C'est un blog. Mon blog, hébergé par le site de quelqu'un que je considère comme un pote. Quand je l'ai ouvert, c'était pour la maison. J'ai créé "coups de beuarrrh" un jour de coup de gueule. J'ai préparé une section dessin, pour laquelle je dessine des dessins que je ne scanne pas. Mon scanner est crade, sous le bureau de l'ordi. Je ne pensais pas me servir de ce blog pour raconter ça. Sauf que j'en ai besoin. Pour lui, pour moi.
Je suis rentré à la maison, il était 18h45.
Le temps de rentrer les courses, je monte dans mon bureau, pour peaufiner le résumé de la communication que je souhaite faire à la journée de la Recherche Hippique, à Paris. Il ne me reste pas grand chose à faire mais, mine de rien, ça prend un temps fou!
A 20 heures, j'ai fini, enfin, il est temps de donner à manger aux animaux, les chèvres, les chevaux, les ânes, le chat et les chiens. Je n'ai jamais eu l'intention consciente de me retrouver avec autant d'animaux. Ce sont les désirs de ma compagne et moi qui, chemin faisant, nous ont amené à cette imposante ménagerie. Déjà, je suis quelqu'un de la ville, ado je ne me voyais jamais choisir de vivre à la campagne, alors des animaux, moi, à part un chien!
Quand j'entends les certitudes de mes élèves, après, on s'étonne que je rigole...
Alors, bon, c'est du boulot, mais on est toujours gagnant. On ne peut pas être perdant, quand on ne vous rend, outre quelques plans à la con pas vraiment méchants, que de l'affection.
Donc, il est huit heures, mission bouffe.
Je décide, pour changer, de commencer par rentrer les chèvres, ces emmerdeuses gueulardes (comme leurs maîtres...?) dont le talent le plus notoire est d'enrouler leur chaîne autour de tout ce qui traîne et de pleurer pour qu'on vienne les chercher! Hop, vite fait, bien fait, les voilà rentrées. Je vais aller nourir les chiens, ces trous du cul (les biens nommés) qui bavent partout et nous obligent à nettoyer la cour de leurs déjections tous les deux jours.
Puis, je vois au loin quelque chose qui m'intrigue. Je vois Paolo, seul, entre les deux champs. Qu'est-ce qu'il fait? Qu'est-ce que ce petit con de Lawney, un an et trois mois, m'a encore fait? Ce matin, il a défoncé une bonne partie des clôtures intérieures, pour aller manger l'herbe des ânesses. Heureusement que je bossais pas. Je me rapproche progessivement, et je vois finalement Lawney, tranquille, à sa place avec Domingo, le troisième cheval.
Bon, alors tout va bien...sauf que...
Paolo a une position vraiment étrange. Les postérieurs sont ramassés sous lui, un peu comme un mec bourré qui essaierait de tenir droit. Il a du mal à se tourner, je me rapproche, il me voit. Il hennit, il m'appelle, je sens l'angoisse dans ce son.
Putain de bordel de merde.
Je le caresse, je vois de la mousse à sa bouche, et du sang qui purulle de son nez. Je ne me pose pas de question. Je taille un sprint à la maison, je vais choper ce téléphone portable de merde que pour une fois, bien sûr, je n'ai pas sur moi. J'appelle le véto, je lui explique tous les symptômes. "Pardon, mais c'est qui à l'appareil?" J'aurais peut être dû me présenter.
Alors je lui explique tout, il me reconnaît, il arrive.
Je retourne voir Paolo, armé d'un licol pour le faire marcher. Ma première idée est que ça pourrait être une collique, et dans ce cas comme pour celui d'un bouchon, il faut emmener le cheval marcher, pour qu'il se calme, se détende.
Pas moyen, il a du mal à se déplacer, ou à garder l'équilibre, je ne sais pas.
Kaori arrive. Elle traverse le pré en courant. Après le véto, je l'ai appelée pour lui dire de rentrer vite car son cheval n'est pas bien du tout. Parmi les trois chevaux y a celui de Kaori, Paolo, le mien, Domingo, et le notre, Lawney. Donc c'est son cheval avant d'être le mien.
