviner. »
Elle le serre brusquement dans ses bras. D’abord surpris, Camus finit par faire de même après avoir longuement hésité.
Il respire le parfum de ses cheveux et paraît rentrer en extase : « Il n’y a pas une nuit où je ne rêve pas de l’odeur de ta peau. »
Elle se hisse sur la pointe de ses pieds pour trouver ses lèvres et pose sa petite bouche contre la sienne…
 
 
En Grèce, au Sanctuaire, dans la forêt de l’est, les arbres se couchent, coupé en deux par le tranchant des disques de Capella du Cocher.
L’Alcide du Sanglier d’Erymanthe, Teucer, a beau bondir dans tous les sens, ramper dans les feuillages, se camoufler derrière les troncs, rien n’y fait. Sa Cloth est frappée d’impacts métalliques sur toute sa surface et est totalement arrachée sur les flancs, laissant la chair du pauvre combattant à vif. Pourtant il garde toujours le sourire.
Capella, positionné en bas d’un talus, prend ses airs supérieurs : « Tu peux toujours rire ! J’imagine que la folie a pris le dessus sur la raison. Le Sanglier est pris au piège, la chasse va s’achever. Tu ne peux rien contre moi. Tu finiras comme ton messager qui se plaint de douleur et qui attend avec impatience l’heure de sa mort. »
Afin d’agrémenter ses dires, il ironise en pointant du doigt le soldat au service de Teucer ayant encaissé au début du combat un disque en pleine colonne vertébrale et dont les hurlements effroyables n’ont cessé depuis les heures qu’il git là où il est tombé.
_ « Ne t’inquiète pas pour mon frère d’arme, rétorque calmement Teucer de son timbre grave. Son tourment va bientôt prendre fin, je vais abréger ce combat en t’éliminant d’un seul coup.
_ J’ai du mal à le croire, cela fait quatre heures que nous combattons. Tu encaisses bien les coups, je l’avoue, c’est du jamais vu. Mais tu es incapable de la moindre riposte.
_ C’est là où tu te trompes. Vois-tu, depuis tout à l’heure je teste ta technique. J’examine la rapidité culminante et l’impact maximal que tu peux dégager de tes arcanes afin de mieux adapter ma contre-attaque. De plus, il est évident que tu ne disposes pas d’autres techniques que le Saucer No Geki, sinon tu l’aurais utilisé plus vite pour expédier ce combat. En l’occurrence, tu as perdu.
_ J’ai hâte de voir ça. Je vais dégager tout ce qui me reste de cosmo énergie et m’en servir pour invoquer mes disques. »
Les deux hommes s’observent.
Une lueur blanchâtre émane du cosmos de Teucer et entoure son corps. Les yeux clos, sa cosmo énergie l’aide à gonfler davantage ses muscles.
A l’opposé, une aura scintillante entre en harmonie avec Capella.
Teucer lance les hostilités. Ses narines hument la l’effluve de son cosmos et l’aspire à l’intérieur de son corps, c’est à cet instant qu’il rouvre les yeux, les pupilles couleur ébène. Il croise ses bras qu’il colle bien fort contre la poitrine et baisse la tête en courbant légèrement le dos en avant : « Final Atomic Buster !
_ Saucer No Geki, riposte Capella ! »
Totalement possédé, Teucer se jette, tête en avant, contre les disques tournoyants. Ceux-ci éclatent en se heurtant contre le cosmos qui émane de l’Alcide.
Désarmé, Capella croit voir un sanglier empreint d’une folie assassine, défenses braquées en sa direction, le prendre pour cible.
Teucer, arrivé à hauteur de son rival, le charge de toute sa puissance en pleine poitrine. Le claquement des deux Cloths ainsi que les os éclatés de Capella résonnent dans le bois.
Le corps de Capella est propulsé sur un demi-millier de mètres.

Teucer est à quatre pattes sur le sol, sa respiration est haletante, l’énergie requise l’a considérablement affaiblie.
La fulgurance de l’impact a laissé de nombreux débris d’armures appartenant aux deux hommes baignant dans leurs hémoglobines.