Pas rassurée, elle va chercher son stetoscope, et un thermomètre. 35,9 c'est léger. Très léger. Elle lui met une couverture de fortune. Mais bordel, il est 20h25, qu'est-ce qu'il fout, ce véto?
Il finit par arriver, injecte plein de produits. Paolo a un oedème. Probablement une collique, mais il ne peut rien faire de mieux. On continue d'essayer de faire avancer Paolo, mais c'est dur, et il finit par tomber. Il s'allonge. Quand un cheval va pas bien et qu'il s'allonge, c'est encore moins bon que le reste...
Kaori va chercher de la paille, plein de paille. Le véto s'en va, il a fait ce qu'il pouvait. Je vais le régler et son discours, en plus de l'attitude générale du cheval, ne me laisse pas trop rassuré. C'est un empoisonnement. Mais à quoi? Il faudra voir d'ici deux heures ce que ça donne.
Il n'en faudra pas tant.
Je retourne avec Kaori, qui reste près de son cheval. J'écarte les deux autres, ouvre un champ, ferme l'autre, pour qu'ils vaquent à leurs occupations.
On reste tous les deux, dans le noir avec notre lampe torche, avec lui allongé. Il souffre, il a du mal à respirer...Kaori lui demande de partir, qu'il a assez lutté. Moi, je chiale. Elle n'y résiste plus non plus. Elle retourne chercher de la paille. Et un autre drap.
Alors, je lui dis qu'il a toujours été gentil avec sa maîtresse. Que c'est un bon cheval, je lui parle, je le calme, tant bien que mal.
On le caresse, longuement, puis il s'en va...et on reste là, à pleurer tous les deux.
Il avait sept ans, ça faisait quatre ans qu'on l'avait avec nous. Il était excusif avec Kaori. Moi, il me tolérait, mais personne d'autre ne pouvait le monter. Il y avait de la complicité, avec lui. Il était dynamique, il n'avait peur de rien, il passait partout. C'était un chouette cheval et un bon copain.
Mais voilà, alors qu'il était tout le contraire de ça, ce coup-ci, il nous a fait faux bond. Il a lutté, lutté, il ne voulait pas partir. Il a toujours été le plus péchu, et forcément, on s'est toujours attendu à ce que l'un des autres ait un problème. Et ben non, forcément. C'est lui qui est parti. L'irremplaçable Paolo.
Et voilà, j'en chiale encore. Ryô qui chiale, c'est un peu comme un ciel breton en hiver sous la pluie: c'est pas fréquent, mais c'est violent.
Maintenant, faut retourner au boulot. Et tenir le coup pour la journée. Et aller à l'équitation ce soir. Ca va pas être simple, comme journée.
Il est là, pas loin, allongé dans un champ où je n'ose pas aller, j'espère que Kaori pourra voir un voisin agri pour qu'il nous le déplace. Domingo n'a pas fini de hennir, dès que Kaori alait monter Paolo, c'était parti. Il était son frêre, toute leur vie ils ont vécu ensemble.
Qui sera le dominant? Ne sera-t-il pas trop malheureux? Je me lève plein d'inquiétude et avec une journée de taf devant moi. Il devrait avoir droit de pas aller au boulot, quand un de ses animaux meurt.
Voilà, j'ai fait un skyblog sans fautes. Super. Mais j'en ai ressenti le besoin impérieux en me levant ce matin. J'avais besoin de laisser une trace de ce qui s'est passé. Il aura fallu trois heures trente pour qu'il s'en aille, alors que ce matin, ce midi, tout allait bien. Pour extrapoler, ça me fait penser à l'idée qu'il faudrait toujours parler à ceux qu'on aime avec douceur. Peut être que dans trois heures, ils auront disparu.
Je n'attend pas spécialement de réponse à ce sujet; vous faites ce que vous voulez, mais en tous cas, ce n'est pas le but recherché. Je voulais dire là l'amour que j'ai pour ce cheval, ce petit prétentieux à la pose classe, ce tout terrain athlétique et rapide, le cheval de ma moitié. Et mon cheval, un peu, aussi...
Adieu, Paolo, mon ami, tu vas terriblement nous manquer...
Je suis rentré à la maison, il était 18h45.
Le temps de rentrer les courses, je monte dans mon bureau, pour peaufiner le résumé de la communication que je souhaite faire à la journée de la Recherche Hippique, à Paris. Il ne me reste pas grand chose à faire mais, mine de rien, ça prend un temps fou!
A 20 heures, j'ai fini, enfin, il est temps de donner à manger aux animaux, les chèvres, les chevaux, les ânes, le chat et les chiens. Je n'ai jamais eu l'intention consciente de me retrouver avec autant d'animaux. Ce sont les désirs de ma compagne et moi qui, chemin faisant, nous ont amené à cette imposante ménagerie. Déjà, je suis quelqu'un de la ville, ado je ne me voyais jamais choisir de vivre à la campagne, alors des animaux, moi, à part un chien!
Quand j'entends les certitudes de mes élèves, après, on s'étonne que je rigole...
Alors, bon, c'est du boulot, mais on est toujours gagnant. On ne peut pas être perdant, quand on ne vous rend, outre quelques plans à la con pas vraiment méchants, que de l'affection.
Donc, il est huit heures, mission bouffe.
Je décide, pour changer, de commencer par rentrer les chèvres, ces emmerdeuses gueulardes (comme leurs maîtres...?) dont le talent le plus notoire est d'enrouler leur chaîne autour de tout ce qui traîne et de pleurer pour qu'on vienne les chercher! Hop, vite fait, bien fait, les voilà rentrées. Je vais aller nourir les chiens, ces trous du cul (les biens nommés) qui bavent partout et nous obligent à nettoyer la cour de leurs déjections tous les deux jours.
Puis, je vois au loin quelque chose qui m'intrigue. Je vois Paolo, seul, entre les deux champs. Qu'est-ce qu'il fait? Qu'est-ce que ce petit con de Lawney, un an et trois mois, m'a encore fait? Ce matin, il a défoncé une bonne partie des clôtures intérieures, pour aller manger l'herbe des ânesses. Heureusement que je bossais pas. Je me rapproche progessivement, et je vois finalement Lawney, tranquille, à sa place avec Domingo, le troisième cheval.
Bon, alors tout va bien...sauf que...
Paolo a une position vraiment étrange. Les postérieurs sont ramassés sous lui, un peu comme un mec bourré qui essaierait de tenir droit. Il a du mal à se tourner, je me rapproche, il me voit. Il hennit, il m'appelle, je sens l'angoisse dans ce son.
Putain de bordel de merde.
Je le caresse, je vois de la mousse à sa bouche, et du sang qui purulle de son nez. Je ne me pose pas de question. Je taille un sprint à la maison, je vais choper ce téléphone portable de merde que pour une fois, bien sûr, je n'ai pas sur moi. J'appelle le véto, je lui explique tous les symptômes. "Pardon, mais c'est qui à l'appareil?" J'aurais peut être dû me présenter.
Alors je lui explique tout, il me reconnaît, il arrive.
Je retourne voir Paolo, armé d'un licol pour le faire marcher. Ma première idée est que ça pourrait être une collique, et dans ce cas comme pour celui d'un bouchon, il faut emmener le cheval marcher, pour qu'il se calme, se détende.
Pas moyen, il a du mal à se déplacer, ou à garder l'équilibre, je ne sais pas.
Kaori arrive. Elle traverse le pré en courant. Après le véto, je l'ai appelée pour lui dire de rentrer vite car son cheval n'est pas bien du tout. Parmi les trois chevaux y a celui de Kaori, Paolo, le mien, Domingo, et le notre, Lawney. Donc c'est son cheval avant d'être le mien.
Pas rassurée, elle va chercher son stetoscope, et un thermomètre. 35,9 c'est léger. Très léger. Elle lui met une couverture de fortune. Mais bordel, il est 20h25, qu'est-ce qu'il fout, ce véto?