Au loin, Capella enroule ses bras autour d’un sapin pour s’aider à se relever.
Ses jambes défaillent.
De son plastron fissuré s’écoulent du sang en continu. Il marmonne : « Il est plus fort que je ne l’aurai cru. De plus, il a attendu que je sois positionné au pied du talus afin de profiter de la pente pour y gagner en vitesse et dégager un impact plus important… »
Alors qu’il se redresse, il essaie de mettre en vain un pied devant l’autre. Il perd connaissance et chute dans la verdure en proférant cyniquement ces quelques mots : « Je ne le pensais pas si malin… Ah… »
 
Bien que sur pied, Teucer a subi lui aussi les conséquences de son attaque qu’il surnomme l’Atomiseur.
Il a encaissé tous les disques et ses plaies se sont élargies, voire approfondies lorsqu’il a puisé dans ses dernières ressources pour contracter l’ensemble de ses muscles.
Victorieux malgré tout, il avance péniblement en direction de son messager qui se plaint depuis des heures…
 
 
En Sibérie Orientale, dans la forêt proche du village de Kohortec, Isaac et Carina marchent sur une mare de glace épaisse et observent leurs reflets.
A l’opposé de la forêt où se trouvent Lena et Camus, Carina nourrit quelques remords.
_ « Nous sommes durs avec Hyoga, nous l’avons laissé seul pour nous éclipser.
_ Je suis trop content de te retrouver pour te partager avec un autre, lui entoure-t-il la taille avec ses bras. De toute façon c’est mieux ainsi, je pense que Hyoga n’est pas insensible à tes charmes non plus. Nous voir ensemble ne l’aurait pas aidé à aller mieux. »
Elle se défait de l’emprise d’Isaac et continue d’avancer en sautillant gracieusement.
_ « Dis plutôt que tu as peur qu’il te fasse concurrence.
_ Hyoga est un ami fidèle. Je n’ai rien à craindre de lui, d’autant plus qu’il est trop préoccupé par le souvenir de sa mère pour penser à autre chose.
_ Après toutes ces années il est encore perturbé par cela ! J’ai bien peur que ça ne mette un jour sa vie en péril.
_ Jamais, dresse son poing Isaac vers le ciel ! Il est comme mon frère et je peux t’assurer que je veillerai sur lui pour qu’il devienne un jour chevalier !
_ C’est pourtant compromis pour lui, vous êtes tous deux nés sous la constellation du Cygne et tu es le plus motivé à devenir Saint. Le Cygne est ta source de motivation.
_ Rien n’empêche Hyoga de devenir un mercenaire comme notre maître le Seigneur Crystal, contemple Isaac l’horizon. Mais tu te trompes car ma motivation n’est pas l’animal emblème de la Cloth. Mon dessein c’est la légende du Kraken !
_ Tu parles de l’immense créature qui surgit devant les navires et qui engloutit tout. C’est effroyable !
_ Non, car la légende veut que le Kraken n’attaquait pas les navires transportant des innocents. Comme maître Camus et le Kraken, je veux devenir impitoyable devant le mal et m’approprier le même caractère qu’eux deux. »
Carina ôte son masque et observe ses jolies joues teintées de rose qui embellissent son magnifique minois arrondi dans le parterre de glace. Elle constate : « Ta détermination fait ton charme Isaac, c’est ce que j’aime le plus chez toi. »
Isaac pose des yeux amoureux vers la jolie blonde aux mèches brunes et lui répond par un délicat baiser sur le front.
Carina bouscule alors amicalement Isaac pour le provoquer. Ils se courent l’un après l’autre sur cette mare gelée.
Finalement, c’est en patinant plus vite qu’elle qu’Isaac la saisit.
Pris par son élan, ils partent s’écraser contre un mur de glace.
Heureusement, plus de peur que de mal, les deux passionnés s’en sortant sans la moindre égratignure, elle, étendue dans ses bras…
 