Il finit par arriver, injecte plein de produits. Paolo a un oedème. Probablement une collique, mais il ne peut rien faire de mieux. On continue d'essayer de faire avancer Paolo, mais c'est dur, et il finit par tomber. Il s'allonge. Quand un cheval va pas bien et qu'il s'allonge, c'est encore moins bon que le reste...
Kaori va chercher de la paille, plein de paille. Le véto s'en va, il a fait ce qu'il pouvait. Je vais le régler et son discours, en plus de l'attitude générale du cheval, ne me laisse pas trop rassuré. C'est un empoisonnement. Mais à quoi? Il faudra voir d'ici deux heures ce que ça donne.
Il n'en faudra pas tant.
Je retourne avec Kaori, qui reste près de son cheval. J'écarte les deux autres, ouvre un champ, ferme l'autre, pour qu'ils vaquent à leurs occupations.
On reste tous les deux, dans le noir avec notre lampe torche, avec lui allongé. Il souffre, il a du mal à respirer...Kaori lui demande de partir, qu'il a assez lutté. Moi, je chiale. Elle n'y résiste plus non plus. Elle retourne chercher de la paille. Et un autre drap.
Alors, je lui dis qu'il a toujours été gentil avec sa maîtresse. Que c'est un bon cheval, je lui parle, je le calme, tant bien que mal.
On le caresse, longuement, puis il s'en va...et on reste là, à pleurer tous les deux.
Il avait sept ans, ça faisait quatre ans qu'on l'avait avec nous. Il était excusif avec Kaori. Moi, il me tolérait, mais personne d'autre ne pouvait le monter. Il y avait de la complicité, avec lui. Il était dynamique, il n'avait peur de rien, il passait partout. C'était un chouette cheval et un bon copain.
Mais voilà, alors qu'il était tout le contraire de ça, ce coup-ci, il nous a fait faux bond. Il a lutté, lutté, il ne voulait pas partir. Il a toujours été le plus péchu, et forcément, on s'est toujours attendu à ce que l'un des autres ait un problème. Et ben non, forcément. C'est lui qui est parti. L'irremplaçable Paolo.
Et voilà, j'en chiale encore. Ryô qui chiale, c'est un peu comme un ciel breton en hiver sous la pluie: c'est pas fréquent, mais c'est violent.
Maintenant, faut retourner au boulot. Et tenir le coup pour la journée. Et aller à l'équitation ce soir. Ca va pas être simple, comme journée.
Il est là, pas loin, allongé dans un champ où je n'ose pas aller, j'espère que Kaori pourra voir un voisin agri pour qu'il nous le déplace. Domingo n'a pas fini de hennir, dès que Kaori alait monter Paolo, c'était parti. Il était son frêre, toute leur vie ils ont vécu ensemble.
Qui sera le dominant? Ne sera-t-il pas trop malheureux? Je me lève plein d'inquiétude et avec une journée de taf devant moi. Il devrait avoir droit de pas aller au boulot, quand un de ses animaux meurt.
Voilà, j'ai fait un skyblog sans fautes. Super. Mais j'en ai ressenti le besoin impérieux en me levant ce matin. J'avais besoin de laisser une trace de ce qui s'est passé. Il aura fallu trois heures trente pour qu'il s'en aille, alors que ce matin, ce midi, tout allait bien. Pour extrapoler, ça me fait penser à l'idée qu'il faudrait toujours parler à ceux qu'on aime avec douceur. Peut être que dans trois heures, ils auront disparu.
Je n'attend pas spécialement de réponse à ce sujet; vous faites ce que vous voulez, mais en tous cas, ce n'est pas le but recherché. Je voulais dire là l'amour que j'ai pour ce cheval, ce petit prétentieux à la pose classe, ce tout terrain athlétique et rapide, le cheval de ma moitié. Et mon cheval, un peu, aussi...
Adieu, Paolo, mon ami, tu vas terriblement nous manquer...
Last Edit: à 8h19 by Ryō