Dans la forêt, Camus tient le masque de Lena dans ses mains. Elle attend que le Français le lui rende.
En voyant Camus si pensif elle lui demande : « Penses-tu qu’un jour je puisse rester à visage découvert en renonçant à la chevalerie si je te rejoins au Sanctuaire pour devenir ta femme ? »
Le dépit fait nerveusement sourire Camus : « Je t’avoue y avoir réfléchi à l’instant. Malheureusement je pense que si tu deviens l’épouse d’un chevalier, ce chanceux ne sera pas moi. Ma mission est trop importante pour que je puisse penser à autre chose qu’à ma vie de soldat d’Athéna. Le Crystal Saint est l’homme qu’il te faut, j’en suis persuadé. »
Il lui tend son masque et incline la tête pour cacher sa peine.
Après l’avoir réajustée, elle remarque que le Verseau prend appui sur le sol : « J’ai déjà pris trop de retard. Les évènements qui se trament au Sanctuaire m’inquiètent. Salue pour moi le Seigneur Crystal et ses disciples. Je t’… Je te souhaite bon courage, nous nous reverrons au Sanctuaire j’imagine… »
Dans un éclair de glace, il bondit dans les airs en laissant derrière lui une aura dorée…
 
 
En Grèce, au Sanctuaire, dans la ville d’Honkios, dans le colisée, la seconde partie du spectacle s’achève.
Une fois les éloges à Athéna terminés, une représentation théâtrale des douze travaux d’Héraclès est jouée en hommage au demi-dieu, époux d’Hébé dans la mythologie grecque.
 
Bordés d’air frais généré par de grands éventails agités par des esclaves autour d’eux, Saga et Hébé n’ont pas cherché à croiser à nouveau leur regard depuis l’arrivée de cette dernière.
Contrainte d’applaudir les scènes venant d’être jouées devant elle, Hébé affiche un sourire crispé. Iphiclès, son garde du corps, vient lui susurrer quelques mots à l’oreille : « Majesté, j’aimerai vous faire part de mon inquiétude. Depuis notre arrivé dans le colisée, ni Juventas ni moi-même n’avons réussi à projeter notre cosmo énergie à l’extérieur de celui-ci, ni même percevoir les cosmos extérieurs et plus particulièrement ceux de nos pairs. Le plus inquiétant est qu’aucun soldat ne soit revenu auprès de nous afin de nous avertir d’éventuelles menaces ou non. »
Hébé caresse subtilement avec la sienne la main de son général : « Je sais, je ressens un profond malaise depuis tout à l’heure moi aussi, comme si une barrière cosmique nous empêchait toute liaison avec l’extérieur de l’arène… »
Saga les interrompt en penchant sa tête en direction d’Hébé.
_ « La représentation vous a-t-elle plu, demande-t-il sous son masque de Pope de manière toute à fait courtoise ?
_ Tout à fait, masque-t-elle du mieux qu’elle peut son malaise. Elle était vraiment à la hauteur des mythes relatant les douze travaux, sourit-elle difficilement.
_ J’en suis bien heureux. Le peuple s’est vu flatté de votre venue et a tout fait pour restituer votre dignité. Il a cherché par tous les moyens à vous remercier de votre participation à notre Journée Sainte. Comme vous l’avez remarqué, enfants en bas-âges, adolescents, adultes et vétérans, hommes et femmes, ont tous tenus à être présents dans les mises en scène qui vous ont été vouées. »
Sur la piste, de grands chevaux blancs font leur entrée, le Pope annonce la suite du programme : « Voici les dresseurs ! »
Il applaudit en tapotant gracieusement dans ses mains avant de poursuivre :
_ « Vous allez assister à un numéro périlleux réunissant les fauves et autres reptiles les plus féroces de notre planète. Il s’agit de l’avant dernière partie de notre programme.
_ Très bien, regarde-t-elle la flamme du Cancer vaciller. La fin approche, Athéna doit être pressée de me recevoir. »
Saga, sous l’accoutrement qui était cher à Shion, racle sa gorge. Bien que digne, l’inquiétude le gagne, il prie pour que son plan soit mené à bien depuis l’extérieur.
 
 
Au sud du Sanctuaire, au beau milieu des vestiges de temples anciens, Marin relève délicatement Arachné qui a sa Cloth fissurée à hauteur de la poitrine. Du sang coule en abondance de son cuir chevelu qui est à nu après que son casque ait été retiré lors d’un impact contre l’Alcide de la Ceinture d’Hippolyté.
A plusieurs mètres de là, Aiolia retire sa cape et, avec, couvre le corps de la défunte guerrière d’Hébé. Le vent soulève les restes de la Cloth de l’Alcide, réduite en poussière, alors que son corps est totalement démembré après avoir encaissé le Ryu Sei Ken de Marine et le Lightning Bolt d’Aiolia.
_ « Quelle adversaire coriace, demeure abasourdi Arachné ! Il aura fallu les forces conjuguées d’un Saint d’argent et d’un Saint d’or pour venir à bout de cette femme.
_ Et encore ! Il ne faut pas oublier qu’elle a été affaiblie par le combat que tu as mené contre elle Arachné, ajuste Aiolia. »
Toujours en froid avec le Lion d’or, Marine intervient tout de même : « Il est dit des Alcides que leurs prouesses avoisinent celles des Saints d’argent, mais que certains d’eux peuvent rivaliser avec les Saints d’or. Celle-ci aura combattu jusqu’au bout mais je ne pense pas que ta présence était nécessaire Aiolia. Tu as bafoué un ordre du Grand Pope en quittant ta maison alors qu’avec Arachné nous aurions pu venir à bout d’elle sans toi ! »
Aiolia ne se cache même pas devant Arachné, il avoue à Marin : « Je n’aime pas te savoir en danger, deux précautions valent mieux qu’une. »
Le Saint de la Tarentule sent qu’il dérange quelque peu et cherche un moyen de laisser les deux amants en froid seul à seul. Il plie un genou à terre : « Je vous remercie seigneur Aiolia de nous être venu en aide. Si vous le voulez bien, je vais m’empresser de trouver le commandant Phaéton afin de l’avertir de l’avancée ennemie dans le centre du Sanctuaire. »
Aiolia acquiesce. Il attend de se retrouver seul avec Marin.
_ « Tu es folle d’être venue aider Arachné. Il était face à quelqu’un de redoutable et même si votre victoire ne faisait pas l’ombre d’un doute, tu en serais surement sortie gravement blessée sans moi. »
Marin hausse les épaules et tourne le dos à Aiolia.
_ « Alors quoi, s’irrite le Grec ?! Tu m’ignores encore ? Voici des mois qu’on joue à ce petit jeu. Quand allons-nous arrêter ? Je t’aime Marin, tu le sais.
_ Moi aussi je t’aime, le souci c’est que tu m’aimes moins que ton armure d’or et moi je t’aime moins que mon armure d’argent. Nous sommes trop attachés à nos rangs, toi comme moi. Nous savons comment se finira notre histoire si elle venait à reprendre. Vivre dans le secret et dans le déni c’est au-dessus de mes forces.
_ Notre histoire est donc belle et bien morte, se navre-t-il ? »
Marin ôte son masque et vient trouver de sa bouche les lèvres d’Aiolia pour lui offrir un dernier baiser.
Aiolia sent les larmes de Marin s’écraser sur son visage.
Marin met fin à leur accolade et annonce, en sanglot : « Oui, c’est terminé. »
Son masque à nouveau ajusté, elle quitte en quelques bonds les débris des vieux temples où gisent Hébéïens et Athéniens qui venaient de livrer une sanglante bataille.
Aiolia, en traînant les pieds, reprend le chemin des douze maisons…
 
 
En Russie, sur un plateau proche du village de Kohortec, en Sibérie Orientale, Hyoga court en direction de son professeur en évitant les cubes de glace qu’il projette contre lui.
Bientôt face à face, le futur Saint de bronze lance son poing gauche en direction du visage de Crystal Saint qui pivote sur le côté et cogne du plat du pied l’estomac de son élève.
Hyoga retombe sur le verglas la tête la première. Malgré la douleur, il évite de se plaindre.
Le Seigneur Crystal arrive devant lui et lui tend la main pour le relever : « Hyoga, combien de fois t’ai-je expliqué qu’il ne fallait pas baisser sa garde lorsque tu frappes ton ennemi ? Je profite qu’Isaac s’accorde du repos pour revoir certaines bases avec toi et… »
La traînée dorée laissée par le déplacement à la vitesse de la lumière interpelle Crystal Saint.
Il réalise le départ précipité de son maître Camus.

Lena arrive au même moment près de son compagnon. Hyoga part alors s’exercer non loin d’eux et laisse les adultes discuter entre eux.
_ « Donc mon maître Camus rentre plus vite que prévu au Sanctuaire n’est-ce pas ? J’imagine qu’il ne pouvait plus attendre le bateau qui l’aurait conduit au Port du Destin en Crète. La menace qui plane sur le domaine sacrée l’inquiète trop. Etais-tu avec lui lorsqu’il est parti ?
_ Oui. Il m’a chargé de dire au revoir à tes élèves ainsi qu’à toi.
_Tu l’aimes toujours n’est-ce pas ?
_ Peu importe mes sentiments, il n’en a que faire.
_ Cependant tu portes son odeur, remarque-t-il sans hausser la voix.
_ Quand tu es arrivé en Sibérie, Camus enseignait déjà son art. Il avait de nombreux élèves dont moi. Sa froideur masquait totalement ses sentiments et nous sommes restés des années à tenir notre relation secrète. Les appels incessants du Sanctuaire l’ont éloigné de moi et je suis restée sans nouvelles des années durant. Pas la moindre lettre alors qu’il ne peut pas se retenir plus de deux jours pour transmettre un message à son ami Milo. Toi il t’a nommé comme son successeur. Malgré le fait que tu sois né sous la constellation du Verseau, tu as accepté le statut de mercenaire et tu as choisi de poursuivre l’enseignement de Camus à ses disciples et tu en as recueillis de nouveaux.
Souriant, chaleureux, charitable, tu m’as témoigné comme à personne ton amour et je me suis découvert une passion pour toi. Néanmoins, si tu as su prendre mon c½ur, Camus a brisé mon masque avant notre rencontre. Avant que je ne te connaisse, j’ai choisi de l’aimer et…
_ Je t’en conjure n’en dis pas plus. C’est déjà très dur de me dire que l’armure que je convoite ne sera jamais mienne. Savoir que même si ton avenir est à mes côtés pendant que ton c½ur est ailleurs c’est… Je… Camus est mon maître, je ne peux qu’accepter cela et honorer son nom. Alors n’en dis pas plus et rentrons maintenant. Tu as encore tellement de choses à me raconter au sujet de l’Egypte… »
 
 
En Grèce, au Sanctuaire, dans la forêt de l’est, Teucer est à l’approche de son soldat souffrant.
Brusquement, plusieurs cliquetis métalliques vrombissent.
Un énorme boulet épineux se manifeste du ciel et vient écraser la tête de l’homme éprouvé qui croyait enfin être sorti d’affaire en voyant son supérieur revenir près de lui.
Teucer, dupé, recule de trois pas en arrière et choit sur son robuste fessier.
Devant lui est étendue la victime, morte sur le coup, la dépouille gesticulant encore par réaction du système nerveux.
La tête est éclatée, éparpillée en plusieurs morceaux qui baignent dans le sang.
La chaîne qui manipule le boulet revient à son maître qui est debout sur une branche d’arbre rigide et qui s’amuse de la situation : « Cela faisait des heures qu’il appelait à l’aide, tu n’as pas idée comme ça m’a irrité. Pour la peine j’ai décidé de le punir à ma façon. Mais ne sois pas triste je vais t’envoyer le rejoindre !
_ Des heures que tu l’écoutes, se redresse difficilement Teucer ! Ça veut dire que…
_ Oui ! J’ai suivi l’intégralité de ton combat contre Capella ! Je suis Dante Saint d’argent de Cerbère et tu vas subir le même sort que ton ami ! »
 
 
Au centre du Sanctuaire, dans la ville d’Honkios, depuis des heures Naïra calme la population qui ne comprend pas la prise autoritaire des marches menant à la première maison du zodiaque par les Hébéïens.
Elle a bondi jusque devant l’Alcide qui mène cette troupe et le questionne.
Il ne répond pas, il regarde la grande horloge du zodiaque et fait constater à ses hommes : « Soldats ! Cela commence à devenir inquiétant. La cinquième flamme de l’horloge va bientôt s’éteindre et nous n’arrivons toujours pas à entrer en contact avec notre déesse. Pire, une agitation incompréhensible terrasse de nombreux cosmos dont la majorité est ceux de nos frères. L’ordre d’Hébé est formel, si le moindre danger nous guette, nous nous devons de trouver Athéna pour sa majesté. Il nous appartient désormais de parvenir jusqu’à la chambre d’Athéna. »
Naïra s’offusque : « Vous êtes fous ! Jamais je ne vous laisserai passer au-delà de la marche où je me trouve. Moi Naïra Saint de bronze de la Colombe, j’en fais le serment. »
Trois gardes s’élancent vers elle, Naïra colle ses coudes contre ses hanches pour concentrer son aura et s’engage dans la lutte en frappant immédiatement avec sa technique de combat : « Final Justice ! »
Poing droit en avant, la Nord-coréenne ne projette pas moins de cent coups à la seconde aussi vifs et puissants que des étoiles filantes.
Cependant les soldats sont intacts, tous les coups se heurtent à la Bannière Etoilée invoqué par Enée, l’Alcide qui tourne toujours le dos à Naïra : « Rien ne peut entamer mon Stars And Stripes. Tu ferais mieux de t’arrêter là, je ne veux pas ta mort. »
L’Alcide se retourne enfin.
Son casque qui forme une pointe au sommet de son crâne dessine la forme d’une des têtes de Cerbère. Il couvre la totalité de sa tête et dissimule son visage en l’ombrageant.
Ses épaulettes sont couvertes chacune par une des énormes têtes du chien mythologique dont dix piques acérés semblables à des dents descendent jusqu’à ses coudes.
La protection de ses bras, de ses jambes, de sa taille et sa poitrine restent fidèles au design des autres Cloths des Alcides.
Sa tunique grenat est à peine visible tant l’armure blanche et crème couvre la quasi-totalité de son corps.
Grand et svelte, il paraît menaçant et puissant. Il en faut pourtant plus pour impressionner Naïra.
_ « Dans ce cas je serai la première à passer au travers de ta Bannière d’Etoiles : Final Justice !
_ Trop tard, tu vas subir le contrecoup du Stars and Stripes : Shield Slash ! »
Après avoir encaissé toute l’énergie dégagée par Naïra, la Bannière Etoilée adresse à son assaillant une lumière aveuglante qui vient le pourfendre.
A la vitesse de la lumière, Naïra est projetée sur plusieurs kilomètres et vient s’encastrer dans les dernières marches, juste devant la maison du Bélier.
Du sang s’échappe en continu de sous son masque blanc aux signes noirs, son armure et son buste sont fendus en partant de l’épaule gauche jusqu’en bas de sa hanche droite. La toison blanche qui couvre sa poitrine est en miette ainsi que son épaulette gauche.
L’hémoglobine dégoulinant de son immense plaie descend jusqu’à son nombril dépourvu de vêtements.
Enée, d’un signe de la tête, ordonne à ses hommes de prendre de l’avance tandis qu’il se consacre à achever son adversaire.

Les vingt Hébéïens obéissent et se présentent devant la demeure du Bélier.
L’un d’eux tape sur l’épaule d’un autre :
_ « Empruntons le passage secret qui commence à partir d’ici et qui, si nos informations sont exactes, se trouve derrière l’amoncellement de roches sur notre droite, tape l’un d’eux sur l’épaule d’un autre.
_ Tu sais ce qu’on dit, personne n’est sorti vivant de ce passage secret, réagit l’autre.
_ La légende veut que ce raccourci évite de rencontrer les chevaliers d’or. C’est notre seule chance d’arriver sains et saufs à Athéna, intervient un troisième.
_ Lorsque Sa Majesté Hébé nous a appris la marche à suivre, le seigneur Iphiclès nous a défendu d’emprunter ce passage secret dont rares sont ceux qui en connaissent l’existence. Il a affirmé qu’en plus d’être dangereux, emprunter ce passage fait des adversaires du Sanctuaire des lâches, reste méfiant un quatrième soldat. »
Le premier soldat n’a que faire de ces paroles et emprunte le passage secret, suivi de tous les autres Hébéïens, même les plus réfractaires…
Last Edit: 14 September 2020 à 17h21 by Kodeni

Author Topic: Chapitre 8  (Read 6688 times)

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Offline Kodeni

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NEWS

Cette version du chapitre 8 est une version rééditée de la publication originale du 1er mai 2010.
Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.